À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis trois ans en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

La côte caraïbe

Chaleur, jungle et plages paradisiaques. Voilà un excellent résumé de notre séjour le long de la côte caraïbe de la Colombie, avec un point d’orgue dans le célèbre parc de Tayrona.
Mai 2025
2 semaines
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Au revoir Medellín, au revoir le centre de la Colombie et ses montagnes. Désormais, il est temps de rouler en direction de la côte caraïbe ! Nous mettons trois jours à atteindre l’Océan atlantique, et on peut dire que le climat et l'environnement changent du tout au tout. Adieu les cordillères fraîches et ses brumes. Désormais, nous voilà redescendus dans les plaines bouillantes où alternent la forêt sèche et les zones humides.

Nous voici à Playa Bolivar, une plage encore confidentielle à l’abri des grands flux touristiques. On pose Olinda face à l’eau. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas dormi sur la plage. Nous tombons dans les bras de Morphée, bercés par le bruit des vagues.

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Un village de carte postale

Nous voici à présent à Rincon del Mar. C’est un petit village réputé pour son ambiance tranquille et ses plages cristallines. Le goudron s’arrêtant à l’entrée du patelin, nous engageons Olinda sur l’unique piste en terre battue au milieu des frêles maisons. On se pose en bout de chemin sur un mini parking dans la rue, en plein soleil. On risque de transpirer un peu cette nuit…

Dans l’attente, nous partons en promenade. Il faut reconnaître que le bord de l'Océan est splendide et ressemble à une carte postale : sable fin, eau turquoise, petit vent frais, palmiers et cocotiers, gargotes les pieds dans l’eau… On passe l’après-midi sur la terrasse d’un resto, à siroter des limonades de coco, grignoter des bananes plantains, et travailler bien sûr ! La population du village est majoritairement afrodescendante. Entre les gens, la musique omniprésente et le soleil cuisant, on a l’impression d’être de retour sur au Brésil, du coté de Boipeba…

Ici, le soleil se couche face à l’Océan. Nous avons donc droit à un moment magnifique, avec un ciel paré de vives couleurs.

Retour au van pour la nuit. C’est la fournaise quand on ouvre les portes. Les maisons aux alentours bloquent le vent de la côte et rien ne fait aération. On s’installe dans le lit en transpirant comme des bœufs. Vers 1 h du matin, on décide finalement d’ouvrir la porte arrière pour faire circuler l’air, et tant pis pour l’intimité. C’est mieux, mais un autre problème se profile : on sert maintenant de buffet à volonté aux moustiques. Au petit matin, Canard et Cochon ont dû perdre trois litres d’eau et un litre de sang...

Open baaaar ! 
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La renaissance de la mangrove

Qu’à cela ne tienne, les visites continuent ! Aujourd’hui, nous avons réservé un tour proposé par une association locale, qui travaille au nettoyage et à la mise en valeur de la mangrove qui borde Rincon del Mar.

Il y a quelques années à peine, cette mangrove servait de décharge géante, avec toutes les conséquences catastrophiques que cela comportait pour l’environnement et la santé. Des habitants volontaires passèrent des années à retirer des quantités hallucinantes de déchets, allant des poubelles domestiques aux pièces mécaniques, en passant par des appareils ménagers ou des vélos… Grâce à ce travail, la mangrove retrouva peu à peu sa santé, et Rincon del Mar s’ouvra au tourisme !

En présence d'une classe de collégiens, nous embarquons dans une petite pirogue pour rejoindre cet écosystème si particulier. Il faut s’imaginer des sortes de labyrinthes aquatiques où eau douce et eau de mer se rencontrent et où les arbres semblent ne faire qu'un avec l’air, l’eau et le sol.

Le batelier nous sert aussi de guide et nous avons droit à de nombreuses explications. La mangrove joue différents rôles essentiels. Elle est tout d’abord une excellente barrière naturelle à l’érosion des terres et protège des intempéries (ouragans, tsunamis…) En effet, cet entrelacs de racines permet de fixer un maximum le sol.

Autre fonction : si la forêt est le poumon de la planète, la mangrove en est le rein ! Cet écosystème permet en effet de purifier les eaux. Les mangroves sont capables de filtrer un grand nombre de polluants. D’ailleurs les habitants de Rincon del mar utilisent désormais la mangrove comme source d’eau. Elle n’est pas potable mais reste utilisable pour le reste des usages domestiques.

