La Chapada Diamantina

Le parc national de la Chapada Diamantina, véritable écrin de verdure aux allures de paradis, est un nouveau coup de cœur de notre voyage. On vous embarque dans nos randonnées.
Septembre 2022
10 jours
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Nous voici à Lençois, la « capitale » de la Chapada Diamantina. Il s’agit en réalité d’un tout petit village, d’apparence coloniale, copieusement en pente et principalement tourné vers le tourisme. Nous sommes arrivés la veille, après un trajet de bus frigorique, et avons dans la foulée rejoint notre hôtel, sur les hauteurs, pour une bonne nuit de sommeil. Après une grasse matinée, nous prenons le petit-déj devant les grandes baies vitrées qui dominent le village. On peut voir se chevaucher les toits de tuiles au milieu de vastes collines boisées.

La journée sera consacrée à une randonnée dans les environs. C’est donc parti pour un aller-retour jusqu’à la cascade du Sossego. Dès notre sortie de l’hôtel, une chienne du village, qui passait par là, se prend d’affection pour nous. Elle nous accompagnera tout du long, et, semblant deviner notre route, nous guidera même jusqu’à notre point final !

En route vers l'infini et l'au-delà  

Pour l’heure, suivant à la fois notre GPS et notre compagnon à pattes nommée Fida (Quentin l’avait appelée « Fido » mais Marion remarque que c’est une femelle et ajuste le tir), nous grimpons jusqu’à l’entrée d’une forêt. Ici, la végétation est plus continentale et les précipitations plus importantes. Au cours de notre séjour à la Chapada Diamantina, nous aurons même parfois l’impression de nous trouver devant des paysages d’Irlande voire d’Auvergne. Nous traversons la forêt jusqu’à tomber sur une magnifique rivière. L’eau est rouge-orangée, et le temps a creusé de ça de là des vasques d’eau profondes dans la pierre en granite rosée. C’est l’occasion d’une première pause, toujours bravement surveillée par Fida qui s’arrête et se retourne régulièrement pour vérifier que nous ne nous perdons pas.

Alors que le temps était déjà grisou, il se met également à pleuvioter, ce qui rend les pierres glissantes. Nous redoublons de prudence (coucou maman) pour gagner notre second point d’intérêt et destination finale : la cascade du Sossego. Malheureusement, la pluie continue et le chemin devient de plus en plus hasardeux : il faut parfois escalader des passages rocheux pour longer ou traverser la rivière, le tout sans prise ou alors très glissantes. Nous avons connu plus difficile, notamment à Rio, mais cette journée n’a pas pour but de tester nos limites, d’autant plus que nous avons un long trek de prévu dans quelques jours. Nous croisons un groupe de français qui revient de la cascade, qui nous indique qu’elle se trouve encore à une heure de distance et que la pluie a rendu le chemin difficile. Nous jouons la prudence et rebroussons donc chemin.

La pluie s'arrête parfois, permettant de faire quelques photos. Toutefois, nous regagnons le village sous une pluie battante, mais bien protégés par nos ponchos. Entre temps, Fida, qui a croisé un deuxième groupe de français, nous a abandonnés pour se joindre à eux, à leur grand embarras (« heu… y’a votre chien qui nous suit ! – Ha, et bien on vous la confie ! »). Nous ne la recroiserons pas. Snif.

Petit séchage en règle à l’hôtel, avant de partir faire un tour de nuit dans le village, qui se conclura devant des lasagnes de brocolis et une soupe de lentilles, évidements arrosées de jus de maracuja.

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Nous nous baladons dans Lençois ce matin. On y trouve de mignonnes ruelles pavées aux façades colorées et un petit pont en pierres qui enjambe une belle rivière. On passe aussi devant l’ancien marché aux esclaves qui travaillaient dans la région pour extraire les minerais et surtout les diamants des roches. C’est d’ailleurs ce qui a donné son nom à la région « Chapada Diamantina ». De même, Lençois, qui signifie « draps », fait référence aux tentes des nombreux campements qui s’égrainaient le long des rivières au XIXe siècle.

