63 km, D+ 1220 m
Au programme aujourd'hui 3 cols à gravir.
Mais tout d'abord, ce matin au petit-déjeuner, j'ai eu le plaisir de revoir l'anglais rencontré hier soir. Après lui avoir dit bonjour et m'être installée à une table, il me rejoint et me demande s'il peut s'asseoir avec moi. Avec grand plaisir !
J'ai donc pu en apprendre plus sur son périple. David est parti il y a 12 jours de Manchester en Angleterre. Son objectif est de tracer le plus vite possible jusqu'à Nice. Donc il n'emprunte pas les petites routes de montagne, comme moi, mais les grands axes pour aller au plus vite. Il roule environ 200 km par jour !
"C'est facile" me dit-il "c'est tout plat"!
Pour lui, ce n'est qu'un échauffement ! Arrivé à Nice, il se posera quelques jours puis repartira pour un parcours plus intense, dans les montagnes. Il espère d'ailleurs arriver à Nice dès ce soir !!!
David a beaucoup voyagé en vélo et a parfois rencontré des situations incroyables ! Pas plus tard qu'avant-hier, il arrive tardivement dans un village et cherche où se loger. Une dame l'aperçoit et lui agite un torchon à la fenêtre pour attirer son attention. Elle lui demande ce qu'il veut. Il répond un endroit où dormir et elle lui propose direct de venir chez elle.Un peu hésitant, il la suit tout même. Il découvre alors un appartement totalement surréaliste.La madame n'est pas seule, il y a son mari, ce qui le rend plus à l'aise !
Deux originaux, érudits, philosophes, passionnés de littérature. Il a photographié sa chambre et me montre les photos. Il y a des bibliothèques, sur tous les murs et des livres jusqu'au plafond. Et de multiples objets divers et variés d'une autre époque (machine à écrire, tourne-disque, cassettes, carnets, multiples objets,...). Un vrai musée.
Des jeunes du village sont venus jouer de la musique sous sa fenêtre. Puis, ses hôtes voulaient discuter encore et encore, mais David était fatigué et leur a dit qu'il préférait aller dormir !
Ma journée commençait bien ! Une belle rencontre avec une chouette discussion. Il m'a posé des questions sur mon parcours, par les petites routes. Et tout ça en anglais ! Nous nous disons au revoir et chacun reprend sa route.
Pas de temps d'échauffement aujourd'hui. En quittant Sisteron, j'attaque directement une très très longue montée de 26 km.
J'entre dans la réserve naturelle géologique des Alpes de Hautes-Provence. La route que j'emprunte a un très joli nom : la route du Temps. Il s'y trouve une surprenante inscription gallo-romaine gravée directement dans la roche et datant du V ème siècle.
Je prends le rythme de la montée. Ca va bien. J'aperçois un peu plus loin un troupeau de moutons et j'entends des chiens japper. Je vois alors débarouler trois gros Patous qui foncent vers moi en m'aboyant dessus. J'ai le mince espoir que le grillage les contienne mais vue la taille des bêtes, j'ai un doute. Et deux d'entre eux passent effectivement sans problème. Juste, ils passent dessous en s'aplatissant comme des crêpes au lieu de sauter par dessus. Mais bon, ils sont là à me foncer dessus...
Je descends de vélo et me mets derrière mon fidèle destrier. Je tente une approche amicale et dis d'une voix toute légère " et ben le chien, tout va bien !" Mais sans succès, l'un d'eux essaie de passer derrière moi pour m' encercler. Je positionne mon vélo en travers et de ma voix la plus grave et la plus ferme possible, je lui crie "NON !" Il s'arrête deux secondes et repart à la charge, en essayant à nouveau de passer derrière et en me grognant dessus. Je fais la même manœuvre du non, en avançant tout doucement et ainsi de suite 4 fois, jusqu'à ce qu'ils estiment que j'étais assez loin. Ils repartent dans leur champ et moi je déguerpis sur mon vélo. Fiouuu ! Petit coup de stress quand même ! Heureusement, les paysages somptueux m'aident à recharger mes petites cuillères !
J'arrive enfin au col Fontbelle vers 13h et me fais ma pose casse croûte au milieu d'une magnifique forêt.
Je repars sous une petite pluie. Descente hyper agréable, il n'y a personne, c'est incroyable.
J'en profite pour aller à fond. En pleine vitesse, je rentre soudainement en collision avec un IVNI ( insecte volant non identifié), qui me percute violemment au niveau de la joue ! Je pense que cette malheureuse bestiole n'aura pas survécu à l'impact, rip... Je récolte pour ma part une petite entaille à la joue ! Être cycliste est une activité à risque !
J'atteins rapidement le col d'Hysope et là, je suis ébahie par la vue panoramique qui s'offre à moi. Y a pas à dire, les grands espaces, les montagnes, c'est vraiment mon élément, ça me requinque !
Je rejoins la vallée après une longue descente er repars vers le dernier col. 6 km de montée, ça va, ce n'est pas toujours facile, mais je gère. J'ai quand même le tête dans le guidon, ça m'évite de voir la pente ! Mes yeux suivent ma roue avant, et c'est, non pas, un pas après l'autre mais une roue après l'autre ! Une voiture approche en face, le conducteur lève le pouce en haut 👍! C'est trop gentil ! Et le petit col du Pas de Bonnet est gravi à son tour. Je renfile mon pull et mon buff autour des oreilles, et c'est parti pour la dernière descente jusqu'à Digne.