Il existe quatre types de mangrove : rouge, noire, grise, blanche, qui ont chacune leur particularité. À Rincon del mar coexistent surtout la mangrove rouge et la mangrove noire. La rouge est connue pour avoir des racines immenses en forme d’araignées qui plongent dans le sol. Elle purifie la zone en produisant de l’oxygène et lutte contre l’érosion. La noire est bien différente : ce sont plutôt des sortes d’arbres classiques mais dont les racines remontent de la terre tels des brins d’herbe. Elles viennent chercher l’oxygène, trop peu présent dans les sols salés. La mangrove noire participe ainsi à dessaler l’eau.

Toutes deux sont aussi le lieu de vie privilégié de toute une faune. Tandis que l’on glisse le long des racines et des lianes, on réalise en effet toute la vie qui grouille ici : des légions de crabes et crustacés gigotent dans la boue et sur les troncs, tandis que de nombreuses espèces d’oiseaux passent d’une branche à l’autre. On adore vraiment ce genre d’environnement. Et on est très admiratifs du travail réalisé par cette association qui a permis de faire revenir une faune abondante, et qui participe à lutter contre le changement climatique en préservant la mangrove !

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Et soudain... des paresseux !

De l’autre côté de la mangrove, une petite balade à pied nous attend. On se promène au milieu d'une belle végétation, dont d'étonnants arbres à tronc en forme de bouteille.

On trouve au sol d'étranges fleurs (à gauche) et des coraux fossilisés (à droite) 

Mais surtout, cet endroit abrite des familles de paresseux ! Durant notre balade, nous pourrons apercevoir à plusieurs reprises ces animaux confortablement installés au sommet des arbres. Leurs trogne mi-apaisée mi-renfrognée les rend aussi sympathiques qu’étonnants. Le paresseux mérite son nom : il passe presque douze heures par jour à dormir, ne mange que 200 grammes de végétaux quotidiennement, ne boit pas d’eau, et ne descend de son arbre que pour faire ses besoins une fois par semaine (perdant au passage un tiers de son poids) !

Deux ou trois se mettent en branle à notre arrivée. Qu’ils sont lents ! Chaque mouvement semble effectué au ralenti. Les spécialistes ont calculé que les paresseux se déplaçaient à 200 mètres à l’heure, et on veut bien les croire. Ils sont également incapables de sauter ou de courir, et sont visiblement myopes ! Anecdote étonnante : ici, le seul prédateur du paresseux est l’aigle ! On peine pourtant à imaginer un oiseau attraper une si grosse bestiole.

Prenons en de la graine !  

Après cette rencontre insolite qui nous a enchantés, on reprend notre pirogue pour être déposés à proximité d’une nouvelle plage. Petite balade et retour au van.

En revanche, c’est confirmé, il fait trop chaud pour continuer à dormir dans Olinda ! Depuis que nous sommes sur la côte, il fait 45 degrés tous les jours. Pour notre dernière nuit à Rincon del mar, nous réservons un hôtel en sortie du village, avec un parking à l’ombre pour notre bébé. De notre côté, on s’accorde une chambre avec douche et climatisation !

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Une belle introduction

Prochaine destination, le célèbre parc naturel de Tayrona. Les voitures y sont interdites et tout se parcourt à pied. Nous nous rendons donc en bus dans le petit village de Calabazo, où se trouve l’entrée la moins fréquentée du parc. Nous réservons une nuit dans un agréable écolodge, avec piscine et vue sur les montagnes. Ici, nous retrouvons la jungle, le vert omniprésent et le bruit assourdissant et constant des oiseaux. Il n’est pas rare de lever la tête et d’apercevoir un volatile vert, jaune, bleu ou rouge traverser le ciel ou sautiller de branche en branche. Nous retrouvons également dans notre écolodge une ambiance très « routard », avec de nombreux touristes européens ou américains en sac à dos.

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Le lendemain, nous nous mettons en route pour le parc. Il faut d’abord traverser la forêt pendant une heure avant d’atteindre l’entrée officielle. La plupart des touristes font le trajet en moto pour gagner du temps. On trouve ça dommage et on préfère marcher. Nous avons ainsi un bon échauffement pour la partie suivante qui sera plus physique. Surtout nous pouvons déjà profiter de beaux paysages.

