Nous quittons la région de Nazca pour découvrir une autre facette du désert. Après les reliefs minéraux, place aux dunes de sable à perte de vue. Nous nous dirigeons en effet vers le Cañon de los perdidos (canyon des perdus) à 100 km à peine de là. Pourtant, nous mettrons cinq heures avant d’arriver à bon port ! Oui, vous avez bien lu… La piste d’accès à ce lieu isolé est très mauvaise : c’est un enchaînement de vaguelettes de gravier ou de sable, sans oublier les trous et les pierres qui ponctuent le parcours ! À cela s’ajoute une erreur de GPS nous faisant prendre une piste encore plus difficile. Quand bien même la route est abominable, nous sommes amplement récompensés par la beauté des paysages traversés. Pas une seule voiture croisée depuis le début… nous jouissons de cet univers sablé pour nous tous seuls !
Au bout d’un moment, après avoir dépassé une installation gazière impressionnante, la piste se fait moins claire. Nous nous orientons en suivant les traces de pneus dans le sable. Celles-ci nous amènent au sommet d’une dune où nous devinons l’entrée du canyon. Mais il n’y a aucun endroit correct pour se poser ! Le terrain n’est pas plat, le sable est mou et nous sommes fortement exposés aux rafales de vent… Plus nous avançons pour tenter de trouver notre spot pour la nuit, plus nous pensons être perdus. En nous penchant sur la carte, nous comprenons que l’endroit référencé pour passer la nuit est en fait sur la dune… d’en face. C’est à quelques centaines de mètres à peine mais étant donné le terrain il nous faudrait une jeep et un chauffeur expérimenté pour parcourir ces montagnes russes.
Nous rebroussons chemin et finissons par tomber sur un embranchement que nous avions raté à l’aller. 20 minutes plus tard, nous voici enfin arrivés. Certes, nous avons le dos en compote après toutes ces secousses, mais encore une fois cela en valait la peine ! L’endroit est incroyable. Nous avons une vue à 360 degrés avec un paysage digne d’une autre planète. Nous sommes au bord de l’à-pic créé par le canyon. Nous passerons une excellente nuit ; on ne peut plus calme.
Au petit déjeuner, nous sommes encore transportés par la beauté du lieu. Malheureusement les photos ne rendent pas aussi bien l’immensité du désert. Sans habitation ou végétation, on a du mal à se rendre compte de l’échelle, mais croyez-nous, c’était féérique.
Nous décidons de laisser Olinda se dorer la pilule pour explorer le canyon en contrebas. On se trace un chemin au milieu du sable pour aboutir vers une petite oasis au bord de la rivière. Puis, nous marchons au milieu des parois puissantes et de plus en plus rapprochées du canyon. Avec les vols de condors au-dessus de nous et les couleurs ocres, c’est vraiment digne d’un parc de l’ouest américain !
Alors que nous sommes plongés dans une extrême solitude depuis presque deux jours, nous entendons soudainement des voix résonner. Un groupe de touristes péruviens vient d'arriver et nous toisent depuis le haut du canyon. Sur le retour de notre balade, nous tombons aussi sur des motards, courageusement occupés à dévaler les dunes... ou à les remonter à pied !
Après cette agréable marche au cœur du canyon, nous regrimpons les dunes pour atteindre un mirador. La vue plongeante est tout bonnement magique. Nous passons de longues minutes à nous imprégner de cet endroit et à observer les détails des anfractuosités créées par l’eau. Les photos parleront mieux que nous.
Nous quittons ce lieu splendide. Il nous faut reprendre les pistes de l’enfer de l’aller. Mais cette fois, pas d’erreur, nous suivons le bon chemin tout du long et ne mettrons « que » trois heures ! Seul hic, nous sommes à court d’essence. Et oui, en partant de Nazca, on pensait trouver des stations essence sur la route. Car, bien loin de la situation bolivienne avec ses pénuries récurrentes, le Pérou compte une impressionnante concentration de stations. Mais évidemment, le seul établissement rencontré était désaffecté. Et, pour une fois, notre bidon de secours est vide. Aïe, une panne d’essence au milieu du désert, voilà encore une situation inédite pour Canard et Cochon ! Nous roulons en réserve jusqu’à atteindre deux-trois baraques de fortune. Quentin part avec son bidon à la recherche de carburant. À force de tourner, il tombe sur un camion en train de charger des courges et des citrouilles. Après quelques palabres, on lui dépanne quelques litres, à un prix ne défiant pas toute concurrence. C’est assez pour atteindre la prochaine station, ouf !