Carnet de voyage

La vie c'est maintenant !

21 étapes
13 commentaires
Par BriceT
Retour sur le continent européen après 7 mois passés sur la petite île de la Réunion. Mon cap, l'Albanie. Mon objectif, découvrir, rencontrer et vivre le moment présent.
Septembre 2021
1000 jours
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Il m'a fallut un peu de temps pour atterrir, mais voilà, je suis de retour sur le continent européen après avoir passé 7 mois sur cette magnifique île de la Réunion. J'y ai appris tellement de choses, rencontré tellement de belles personnes. J'y ai vécu de jolies expériences et parfois, des moments plus difficiles. C'est grâce à cette période que j'ai réellement pu me préparer, inconsciemment , à entreprendre ce voyage dont je parle depuis bientôt 2 années. La "Re-Union", un rendez-vous avec moi même, un moment pour tenter de mettre mon cœur et mon cerveau d'accord ! Le résultat ? Un re-nouveau départ. Une nouvelle aventure, un moment pour moi, pour la rencontre et la découverte.

J'écris ces quelques lignes depuis la petite ville d'Izola, un petit village slovène situé au bord de la mer adriatique, un petit coin de paradis. Ce n'est pas la première destination de mon periple, mais c'est le moment où je ressent le besoin de poser quelques mots sur ce que je vis.

Dans ce "Blog" vous trouverez quelques annecdoctes, quelques dictons et jolies citations, quelques blagues parfois. J'y écrirai mes doutes, mes joies, décrirais mes rencontres, mes visites...... Ou pas ! Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire ou bien vivre.... Ce blog sera probablement l'exutoire de cette expérience et certainement l'endroit où je pourrais crier mes moments de bonheur et de découverte .

Je me propose un voyage au jour le jour. Pablo Neruda disait "il meurt lentement celui qui est l'esclave de l'habitude, celui qui ne prend pas de risque pour vivre ses rêves". Je pars à ma recherche, dans un voyage sans jugement envers ce que je vais ressentir et vivre. je veux avancer sereinement dans cette quête de moi même.

Je suis curieux de découvrir ce que je vais partager avec vous !

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Me voilà à Concise. Un petit village suisse situé dans le canton de Vaud au bord du lac de Neuchâtel et au pied du Jura Suisse. Ça fait rêver ? Vous pouvez ! Je vais tirer des bords dans ce petit pays et Concise sera mon refuge après chaque excursions. Je suis hébergé Chez Vale. Nous nous sommes rencontrés il y'a deux ans lorsque j'ai accueilli le ballet de Genève au Théâtre de la Passerelle à Saint-Brieuc. Elle en est la régisseuse.

Après avoir passé ces 7 derniers moi entre mer et montagne à la Réunion, la Suisse et ses grands espaces, ses lacs et ses montagnes c'est avéré être une destination idéale.

Que faire à Concise:

- manger de la Bondelle fumée (c'est le poisson emblème du lac)

- poser des filets de pêche à la tombée de la nuit et filer un coup de main pour démailler le poisson avec Nath et Nico (Nico est pêcheur, c'est le cousin de Vale) Pour info, Il y'a 138 pêcheurs en Suisse. Le lac de Neuchâtel en compte une quarantaine.

- Manger une fondue sur la Roche, en haut du Mont Aubert. (Un petit Caillou Jurasien surplombant la ville de concise et le Lac de Neuchâtel)

- courir dans les vignes

- visiter les châteaux du bord du Lac

- passer du bon temps sur la plage

- Squatter le bar du port de concise pour avoir internet.....( Ton forfait "européen" ne te sert à rien en Suisse.....)

Une étape, un son:


 Concise et son bout de Lac. 
 Fondue au Mont Aubert, vue sur le lac.
 La fameuse Bondelle
 Château de Chillon / Lac Léman
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Grindelwald est une station balnéaire Située à l'est de Berne (Berne, capitale de la Suisse, pour les ignorants comme moi !) ce village est au cœur des Alpes Bernoises. On y parle allemand. Une impression de bout du monde à deux heures trente de Genève.

Les sommets mythiques de cette région sont le Eiger (3970m) et le Jungfrau (4158m).

J'y ai vu mon premier glacier (le Gletscherschlucht, je vous laisse prononcer cela) et constaté que ce n'était plus qu'un glaçon comparé à sa taille 100 années en arrière.