Attention aux fourmis ! 

Nous nous arrêtons d’ailleurs dans une minuscule communauté autochtone, où les habitants ont aménagé un mirador. C’est l’occasion d’embrasser toute la région du regard… mais également de faire connaissance avec les animaux du coin. Deux magnifiques couples de perroquets sont tranquillement posés dans les arbres ; ça nous rappelle le Pantantal ! Et puis un bébé singe s’évertue à nous sauter dessus pour jouer ! Nous ne sommes pas très rassurés comme nous n’avons pas l’habitude, mais il faut reconnaître qu’il est tellement mignon et curieux qu’on se laisse faire.

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Seuls au monde

Nous atteignons l’entrée officielle du parc, et c’est parti pour deux heures supplémentaires de marche. Il faut franchir une montagne avant de redescendre pour atteindre la côte. C’est assez physique avec cette chaleur et surtout avec le taux d’humidité de 100 %. Mais nous sommes récompensés par le plaisir de déambuler dans cette jungle, où tout est gigantesque : les arbres, les lianes, les racines… et les scolopendres !

Quelques litres de sueur plus tard, nous apercevons enfin la mer. Nous voici arrivés à la plage la plus sauvage du parc : Playa Brava. On y trouve un petit camping confidentiel qui se fond dans le paysage. Nous y avons réservé une nuit en bungalow. L’arrivée a vraiment des airs de paradis : sous un grand soleil, c’est une immense plage entourée de palmiers et de cocotiers qui se dessine. On pique une tête dans la piscine du camping mais l’eau est en fait bouillante ! Alors, histoire de se rafraichir un peu, on trempe les pieds dans la mer. Mais attention, pas possible de se baigner ici à cause des courants très forts. Puis, nous passons à table pour reprendre des forces après cette matinée à crapahuter. Le reste de la journée est passé entre la plage et le hamac à écouter les vagues et admirer l’horizon…

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Changement d’ambiance

Le lendemain, nous poursuivons notre découverte du parc. Nous avons 2 h 30 de marche dans la forêt avant d’atteindre les autres plages. Nous voyons de superbes spécimens d’arbres tout en lianes, épines ou racines… Une longue montée nous attend pour déboucher de l’autre coté de la montagne, sur une autre baie. En cette heure matinale, la brume enveloppe encore la jungle, en quinze minutes nous sommes déjà littéralement trempés par l’humidité ambiante.

Il y a également des légions de scolopendres géants et de crabes. Et nous croisons la route d’un petit serpent. Marion bondira évidemment mais se calmera finalement assez vite. Canard aurait-elle moins peur des serpents ?

Arrivés au sommet de la montagne, nous dévalons désormais en direction de la Playa Nudista. La plage est très sauvage et donne un sentiment de Robinson Crusoé. Quelques touristes défient les vagues.

Nous poursuivons désormais par un petit sentier le long du littoral en direction de la zone plus « touristique » du parc. C’est la partie fréquentée par les promeneurs qui visitent le parc en une journée seulement.

Rapidement, nous quittons les paysages sauvages pour trouver des zones plus aménagées avec des campings à la chaîne, des restos aux prix prohibitifs et des Instagrameuses qui multiplient les poses en se tortillant tels des lombrics dans un compost. Nous sommes à l’endroit le plus connu du parc, le Cabo San Juan qui est formé par deux baies. C’est l’un des rares endroits du parc où l’on peut se baigner sans danger. Ainsi, les foules se massent essentiellement ici. Après un repos bien mérité dans des hamacs, nous nous joignons aux autres touristes pour un bon plouf rafraichissant. Dans l’eau, de superbes poissons colorés nagent autour de nous. Le cadre est beau, mais le temps un peu gris aujourd'hui. L’ambiance ne nous incite pas à nous éterniser. Après un petit repas avalé, nous poursuivons notre route.

Nous remontons donc le long de la côte en direction de la sortie du parc. Nous passons devant d’autres plages notamment La Piscina aux eaux cristallines. L’endroit est moins fréquenté et nous faisons une grande balade dans le sable.

