Après avoir vu leur nécropole, leur centre cérémoniel et leurs aqueducs, place à leurs célèbres lignes ! Nous avons exclu le survol en avion pour des questions évidentes d’impact environnemental. Nous nous « contenterons » de grimper au sommet de plusieurs miradors naturels (collines) ou artificiels (tours) et d’une visite au planétarium pour en apprendre plus. Y sont justement diffusées des vidéos prises depuis les airs permettant de prendre conscience de la majestuosité de ces géoglyphes. Canard et Cochon vont tenter de vous résumer ce qu’ils en ont retenu !
Les géoglyphes de Nazca, aussi appelés lignes de Nazca, sont de très grandes figures tracées au sol par la civilisation locale tout au long de leurs centaines d’années d’existence (d’où des styles différents dans les motifs). Inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces lignes s’étendent sur une immense étendue en plein cœur du désert.
Les motifs sont d’une grande variété. Les animaux sont probablement les plus célèbres : le fameux colibri, singe à la queue enroulée, baleine, chat, araignée ou encore lézard. Mais on a aussi des représentations de la flore (arbre, fleur, etc.) et de nombreuses formes géométriques (spirales, étoile, rectangle, trapèze…) Il y a également des représentations humaines qui ressemblent étrangement à des dessins d’enfant. Enfin, il y a un nombre conséquent de lignes immenses (longues et larges) qui tracent des directions, se coupent ou pointent vers une colline (probablement où étaient effectués des rituels). En grimpant au sommet de plusieurs miradors, nous pourrons observer ces fameux bonhommes mais aussi des baleines, un lézard, un chat, un crapaud, un arbre ou encore des lignes très larges semblables à des boulevards !
Les lignes ne furent découvertes qu’en 1927 lorsque la zone fut survolée. En effet, du sol, on peut passer à côté sans s’en rendre compte. Les formes ne se découvrent qu’en prenant de la hauteur. Elles furent tracées au sol par une technique simple : les Nazcas retiraient les cailloux (noircis) pour laisser apparaitre le sol de gypse (plus clair), créant ainsi des lignes dessinant des motifs. Étant donné la taille gigantesque des géoglyphes, on se demande comment les gens purent dessiner de façon si juste sans pouvoir prendre de recul. Ils utilisèrent vraisemblablement le principe mathématique dit de « coordonnées projetées » consistant à réaliser le motif souhaité sur un quadrillage, puis, à le reproduire en grandeur nature à l’aide de piliers de bois et de cordelettes. Cela vous parait déjà très fort ? Sachez qu’en plus chaque dessin fut exécuté d’une seule ligne ! Les vidéos animées du planétarium nous ont permis de prendre conscience de cette énième prouesse !
Le plus incroyable est enfin leur état de conservation. Comment ces lignes simplement tracées au sol ont-elles pu résister au passage des siècles ? La réponse réside dans le climat exceptionnel de la zone. Souvenez-vous, le climat sec a parfaitement conservé les momies de Chauchilla. Et bien pour les lignes, c’est pareil. L’absence de pluie d’abord, mais aussi l’absence de végétation au sol couplé à la forte chaleur créé une sorte de coussin d’air protecteur au ras du sol. Enfin, le gypse agit un peu comme une colle et aide à maintenir le tout. En résumé, les éléments naturels n’ont quasiment pas détérioré les créations nazcas, au contraire. En réalité, les lignes furent surtout abîmées par l’Homme qui établit quelques bourgades, s’amusa à faire de la jeep dans le désert et construisit des routes sans forcément savoir que par là-même il empiétait sur certains motifs, voire les effaçait… Le plus célèbre exemple, que nous aurons l’occasion de constater en montant au sommet d’un mirador, est le lézard coupé en deux par la route nationale.
De nombreux personnes tentèrent de percer le mystère de ces lignes. Les lignes de Nazca suscitèrent un engouement certain et furent à l’origine de nombreuses théories, des plus sérieuses au plus farfelues… On vous passe donc les théories de pistes d’atterrissage pour soucoupes volante pour nous concentrer sur celles plus crédibles. Une femme, notamment, dévoua sa vie à l’étude de ces géoglyphes : la mathématicienne et astronome allemande Maria Reiche. Elle recensa les motifs un à un en arpentant des heures durant le désert jusqu’à un âge très avancé. Constatant que certaines figures pointaient vers des astres en particulier ou s’alignaient avec le soleil au moment des solstices, elle pencha pour un calendrier astronomique géant. Toutefois, cette thèse est aujourd’hui caduque.
Les archéologues et historiens penchent plutôt pour des utilisations rituelles. On pense que les gens auraient pu suivre les lignes comme indicateurs conduisant aux sites cérémoniels importants (sommet de collines, capitale religieuse de Cahuachi). Certains disent aussi que les gens pénétraient en file indienne dans les motifs et y dansaient/chantaient/jouaient de la musique. Comme les motifs sont constitués d’une seule ligne, cela permettait de suivre un seul chemin (une seule entrée et sortie possible). Les spécialistes doivent encore étudier ces géoglyphes et tous les vestiges possibles de cette civilisation pour mieux en comprendre la(les) fonction(s).
Jusqu’à récemment, plus de 300 géoglyphes avaient été répertoriés et étudiés. Ce fut le fruit d’un travail fastidieux de recherches au sol couplées à des survols. Puis, ont été utilisés des systèmes de drones et de radar. Mais, à la fin du mois de septembre 2024, quelques jours à peine après notre passage, 430 nouveaux motifs furent découverts d’un coup grâce à l’intelligence artificielle ! Une équipe japonaise a en effet utilisé cette technique pour repérer plus facilement les endroits susceptibles d’abriter des motifs au vu des découvertes antérieures. Plus de 800 figures sont donc aujourd’hui cataloguées. Mais combien encore en reste-t-il à découvrir ?
De ces centaines de géoglyphes, Canard et Cochon en auront vu bien peu ! Pourtant, cela restera gravé dans nos mémoires. On ne vous cache pas que nous avons été émus de pouvoir observer de nos propres yeux les motifs que nous avions vu auparavant uniquement en reportages ou photos… On ressort de ces visites avec plus de connaissances sur ces lignes mais encore beaucoup d’interrogations. Affaire à suivre !