J'y ai mangé mes premières spaetzel (des "nouilles" à base de farine, de lait et de beurre) et mes premières schnitzel (des escalopes de veau panées).

De quoi se remettre sur pied après les 20kms de marche quotidienne.

Une étape, un son:



 La vue depuis notre logement 
 Randonnée vers le glacier Gletscherschlucht
Randonnée au sommet du Faulhorn (2681m) 
Randonnée le long du Eiger. 
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Le Titre de cette étape vous a donné envie d'en savoir plus !? Vous avez raison !

Petite ville médiévale posée au cœur des montagnes,Lucerne est une ville à l'architecture magnifique. Ces vielles maisons au murs peints, ces églises pointues et ces vieux ponts en bois traversant le lac des "4 cantons".

Mon objectif en allant du côté de Lucerne, gravir le mont "Pilatus", massif montagneux des Alpes Uranaises. Son sommet culmine à 2213m d'altitude.

Il semblerait que Ponce Pilate y soit enterré. Pour ceux qui ne connaissent pas la vie de Ponce Pilate, c'est plutôt simple. On ne sait pas où il est né mais c'est un citoyen Romain. Il devient préfet de l'empereur pendant quelques années puis l'histoire perd sa trace ! The End !

Pas hyper intéressant ! Du coup, pourquoi gravir cette montagne ? Et bien parceque la légende raconte qu'un dragon vit en son sommet ! Je n'ai pas eu la chance de le rencontrer. Il ne faisait pas très beau. Peut être que les dragons ne sortent que par beau temps ?!

Une dernière chose à savoir sur le mont Pilatus. Il est équipé de la voie de chemin de fer à crémaillère la plus raide au monde.

J'en ai empreinté une partie, c'est très impressionnant.

Une étape, un son:


 Lucerne 
 Mont Pilatus
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Difficile de décrire et d'évoquer tout ce que j'ai pu faire et visiter durant ces trois semaines en Suisse. J'aurais pu vous parler de l'inauguration de la nouvelle comédie de Genève, un théâtre immense, dont la scène m'a donné quelques frissons et aurait rendu jaloux tout mes anciens collègues. J'aurais pu vous dire à quel point je regrette d'avoir bu autant de vin nature et mangé autant de fromage tellement la fin de mon trail à la "Swiss Peaks trail" à été difficile (j'ai quand même réussi à finir avant le temps que je m'étais fixé et j'en suis fier. 21'4kms / 1500m D+ / 2h44 / 45ème sur 300) j'aurais pu vous donner le nom de toutes les personnes attachantes que j'ai rencontrées (comme Solange et Christophe, P.o, l'homme aux pleurotes et a l'alcool de Marc de raisin Nath et Nico adorables pêcheurs au cœur sur la main, math, Cyril et Sarah les épiciers du coin, David le navigateur qui tourne en rond sur le lac, Vale... fille du lac bienveillante à la générosité "enivrante".... )

Quoi qu'il en soit, me voilà en direction de Lugano, un petit coin de paradis et de détente. Après le français et l'allemand, place à L'italien. (de quoi me préparer pour mes prochaines aventures....)

Je reprend véritablement la route, deviens "backpacker".... Mon objectif est d'aller visiter Venise et Lugano, ville frontalière à l'Italie est sur ma route.

Lugano est située dans la région du Tessin au milieu des montagnes au pied d'un lac glacier magnifique. On se croirait vraiment en Italie. Je profite de mes derniers jours en Suisse.

Dans 2 jours, je change de pays. Fini les pieds à terre, bonjour les auberges de jeunesse. Fini la voiture et bonjour le train et le bus.

Lors de mes dernières aventures, j'ai rarement été seul. A la gare de Lugano, au départ pour Venise, je serais seul ! Un ticket de train dans la main droite et mon téléphone attestant d'une réservation dans un Hostel (nom commun, en anglais, pour les auberges de jeunesse) dans la main gauche. Let's go!

"Si tu dis oui à ton destin, tu le mènes. Si tu lui du non, tu le traînes"

Je crois que je vais dire oui..... Il y'a déjà trop de chose dans mon sac à dos !

Une étape, un son:


Lugano 
 Trail swiss peaks 2021
 Trail swiss peaks 2021... J'suis monté la haut et puis il fallait bien redescendre 
La jonction, confluence du Rhône et de l'Arve / Genève 
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Je m'excuse mais finalement, Je ne vais pas vous parler de Venise ! Je vais vous décrire ma première expérience dans une auberge de jeunesse.

