À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis 2 ans, en sac à dos ou à bord de notre Combi, en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

Paracas et ses environs

Dans ce carnet, vous aurez droit à du sable, beaucoup de sable ! Nous allons découvrir la sauvage région de Paracas, entre canyon isolé, côtes déchiquetées et oasis inattendues.
Septembre 2024
12 jours
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Nous quittons la région de Nazca pour découvrir une autre facette du désert. Après les reliefs minéraux, place aux dunes de sable à perte de vue. Nous nous dirigeons en effet vers le Cañon de los perdidos (canyon des perdus) à 100 km à peine de là. Pourtant, nous mettrons cinq heures avant d’arriver à bon port ! Oui, vous avez bien lu… La piste d’accès à ce lieu isolé est très mauvaise : c’est un enchaînement de vaguelettes de gravier ou de sable, sans oublier les trous et les pierres qui ponctuent le parcours ! À cela s’ajoute une erreur de GPS nous faisant prendre une piste encore plus difficile. Quand bien même la route est abominable, nous sommes amplement récompensés par la beauté des paysages traversés. Pas une seule voiture croisée depuis le début… nous jouissons de cet univers sablé pour nous tous seuls !

Au bout d’un moment, après avoir dépassé une installation gazière impressionnante, la piste se fait moins claire. Nous nous orientons en suivant les traces de pneus dans le sable. Celles-ci nous amènent au sommet d’une dune où nous devinons l’entrée du canyon. Mais il n’y a aucun endroit correct pour se poser ! Le terrain n’est pas plat, le sable est mou et nous sommes fortement exposés aux rafales de vent… Plus nous avançons pour tenter de trouver notre spot pour la nuit, plus nous pensons être perdus. En nous penchant sur la carte, nous comprenons que l’endroit référencé pour passer la nuit est en fait sur la dune… d’en face. C’est à quelques centaines de mètres à peine mais étant donné le terrain il nous faudrait une jeep et un chauffeur expérimenté pour parcourir ces montagnes russes.

À droite ? À gauche ? Le cochon-truffier part en repérage
Je t'avais dit qu'il fallait prendre à droite...

Nous rebroussons chemin et finissons par tomber sur un embranchement que nous avions raté à l’aller. 20 minutes plus tard, nous voici enfin arrivés. Certes, nous avons le dos en compote après toutes ces secousses, mais encore une fois cela en valait la peine ! L’endroit est incroyable. Nous avons une vue à 360 degrés avec un paysage digne d’une autre planète. Nous sommes au bord de l’à-pic créé par le canyon. Nous passerons une excellente nuit ; on ne peut plus calme.

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Au petit déjeuner, nous sommes encore transportés par la beauté du lieu. Malheureusement les photos ne rendent pas aussi bien l’immensité du désert. Sans habitation ou végétation, on a du mal à se rendre compte de l’échelle, mais croyez-nous, c’était féérique.

Nous décidons de laisser Olinda se dorer la pilule pour explorer le canyon en contrebas. On se trace un chemin au milieu du sable pour aboutir vers une petite oasis au bord de la rivière. Puis, nous marchons au milieu des parois puissantes et de plus en plus rapprochées du canyon. Avec les vols de condors au-dessus de nous et les couleurs ocres, c’est vraiment digne d’un parc de l’ouest américain !

Alors que nous sommes plongés dans une extrême solitude depuis presque deux jours, nous entendons soudainement des voix résonner. Un groupe de touristes péruviens vient d'arriver et nous toisent depuis le haut du canyon. Sur le retour de notre balade, nous tombons aussi sur des motards, courageusement occupés à dévaler les dunes... ou à les remonter à pied !

Ho hisse !

Après cette agréable marche au cœur du canyon, nous regrimpons les dunes pour atteindre un mirador. La vue plongeante est tout bonnement magique. Nous passons de longues minutes à nous imprégner de cet endroit et à observer les détails des anfractuosités créées par l’eau. Les photos parleront mieux que nous.

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Nous quittons ce lieu splendide. Il nous faut reprendre les pistes de l’enfer de l’aller. Mais cette fois, pas d’erreur, nous suivons le bon chemin tout du long et ne mettrons « que » trois heures ! Seul hic, nous sommes à court d’essence. Et oui, en partant de Nazca, on pensait trouver des stations essence sur la route. Car, bien loin de la situation bolivienne avec ses pénuries récurrentes, le Pérou compte une impressionnante concentration de stations. Mais évidemment, le seul établissement rencontré était désaffecté. Et, pour une fois, notre bidon de secours est vide. Aïe, une panne d’essence au milieu du désert, voilà encore une situation inédite pour Canard et Cochon ! Nous roulons en réserve jusqu’à atteindre deux-trois baraques de fortune. Quentin part avec son bidon à la recherche de carburant. À force de tourner, il tombe sur un camion en train de charger des courges et des citrouilles. Après quelques palabres, on lui dépanne quelques litres, à un prix ne défiant pas toute concurrence. C’est assez pour atteindre la prochaine station, ouf !

