À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis 2 ans, en sac à dos ou à bord de notre Combi, en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

Le Pantanal, troisième partie : au cœur des marais

Dernière partie de notre découverte de cette incroyable région : de la détente en bonne compagnie à Campo Grande, de nouvelles aventures dans les marais et une jolie ville-frontière coloniale.
Juin 2023
7 jours
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Après le départ de Fred et Josy, il est l’heure d’aller récupérer Olinda. Nous retournons en banlieue de Campo Grande pour retrouver notre vieux tacot. Nous sommes accueillis par Elena, une dame très sympathique. Il s’agit de la belle-mère brésilienne de Corentin, un Français que nous avions contacté grâce à un groupe Facebook, et qui nous avait donné le contact de ses beaux-parents pour laisser le combi en sécurité plusieurs jours. On papote un bon moment autour d’un bon jus de caja et de douceurs à base de maïs. Elena est visiblement en train d’en cuisiner des dizaines : une fête de quartier aura lieu dans deux jours et elle y tiendra un stand de nourriture. « Pourquoi ne pas passer à la fête ? Demandez les détails à Corentin ».

Alors que l’on discute de nos jus brésiliens préférés, Quentin glisse qu’il est un peu accro à la maracuja. « Ça tombe bien, j’en ai en réserve, répond Elena qui ouvre son congélo. Voici un kilo de pulpe pour toi. Mélange avec un peu d’eau : il y a de quoi faire six litres ». Et voilà Cochon qui se retrouve avec des litres de maracuja d’avance. Il en frétille. De son côté, Marion démarre Olinda, qui réagit au quart de tour malgré les 10 jours d’absence et de froid. C’est reparti !

Alors que nous écrivons à Corentin pour le remercier à nouveau et lui demander des infos sur cette fameuse fête, il nous invite à passer la soirée chez lui. Nous faisons enfin sa rencontre, celle de son épouse brésilienne Katiane et de leurs deux petits, Francisco et Valentino. Nous sommes accueillis, comme chez Elena, à bras ouverts. Petit tour du combi, surtout aux enfants qui ont l’air de trouver cette maison qui roule drôlement étonnante ! De leur côté, leur domicile est très agréable. Dans leur jardin bien ombragé poussent plusieurs arbres fruitiers, visiblement à une vitesse folle (un papayer planté l’année dernière fait déjà deux mètres de haut). On discute de nos parcours respectifs. Corentin télétravaille dans le domaine des énergies renouvelables et Katiane, qui a été doctorante en France, est professeure de mathématiques.

Lors de cette première soirée avec eux, nous sommes rejoints par deux autres Français de Campo Grande, Eloïse et Loïc, tous deux profs de français, puis par le conjoint brésilien d’Eloïse. Avec tout ce petit monde, on échange à bâtons rompus, en français et/ou en portugais, sur tous les sujets possibles. À la nuit tombée, sur invitation de Corentin, on laisse Olinda garée devant la maison. Ça tombe vraiment bien car il aurait été difficile de trouver un spot tranquille dans cette grande ville. Petit bonus : Corentin et Katiane nous donnent un double de leur clé pour utiliser à loisir douche et toilette !

Aujourd’hui, nous visitons Campo Grande. C’est une grosse ville moderne, qui nous rappelle beaucoup Belo Horizonte (quoi, tu te souviens plus du carnet sur le Minas Gerais ?) La ville est immense et tout déplacement est réalisé en voiture ici. Une forte circulation donc, sur des grands boulevards qui s’enchaînent à l’infini. Les buildings côtoient quelques maisons plus basses sans réelle harmonie architecturale. On décide donc de se concentrer sur le parc des nations et le musée autochtone. Le parc nous fait penser à une sorte de Central Park tropical. Tropical ? Oui car ici, à la place des pigeons, on trouve des capybaras (le plus gros rongeur du monde) à foison dans les pelouses et dans le lac.

Chouette, un goûter !

Le soir, nous nous rendons à la fête de quartier dont nous avait parlé Elena. Il s’agit de la Saint Jean, une célébration locale très suivie dans tout le Mato Grosso do Sul. Nous y retrouvons toute la petite famille et des cousins brésiliens. On achète au passage plusieurs spécialités à Elena, toutes savoureuses. L’ambiance est populaire ; de nombreux habitants sont venus avec leurs enfants. Certains sont en habits traditionnels, style cowboy/paysanne. Un DJ passe des chansons, les gens déambulent autour des stands de nourriture et des attractions pour les enfants. Puis deux grands feux sont allumés, c’est le moment fort de la soirée. Nous nous éclipsons assez tôt, de même que Corentin et Katiane. Avant d’aller nous coucher à nouveau devant chez eux, ils nous offrent une petite tisane bue tout en jouant à un jeu de société.