Nous nous arrêtons demander des informations à l’office de tourisme pour mieux comprendre les parcours des treks mais le personnel semble complétement à la ramasse : pour chaque question, ils répondent en nous montrant des photos d’un livre des années 1970. « Vous connaissez les itinéraires des randonnées dans la Vallée du Pati ? - Heu, la vallée ressemble à ça » - Ha oui, merci pour cette photo jaunie dans ce livre dont les pages sont collées ou sur le point de se détacher… ». On trouvera nos informations plus tard directement dans les agences de treks et surtout sur des sites internet brésiliens.

Bref, c’est parti pour une deuxième randonnée dans les alentours de Lençois. On commence par longer la rivière, jusqu’à tomber sur des femmes qui y lavent le linge puis le font directement sécher sur les rochers, tipico !

On continue ainsi à suivre le lit de la rivière et à sautiller de pierres en pierres en évitant celles immergées. Comme hier, on retrouve des vasques où l’eau tire sur le rouge foncé voire le noir.

Autour de nous des montagnes boisées ajoutent du caractère au lieu. Notre parcours nous fait ensuite prendre des petits chemins en forêt et passer devant de belles cascades. Nous sommes seuls dans ce cadre fort apaisant. La vue depuis le mirador auquel on vient de grimper nous fait prendre conscience de la grandeur de cette région montagneuse.

Alors que ça s’agite au-dessus de nos têtes, nous levons le nez pour apercevoir toute une tribu de ouistitis communs qui nous observent allégrement avec leurs grands yeux interrogateurs. Passé la curiosité, ils sautent de branche en branche jusqu’à disparaitre complétement.

Après une pause sandwich devant une belle double cascade, on se retrouve au milieu de roches colorées (rose, orange, beige) desquelles est extrait du sable. C’est beau et assez inattendu.

En début d’après-midi, nous retournons à l’hôtel faire nos sacs en vue de prendre un bus vers notre prochain point de chute dans ce parc national protégé. Après une heure d’attente, notre bus arrive enfin. La route s’avère très belle : nous admirons les fameuses chapadas, ces montagnes aux sommets très plats.

A Palmeiras, nous attendons un van collectif pour nous amener à notre destination finale, le hameau de Vale do Capão niché au fond d’une vallée. Nous parcourons des pistes de terres et de caillasse pendant plus d’une heure à bord d’un très vieux véhicule des années 1980. Ça secoue ! C’est, presque bercés par les secousses et par les discussions sans fin des locaux à bord, que nous arrivons enfin.

Quelques courses et nous voilà dans notre petit hôtel qui dispose de belles pièces communes. On s’y sent vite chez nous ! Après un bon repas préparé par Cochon-cuistot, nous enfilons nos sous-couches thermiques car ici il fait bien frais, voire froid, la nuit !

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Vale do Capão est un hameau perdu dans la montagne. Il est principalement tourné vers le tourisme et compte de petites communautés très portées sur le New-Age. En nous baladant, nous tombons sur des petits producteurs qui vendent leurs fruits et légumes, des fabricants de bijoux fantasy, des boutiques de bibelots d’inspiration hindoues... On essaye de trouver une agence de tourisme ouverte pour réserver un trek, mais ici la plupart des établissements sont fermés en journée. Comme beaucoup de villes brésiliennes, ça s’active à la tombée du jour.

Aujourd’hui, pour changer c’est rando ! Direction la cascade de la Fumaça, la deuxième plus haute cascade du monde : 380 mètres à pic. Elle n’est dépassée que par une autre cascade au Venezuela (tiens, ce n’est pas très loin, en voilà une idée...). La Fumaça est l’attraction la plus connue de la Chapada. L’aller-retour est possible à la journée pour ceux qui désirent la voir d’en haut. Pour ceux qui désirent la voir d’en bas, cela nécessite un trek de 3 jours.

