À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis trois ans en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

Champassak, entre rizières et temples khmers

Loin des grands circuits touristiques, nous vous emmenons découvrir la tranquille région de Champassak. Entre balades rurales et patrimoine architectural, c'est l'occasion de recharger nos batteries.
Février 2024
5 jours
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Nous nous sommes laissés au centre du pays après notre périple en moto, nous nous dirigeons désormais dans la partie sud pour continuer notre visite du Laos. À Thakhek, nous grimpons dans notre bus de nuit. On sait que les transports laotiens nous réservent toujours des surprises, alors on se demande un peu à quelle sauce on va être mangés cette fois…

Pour entrer dans le bus, il faut se déchausser. Et oui, ici, il n’y a pas de sièges mais des sortes de lits doubles superposés de chaque côté de l’allée centrale. Enfin, ça reste une planche sur laquelle un fin matelas est disposé avec des oreillers ramollos. Format asiatique oblige, la longueur implique de dormir en chien de fusil. Mais tout de même, ça a l’air correct pour trouver le sommeil. La réalité nous rattrape vite... Au bout de quelques kilomètres, on décolle de notre lit à chaque secousse, c’est-à-dire continuellement étant donné l’état de la route. La nuit va être longue !

Quentin somnole et Marion dort par tranche d’une heure. On ne met pas de réveil en se disant qu’on sera réveillés par le chauffeur au petit matin et que de toute façon le bus aura du retard comme toujours. Erreur ! Pour une fois nous avons de l’avance ! Il est 3 h du matin quand nous sentons que ça s’agite autour de nous. Nous sommes déjà arrivés à Paksé mais le chauffeur n’a pas pris le soin de faire une annonce générale… On remballe nos affaires à la va-vite et on sort du bus encore à moitié endormis. Nous voilà le long d’un boulevard, nos chaussures encore à la main.

Notre prochain bus, pour atteindre notre destination finale (la ville de Champassak) ne part qu’à 9 h depuis une autre gare routière. Il va donc falloir patienter le reste de la nuit… Tant qu’à attendre, autant le faire directement près de ce nouveau point de départ, qui n’est autre que l'emplacement du marché.

À peine arrivés qu’on est vraiment ahuris : il est 3 h 30 du matin et pourtant l’agitation bat son plein ! Les stands sont déjà tous opérationnels et des clients s’affairent. On vend et on achète des fruits, des légumes, de la viande, du poisson, des épices… Les poules et les canards font autant de bruit que les vendeurs et les moteurs des scooters qui repartent chargés comme des mulets. Quel étonnant bazar, on se croirait en pleine journée.

Il est 3 h, Paksé s'éveille 

On s’éloigne pour se poser devant un centre de santé. Tout le monde étant déjà réveillé autour de nous, nous nous mettons nous aussi en mouvement. Jusqu’à la fin de la nuit, nous travaillons sur nos ordinateurs. Vers 6 h, un homme ouvre les portes du centre, pas surpris de nous voir installés sur ses chaises. Nous discutons un petit moment : il parle très bien français car il a étudié à Bruxelles. Il nous offre un peu de lait de soja chaud en guise de petit-déjeuner. Les heures défilent, entre papotage et travail.

À 9 h, il est temps de partir. Le pic de fréquentation du marché semble déjà loin derrière. Les allées sont moins bondées, les stands moins garnis. Une partie du marché s’est métamorphosée en gare routière ! Les songthaews s’alignent et attendent les passagers qui vont regagner leurs villages après avoir fait leurs courses.

Nous grimpons dans le nôtre. Plusieurs femmes avec leurs enfants sont installés. Manifestement, elles ont fait leurs emplettes pour la semaine car des gros paniers s’entassent à leurs pieds. Nous nous frayons un passage et nous asseyons tant bien que mal avec tout le barda autour de nous. Mais il reste encore quelques centimètres carrés au sol et sur le toit, alors il faut bien rentabiliser ! Des sacs de riz et des packs d’eau sont empilés. Maintenant que nous sommes chargés à bloc, on peut partir.

