À propos

Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis trois ans en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

Bangkok, hors des sentiers battus

Première étape de notre nouveau périple : Bangkok. Comme nous avons déjà visité par le passé cette incroyable cité, nous décidons d’arpenter des quartiers moins connus mais tous aussi typiques.
Janvier 2024
4 jours
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Autant vous prévenir, vous ne verrez pas dans cette étape les grands classiques de la ville de Bangkok. Palais royal, Wat Arun, Wat Pho, maison de Jim Thompson, tour de Baiyoke, etc. nous avons déjà eu la joie de découvrir ces incontournables en 2019. Cette fois, donc nous allons concentrer le récit de nos pérégrinations sur des endroits moins fréquentés, mais qui ne manquent pas de charme pour autant. C’est parti pour ce premier blog des aventures de Canard et Cochon en Asie !

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Notre logement se trouve dans un quartier du centre-ville mais il reste tout de même éloigné des grands itinéraires touristiques. Histoire de se mettre en jambe, nous partons nous balader dans ce quartier résidentiel. L’endroit nous marque surtout pour son caractère multiconfessionnel. En quelques minutes de marche, nous allons alterner les ambiances. Nous aurons même parfois du mal à nous croire en Thaïlande, ne sachant plus sur quel pied culturel danser !

Nous commençons par longer un cimetière chinois, où de vieilles pierres tombales, abimées voire à l’abandon, peinent à percer la végétation touffue qui semble tenter de les submerger. Des petits sanctuaires en bois, couverts de sinogrammes, gisent sur le bord de la route au milieu d’autres déchets. Quelle vision saugrenue et un peu triste…

Quelques pas plus loin à peine, nous traversons un quartier musulman. La mosquée est posée en face de son cimetière, dans un petit espace vert. Autour de nous, les femmes sont voilées et les hommes portent sarong et calot. Les restaurants, visiblement malaisiens, y affichent des menus hallal.

Au bout de la même rue, nous voici au pied de l’église catholique Saint Louis où se prépare visiblement un mariage ; l’iconographie nous renvoie directement en Europe. Au revoir l’architecture orientale : nous retrouvons les arches gothiques et les crucifix. On tombe même sur une porte gravée du sceau de Saint-Pierre : c’est l’ambassade du Vatican !

Un pâté de maison plus au nord, nous pénétrons cette fois dans un temple hindou fondé par des Tamouls en 1879. Ce sanctuaire est dédié à la déesse Uma Devi, qui symbolise le syncrétisme entre l’hindouisme et le bouddhisme. C’est une submersion immédiate : nous sommes comme transportés dans un autre monde entre les couleurs éclatantes, les chants religieux et les parfums des offrandes de fleurs. On nous autorise à nous promener au milieu des pèlerins qui font leurs dévotions, au choix auprès des représentations de Bouddha ou des maintes sculptures du panthéon hindou. Des prêtres, drapés d’un pagne jaune, nous invitent à pénétrer dans le cœur du bâtiment, ce que nous faisons avec une certaine émotion. Les photos étant interdites, il faudra pour visualiser l’ambiance vous contenter de notre récit et des clichés pris de l’extérieur.

Pour continuer sur cette lancée, nous déjeunons dans un resto indien : galette pimentée aux pommes de terre et aux oignons, accompagnée de beignets de lentilles dans un bol de yaourt. Le tout est évidemment servi avec un assortiment de sauces aussi colorées que le temple que nous venons de visiter.

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Dans le quartier de Old Farang, quartier historique des étrangers (farang étant une déformation du mot franc), de beaux bâtiments accueillent les ambassades ou les anciennes douanes, rappelant le temps où les Européens venaient au Siam pour leurs échanges commerciaux. De temps à autre, un temple bouddhiste pointe le bout de son nez. Un édifice en ruines magnifique semble envahi par la végétation. De quoi nous replonger dans les splendeurs décaties tropicales du Brésil. Juste à côté, nous passons devant l’ambassade de France, sise Rue de Brest (en français dans le texte, s’il-vous-plaît).

