Aujourd’hui, c’est repos. Après une longue grasse matinée, nous prenons notre petit-déjeuner aux alentours de midi sous un grand soleil. Quentin nettoie le moteur de fond en comble. Après plusieurs heures de lecture, nous partons vers 16 H sous la pluie, pour rejoindre le nord du parc.
Le climat change la physionomie du paysage. On est encore et toujours surpris par la diversité des écosystèmes, les changements se faisant parfois en quelques minutes de route à peine.
On s’arrête à la porte nord pour demander des informations sur les pumas. En effet, le Torres du Paine est connu pour en abriter plusieurs dizaines. Des sociétés privées offrent la possibilité de les pister en compagnie de « traqueurs » professionnels. Quentin ne tombe que sur des garde-parcs ; il faut attendre le retour des traqueurs pour avoir de plus amples informations. Okay, on n’est pas pressés et on attend dans le van.
Quelques minutes plus tard, Miguel Angel, un traqueur mis au courant par les gardes, vient toquer à Olinda. On entame la discussion. Tarif : 500 dollars par jour ! Totalement hors de nos moyens… Mais visiblement, le traqueur nous aime bien : « écoutez, si vous le gardez pour vous, je vous file un tuyau. Un peu à la sortie du parc, au bord d’une lagune, il y a le cadavre d’un guanaco. Tous les soirs depuis plusieurs jours, vers 20 H, une femelle et ses trois petits viennent manger les restes. Vous pouvez vous poser à proximité et attendre discrètement. Il y a de grandes chances que vous les voyiez ». Voilà qui est sympa ! Comme il est à peine 18 H, on décide d’attendre devant la porte nord avant de se mettre en route.
Re toc-toc à peine plus tard : « décidemment, c’est votre jour de chance. Un de mes collègues, qui guide un groupe à la journée, vient de m’appeler par radio. Il y a un puma à proximité. Comme il est déjà tard, vous pouvez vous joindre à eux quelques minutes. – D’accord, merci beaucoup. On vous suit en voiture ? – Non, allez-y à pied : il est à quelques mètres à peine ».
On est sacrément surpris et on s’exécute. Deux garde-parcs nous accompagnent pour rejoindre le traqueur, effectivement juste à côté de nous, derrière une colline qui surplombe une petite rivière ! Avec lui, un couple de hollandais a les yeux fixés sur la rive d’en face. Le collègue nous prend en charge, il nous indique où regarder, à coup de jumelles et de zoom d’appareil photo. On avoue que pendant de longues minutes, on ne distingue absolument rien.
Où est Charlie ? Et d’un coup : ho, le puma ! A tour de rôle, on peut apercevoir et admirer sa tête qui dépasse de la broussaille. On le regarde tourner dans les herbes pendant un petit moment. Quelle chance et quel bonheur ! C’est une femelle assez jeune qui chasse. Elle est tout bonnement splendide avec son pelage beige qui se confond avec les herbes hautes dans lesquelles elle guette le moindre animal. On n’en revient pas qu’elle soit si proche de nous. Le traqueur nous explique que les pumas dans le parc sont parfois très près des zones de sentier mais qu’ils sont en général tellement bien camouflés qu’on ne les voit pas. La journée ils sont assez calmes, souvent allongés à somnoler. Les matins et les soirs en revanche, il se mettent en activité pour chasser. Ici, ils se nourrissent essentiellement de guanacos, leur nourriture préférée.
Le traqueur, qui ne sait pas que nous parlons espagnol, appelle Miguel Angel par radio « c’est bon, les français ont réussi à le voir ; c’était mignon, ils souriaient comme des enfants ». On le remercie chaleureusement avant de regagner Olinda pour laisser les hollandais continuer leur « chasse » aux pumas. Miguel Angel est malheureusement déjà parti à notre retour, on aurait bien aimé le remercier un peu plus.
Tentant le tout pour le tout, on se met en route pour trouver le cadavre de guanaco à l’extérieur du parc. Malgré les faibles indications et l’immensité du terrain, Quentin finit par tomber dessus ! On se pose donc dans la broussaille à environ 80 mètres et on attend. On scrute la montagne de laquelle la famille puma devrait logiquement arriver. Mais rien. 30 minutes ont passé. On pourrait rester encore mais on se dit qu’il vaudrait mieux rebrousser chemin car il se fait tard. On est un peu déçus car on aurait adoré voir des petits mais bon, on a déjà vu un puma aujourd’hui, c’est pas mal ! En chemin on retombe sur Miguel Angel qui rentre chez lui. C’est l’occasion de le remercier de vive voix.
Petits, petits... Nous regagnons le parc. Demain, pour notre dernière journée, nous allons en effet effectuer la randonnée la plus courue du Torres : celle des trois tours. On se pose sur le parking de départ. On s’endort ravis de cette journée. Grâce à la gentillesse d’un traqueur passionné, on aura réussi à voir un puma, le dernier animal mythique de Patagonie que nous n’avions pas encore aperçu… et à économiser 500 dollars !