À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis 2 ans, en sac à dos ou à bord de notre Combi, en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

La vallée de Chachapoyas, première partie

La vallée de Chachapoyas fut le siège d’une civilisation que les Incas appelèrent « le peuple des nuages ». Nous comprendrons pourquoi en parcourant cette terre reculée et difficile, mais si belle.
Novembre 2024
7 jours
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En route pour la vallée ! Nos guides alertaient : « attention route réservée aux aventuriers ». Nous confirmons ! Il nous faudra deux jours pour faire 240 kilomètres et atteindre la première ville de la vallée de Chachapoyas. Vu l’état de la route, pas le choix que de rouler doucement. Olinda va passer son temps à serpenter dans le relief accidenté. Nous montons puis redescendons continuellement, le tout parfois sous le soleil, parfois sous la grisaille. Ici, les montagnes sont nappées par la brume et les nuages les matins et les soirs, d’où le nom de « peuple des nuages » que les incas donnèrent aux habitants du coin lors de leur arrivée.

Mais le jeu en vaut la chandelle ! Les vues sont époustouflantes. Nous sommes happés par un paysage grandiose, presque surréaliste. Cette route est l’une des plus belles que nous ayons parcourues de notre vie.

Belle, mais aussi vraiment dangereuse ! Le chemin est tellement étroit que deux voitures ne peuvent pas se croiser. Si un véhicule arrive dans le sens inverse, il faut anticiper et se garer dans les rares endroits un peu élargis créant des mini niches. Et attendre que la voiture en face, aperçue à l’horizon, passe avant de reprendre la route. Dans les cas où la visibilité ne permet pas d’anticiper les croisements, il faut alors manœuvrer dans tous les sens pour arriver à continuer nos chemins respectifs. Évidemment, à de très rares exceptions près, il n’y a pas de barrière de sécurité. Certains pans du chemin se sont même carrément effondrés dans le vide, rendant la route encore plus étroite qu’elle ne l’était déjà ! Des éboulements ponctuent certaines montées et il faut éviter les rochers. Le goudron est rare, et souvent explosé par le soleil et l’érosion, créant des énormes trous dans le sol. Marion conduit Olinda d’une main de maître, avec l’assistance de Quentin souvent aux premières loges du gouffre béant.

Le salaire de la peur

Ouf, fin de la route pour aujourd’hui. Nous passons la nuit dans un village, ou plutôt dans un hameau composé de quelques maisons posées à flanc de colline le long de la route principale. Le lendemain, tous les enfants profitent de la récréation pour jouer au foot sur le terrain à côtés duquel nous sommes garés. Ils sont fascinés par notre maison roulante et nous leur faisons visiter. Les jeunes filles sont également très intéressées par les postures de yoga que Marion réalise ; elle leur donnera un mini cours. Même quelques adultes intrigués et souriants pointent le bout de leur nez. Nous sommes bien contents d’avoir quitté les ambiances méfiantes de la côte péruvienne.

Une petite vidéo pour vous donner un meilleur aperçu :

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Nous atteignons enfin Leymebamba, pour visiter son célèbre musée. Plusieurs dizaines de momies, découvertes autour d’une lagune près d’ici, y sont conservées. La salle de stockage est vitrée, permettant d’apercevoir un grand nombre de ces momies. Certaines sont vraiment très bien conservées. Il s’agit du meilleur témoignage des pratiques funéraires des Chachapoyas. C’est impressionnant de les voir d’aussi près. Thanatophobes, s’abstenir !

Les momies trouvées dans leur linceul près de la Laguna de los condores

Les Chachapoyas construisaient des maisons circulaires et hautes, dans lesquelles vivait une famille autour d’un foyer central. Ils utilisaient la pierre pour les bâtisses et le bois pour leurs objets d’art ; le musée compte plusieurs beaux totems. Malgré les importants vestiges que nous aurons la chance d’explorer, cette civilisation demeure encore mal connue.

Les Chachapoyas se développèrent dans toute la région entre 900 et 1500 après J.-C. Ils furent ensuite approchés par les Incas qui cherchèrent à les conquérir. Mais les Chachapoyas résistèrent ardemment et s’allièrent même aux Espagnols croyant ainsi rester maîtres de leur territoire face aux Incas. Malheureusement pour eux, ils ne furent évidement que des pions pour les Espagnols. Les maladies importées par les Européens eurent rapidement raison d’eux… Fait étonnant : les colons ont décrit les Chachapoyas comme des individus « grands, blonds et blancs de peau » et les scientifiques actuels n’ont toujours pas tranché d’où les Chachapoyas viennent !

