Plus exactement nous allons parcourir la semelle, puis le talon et remonter la côte Adriatique.
Depuis notre départ de Reggio de Calabre nous avalons les milles. Nous arrivons à notre étape de Spropolo. Mouillage tranquille. Les roches sur le rivage ont des formes curieuses.
Le samedi 19 aout au matin, pas un poil de vent. La météo annonce du vent vers midi. On en profite pour faire de l'eau avec le dessalinisateur. Prochaine étape Rocella Ionica. Nous laisserons passer les plages bondées pour s'arrêter finalement à Favaco. Le mouillage n'a rien d'exceptionnel; petite plage à côté d'un camping. Pour l'instant la côte n'a rien s’enthousiasment. La nuit sera calme avec une petite houle mais face au vent donc pas gênante. Etape suivante, on ne chôme pas, La Castella, 40 MN. J'avais prévu de récupérer Alexandra au port de La Castella mais avec mes 2m30 de tirant d'eau, je ne rentre pas dans le port, de plus Alexandra arrive à Crotone et là, il y a une marina. Nous allons faire une halte dans la baie de La Castella . Sur le trajet nous avons enfin la compagnie de quelques dauphins. C'était à désespérer, depuis notre départ de St Tropez, quasiment aucune rencontre. Claire se précipite ...
Nous arrivons au mouillage en fin de journée et les quelques bouées sont prises. Il nous reste à mouiller parmi les rochers. Tant pis, nous verrons bien demain.
Réveil vers 6h00 par un fort vent. Je plonge pour voir l'ancre, elle n'est pas coincée par contre la chaîne se ballade entre les rochers. Il y a gros à parier que nous allons coincer la chaîne en remontant sauf à suivre gentiment le cheminement en la remontant. Aussitôt dit aussitôt fait ! Sauf qu'à la fin, une rafale à brusquement repoussé le bateau et l'ancre s'est joyeusement plantée sous un rocher. Et m....
Je plonge pour voir l'état et effectivement tout mouvement de l'ancre vers le haut est inutile. Je prends un cordage et le noue sur la base de l'ancre, heureusement que nous n'avons pas 10 m de fond mais la moitié. En tirant horizontalement l'ancre est suffisamment dégagée pour nous permettre de la relever.
Nous aurons 20 à 25 kts de vent de face, la remontée sera difficile mais en milieu d'après-midi nous sommes à la marina de Crotone plus exactement au Yachting Crotone Club, s'il vous plait ! Les gens sont très sympa. Nous récupérons Alexandra qui nous a fait quelques courses, elle arrive chargée comme un mulet.
Nous faisons connaissance et tout de suite nous la mettons dans le bain avec une question : "Te sens-tu prête à démarrer dés demain matin 7h00 par une traversée de la botte de 71MN avec 20 à 30Kts de vent ?" Pas de soucis, en fait Alexandra a un petit voilier et n'ait pas du genre à se laisser intimider...
Le 22 aout 2023 à 7h00 nous mettons les voiles. Le vent est bien là mais ces dames tiennent bon la barre et le flot !
Nous traverserons à 90% à la voile et à 7 kts de moyenne. Nous jetterons l'ancre dans l'avant port de Santa Maria Di Leuca à l’extrême pointe sud-est de l'Italie.
Nous sommes le 23 aout et après une bonne nuit de sommeil, il nous faut repartir mais Bari semble encore bien loin en regard des prévisions de vent pile dans l'axe de notre route. Ca va être compliqué d'être à Bari le 25/8. Nous commençons à évoqué une solution alternative.
Prochaine étape San Foca où j'ai réservé une place à la marina. Nous longeons la côte jusqu'à Otrante en faisant un peu de voile mais ensuite impossible, ce sera moteur jusque San Foca que nous atteignons vers 18h.
Nous y arrivons en fin de journée. La météo s'est compliquée et les prévisions pour le 24/8 ne sont pas bonnes, coup de vent. Là s'est plié. Mais Claire s'est organisée pour prendre le train à Lecce puis nuit à Bari pour prendre son avion à temps. Nous louons une voiture et déposons Claire à la gare après une petite visite et un déjeuner à Lecce.
Avec Alexandra nous sommes partis ensuite visiter Galipoli et Otrante. C'est très compliqué en voiture pour se garer et comme nous n'avions pas beaucoup de temps nous avons fait un rapide tour. En passant devant une chapelle en bord de mer, où la cérémonie d'un mariage venait de se terminer, nous nous sommes vu offrir de belles roses, en fait la tradition veut que les fleurs soient offertes aux gens de passage qui peuvent se servir, Alexandra ne s'est pas fait prier.
