En route toujours plus près de la frontière chilienne, nous apprenons malheureusement que le vol de Martine et Claude, la maman de Marion et son compagnon, vient d’être annulé ! Ils devaient nous rejoindre au Chili, à San Pedro de Atacama, dans quatre jours ! Ce sera toute une aventure – et une bonne dose de stress – pour faire modifier leur vol. On vous épargne tous ces détails particulièrement pénibles et agaçants. Sachez juste qu’ils pourront finalement bien nous retrouver ; ce sera l’objet de notre prochain carnet !
C'est avec ces soucis en tête que nous nous posons au village d'Abra Pampa en fin de journée. La nuit sera frisquette : on sent bien l’altitude ! Le matin, alors que l’on passe plusieurs heures devant le van afférés sur l’ordinateur à aider, à distance, Martine et Claude, les villageois s’arrêtent à notre hauteur : « c’est pour quelle démarche ici ? » Ils croient tous que nous sommes une antenne d’une quelconque administration. Cela nous fait bien rire !
On profite des discussions avec les locaux pour bien se renseigner sur l’état des pistes de la puna où l’on s’apprête à s’aventurer les deux prochains jours. Ils sont formels : la route est très mauvaise, plusieurs gués doivent être passés, il n’y a aucune couverture téléphonique dans le coin et l’altitude est très importante. Il nous faudra être prudents donc ! Avant de partir, on s’assure ainsi d’avoir assez d’eau, de nourriture, d’essence, de feuilles de coca et on prévient les familles de notre itinéraire.
C’est parti mon kiki ! Première étape : la laguna de los Pozuelos. Il s’agit d’une petite merveille de la puna : une lagune salée, site majeur de nidification et reproduction des oiseaux, classée comme réserve naturelle et réserve de biosphère. La route qui y mène est déjà superbe, et quasi déserte (on ne croisera que des tracteurs qui aplatissent la piste de terre). Les derniers mètres sont assez folkloriques : plusieurs barrières doivent être précautionneusement ouvertes et refermées. Encore une fois, on tombe en chemin sur des centaines de lamas et vigognes, toujours aussi adorables.
Devant nous, la lagune est immense : on n’en voit pas le bout. C’est effectivement le paradis des oiseaux : s’y entassent plusieurs milliers de canards, de flamants, et d’autres volatiles dont le nom nous échappe. Le plateau s’étend à perte de vue. Les montagnes au loin, pourtant immenses, nous paraissent comme écrasées par l’horizon. Les troupeaux de quadrupèdes cohabitent tranquillement avec les innombrables palmipèdes. Quel havre de paix ! Et toujours, quelle splendide solitude !
Après cette balade dans ce paysage marécageux et envoûtant, nous reprenons la route en fin d’après-midi. Comme on croise un vieux monsieur qui marche seul sur le bas-côté, on propose de le prendre en stop. On papote pendant un long moment. Il s’appelle Hugo, c’est un professeur qui a été muté dans une école rurale du coin et qui rentre chez lui. Il vit à plus de 2 h 30 de marche de son lieu de travail et fait l’aller-retour tous les jours ! On apprend aussi qu’en tant que représentant autochtone du peuple Atacama, il a été invité à un voyage en Bolivie par le président Evo Morales il y a plusieurs années. Nous le déposons dans son patelin. La nuit tombe ; on décide de s’arrêter dans les environs pour la nuit, qui sera encore bien froide !
Le lendemain, on continue notre route, qui n’est jamais monotone. C’est une succession sans cesse renouvelée de montagnes, plateaux, canyons, ruisseaux… et toujours ces troupeaux de lamas et de vigognes. On recroise à l’occasion des ânes à pompons, pour le plus grand bonheur de Marion. Enfin, il nous faut parfois traverser des gués assez profonds, qui ont sans doute vu plus de pick-up que de combis dans leur vie.
Le repas du midi se fait dans le village de Coranzueli. On a un peu l’impression d’arriver dans une ville fantôme : on n’y trouve pas âme qui vive. Quelques peintures murales et une jolie église lui donne pourtant un petit charme.
Durant le reste du trajet, nous ne croisons que des camions liés aux importantes activités minières de la zone. On se salue à chaque fois : ils ne doivent pas être habitués aux touristes ! On imagine qu’Olinda a dû être le soir-même le sujet de conversation des chauffeurs au coin du feu.