 Elena et son stand

Durant notre séjour à Campo Grande, nous en avons également profité pour faire passer Olinda chez des mécanos (vidange, graissage) et un électricien. Ce dernier nettoiera consciencieusement tout notre système électrique, phares compris. C’est fou la quantité de poussière qu’il pourra en extraire ! Voilà notre bébé tout neuf pour la suite des aventures.

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Nous quittons Campo Grande pour retrouver le Pantanal plus sauvage. Nous expliquons à Corentin et Katiane que nous allons retourner au lodge où nous avions séjourné avec Fred et Josy pour pouvoir faire les activités que nous avions manquées à cause de la vague de froid ! Ils nous conseillent de faire un petit détour par le Morro do Paxixi, une région rurale parsemée de reliefs à quelques heures d’ici. D’en haut, le panorama est grandiose et la route qui y mène est magnifique. C’est parti pour vérifier cette réputation !

Nous quittons la route principale pour cette balade improvisée. Assez vite, nous nous enfonçons dans la campagne. C’est clairement un autre Pantanal qui s’offre à nos yeux : loin d’être plat comme la zone marécageuse que nous avons découverte quelques jours plus tôt, ici surgissent des montagnes rocheuses au milieu de collines verdoyantes.

La route qui monte au sommet de l’un de ces morros (reliefs) est sacrément dure ! C’est clairement une des pistes les plus difficiles que nous ayons parcourues jusque-là. La difficulté ne réside pas dans l’altitude (qui reste très basse) mais dans les irrégularités du terrain et l’étroitesse de la piste qui passe de surcroit entre une épaisse végétation.

Arrivés au sommet après cette petite aventure, nous sommes bien contents de retrouver les joies de de la vie en van. Nous passerons tout l’après-midi à profiter du petit coin que nous avons trouvé en pleine brousse.

Dans l’après-midi, nous irons aux miradors. Corentin et Katiane n’avaient pas menti, la vue est vraiment à 360°. Le rouge des falaises ainsi que quelques arbres violets se détachent du vert de l’immense plaine que l’on domine. Nous retournerons revoir ce panorama le soir-même pour le coucher du soleil.

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1 an déjà !

Comme nous vous l’avions expliqué, nous avons négocié avec le patron du Pantanal Jungle Lodge d’y revenir quand la météo serait plus clémente pour pouvoir faire les activités qu’il nous manquait. Nous quittons donc les reliefs de Paxixi pour rejoindre la piste de l’Estrada do parque. Cette fois, pas de boue à l’horizon et surtout nous sommes à bord d’Olinda. Avec sa garde haute, nous passons sans difficulté les ponts en bois et nous sommes ravis de retrouver nos amis les jacarés et les aigrettes.

D’un coup, une odeur insoutenable nous prend aux narines et à la gorge. On se dit qu’il doit y avoir un animal mort quelque part. Effectivement, nous tombons sur une vache en décomposition, cerclée de vautours. Puis une autre, et encore une, puis un cheval dans le même état, et d’autres vaches… Toute l’Estrada est remplie de cadavres et des nuées de charognards se promènent dans les airs. C’est la conséquence de la vague de froid de la semaine précédente ! Nous pouvons constater ses terribles effets de nos propres yeux…

 Ça a même tué quelques crocos !

À peine arrivés au lodge, nous nous sentons un peu comme à la maison. On gare Olinda sur le parking et on file en direction des pontons qui donnent sur le fleuve. Les animaux sont de sortie : les aras bleus se délectent de fruits, un bébé jacaré se cache sous un bateau et le gigantesque jabiru se promène sur les rives. Quel endroit, vraiment !

Coucou ! 

Aujourd’hui, nous sommes le 27 juin : cela fait précisément un an que cette incroyable aventure sur le continent latino-américain a démarré. Quoi de mieux que de le fêter au succulent buffet du lodge ? On s’offre ainsi une caïpirinha, un jus de goyave et un repas délicieux. Nous sommes un peu émus de cet anniversaire. Un an déjà que nous avons quitté notre routine parisienne. Un an sacrément rempli en découvertes, apprentissages et rencontres. Et surtout, que d’aventures vécues.

