Canard sera notre chauffeur pour tout le séjour. Elle troque ainsi Olinda pour un véhicule automatique ; le changement est total ! Nous commençons par avaler plusieurs heures de route en direction du village de Miranda où nous mangerons sur le pouce. Les immenses champs de monoculture de maïs du Mato Grosso do Sul laissent progressivement place à la végétation luxuriante. De temps en temps, on aperçoit des prairies où paissent tranquillement des troupeaux de vaches au milieu des palmiers.
Finalement, nous atteignons notre but : l’embranchement qui marque l’entrée de l’Estrada do Parque. C’est autour de cette célèbre piste de terre qui traverse le Pantanal du sud que nous allons passer la moitié du séjour avec Fred et Josy. Comme il s’agit d’une gigantesque zone humide, la route est ponctuée de très nombreux pontons en bois. Autour de chaque zone humide, on peut observer une faune extraordinairement riche. La chaussée est cabossée et pleine de trous, il faut dès à présent faire attention à la conduite. Mais la récompense ne se fait pas attendre : dès les premières minutes, on peut admirer de nombreux volatiles. On croise aussi un jacaré (croco de la famille des caïmans) posé dans sa mare, entouré d'une dizaine de papillons.
Nous arrivons au Pantanal Jungle Lodge, notre point d’ancrage pour les prochains jours, où nous avons réservé un séjour tout compris (chambre, repas et activités). L’endroit est vraiment magnifique et pensé pour se fondre dans le décor : les structures en bois sur pilotis font face au fleuve Miranda. À peine posés, nous faisons tous un saut à la piscine de l’hôtel et profitons de ce cadre si apaisant.
La vie au lodge va être rythmée par les activités et les repas. Les buffets sont notamment somptueux. Si on retrouve nos inaltérables riz-haricots-spaghettis, le chef a bon soin d’ajouter toute une ribambelle de crudités et d’assaisonnements, ainsi que des gratins, mijotés de légumes, purées… Fred et Josy se délectent aussi de poissons frits, de bœuf en sauce ou de poulet sauté. Enfin, les desserts, qui changent à chaque fois, sont toujours à tomber : flanc au doce de leite, figues fraîches, courges confites, gâteau à la crème… Quentin frisera une indigestion un soir : il y avait de la mousse de maracuja à volonté… Les repas seront bien arrosés par Fred et Josy qui nous ont très gentiment offert toutes les boissons, notamment les fameuses caïpirinhas !
C’est l’heure de notre première activité : la pêche aux piranhas. Tout le monde s’équipe d’une canne en bambou, à laquelle est accroché un morceau de jambon. Et zou, dans le fleuve, en attendant que ça morde ! Fred, qui est un pêcheur passionné, pourrait rester des heures. À côté de nous, une autre touriste attrape une dorade, qui sera donnée à un petit jacaré qui a surgi promptement de l’eau. Le guide nous apprend que ces derniers sont toujours attirés par les pêcheurs, car ils savent qu’il y a des poissons à la clé ! Au bout de deux heures, il faut bien se rendre à l’évidence : nous ne prendrons rien malgré plusieurs touches. Les piranhas sont malins, ils grignotent le bout de viande sans se laisser attraper... Si Fred et Josy sont un peu déçus, on doit bien avouer que, nous, nous sommes soulagés : en tant que végétariens, on aurait été bien embêtés d’attraper un pauvre poisson, fusse-t-il un piranha.
On espère que les jacarés ne mangent pas les cochons d'Auvergne...Voilà une belle première journée immersive au cœur du Pantanal. Nous sommes toutefois un peu inquiets pour la suite : nous avons vu que toute la région, normalement très chaude en cette période, allait connaître une vague de froid sans précédent, pile durant notre séjour ! Les températures pourraient être de 25° inférieures par rapport aux normes saisonnières, le tout avec des prévisions d’orages ! Nos vêtements chauds sont restés dans le combi, et Fred et Josy ne sont pas non plus équipés pour visiter la Russie. En effet, déjà lors de la pêche le ciel s’est assombri et quelques goutes sont tombées. Les prévisions semblent se révéler correctes. Le mercure a sacrément chuté. Au moment de regagner notre chambre, nous commençons à ressentir le froid. Ici, tout est conçu pour vivre à 30°, mais on s’approche déjà plutôt des 15°. Les murs de la chambre sont en bois, laissant passer le vent, et bien sûr il n’y a pas de chauffage. En prévision de la suite, Quentin va demander des couvertures supplémentaires.
Dès le lendemain, la grisaille et le froid sont bien installés. Nous enfilons toutes nos couches possibles ; Josy a deux pantalons l'un sur l'autre et Quentin deux T-Shirts ! C'est ainsi équipés que nous partons pour un grand tour de bateau sur le fleuve Miranda. Pendant plusieurs heures, nous nous laissons bercer par la beauté du paysage. Malgré le ciel sombre, impossible de ne pas tomber sous le charme de cet écosystème où terre et eau s’entremêlent dans une dense végétation. C’est d’ailleurs le lieu de vie privilégié des aigrettes, hérons, martins-pêcheurs, ibis, canards, etc. qui y co-habitent.