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On termine la journée garés sur la place centrale du village au pied de la jolie église en pierre. Les habitants semblent tous se connaitre et il y règne une ambiance calme et agréable. Nous aurons droit à une averse tropicale en fin de soirée ! Pas de quoi perturber le sommeil de Canard et Cochon qui se reposeront après cette grande route. Le lendemain, le soleil est revenu et ça cogne dur dès les premières heures du jour. Nous quittons le patelin pour nous enfoncer encore plus dans la vallée.

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Nous suivons la rivière Uctubamba. La route est superbe, sauvage, au milieu d’une végétation touffue. Les arbres sont colonisés par les broméliacées et les orchidées, donnant des touches rouges à l’ensemble. Mais le chemin n’est pas sans encombre : des centaines de trous parsèment la piste. Il faut en permanence les éviter. Nous faisons en moyenne du 25 kilomètres/heure.

Nous quittons la route principale pour nous enfoncer dans la montagne en direction de Jalca Grande. Notre GPS nous indique une piste qui ressemble à des intestins et qui ferait frémir n’importe quel conducteur. On commence à prendre conscience que les trajets dans la vallée de Chachapoyas sont une aventure en soi, et qu’il ne faut pas être pressés. Après une première série de montées, on décide de se poser au bord de route pour refroidir le moteur et déjeuner. Deux jeunes motards et un paysan s’arrêtent pour papoter. Ils sont curieux de voir des touristes dans le coin et nous conseillent des visites dans les environs. On termine la montée tout en lacets. Les vues sur les montagnes alentour sont impressionnantes.

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Le village de Jalca Grande est aussi tarabiscoté que la route qui y mène. On parvient néanmoins jusqu’à la place centrale, qui semble être le seul endroit plat des environs. Immense par rapport au village, elle est comme toujours joliment aménagée. L’église semble superbe mais les travaux ne nous permettent pas de l’apprécier autant qu’on le voudrait. Les rues montent et descendent au rythme du relief. Elles offrent des perspectives grandioses sur la vallée. Que c’est verdoyant !

La famille ?
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La nuit tombe et c’est l’heure du dîner. Nous sommes visiblement l’attraction du coin. Alors que l’on prépare le repas à l’intérieur (le froid étant tombé), on entend de nombreuses personnes causer à proximité, en parlant de nous. On finit par ouvrir pour dire coucou : une vingtaine de villageois sont plantés devant Olinda ! On est un peu surpris et ils nous bombardent de question sur le van et sur notre voyage : « qu’avez-vous parcouru ? Comment cuisinez-vous ? Mais où est votre lit ? Vous n’avez pas eu de problèmes techniques ? Vous rangez tout ça où ? Et les toilettes ? » Ils sont tellement intrigués qu’on les fait monter à tour de rôle dans Olinda pour qu’ils prennent notre place, qu’on ouvre tous les placards, qu’on cuisine devant eux… On a l’impression que la moitié du patelin s’est déplacé pour nous voir ! Après avoir partagé avec eux des grains de maïs grillés (équivalents à nos cacahuètes apéritives), notre dîner est prêt et nous prenons congé pour manger chaud. Peu après, Marion installe le lit et ouvre pour faire visiter le van en mode chambre à coucher. Mais tout ce petit monde a disparu aussi vite qu’il était arrivé ! On passe une bonne nuit dans nos draps chauds malgré la pluie et le vent à l’extérieur.

Permiso !

Le lendemain, nous sommes réveillés par une sono d’enfer ! Nous sommes garés devant une salle municipale où se tient une campagne de vaccination pour chiens. Tous les habitants amènent leur compagnon à pattes pour la piqûre, bercés par les enceintes qui diffusent des annonces ou de la musique. Nous avions déjà eu la police, le reggaeton, les moustiques ou les camions de papaye… mais être réveillés par une campagne de vaccination, c’est une première. Alors que Marion entame une visioconférence pour le travail (malgré le bruit), un petit vieux vient causer à Quentin. Il parle vite, avec des mots de Quechua, et Cochon a un peu de mal à suivre. Il comprend néanmoins que le brave homme récolte des fonds pour rénover l’église. Quentin donne son obole pour le patrimoine. « Merci, je reviens avec votre contrepartie ! » Quelle contrepartie ? Deux minutes plus tard, le revoici avec un énorme poulet rôti ! « Encore merci et bon appétit ». C’est un peu délicat de refuser. Cochon mange la volaille…

Lui, il boit un coup en attendant !
Une matinée ordinaire...