Dans les environs, la cathédrale de l’Assomption se dresse devant un couvent et une école. C’est visiblement un jour de fête : toutes les écolières sont sorties pour assister, juste en face, au concert d’un boys-band. Les collégiennes sont en transe et s’époumonent au moindre trémoussement des minets sur scène. Voilà qui n’est pas très catholique, pour le coup…

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En rentrant à l’hôtel, nous passons de petites ruelles aux maisons branlantes en bois à des grosses avenues bruyantes où s’enchaînent des buildings gigantesques et futuristes. Nous avions déjà été marqués la première fois mais ce sentiment se confirme dès notre première journée : Bangkok est véritablement une ville de contrastes.

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Quoi de mieux après cette bonne journée de balade que de profiter de la piscine de la résidence où nous logeons ? Nous irons tous les soirs nous y prélasser.

Vue depuis notre balcon et détente à la piscine 

Pour le dîner, Quentin achète une soupe aux champignons. C’est très pimenté : la première gorgée nous emporte la bouche ! On pleure un peu, on regrette beaucoup. Autant embrasser un dragon. Nous ne parvenons pas à terminer la soupe, malgré sa saveur certaine. Le lendemain, nous l’allongerons de lait de coco et de vermicelles de riz. C’est mieux pour nous, pauvres farangs que nous sommes…

Hot ones 
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Bangkok est traversée par un fleuve, le Chao Praya. Pour se déplacer en ville, on peut opter pour les classiques métros ou taxis mais le bateau sera notre option préférée. Le Chao Praya fait en effet office de transport urbain fortement emprunté tant par les habitants que les touristes. On peut monter dans une des lignes de bateaux-bus reconnaissables à la couleur de leur drapeau ou dans les bateaux-taxis qui sont des petites embarcations tout en longueur.

Autre particularité : chaque quai est différent car son style s'adapte au quartier.

Le quai du quartier des expats
Le quai de la gare maritime 
Le quai de Chinatown 
Le quai privé d'un hôtel 
Un quai militaire 

Depuis le fleuve, nous admirons, confortablement installés, les temples rivalisant de beauté, les buildings luxueux, les maisons sur pilotis… Chaque trajet est en soi une visite.

Nos lecteurs habituels vont croire que l’on radote, mais on préfère ce mode de déplacement au métro parisien. Et puis, c’est plus rapide que la circulation routière. Cette dernière est assez chaotique à Bangkok. Quelques règles : ici on roule à gauche ; les piétons ne sont jamais prioritaires ; la priorité à droite n’existe pas et les scooters semblent imperméables au code de la route.

Un, deux, trois, partez ! 

Même après plusieurs jours dans le pays, nous avons encore du mal à savoir où regarder au moment de traverser aux passages piétons : ce n’est pas du tout instinctif pour nous de tourner la tête à droite d’abord.

Une promenade de santé...
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Une matinée est consacrée à la visite d’un musée original : celui des barges royales. Quelques embarcations sont exposées sous un gigantesque hangar en bordure du Chao Praya. Pour nous y rendre, nous traversons un quartier populaire tout en ruelles, canaux et ponts. C’est une nouvelle plongée dans un Bangkok discret et authentique.

Au passage, Marion fait un bond en apercevant son premier varan, un beau bébé de deux mètres (tout de même) qui disparaît avec une agilité étonnante dans une fissure !

Godzilla !!!

Les barges royales, trop usées, ne naviguent plus de nos jours : leur dernière sortie remonte à 1996 pour la célébration des 50 ans de règne du Roi de l’époque. Une vidéo diffusée sur place permet de se rendre compte de la magnificence de ces embarcations manœuvrées par de nombreux rameurs en tenues traditionnelles aux couleurs vives. Superbe.

