Lundi 2 décembre 2019.
Ce matin, JM, Sylvie, René et Martine ont pris la route pour descendre quelques jours plus au sud, à Tarfaya.
Ils sont contents de bouger, et moi aussi.
La sortie de El Ouatia n'a rien d'extraordinaire : l'asphalte deroule spn ruban sur une centaine de kilomètres pour rejoindre Tarfaya.
Par contre , les traversées d'oueds sont magnifiques.
Un oued est une vallée ou un ravin délimité par des falaises rocheuses ou sablonneuses, de hauteur variable, et qui, à la saison des pluies, devient un cours d'eau au débit plus ou moins violent.
Traversée des trois oueds : Chbika, Ma Fatma et En Ouaar.Les côtes Atlantiques étaient déjà connues des marins commercants Phéniciens. C'est l'introduction des dromadaires au début de l'ère chrétienne qui permit de renouer des contacts commerciaux avec l'Afrique subsaharienne, suite à l'intense désertification du Sahara, amorcée dès le 3ème millénaire avant JC.
La route N1 suit le littoral au plus près, longeant les plages de sable bordées de falaises parfois impressionnantes.
Une côte très déchiquetée.Puis, ils arrivent au "gouffre du diable ". C'est une immense grotte à l'intérieur de laquelle la mer, depuis des millions d'années, a creusé une galerie dans le calcaire friable de la falaise. L'océan vient s'y engouffrer en faisant un bruit assourdissant. "Le trou du diable" fait entre 25 et 30 mètres de diamètre, et autant de profondeur.
Le "Trou du diable"
Les falaises autour sont magnifiques !
Autour du gouffre..Ils décident de rester là pour le repas de midi.
Au fond, la station radar pour les bateaux.Puis ils reprennent la route jusqu'à la ville proche, Akhfennir. Là, ils font une petite promenade digestive. Akhfennir est une petite bourgade typique du Sahara marocain. A la belle saison, les surfeurs viennent pratiquer leur sport favori sur les plages où déferlent les rouleaux.
Akhfennir.Un petit demi-tour car ils ont loupé l'entrée du parc tant la piste est petite et ensablée et la lagune de Naïla dévoile sa beauté sauvage et préservée.
Le parking surplombe l'eau.
Quelques barques de pêcheurs. Ce site est un véritable éden pour les flamants roses, les échassiers et de nombreux oiseaux migrateurs.
Et des oiseaux que JM, Sylvie, René et Martine se font un plaisir d'observer avec les jumelles et de photographier...
En se promenant au bord de l'eau, ils découvrent une source.
Ils viennent ensuite boire un thé à la menthe dans le camping-car puis chacun rentre chez soi pour la soirée qui s'annonce bien calme... Seule une petite averse vient troubler la soirée...
Mardi 3 décembre 2019.
Après une grosse averse en début de nuit et quelques rafales de vent, le temps est redevenu beau ce matin.
Peut on rêver d'une plus belle vue au réveil ?Ce matin, je les vois partir tous les quatre pour une petite marche à la découverte de la lagune, côté mer.
Appareils photos, jumelles, lunettes de soleil...La lagune de Naila est un véritable bras de mer, long d'une vingtaine de kilomètres, qui s'appuie à l'ouest sur des dunes vives et à l'est sur une falaise de grès, très friable.
Dunes de sable et falaises de grès déchiquetées.Sur le haut des falaises, un village de pêcheurs et un poste de police.
Présence humaine.Ces falaises ne sont pas hautes et dominent la lagune.
En bas la lagune, au fond le désert. Les dunes de sable qui s'étirent jusqu'à la mer représentent un milieu austère. Pas de traces d'habitation ou de tentes de nomades, rien que les déchets laissés par les pêcheurs.
Mais ces dunes offrent des paysages somptueux...
On se croirait dans le désert !Ils veulent aller jusqu'à l'océan et descendent sur la plage.
Sable et eau....Ils observent les oiseaux, les plantes, les nuages, les coquillages, les vagues, prennent de nombreuses photos...
Une cistanque...Lorsqu'ils reviennent aux camping-car, un pêcheur leur propose de la lotte et quelques bars.
Belle pêche !Comment résister et laisser passer l'occasion de compléter cette balade en faisant un repas de poissons direct producteur-consommateur entre amis.
Bon appétit les amis !Après le café, des "filles" s'invitent...
Allez JM, au travail !Les chèvres se promènent ensuite autour des camping-car.