Nous commençons par une longue montée d’une heure au milieu des roches rosées, avec à chaque regard en arrière des paysages grandioses.

Nous voici au “sommet”, à vrai dire au début du plateau qu’il nous faudra longer pendant encore une heure. La végétation change très vite et on a l’impression de faire plusieurs randonnées en même temps : à la broussaille succèdent des myriades de fleurs colorées (bleues, rouges, violettes, oranges...), puis une végétation continentale, puis méditerranéenne, avant de retomber sur des pierres sèches, et ainsi de suite. Sur notre droite s’étend la vallée du Capão et au loin on devine le début de la vallée du Pati où nous ferons notre trek.

Le plateau prend fin brusquement : devant nous c’est un vide immense entouré de hautes falaises. C’est vertigineux. On s’approche avec prudence des bords pour essayer de voir le fond, c’est dire la profondeur ! C’est face à cette vue incroyable que nous prenons notre repas. Nous continuons à arpenter les roches en bord du précipice et, alors que nous nous posons encore une fois pour admirer ce paysage magnifique, un oiseau vient nous tenir compagnie.

On sent quelques gouttes mais au-dessus le ciel est parfaitement dégagé, c’est étrange. En fait, on comprend quelques minutes plus tard qu’il s’agit de l’eau de la cascade qui, avec le vent, nous vient droit dessus. Il faut dire que comme nous sommes à la fin de la période sèche ici, la cascade n’est tout bonnement pas visible, on dirait une flaque d’eau qui se jette dans le gouffre.

On avait lu dans notre guide touristique que pour pouvoir voir le fond du gouffre il fallait se mettre à plat ventre et avoir ainsi la tête dans le vide. On s’exécute, non sans peur, vu la hauteur. Le vide nous emporte presque avec lui ! Et au fond on voit enfin la vasque remplie d’eau nous indiquant donc bien qu’en temps moins sec la cascade se jette ici.

Nous faisons le retour de la randonnée en compagnie d’un italien qui parcourt l’Amérique du Sud depuis deux ans et que nous avions déjà croisé durant l’un de nos longs trajets de bus. Les lumières du soleil couchant embellissent encore plus le plateau et les vues au loin sur les vallées et chapadas. Nous enchainons les photos tout en échangeant à bâton rompu sur le tourisme sur le continent latino-américain.

Après ces 6h de randonnée et avant de rentrer à l’hôtel manger un bon repas, nous passons réserver notre trek de 3 jours dans un hôtel qui fait aussi office d’agence de tourisme.

Le lendemain, la journée sera consacrée au repos et à la préparation du trek. Nous faisons nos sacs, achetons quelques snacks, chargeons nos photos en ligne, rédigeons un peu le blog... Le soir, nous avons un briefing avec notre guide, qui est français ! Il s’appelle Thierry (alias Ty), et vit dans la région depuis une quinzaine d’années. Nous échangeons un peu à tout va, sur le parcours évidemment, mais aussi sur la Chapada en général et sur beaucoup d’autres sujets. Après un bon repas dans un resto végé, nous postons une étape sur le blog. C’est que nous n’aurons plus d’internet ou de téléphone pendant trois jours, il faut le faire maintenant. Tout le monde au dodo. Demain, c’est le grand jour.

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Après le petit-déjeuner à 7h30, un taxi doit nous déposer au début du trek, qui se situe déjà à 30 minutes de route du village. Pas de groupe cette fois-ci : nous sommes seuls avec Ty pour cette excursion. Il n’y aura ni touristes étrangers ni brésiliens (ouf, on aura peut-être enfin droit au silence éternel des espaces infinis !). Dans notre 4x4 qui secoue, Ty nous annonce qu’il a énormément plu ces derniers jours, et que plusieurs des gués que nous allons traverser seront probablement inondés. Ça pose le décor. Dernier ballotage, puis la voiture s’arrête. Tout le monde descend. C’est parti…

 Yolo !!

