Le musée de la Pachamama
Notre première destination est la petite ville d’Amaicha del Valle, où se trouve le musée de la Pachamama, fruit du travail acharné d’un artiste local. C’est un endroit étonnant et agréable. Le musée en lui-même ressemble à un havre de paix : c’est un jardin alliant minéral et végétal. Au sol et sur les murs, des symboles autochtones sont composés en mosaïques avec les pierres des environs. Au milieu des cactus, plantes grasses et fontaines, quelques sculptures trônent fièrement.
Hector Cruz a consacré sa vie à l’art. Ses œuvres sont un véritable hommage aux cosmovisions autochtones. Il a mis à l’honneur les manières de voir et penser le monde par les peuples qui habitent les vallées Calchaquies. On retrouve ainsi des représentations de la Pachamama (la Terre-mère) qui est la déesse andine la plus vénérée, mais aussi d’Inti, le dieu du soleil. Ses sculptures, tissages, peintures donnent à voir pumas, serpents ou encore crapauds, qui sont des symboles majeurs dans la cosmologie indigène.
Un peu plus bas dans le village, l’ambiance est détendue. Des enfants sortent de l’école et vont s’acheter un goûter, des passants se saluent et se donnent les nouvelles. Pour notre part, après avoir jeté un coup d’œil aux stands d’artisanat, nous nous offrons une bonne glace que l’on mange à l’ombre de la place principale.
Direction désormais les ruines de Quilmes. Il est déjà tard quand nous arrivons à l’entrée du parc, on décide donc de se poser à proximité pour pouvoir profiter du site dès l’ouverture le lendemain. Quentin prépare rapidement quelque chose alors que la nuit tombe. Des ânes visiblement curieux nous lorgnent allègrement. Devant nous, la lune se lève. C’est une vision saisissante : elle est tellement brillante qu’on pourrait la confondre avec le soleil un jour de nuage !
Hijo de la luna
Les ruines de Quilmes
Avant de s’attaquer à la visite proprement dite, nous commençons par le musée. Il retrace, de façon didactique et complète, l’histoire du peuple Quilmes. Ces derniers ont bâti leur village entre le IXème et le XIème siècle, avec des terrasses à flanc de montagnes utilisées pour l’agriculture (quinoa, maïs, courge, piment). La répartition sociale était aussi géographique : les plus basses maisons pour le peuple, les plus hautes pour la noblesse et le clergé. Des murs d’enceinte protégeaient la cité, créant ainsi une véritable forteresse se fondant dans la colline.
Tous au sommet !Le peuple Quilmes a opposé une forte résistance aux Incas, puis aux Espagnols. 130 ans de combat acharné face aux colonisateurs. Finalement vaincus en 1665, les rares survivants ont été condamnés à un exil forcé à travers le désert jusqu’à la ville de Buenos Aires, dans un quartier qui porte désormais leur nom. Sur les 2 500 personnes bannies, seules 800 sont arrivées vivantes. Puis, le processus d’acculturation a finalisé leur disparition. Le peuple s’est éteint mais pas le nom : un Allemand, installé dans le quartier Quilmes de Buenos Aires, a créé en 1888 une bière éponyme. Elle est aujourd’hui la plus vendue du pays !
C’est avec cette lourde histoire en tête que nous partons arpenter les ruines. En déambulant entre les murs de pierres, on prend conscience de l’étendue de la ville. Elle pouvait accueillir jusqu’à 6 000 personnes. Et encore, nous n’avons devant nos yeux que 10% des ruines visibles. On passe notamment devant les maisons communautaires du peuple, des espaces de réserve de nourriture, des maisons individuelles des caciques et chamans.
Soudain, Marion fait un bond de dix mètres (j’exagère à peine). Elle vient de voir un serpent à ses pieds, sauter de la terrasse en pierre où nous nous trouvons et disparaître dans les rochers. Le tremblotant volatile est terrifié, d’autant qu’elle est en sandales ouvertes. Il faudra toute la pédagogie de Cochon pour la remettre en route.
Chacun son tour... Mais l’aventure est vite oubliée face au panorama qui commence à se dessiner. Plus l’on grimpe, plus les vues sur la vallée sont grandioses. Le soleil tape fort. Tout autour de nous est aride. On est impressionnés par l’ingéniosité des Quilmes pour vivre dans ces conditions et maîtriser l’eau, si rare dans la zone.
Alors que nous montons le côté sud de la forteresse, nous distinguons de plus en plus nettement les restes des empilements de maisons et de rues, ainsi que l’ancienne muraille de la ville. On atteint le sommet de la montagne, sous un énorme cagnard ! Devant nous, on peut admirer la vallée dans toute son étendue. Et des cactus, encore des cactus, tellement de cactus ! On redescend par le côté nord. Ouf, il est temps de se reposer un peu à l’ombre.
Dans la vie, il y a...Quelques stands et gargotes sont alignés au pied de la forteresse. Nous nous y installons pour le déjeuner. On y déguste d’énormes empanadas aux légumes et une autre spécialité locale : la humita. Il s’agit d’une mixture de maïs et de fromage, cuite à l’étouffée dans une grande feuille de maïs. Marion aime beaucoup mais Quentin trouve ça un peu écœurant. C’est, bien contents et bien repus, que nous nous mettons en route pour Cafayate, la capitale touristique du secteur.
On n'est pas tous seuls !