Hé oui. Nous savions tous que ce jour allait arriver.
Carthagène marque l’extrémité nord du continent et donc notre destination finale en van. C’est ici que l’aventure s’arrête pour notre fidèle destrier. Du moins, avec nous…
Nous avions mis Olinda en vente il y a plusieurs semaines et, fait incroyable, la première touche fut la bonne ! Nous avons en effet été contactés par Marie, une jeune franco-espagnole qui vit en Argentine, et qui a eu un coup de foudre pour Olinda (comme on la comprend). Elle rêvait d’un grand voyage depuis plusieurs années et cherchait un véhicule pour cette aventure. Le van lui plaît tellement qu’elle l’achète à distance, sans même l’avoir visité et qu'elle est prête à venir le récupérer en Colombie. Dans les semaines qui suivent, nous échangeons pour régler les questions techniques de cette vente qui se fera en dehors du pays d'origine d'Olinda. Le rendez-vous pour la passation est pris pour début mai, sur la côte colombienne, dans la grande ville de Carthagène.
Nous avons réservé un hôtel avec parking pour être tranquilles pour finaliser les derniers détailsDans l'attente de laisser à Marie notre petite Olinda, nous avons réservé un hôtel dans la ville pour pouvoir la vider et la nettoyer à notre rythme. Nous nous activons donc entre ménage et tri des affaires. Puis, nous donnons enfin rendez-vous à Marie. C’est donc ici à Carthagène que nous nous rencontrons pour la première fois Marie et qu'elle découvre enfin Olinda. Le coup de cœur est évidemment confirmé.
Évidemment, il faut rendre tout ça propre ! Pour finaliser la vente il nous faudra une dizaine de jours en tout. Nous vous épargnons les détails administratifs. Sachez juste que pour vendre une voiture chilienne en Colombie entre citoyens européens, c’est une série de paperasses à imprimer, à signer, à apostiller, à scanner, à transférer, à re-signer, à re-scanner, à re-transférer, ponctuée de passages chez le notaire. Heureusement, nous avons été aidés dans cette démarche par l’agence chilienne qui avait gardé Olinda pendant sept mois entre nos deux passages en Amérique du Sud. Il aurait été impossible de faire cette vente sans eux.
Après la première prise de contact pour faire découvrir à Marie la voiture, nous nous donnons rendez-vous sur un parking pour les tests de conduite et un long briefing. Nous avons préparé un petit classeur qui résume tout ce que nous avons appris sur Olinda pendant ces deux années à bord : fonctionnement du moteur, historique des réparations, des vidanges et des graissages, conseils d’entretien, liste des pièces détachées, liste des mécanos spécialisés en combi dans tous les pays traversés… Pour peu, on se transformerait presque en représentants des ventes pour combi. Marie peut prendre connaissance de tout ça à son rythme et tester le véhicule.
Au bout d'un peu plus d'une semaine de démarches administratives, nous recevons les papiers finaux. C’est officiel, Olinda ne nous appartient plus.
Dernier câlin... Il est temps de faire la passation et un dernier câlin à Olinda. Marie prend les clés et rejoint son hôtel à bord d'Olinda et nous rentrons en taxi. Ça y est nous sommes redevenus des voyageurs classiques ! Mais finalement ce n'est pas notre dernier au revoir. Comme l’hôtel de Marie n’a pas de place de stationnement, elle préfère laisser Olinda dans la cour fermée de notre hébergement. Durant une journée entière, nous aurons encore notre tuture sous les yeux. À chaque passage sur le balcon, on reste plantés en la regardant et en poussant de longs soupirs.
Le lendemain, Marie arrive pour prendre Olinda et commencer son périple... Un dernier vrombissement au démarrage. Une dernière manœuvre. Et Olinda disparaît bientôt. On entend encore un peu les pout-pout-pout si caractéristiques de son pot d’échappement, alors qu’elle remonte la rue, et puis plus rien.
Voilà. Cette fois, c’est bel et bien fini. Olinda est partie vers de nouvelles aventures. On reste un moment sur le balcon à se regarder. Puis, sans rien dire, nous regagnons notre chambre.
Nous avons choisi de ne pas nous étendre ici sur ce que nous avons ressenti à ce moment-là. Nous préférons garder tout ça pour notre dernier carnet, qui sera un bilan de cette deuxième année en Amérique du Sud. Mais clairement une page se tourne...
Dans Olinda nous avions accumulé quelques affaires. Nous n'avons pas envie de surcharger nos sacs à dos pour nos dernières semaines en Colombie. Vêtements, matériel artistique, peintures… essayons de vendre tout ça avant de quitter la ville ! Mais vous nous connaissez, Canard et Cochon sont loin d'être des négociateurs hors-pair.
Première étape : on descend avec le maximum d’objets dans le hall de notre hôtel. Les femmes de ménage nous ont vu trafiquer les derniers jours dans notre van, elles savent que nous venons de vendre notre maison-roulante. On leur expose donc le tout (jeans, T-Shirt, pull, peignoir, coquillages peints, peintures de Quentin…) et elles sont ravies ! « Vous avez raison, il ne faut rien jeter, tout ça peut encore servir, et les œuvres sont aussi très jolies, merci beaucoup pour tout ça ! » Et les dames emportent le tout sans autre forme de procès. On ne s’y attend tellement pas qu’on se retrouve comme des cruches, sans oser les rattraper pour leur dire que c’était à vendre et pas à donner…
Heu... et on vous fait un bon prix, bien sûr... Bon, pas de chance à l’hôtel ! Pour le reste, qui est essentiellement constitué du matériel artistique, nous allons en ville pour tenter de le vendre dans les nombreuses boutiques d'art. On embarque une quinzaine de bombes de peintures, des pinceaux, des outils, le porte-bracelets de Marion… Pour faire court, on est nuls de chez nuls. Nous n’avons pas vraiment idée des prix, et on propose (quand on y arrive) des tarifs visiblement ridicules. La plupart des objets partent gratuitement sur un malentendu, et le reste est bradé pour moins de dix euros. Nous aurons quand même la satisfaction de laisser le meilleur du matériel à un petit vieux qui tient un atelier de sérigraphie et qui semble presque ému de faire une si belle affaire.
Canard et Cochon businessmen, ce n’est pas pour demain. Mais peut-être que si nous revenons un jour à Carthagène, nous verrons une peinture de Quentin accroché à un mur…