Le trek commence devant une rivière. C’est le premier gué… complétement sous l’eau. Impossible de passer, même en sautant sur les rochers. Il nous faut enlever les chaussures et retrousser les pantalons pour traverser. Brr, elle est fraîche ce matin. Comme il y aura deux autres rivières à traverser, nous continuons pieds nus. On se dit qu’après l’Amazonie, il n’y a pas grand risque à marcher ainsi ici (spoiler : effectivement, tout se passera bien, à part Marion qui a glissé dans la boue !).

Mille-et-une pattes 

Après avoir remis les chaussures, nous entamons une montée à travers une petite forêt. Un papillon monarque, bleu électrique, nous tiendra même compagnie pendant de longues minutes. La végétation diminue petit à petit, pour laisser place à des rochers. La pente s’adoucie. La vue se dégage. Le vent souffle. Nous voici sur le plateau.

A gauche, une mule qui se cache dans la forêt ! 

Nous profitons de cette quiétude pour échanger avec Ty. Ce dernier a suivi en France une formation de médecin-ostéo, qu’il n’a pas validé, ne se reconnaissant pas dans les manières d’enseigner. Il a ensuite voyagé dans le monde et appris sur le tas beaucoup de choses, notamment la naturopathie et les langues. Il est venu au Brésil en tant que touriste avec un copain il y a 15 ans et n’est jamais reparti. Ouvert d’esprit et très cultivé, nous discuterons au cours de ces 3 jours de tous les sujets possibles : histoire, santé, ésotérisme, politique, spiritualité, écologie… Nous aurons également des échanges intéressants sur notre propre projet et nos motivations, étant lui-même « hors sentier » depuis de nombreuses années.

Les nuages sombres dans le ciel rendent l’endroit un peu austère mais lui ajoutent du caractère. On est saisi tout de suite par la beauté du paysage qui s’offre devant nous : un immense plateau avec au loin des montagnes et chapadas. Les teintes de vert dominent mais sont ponctuées par quelques éclats de couleurs des fleurs. Plus l’on avance plus l’on a la sensation que le paysage s’étire devant nous toujours plus grand. On voit tellement loin depuis ce plateau, c’est impressionnant !

Après avoir longé le plateau au fur et à mesure que les nuages se dispersent, il est temps de faire la pause baignade-piquenique ! Nous nous arrêtons au « rancho », cabane en adobe qui sert d’abris aux muletiers de passage. Nous sommes en effet sur un sentier de mules, utilisé depuis l’époque de la ruée aux diamants, et aujourd’hui toujours en fonction pour ravitailler les habitants de la vallée du Pati. Aucune voiture ne peut y accéder : tout se porte à dos d’homme ou d’animal ! Alors que nous mangeons nos sandwichs et nos snacks, notre guide se baignera dans la rivière. « Elle est fraiche ». Sans blague ? On passe notre tour pour cette fois. On continue de monter après le repas.

Nous sommes tout en haut d’un autre plateau, et la vue est encore plus impressionnante. Nous profitons pleinement des espaces infinis autour de nous. Cette marche dans ces paysages où l’horizon semble si loin nous font penser au Seigneur des anneaux. C’est avec la mélodie des films en tête qu’on continue de parcourir des kilomètres et kilomètres.

