De retour le 1er aout, je dois récupérer au chantier un bateau avec une coque nickel et un guindeau comme neuf. Mais avant de partir, j'ai prévu une petite visite de Palerme.
La ville a de beaux monuments mais n'est pas vraiment attirante et c'est assez sale.
Palerme De retour au chantier, ils m'expliquent que le guindeau a été compliqué à réparer et qu'ils ont dû rechanger le capteur de compteur de chaîne. Bref l'addition est salée. Après discussion, j'ai droit à un petit rabais mais c'est presque le prix d'un neuf !
Mais la surprise vient au moment de partir. Je me penche vers l'avant du bateau pour vérifier que rien ne traîne dans l'eau, étant seul, il vaut mieux éviter les faux départs. Et là, voici ce que je vois:
Un bel accroc dans le gelcoat ! En réparant le guindeau, ils ont dû faire taper l'ancre. le chantier ne discutera pas, ils feront la réparation en fin de journée mais il faut que ça sèche. Départ retardé, mais j'ai encore un peu de temps, je dois être à la marina de Villa San Giovanni, dans le détroit de Messine, le 6 aout au soir. Deux de mes filles, Carole et Julie, arrivent le 7 aout en train après 22h de voyage (!) Elles limitent es déplacements en avion par respect pour la planète, bravo.
Le jeudi 3 aout c'est le départ en solo, petit tour par la pompe à essence, et oui il en faut un peu quand même. Je passe devant Cefalu qui ne m'emballe pas et, comme le vent se lève, je décide de continuer ma route. Je vais m'arrêter à San't Agatta di Militello, je mouille à l'extérieur du port à l'abri de la digue nord. Nuit calme. Endroit sans intérêt.
Quelques photos de Cefalu en passant Le lendemain la météo n'est pas bonne, un fort vent d'ouest va se lever accompagné d'orages, les mouillages que j'avais pressentis sur la côte sicilienne ne vont pas faire l'affaire. Le seul mouillage bien abrité à une distance raisonnable oblige à monter sur la plus proche des îles éoliennes, Vulcano en l’occurrence, et derrière la pointe sud, à la Spaggia del Militello. Je mets les voiles de bonne heure et gagne à bon train les côtes de Vulcano. A l'approche de l'île, mon alarme AIS me signale un bateau en route de collision. Je regarde de quoi il s'agit et là, surprise, c'est Piment Rouge, le bateau de Pierre, bateau copain de ma traversée de l'Atlantique avec l'ARC+ en 2021/22. Un appel à la VHF me confirme que c'est bien lui qui est à bord.
Piment Rouge et derrière Grand Tour Nous allons mouiller au même endroit et bien sûr, ça finira par un (deux...) Ti Punch. La nuit sera agitée, non pas à cause du rhum mais Pierre à un catamaran léger et moi un monocoque qui doit accuser ses 15 tonnes. Moralités nous n'évitons (bougeons) pas du tout de la même façon et comme nous ne sommes pas loin l'un de l'autre, en pleine nuit, j'ai dû raccourcir mon mouillage pour éviter la collision.
Trace des mouvements du bateau la nuit au mouillage Au petit matin, je déplacerai mon bateau.
Crique bien abritée avec son bar perché sur les rochers Nous passerons une soirée sympathique en compagnie d'un autre bateau, Grand Tour. Un couple qui a largué les amarres et se balade sur les mers.
Après deux jours au mouillage à l'abri, c'est le moment de partir, et c'est en remontant l'ancre qu'à nouveau mon capteur de compteur de chaîne ne fonctionne plus, bravo la réparation, il aura tenu 5 jours !
Nous sommes le 6 aout, le vent n'a pas faibli mais il est dans le bon sens, il va me pousser vers Messine. J'aurai effectivement du 20 à 25 kts mais au portant, la mer est agitée et je surf sur les vagues avec seulement le génois, c'est sympa.
Albert aux commandes Néanmoins, pour aller à la marina, il va falloir rentrer dans le détroit de Messine plein sud. On a dit beaucoup de chose depuis l'Antiquité sur ce détroit qui terrifiait les marins sans oublier les célèbres Charybde et Scylla. Des tourbillons impressionnants capable d'engloutir des bateaux entiers sont relatés au travers d'écrits et de peintures. J'ai lu que le tremblement de terre catastrophique de 1908 (Messine a été détruite à 90%) a eu des effets sur le fond marin et sur ces mouvements soudains et dangereux de la surface de l'eau. Il n'en reste pas moins que le courant est important, il peut atteindre 3 à 4 kts, et qu'il s'inverse en fonction des marées de Gibraltar. C'est un effet de siphon. D'après mes recherches, il faut que j'arrive avant 18h30, heure de la renverse de courant. Avec le vent que j'ai, pas de soucis, je roule entre 7 et 9 kts.