Nous mettons le cap sur Brindisi qui n'est, pour moi jusque là, qu'un port de ferry, immense d'ailleurs. En fait il y a plusieurs ports et marinas qui se succèdent durant 2,5 MN (4,5km pour les non initiés) avant d'enfin arriver sur la ville.
Une fois au fond, il est permis de s'amarrer directement au pied de la vieille ville et devant la promenade. La complexité réside dans la protection du quai faite pour les gros yachts, un ingénieur a trouvé utile de mettre ceci :
En groupant plusieurs pare-battages, ça doit le faire !
Nous nous approchons du quai et là un monsieur nous explique qu'ils attendent de grandes unités car, parait-il, ça attire le public de gros yachts devant la vieille ville. Pas le genre de chose que j'apprécie mais l'homme me parait intelligent et au lieu de nous jeter il court nous montrer où nous pouvons nous mettre, 200 m plus loin, pas de quoi se révolter. Il nous aide même à nous amarrer.
Puis c'est l'heure du bricolage, je dois reconnaître que nous avons été inspiré par un navigateur sur Navily. Nous avons quelque peu modifier la structure et nous nous y sommes repris à plusieurs fois car quand les bateaux et autres ferry passent à proximité, les remous sont tels que notre installation a dû être peaufinée.
Mais bon, nous y sommes et plus près de la vieille ville, tu fais pas !
En fait la vieille ville est vraiment sympa avec son dédale de ruelles aussi étroites que jolies. Nous irons déjeuner dans un restaurant atypique :
Nous resterons une nuit de plus et je me ferai servir à domicile ...
Côté amarrage, nous devrons remettre l'ouvrage sur le métier et améliorer notre technique:
Et là j'ai vu du grand Alexandra: en fait quand nous sommes partis en visite, j'avais laissé l'échelle de coupée, en revenant plus d'échelle. Premier réflexe, on nous l'a dérobée. Puis la fureur passée, je me dis qu'avec les remous des bateaux, elle est peut-être tombée entre le bateau et le quai. Oui mais voilà, pas beaucoup de place. Qu'à cela ne tienne Alexandra met un masque et voit l'échelle. Manque de chance, des remous de bateaux de passage nous la font disparaitre. Et bien, à l'aveugle, Alexandra plonge au ras du bateau et récupère l'échelle. Impressionnante, madame !
Nous sommes finalement bien ici, en face de nous, sur l'autre rive, il y a un parc avec un monument dédié aux marins :
Le dimanche 27 aout, nous partons pour Corvino, un des rares mouillages un peu abrité de cette côte. Nous devrons attendre le départ de la douzaine de petits bateaux pour s'enfoncer dans la baie et profiter d'un meilleur abri. La nuit sera effectivement calme et au matin, un peu d'exercice.
Le mouillage ne casse pas quatre pattes à un canard mais la côte est bien découpée.
Le lendemain la météo prévoit des orages dans la soirée, pour se mettre à l'abri il n'y a que Monopoli, un peu en dessous d'où nous sommes. Ca tombe bien car Alexandra dit que la vieille ville est jolie et Navily nous pointe un amarrage gratuit sur le mole principal. Bémol, il n'y a que deux à trois places avec un fond suffisant.
En arrivant dans le port, il y a déjà trois bateaux. Je fais un tour pour voir si je peux me glisser en quatrième position. Stop, moins de 2m de fond, je ne passe pas. Bien embêtés que nous sommes, nous entendons un des bateaux nous crier quelque chose et en face de nous une personne nous fait des signes. On s'avance et c'est le Chantier Carpentinox qui nous propose une place. Nous acceptons volontiers même si ce n'est pas vraiment une place de rêve car c'est vraiment un chantier !
L'explication viendra plus tard. En fait le bateau qui nous a crié quelque chose d'incompréhensible et qui occupe une belle place sur le mole est un français qui stationne son bateau et ce, depuis des années, au chantier Carpentinox mais devant les conditions météo annoncées, ils ont préférés retarder l'amarrage au chantier d'une nuit car la place est trop exposée. En d'autres termes on se prépare une bonne nuit et effectivement les caissons métalliques du ponton vont nous jouer la sérénade. Nous aurons de beaux éclairs pour agrémenter le tout mais, au moins, nous sommes à l'abri.
Nous ferons la connaissance de Jeff, propriétaire du bateau et de Nicolas, un français vivant ici, son ami et ami du propriétaire du chantier. Il nous propose d'échanger nos places dans la matinée le lendemain. Parfait. Le patron du chantier est très sympa, je négocierai le tarif à l'italienne...
Alexandra propose de visiter les curiosités locales, outre la vieille ville de Monopoli, il y a aux alentours Alberobello et ses Trulli, la grotte de Castellana et la ville de Polignano a Mare. Nous louons un scooter pour l'occasion. Mais nous commençons par Monopoli.