La vue à gauche... 
 ... et la vue à droite 

On brave la gadoue (qui n’a pas séché depuis ce matin) pour atteindre le mirador do Pati : on aperçoit presque toute la vallée, avec au loin, minuscules au milieu de cette immensité verte, quelques toits de taule qui émergent : ce sont les rares maisons qui servent aujourd’hui d’abris aux touristes. Seules quelques familles vivent encore ici. Pourtant, Ty nous raconte qu’au siècle dernier, la vallée était couverte de plantations de café. Un village complet, avec église, cimetière et commerces avait même poussé ! Mais toutes les constructions étant en terre et en bois, les traces ont quasiment disparu. Seul vestige de cet autre temps, l’église qui a été restaurée, et dont le timide clocher tente bravement de percer la canopée. Etrange sensation que de contempler cette zone, qu’on peine à imaginer autrement qu’aussi déserte qu’aujourd’hui. C’est encore une manifestation des cycles d’histoire du Brésil, qui alternent splendeur et décadence, comme toutes ces villes coloniales que nous visitons depuis deux mois…

 Les petites taches vertes sont les traces des anciennes plantations de café
Au loin dans la vallée de droite : notre point de chute pour la nuit (on a encore quelques kilomètres !) 
 Notre hameau nous attend derrière la "petite" colline

Il est l’heure de quitter le plateau pour rejoindre notre hébergement au fond de la vallée. Des vautours et des aigles tournent autour de nous, alors que le soleil se couche. Peut-être nous guettent ils… Il faut dire que la descente est raide, et qu’un pas de travers pourrait nous précipiter dans le vide ! Heureusement, tout se passera bien. Nous croisons un groupe de guides qui revient d’une conférence qui se tenait vers l’église (et dont le sujet, nous annonce Ty, était « le métier de guide » et les premiers secours. Voila des gens qui savent allier la théorie et la pratique).

Nous finissons la route de nuit, avec les lampes frontales et des lucioles. Notre petit hameau se dessine dans le noir. Nous sommes reçus par la famille, et avons droit à une chambre rien que pour nous deux ! On s’étire, on se douche (eau glacée), et on se dirige vers le buffet du soir. Le croirez-vous : on est bien content d’avoir du riz et des haricots pour se réchauffer ! On complète par des patates douces, des œufs et un peu de verdure. A 20h30, on se couche avec de belles images plein la tête.

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Le réveil se fait à 7h et s’enchaine sur un bon petit-déjeuner. On peut enfin voir notre hameau de jour, tout mini et cerclé de hautes montagnes brumeuses. Aujourd’hui, nous ferons une grande boucle pour découvrir plus en détail le cœur de la vallée du Pati. Nous passerons voir de plus près la montagne du Castelo, explorer une grotte, longer des falaises et traverser des rivières. Chouette !

Bien évidemment, on commence par une solide montée. L’humidité du matin rend les pierres un peu glissantes, mais sans grande difficulté. Alors que nous arrivons devant une véritable muraille de rochers, nous apercevons un gouffre béant : c’est l’entrée de la grotte. Les guides disposent de l’autorisation de faire le « grand tour » aux touristes, ce dont on ne prive pas.

Equipés de nos lampes, on s’enfonce de plus en plus profondément dans la caverne, parfois pliés, parfois à genoux, parfois rampant… jusqu’à avoir la sensation d’être au cœur de la Terre elle-même. Pause ! On s’assoie. On éteint les lampes. On respire à fond et on ne parle plus. Nous restons au moins 10 minutes ainsi, engloutis par la roche, dans le noir le plus profond et le silence le plus total. Ce sera sûrement la « déconnexion » la plus intense de notre séjour. Nous rallumons les lampes et reprenons notre route en direction de la sortie. Il nous faut escalader les roches issues d’un ancien éboulement. Au loin, la lumière naturelle se dessine petit à petit.

Nous émergeons de l’autre côté de la montagne, avec en contrebas la fin de la vallée. La vue est incroyable sur les hautes falaises entourant la gorge verdoyante. C’est encore une fois grandiose. En se glissant à travers des anfractuosités, on quitte complétement la caverne pour longer la montagne.

C’est déjà l’heure du repas ! Pourquoi ne pas choisir le meilleur spot pour casser la croute ? Direction le sommet de la montagne pour se poser sur un éperon rocheux au-dessus du vide, avec un panorama à couper le souffle. Le pique-nique est composé de fruits secs, de crackers au fromage, de fruits et de chocolat.