Pour les déçus, ceux d'entre vous qui voulaient lire quelques lignes sur les canaux de Venise, cette ville aux 100 petites îles posées sur la mer Adriatique, cette vieille cité sans routes ou même les camions de pompiers et les bus sont des bâteaux, rendez-vous à la prochaine étape. Je ne l'ai pas encore écrite mais elle sera top !

Quelques heures de trajet depuis Lugano (Suisse) et me voilà à Venise. Je sors du train en bombant le torse, je tente de faire croire à tout le monde que je ne suis pas un touriste ! Bon, mon énorme sac a dos me trahit (il est orange fluo en plus de cela) Ma première impression est assez spéciale. Me suis-je fais escroquer ? Mais, Où sont les gondoles !?

Venise est divisée en plusieurs quartiers. Je suis à Venise Mestre et cette partie de la ville est située sur la terre ferme. Je n'aurais qu'à traverser le pont de "La Liberté" (Liberté ? Parfait, tout ce dont j'ai besoin ! ....) pour accéder à Venise Santa Lucia, la carte postale de Venise.

Je dégaine mon téléphone et je suis le point bleu qui me mènera à ce qui sera mon chez moi pour les 3 jours à venir.

Premier hostel (le nom commun d'une auberge de jeunesse en anglais, et ce, partout dans le monde). En arrivant, ça grouille de monde. Musique à fond dans le hall. A ma droite des gens sont en train de cuisiner dans la cuisine commune, d'autres mangent. En face de moi, ça boit des coups sur la terrasse du bar de l'hôtel situé dans la cour intérieur de l'immeuble. A ma gauche, ça chill sur des transats suspendus au plafond.... Il me faudra 10 secondes pour réaliser que tout le monde parle en anglais. FUCK ! Mon cœur s'emballe. Qu'est-ce que je fou là ? On sont mes repères ?

Première épreuve: faire mon "check in". La réceptionniste me demande mon passeport et tente de m'expliquer ou est ma chambre. Pour information, "Yes" n'est pas une réponse appropriée lorsque tu n'as pas compris ce que la personne en face de toi t'a expliqué. (Je vais chercher ma chambre pendant longtemps et mon ego m'empêchera de demander ma Route) !

Me voilà dans ma chambre, la 102, lit numéro 9. Nous sommes 9 roommates (colocataires) ! 2 français (ouf!) 2 allemands (comme les bretons, ils sont partout, j'y reviendrai plus tard), 1 américain, pour les autres, ils sont restés silencieux. Je pose mon sac et pars immédiatement faire le tour du quartier, je ne veux surtout pas m'asseoir sur ce lit et laisser à mon cerveau la possibilité de prendre les rênes.

A mon retour, je tombe sur Léo, l'un de mes roommates français. Tout de suite ça accroche. Nous descendons boire une bière au bar de l'hostel. La moyenne d'âge doit être de 22 ou 23 ans. Chacun ici à une histoire à raconter, une raison d'être là, un parcours de vie singulier. Tout le monde pose des questions, chacun est curieux de l'autre. C'est hyper excitant de faire partie de cette effervescence. Plus aucuns doutes, je suis au bon endroit, au bon moment.

Je reprends confiance en moi et en mes choix !

"Avoir confiance en soi, ça ne veut pas dire ne jamais douter. Ça veut dire ne pas laisser le doute te paralyser !"

Bon OK, pour ce qui est de Venise, désolé mais c'est assez simple. C'EST MAGNIFIQUE !

Une étape, un son:


 Chambre 102 au Anda hostel, Venise. 
Les canaux de Venise. 
 Arrêt et bus de Venise. Appelés Vaporetto. 
Place Saint marc et autres...... 
Anda hostel, Venise. 
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Vous l'aurez compris, il y'a de la latence entre mes post et l'instant "T" ou je vis ce que je vous raconte ici. Je suis actuellement dans un petit village Slovène situé non loin de Bled et je reprends ma route demain en direction de la Croatie.

Je vais vous parler de mon passage à Trieste, ville portuaire médiévale Italienne située à la frontière Slovène.