Le lendemain, mardi 29 aout, après avoir échangé nos places, nous récupérons le scooter et nous voilà partis en direction d'Alberobello. Vu le nombre de touriste et les difficultés de stationnement, le scooter s’avérera une excellente solution sans compter le plaisir du 2 roues sur ces routes de campagne.
Alberobello: Capitale des Trulli classés au Patrimoine de l'Humanité par L'UNESCO. Les trulli sont des habitations de pierre sèche construites sans mortier, technique héritée de la préhistoire et toujours utilisée dans la région. Les habitations surmontées de leurs toits pyramidaux, en dôme ou coniques, sont construites avec des galets de pierre à chaux ramassés dans les champs voisins.
Excessivement touristique, la visite vaut le détour.
Nous déjeunerons dans un de ces Trulli puis nous reprenons la route en direction de la grotte de Castellana. Outre l'intérêt culturel du site et sa beauté, la température de la grotte reste stable autour de 16°c, appréciable en ces temps de fortes chaleurs.
Grotte Di Castellana : Elles s’étendent sur 3348 mètres de longueur et atteignent une profondeur maximum de 122 mètres au-dessous de la surface. La visite ne parcours que 1,5 km.
Nous retrouvons la chaleur extérieur pour gagner notre dernière étape du jour la ville côtière de Polignano a Mare.
Polignano a Mare : La vieille ville est perchée sur un piton rocheux creusé de grottes dont la principale est La Grotta Palazzese, un hôtel restaurant de standing occupe les lieux.
Réservé à quelques privilégiés... Nous poursuivons la visite d'une vieille ville agréable avec ses petites ruelles.
Nous rentrons à Monopoli en passant devant notre mouillage de Corvino du 27/8. Vu de la mer cette crique était agréable, vu de la terre c'est derrière une zone industrielle !
Le 30 aout 2023 nous partons pour Bari, j'ai réservé une marina proche de l'aéroport et pas loin du centre, enfin je le croyais. Il nous reste 25 MN à faire et dernière navigation pour Alexandra qui doit s'en retourner travailler.
A 15h00 nous sommes à la marina. Un peu de rangement et c'est l'heure du taxi pour l'aéroport. Je m'aperçois alors que nous sommes dans l'enceinte du port de Bari, encadré par les aires de départs/arrivées des ferries et notamment pour l'Albanie, des dizaines de camion attendent avec leurs chauffeurs. Pas vraiment magique ces grands parkings. Mais le bouquet c'est que les portes d'accès sont situées à chaque extrémité du port, environ 1,5km pour rallier la vieille ville.
Le lendemain, je dois accueillir Patricia en début d'après-midi, ça me laisse la matinée pour aller en ville. Le responsable de la marina m'explique qu'il y a une navette pour la ville toutes les 20mn, Je la prends et fais un tour rapide de Bari.
Bari ne se soustrait pas à la jungle des trottinettes mais pour retourner à la marina, c'est plus pratique et plus rapide.
En début d'après-midi, j'accueille Patricia, ma coéquipière des Antilles qui va m'accompagner pendant le reste du périple de la saison. Après s'être installée nous partons pour une balade en ville. La navette nous fait faux bond, nous resterons 3/4 d'heure à l'attendre, Patricia n'étant pas familière avec les trottinettes. Nous visitons notamment la basilique St Nicolas qui date du XIème siècle. Les locaux ont une ferveur toute particulière pour ce saint mais la crypte accueille aussi nombre de pèlerin.
Le retour se fera à pied car nous ne prendrons pas le bon chemin. Deux kilomètres le long du port, exotique !
Le 1er septembre 2023 nous mettons le cap sur Trani. Notre itinéraire des prochains jours doit nous mener vers le nord jusqu'aux iles Tremiti et de là la Croatie où nous récupérerons une autre équipière connue, Maryvonne.
Nous mouillons derrière la digue nord du port avec une vue magnifique sur la cathédrale et au pied du parc.
Trani est une jolie ville avec de beaux monuments.
Le lendemain nous quittons Trani pour La Cala Del Fico, un mouillage à l'aplomb des falaises du Promotorio del Gargano (la bosse de la côte Adriatique de l'Italie qui termine la région des Pouilles au nord). La météo n'est pas au top, un vent de NE se lève l'après-midi puis vire au nord dans la nuit en s'amplifiant. D'après mes cogitations, nous devrions être bien abrité pour la nuit si nous arrivons à rentrer suffisamment dans le creux de la falaise. En attendant la mer est bien agitée. Arrivés au mouillage, il y a quelques bateaux mais qui ne devraient pas rester, alors nous pourrons rentrer plus avant.