Après la petite pause digestive, nous faisons demi-tour en repassant par la grotte (le « petit-tour » cette fois) et nous en profitons pour recharger nos gourdes directement d’eau filtrée par la grotte. Cette immense caverne était vraiment une belle découverte !

 Au loin le plateau que nous avons parcouru la veille

Une fois redescendus de cette montagne, nous voici au bord d’une rivière que nous longeons. Le soleil chauffe les pierres sur lesquelles nous marchons. On croise d’ailleurs un immense serpent noir (avec une tête minuscule par rapport à son corps) qui prend tranquillement le soleil. Il semble poser pour nous.

Nous passons par des petites cascades avant d’arriver à une autre plus impressionnante. L’eau est sacrément fraiche. Quentin voudra se tremper juste les jambes, mais, glissant un peu, trempera finalement le tout ! Sur une grande pierre plate, notre guide-ostéo en profite pour ausculter Cochon, confirmant que celui-ci est assez mal foutu, snif… Tant que ça n’empêche pas de faire le tour du monde !

Nous nous remettons en route en longeant le lit de la rivière, alors que le soleil couchant colore la végétation.

Nous ne sommes pas seuls : visiblement, des abeilles ont fait leur nid sur le sentier. Il va falloir passer discrètement. Ty nous prévient : en cas d’attaque, ne pas paniquer, ne pas gigoter, simplement s’éloigner rapidement. On avance en marchant sur des œufs. Tout à coup, ça pique sur le bras de Marion. Puis sur le crâne de Quentin. Une fois. Deux fois. L’essaim s’est réveillé et commence à s’en prendre à la tête de Cochon ! "Vite, il faut partir, dit le guide !" On court comme des dératés à travers la cambrousse jusqu’à ce que le moindre BZZ ne se fasse plus entendre. Le guide retire deux dards plantés dans le crâne de Quentin, puis applique une huile essentielle pour limiter le gonflement et la douleur. Idem pour le poignet de Marion. Un peu plus loin, elle se fera à nouveau piquer à la main par une bestiole inconnue. Ouille !

 Fast and Furious

Nous rentrons au hameau par des petits sentiers à travers les collines et arrivons au début de la nuit. Les lampes frontales nous sont bien utiles.

Encore une petite heure ! 

On se pose, s’étire et se douche, avant d’engloutir un peu de tout ce que nous trouvons au buffet. Inutile de dire qu’on ne se fera pas prier pour s’endormir.

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Dring, petit-déjeuner à 6h30. Aujourd’hui, nous rentrons à Valle do Capao, et nous avons 8h de marche. Dans la nuit, la main de Marion a gonflé et est devenue douloureuse. Ty applique une huile sur la blessure pour la soulager. Nous bardons également nos pieds de pansements, aux orteils et derrière les talons, car il semblerait que notre peau a décidé de fuir, suite aux multiples frottements et aux chaussures humides qui serrent davantage nos pieds. Ainsi parés de bric et de brocs, Canard et Cochon entament leur dernier jour de trek !

La journée commence par 4 heures de montées et de descentes, dont la première heure sous la pluie. Si cette dernière n’est pas très forte, elle transforme malheureusement tous les chemins de terre en boue, et les rochers en toboggan. De plus, la végétation est ici très dense, assez proche d’une forêt primaire et la brume enveloppe tout. On se retrouve avec la même humidité qu’en Amazonie, le relief en plus. Combo gagnant. Les premières heures sont assez physiques d’autant plus qu’on transpire comme jamais. A cela s’ajoute la fatigue accumulée depuis plusieurs jours de randonnées dans la Chapada. On garde tout de même une bonne allure et surtout on profite de cette ambiance particulière seuls au monde dans cette végétation exubérante et fort humide.

