Ce qu’on ne vous a pas raconté…
Évidemment, pour commencer, vous ne couperez pas à cette fameuse séquence, même si les anecdotes sont moindres que la dernière fois. Mais on commence très fort : dès notre arrivée à Bangkok (première heure en Asie donc), nous récupérons nos bagages à l’aéroport. Peu avant de sortir de la zone internationale, Marion s’exclame : « Mais… ils ont mis un cadenas sur mon sac ! » Inspection plus approfondie : ce n’est pas son sac ! Il s’agit d’un modèle identique, qui porte le nom d’une autre touriste. On regagne dare-dare le tapis de bagages. Celui de Marion est toujours là, qui l’attend sagement. On procède à l’échange. Ouf, ni vu, ni connu. On aurait été bien malins de commencer notre aventure avec les slips et les chaussettes de quelqu’un d’autre !
Mais qu'est-ce que... ?Dans un registre moins rigolo, nous avons été victimes d’une tentative de racket à la frontière Laos-Cambodge. Les douaniers laotiens nous réclament deux dollars pour faire tamponner le passeport alors que c’est censé être gratuit. Ils se mettent tout dans la poche ; à raison de plusieurs centaines de touristes par jour, faites le calcul… C'est une pratique courante aux frontières asiatiques mais nous avions lu sur de nombreux forums que ce passage spécifique près des 4000 îles était particulièrement réputé. À notre arrivée, on constate avec dépit que 95% des voyageurs, non renseignés ou résignés, alignent les billets sans broncher ! De notre côté, nous refusons de payer, même si les douaniers nous mettent la pression (verbale et physique !) Avec quatre autres Français réticents, nous sommes mis sur le côté pendant une heure. Nous attendons patiemment, et à la fin, n’ayant pas le choix, les margoulins finissent par tamponner notre passeport. Nous passons sans avoir cédé. Ce refus peut probablement vous sembler futile au vu de la modique somme exigée. Notre point de vue : ne pas soutenir, même indirectement, ce système de corruption qui gangrène le pays.
Toujours avec le sourire, bien sûr... Vous pensiez que nous avions fait le tour des hôpitaux ? Que nenni. Marion a une gêne à l’œil depuis un petit moment. Direction l’hôpital international d’Ho Chi Minh. Pendant que Quentin fait à nouveau scanner son poignet (pour dix radios, la onzième sera-elle gratuite ?), Marion passe chez l’ophtalmo, qui lui retire deux corps étrangers nichés dans la paupière ! « Vous avez ça depuis quand ? » demande le médecin. « Heu, presque deux mois », répond Canard. Le volatile se fait tirer les oreilles par le professionnel de santé !
Et toutes nos félicitations ! Ce qui nous a marqués
On ne résiste pas à l’envie de vous énumérer les petites choses qui nous ont surprises en Asie. Pêle-mêle, on trouve : l'omniprésence des vendeurs de rue ; la viande sous forme de saucisses orange et roses fluo ; les marchés grouillants d'activités à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ; l’incroyable proportion de scooters ; le fait que tout le monde se balade en tongs (et – corolaire écolo-tragique, la présence de claquettes partout dans la rue et les campagnes, échappées de motos…) ; les gens qui se coupent les ongles des pieds et des mains dans la rue et dans les transports ; les voyageurs qui n’utilisent jamais d’écouteurs (notamment dans bus de nuit) ; la manie de mélanger le sucré et le salé sans crier gare…
Mais il y a évidemment des choses plus importantes à mettre en avant.
Hormis en Thaïlande, nous avons véritablement ressenti la dureté du passé récent : entre les bombes abandonnées du Laos, le régime des Khmers rouges et les guerres du Vietnam, la péninsule a traversé un demi-siècle particulièrement cruel et meurtrier. Malgré cela, ces populations ont souvent le sourire et la volonté de rattraper le temps perdu. Nous sommes admiratifs de leur résilience.
Notre volontariat dans les 4000 îles, avec les enfants, était une première pour nous. Nous avons vraiment apprécié cette expérience qui nous a fait sortir de notre zone de confort. Passer du temps avec ces bambins fut réellement un plaisir. D’une manière générale, nous avons été marqués par l’omniprésence des enfants dans les pays que nous avons visités. Partout, nous les avons trouvés souriants, confiants et curieux. Leurs grands coucous et « hellos » resteront dans nos mémoires longtemps ! Nous avons été surtout estomaqués par leur débrouillardise (nous ne comptons plus le nombre d'entre-eux pilotant des deux-roues à la perfection ou des tracteurs). Ils nous ont paru très autonomes, bien loin des standards européens.
Au-delà de l’omniprésence des animaux domestiques, nos rencontres fortuites avec les animaux sauvages furent marquantes ! Nous pensons bien évidemment aux nombreux singes qui grouillent dans les arbres, et dont les cris et les gesticulations sont toujours un spectacle. Et puis, quel moment incroyable que de tomber sur un éléphant sauvage en pleine route au parc de Khao Yai. Passer deux jours dans un refuge laotien pour pachydermes fut également une expérience forte, et nous nous sommes rapidement attachés à ces bêtes colossales particulièrement menacées…
Au Laos, au Cambodge et parfois au Vietnam, qu’il était étrange de trouver des traces encore fortes de la présence française ! Entre les boulangeries, les clubs de pétanque, les personnes âgées francophones et les bâtiments coloniaux, nous avons vraiment pris conscience que la péninsule fut autrefois le fleuron de l’Empire. Revers de la médaille, la plupart des musées rappelaient que cette présence ne fut pas sans côtés sombres (loin de là !) qui marquent encore les esprits…
Que serait ce séjour en Asie sans se découvrir de nouvelles capacités ? Marion s’est transformée en pilote aguerri, naviguant en moto ou en scooter dans les dunes de sables, les chemins caillouteux et les bitumes troués, ou slalomant entre les buffles et les poules… Pour Quentin, l’expérience fut plus mitigée, même s’il a appris pour le coup qu’il pouvait vivre trois mois avec un poignet cassé… dont deux sans le savoir ! Quel Rambo…
Puisqu’on parle de véhicule, comment ne pas revenir sur les transports en commun, une aventure à part entière ! Si chaque pays recelait son lot de spécificités, la palme revient au Laos et ses minibus de la mort. Une belle leçon de patience, d’abnégation et de courbatures !
Il faut mentionner l’omniprésence de la spiritualité dans la vie quotidienne. À la différence de nos églises bien souvent désertes, ici les pagodes étaient constamment fréquentées, les populations étant très pratiquantes. Nous avons par ailleurs croisé des centaines de moines, dans leurs robes orange ou safran, que ce soit lors des cérémonies matinales ou au détour d'un carrefour. On espère que nos photos le retranscrivent bien : les villes foisonnent de monuments religieux tous plus beaux les uns que les autres. À nos yeux, la palme revient aux temples de Luang Prabang et aux ruines d'Angkor.
Et pour terminer, rappelons notre émerveillement sans cesse renouvelé devant les merveilles de la nature : couchers de soleil rougeoyants, délicates fleurs de frangipaniers, imposantes montagnes karstiques, grottes dantesques, jungle luxuriante, plages paradisiaques… Vraiment, que cette Asie fut magnifique !
Alors, en route ?
Hé oui, il est temps de continuer l’aventure. La transition vers l’Amérique du Sud, elle, s’avèrera particulièrement coriace, pleine de rebondissements et d’épreuves ! Mais ceci, chers amis, est une autre histoire…