Ndlr: Oui, je vais peut être encore faire des déçus. Je ne tiendrai pas ma promesse, j'ai décidé de ne pas revenir sur ma visite de Venise, donc si vous avez des réclamations..... Vous pouvez écrire à la rédaction!

Pour être honnête, je n'ai pas trouvé ce que j'étais venu chercher à Trieste. Il y'a parfois des jours "sans" et comme je me le suis promis, je l'accepte. Trieste est une ville portuaire très touristique. C'est le parking italien des bateaux de croisières. Par conséquent, j'ai eu beaucoup de mal à trouver ce petit coin de quiétude dont j'avais besoin. Jouer des coudes pour visiter le château fort San Giusto, place forte du XVeme siècle où y sont exposés de vieux vestiges de l'antiquité Romaine a été douloureux pour moi. J'ai été entouré de touristes pendant deux jours. Je pense avoir été pris en photo une centaine de fois en mangeant mon sandwich dans le parc qui surplombe le vieux théâtre romain. Théâtre construit au 1er siècle et pouvant accueillir jusqu à 6000 personnes (c'est un site archéologique à présent). Après Venise, c'était beaucoup trop pour moi.

À Trieste, c'est surtout des choses sur moi que j'ai découvert.

On est jamais vraiment seul lorsque l'on voyage, je l'ai vite appris. Il y'a toujours quelqu'un à l'hostel pour venir te parler, toujours un voyageur curieux de savoir qui tu es, ou tu étais et où tu vas... La rencontre, le partage. C'est d'ailleurs ce que je suis venu chercher. Mais ce jour là à Trieste, j'espérai bien pouvoir rester seul dans cette chambre (malgré le fait qu'elle y contient 6 lits) . Envie de me reposer, étaler mes affaires, avoir un peu d'intimité. Ce fût le cas..... Jusqu'à 23h30 ! Heure à laquelle, Linda, une jeune allemande à decidé de débarquer dans "ma" chambre.

C'était raté pour l'intimité! En revanche, grâce à cette rencontre, j'ai appris que j'étais capable d'avoir de véritables discussions en anglais. Ça a été une vraie révélation et a débloqué beaucoup de choses pour la suite de mon voyage....

On s'est tellement bien entendu avec Linda que nous avons passé 3 jours ensemble et avons fait route pour la Slovénie.

"Parfois l'univers ne vous donne pas ce que vous désirez car il garde en réserve ce dont vous avez besoin ! "

J'avais besoin de ce déclic pour m'affranchir de la barrière de la langue.

Ciao Italia, Dobber Dan Slovenia !

Une étape, un son:


 Vie sur la basilique depuis Le château San Giusti et sa vue. 
 Le théâtre romain de Trieste
 Des gros, très gros bateaux. 
 Place de la mairie de Trieste. 
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Avez vous déjà rencontré un philosophe slovène ? Le mien s'appelle Urosh et je l'ai rencontré à Izola, petit village de pêcheurs situé au bord de la mer Adriatique. Urosh, en plus d'être pêcheur, est le gérant de l'hostel "Alieti" (ce qui signifie "âne" en slovène) dans lequel je vais passer quelques jours. Après deux bières, celui qui est devenu un véritable ami, se met à disserter sur ce que le monde a de meilleur ou de moins bon et comment nous pouvons influencer cela, il cite des auteurs du monde entier et des théories sur la prise de pouvoir du yin sur le yang dans quelques années, bref.... Pour ceux qui me connaissent, j'adore ce genre de discussions (boire des bières aussi....). Ensemble, nous tomberont d'accord sur le fait qu'avec un simple sourire nous pouvons changer le monde. (comment en est on arrivé là ? Un sourire en engendre un autre, puis un autre... Pour plus d'informations sur cette logique imparable, veuillez contacter la rédaction)

L'histoire a commencé avec un petit miracle ou plutôt, une forte intuition. Ne trouvant pas l'arrêt de bus à la gare de Trieste, avec Linda, nous étions à deux doigts de le rater. Je décide alors de pousser une grosse porte en acier rouge et devinez ce qui se trouvait derrière cette porte.....

Pourquoi la vie n'est elle pas toujours aussi simple !?

Le bus était là, et avec lui, tout ce que j'allais vivre dans cette ville bilingue, frontalière à l'Italie. Ville qui, suite à de nombreux conflits et au vue de sa situation géographique s'est retrouvée aux mains des autrichiens, des italiens, des allemands et des yougoslaves (dans un autre ordre....)