Le chaud-froid, l'ami du randonneur 

Après ces efforts physiques, nous apprécions grandement la pause piquenique que l’on fait le long d’une rivière, au sommet d’une cascade. L’endroit est très beau et les snacks toujours aussi délicieux. On ravitaille les gourdes de la bonne eau claire et pure. La brume se lève, et l’humidité avec. Le soleil perce. On en profite pour faire sécher les chaussettes, les chaussures, les T-shirts… Changement des pansements et nouvelle application d’huile sur la main de Canard qui est encore bien gonflée. On s’accorde une bonne heure de repos dans ce cadre.

A la soupe ! 

C’est reparti pour de la montée jusqu’au plateau. Après plusieurs minutes dans des chemins broussailleux et rocailleux, on arrive enfin en haut. Le ciel est maintenant complétement dégagé et la vue est splendide. On multiplie les photos et les vidéos pour tenter, comme à chaque fois, de rendre hommage à ce panorama et de retranscrire nos émotions. Durant tout le trajet, nous ne croiserons qu’un autre couple de touristes et, si nous discutons régulièrement avec notre guide, nous marcherons la plupart du temps tous seuls, sans palabres, avec pour seul compagnonnage les paysages et nos pensées. Encore une fois, au milieu de cette immensité époustouflante et tranquille, on se sent vivant et en paix. Nous mesurons à chaque seconde notre chance de vivre cette expérience.

De ce côté, le plateau est un peu différent de celui du premier jour : moins plat, moins rectiligne, plus touffu en arbustes et en broussaille. On y croisera même un orvet qui semblera encore plus effrayé que Marion.

On a un sacré zoom sur l'appareil photo, non ?! 

Après plusieurs heures à avancer ainsi, nous apercevons à nouveau la vallée du Capão. Nous laissons derrière nous la belle et sauvage vallée du Pati pour entamer la redescente vers notre point de départ. La nuit tombe. Des lucioles scintillent à droite à gauche.

 Retour au point de départ, la boucle est bouclée...
Pati, c'est fini !!

Nous voici devant les passages à gué franchis le premier jour. Ils sont à présent traversables sur les rochers. Cela dit, on aurait préféré le refaire pieds nus dans l’eau car, dans le noir avec simplement nos lampes frontales, on peine à distinguer les cailloux émergés des autres, et tous sont particulièrement glissants. Rebelotte pour le deuxième et le troisième gués. Au grand amusement du guide, Quentin se contorsionnera à de nombreuses reprises, en se demandant à quel moment il finira par faire plouf ! Mais non, tout se passera bien (Canard et Cochon sont prêts pour Koh-Lanta). A 18h nous voici de retour à notre point de départ, où le taxi nous attend et la route cabossée aussi. Nous aurons donc passé 11 heures aujourd’hui à crapahuter !

Cochon Van Damme 

A l’hôtel, et après avoir dit au revoir à Ty (que nous recroiserons le lendemain), nous nous douchons copieusement. C’est aussi le retour aux téléphones et donc aux actualités. Marion apprend avec tristesse que les Chiliens ont rejeté le projet de nouvelle constitution sur laquelle plusieurs de ces partenaires de boulot avaient travaillé. Nous ressortirons pour une crêpe et un burger, accompagnés d’un bon jus (betterave-fraise-citron ; que voulez-vous, il n’y a pas que la maracuja dans la vie). Notre lit nous tend les bras, et c’est, un peu vermoulus mais bien heureux, que l’on s’y précipite.

De retour après ces 3 jours incroyables ! Merci encore Ty 😉
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La journée commence évidement par une grasse matinée, puis par des avancées sur plein de petites choses ordinaires (tri des photos, actualisation du programme et du budget, etc.). Nous réservons notre billet de van pour quitter ce soir la Chapada, et enchainons sur une petite balade en ville pour déjeuner en extérieur, dans un petit resto au cadre très sympa. Pour reposer pleinement les muscles, nous avons même réservé un massage chacun en fin d’après-midi ! Voilà qui est largement mérité et fait beaucoup de bien. Puis, à 19h50, direction la place centrale pour notre van de 20h qui nous fera quitter la vallée.