Marion, qui ne cédera pas au cannibalisme, décide d’aller manger au marché. Elle discute avec la gérante d’un stand de nourriture. Cette dernière lui propose de nous amener à une lagune qui se trouverait à deux pas d’ici. On accepte volontiers la proposition, et après un petit jus de canne à sucre, on la suit à travers les rues.

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Il s'agit d'un plan d'eau naturel aux alentours bien aménagés. On trouve ainsi sur place un mirador et quelques maisons en paille : l’endroit parfait pour celles et ceux qui voudraient pique-niquer ou se rafraîchir.

Puis, notre guide improvisée nous amène à la rivière Toche un peu plus loin, qui sert de lavoir aux habitants. On y croise plusieurs familles en train de laver leur linge. On se pose à coté dans le champ verdoyant, en compagnie de deux enfants bavardes et intéressantes, et un troupeau de brebis que Marion s’empresse de gratouiller. Face à nous, on trouve une reconstitution d’une maison traditionnelle chachapoya, toute ronde et en hauteur. Après avoir bien profité du calme environnant, on remonte au marché pour prendre un dernier jus. Nous remercions vivement notre guide de s’être libérée pour nous faire découvrir ce coin du village. Très gentiment, elle appelle le gardien des ruines toutes proches pour nous ouvrir le site.

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Direction donc ce site archéologique appelé Ollape. Il s’agit des ruines d’une cité chachapoya, construite et occupée entre 1100 et 1300 après J.-C. On y retrouve les vestiges des maisons traditionnelles dont nous avons observé une reconstitution tout à l’heure. Étalé sur cinq hectares, le site abriterait au moins 120 maisons ! Mais seule une partie est visible, en suivant un sentier semi-balisé qui traverse la zone maintenant recouverte de végétation. Certaines habitations présentent également des beaux motifs, typiques de la culture locale. Doit-on mentionner que, comme toujours, nous avons le site rien que pour nous ?

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C’est parti pour une nouvelle journée d’aventures ! Nous mettrons trois heures pour faire 35 kilomètres. Il nous faut d’abord dévaler toute la montagne de Jalca Grande, puis reprendre la route principale défoncée et enfin bifurquer en direction d’une autre montagne. Là, c'est une montée continue qui nous attend jusqu'au village de San Bartolo, perché à 2 800 mètres d'altitude. Le trajet, une nouvelle fois tout en zigzags, nous donne des sueurs froides. Surtout la dernière partie, qui traverse des patelins aux rues minuscules et aux virages épouvantables.

Finalement, on atteint San Bartolo, et nous sommes étonnés de voir une jolie place centrale, avec sa petite église et ses maisons basses, au bout de ce trajet improbable. Olinda peut faire une bonne pause ; de notre côté nous nous rendons à la nécropole de Revash.

Nous sommes accompagnées par une étudiante en tourisme qui fait son stage de fin d’étude ici. Cette dernière nous fait un topo sur le site et sa région durant le chemin. Elle pose régulièrement des questions aux habitants pour s’assurer de nous donner le bon nom de tel arbre ou telle fleur.

Au loin la piste que nous avons empruntée
À gauche : concombre sucré. À droite : arbuste utilisé comme pigment orange.

Après une agréable balade, nous arrivons devant la nécropole de Revash qui daterait des années 1300 après J.-C. Voici l’un des sites les plus célèbres de la culture chachapoya. Des sortes de maisonnettes sont creusées à flanc d’une falaise abrupte. Avant que les pilleurs ne débarquent, elles abritaient des momies de la haute société. Certains ensembles sont peints en rouge et beige et d'autres ont des motifs étranges, encore non déchiffrés. Quel endroit étonnant, mais superbe, pour des tombes ! On se demande vraiment comment cette civilisation put réussir à bâtir ces monuments dans un endroit aussi peu accessible. Une chose est sûre : de là où ils reposaient les défunts jouissaient d’une vue incroyable sur toute la vallée.