Durant la nuit il y a eu de fortes rafales mais effectivement nous étions bien abrités. Au petit matin c'est la pêche miraculeuse ou presque. Un beau poulpe qui va essayer de se faufiler, une agilité incroyable. Il retournera à la mer.
Le dimanche 3 septembre nous remontons sur Vieste. La météo est identique à la veille, pétole le matin puis NO de 20/25 kts l'après-midi. Nous allons à la marina d'autant que la météo se dégrade le lundi. La fin de matinée est sportive, la mer est bien agitée et nous remontons face au vent en tirant quelques bords avant que de finir au moteur. Vieste marque l'extrémité du Parc National du Gargano, c'est une ville très vivante qui comporte une partie très ancienne avec de petites ruelles et une partie plus récente.
Nous arrivons à la marina Ormeggi Di Cariglia Giampetro, comme souvent ce sont des pontons appartenant chacun à des structures différentes.
Comme nous allons rester 2 jours, nous louons une voiture avec le concours du patron de notre marina avec au programme Vico del Gargano, Peschici, San Giovanni Rotondo et Monte Sant'Angelo. On nous recommande San Giovani Rotondo, lieu de pèlerinage réputé où vécu le moine Padre Pio qui "reçut" les stigmates qui durèrent cinquante ans mais disparurent à sa mort en 1968. Il fut canonisé par Jean Paul II. Aujourd'hui, la ville reçoit chaque année plus de sept millions de pèlerins, les installations sont grandioses et la crypte où repose Padre Pio est impressionnante on y voit une représentation de cire du moine allongé sur son lit de mort. Il faut faire la queue pour le voir...
Retour à Vieste et balade nocturne.
Patricia se livre à son activité favorite, une application sur laquelle elle retrace notre périple sous une forme ludique. Comme je n'ai pas Instagram, il manque le son mais c'est mignon quand même.
Lors de notre périple en voiture, nous sommes passés par le Porto Turistico Rodi Garganico, juste en face des îles Tremiti notre prochaine destination. Nous avons visité cette belle marina et demandé si c'était possible d'y venir avec nos 2,3m de tirant d'eau, réponse "pas de problème".
Le mercredi 6 septembre nous faisons route vers cette marina intéressante sur le plan navigation car le vent est au NO et donc en faisant route à l'ouest c'est une navigation tranquille qui s'offre à nous sauf que, en arrivant à proximité, on se voit refuser l'accès car à marée basse, l'accès est limité à 2m10 ! Il nous faut remonter sur les îles Tremiti en plein face au vent. Ce sera au moteur et à cadence élevée car le soleil se couche à 19h34 et le mouillage n'est pas des plus aisés. Nous y arriverons à 19h42...
Nous n'avons pas pu nous mettre au plus près des rochers par manque de visibilité, ce sera une nuit sur roulement. Le lendemain nous décidons d'aller à l'est de San Domino à la Cala Spido. Le mouillage est compliqué car pour être abrité il faut se mettre à l'intérieur de la Cala pas très large et jeter l'ancre parmi les rocher mais par 10-12 m de fond. Si on coince l'ancre se sera difficile d'aller l'extirper. Bien que n'étant pas fanatique de l'orin (Cordage + bouée fixée sur l'extrémité de l'ancre) je décide d'en mettre un. Et là j'avoue que j'ai fait très très fort. Nous jetons l'ancre une première fois, pas bon, une deuxième, toujours pas bon à la troisième je corrige la position avec le propulseur d'étrave; grave erreur ! le cordage de l'orin se prend dans l'hélice du propulseur, galère en vue. Je plonge pour voir ce qu'il en est et je vois que l'ancre est retenue par le cordage de l'orin, je le coupe pour libérer l'ancre, c'est déjà ça. Ce ne sera pas aisé de retirer le cordage autour de l'hélice du propulseur mais comme le propulseur est sur l'avant, je n'ai pas besoin de plonger profond comme pour l'hélice moteur (et oui on y vient...). Je récupère une bonne partie de mon cordage et Je remonte à bord mais comme l'ancre est tombée au droit du bateau on doit recommencer. Moteur et re-galère et oui il restait une partie de mon cordage accrochée à l'ancre et suffisamment grande pour venir s'entourer dans l'hélice du moteur, et là c'est une autre histoire. Enfin après de multiples plongées j'en vois le bout si j'ose dire. Mouillage ok.
Une fois les petits bateaux partis nous avons là un jolie mouillage.
ET comme c'est l'anniversaire de Patricia, on ne se refuse rien.
Nous conclurons là notre périple italien, en fin de journée du 8 septembre nous mettrons le cap vers les îles Croate avec une traversée nocturne de 70 MN. Suite au prochain épisode comme on dit.