 Les escargots du Brésil

Sur la place, nous grignotons quelques beignets en attendant notre véhicule. On ne s’inquiète pas outre mesure qu’il ne soit pas là à 20h piles. 20h10, 20h15… toujours pas de van en perspective… Quentin va demander dans une boutique de la place si ce genre de retard est normal. "Mais, mon bon monsieur, c’est que le van ne se prend pas sur cette place, et qu’il est déjà parti ! -COMO ? -Mais oui : on est déposé à la place centrale, mais on repart depuis le haut de la rue principale, personne ne vous l’a donc dit ? -Et non personne, pas même le vendeur de ticket de ce matin, qui avait au demeurant l’air très peu concerné." Nous voilà beaux. Car ce van n'était que la première étape du trajet de nuit, qui devait s’enchainer sur deux autres bus et un bateau !

Les winners ! 

Ces liaisons étant quotidiennes, nous décidons de retenter notre chance le lendemain au même horaire. Retour à notre hôtel. La réceptionniste est un peu surprise (« heu, tudo bem ? »). Heureusement, notre chambre est toujours libre, et devant notre mine déconfite, nous aurons même droit à une petite ristourne. Sympa ! C’est reparti pour une nuit dans la Chapada.

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Fatigue, courbature, mal de gorge et de crâne : Quentin se réveille malade. C’est visiblement une angine blanche. Nous voilà avec un Cochonou tout patraquou, mais pas question de rester planté à l’hôtel pour autant. Après avoir changé nos billets de bus et de van (humpf…), nous partons pour la cascade Riachinho, à une heure de marche du village. Nous nous y posons pendant plus d’une heure, pour profiter de l’incessant glou-glou sur les pierres rosées, pique-niquer et rédiger quelques articles de blog.

 Cyber-nomade, t'as vu ?

Nous voulions rentrer par un autre chemin et ainsi faire une boucle, mais nos informations trouvées sur internet ne semblent pas à jour. Le sentier indiqué est visiblement impraticable, et après quelques minutes à la Indiana Jones, nous rebroussons sagement chemin pour rentrer par la route des voitures, peu enchantés à la perspective de refaire ce trajet en plein soleil et sans intérêt majeur. Nous sommes heureusement pris en stop par un gars du coin, dans une auto qui semble constamment sur le point de se déliter, et déposés au centre-ville. Un peu fatigués (enfin, surtout Quentin pour le coup), on se pose au resto de la veille pour prendre cette fois une jarra de maracuja et bosser un peu. On y recroise notre guide, apprenant à faire du vélo à son fiston ! La fin de l’après-midi s’écoule paisiblement pour se conclure le soir devant quelques crêpes.

 Une vue depuis le village

Cette fois-ci, pas question de rater le van ! Nous arrivons en avance et au bon endroit. Embarquement dans cette caisse à savon d’un autre temps pour se faire secouer jusqu’au village de Palmeiras. Au revoir, Valle do Capão ! A Palmeiras, nous prenons vers 22h notre bus de nuit. Au revoir, la Chapada Diamantina ! Durant ces 10 jours dans le parc national, et surtout durant nos trois jours de trek, nous avons vraiment vécu ailleurs, coupés du reste du monde, au cœur d’un environnement unique. Comme après l’Amazonie et le désert du Maranhão, le retour à la « civilisation » est toujours un peu compliqué. D’autant plus quand il se fait AVEC DE LA CLIMATISATION DE BUS !

Demain, nous arrivons à l’île de Boipeba, au sud de Salvador. On dit que ses plages sont désertes et magnifiques. Après celles de la Costa Verde, d’Alter do Chao et de Marajo, nous avons un peu peur que celles de Boipeda nous paraissent fades ou « déjà-vues ». Mais décidemment, il faut se fier aux racontars : nous ne serons pas déçus ! Mais ceci est une autre histoire…