Le soir nous jouons au billard, mais l’affreuse vérité est là : on est nuls de chez nuls. Chaque coup est raté, et quand une boule finit tout de même par rentrer, c’est souvent par hasard… Nous sommes si mauvais que nous sommes pris d’un fou rire. Bref, au bout de 40 minutes de jeu pitoyable, nous mettons fin à ce spectacle tragi-comique pour aller nous coucher.

 Dans l'mille !
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À cheval au milieu des marais

Nous l’attendions avec impatience, c’est l’heure de la balade à cheval ! L’activité a lieu sur le terrain d’une fazenda à une heure de route du lodge, nous permettant de profiter à nouveau d’une portion de l’Estrada do parque. À l’arrivée, nous tombons sur un daguet rouge, sorte de biche, et son petit dans un marécage.

Chacun installé sur son destrier, nous commençons la promenade sur le domaine, d’abord dans de grandes prairies peuplées de vaches et chevaux. Le panorama est superbe et l’environnement respire la tranquillité. Nous passons à côté d’un jacaré qui prend le soleil sur la piste : ni les chevaux ni les chèvres ne semblent effrayés.

 Le jacaré nous grille la priorité...

Puis, nous nous enfonçons dans la forêt sur un étroit sentier avant de retrouver assez vite les grands espaces dégagés. Démarre ici une série de traversées dans les marécages. Sur certains passages, les chevaux sont sacrément immergés puisque nous avons de l’eau jusqu’aux mollets ! Cette chevauchée aquatique est une première pour nous.

Le bruit de l’eau couplé au trot nous berce. Quelle paisible balade… enfin pas pour Cochon, qui passe son temps à recadrer son cheval qui s’arrête sans cesse pour manger !

 Mais arrête de te goinfrer !

Nous regagnons le corps de ferme au coucher du soleil. Les couleurs sur les plaines immergées sont sublimes…

Sur le chemin du retour dans la jeep, notre chauffeur roule doucement en quête d’animaux nocturnes. Nous aurons la chance d’apercevoir fugacement un ocelot, sorte de mini jaguar. Nous nous couchons sur un petit nuage après cette belle journée.

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Kayak au fil de l’eau

Ce matin, c’est kayak ! Nous grimpons tous les deux dans une petite embarcation, accompagnés de deux autres couples de touristes. Comme nous suivons le courant du fleuve Miranda, nous n’avons pas besoin de beaucoup pagayer pour avancer. C’est tout aussi bien, car nous prenons le temps d’admirer les rivages et la végétation toujours aussi exubérante.

 Quel pied !

Les oiseaux nous tiennent compagnie. Nous n’apercevrons cependant pas beaucoup de jacarés. On croit voir de temps en temps une tête de loutre, mais trop rapidement pour se laisser photographier. À un moment, une branche qui vient se cogner à notre kayak charrie une gigantesque araignée blanche. Quentin, un peu arachnophobe, ramera à toute force pour se dégager de l’intrus. Brr

Nous dérivons allégrement depuis près de deux heures. Il est temps de faire demi-tour. Heureusement, nous n’aurons pas à nous servir de nos bras pour regagner le lodge. Notre guide nous embarque sur un bateau à moteur, en accrochant nos embarcations en file indienne. Nous mettrons plus de quinze minutes à rejoindre la berge de l’hôtel, réalisant que, mine de rien, nous sommes allés sacrément loin en kayak !

 Heu... peut-être UN PEU trop loin...
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On nage au milieu des crocos et des piranhas !

Comme vous le savez, le bord du lodge est habité par des pirahnas, des jacarés et des loutres géantes. « L’endroit idéal pour une baignade » affirme notre guide. Nous aurons donc droit à une flutuação. Une petite barque nous dépose à 300 mètres de l’hôtel, et nous devons sauter à l’eau puis nager pour rejoindre la berge.

