Après un nouveau bon petit-déjeuner avec Bernardita et Ramon, nous prenons le métro pour rejoindre le centre-ville de Valparaiso. C’est parti pour la visite de cette ville symbolique du pays, voire mythique.
Fondée le 3 septembre 1544 par Pedro de Valdivia, elle avait pour mission de donner un port à Santiago, qui ne touche pas la mer. La ville jouera un rôle géopolitique et économique majeur dans la seconde moitié du XIXème siècle, en servant d'escale pour les bateaux passant de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique par le détroit de Magellan. Valparaíso connaitra alors un âge d’or, se développant à toute vitesse, devenant un grand pôle d’attraction et étant même connue comme la « Petite San Francisco » et le « Joyau du Pacifique ». L’ouverture du canal de Panama en 1914 sonne le glas de sa prospérité. Valparaiso devient une étape inutile sur la route transcontinentale. Elle tombe lentement en décrépitude, les collines (les fameux cerros) se vident, les grandes demeures sont laissées à l’abandon… Dans les années 2000, pour redynamiser la ville, la mairie entreprend de transformer les rues en espace artistique géant : des centaines de graffeurs réalisent des milliers d’œuvres, recouvrant des rues entières. Valpo (comme on la surnomme) devient le laboratoire des imaginaires chiliens.
Pour une première approche de la ville, on décide de commencer par les collines les plus célèbres : le cerro Concepcion et le cerro Alegre. Les ruelles sont tapissées de street-arts de tous les styles possibles. Les maisons varient énormément d’un mètre à l’autre. C’est un enchainement illogique et permanent de demeures de maître en bois sculpté, de barraques en tôle sur le point de s’effondrer, de vieux bâtiments en pierre…
Autant les rues à Viña del mar et Santiago étaient en damier, autant ici c’est un vrai labyrinthe de ruelles, passages, escaliers et vieux ascenseurs funiculaires. Marion est sous le charme, Quentin un peu plus perplexe devant un tel imbroglio.
La pause repas se fera dans un petit resto, engoncé dans une ruelle tortueuse d’un côté, et avec vue sur la baie de l’autre côté. Deux salles, deux ambiances, à l’image de la ville toute entière. On continue jusqu’à l’ascenseur El Peral, l’un des derniers encore en fonction dans la ville.
Un endroit renversant ! Nouvelle déambulation pour jouir de points de vue sur les collines colorées ou le Pacifique. La ville est assez hypnotisante : à chaque mètre, il y a de quoi passer plusieurs minutes à observer l’entrelacement des maisons biscornues, une œuvre de street art, une magnifique demeure coloniale ou encore un vieil ascenseur funiculaire.
Nous finissons par retourner sur la partie plate de la ville en bord du port et découvrir la Place Sotomayor, bordée des bâtiments les plus importants de la ville.
Nous retournons chez Bernardita pour la soirée. Sur le chemin, nous nous arrêtons dans une pâtisserie pour acheter deux gâteaux pour le goûter. On s’assoit sur les marches et on les mange. Puis on se regarde : on en prend d’autres ? Retour immédiat à la pâtisserie, où la gérante est un peu surprise. Un problema ? Non, non, c’est juste qu’on a tellement aimé qu’on remet ça. Ha, muy bien !
C'est encore nous !Nous passerons la soirée à éplucher les sites de vente de van. Rien de probant. On se couche. Le lendemain, la journée sera avant tout consacrée à une bonne grasse matinée, puis à la recherche de van. Nous aurons plusieurs ascenseurs émotionnels en l’espace de quelques heures, enchainant les bons espoirs ou les désillusions. Des offres de van nous paraissent très pertinentes mais nous ne sommes pas prioritaires ou alors les dates ne coïncident pas.
Le soir, nous sortons pour manger en centre-ville à Viña del mar, où nous découvrons la version végétarienne de la chorillana, un plat typique de la région de Valparaiso. Il s’agit d’une couche de frites, suivie d’une couche d’oignons frits, suivie d’une couche de légumes grillés, suivie d’une couche de fromage fondu. Ne connaissant pas la taille du produit, on a également commandé un burger. Autant dire qu’on aura du mal à finir… Manquant de rouler sur nous-mêmes, nous rentrerons en Uber, où nous finirons la soirée à discuter avec nos hôtes, toujours adorables, sur plein de petits sujets.
Pour notre dernière matinée, Bernardita et Ramon proposent de nous emmener visiter la Sebastiana, la célèbre maison de Pablo Neruda, située dans les hauteurs de Valparaiso. Nous nous y rendons en voiture et apprécions la conduite dans ces cerros qui montent et qui descendent comme dans une ville du Minas Gerais (ho, les bons souvenirs, vroum vroum…). La maison de Neruda, perchée sur une colline, est à l’image de la ville : biscornue, bucolique et alternant des éléments de luxe et des éléments de bric-et-de-broc. En la parcourant, elle nous fait beaucoup penser à un décor de film de Miyazaki.
Dommage on ne pouvait pas faire de photo à l'intérieur de la maison...Reprenant le véhicule, nous nous garons au pied du musée maritime pour longer succinctement le Paseo del 21 de Mayo, qui jouit d’une belle vue sur toute la baie. On peut admirer en détail le port industriel, qui s’agite telle une fourmilière, les imposants bâtiments de guerre qui semblent sereinement posés sur la mer, ou encore les rues de la ville basse et sa flopée de passants affairés.
A loin Quentin en plein discussion avec RamonNous allons ensuite nous promener dans le quartier de Playa Ancha qui aligne de belles et grandes demeures du XIXème siècle, occupées à l'époque par les familles d'immigrés européens. On enchaine sur un bon déjeuner dans un bistrot local, visiblement fréquenté dans le passé par les artistes et les intellectuels, et dont l’ambiance nous rappelle les cafés littéraires de Saint-Germain à Paris.
Cette semaine de visite touristique touche ainsi à sa fin. Il est déjà temps de rentrer dans la vallée de Colliguay pour notre dernière nuit chez Josefina et Seva avant d’enchainer sur un nouveau chapitre de notre voyage. Nous prenons le métro jusqu’à Quilpué où Josefina et Seva, descendus pour des courses, nous attendent. C’est reparti pour la route de terre jusqu’à la vallée, qui grimpe sec et enchaine les virages au bord du précipice, transformant chaque fois ce trajet en petite expédition. Nous voilà à nouveau dans la vallée rurale de Colliguay où l’ambiance est si calme en comparaison des grandes villes où nous étions !