Les barges exposées au musée font l’objet de restauration constante pour maintenir leur esthétique. Elles rivalisent de beauté et finesse au niveau des proues sculptées. La plus grande a été taillée dans le tronc d’un seul arbre de teck et mesure 46 mètres. Elle nécessite cinquante rameurs pour se mouvoir. On vous laisse admirer les photos.

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Ce musée est l’occasion de vous parler un peu plus en détail d’une spécificité. Car oui, la Thaïlande est une royauté dans laquelle il est interdit de critiquer le roi, sous peine d’emprisonnement. Ce silence obligé contraste avec les innombrables portraits du roi qui sont affichés partout et tout le temps : le long des routes, dans la rue, les maisons, les restaurants, les temples…

On a même lu dans nos guides qu’il fallait éviter de plier les billets de banque pour ne pas froisser le visage de son altesse, qui figure sur chaque devise. Après quelques semaines passées dans le pays, on peut vous assurer qu’il s’agit d’une légende urbaine : les Thaïlandais ne sont pas aussi précautionneux avec leurs liquidités.

En revanche, le crime de lèse-majesté est malheureusement toujours d’actualité. Début 2024, un jeune homme a été condamné à 50 ans de prison, une peine historique, pour avoir posté sur les réseaux sociaux des messages jugés offensants pour la monarchie.

Le souverain actuel est Vajiralongkorn, proclamé sous le nom de Rama X. Il est membre de la dynastie Chakri, qui règne sur le pays depuis 1782. Le roi est avant tout un symbole : le pouvoir politique est actuellement exercé par une junte militaire.

Rama X ne serait pas très apprécié par son peuple. Il faut dire que son père, Rama IX, avait mis la barre très haut. Ce dernier, adulé voire vénéré, avait régné 70 ans et a propulsé la Thaïlande dans la « modernité », tout en assurant une certaine stabilité malgré les multiples coups d’État. Son fils Rama X, de son côté, se désintéresse visiblement de son propre pays, préférant vivre en Occident dès que l’occasion se présente. Il n’est pas non plus aidé par sa personnalité : il a cinq mariages et quatre divorces au compteur, chose assez perturbante pour la population traditionaliste, et ferait preuve selon certains médias d’une « boulimie sexuelle ». Pendant la crise du Covid, il s’est enfermé dans un chalet en Allemagne, accompagné de vingt « concubines ». De quoi délier les langues des opposants à la royauté, malgré les risques encourus. Sa fortune personnelle est estimée à 66 milliards de dollars, ce qui en fait le souverain le plus riche du monde.

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Kudee Jin est un quartier aux habitations basses regroupées au bord du fleuve. Il est connu pour regrouper plusieurs communautés (portugaise et chinoise notamment) qui co-habitent depuis plusieurs siècles. Les petites ruelles (appelées « sois » en Thaïlande) sont très agréables à parcourir à pied. C’est un mélange de maisons sur pilotis, lieux de culte, promenade au bord de l’eau. Cela donne l’impression d’un petit village.

Kudee Jin est sise sur la rive droite du Chao Praya, appelée Thomburi. C’est le cœur historique de Bangkok. En effet, au XVIIIème siècle, la capitale du royaume d’alors, nommée Ayutthaya, est assiégée par les Birmans, obligeant le Roi à déplacer le centre du pouvoir. Il choisit Thomburi pour y fonder la nouvelle capitale.

L’appui des Portugais installés au Siam dans le conflit avec les Birmans fut récompensé par le Roi. Le souverain thaïlandais offrit aux Lusitaniens ce bout de terrain (équivalent grosso modo à Kudee Jin aujourd’hui) et les autorisa à y construire un lieu de culte. Depuis plus de 200 ans, une importante communauté portugaise est ainsi présente dans la capitale. Elle se métisse au fur et à mesure mais quelques aspects ne trompent pas. Nous le rappellent quelques azulejos, les gâteaux Kanom farang Kudee jin (spécialité à base d’œufs, de sucre, de farine et de raisins secs) vendus partout et surtout l’église de Santa Cruz. Édifiée dès 1770, elle fut malheureusement détruite. L’église actuelle, visible depuis le Chao Praya, date de 1913.