Coucou les biquettes !Mercredi 4 décembre 2019.
Ce matin, tout le monde se prépare à faire une autre balade sur les dunes, comme celle d'hier, mais de l'autre côté de la lagune. Mais au dernier moment, JM préfére rester avec au camping-car, car il a mal au dos.
Quelle palette de couleurs !René, Martine et Sylvie sont ébahis par ces paysages changeant à chaque pas : le soleil, les nuages...
Rencontre du désert et de l'océan. D'un côté, des falaises très découpées, en face des dunes de sable, et au milieu, l'eau.
Une mosaïque de couleurs !Aucun bruit ne vient troubler les appels des oiseaux : flamants roses, goélands bruns et argentés, gravelots....
Même les barques des pêcheurs glissent silencieusement sur l'eau.
Écoutez le silence !Encore quelques photos pour le plaisir des yeux....
Une lagune paradisiaque....En revenant aux camping-car, JM avait préparé de la lotte achetée aux pêcheurs.
Ils ont pris leur repas ensemble puis ont rangé les véhicules. En route pour Tarfaya, petite ville à une centaine de kilomètres plus au sud.
En reprenant la route N1, ils passent à l'extrémité de la lagune.
La lagune franchie, la nature change de visage. Les regs cèdent la place à de vieux lacs salés asséchés, les sebkas, agréablement entourés de dunes.
Marais salants, ou sebkas.Puis la conduite des véhicules devient difficile : la route rétrécit à cause des dunes de sable qui envahissent la route.
Des postes de police jalonnent la plage tous les kilomètres.
Entre les postes, des pêcheurs ont installé leurs tentes et leurs cabanes de fortune.
Ici, le littoral est réputé pour ses richesses poissonneuses, en raison de l'absence totale de bateaux de pêche dans les eaux côtières de cette région car elles sont inaccessibles aux navires en raison des roches et des vagues très fortes.
L'abondance de poissons et principalement la lotte et la courbine (ou maigre) attire les pêcheurs du monde entier. Ce poisson peut atteindre jusqu'à 50 kg.
Les falaises hautes de plus de 30 mètres, dominent les eaux tumultueuses. Les pêcheurs descendent dans des "balcons" rocheux naturels.
Ils procèdent sur place à la vente de leur prise soit pour les restaurants sur place, soit aux populations locales, soit aux touristes de passage.
Sans magasin, sans étal, ces équilibriste de la pêche échangent du poisson contre du ravitaillement car ils occupent ces campements sommaires durant plusieurs semaines.
Pêcheurs et pêche. Ils arrivent à Tarfaya.
JM s'arrête à une stations-service où le gasoil est détaxé : 8.33 dh le litre, soit 83 centimes d'euros !
Tarfaya n'est pas une jolie ville, mais au moins ils peuvent faire le ravitaillement en eau à l'usine de glace.
Chacun son tour !Ils ne sont pas seuls au robinet !
Souvent soumise à des vents parfois violents, Tarfaya est fréquemment ensablée. Des moyens sont employés pour lutter contre cette nuisance naturelle.
La ville en elle-même ne présente pas grand intérêt. Elle reste peu fréquentée par les touristes qui y trouvent seulement quelques services et de rares hébergements.
Parking au bord de la plage.Ils font un tour, mais l'endroit ne leur plaît pas. Tout est sale et à l'abandon. Des magasins tout neufs, construits depuis quelques années n'ont jamais ouvert. Le sol est jonché de détritus. Le sable envahit la ville petit à petit.
La plage.
Belle plage mais pleine de détritus.Depuis la plage, entre les vestiges de la casa del mar, érigée par les anglais, les îles Canaries, à une centaine de kilomètres, émergent parfois dans les brumes océanes.
La Casa del Mar est un ancien comptoir commercial construit par un anglais, en 1876.
A quelques mètres, sur la gauche, se trouve un autre fort où les anglais avaient l'habitude de faire leur commerce pendant la journée. Ils venaient s'abriter pour la nuit à la Casa del Mar, nommée à l'époque "Porte Victoria", pour des raisons de sécurité.
En 1895, Elle a été rachetée par le roi Hassan 1er qui l'a offerte à la population locale pour marquer la fin de la présence anglaise à Tarfaya.
En 1916, l'Espagne entame son entreprise coloniale dans la ville et utilise le fort comme port, puis comme prison.
Tarfaya redevient marocaine en 1958. Depuis la Casa del Mar est délaissée.