L'entrée du détroit de Messine L'autre danger de ce détroit, ce sont les cargos et autres supertankers. Normalement ils doivent suivre l'autoroute maritime et moi, rester en dehors, sauf qu'à un moment il va falloir que je le traverse. Le couple rencontré précédemment m'a dit de ne pas suivre le rond point virtuel au milieu de détroit pour faire demi-tour mais de couper au plus court, c'est moins dangereux. En arrivant sur le détroit, effectivement des mouvements d'eau s'affrontent et cela forme une sorte de barrière de vagues en tous sens. Je descends plein sud puis plein est vers l'entrée de la marina qui n'est pas vraiment visible. Soudain le bateau part de travers, ça ne durera que quelques secondes mais c'est impressionnant. Derrière moi je verrai effectivement une sorte de tourbillon qui se déplace à la surface de l'eau. Quelle puissance !
Bon, la marina est là, je les appelle à la VHF, pas de réponse. Il y a une tribune et un podium à l'entrée de la marina, ils m'attendaient ? Pas vraiment... Deux gars me font signent et m'indiquent un emplacement au pied du podium... Amarrage au poil. En fait la fête est finie. Chaque année, ils organisent une épreuve de natation avec la traversée du détroit, près de 5 km à cet endroit. Chapeau bas ! Avec les agitations permanentes de la surface de l'eau, il faut le faire.
Le podium et à gauche CAJUNA L'endroit n'est pas vraiment sympathique, nous sommes au bord d'une route mais qui passe 5 mètres au dessus, sans accès, il faut donc aller à l'autre bout de la marina pour en sortir. Heureusement j'ai mon vélo pour aller faire quelques courses avant l'arrivée de mes "misses" demain à la première heure (train de 7h50).
A l'entrée de la marina il y a une curiosité et, renseignement pris, c'est un bateau de pèche à l'espadon. En raison des mouvements d'eau, les espadons sont proche de la surface dans le détroit.
Le poste de vigie en haut du mât c'est pour le guetteur, celui devant au bout de la rampe, pour le harponneur. Le lendemain, lundi 7 aout, Je récupère Carole et Julie:
Le nouvel équipage Après un petit déjeuner c'est le départ pour Taormina. Pour un amarinage, c'est tout doux, petit vent à maxi 10 Kts. Nous arrivons au mouillage vers 16h30 après une traversée où les ferrys sont les plus difficiles à éviter, ils se suivent et se croisent à des cadences rapides. Le mouillage est soit sur bouée (80€) soit il faut se trouver une place pas trop loin du rivage car les fonds descendent rapidement et suffisamment éloigné du champs de bouée sous peine de se faire expulser.
Nous nous mettons face à la gare mais avec une belle vue sur Taormina, perchée sur un sommet. D'après certains guides, Taormina c'est le St Tropez local, encore un ! Nous prenons un bus qui nous dépose au pied de la ville. Nous voulions visiter le théâtre antique mais, perdu, il y a un concert et il a fermé plus tôt. Une balade dans la ville nous révèle une vieille ville bourrée de commerces et de beaux hôtels.
Taormina perchée sur la montagneLe 8 aout 2023, nous descendons plein sud pour aller vers un mouillage nommé ACI Trezza mais l'ancrage y est plus qu'incertain, nous remonterons un peu pour aller sur Capo Mulini où il y a quelques bouées car le fond est très rocheux et certains y ont coincé leur ancre. Orazio, propriétaire des bouées, nous fera signe et nous aidera à prendre la seule bouée à même de recevoir CAJUNA sans aller heurter d'autres bateaux sauf si un gros se met aussi là et Bingo ! un bateau à moteur d'une douzaine de mètre vient se coller sur la bouée voisine. Heureusement il ne restera que le temps d'une baignade. Nous irons gouter la gastronomie locale à un restaurant qu'Orazio nous a indiqué. La nuit fut plutôt agitée car le mouillage est exposé à la houle et donc assez rouleur,certains disent que ça berce...