Pourquoi une telle présence portugaise nous demanderez-vous ? Et bien, avec Vasco de Gama, les Portugais sont les premiers Européens à ouvrir une nouvelle voie commerciale dans le sud-est asiatique. Très vite après leur prise du détroit de Malacca, ils installent une ambassade dans le royaume du Siam (l’ancien nom de la Thaïlande). Leur présence dans le pays date de 1511 ! Suivirent ensuite les Hollandais, les Anglais, les Danois et enfin les Français. Nous parlons bien ici de présence dans un but commercial et non de colonisation. La Thaïlande est en effet connue pour n’avoir jamais été colonisée, à l’inverse de nombreux autres territoires aux alentours…

Les commerçants chinois vinrent également s’installer dans le quartier et participèrent à la création de la nouvelle capitale. En témoigne un très joli sanctuaire nommé Kian Un-Keng, le plus vieux temple chinois de Bangkok. Fondé par des Chinois Hokkiens (province de Fujian), il est géré par la même famille de génération en génération. Sa façade, très belle, donne une impression d’authenticité qui peut contraster avec certains autres temples chinois très chargés de babioles kitchs. Surtout, il s’en dégage une grande sérénité.

Autre édifice qui attire l’œil : une demeure construite par un riche marchand britannique. La maison semble désormais à l’abandon, espérons qu’elle sera conservée.

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Bangkok est réputée pour ses marchés flottants. Cependant, au dire des guides et des voyageurs, beaucoup sont devenus des attrapes-touristes vidés de leur substance. Nous prenons donc le temps de nous renseigner pour trouver un marché encore authentique. Direction celui de Lat Mayom au sud-ouest de la capitale. Le marché s’étale au bord d’un petit canal (les canaux en Thaïlande sont appelés « khlongs »).

Actif uniquement les week-ends, il est très fréquenté par les habitants de la capitale qui viennent y faire leurs emplettes et surtout s’y restaurer car la qualité des produits est très reconnue. À peine arrivés que nous sommes transportés dans un autre univers. Nous avions vu beaucoup de marchés typiques en Amérique du Sud mais ici le canal ajoute un cachet certain. Les stands s’étalent des deux côtés d’un khlong, ralliés par des petits ponts.

Par endroits, quelques barques vendent leurs marchandises directement sur l’eau. La partie « flottante » reste toutefois minime. Pourtant la magie opère. Le cadre joue pour beaucoup mais aussi l’ambiance bon enfant. Les familles se promènent tranquillement et dévorent les spécialités, installées au bord de l’eau.

Au milieu des fruits, légumes, viandes, poissons, fruits secs et gâteaux, on trouve quelques stands de vêtements ou d’artisanat et même des salons de massage ! Les stands de nourriture dominent et embaument le marché d’une profusion d’odeurs. Moules farcies, brochettes de viandes, fruits de mer frais, gâteaux multicolores, sushis, etc. créent une mosaïque de formes et de couleurs variées.

Après s’être imprégnés de cette atmosphère particulière, nous partons en bateau pour une petite balade sur les khlongs alentours. C’est une autre Bangkok qui se dévoile : un dédale de canaux abritant des maisons sur pilotis sommaires en bois ou en tôle. Nous sommes frappés par la végétation très présente, donnant des airs de campagne au quartier.

Le bateau, tout en longueur, est piloté d’une main de maître. Certains virages exigent des manœuvres assez complexes pour passer à travers les minuscules canaux. C’est ainsi que nous arrivons devant un temple où nous débarquons pour une vingtaine de minutes. Le tour du lieu de culte est vite fait mais fort agréable car il combine une ambiance sereine au niveau du temple principal et une agitation relative au niveau de l’entrée où des vendeurs ambulants s’activent.

