Notre prochaine étape nous mène au hameau de Puerto Bertrand. Situé au bord de la rivière Baker, le village est on ne peut plus paisible, endormi presque. Nous nous baladons le long des berges du fleuve : comme toujours les eaux sont d’une très grande limpidité. On se répète mais il faut bien avouer que c’est le point commun à toute la Carretera austral : des rivières et lacs aux couleurs inimaginables !
Nous sommes venus ici car le lieu est réputé pour le rafting. Depuis que nous en avions fait avec nos amis mapuches à Curacautín, nous avions envie de renouveler l’expérience. On s’est décidé sur ce fleuve car son débit est le plus important du Chili, promettant une bonne dose d’adrénaline. C’est ainsi qu’après de succulentes arepas vénézuéliennes dégustées à l’ombre sur la place centrale, nous partons nous équiper pour cette aventure. Nous avions filmé et prévu de monter une vidéo, mais c'est impossible suite à quelques complications informatiques. Il faudra se contenter de captures d'écran.
C’est sous une forte chaleur qu’on enfile combinaison de surf, gilet de sauvetage et casque. Nous sommes avec une famille chilienne et un guide qui a participé à des compétitions de haut niveau (il a même représenté la Patagonie à un championnat en France). Comme pour le kayak, le début de l’activité consiste surtout à prendre nos marques et suivre les indications : « enfoncez davantage vos pieds sous les boudins du bateau, tenez vos rames plus haut, ramez plus fort et en rythme »…
Une fois que le guide nous estime opérationnels, nous partons à l’assaut des premiers rapides. Au loin des remous impressionnants forment des tourbillons. On rame plus vite sur ordre du guide et nous voici en plein cœur de cette partie du fleuve tonitruante. On ne comprend tout simplement pas dans quelle direction on va, tant les courants partent dans tous les sens. Difficile également de garder les yeux ouverts avec toute l’eau qui nous arrive droit dessus !
Ouf, premier passage difficile passé avec succès. Le calme après la tempête. On se remet de nos émotions et on peut profiter du paysage. Sur le fleuve, on perçoit encore plus qu’il est vivant. On prend également encore plus conscience de sa pureté : l’eau est transparente. Normal, elle vient tout droit des glaciers que l’on peut voir au loin. Bref cette courte pause à descendre tranquillement le cours d’eau est un régal. Mais que revoilà ? Des rapides bien sûr !
On est donc repartis pour affronter la toute puissance de la nature. Plus longs, ces rapides sont surtout un enchaînement d’énormes vagues, certaines de plus d’un mètre de hauteur. Marion est un peu paniquée mais pas de marche arrière possible. Go ! On s’engouffre : fracas de l’eau sur le bateau, bruit assourdissant du courant, flots dans tête. Nous sommes à l’avant du bateau, autant dire que c’est nous qui prenons le plus gros des secousses et giclées. D’ailleurs, Marion tombera, propulsée au milieu du bateau par la violence d’une vague prise de plein fouet… Elle n'a pas le temps de comprendre où elle est que le guide lui demande de se remettre à son poste et ramer ! Deuxième rapide encore plus impressionnant donc. À peine dévalé que le guide nous propose de le passer à nouveau. On rame donc en sens inverse et c’est reparti pour un tour dans la machine à laver grandeur nature.
Ces derniers rapides passés, le guide nous propose de nous jeter à l’eau et nous laisser porter par le courant. Tous à la flotte ! Brr, elle est à 10°, heureusement qu’on a les combinaisons. Les derniers rapides approchent, il nous faut remonter à bord. Ce n’est pas évident vu la hauteur des boudins à grimper ! La technique : se faire aider par une personne à bord qui nous tire par le gilet de sauvetage. Ho hisse !
Tous en position, on va maintenant surfer ! Une grande et longue vague se dresse devant nous. Il s’agit de la prendre selon un angle précis et avec une certaine vitesse pour obtenir l’effet escompté. On suit donc attentivement les instructions. Une fois au creux de la vague, l’arrière du bateau est tout bonnement dans les airs. Nous qui sommes à l’avant, sommes nez à nez avec la vague… Très impressionnant. Très puissant. On le fera trois fois ! Et à la dernière Quentin tombera à l’eau, heureusement rattrapé in extremis par le pied par Marion.
Et vu de loin, ça donne çaC’est sur cette dernière note d’adrénaline que le rafting se finalise. On a beaucoup ri, beaucoup crié, parfois eu peur, parfois eu mal, mais on a tout simplement adoré vivre cette expérience.
Finies pour aujourd’hui, les émotions fortes. Nous repartons tranquillement sur la Carretera austral qui longe sur plusieurs kilomètres le fleuve Baker. Le climat et le paysage nous semblent familiers, un petit air de Méditerranée, non ?
Nous trouvons un agréable spot pour la nuit au bord de la rivière. Nous sommes comme bien souvent, seuls au monde.
Le lendemain, profitant du temps toujours au beau fixe et du lieu très tranquille, on se détend et on avance les petites tâches quotidiennes. C’est aussi l’occasion de se faire une bonne toilette. Pour Marion avec le système de douche accroché à un arbre, pour Quentin directement dans la rivière glacée !
Chacun son truc !Le lendemain, nous faisons un rapide passage par la bourgade de Cochrane pour un plein d’essence et de nourriture. Une bien belle route, comme toujours.