L’heure tourne ! Nous avons réservé une tente dans un camping pour notre deuxième nuit dans le parc. De mémoire, il faut s’y présenter avant 17 h, et nous sommes encore à plus d’une heure de marche. On se remet en route mais on commence à fatiguer ! Nous passons devant d’autres plages, notamment celles d’Arrecifes, une lagune peuplée de crocos et la plage sauvage de Cañaveral… La nuit tombe et il se met à pleuvoir. On profite malgré tout des dernières vues sauvages, et de la baisse de la fréquentation alors que la soirée avance.

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Nous atteignons enfin la réception de notre hébergement. Ouf, on a vraiment hâte de se poser et de se sécher. Mais notre réservation fait tiquer le réceptionniste : ici, c’est pour les bungalows uniquement ! Les tentes, elles, se trouvent sur la plage… d’Arrecifes, d’où nous arrivons ! Horreur, c’est donc à une heure en sens inverse… On demande au cas-où le prix d’un bungalow : pour une nuit, c’est notre budget pour une semaine entière.

Attendez, quoi ?! 

Que faire ? Nous n’avons ni la force ni l’envie de rebrousser chemin, surtout que maintenant la nuit est tombée et qu’il pleut des cordes. Changement de plan : on décide de quitter le parc dès maintenant. On réserve deux places en dortoir dans notre précédent écolodge. On gagne donc rapidement à pied la sortie du parc toute proche, et on se jette dans le premier taxi venu pour nous faire déposer.

On est assez déçus de cette mésaventure, qui ne reflète pas notre sens habituel de l’organisation. Mais ce n’est pas plus mal. Plutôt que de dormir en tente, nous avons droit à un vrai lit, avec une douche et suffisamment d’espace pour mettre nos affaires à sécher. Au lit ! Un orage tropical éclate durant la nuit. Les plic-plic nous réveillent : l’eau s’infiltre partout, par le toit et les murs ! On doit mettre nos affaires à l’abri car le sol est inondé. Une voisine de dortoir n’aura pas cette chance : Quentin, qui se rend compte que son bagage est déjà rempli d’eau, la réveille pour qu’elle change son sac de place. Quelle nuit burlesque... Finalement, nous n'aurions pas été plus mal dans la tente...

Titanic 
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Séjour tout confort

Le lendemain, nous changerons d’établissement. Nous avons en effet décidé de nous accorder quelques jours off dans un bel établissement, dans le même village. C’est une grande maison tenue par un artiste italien qui s’est installé en Colombie depuis presque 20 ans. Le petit-déjeuner y est savoureux, la piscine et la terrasse avec vue sur la jungle, le toutou du coin adorable et la seule bande-son est celle des oiseaux qui piaillent à longueur de temps. On profite de la sérénité du lieu pendant quatre jours, passés essentiellement à travailler dans ce superbe cadre.

C’est aussi l’occasion de se rendre à un excellent resto juste à côté. On y retrouve des légions de colibris et un grand perroquet bleu qui sait dire « holà » et nous salue donc à l’occasion ! Ce petit séjour fait vraiment office de vacances !

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La plage de Coco

Pour notre dernière journée, nous décidons d’aller nous balader à la plage de Coco. Alors que nous attendons le bus en bord de route, nous sommes pris en stop par un sympathique couple de Siciliens installés depuis plusieurs années en Colombie. Ils nous déposent à notre destination, tandis qu’eux se rendent sur une autre plage un peu plus loin.

Nous voici à Coco. Le temps n’est pas au grand soleil, mais l’ensemble a du charme. Les rouleaux de vagues se fracassent sur le sable et les cocotiers s’alignent sur des kilomètres. Nous passons d’ailleurs plus de deux heures à marcher le long de la plage. Il n’y a pratiquement personne aujourd’hui, et on apprécie la tranquillité sauvage de l’endroit. Quelques bouis-bouis sont installés les pieds dans l’eau. On s’arrête dans l’un d’eux pour le déjeuner… où on retrouve notre couple de Siciliens qui a finalement décidé de changer de destination !

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Le lendemain, après une dernière matinée dans cet environnement de rêve, on se remet en route. Prochaine étape : une ville coloniale au nom légendaire, synonyme d’or, de pirates et de forteresse. Canard et Cochon vont découvrir Carthagène des Indes… et dire adieu à Olinda !