L’Argentine est derrière nous. Pour rejoindre le Chili, il nous faut traverser les Andes. Notre ascension continue donc : 4000 mètres, 4500, 4600, 4700, 4800… on a l’impression que ce compteur ne va jamais s’arrêter, comme quand un avion décolle. Olinda chauffe, gémit un peu ; nous roulons en première vitesse depuis vingt minutes. Mais voici qu’après cet interminable trajet, un plat semble se dessiner. Nous avons atteint le sommet, le plus haut de notre voyage jusqu’à présent. Bravo Olinda, bravo Canard et Cochon.
Nous avons passé le col de Jama, qui marquait la frontière entre les deux pays. Avant d’entamer la descente à 2000 mètres d’altitude, on s’accorde une pause déjeuner devant un paysage splendide. Ça vente sacrément mais quelle chance de pouvoir manger face à cette lagune pastel.
Au fur et à mesure, nous prenons conscience que nous arrivons en plein désert. La puna s’est effacée au profit d’un horizon 100% minéral. De temps en temps, une lagune se détache comme un joyau bleuté. Étrangement, le trajet parait aussi long dans ce sens que dans l’autre. Pendant deux heures, c’est une succession de virages, de coups de frein et de pistes d’urgence (on en comptera une quinzaine) !
Voici enfin le plateau d’Atacama : un horizon désertique à perte de vue… C’est une vision étonnante et l’on peine à croire que l’endroit regorge de multiples lieux d’intérêt différents, tant tout semble monotone d’ici. Il est également saugrenu d’imaginer que le village de San Pedro, ultra-touristique, ait pu pousser en contrebas.
Nous arrivons en fin d’après-midi. On se gare devant le cimetière sur un spot visiblement populaire : il se remplira de vans et de camping-cars dans la soirée (nous sommes posés à côté d’un autre combi). Avant l’arrivée de maman Canard, on a du pain sur la planche : lessive, recharge de nos forfaits chiliens, repérage de la ville, mise à jour des informations sur les visites de la région, etc. On en profite aussi pour passer à l’agence de location de voiture régler quelques détails. Nous avons en effet réservé un pick-up Toyota pour la semaine de visites à venir : certaines routes étant accidentées, on se voyait mal à quatre dans le combi ! Le soir, on s’accorde un bon resto. L’offre culinaire est assez développée à San Pedro. Adieu donc la fadeur argentine : lasagne, ceviche végé, et jus de maracuja sont au menu. On passe une bonne nuit de repos dans Olinda, d’autant que la température est revenue à la normale à cette altitude.
Oui bon ben là, ils sont tous partis... Le lendemain, on discute avec les combinautes voisins : les marseillais Paul et Camille ont acheté leur véhicule au Brésil et parcourent le continent depuis deux mois. Mais, ils sont actuellement en panne ! Leur moteur refuse de démarrer. Posés depuis deux semaines à San Pedro, ils font des visites en attendant qu’un mécano salvateur puisse ranimer tout le bazar. On papotera longuement de choses et d’autres. Le reste de la journée sera consacré à des petites démarches : récupération des lessives, retrait de liquide (en trois tentatives, le seul distributeur du village ayant été en panne de courant pendant plusieurs heures), peaufinage du programme… Quelques bonnes empanadas et au dodo : demain, c’est retrouvailles !
On se réveille tôt pour rejoindre l’aéroport de Calama avec un peu d’avance. On fait bien ! La route, qui semblait relativement linéaire sur le plan, grimpe en réalité sur plus de deux heures, avant de descendre subitement. Encore une fois, Olinda est sacrément sollicitée. On profite de notre arrivée dans une grande ville pour faire des emplettes. La route du centre commercial est malheureusement bloquée par une « course automobile », sans plus de précision. Nous n’aurons pas le temps de passer à une station de lavage pour rendre notre van présentable. Le temps de faire un petit plein de nourriture et d’essence, l’avion de Martine et Claude est déjà arrivé. On fonce à l’aéroport, rencontrant une nouvelle fois des travaux sur la route. Arrivés sur le parking, deux personnes nous font de grands coucous au loin.
- Coin coin ? - Coin coin coin ! Maman Canard et son compagnon sont enfin là ! On enchaine les embrassades, tout sourire. Bizarrement, tout parait naturel, comme si on s’était quittés il y a dix jours, au lieu de dix mois ! Ils ont droit à un tour du propriétaire : c’est rapide. Le temps de charger les valises, et nous voici tous dans Olinda pour faire la route en sens inverse !
Bienvenus au Chili, les aventuriers !Il faut croire que deux personnes et leur chargement, c’est un peu trop pour notre vieux tacot. Au bout d’une heure de montée, on entend le moteur ronfler ; on perd de la vitesse ; on broute ; on cale. Arrêt d’urgence en bord de route, heureusement assez large. Il faut refroidir. Martine et Claude, les petits veinards, ont l’occasion de vivre très tôt la réalité de notre quotidien !
Au bout de 30 minutes, on relance Olinda sans souci et on gagne notre hôtel à San Pedro. Ouf, tout le monde peut se reposer. Martine et Claude se remettent de leur 24 H de trajet. Le soir, après un petit repas dans un resto du centre-ville, nous regagnerons vite nos pénates. Martine et Claude sont dans leur chambre d’hôtel ; nous, nous sommes posés dans le combi juste devant.
Fifille et mounette