Direction ensuite une ferme aux orchidées pour une petite visite. Les fleurs sont sublimes. Elles nous semblent énormes et toutes en pleine forme ! On vous laisse juger par vous-mêmes.

De retour au marché après cette heure sur l’eau, nous retrouvons la foule. C’est l’heure du déjeuner et les tablées sont désormais bien remplies. Après avoir refait un tour des stands, nous portons notre dévolu sur un excellent pad thaï, accompagné d’une courge japonaise farcie à la crème d’œuf. Et pour le dessert, nous avons acheté des crêpes fourrées. Quand Marion a demandé la composition au vendeur, on lui a répondu qu’il s’agissait de noix de coco râpée. Pourtant, le premier croc a un goût saugrenu : ça sent la mer. En regardant mieux, on se rend compte que la garniture est en réalité composée de dizaines de crevettes minuscules, cachées dans les bouts de noix de coco ! Voilà de quoi être un peu surpris…

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Aujourd’hui, direction Talat Noi, petit quartier encore peu connu. Dans la plupart des guides touristiques, il ne figure pas ; ce sont des recherches sur Internet qui nous ont appris son existence. Ici l’urbanisation n’a pas encore frappé. L’atmosphère y est donc paisible. On déambule dans un véritable dédale de ruelles particulièrement étroites, donnant au tout un air de village. Il se dégage de ce quartier si particulier un charme fou. La balade dans ses étroits boyaux nous fait alterner rues décorées de street art, quais au bord du Chao Praya, temples chinois et maisons brinquebalantes mangées par la végétation.

Les édifices nous en disent plus sur l’histoire du lieu. L’église de Saint Rosaire, fondée par des Portugais au XVIIIème siècle, rappelle que ces derniers furent les premiers occupants du quartier.

Les ruelles sont surtout remplies de maisons basses aux façades décaties. Beaucoup sont des shophouses, ces bâtiments à deux étages qui rassemblent magasins au rez-de-chaussée et habitations ou bureaux à l’étage. Ils sont le symbole de la présence historique de commerçants chinois.

Outre les shophouses, plusieurs autres édifices nous plongent dans un autre temps. Le sanctuaire chinois de Chao Rong Kuak fait face au fleuve. Construit il y a plus de cent ans, le rouge égaye sa façade un brin patinée.

Plus loin, nous buvons un bon jus au cœur de la splendide maison So Heng Tai, fondée par une famille originaire du Sichuan. Elle fit fortune dans le commerce de la soie et d’autres produits en provenance de sa Chine natale et établit ici-même sa demeure à la fin du XVIIIème siècle. Depuis lors, la maison n’a rien perdu de sa superbe. Bien conservé, le lieu est d’une sérénité incroyable. La cour centrale abrite une piscine qui fait depuis quelques années office de centre de plongée. Étonnante reconversion, non ?

Le quartier de Talat Noi ayant accueilli le premier port de la nouvelle capitale, les immigrants s’y installèrent au fur et à mesure. Outre les premiers habitants portugais et chinois, on trouve aussi une forte présence de Vietnamiens et de Khmers.

Alors que nous marchons le nez au vent de sois en sois, nous tombons sur le quartier des ferrailleurs. Des pièces détachées jonchent les trottoirs. Culasses, courroies, pistons ou autres s’entassent dans un chaos qui paraît organisé. Ces ateliers mécaniques sont célèbres pour leurs pratiques de recyclage. Certains forgent et reforgent d’anciennes pièces. Nous sommes immédiatement replongés dans nos aventures mécaniques vécues en Amérique du Sud avec notre vieux combi… Une Fiat 500, toute rouillée, trône au pied d’un joli arbre décoré de rubans colorés. Olinda aurait pu se faire une copine ici !

