Notre découverte du nord du Laos est terminée. Il est temps de gagner le sud du pays. C’est un nouveau périple qui s’annonce. Nous commençons par un minibus pour gagner Vientiane. Vous vous souvenez de notre trajet de l’enfer au tout départ ? Et bien, il nous faut parcourir à nouveau cette même portion de route, toujours dans un minivan bondé… Cette fois-ci, cela nous prendra non pas sept mais dix heures sur les chemins cabossés, toujours dans une chaleur difficilement supportable. Les quelques pauses se font sur des stations-essence écrasées par le soleil. Pour couronner le tout, on crève un pneu !
On commence à prendre un retard important… C’est embêtant car nous devons enchaîner sur un bus de nuit. On arrive finalement à la capitale, complétement vermoulus, avec trois heures de retard.
Notre bus de nuit part dans moins de deux heures mais depuis une autre gare routière, à 30 minutes d’ici. Cela nous semble large, on grimpe donc confiants, dans un songthaew (vous savez ces transports collectifs qui ressemblent à un tuk-tuk géant). On est clairement trop optimistes. Le chauffeur, qui a pris une dizaine de personnes, commence à débarquer les gens en centre-ville les uns après les autres. À plusieurs reprises, on lui notifie que nous devons nous rendre à la gare rapidement, ayant un bus à prendre. Il répond toujours « oui, oui » mais nous voyons que l’horloge tourne. Finalement, quand il a débarqué tout le monde, il consent enfin à se rendre à la gare routière. On y arrive… pour voir notre bus partir sans nous, à la seconde près ! On est assez furax, mais la convenance culturelle nous oblige à faire bonne figure : en Asie du Sud-Est, il ne faut jamais s’énerver ou élever la voix.
La voie du Bouddha, c'est pas toujours facile !Nous n’avons pas le choix, nous allons devoir passer la nuit dans le coin et prendre le premier bus le lendemain matin. On tourne pour trouver un hôtel qui nous accepte à cette heure-ci. On finit par dégoter un établissement, vraiment bas de gamme où le gérant nous propose le double du prix normal. On parvient à le faire baisser, mais c’est encore cher payé pour l’endroit : la chambre n’a pas été lavée et Quentin prend le jus trois fois en se douchant. Tant pis, on était trop crevés pour passer la soirée à trouver mieux que cet hôtel pourri… Vraiment, quelle journée !
Après une nuit peu réparatrice, on retourne à la gare pour prendre notre bus… de jour. Nous allons encore passer la journée dans les transports. Il s’agit d’un bus local d'un autre siècle (aucun touriste à part nous) : pas de clim, des rideaux aux fenêtres qui sentent la poussière, des sièges qui ne s’inclinent plus, une soute qui ferme difficilement… On se prépare pour ce nouveau trajet ! Au départ, on croit à une blague, le bus roule à 10 km/h sur les gros boulevards et fait de multiples arrêts. En fait, le chauffeur faisait du repérage pour ses achats de nourriture aux vendeurs de rue... Il finit enfin par appuyer sur le champignon et atteindre une vitesse de pointe à 40 km/h ! Les routes sont moins cabossées que la veille mais il reste tout de même difficile d’arriver à lire dans ces conditions. Pas le choix, place à la contemplation et à la méditation !
Avec évidemment les tabourets en plastique pour rajouter des passagers...Soudain, on entend un bruit énorme. L’arrière du bus se soulève d’un mètre. En retouchant le sol avec fracas, le véhicule crée un nuage de poussière qui envahit l’habitacle, obligeant les passagers du fond à passer à l’avant. On vient de crever ! Problème, il s’agit d’une roue difficilement accessible (vous savez les bus ont souvent des doubles pneus, pas de chance c’est le pneu interne…) On mettra près d’une heure à changer la roue, arrêtés en plein cagnard au bord d’une nationale sans ombre… C’est interminable. Nous atteignons finalement notre destination finale, la ville de Thakhek, en mille morceaux.
Laissez-nous sortir !!!Il nous aura fallu deux jours pour atteindre la partie centrale du pays. Hier avec le minivan nous avons mis dix heures pour faire 310 kilomètres, aujourd’hui, ce fut donc huit heures pour 330 kilomètres. Vraiment les transports au Laos sont mémorables !