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Sur le retour, nous nous arrêtons devant une maison traditionnelle construite selon la technique locale dite muesca. Quasiment tout village est bâti ainsi. Il s’agit d’une superstructure faite de troncs d’arbre imbriqués tels des Kaplas. Les troncs sont taillés pour reposer les uns sur les autres ; pas besoin d’autres outils. Le tout est ensuite rempli d’adobe. En cas de secousse sismique, seule la terre séchée s’effrite, le reste de la charpente reste debout. Cette méthode est à l’épreuve des faits : nous apprenons que cette habitation a plus de cent ans !

La propriétaire de la maison nous explique patiemment cette technique de construction à l’aide d’une petite maquette qu’elle nous invite à refaire pour s’assurer que nous avons bien compris. Très accueillante, elle nous propose de nous reposer dans son jardin et nous offre du maïs bouilli, des œufs frais et un jus d’un fruit local appelé pepino dulce (concombre sucré), tout en discutant. Autour de nous gambadent allégrement des poules, dindons, chiens, cuys… On doit prendre garde aux poussins qui tentent de manger nos grains de maïs ! Típico !

De retour sur la place centrale, on nous propose de garer Olinda sous l’abri de l’office de tourisme. On s’exécute avec plaisir. Nous avons même droit à de l’électricité et des toilettes. Il pleuvra toute la nuit, et serons sommes bien contents d’être abrités pour cuisiner.

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Le lendemain nous quittons cet agréable hameau. Les villageois nous informent qu’une nouvelle route, qui ne figure pas encore sur les cartes, vient d’être tracée. C’est plus rapide pour rejoindre notre prochaine destination. « Il y a un peu de montée au départ, mais après, ce n’est que de la descente ». On s’embarque sur un chemin, terra incognita de notre GPS. On s’en mord rapidement les doigts. La « route » est en réalité une piste réservée au 4x4, aux dénivelés faramineux et à la tenue chaotique.

La meilleure portion, qu'on a réussi à prendre en photo

Sur une montée, Olinda cale ! C’est la première fois depuis plusieurs mois. Quentin sort mettre des pierres et pousser. Ouf, on repart. Mais d’un coup : horreur ! Une vaste pente se dessine et nous avons vraiment peur de ne pas réussir à la gravir avec les trous et le gravier qui nous font perdre notre élan. Ici, difficile de se laisser couler : c’est un coup à finir dans le fossé (au mieux) ou dans le vide (au pire). Alors, nous prenons la décision d’alléger au maximum Olinda : exit les bidons d’eau, d’essence, les caisses de matériel… et même Cochon (on soulage donc le van d’un peu plus de 100 kg) ! Tout ça est mis en bord de route le temps d’effectuer la montée. Marion passe la première, avec Quentin qui court derrière pour pousser en cas de ralenti. Ouf, c’est bon on a réussi ! Marion fait reposer le moteur sur du plat. Quant à Quentin, il n’a plus qu’à aller chercher à pied tout ce que nous avons laissé en contrebas…

Repos pour Olinda !

La descente arrive enfin. Mais le soulagement est de courte durée. La route dessine d’interminables lacets. On frôle souvent les précipices et on rase les murs dans les hameaux traversés. Nous ferons une pause bien méritée pour le déjeuner dans l'un des villages. Sa place centrale est gigantesque par rapport aux quelques bâtiments qui l'entourent. Puis, on termine par une autre série de zigzags que nous apercevions au loin depuis Jalca Grande, sans se douter un instant que nous finirions par emprunter ce trajet de l’enfer.

Oui, oui, c'est notre route

Ouf, nous voici à nouveau sur la route principale. Il n’y a plus qu’à suivre la rivière, en évitant les centaines de trous qui parsèment le chemin et obligent à faire du 20 kilomètres/heure. Vraiment, quelles routes !