Remi sans pétrole
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Après cette escapade loin de tout, nous ressentons un petit choc en arrivant à l’oasis de Huacachina. Nous sommes pris dans un énorme embouteillage à l’entrée de cette célèbre lagune. Étant donné le haut potentiel touristique, la zone a été aménagée, devenant une sorte d’excroissance de la ville d’Ica toute proche. Les visiteurs péruviens mais surtout occidentaux raffolent du lieu. Alors que nous patientons dans cette file de voitures, nous entendons un vacarme d’enfer : des touristes à bord de buggies s’égosillent à chaque descente de dune. Malgré la distance, on ne peut pas ignorer leurs braillements. Même si on savait le lieu très fréquenté et l’ambiance très touristique, on ne s’attendait pas à autant… Nous avons un peu l’impression d’atterrir à Beauf-land… Après les dernières semaines passées quasiment toujours seuls au monde, le contraste est rude. À vrai dire, on hésite à même faire demi-tour et à sauter cette étape.

Salut les kékés !

Ouf, ça redémarre. Nous arrivons enfin au cœur de l’oasis, dans la « ville » qui est une succession de bars, restaurants, boutiques de souvenirs, agences et hôtels. Nous trouvons une ruelle tranquille pour nous poser et constatons que le lieu se vide petit à petit. En ce dimanche soir, une grande partie des visiteurs, et notamment des groupes, s’en vont. Le calme est revenu et l’oasis se révèle à nous avec les lumières de fin de journée.

Nous avons bien fait de maintenir nos plans car l’endroit est fort beau. La lagune est entourée de végétation et les dunes dorées autour sont massives. Nous avons hâte de les arpenter demain.

Après une nuit tranquille, nous explorons la ville de bon matin alors que tout est encore fermé. L’oasis semble déserte. Seuls les oiseaux piaillent, les palmiers se reflètent dans l’eau et le sable des dunes n’a pas encore été foulé. Canard et Cochon savourent la tranquillité retrouvée, puis quelques plats au resto du coin. Un peu de travail, quelques appels à la famille… Nous sommes en mode vacances, après le mode aventures.

À la fraiche, nous partons à l’assaut des dunes. Au terme d’une bonne grimpette (pieds nus pour plus de facilité), nous jouissons d’une belle vue sur Huacachina en contrebas et sur le désert de l’autre côté.

Quentin, ce grand enfant, est pris d’une irrésistible envie de descendre la dune en roulant sur lui-même. Les autres touristes semblent mi-étonnés mi-amusés de le voir ainsi s’élancer. Il revient avec du sable partout ! Nous nous asseyons dans le sable chaud pour admirer le coucher de soleil. Alors que nous marchons le long de la crête, d’un coup, nous obliquons pour dévaler la dune à toute vitesse. Quel plaisir de courir dans ce paysage et de sentir nos jambes s’enfoncer profondément dans le sable. Retour à Olinda, après une bonne douche publique pour se dessabler !

Huacachina n’est pas le genre de lieu qu’on aime habituellement. C’est même plutôt le genre d’endroit qui nous attriste : un superbe paysage naturel, surexploité pour attirer les touristes qui sont invités à consommer et à polluer en faisant du buggy notamment. Pourtant, on a tout de même apprécié notre court séjour. Grâce à notre vie en van, nous avons pu profiter du lieu dans des tranches horaires désertes et rester dans des endroits un peu moins touristiques.

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Désormais, direction la réserve nationale de Paracas au bord du Pacifique. La côte y est particulièrement belle avec l’enchaînement de plages, falaises et ports de pêche. La réserve est grande et nous décidons d’entrer par le sud qui est moins fréquenté. Les agences ne s’y rendent pas, préférant privilégier la pointe nord où les attractions touristiques sont regroupées. Que cette partie est sauvage ! Nous voici au milieu de paysages sublimes. Reliefs orangés, sable doré, océan d’un bleu profond composent de superbes tableaux. Nous sommes évidemment seuls. On suit les pistes dans ce décor qui devient petit à petit presque oppressant par son immensité.