Au petit matin, il est temps de faire de l'exercice. D'abord gonflage du paddle et premiers essais.
Les premiers runs ! Après déjeuner nous partons pour Brucoli, au sud de Catane, 16 MN d'une navigation épuisante :
La mer ça fatigue ! Brucoli est un endroit curieux, le village est encadré par la mer sur une langue de terre avec la baie d'un côté et un petit port de l'autre.Nous avons pris l'annexe pour aller visiter les lieux. Le port est peu profond et les accès faits de brique et de broc le tout assemblé avec des cordages de toutes sortes. Bref y monter n'inspire pas confiance. Le village est tranquille et beaucoup de maison ont été décorées par un artiste peintre local.
Brucoli Nous rencontrerons un pêcheur qui nous vendra ses sardines fraiches pour 10€ le Kg, pas données mais elles viennent juste d'être pêchés et il faut bien aider ces locaux un peu déshérités.
Après une nuit un peu agitée nous partons pour Syracuse. D'après nos lectures, il faut demander l'autorisation de mouiller dans la rade de Syracuse mais nos appels restent infructueux. Nous mouillons un peu à l'écart puis, une fois l'annexe à l'eau, c'est parti pour la visite. D'abord avec l'annexe, nous nous amusons à passer sous les arcades des ponts du canal appelé la Darsena séparant la vieille ville de la ville moderne, c'est bas de plafond. Puis c'est balade à pied. Superbe. Ortegia, nom de l'île où se situe la vieille ville, est vraiment belle.
Ortegia et ses particularités ... Le soir ce sera BBQ avec les sardines. Un peu de fumée mais il suffit de s'équiper !
Sans commentaire Le vendredi 11 aout, avant de partir pour Marzamemi qui se situe à l'extrémité sud-est de la Sicile, Julie-couture nous montre ses talents. Une des fermetures éclairs du taud s'est décousue. Il faut tout le talent de couturière de Julie pour y remédier.
Séance de couture pour Julie Carole n'est pas en reste, je voulais voir si un fil n'était pas débranché sur le capteur du guindeau qu'utilise le compteur de chaîne mais pour ça, il faut descendre dans le puits de chaîne !
Coucou ! Puis c'est le départ pour la Marina de Marzamemi. Petit vent, il nous faudra 5 heures pour rallier notre destination. Le temps de se poser et nous pouvons récupérer la voiture de location que j'ai réservée, directement à la marina, sympa. Demain nous allons visiter 2 villes chargées d'histoire et de monuments Ragusa et Noto.
Je vais aussi profiter de ces 2 jours de pause pour demander à un électricien de regarder mon problème de compteur de chaîne. Le chantier de Palerme accuse la liaison capteur - centrale qui est au poste de barre tribord. Je lui remets les clefs pour le lendemain car nous devons partir de bonne heure.
Ou presque... Nous traversons une région plutôt désertique où les détritus jonchent le bord des routes. Pas vraiment enthousiasmant. Nous arrivons à Ragusa, une ville divisée en deux : Ragusa Nuova, la ville nouvelle, et Ragusa Ibla la ville ancienne. L'une surplombe l'autre et toutes deux comportent de beaux monuments de style baroque.
Quelques monuments de Ragusa Puis nous partons pour Noto, capitale du baroque en Sicile, les spécialistes parlent de baroque tardif, bon. Jolie ville en tout cas.
Noto Le dimanche 13 aout nous quittons Marzamemi pour Syracuse, nous n'avons pas fini la visite et Syracuse mérite plusieurs jours. Un petit vent de NE nous mène gentiment à destination. Nous mouillons dans la rade, nous commençons à avoir nos habitudes. Et suite de la visite.
Syracuse, suite. C'est alors que je repense à l'électricien qui n'a rien trouvé mais à montré que la liaison était fonctionnelle, mais que faire vis à vis de ce chantier de Palerme indélicat ? Mes pensées reviennent vers l'électricien à qui j'ai remis les clefs du bateau, LES CLEFS ...que je n'ai pas récupérées !!! Et m.....
Comme j'ai réservé deux nuits dans une marina à Catane pour accueillir Claire avec qui je vais continuer le périple, nous louerons une voiture là-bas, ce qui nous permettra de finir la visite de Syracuse par un monument que nous n'avons pu faire car il se situe dans la ville nouvelle, le théâtre antique.
