Avant 1892 et l'ouverture d'Ellis Island comme centre de réception des immigrés à New York, le débarquement des voyageurs se faisait à Fort Clinton ou Castle Clinton, à l'extrême sud de Manhattan (aujourd'hui dans Battery Park), au grand désespoir des habitants qui se plaignaient de la situation, imputant nombre de maux aux nouveaux arrivants. Ellis Island s'appelait Fort Gibson et était une place militaire qui faisait partie du système de défense de la ville contre la flotte britannique. L'île apparut alors comme une meilleure solution, permettant d'isoler les migrants avant leur acceptation aux États-Unis et d'éviter les évasions. Originalement appelée Little Oyster Island (île de la petite huître), on la nomma Ellis Island en référence à Samuel Ellis, colon venant probablement d'Écosse, qui en fut son propriétaire dans les années 1770, avant son rachat par l'État de New York.
Les bâtiments du centre d'immigration d'Ellis Island ont été créés par les architectes Edward Lippincott Tilton et William A. Boring qui reçurent une médaille d'or à l'exposition universelle de Paris en 1900 pour le design du bâtiment principal.
Le centre fédéral d'immigration ouvrit le 1er janvier 1892 et fut fermé le 12 novembre 1954 après le passage et l'inspection de plus de 12 millions d'immigrants par le bureau d'immigration des États-Unis. Durant les 62 années d'activité, plus de 8 millions d'immigrations furent enregistrées localement par l'administration de l'État de New York au Castle Garden Immigration Depot à Manhattan.
1907 fut l'année la plus active à Ellis Island avec l'arrivée de 1 004 756 immigrants. Le 17 avril de cette année-là vit l'arrivée de 11 747 immigrants.
Ceux qui présentaient des signes de maladies étaient renvoyés dans leur pays (cas extrême) ou mis en quarantaine sur l'île pour une très longue période. Par la suite, les immigrants se voyaient poser une série de 29 questions incluant leur nom, leur métier et la quantité d'argent qu'ils avaient sur eux.
Généralement, ces immigrants étaient acceptés immédiatement et ne passaient que 3 à 5 heures sur l'île. Cependant, plus de 3 000 immigrants moururent à l'hôpital. Certaines personnes furent également refoulées, car on considérait qu'elles risquaient de rester chômeurs. Environ 2 % des arrivants virent ainsi leur admission aux États-Unis rejetée et furent renvoyés dans leur pays d'origine pour diverses raisons telles que leur santé ou leur passé criminel. Ellis Island était souvent surnommée The Island of Tears (l'île des pleurs) ou Heartbreak Island (l'île des cœurs brisés) à cause de ces 2 % qui n'étaient pas admis après leur long voyage.
L'auteur Louis Adamic (1899-1951), venu de Slovénie en 1913, décrivit la nuit qu'il avait passée à Ellis Island. Lui et plusieurs autres immigrants dormirent sur des lits dans un long corridor. N'ayant pas de couverture chaude, le jeune homme ne put dormir de la nuit, entendant les ronflements et plusieurs rêves se passant dans différentes langues. Il décrit aussi une cuisine tellement grande qu'elle pouvait accueillir 1 000 personnes.
Durant la Première Guerre mondiale, le sabotage allemand du dépôt de munitions Black Tom Wharf endommagea les bâtiments d'Ellis Island. Durant la guerre, l'île fut utilisée pour interner des marchands allemands et autres ennemis de guerre ainsi que comme un centre pour aider les soldats américains blessés et malades à leur retour du front européen. Ellis Island reçut également plusieurs dizaines de milliers d'immigrants par an durant cette période, soit beaucoup moins qu'avant guerre. Après celle-ci, le nombre remonta au niveau d'avant-guerre.
En 1917, des modifications des règles d'entrée limitèrent les flux migratoires. Un test d’alphabétisation fut mis en place.
Après 1924 et les lois sur les quotas d'immigration de Johnson-Reed, qui diminuèrent considérablement l'immigration et transférèrent aux ambassades le rôle de choisir les futurs arrivants, le centre devint un lieu de détention et d'expulsion pour les étrangers indésirables. Les quotas portèrent sur 17 000 Irlandais, 7 500 Britanniques, 7 400 Italiens et 2 700 Russes. La crise de 1929 réduisit encore le nombre d'immigrants, passant de 241 700 en 1930 à 97 000 en 1931 et 35 000 en 1932. Au même moment, Ellis Island devint un centre de détention pour les expulsés vers leurs pays d'origine : dissidents politiques, anarchistes, chômeurs. Les expulsés furent 62 000 en 1931, 103 000 en 1932 et 127 000 en 1933.
Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, Ellis Island servit de base d'entraînement aux garde-côtes et de camp pour les prisonniers de guerre. Environ 7 000 Allemands, Italiens et Japonais furent détenus sur l'île.
La loi sur la Sécurité interne de 1950 interdit aux membres des organisations communistes et fascistes d'immigrer aux États-Unis. Plusieurs d'entre eux furent détenus à Ellis Island jusqu'en 1952, date à laquelle plusieurs lois furent changées.
En novembre 1954, Ellis Island fut finalement fermée et inscrite au patrimoine. L'île figure sur le registre national des sites historiques américains. Aujourd'hui, elle abrite un musée accessible par bateau depuis le Liberty State Park de Jersey ainsi que depuis Manhattan.
(wikifriendly)
Informations Visites : Voir articles sur Liberty Island. L'entrée du musée est sans supplément, et l'audio guide (compris dans le prix) est assez intéressant !