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Nous roulons jusqu’au village de Tingo. Plutôt que de s’arrêter en pleine nature, nous nous garons cette fois-ci dans le jardin d’un hôtel qui accueille les vans. L’endroit est vraiment agréable, avec sa terrasse au bord de la rivière. Quelques toutous traînent dans le coin, mais on remarque surtout la présence d’un dindon géant, probablement le plus gros que nous ayons vu de notre vie. On passe le reste de l’après-midi à se détendre sur place, en buvant de la chicha morada bien fraîche (jus du maïs violet), en lisant ou en somnolant. On a vraiment l’impression d’être en vacances, après ces dernières journées de route exténuantes.

Visiblement, le dindon a le Cochon dans le pif. Alors que Quentin part courir, l’animal le suit, le traque et manque de lui mettre des coups de bec. Il lui faudra faire preuve de ruse pour semer le malandrin, sous le regard mi-amusé mi-inquiet de Marion.

À l'aiiiiide !
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Le lendemain, nous nous rendons à la forteresse de Kuélap. On commence par monter à pied jusqu’au village de Nuevo Tingo. Un sentier a été aménagé, permettant déjà d’embrasser la vallée du regard.

Après ces 30 minutes de montée, nous voici devant une station de téléphérique. Hé oui, pour rejoindre la forteresse, le Pérou a construit le premier téléphérique du pays ! L’infrastructure est toute récente et fait la fierté de la région. Auparavant, le site de Kuelap était accessible par une longue randonnée de six heures (juste pour l’aller). Depuis l’arrivée du téléphérique, l’accès est donc plus facile et rapide.

Le trajet en téléphérique est déjà un voyage en soi ! Pendant vingt minutes, nous plongeons vers la rivière pour remonter quasi à la verticale une immense montagne au sommet de laquelle se cachent les ruines de la forteresse chachapoya. Depuis la cabine nous admirons des panoramas plus impressionnants les uns que les autres. C’est un mélange d’émerveillement et de frisson.

À l’arrivée, il faut encore une demi-heure de marche pour atteindre la forteresse. Les archéologues estiment que la plupart des constructions datent de 900 à 1300 après J.-C. La ville fut abandonnée au milieu du XVIème siècle suite à la conquête espagnole et tomba dans l’oubli. Kuélap est redécouverte en 1843. Plusieurs expéditions se succèdent, mais il faut attendre les années 1930, puis les années 1980, pour que des séries de fouilles plus sérieuses soient lancées.

D’énormes murs de pierre se dressent devant nous : Kuélap, enfin ! Ces murs d’enceinte font entre dix et vingt mètres d’épaisseur, avec des blocs pouvant peser jusqu’à trois tonnes.

La cité compte uniquement trois entrées, de forme particulière : elles se rétrécissent au fur et à mesure. Si plusieurs personnes peuvent passer au départ, un seul homme (la tête baissée) peut passer l’embranchement final ! Il s’agissait sûrement d’une architecture défensive.

Derrière ces puissants murs, on retrouve des dizaines et des dizaines de restes de maisons rondes traditionnelles dont certaines ont de jolies frises de motifs géométriques. Les chercheurs pensent que Kuelap fut la plus importante cité chachapoya et qu’elle aurait accueilli jusqu’à 3 000 personnes. En déambulant dans les ruines de la ville, nous pouvons admirer à loisir les vues grandioses sur les environs. Kuélap dominait véritablement toute la région.

Après cette superbe découverte et balade, on profite à nouveau du téléphérique qui nous promène au milieu du vide, avant de regagner notre logement. Nous aurions bien envie de rester encore un peu à l’hôtel, à siroter de la chicha morada au bord de la rivière. Mais, connaissant le temps réel des trajets, nous préférons prendre un peu d’avance. Alors, tous à bord d’Olinda pour affronter de nouveau la route principale toute cabossée, en slalomant entre les trous, les dos-d’âne et les éboulements !

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C’est la fin de notre première semaine dans la vallée de Chachapoyas. Nous avons été marqués par les routes aussi belles que difficiles et par les sites grandioses. Chaque kilomètre parcouru était un ravissement pour les yeux. Nous avons également apprécié les paysages verdoyants à tendance tropicale dans le bas et à l'ambiance plus andine dans les villages perchés. Pour couronner le tout, nous avons trouvé les habitants gentils, curieux, et avides de nous partager leur culture.

Nous nous dirigeons à présent vers la capitale de la vallée pour la suite de nos aventures. Au programme : des sarcophages antiques, des canyons majestueux, des cascades immenses et des colibris étonnants !