Comme souvent au Laos, les passagers peuvent demander à être déposés n’importe où sur le trajet. Tout du long, nos compagnons de voyage regagnent leur maison. À chaque fois, tout le monde est sollicité pour les aider à décharger leurs cargaisons. On se retrouve à se passer de bras en bras des sacs remplis de légumes, de poissons frais ou de produits ménagers. Nous voici immergés dans la vie quotidienne des familles rurales laotiennes.

À cet égard, nous sommes marqués par l’accessibilité des campagnes au Laos. On ne peut s’empêcher de dresser quelques parallèles avec la France. Alors que chez nous, les campagnes sont le parent pauvre en termes de service, ici la desserte est excellente. Heureusement, puisque la majorité de la population n’a pas de voiture. Il est facile de dégoter un mini bus ou un tuk-tuk qui nous dépose n’importe où, de façon quotidienne. Chaque patelin comporte une épicerie pour les produits de base, que ce soit un peu de nourriture, des produits d’hygiène ou des cartes SIM. On trouve de tout, partout. Pas besoin de monter une expédition pour acheter une baguette…

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Nous prenons nos quartiers dans Champassak. Nous logeons dans un bungalow au bord du Mékong. Le cadre est d’une sérénité impressionnante.

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Étonnement étalée sur plus de 5 kilomètres le long d’une seule route, Champassak égraine ses habitations. Les belles demeures coloniales côtoient les maisons traditionnelles en bois. Toutes semblent assez cossues. Comme toujours, les poules et les vaches déambulent librement.

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Très tranquille, la ville invite vraiment à ralentir. Ce que nous ferons sans problème ! Nous développons vite des habitudes : excellents petits-déjeuners dans une magnifique maison traditionnelle et bons repas arrosés de jus de maracuja pris au bord de l'eau ou dans une gargote familiale. Marion ira aussi se faire masser pour relaxer les muscles après les journées de moto de la semaine passée.

Entre ces bons repas et quelques visites, nous profitons du calme de notre établissement pour travailler face au fleuve, à l’ombre de notre terrasse. De temps en temps, une vache passe la tête par la barrière et nous observe nonchalamment. D’autres fois, c’est le bruit d’un gecko qui nous sort de la torpeur. Tous les soirs, nous sommes gratifiés d'un magnifique coucher de soleil sur le fleuve. La belle vie, quoi.

J'peux pas, j'ai réunion...
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Classé au Patrimoine mondial de l’humanité, le Vat Phou est une petite pépite datant du Xème siècle qui nous rappelle à quel point l’Empire khmer était immense à cette époque. C’est en quelque sorte un avant-goût des ruines d’Angkor. Nous nous y rendons en scooter. Situées en pleine campagne, les ruines s'étalent au pied d'une belle montagne.

Ce n'est pas un lac mais un bassin sacré

Dédié initialement à Shiva, le site s’étale sur sept étages reliés par des allées majestueuses et des escaliers. Les marches sont colonisées par de grands frangipaniers. Nous vous en avions déjà parlé lors de nos récits sur Vientiane et Luang Prabang, qui en abritent énormément. C’est l’occasion de vous redire que cet arbre est un véritable symbole du Laos. Sa fleur est magnifique et on prend un vrai plaisir à la contempler dès que l’occasion se présente. Elle est en outre très odorante et parfume agréablement les environs. Le nom de « frangipanier » nous amuse, il faut bien l’avouer. On s’imagine un arbre sur lequel poussent des galettes des Rois…

Balthazar arrive, ça bouchonne à Champassak 

Deux premiers édifices, séparés par l’allée centrale, sont d’une grande beauté. La lumière matinale met en valeur les bas-reliefs. Plus loin, nous voyons la source sacrée, dont l’eau était jadis acheminée jusqu’au centre du sanctuaire principal. Comme dans l’ensemble de l’Empire khmer, le bouddhisme remplaça l’hindouisme au tournant du XIIIème siècle. Ainsi, le temple majeur abrite désormais des statues de Bouddha ; exit Shiva !

À gauche le dieu Indra (hindouïsme), à droite, Bouddha 
La source sacrée en forme de naga

Du sommet des ruines, on jouit d’une belle vue et d’un peu de fraîcheur à l’ombre de la végétation. Des animaux sont taillés dans de gros rochers situés un peu après le sanctuaire.