Je retiendrai de ces quelques jours à Izola, le calme et l'accueil chaleureux des slovènes, la couleur turquoise de la mer adriatique, la visite de Piran, village médiéval magnifique avec Chris et Toby, deux allemands souriants, mes footings matinaux me permettant de visiter un autre Izola que celui cité dans les livres touristiques, mes soirées philosophiques avec Urosh, parfois interrompues par des kossovars, des américains, des albanais ou encore Martin, le jeune Tchèque venu voir les ours dans les montagnes de Slovénie.

Bref, je retiendrai ces moments de simplicité, ou tout s'imbrique.

"Le plan est toujours parfait"

Une étape, un son:


 Izola, vue mer. 
 Izola, mon quartier, mon café. 
 Piran. 
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Je ne pensais pas rester aussi longtemps en Slovénie mais lorsque j'ai appris que les deux symboles de ce pays étaient les ours (animal à poil ! Pas forcément très gentil! qui aime le miel ?!) et le triglav (glacier et plus haut sommet de Slovénie 2 864m) l'évidence s'est imposée. J'irai taquiner la bête dans les Alpes Slovènes.

Je choisi d'aller préparer ce trek à Bled. Cette station de montagne située au pied des Alpes Juliennes sera l'endroit parfait pour cela.

Me voilà en route pour Bled.... Enfin presque ! Il semblerait qu'en Slovenie, les bus ne s'arrêtent que s'ils le veulent et quand ils le veulent. Après 45 minutes d'attente et donc de doutes, un bus s'arrête devant moi, le chauffeur ouvre la porte et me crie "LJUBLJANA ?" Heuuu.... Da! (Ljubljana, capitale Slovène, escale de mon trajet vers Bled)

Après de multiples péripéties et de grosses frayeurs tant mon "chauffard" de bus semblait amoureux de son Klaxon, visiblement pressé de rattraper son retard, m'obligeant donc à m'interroger sur les compétences des autorités Slovènes et leur faculté à contacter ma famille en cas d'accident, j'arrive au pied du château de Bled. Château du XI ème siècle entouré de montagnes et surplombant un lac glacier d'un bleu que je n'avais encore jamais vu. Au milieu de ce lac, une île sur laquelle est posé une petite église. Vous l'aurez compris, un cadre idyllique.

Mon hostels est tout autant authentique, rappelant les vieux chalets de montagnes. Sa cheminée au milieu du salon, la moquette au sol pour s'essuyer les pieds après une journée de ski, les lits en bois, les chambres tapissées de lambris et comme d'habitude en Slovénie, un accueil souriant et des Slovènes d'une générosité incroyable.

La cuisine commune dans un Hostel permet de faire des rencontres. A Bled, grâce à mon risotto aux chorizo et champignons je vais rencontrer Thryn, une américaine. (Son vrai prénom est Sarah-Katherine, l'alliance des deux prénoms les plus donnés aux usa. Vous en apprenez des choses ici !) Elle est Chef cuistot sur des yachts, principalement aux Bahamas. Je suis plutôt fier qu'elle est apprécié mon plat ! Et parceque le hasard fait parfaitement les choses, elle revient de 12 jours de trek dans les montagnes et est passée par le Triglav. Elle va m'être d'une grande aide pour préparer mon excursion.

Pour visiter les alentours de Bled, je décide de louer un vélo. Cela me permettra de rester sans voix devant les gorges de Vintgar, découvertes par deux potes en 1891 dans le parc national du Triglav, d'imaginer ce qu' aurait pu être ma vie au XIeme siècle dans le château de Bled, de m'arrêter dans de petits villages pour y manger mes premiers bôrek, pâtisserie salée, fourrée d'épinards et de viande (pourtant originaire d'Asie mais très présent en Slovénie) et de découvrir plus facilement de petits villages typique qui semblent être d'un autre temps et où y règne la quiétude.

Je me suis senti à Bled comme dans un cocon. Une sensation de fluidité et de simplicité. Peut-être ai-je enfin réussi à vivre au présent.... Juste vivre, une évidence !

"Autrefois, je voulais savoir quel était le but de la vie. Maintenant, vivre me paraît être une raison suffisante" J.F

Une étape, un son:


 Bled et ses alentours.
 Les gorges de Vintgar. 
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"Rien ne se passe comme prévu, c'est la seule chose que nous apprend le futur en devenant du passé" D. Pennac

Je n'ai pas pu aller au bout de mon projet. Avec le recul, en devenant du passé, ce que je croyais être un échec s'est en fait révélé être une expérience instructive.