La Casa del Mar. L'ancienne caserne espagnole, reprise en 1958 par les Forces Armées Royales.
L'ancienne caserne. Tarfaya fut désignée comme escale régionale de l'aéropostale.
Le lieu accueillit Saint Exupéry, aviateur et écrivain, qui y prit ses fonctions de 1927 à 1928, en tant que Chef d'escale.
Au cours de ces années de quasi solitude, l'écrivain rédige le célèbre "Courrier du Sud". Il accueille et dépanne les pilotes de la ligne et négocie en 1927 la libération des pilotes détenus par des tribus sahariennes rebelles.
Le musée Saint Exupéry dédié à l'aéropostale fut fondé en 2004. Il propose une série de documents qui témoignent de cette aventure sur la toute première ligne aérienne Toulouse-Saint Louis du Sénégal.
L'aventure de l'aéropostale.Encore quelques photos de Tarfaya.
Dernières images de Tarfaya.En sortant de Tarfaya.
Les maisons du quartier pauvre à la sortie de la ville. Ils refont la route en sens inverse.
Ils aperçoivent au loin le plus grand parc éolien d'Afrique, qui a été mis en service à Tarfaya, en 2014. Il s'étend sur 8900 ha et fournit l'électricité à environ 1,5 million de foyers.
Sur la route du retour à la lagune.Jeudi 5 décembre 2019.
Il a plu une bonne partie de la nuit et ce matin le sol est détrempé.
JM est toujours bloqué avec son dos. René, Martine et Sylvie décident d'aller se balader sur la falaise, côté embouchure de la lagune.
Sylvie est à la recherche dune ancienne tour, seul vestige de l'occupation préhistorique du site. Aussi regardent-ils avec plus d'intérêt toutes les constructions sur la falaise.
Quelques constructions qui n'ont rien de préhistorique ?Ils s'en mettent plein les yeux.
Un paysage à couper le souffle !Le vent sculpte des plantes dans le sable...
Sculptures fragiles.La pluie de cette nuit a durci le sable et ils peuvent aisément marcher sur les dunes.
"Parler du désert, ne serait-ce pas, d'abord, se taire comme lui..." Théodore Monot Lorsqu'ils redescendent, ils ont remarqué, un peu plus loin, ce qui leur semble une ruine.
Ils s'en approchent.
Vestiges d'une autre civilisation ?Le sol est recouvert d'une couche de coquillages cassés, écrasés. Des huîtres fossilisés, des cailloux aux formes bizarres, un éclat de silex qui semble taillé...
Des indices ?En escaladant la colline, une idée s'impose à eux : cette colline est un immense cimetière !
Des tombes seules, d'adultes et d'enfants, ou des tombeaux de familles entières....Ils ont d'abord pensé à une nécropole, puis au cimetière de tout un village ? Ou d'une tribu ? Maladie ? Bataille ?
Ils ont découvert une plaque en inox près d'une tombe. Sylvie s'est servie des connaissances marocaines d'une amie, Corinne , pour faire traduire cette plaque.
Les Toubalt appartiennent à la tribu des Chorfa qui a participé à la Marche Verte.
La Marche Verte est une grande marché pacifique partie du Maroc le 6 novembre 1975 vers le Sahara Espagnol (aujourd'hui Sahara Occidental), lancée par le roi Marocain Hassan II. Son but était de le récupérer, le considérant comme faisant partie du Sahara marocain. 350 000 marocains répondent à l'appel de leur roi, dont de nombreuses tribus sahariennes. Ils partent de Tarfaya désarmés mais portant chacun un Coran et le drapeau marocain. Ils sont encadrés par 20 000 soldats des Forces Armées Royales.
Trois jours ont suffi pour que l'objectif soit atteint.
La Marche Verte. Sylvie n'a pas fait de recherches plus approfondies sur cet événement. Y a-t-il eu des victimes ? Des combats ?
Toujours est-il qu'il est fort probable que ce cimetière soit celui de la tribu Toubalt El Khalayik...
Ils reprennent leur promenade jusqu'à un ancien poste de police, abandonné, ensablé, vidé de tout objet, sauf...
Juste une enveloppe trouvée dans une pièce. Ils reviennent aux camping-car en traversant le village de pêcheurs.
Hum, que c'est bon !Après le repas de midi, JM et Sylvie décident de rentrer à El Ouatia préparer le retour de Sylvie en France (problèmes familiaux). René et Martine choisissent de rester ici jusqu'à demain.
La route du retour.