À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis trois ans en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

La région de Chau Doc

Porte d'entrée de notre séjour au Vietnam, Chau Doc regorge d'attraits. Montagne sacrée, forêt immergée et villages flottants : partons à la découverte de cette région méconnue du delta du Mékong.
Avril 2024
7 jours
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Xin tchao Viêt Nam ! Nous voici dans un nouveau pays. Le passage frontière est sans histoire et nous roulons en direction de la ville de Chau Doc, notre première étape. Le bus nous dépose directement devant notre hôtel. On prend nos quartiers et on se repose un peu, avant de partir à la découverte du coin ! Chau Doc est en effet une excellente base pour rayonner dans cette région du delta : on trouve le mont Sam (montagne sacrée des Vietnamiens), la forêt immergée de Tra Su (paradis amphibie des oiseaux), et de beaux villages flottants, notamment de l’ethnie musulmane cham.

Tchao Cambodge
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Nous commençons par un tour dans la ville, qui ne présente pas beaucoup d’intérêt, hormis quelques vieilles maisons et temples. C’est l’occasion de se rendre compte que nous avons changé d’univers. Adieu le monde indianisé du reste la péninsule. Nous entrons à présent dans un pays très sinisé, après tout le Vietnam a été chinois pendant 900 ans ! Ici, ce sont des pagodes avec des charpentes en bois, des bâtons d’encens, des sinogrammes à foison, des peintures murales et des icônes qui correspondent à l’imaginaire que nous nous faisons de l’Empire du milieu.

La promenade en ville est peu agréable avec la circulation d’enfer qui y règne. Heureusement nous trouvons un quartier calme plus à l’écart des grands axes. Nous longeons un canal où plusieurs maisons sont encore sur pilotis. On croise même des gens qui pêchent au filet. À l’occasion, un joli temple ponctue une ruelle. Sous un soleil de plomb, on découvre un Vietnam plus tranquille.

Sur les côtés, des cages pour les coqs, omniprésents dans les rues

Avec cette chaleur, on a bien envie d’une boisson fraîche. Cochon s’arrête au premier supermarché pour acheter l’unique bouteille de « boisson aux fruits » disponible au frigo. Première lampée. Horreur ! Ça a exactement le même goût que la solution de réhydratation que nous avions dû prendre lors de notre épisode diarrhéique au Laos. Ce qui devait être une pause rafraîchissante et sucrée se transforme en madeleine de Proust de la gastro ! On est incapables de finir et on jette cette infamie. Quel ascenseur émotionnel !

Salauuuud ! 
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Nos premiers jours sont l’occasion d’observer déjà quelques différences avec les précédents pays. Par exemple, dans la rue, les trottoirs sont souvent inexistants. D’ailleurs, pourquoi faire puisqu’il n’y a pas de piéton ! Nous sommes toujours les deux seuls gugus à marcher. Tout le monde se déplace à moto et en scooter. Nous n’avons jamais vu autant de deux-roues. Et ça klaxonne à tout va, en permanence. Quel bruit épouvantable et constant. Traverser la rue ? N’y pensez même pas. Ici, le piéton est une cible plus qu’autre chose. On pensait avoir l’habitude après la Thaïlande et le Cambodge. Mais là, c’est clairement un autre niveau. Un peu comme le mode « difficile » dans les jeux-vidéo. On regrette les chorégraphies en tutus…

Tu es prête ?

Au restaurant, quand le serveur vous apporte le menu, il attend que vous commandiez dans la foulée, et reste planté devant vous avec de grands yeux. Ça met un peu la pression. Une fois, une serveuse s’assiéra carrément derrière nous sur un tabouret, durant toute la durée du repas, au cas où nous ayons besoin de ses services. Pas du tout oppressant… Nous avons également vu des plats (dont des soupes) être servis à vélo et même à moto ! Quand on vous dit que les Vietnamiens font tout à deux roues.

Very fast food

Quelques autres curiosités : ici, les maisons sont souvent très hautes et très étroites, sans fenêtre sur les côtés (cela en prévision de la prochaine construction qui bouchera la vue). Nous sommes également surpris par l'omniprésence de poissons séchés dans les étales de rue. Enfin, ce n'est pas un cliché, la plupart des vietnamien(nes) portent des chapeaux coniques !

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Dans un autre registre, le poignet de Quentin n’est toujours pas remis, voilà qui commence à durer. Il décide de faire un bilan à l’hôpital de Chau Doc. Une nouvelle radio révèle une surprise : l’infortuné Cochon vit en réalité avec un poignet cassé depuis deux mois ! Voici qui explique beaucoup de choses. La précédente radio au Cambodge était passée à côté de ce menu détail. Le médecin vietnamien préconise une immobilisation de la main et bande le poignet de Quentin. Il faudra faire une nouvelle radio dans une semaine. D’ici là, plus aucun exercice de mobilité, pauvre fou !