Le lundi 14/8 nous partons pour Catane, petit vent mais nous avons le temps. Nous arrivons en fin d'après-midi pour découvrir une marina, enfin un ponton, au fond d'un port industriel. Jamais vu plus laid. Le soir je récupère la voiture de location que j'ai réservé auprès d'un loueur local. Comme il m'a dit "vous êtes bien content de trouver une voiture disponible, alors ..." alors c'est une poubelle ! Lorsque je m’assieds dans la voiture, je suis presque allongé mais le siège ne se règle plus. Je conduirai assis sans dossier ! Plus tard nous découvrirons qu'il n'y a pas de klaxon, gênant en Italie, que le pare-soleil est tombé sur les genoux de Julie, que les amortisseurs ont oublié leur fonction, la voiture râpe le goudron à la moindre bosse, etc...
Par la route Marzamemi est à 1h30. Les gens de la marina sont très sympa. Je récupère les clefs et nous filons vers Syracuse pour la visite du théâtre antique. En fait il s'agit d'un complexe où l'on trouve, en sus du théâtre, une grotte, les vestiges d'un stade ainsi qu'une arène. Le tout est magnifique.
Pas que des antiquités ... Après cette superbe visite, nous reprenons la route et décidons de faire un crochet par l'Etna. Lequel était en éruption 2 jours plus tôt, des tonnes de cendres recouvrent le parking. Nous faisons une balade sur les contreforts car la montée en téléphérique, seule permise, est à 50€ par personne ! Les filles, plus courageuses, font une courte ascension d'un petit volcan à proximité mais dont la pente est très très raide. Je me contente de celui d'en face.
Au fond l'Etna.
Paysage lunaire.Mais il est l'heure de rentrer, nous devons faire quelques courses puisque nous avons la voiture et ensuite récupérer Claire à la marina.
Le parking du supermarché est couvert de cendres et pourtant nous sommes à au moins 20 kilomètres de l'Etna. Arrivés à la marina, Claire nous attend devant le bateau.
Avec les filles, Claire est vite dans le bain et le lendemain matin nous sommes prêt pour la remontée vers Naxos / Taormina. Nous sommes le 16 aout, nous partons vers 11h00 avec un vent soutenu avec des rafales à 20kts et une mer agitée, de quoi amariner Claire ! Mais tout va bien et nous arrivons à Naxos en fin de journée. La baie de Naxos n'est pas vraiment protégée sauf à se nicher au fond mais quand le sondeur affiche 70 cm sous la quille, là on s'arrête. Nous ne mouillerons pas à Naxos et nous retournons au nord de la baie, à Taormina où nous avons nos habitudes.
Dans la joie et la bonne humeur Nuit un peu agitée. Le lendemain nous partons de bonne heure (10h00...) pour Reggio De Calabre car les filles doivent rentrer par le train (!) en fin de journée le 18/8. Les prévisions météo étaient plutôt clémentes, en fait nous avons eu de 25 à 30 kts et une mer très agitée. La traversée du détroit de Messine a été très difficile, nous avons commencé par tirer des bords puis devant notre progression vraiment limitée, j'ai pointé sur la rive opposée avec juste la trinquette là, belle progression et Claire s'est bien amusée. Sur la fin, nous sommes obligés de recourir au moteur.
J'ai réservé une marina au sujet de laquelle Pierre, bateau copain de l'atlantique, m'avait mis en garde, c'est en trou ! oui mais trou près de la gare. Et c'est effectivement un trou car le train et la route longe la marina si bien que l'accès à la ville se fait par une des extrémités, au bas mot un bon kilomètre d'un côté ou de l'autre, mais nous devons faire quelques courses.
Puis c'est l'heure de partir, car avec Claire nous avons quelques milles à faire, Claire doit prendre un avion à Bari le 25/8 dans 7 jours mais il nous faut contourner la botte italienne et remontée une partie de la côte adriatique. Nous devons également être à Crotone le 21/8 pour récupérer Alexandra.
Au revoir les filles ! Pendant que nous filons plein sud avec le vent qui nous pousse, les filles font de la visite et pas que ...
Visite culturelle à tous points de vue Puis c'est l'heure de prendre le train pour 22 heures de voyage, belle motivation encore.
Le retour. Ainsi se termine notre périple en Sicile et commence la visite de la botte italienne.