La montagne et ses grands espaces, son air pur et un peu de solitude pour méditer. J'étais pressé d'entrer au cœur de ce massif. J'ai choisi de rejoindre le Triglav (sommet le plus haut de Slovénie 2864m) en empruntant le sentier Juliannas. Ce sentier sera fermé pour l'hiver à partir du 27 septembre, seulement quelques jours après mon passage. C'est un sentier plutôt exigeant composé de nombreux passages de via ferrata (itinéraires aménagés dans une paroi rocheuse pour en faciliter l'accès, à mi chemin entre la randonnée et l'escalade). Je vais partir pendant 4 jours et compte faire une boucle pour revenir à Bled. Après avoir réservé les différentes auberges ou je passerais mes nuits, m'être assuré que la météo serait bonne et avoir loué du matériel d'escalade, me voilà fin prêt pour aller visiter ce caillou.

Première étape, marcher au cœur de la vallée en m'enfoncant dans la forêt pour rejoindre mon auberge et le point de départ du sentier Juliannas.

Bon, pour la solitude, c'est raté ! ... À peine débuté ma marche, je rencontre Dana une Belge allemande (le saviez-vous ? En Belgique il y'a les flamants, les wallons et les allemands qui représentent seulement 1% de la population) Dana marche depuis quelques temps dans les montagnes Slovène et compte y rester encore une dixaine de jours. Tout comme moi, elle souhaite rejoindre le Triglav et à réservé une nuit dans la même auberge que moi. Je ne le savais pas encore mais elle me sera d'une grande aide dans la suite de mon aventure. Nous faisons route commune.

Arrivés à l'auberge, nous sommes accueilli par Spela et Olga, les deux propriétaires de ce lodge. Dans cette auberge pousserieuse, comme figée pour l'éternité, elles collent parfaitement au décor. Malgré tout, grâce à elles, un sentiment rassurant et chaleureux flotte au sein de ce vieux chalet fait de pierre et de bois.

Après s'être penché sur les cartes et avoir analysé le tracé du lendemain autour d'une bière, Dana décide finalement de rebrousser chemin et d'empreinter un autre sentier pour atteindre le Triglav. Elle ne veut pas prendre le risque de se retrouver en difficulté sur les parties de via ferrata avec son sac de 15 kg sur le dos. Ce soir là, elle dormira finalement dans une autre auberge, un peu plus bas dans la vallée. Nos chemins se croiserons de nouveau dans ces montagnes. Quant à moi, je m'installe à table pour déguster mon premier goulache au coin du feu. La soirée se terminera par une partie de yams avec Clara et Louisa, deux allemandes qui collectionnent les tampons certifiant qu'elles ont atteint tel ou tel gîte de montagne.

Le lendemain matin, j'ai beaucoup de mal à me lever, le rhume que je sentai s'installer depuis quelques jours s'est transformé en une sorte de bête fiévreuse me plombant au sol. Je sais déjà que la journée va être difficile, je ne me sens pas bien du tout mais je veux avancer et découvrir tout ces paysages. J'ai 6 heures de marche pour atteindre mon prochain point de chute, l'auberge Alsajèv située au pied du Triglav.

Après la fièvre, le rhume, les maux de tête voilà les nausées qui m'empêche de m'alimenter. Les derniers mètres pour atteindre mon auberge sont douloureux. Il y'a des moments plus agréables dans la vie que d'être à bout de force, avec une quinzaine de kilos sur le dos, seul, dans le froid, dans cette univers de pierre, entouré de brume, à la recherche des marquages rouges et blancs du sentier Juliannas, seule planche de salut. Envahit par l'angoisse, il était temps que j'atteingne mon refuge !

Avachi sur une des tables du refuge et à deux doigts de tomber dans les pommes (pomme que je tente d'avaler laborieusement) devinez qui je vois entrer par la petite porte de l'Alsajèv ? Dana ! Elle me sourit et vient s'asseoir à côté de moi, m'offrant un peu de réconfort et surtout, me donnant accès à sa pharmacie. Ce qui, je vous l'assure, me fera du bien.