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Trêve d’anecdotes. Place aux paysages ! La région du delta du Mékong est connue pour être complétement plate, à l’exception d’une petite montagne solitaire (qui culmine à 260m à peine !) , posée au milieu des rizières. Il s’agit du mont Sam.

Son caractère insolite en fait une montagne sacrée du bouddhisme, recouverte de sanctuaires. À son pied, on commence notre visite par le temple de Tan Ay. Il présente la particularité de combiner des éléments chinois, hindouistes et bouddhistes. Deux grands éléphants gardent notamment l'entrée.

Un peu plus loin se trouve le temple de la Déesse du pays, bâti pour abriter une statue sacrée. On raconte que cette dernière fut apportée du Cambodge par des fidèles. Elle est aujourd'hui vénérée par les Vietnamiens.

Enfin, nous passons devant le mausolée de Thoai Ngoc Hau. Ce fonctionnaire impérial du XIXème siècle fit construire un gigantesque canal de plusieurs kilomètres pour irriguer toute la région. Sa tombe a été déplacée au Mont Sam en 1926 pour lui rendre hommage.

On entame ensuite la montée à pied, à travers des petites allées qui grimpent à flanc du mont. Les escaliers sont parsemés de boutiques pour les pèlerins : on y trouve tout type de bondieuseries, des snacks, et plein de hamacs pour que les pénitents se reposent ! Mais nous sommes en basse saison : tout est vide ou fermé. On croise à peine deux habitants durant toute l’ascension. On peine à imaginer ce chemin si étroit rempli par des centaines de Vietnamiens.

Ouf, après une bonne suée, nous voici enfin en haut. Au sommet, plusieurs temples se succèdent. On leur trouve un air très kitsch et l’endroit nous fait plus penser à un parc d’attraction qu’à un lieu de pèlerinage. En revanche, force est de reconnaître que la vue sur les rizières alentours est impressionnante.

Il y a même un téléphérique !

Sur la descente, nous nous arrêtons assister au coucher de soleil depuis la terrasse d’un hôtel de luxe, idéalement situé. Les rizières étant en partie en eau, le ciel s’y reflète, passant du jaune au rouge. Quel spectacle splendide ! On décide même de dîner sur place. C'est l'occasion de goûter la Banh Xeo, une crêpe vietnamienne traditionnelle. Mélangez de la farine de riz avec du curcuma, garnissez de verdure et de tofu, faites frire le tout au wok : c'est prêt !

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Aujourd’hui, nous louons un scooter pour nous rendre dans la forêt immergée de Tra Su. C’est évidemment Marion qui conduit, Quentin devant garder le poignet immobilisé. Nous contournons l’imposant Mont Sam exploré la veille. Un gigantesque Bouddha est en construction sur l’un de ses flancs. Une fois achevé, ce sera l’un des plus grands du monde (81 mètres) !

Après une grosse heure à rouler sur des nationales, nous bifurquons sur un chemin poussiéreux jusqu’au site en question. Avant d’entamer la visite proprement dite, on déjeuner sur place. Évidemment, le serveur qui nous a tendu le menu nous regarde intensément jusqu’à ce qu’on passe une commande dans la précipitation. Décidément, on n’arrive pas à s’y faire !

Heu... on va vous prendre deux verres d'eau...

Une fois notre riz au fond du gosier, on se balade sur un long pont en bambou qui surplombe les marécages verdoyants. Le parc couvre 850 hectares et abrite 140 espèces de plantes et 70 espèces d’oiseaux. Tout autour de nous, on entend piailler à foison. Les aigrettes, mouettes et autres volatiles s’en donnent à cœur joie dans cet écosystème de cajeputiers et de mangroves. L’endroit est bien aménagé, utilisant au maximum les matériaux naturels comme le bambou ou la paille. Les infrastructures sont parées de nombreuses fleurs, en faisant un lieu de promenade très agréable.

Une vingtaine d'oiseaux au compteur, les avez-vous trouvés ?

On continue par deux tours au fil de l’eau. Nous embarquons d’abord dans bateau à moteur qui nous permet de parcourir une bonne partie de ce site où l’aquatique et le terrestre se mêlent pour ne faire qu’un. Nous poursuivons ensuite dans une petite barque en compagnie d’une rameuse hors pair. Elle emprunte des canaux étroits recouverts de lentilles vertes. Voilà un lieu qui respire la sérénité.

