Avant de vous embarquer revivre nos découvertes des ruines d’Angkor, voici quelques éléments de contexte historique.
Tout commence en l’an 802 lorsqu’arrive sur le trône Jayavarman II, qui instaure le culte du dieu-roi. Il est considéré comme le premier souverain de l’empire khmer. Rapidement, ce dernier s’étend pour atteindre un vaste territoire comprenant l’actuel Cambodge mais aussi une grande partie de la Thaïlande, du Laos et du sud du Vietnam. Des villes puissantes sont reliées entre elles par les voies fluviales et par un réseau de routes. Vous souvenez-vous de notre visite des ruines de Phimaï en Thailande et de celle du Vat Phou au Laos ? Elles faisaient justement partie de ce grand ensemble.
Angkor, située dans la forêt au nord de l’immense lac Tonle Sap, fut l’une des capitales de l’empire. À son apogée au XIIe siècle, elle s’étendait sur 1 000 km2 et abritait plus de 750 000 habitants, en faisant la plus grande ville préindustrielle du monde.
À chaque nouveau roi, des édifices supplémentaires étaient érigés. Aujourd’hui, nous ne voyons plus que les ruines des bâtiments religieux, les seuls construits en pierre. Le reste, habitations mais aussi palais, réalisé en matière périssable (bois surtout), n’a pas survécu. Ainsi, ne sont visibles de nos jours, « que » les vestiges de 200 temples. Mais c’est déjà énorme, non ? Vous le constaterez sur nos photos : ce qui est frappant, c’est leur caractère tout à la fois colossal et raffiné… et surtout leur diversité. Chaque ruine est différente par son style ou son environnement, rendant la visite très plaisante. On avait un peu peur de faire une overdose de ruines mais en réalité ce fut à chaque fois un réel plaisir que de découvrir un nouvel ouvrage.
Rappelons que l’empire khmer fut avant tout hindouiste avant de devenir sur le tard (au XIIe siècle) bouddhiste. Les temples érigés avaient donc pour fonction première, non pas l’accueil de pèlerins, mais la représentation sur Terre de la maison des dieux hindous. Ces derniers vivent sur le Mont mérou (aux cinq sommets) situé au milieu de l’océan cosmique. C’est pourquoi les monuments khmers sont ornés de tours représentant les reliefs du mont sacré et sont entourés de douves évoquant l’océan.
Représentation architecturale de la cosmogonie hindoue Au musée de Siem Reap, on trouve des centaines de sculptures de Bouddha trouvées dans les ruines d'Angkor Avec ses 33 millions de dieux, il y a de quoi se sentir un peu perdus dans le panthéon hindou… Heureusement pour nous, les bâtisseurs khmers avaient une nette préférence pour certains d’entre eux, notamment Shiva, Vishnou, Brahmā et Indra. À force de lectures de nos guides et de visites aux musées, nous finirons par savoir lire les superbes scènes sculptées sur les bas-reliefs. Shiva est particulièrement représenté (soit sous sa forme humaine, soit sous sa forme symbolique comme lingam) et est apprécié des souverains khmers. Dieu à la fois de la destruction et de la régénération, il rappelle l’importance des cycles dans la société khmère, marquée par le tempo agricole.
Le dieu Brahmā, de son côté, a pour monture une oie. Ça nous a inspirés...Les historiens n’ont pas encore tranché sur les raisons exactes de la fin de l’empire khmer. Probablement les souverains avaient-ils vu trop grand. Il leur était difficile d’entretenir la capitale qui en demandait trop aux terres et au système hydraulique. Ce qui a en tout cas précipité le déclin, ce sont les voisins siams. Après plusieurs assauts du royaume thaï d’Ayutthaya, l’empire prend fin en 1431. Angkor est laissée à l’abandon durant des siècles. La cité sombre dans l’oubli.
Lorsque la France fait du Cambodge une colonie, des archéologues explorent la zone. Dès 1861, des premiers travaux sont réalisés, suivis par d’autres missions. Un travail important de traduction des inscriptions et de reconstitution de l’histoire de l’empire est effectué. Puis, vient le temps de la réhabilitation du lieu par de nombreux archéologues, notamment ceux de l’École française d’Extrême-Orient. C’est un travail titanesque, toujours inachevé.
Aujourd’hui, le site s’étale sur 400 km2 et est en partie enseveli par la végétation. Angkor est devenu le lieu le plus visité du Cambodge et s’avère tout aussi célèbre que le Machu Picchu ou la muraille de Chine. Des millions de visiteurs s’y pressent chaque année pour tenter de se figurer ce à quoi pouvait bien ressembler cette capitale mythique…
Ayant lu dans nos guides touristiques que le site était très étendu, nous avons fait le choix de prendre un pass nous permettant d’accéder aux ruines durant sept jours, à répartir sur un mois. Nous voilà donc dans notre hôtel dans la ville de Siem Reap avec ce précieux sésame. Nous trépignons d’impatience !