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Nous poursuivons notre visite de la ville en parcourant le célèbre quartier de Chinatown. Dès nos premiers pas, nous sommes happés par l’agitation permanente qui y règne. C’est une succession ininterrompue de bazars, de friperies, de bijouteries ou de gargotes. Des boutiques mystérieuses, au détour d’une ruelle, semblent vendre aussi bien des idoles traditionnelles que des potions ou des babioles en plastique. Le long des boulevards, les panneaux publicitaires omniprésents sont évidemment écrits en mandarin. Et quel bruit, partout et tout le temps. C’est une véritable ruche qui semble ne jamais s’arrêter.

Nous sommes bien contents de faire une pause dans toute cette frénésie pour le déjeuner. Au milieu d’une ruelle plus tranquille, nous nous attablons pour déguster quelques spécialités pimentées.

Direction ensuite le temple de Leng Noi Yee. Il s’agit visiblement d’un ancien sanctuaire chinois, toujours ardemment fréquenté. La décoration, très chargée, fait un peu kitsch. C’est une accumulation de lampions, d’icônes de divinités et d’autels cossus. Des fidèles, chinois ou sino-thaïs, s’adonnent frénétiquement à leurs dévotions. Décidément, Chinatown possède une ambiance bien particulière.

Les aventures de Canard laqué et Porc au caramel 
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Bangkok est parsemée de centaines de temples. Si vous ne verrez pas les plus célèbres dans ce carnet, nous allons quand même vous gratifier de quelques beaux monuments. Commençons donc par le Wat Kalayanamitr. Ce dernier a été construit en 1825 par un ami du Roi, à la gloire de ce dernier. Il présente la particularité d’avoir été bâti par une main-d’œuvre chinoise, abondante dans le quartier. L’influence se ressent sur l’architecture (statues de guerriers chinois) et les pratiques (encens abondant). À l’intérieur, un énorme Bouddha doré trône majestueusement. Ce Wat dispose également de la plus grosse cloche de Thaïlande. On a même le droit de taper dedans ; les vibrations se ressentent dans tout le corps !

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Quelle bonne occasion pour vous glisser quelques mots sur le bouddhisme. Une introduction rapide est nécessaire, tant ce dernier imprègne les pays que nous allons visiter. Le bouddhisme est très difficile à comprendre pour les Occidentaux, car il n’entre dans aucune définition de notre champ lexical : ce n’est pas vraiment une religion, ni une philosophie, ni une spiritualité.

Le bouddhisme trouve sa source dans l'expérience d’un prince indien, Siddhartha Gautama, qui atteint un « éveil » au Vème siècle avant J.C. Il aurait compris certaines vérités sur l’existence, ces dernières devant mener à une « libération » qui met fin au cycle des réincarnations terrestres, et par là-même à la souffrance de la condition humaine. Gautama devient alors le Bouddha, « l’Éveillé », et passe le reste de sa vie à enseigner le fruit de son expérience.

Nous aurions vraiment du mal à entrer plus dans les détails en quelques lignes, et vous n’êtes pas là pour un exposé. Sachez juste qu’aujourd’hui, le Bouddha fait l’objet d’une vénération. Des millions de temples parsèment l’Asie et ses préceptes sont complétement incorporés dans la vie quotidienne des populations locales. Ce serait aujourd’hui la quatrième « religion » en nombre de pratiquants, derrière le christianisme, l’islam et l’hindouisme.

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Nous n’avons malheureusement pas retenu les noms des autres petits temples sur lesquels nous sommes tombés au cours de nos balades. Quelques photos leur rendront hommage plus que nos mots.

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Nos trois jours à Bangkok sont terminés et il est temps de quitter la capitale. Temples à foison, quartiers historiques, nourriture de rue savoureuse, balades sur le fleuve… cette ville est vraiment agréable et variée. Nous sommes autant emballés que lors de notre première visite il y a cinq ans.

Ainsi s’achève la première semaine de notre nouvelle aventure. Prochaine étape : le parc naturel de Khao Yai, ses randonnées, ses cascades, ses singes… et ses éléphants !