Sur le retour, nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour photographier les rizières. Dans l’une d’elles, plusieurs enfants se rafraîchissent. Il faut dire que nous sommes en plein dans la vague de chaleur frappant le sud-est asiatique ; nous aussi on aimerait bien faire un plouf avec les 43 degrés quotidien. Mais l’eau maronnasse ne nous inspire pas vraiment… Au loin des tracteurs se déplacent avec une facilité surprenante dans les rizières en eau. Après avoir passé trois mois en Thaïlande, Laos et Cambodge à observer les rizières asséchées, nous sommes heureux de pouvoir les admirer cette fois-ci ou en eau ou bien vertes. On espère que vous n’êtes pas déjà lassés de ce type de paysage car vous allez en voir encore beaucoup !

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De retour à Chau Doc, il nous reste à explorer les villages chams qui sont installés sur les rives du fleuve. Un matin, on part donc faire du repérage pour une balade en bateau dans l’après-midi. Sur les quais, on se fait alpaguer par un pilote. « Je vous propose un tour à 500 000 dongs pour vous deux ! ». Merci pour l’info, mais on va d’abord visiter le centre-ville. « Haaa, bon je comprends, alors écoutez, je vous le fais à 450 000 ». Heu, merci, mais vraiment, là on fait d’abord un tour en ville. « Hoo, bon, écoutez, je peux descendre à 400 000 mais pas plus ». NON MAIS VRAIMENT ON VEUT D’ABORD… tu sais quoi ? Allez, vendu, si y’a que ça pour te faire plaisir. On change nos plans, direction le bateau dès maintenant. On ne voudrait pas froisser ce pauvre pilote…

Jean-Michel Paduran-Naffaire
Allez, hop !

La ville étant peu touristique, nous sommes les seuls à bord. Nous commençons par longer un grand bras de fleuve, bordé par de nombreuses maisons. La plupart sont en tôle, mais avec une particularité : elles sont regroupées en fonction de leur couleur. Il y a donc un quartier mauve, un quartier jaune, un quartier rouge… Comme c’est surprenant. Alors que nous pensons d’abord avoir affaire à des maisons sur pilotis, nous nous rendons compte en nous approchant qu’il s’agit en réalité de maisons flottantes. La plupart dispose d’un bateau accroché devant leur demeure et d’un petit espace qui fait office de terrasse. C’est tout un quartier qui vit sur l’eau et de l’eau.

Notre guide nous apprend que la plupart des villageois ont comme activité principale la pisciculture. Nous faisons d’ailleurs une petite pause dans l’une des maisons : au milieu de la demeure, des trappes au sol permettent d’accéder aux cages où sont élevés les poissons. Des centaines d’entre-eux s’agitent quand on jette une poignée de graines. Nous voici face à un univers vraiment unique.

Direction ensuite un autre village, celui-ci sur la terre ferme. On accoste difficilement dans les plantes aquatiques épaisses qui colonisent les rives. C'est l'occasion de constater que certaines familles, probablement plus pauvres, vivent tout simplement dans leur embarcation, et non dans des maisons.

Au loin, on aperçoit un grand minaret dominer les environs. Nous sommes en effet dans la communauté musulmane des Chams, une minorité ethnique du Sud-est asiatique, autrefois à l’origine d’un royaume. Vous vous rappelez qu’ils furent les grands ennemis de l’empire d’Angkor. Ils ont également été combattus par les Viêt. Aujourd’hui, ils ne possèdent plus de pays en propre et sont éclatés sur différents territoires, conservant leur religion et leur particularisme. La petite balade dans le village nous plonge dans un environnement vraiment à part du reste du Vietnam : les femmes sont voilées, les hommes portent de longs sarongs, des calots et des tentatives de barbes. On atteint finalement la mosquée, épicentre communautaire.

Les musulmans ne sont pas la seule minorité religieuse. Au cours de notre découverte du delta du Mékong, nous tomberons souvent sur d’imposantes églises catholiques et sur des centres évangéliques.

Photo prise dans une autre ville, pour l'exemple

Nous terminons notre tour en bateau vers le centre de Chau Doc. Cette fois, ce sont bien des maisons sur pilotis que nous trouvons. Le trafic fluvial est ici plus intense. On croise même une station-service flottante. Voilà une balade qui nous a permis de nous immerger dans la vie quotidienne dans cette région amphibie qu’est le delta du Mékong.

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Chau Doc et sa région sont une porte d'entrée originale pour le Vietnam, encore à l'écart des grands circuits touristiques et des métropoles bouillonnantes. C'est l'occasion de vivre au même rythme que les habitants et de s'imprégner des particularités de ce nouveau pays. Nous allons continuer notre découverte du delta un peu peu plus au sud. D'ici là, nous vous laissons avec une petite vidéo :