Nous nous sommes laissés au centre du pays après notre périple en moto, nous nous dirigeons désormais dans la partie sud pour continuer notre visite du Laos. À Thakhek, nous grimpons dans notre bus de nuit. On sait que les transports laotiens nous réservent toujours des surprises, alors on se demande un peu à quelle sauce on va être mangés cette fois…
Pour entrer dans le bus, il faut se déchausser. Et oui, ici, il n’y a pas de sièges mais des sortes de lits doubles superposés de chaque côté de l’allée centrale. Enfin, ça reste une planche sur laquelle un fin matelas est disposé avec des oreillers ramollos. Format asiatique oblige, la longueur implique de dormir en chien de fusil. Mais tout de même, ça a l’air correct pour trouver le sommeil. La réalité nous rattrape vite... Au bout de quelques kilomètres, on décolle de notre lit à chaque secousse, c’est-à-dire continuellement étant donné l’état de la route. La nuit va être longue !
Quentin somnole et Marion dort par tranche d’une heure. On ne met pas de réveil en se disant qu’on sera réveillés par le chauffeur au petit matin et que de toute façon le bus aura du retard comme toujours. Erreur ! Pour une fois nous avons de l’avance ! Il est 3 h du matin quand nous sentons que ça s’agite autour de nous. Nous sommes déjà arrivés à Paksé mais le chauffeur n’a pas pris le soin de faire une annonce générale… On remballe nos affaires à la va-vite et on sort du bus encore à moitié endormis. Nous voilà le long d’un boulevard, nos chaussures encore à la main.
Notre prochain bus, pour atteindre notre destination finale (la ville de Champassak) ne part qu’à 9 h depuis une autre gare routière. Il va donc falloir patienter le reste de la nuit… Tant qu’à attendre, autant le faire directement près de ce nouveau point de départ, qui n’est autre que l'emplacement du marché.
À peine arrivés qu’on est vraiment ahuris : il est 3 h 30 du matin et pourtant l’agitation bat son plein ! Les stands sont déjà tous opérationnels et des clients s’affairent. On vend et on achète des fruits, des légumes, de la viande, du poisson, des épices… Les poules et les canards font autant de bruit que les vendeurs et les moteurs des scooters qui repartent chargés comme des mulets. Quel étonnant bazar, on se croirait en pleine journée.
Il est 3 h, Paksé s'éveille On s’éloigne pour se poser devant un centre de santé. Tout le monde étant déjà réveillé autour de nous, nous nous mettons nous aussi en mouvement. Jusqu’à la fin de la nuit, nous travaillons sur nos ordinateurs. Vers 6 h, un homme ouvre les portes du centre, pas surpris de nous voir installés sur ses chaises. Nous discutons un petit moment : il parle très bien français car il a étudié à Bruxelles. Il nous offre un peu de lait de soja chaud en guise de petit-déjeuner. Les heures défilent, entre papotage et travail.
À 9 h, il est temps de partir. Le pic de fréquentation du marché semble déjà loin derrière. Les allées sont moins bondées, les stands moins garnis. Une partie du marché s’est métamorphosée en gare routière ! Les songthaews s’alignent et attendent les passagers qui vont regagner leurs villages après avoir fait leurs courses.
Nous grimpons dans le nôtre. Plusieurs femmes avec leurs enfants sont installés. Manifestement, elles ont fait leurs emplettes pour la semaine car des gros paniers s’entassent à leurs pieds. Nous nous frayons un passage et nous asseyons tant bien que mal avec tout le barda autour de nous. Mais il reste encore quelques centimètres carrés au sol et sur le toit, alors il faut bien rentabiliser ! Des sacs de riz et des packs d’eau sont empilés. Maintenant que nous sommes chargés à bloc, on peut partir.
Comme souvent au Laos, les passagers peuvent demander à être déposés n’importe où sur le trajet. Tout du long, nos compagnons de voyage regagnent leur maison. À chaque fois, tout le monde est sollicité pour les aider à décharger leurs cargaisons. On se retrouve à se passer de bras en bras des sacs remplis de légumes, de poissons frais ou de produits ménagers. Nous voici immergés dans la vie quotidienne des familles rurales laotiennes.
À cet égard, nous sommes marqués par l’accessibilité des campagnes au Laos. On ne peut s’empêcher de dresser quelques parallèles avec la France. Alors que chez nous, les campagnes sont le parent pauvre en termes de service, ici la desserte est excellente. Heureusement, puisque la majorité de la population n’a pas de voiture. Il est facile de dégoter un mini bus ou un tuk-tuk qui nous dépose n’importe où, de façon quotidienne. Chaque patelin comporte une épicerie pour les produits de base, que ce soit un peu de nourriture, des produits d’hygiène ou des cartes SIM. On trouve de tout, partout. Pas besoin de monter une expédition pour acheter une baguette…