Nous quittons l’Océan pour nous enfoncer dans les terres : direction la vallée del Elqui ! Cette dernière est célèbre pour son pisco et ses petits villages enclavés. C’est aussi le lieu de naissance de Gabriela Mistral, grand nom de la poésie chilienne, qui fut la première femme sud-américaine à remporter le prix Nobel de littérature en 1945.
Vicuña : porte d’entrée de la vallée
Nous voici à Vicuña, capitale de la vallée. L’ambiance est à la fois tranquille et touristique. Ce sont les vacances scolaires chiliennes, et les familles sont de sortie. Sur la place centrale, un marché d’artisanat est dressé. On en profite pour acheter des confitures et des bons gâteaux. Nous visitons la jolie église et un étonnant clocher. Les rues, pour la plupart recouvertes de fresques, offrent de belles perspectives sur les montagnes alentours.
On visite le musée consacré à Gabriela Mistral, bâti autour de sa maison natale. Les expositions retracent son parcours d’institutrice, de militante, de diplomate et d’écrivaine. Sa poésie est évidemment marquée par des sujets comme l'amour et la mort, mais aussi la nostalgie de l'enfance ou les questionnements spirituels. Parmi les autres sujets phares : l'éducation, l'amour pour les Amériques mais aussi l'écologie, la défense d'une réforme agraire, la justice sociale et les droits humains. Gabriela Mistral est une figure majeure de la littérature chilienne, au même titre que Pablo Neruda. Malgré sa célébrité et ses tours du monde (elle parcourra les Amériques et l'Europe pendant des années), elle restera toute sa vie très attachée à sa région natale. Aujourd'hui, dans chaque village où elle a vécu ou enseigné, on retrouve son visage.
Au fait, nous sommes le 27 juin 2024 : aujourd’hui, cela fait deux ans, jour pour jour, que nous avons commencé notre grande aventure ! Bon anniversaire, Canard et Cochon ! Alors que nous ouvrons le van pour notre routine matinale, une dame vient nous parler. Elle travaille au centre d’artisanat local, et nous offre un énorme panier de produits de son jardin : quatre pommes, une orange, quatre tomates, deux poivrons… C’est vraiment adorable comme cadeau, et ça nous fera tout le séjour dans la vallée ! Le soir même, nous dégustons d'irrésistibles burgers végés (sans bougie).
Une vallée viticole et agricole
La vallée del Elqui a la particularité d'être abreuvée par plusieurs fleuves et baignée de soleil toute l'année. Tous les versants sont couverts de plantations d'arbres fruitiers et de vignes. Comme c’est le début de l’hiver, les belles couleurs vertes sont en train de s'évanouir. Toutefois, à l’occasion, quelques survivantes nous font profiter de leur ton écarlate ou jaune-orange. Ailleurs, ce sont des agrumes qui sont cultivés, y compris sous serre, recouvrant le paysage de plastique blanc.
Elqui compte trois spécialités de boissons alcoolisées : le pisco, le vin et la bière.
On commence par visiter une pisqueria, une exploitation dédiée à la production de pisco. Il s’agit de l’alcool national, dont les Chiliens et les Péruviens se disputent la paternité. Il est produit à base de raisin distillé, pour tirer au même degré que le whisky ou la vodka. Nous avons l’occasion d’admirer les caves remplies de fûts de chêne. Ces derniers sont d’origine française, bien sûr ! En effet, en laissant le pisco mûrir dans ces anciens tonneaux de vin, il prend une couleur marron, alors qu’il est normalement translucide. On enchaîne sur une petite dégustation : le produit classique, mais aussi des piscos aromatisés à la maracuja, à la mûre ou au citron. Nous repartons avec une bouteille de pisco citronné, qui ne fera pas long feu.
Prochain arrêt : un petit domaine viticole, dont la production (bio) est encore confidentielle. Elle tient en effet dans une seule salle ! Une guide, qui a étudié en France, nous fait goûter les produits : deux vins rouges et deux vins blancs, secs ou moelleux. Quentin préfère le sec, mais Marion semble apprécier leur vin blanc sucré. Hips ! On repart avec une bouteille de ce dernier.
Pas question de ch’endormir chur ses lauriers ! Direction une brasserie artisanale, pour une dernière visite. On commence cette fois par la dégustation. Marion passe son tour, n’aimant pas la bière. Quentin, par contre, a droit à six énormes verres, bus au fil des explications. Il y en au moins pour un litre au total, qui tire entre 4 et 8 degrés selon la variété. Autant vous dire qu’à ce stade, ça tourne un peu au moment de commencer la visite. Accompagné d'un guide assez déluré, nous aurons droit à tout le processus : de la sélection des céréales et des levures à la mise en bouteille. Pour éponger tout ça, direction le restaurant de la brasserie. Puis retour au van. Étonnamment, Quentin fera une petite sieste.
Des villages au milieu des montagnes
Au delà de Vicuña, les villages s'égrainent le long de la vallée. Il y a d'abord le très mignon Diaguitas. Sa jolie placette abrite une église au pied de laquelle nous mangerons. Comme toujours, les rues sont égayées par les fresques et les couleurs vives. Le village dispose aussi d'un très agréable bord de rivière. L'endroit nous plaît beaucoup : nous y dormirons plusieurs nuits, bercés par le glouglou de l'eau.
Autre particularité de ce village, il porte le nom du peuple autochtone qui vit originellement dans la vallée depuis plusieurs siècles. Le peuple Diaguita vivait dans de petits hameaux où il pratiquait l'agriculture, l'élevage et la métallurgie. Les Diaguitas furent ensuite envahis par les Incas et leurs cultures fusionnèrent. De nos jours, il reste quelques descendants qui tentent de continuer à faire vivre leurs traditions.
Plus loin, nous tombons sur le village tout en longueur de Paihuano. Rien d'extraordinaire mais toujours cette ambiance tranquille qui nous plaît tant. Les habitants bavardent au soleil sur la place et nous saluent. La ville de Pisco Elqui est plus animée. C'est ici que les bus mènent la majorité des voyageurs car l'endroit concentre les hôtels et restaurants. Quelques kilomètres après, un centre d'artisanat accueille de nombreux artistes qui vendent leurs créations (bijoux, tableaux, confiseries, etc.). À plusieurs occasions, nous croisons des combis superbes !
Une belle route nous mène ensuite au petit bourg de Montegrande, connu pour son autre musée de Gabriela Mistral. Nous décidons de le visiter pour continuer d'apprendre sur cette femme au parcours impressionnant. Force est d'avouer que nous serons très déçus ! En entrant dans la première pièce, quelques tableaux au mur relatent indirectement sa vie. Nous débouchons ensuite dans un patio, à la recherche du reste. Nous comprenons qu'en fait la visite est déjà finie !
Deux autres villages méritent le détour : Alcohuaz et Cochiguaz, qui marquent la fin des vallées respectives dans lesquels ils sont situés. Il s'agit de hameaux on ne peut plus déserts qui jouissent de belles vues sur les reliefs autour et de charmantes églises. Nous avons atteint le bout de El Elqui, il nous faut traverser à nouveau les beaux paysages qui parsèment la vallée.
Premières créations artistiques et ventes !
À Diaguitas, nous nous posons au bord de la rivière pour une après-midi au calme. Une famille chilienne partage notre emplacement. On finit par discuter de nos parcours respectifs. Ils sont émerveillés par notre voyage et souhaitent participer à leur manière : ils nous achètent cinq peintures et six bracelets ! C’est notre première vente, et nous sommes tout contents.