L’obscurité grandit à mesure que le soleil descend. Nous espérons trouver rapidement un endroit pour la nuit. Pour l’instant, difficile de sortir de la piste sans risquer d’ensabler Olinda. La nuit est maintenant tombée, nous conduisons à la faible lumière de nos phares avec une extrême précaution pour ne pas percuter un obstacle ou perdre la piste. C’est peine perdue : on finit par ne plus apercevoir de trace au sol, sans la moindre idée de notre emplacement.

Finalement, nous voici sur un endroit plat et au sable pas trop mou. Allez, nous jetons l’ancre ici ! Nous ne sommes pas très rassurés au moment de nous coucher. En plus, dans la nuit, quelques voitures passeront près de nous alors que nous n’avons croisé personne de la journée. Étrange. On se demande bien où ces gens peuvent aller à cette heure-ci…

Nous aurons notre réponse le lendemain matin. Avec la lumière du jour, nous distinguons un petit port avec quelques baraques de l’autre côté de la baie. Les pêcheurs rejoignaient leur embarcation cette nuit. Nous nous baladons dans ce hameau côtier. Les maisons sont faites de tôle et de roseaux tressés. Le lieu est si calme : pas de pollution visuelle ou sonore, juste des taches de couleur sur un mer plate, le jappement d’un chien et des familles qui nous saluent.

Nous avons dormi là

Après cette première découverte, nous poursuivons notre route. Les couleurs pastel des reliefs sont superbes. De temps en temps, nous garons Olinda le temps de faire une balade sur les nombreuses plages. C’est l’occasion de ramasser moult coquillages, que nous pensons utiliser dans nos créations artistiques. Nous faisons aussi une belle promenade à flanc de falaises pour apprécier cette côte si déchiquetée.

La piste se fait de moins en moins compliquée jusqu’à même retrouver du goudron : pas de doute, nous voici dans la partie plus touristique. Nous enchaînons les pauses aux différents miradors aménagés aux vues toutes plus belles les unes que les autres. Le parc est peuplé de nombreux oiseaux et d’une riche faune aquatique. Nous verrons d’ailleurs des dauphins. Sur l’une des plages, il y a même quelques Péruviens qui se baignent courageusement (nous sommes en doudoune pour notre part).

Nous nous poserons pour la nuit dans une nouvelle anse tout aussi mignonne que la précédente, quoi que moins isolée. Le lendemain, après un dernier tour pour observer la pointe nord, nous quittons le lieu après trois jours passés dans cette splendide réserve naturelle.

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La Laguna Moron

Nous quittons la côte pour nous enfoncer dans les terres. Nous avons repéré une lagune en plein milieu du désert, semblable à l’oasis de Huacachina sauf que celle-ci est encore méconnue et sauvage. Nous y arrivons en fin de journée ; parfait pour une balade avec une belle lumière. Ici les dunes sont moins hautes mais la végétation plus présente. Nous y dormirons dans le plus grand calme. Nous sommes contents de trouver un lieu si tranquille, et en même temps un peu inquiets pour l’avenir : peut-être que d’ici quelques années, le secret sera éventé, et que les hôtels, les bars ou les buggies auront poussé comme des champignons…

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Le Tambo Colorado

Envie de faire une pause dans les oasis ou le sable ? Ça tombe bien : le lendemain, nous visitons le Tambo Colorado. Ancien centre inca construit en 1470, le lieu est bien conservé. On y trouve une immense place sur laquelle se déroulaient les cérémonies religieuses mais aussi de beaux restes d’habitations pour les élites incas. Les ouvertures en forme trapézoïdale sont caractéristiques de cet empire. En revanche, la ville ne fut pas édifiée comme les autres en pierre mais cette fois en adobe.

Pour changer, nous sommes seuls sur le site. Près du musée, des tables de pique-nique nous permettront de manger à l’ombre et face aux ruines, le luxe encore une fois ! Vous voulez en savoir plus les Incas, peuple phare du Pérou ? Ce ne sera toujours pas pour ce carnet, bande d’impatients. Mais promis, vous y aurez droit prochainement.

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C’est sur cette dernière visite que nous laissons derrière nous la région de Paracas. La zone nous a beaucoup plu. Nous avons été marqués par l’omniprésence du sable et le caractère sauvage des paysages. Nous nous rendons désormais à Lima, pour explorer le centre du pays où nous allons visiter de nombreux vestiges d’anciennes civilisations.