Si Cochon s’empresse évidement de se jeter à la flotte, Canard est beaucoup plus hésitante et mettra de longues minutes avant de tremper ses plumes. Mais notre guide se veut rassurant : « les pirahnas sont attirés par le sang, donc vous ne risquez rien tant que vous ne vous blessez pas. Les jacarés n’attaquent que si vous touchez leurs paniers à œufs, qu’ils construisent dans la végétation. Nagez donc bien au milieu. De toutes façons, l’animal le plus dangereux est la loutre. Elle est très territoriale et peut vous agresser à vue. Mais ne vous inquiétez pas : je reste près de vous en barque. Si une loutre vous mord, je lui flanque des coups de rame sur la tête jusqu’à ce qu’elle vous lâche ». Ok…

 Quand faut y'aller...

Finalement, nous ne serons harponnés, hachés ou croqués par aucune bestiole durant le trajet. On vous avoue quand même ne nous n’étions pas très chill, et Marion s’est découvert des talents de nageuse express. Mais tout de même, quelle expérience incroyable et mémorable ! Étonnant d’arriver à la nage sur la petite plagette du lodge, précisément là où tous les jours nous croisons les jacarés…

Et surtout... profitez ! 
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Farniente tropical

Le reste du temps au lodge sera consacré au repos. Quentin enchaîne les siestes dans les hamacs, Marion les lectures. À plusieurs reprises, nous nous laissons tenter par le buffet, en extra. La mousse de maracuja sera même de retour un soir, pour le plaisir des papilles de Cochon et le malheur de son appareil digestif.

Le lodge nous donne également accès aux toilettes et aux douches, bien pratiques pour se nettoyer en profondeur après les activités. Mais la salle d’eau n’est pas réservée aux humains : à plusieurs reprises, il faudra faire sa besogne au milieu des moustiques, des araignées, voire des crapauds !

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Il est temps de quitter le lodge, après ce deuxième séjour. Le reste de la route jusqu’à la ville-frontière de Corumba se fait sous le soleil. Des arbres aux fleurs violettes colorent magnifiquement le chemin.

Au XIXème siècle, Corumba fut le 3ème plus important port fluvial d’Amérique du Sud ! La ville faisait la jonction entre les fleuves Paraguay et Parana, et des quantités impressionnantes de marchandises transitaient par ses rives. Signe de son insolente richesse au début du XXème siècle : on n’y comptait pas moins de 12 consulats et 25 banques internationales ! Malheureusement, l’ouverture du chemin de fer dans les années 1930 sonna le glas du commerce fluvial. À l’image de nombreuses autres cités brésiliennes, Corumba périclita pour retomber dans un certain anonymat…

Il reste de ce passé glorieux quelques splendeurs, notamment la grande rue qui longe le fleuve. Des dizaines de maisons coloniales hautes en couleurs s’y égrènent, dont certaines sont parfaitement restaurées. On trouve à l’endroit des airs de Paraguay… Nous déambulons en ville pour notre dernière soirée au Brésil, dînant dans un boui-boui et concluant le tout par de gigantesques glaces.

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Le lendemain, on gagne la frontière avec la Bolivie. Il faut d’abord faire tamponner sa sortie brésilienne. Et que c’est loooong : un seul bureau pour des dizaines de personnes. On poireaute deux heures à la queue leu leu. Mais c’est fait. Adieu le Brésil, et cette fois sûrement pour de bon…

 Une photo de la route, pour couper la lecture

On transpire un petit coup en arrivant à la douane bolivienne. On croise les doigts pour que cette fois le douanier ne nous cause pas de souci avec notre véhicule chilien… On tend gentiment nos passeports, en précisant délicatement que nous avons une voiture à déclarer. Marion se gare devant les douaniers, qui jettent un œil rapide et tamponnent tout le bazar sans commentaire. Nous sommes officiellement entrés en Bolivie. C’est un soulagement, doublé d’un certain énervement : cela confirme bien que nous sommes tombés la dernière fois sur un gougnafier, qui avait seulement envie d’enquiquiner des touristes.

Comme le passage de frontière a été plus long que prévu, nous décidons de ne pas poursuivre la route le jour même. Nous trouvons un spot tout à fait charmant à Puerto Suárez, à quelques pas de la douane. Nous sommes garés sur une petite place qui domine un lac et son belvédère en bois.

On se baladera dans ce tranquille patelin en soirée. C’est face à ce joli panorama, on ne peut plus typique du Pantanal, que s’achève notre séjour dans cette extraordinaire région. Demain, direction notre prochaine grande étape : les coquets villages chiquitanos qui abritent de très belles missions jésuites !


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