Parfois notre regard se porte plus haut sur les arbres, tous particulièrement grands et photogéniques. Leurs branches abritent des iguanes et de nombreux oiseaux, notamment les si majestueux aras bleus. Nous verrons également deux loutres géantes, à quelques mètres de nous ; elles sont si grosses qu'on dirait presque des otaries ! Leur tête est mignonne mais le pilote nous informe qu’il s’agit en réalité des animaux parmi les plus territoriaux et les plus agressifs du Pantanal !
Couple d'aras bleus et iguane bien caché Le territoire des loutres géantesLe soir même, nous rembarquons dans le même navire pour un tour de nuit. À l’occasion, on peut apercevoir des points rouges lumineux quand le guide braque sa torche sur les rives : ce sont les yeux des jacarés, qui nous lorgnent allègrement ! À plusieurs reprises, le pilote éteint le moteur et les lumières. Nous sommes seuls, dans le noir total, sur un fleuve rempli de vie. C’est un moment de déconnexion un brin oppressant mais tellement unique.
Un autre jour est consacré à un safari. Ce sera malheureusement un échec. Comme le froid a encore empiré (il fait désormais 5°), la plupart des animaux se mettent à l’abri : les singes restent collés les uns aux autres dans les arbres, les jacarés se réfugient sous l'eau, les jaguars dans des troncs creux…La balade en voiture le long de l'Estrada do parque se révèle donc assez inintéressante. Et, pour Canard et Cochon, on peut même dire éprouvante. En effet, alors que Fred et Josy sont dans l'habitacle de la voiture au chaud, nous sommes sur la partie ouverte de la jeep, fouettés par le vent et la pluie qui sont de la partie. Nous avions pourtant encore une fois empilé toutes nos couches et même complété le tout par les couvertures et serviettes de l'hôtel ! Un style vestimentaire déplorable mais bien nécessaire !
Notez l'écharpe-serviette de Quentin... "T'as le look coco !"La randonnée en forêt sera aussi une petite épreuve. Fred et Josy resteront dans la voiture pendant que nous marcherons dans la jungle une heure environ, tentant tant bien que mal de voir des traces de la faune. Mais ce sera sans grand succès, à l’exception d’un buffle isolé en pleine cambrousse (que fait-il donc là ?), d’un toucan et de quelques singes hurleurs, effectivement serrés les uns contre les autres au sommet d’un palmier. La balade sera même écourtée : deux jeunes enfants nous accompagnent mais la boue et les trombes d'eau auront raison de leur résistance. Et de la nôtre… Nous rentrerons trempés jusqu’aux os à l’hôtel et passerons une bonne partie de l’après midi à sécher nos vêtements au sèche-cheveux !
"Um país tropical" hein...Le Pantanal est la zone où l’on peut le mieux apercevoir les animaux sauvages dans leur habitat naturel au monde. En effet, durant la période sèche, la faune se rassemble autour des zones humides. La concentration d’oiseaux, mammifères et reptiles est tout bonnement extraordinaire. Et, on vous le confirme, c’est bien ici que nous avons vu le plus d’animaux (malgré les conditions météo non optimales). Et pas n’importe lesquels !
Pour observer cette biodiversité étonnante, nous n’avons pas eu besoin d’aller bien loin. Dès que nous déambulions sur les pontons du lodge, on pouvait voir des perroquets, des perruches vertes, d’autres oiseaux colorés dont nous ignorons le nom et bien sûr des jacarés… Les aras bleus, les plus grands perroquets du monde, sont splendides. Se déplaçant toujours en couple, ils venaient tous les jours se délecter de fruits des palmiers. À plusieurs reprises, nous avons eu la chance de voir un Jabiru, l’emblème de la région : c’est le plus gros oiseau volant du monde (il mesure jusqu’à 1 mètre 40) ! Il a des allures de dinosaure, avec son bec gigantesque. C’est vraiment impressionnant.
Couple d'aras bleusLe fameux Jabiru En nous baladant autour du lodge, nous avons aussi croisé cochons sauvages, rapaces et renards.
Adieu Pumba... Tiens, une nouvelle !C'est au fil de l'eau que nous avons initié notre découverte de cette région unique et si riche en faune. Toutefois, on ne peut s'empêcher d'être déçus, surtout Canard qui avait tout organisé. Nous aurions aimé profiter de ce cadre exceptionnel sous le soleil. Quel dommage également : avec le froid, nous n'avons pas effectué la balade à cheval dans les marais, la baignade dans le fleuve et la sortie en canoë-kayak. Mais sachez que, comme nous devrons repasser par cette route dans quelques jours pour nous rendre en Bolivie, nous avons demandé au gérant de l'hôtel si nous pourrons faire le reste du programme à notre retour, lorsque le beau temps sera revenu. Pas de problème pour lui, super ! Fred et Josy, eux, seront déjà de retour en France ; nous ne vivrons malheureusement pas ces expériences avec eux.