Nous voulions continuer notre visite par une petite promenade qui conduit à la sortie par un sentier annexe. Malheureusement, c’est impossible car le lieu est envahi de détritus, empêchant tout simplement de passer ! Depuis que nous voyageons en Asie, les déchets sont omniprésents. Ils font désormais partie de notre quotidien et nous faisons avec. Toutefois, c’est ici à un niveau vraiment impressionnant et surprenant pour un site payant classé à l’UNESCO. Les ruines sont recouvertes de déchets plastiques (bouteilles, gobelets, sacs, pailles…)

En croisant d’autres touristes, nous apprenons que c'est en fait exceptionnel. Il y a quelques jours à peine, se tenait la fête du Vat Phou qui commémore un sermon donné par Bouddha à ses premiers adeptes. Les Laotiens, et même les habitants des pays voisins, viennent pour l’occasion. S’étalant sur plusieurs jours, les festivités mêlent processions et autres attractions plus profanes. Le site n’est pas calibré pour accueillir autant de monde et les poubelles débordent vite… Nous croiserons ainsi de nombreux employés qui nettoient petit à petit. Pas de tri, tout est regroupé en petits tas et brulés in situ

Le chemin annexe : impossible de passer...

Nous finissons notre visite par un temple un peu plus loin. Il est 12 h et le soleil cogne fort. Heureusement, nous trouvons un peu d’ombre à l’intérieur du petit édifice. En chemin pour regagner notre scooter, une famille de Laotiens nous propose de grimper dans la benne de leur pick-up pour nous avancer un peu. Sympa !

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Mais alors, nos aventures en scooter sont terminées ? Que nenni ! Après cette première halte aux ruines khmères, il est l’heure de s’enfoncer dans la cambrousse. Nous empruntons des petits chemins agréables qui débouchent sur une piste très sablonneuse. Nous patinons. Manœuvrer se révèle rapidement hasardeux. On préfère donc garer la bête à l’ombre d’un palmier pour continuer à pied.

Nous nous promenons pendant une petite heure le long du fleuve, en traversant des hameaux particulièrement isolés et enfouis dans la végétation. De temps en temps, une pagode neuve et rutilante se détache des habitations en bambou. Comme d’habitude, des animaux domestiques traversent le sentier à loisir. Les enfants, toujours dehors, nous font coucou et quelques adultes s’affairent nonchalamment. Une grande tranquillité, voire douceur, se dégage encore une fois de cet environnement malgré sa sobriété. Pauvreté, souvent ; misère, jamais.

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Pour terminer la journée, nous comptons aller admirer le coucher de soleil sur les rizières environnantes. Notre plan nous indique « une piste praticable en scooter » pour longer les canaux d’irrigation et les champs. Clairement, notre plan a pris la confiance. La route est complétement défoncée et surtout, il s’agit de sable et non de terre. Des trous énormes succèdent à des mini-dunes, et Marion a bien du mal à garder le contrôle du véhicule. Encore un peu inquiet, Quentin préfère même faire certaines portions à pied, en marchant à côté du scooter (en termes de chute, il a déjà donné). Il va quasiment aussi vite que Canard qui se débat avec le sable !

Fast and Furious 4 

Malgré ces difficultés de conduite, nous admirons de superbes rizières, seuls au monde. Certaines viennent juste d’être replantées, créant un contraste saisissant en comparaison des anciennes toutes jaunies. Pour couronner le tout, le coucher de soleil derrière les montagnes sublime le paysage.

Mais la nuit tombe vite et nous avançons beaucoup trop lentement avec tout ce sable… Nous mettrons plus de deux heures à regagner notre hôtel, de nuit. Au terrain très hasardeux se greffe à présent l’obscurité totale. Quentin part faire du repérage à pied à plusieurs reprises. Marion manie l’engin avec la plus grande prudence. Parfois, elle est trop ensablée, Quentin doit venir la pousser. Ouf, finalement, on débouche sur une route goudronnée reliée à Champassak. Quelle aventure encore !

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Ce petit séjour à Champassak est terminé. C'était vraiment le lieu idéal pour venir se reposer après notre boucle en moto. Nous filons désormais à l'extrême-sud du pays pour notre dernière étape au Laos : les îles fluviales du Mékong !