Nous sommes restés une semaine à Luang Prabang, dans un petit appartement tout équipé. C’est l’occasion de ralentir le rythme, en alternant les journées de repos et de visites. Suivant nos envies, nous avons ainsi pu aller visiter un temple le matin et nous détendre l’après-midi, ou l’inverse. La proximité d’un marché nous a permis de nous approvisionner quotidiennement en produits frais pour préparer nos popottes.
Nous aurons également bien profité de l’offre de restauration variée pour nous faire plaisir : plats laotiens, bien sûr, mais également pizzas, mafés africains, mezzes grecs, nems vietnamiens… À la superette, Quentin trouve même de la farine de blé et de l’huile d’olive. C’est parti pour des galettes grillées, comme au bon vieux temps. Accompagnées d’un guacamole maison, voilà de quoi faire un dîner cinq étoiles.
Un midi, nous nous posons dans un magnifique restaurant au bord du fleuve. La nourriture est cette-fois, il faut bien l’avouer, relativement médiocre. Mais le cadre est splendide. On se détend en observant le Mékong et son activité : barques de pêcheurs, mini-ferries, et même une bande de novices qui vient se baigner sur l’autre rive.
Derrière nous, un client français s’attable et commence à déblatérer non-stop. Quentin croit d’abord qu’il est au téléphone avant de se rendre compte qu’il s’agit d’un couple. L’homme parle, parle, parle, sans discontinuer, même pendant le repas. La sérénité du lieu en prend un coup. On n’a jamais vu quelqu’un parler autant de toute notre vie…
Puisque nous parlons de nourriture, quelques mots sur la gastronomie laotienne. Les Laotiens sont les plus gros consommateurs mondiaux de riz gluant. On en trouve à tous les repas, toujours servis dans un étui en bambou tressé. C’est la base de l’alimentation. Parmi les autres spécificités, il faut souligner l’usage important et constant d’herbes aromatiques. Les plats de soupes, de nouilles et de riz sont généralement servis avec comme accompagnement une corbeille entière de verdure : salade, haricots verts crus, menthe, basilic thaï, chou blanc. C’est l’équivalent de notre sel et poivre. D’ailleurs, si on trouve également sur la table du piment sous toutes ses formes (entier ou en poudre/sauce), la cuisine laotienne est bien moins épicée que sa voisine thaïlandaise.
Enfin, on trouve à Luang Prabang de bonnes boulangeries, signe de l’héritage culturel du Protectorat français. Une institution locale en particulier nous tapera dans l’œil. Régulièrement (pour ne pas dire tous les jours), nous irons y acheter une bonne baguette et surtout d’excellents croissants ! Une fois, nous y petit-déjeunerons même avec de la confiture et du beurre ; les Laotiens, eux, petit-déjeunent d’une soupe de nouilles.
La belle vie, c’est aussi les massages, qui ici coûtent la modique somme de 8€ pour une heure… Après nos journées de scooter et de vélo, nous serons bien contents de relâcher les muscles. L’offre est abondante dans la rue principale et nous portons notre dévolu sur un établissement qui propose un massage du corps entier à l’huile (la majorité des prestations sont sinon plutôt des massages tonifiants sans huile). C’est parti pour une heure de krouik-krouik et de relaxation.
En déambulant, nous tombons par hasard sur Cathy et Sylvain, le couple de Français que nous avions rencontré en Thaïlande. On échange nos impressions sur la ville. Nous les retrouverons à plusieurs reprises un peu plus au sud du pays.
Notre séjour à Luang Prabang est terminé. L’endroit nous a beaucoup emballés : les temples sont vraiment magnifiques, l’architecture coloniale est préservée et mise en valeur, l’offre culinaire est abondante et variée, et enfin plusieurs beaux sites sont facilement accessibles à proximité. Il se dégage de l’ancienne capitale royale une harmonie architecturale, qui couplée à la végétation omniprésente et au fleuve, donne à la ville un charme fou. C’est un étrange mélange de bourdonnement d’activités et de douceur de vivre.
Cependant, nous avons également trouvé la ville un peu trop touristique. L’hyper-centre est clairement conçu uniquement pour les étrangers et manque d’authenticité. Nous avons le sentiment que les habitants ont été peu à peu contraints à quitter le centre. Certains sites sont surpeuplés par les touristes au point d’avoir du mal à pouvoir se déplacer (notamment sur le marché de nuit) ou lors de la cérémonie de la Tak Bat, que certains prennent comme un simple spectacle.
Difficile de critiquer, bien sûr, car nous faisons nous aussi partie de ces touristes et participons à ce système. Nous commençons à réaliser que notre voyage en sac à dos nous pousse sur des routes toutes tracées, avec une faible possibilité d’improvisation et de rencontres, à l’opposé de notre précédente vie en van. Il faudra voir si cette impression se confirme pour la suite de l’aventure.
Et la suite, justement, va se passer au nord du pays qu’on dit plus « hors des sentiers battus ». Il est temps de plonger au cœur du monde rural du Laos pour découvrir ses montagnes karstiques, ses villages assoupis et un sanctuaire d’éléphants qui mène un travail essentiel !