Un village de carte postale
Nous voici à présent à Rincon del Mar. C’est un petit village réputé pour son ambiance tranquille et ses plages cristallines. Le goudron s’arrêtant à l’entrée du patelin, nous engageons Olinda sur l’unique piste en terre battue au milieu des frêles maisons. On se pose en bout de chemin sur un mini parking dans la rue, en plein soleil. On risque de transpirer un peu cette nuit…
Dans l’attente, nous partons en promenade. Il faut reconnaître que le bord de l'Océan est splendide et ressemble à une carte postale : sable fin, eau turquoise, petit vent frais, palmiers et cocotiers, gargotes les pieds dans l’eau… On passe l’après-midi sur la terrasse d’un resto, à siroter des limonades de coco, grignoter des bananes plantains, et travailler bien sûr ! La population du village est majoritairement afrodescendante. Entre les gens, la musique omniprésente et le soleil cuisant, on a l’impression d’être de retour sur au Brésil, du coté de Boipeba…
Ici, le soleil se couche face à l’Océan. Nous avons donc droit à un moment magnifique, avec un ciel paré de vives couleurs.
Retour au van pour la nuit. C’est la fournaise quand on ouvre les portes. Les maisons aux alentours bloquent le vent de la côte et rien ne fait aération. On s’installe dans le lit en transpirant comme des bœufs. Vers 1 h du matin, on décide finalement d’ouvrir la porte arrière pour faire circuler l’air, et tant pis pour l’intimité. C’est mieux, mais un autre problème se profile : on sert maintenant de buffet à volonté aux moustiques. Au petit matin, Canard et Cochon ont dû perdre trois litres d’eau et un litre de sang...
Open baaaar ! La renaissance de la mangrove
Qu’à cela ne tienne, les visites continuent ! Aujourd’hui, nous avons réservé un tour proposé par une association locale, qui travaille au nettoyage et à la mise en valeur de la mangrove qui borde Rincon del Mar.
Il y a quelques années à peine, cette mangrove servait de décharge géante, avec toutes les conséquences catastrophiques que cela comportait pour l’environnement et la santé. Des habitants volontaires passèrent des années à retirer des quantités hallucinantes de déchets, allant des poubelles domestiques aux pièces mécaniques, en passant par des appareils ménagers ou des vélos… Grâce à ce travail, la mangrove retrouva peu à peu sa santé, et Rincon del Mar s’ouvra au tourisme !
En présence d'une classe de collégiens, nous embarquons dans une petite pirogue pour rejoindre cet écosystème si particulier. Il faut s’imaginer des sortes de labyrinthes aquatiques où eau douce et eau de mer se rencontrent et où les arbres semblent ne faire qu'un avec l’air, l’eau et le sol.
Le batelier nous sert aussi de guide et nous avons droit à de nombreuses explications. La mangrove joue différents rôles essentiels. Elle est tout d’abord une excellente barrière naturelle à l’érosion des terres et protège des intempéries (ouragans, tsunamis…) En effet, cet entrelacs de racines permet de fixer un maximum le sol.
Autre fonction : si la forêt est le poumon de la planète, la mangrove en est le rein ! Cet écosystème permet en effet de purifier les eaux. Les mangroves sont capables de filtrer un grand nombre de polluants. D’ailleurs les habitants de Rincon del mar utilisent désormais la mangrove comme source d’eau. Elle n’est pas potable mais reste utilisable pour le reste des usages domestiques.
Il existe quatre types de mangrove : rouge, noire, grise, blanche, qui ont chacune leur particularité. À Rincon del mar coexistent surtout la mangrove rouge et la mangrove noire. La rouge est connue pour avoir des racines immenses en forme d’araignées qui plongent dans le sol. Elle purifie la zone en produisant de l’oxygène et lutte contre l’érosion. La noire est bien différente : ce sont plutôt des sortes d’arbres classiques mais dont les racines remontent de la terre tels des brins d’herbe. Elles viennent chercher l’oxygène, trop peu présent dans les sols salés. La mangrove noire participe ainsi à dessaler l’eau.
Toutes deux sont aussi le lieu de vie privilégié de toute une faune. Tandis que l’on glisse le long des racines et des lianes, on réalise en effet toute la vie qui grouille ici : des légions de crabes et crustacés gigotent dans la boue et sur les troncs, tandis que de nombreuses espèces d’oiseaux passent d’une branche à l’autre. On adore vraiment ce genre d’environnement. Et on est très admiratifs du travail réalisé par cette association qui a permis de faire revenir une faune abondante, et qui participe à lutter contre le changement climatique en préservant la mangrove !
Et soudain... des paresseux !
De l’autre côté de la mangrove, une petite balade à pied nous attend. On se promène au milieu d'une belle végétation, dont d'étonnants arbres à tronc en forme de bouteille.
On trouve au sol d'étranges fleurs (à gauche) et des coraux fossilisés (à droite) Mais surtout, cet endroit abrite des familles de paresseux ! Durant notre balade, nous pourrons apercevoir à plusieurs reprises ces animaux confortablement installés au sommet des arbres. Leurs trogne mi-apaisée mi-renfrognée les rend aussi sympathiques qu’étonnants. Le paresseux mérite son nom : il passe presque douze heures par jour à dormir, ne mange que 200 grammes de végétaux quotidiennement, ne boit pas d’eau, et ne descend de son arbre que pour faire ses besoins une fois par semaine (perdant au passage un tiers de son poids) !
Deux ou trois se mettent en branle à notre arrivée. Qu’ils sont lents ! Chaque mouvement semble effectué au ralenti. Les spécialistes ont calculé que les paresseux se déplaçaient à 200 mètres à l’heure, et on veut bien les croire. Ils sont également incapables de sauter ou de courir, et sont visiblement myopes ! Anecdote étonnante : ici, le seul prédateur du paresseux est l’aigle ! On peine pourtant à imaginer un oiseau attraper une si grosse bestiole.
Prenons en de la graine ! Après cette rencontre insolite qui nous a enchantés, on reprend notre pirogue pour être déposés à proximité d’une nouvelle plage. Petite balade et retour au van.
En revanche, c’est confirmé, il fait trop chaud pour continuer à dormir dans Olinda ! Depuis que nous sommes sur la côte, il fait 45 degrés tous les jours. Pour notre dernière nuit à Rincon del mar, nous réservons un hôtel en sortie du village, avec un parking à l’ombre pour notre bébé. De notre côté, on s’accorde une chambre avec douche et climatisation !