Je passe une nuit laborieuse, dans le froid. Le lendemain matin, je me sens un peu mieux mais pas suffisamment en forme pour gravir le sommet du Triglav. Je décide de reprendre ma route. 7h00 de marche pour atteindre le prochain lodge. En analysant mon itinéraire de la journée, à mi chemin, je pourrais m'autoriser à abandonner si je ne me sens pas bien. J'aurai la possibilité de rejoindre un village dans la vallée pour m'y reposer voir même, de prendre un bus pour rentrer à Bled. C'est ce que j'ai fais, j'ai pris la décision d'écouter mon corps et d'écourter mon périple. Pris en stop par un couple d'allemands sur la route qui me ramènera à Bled, je vais pouvoir me reposer.

Mon pote Urosh (étape Slovénie #2 / Izola) disait qu'un Slovène ne devient Slovène qu'après avoir gravit le Triglav.... C'est raté pour cette fois. Je n'ai pas vu d'ours non plus (tout comme les dragons, il ne sortent que par beau temps ?! Hé, Si tu n'as pas lu l'étape au Mont Pilatus, tu ne peux pas savoir de quoi je parle....)

J'ai quand même vécu de grands moments de bonheur et de plénitude tant les paysages étaient magnifiques. J'y ai fait une belle rencontre (Merci Dana) et ai appris à écouter mon corps. Il fut un temps où j'aurais joué à être un "warrior" et aurait voulu à tout prix aller au bout de ce que j'avais planifié en mettant de côté mon bien être.

Après quelques jours de repos, je vais quitter la Slovénie pour rejoindre la Croatie. J'ai adoré ce pays, surtout ces habitants. En imaginant la suite de cette phrase et tout les adjectifs que je pourrais utiliser pour décrire ce que j'ai vécu dans ce petit pays, j'ai des frissons.

Je suis rechargé à bloc. Prêt à continuer de donner, faire de la place pour continuer à recevoir.

Hvala (merci) Slovénie, Dobbar Dan (bonjour) Croatie.

Une étape, un son:

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Après quelques heures de route et plusieurs contrôles douaniers, j'arrive à Zagreb. Je vais pouvoir continuer de me reposer, je suis encore très affaibli. Il y'a des moments comme ça dans ma vie où j'ai envie de m'abandonner, de m'en remettre à quelqu'un d'autre (quelqu'un de féminin de préférence.... Certainement ce besoin du lien maternelle) j'avais clairement besoin d'être pris dans les bras, qu'on prenne soin de moi ! Tomber malade à ce point à été une petite épreuve supplémentaire dans mon voyage. Le sentiment de solitude est décuplé lorsque tu te trouves seul dans un pays étranger, loin de ta zone de confort.

J'ai réservé 3 nuits dans le Main Square hostel, il est situé en plein centre de la capitale Croate. Je me suis laissé dire que les choses les plus intéressantes à voir et à faire à Zagreb était dans le centre ville.

Je vais passer 2 jours au lit mais le troisième, je vais enfin pouvoir profiter de zagreb, de son architecture austro-hongroise magnifique, de ses marchés et de ses parcs surplombant la ville, être capable de visiter l'église médiévale de St Marc, la cathédrale de Zagreb, la grande place de Ban-Jelačić, le théâtre national et le tunnel Gric (tunnel piétonnier de 350m construit pendant la seconde guerre mondiale et ayant également servit pendant le conflit serbo-croate lors de la dislocation de la yougoslavie. Cette guerre prit fin en 1995... Hier ! )

Drôle de sensation que de passer d'un village slovène au pied des montagnes à l'effervescence d'une capitale européenne.

En parlant d'Europe, ce pays à beau en faire parti depuis 2013, il ne compte pas se convertir à l'euro avant 2024. Passer au distributeur à votre arrivée en Croatie est donc la première chose à faire.

Ici, on paye en Kuna (Hkn, "H" pour Hrvatska qui signifie Croatie en serbo-croate. C'est pourquoi on peu lire HR sur les plaques d'immatriculation). Le Kuna est un petit animal, qui ressemble, selon moi, à une fouine.... Au moyen-âge, les Croates payaient en fourrures de kuna. Ha kuna matata....! (désolé)

Ok, fini la ville et ses chats errants (la ville en compte tellement que dans certains quartiers, les habitants ont construit des "niches" et les nourrissent pour les regrouper au même endroit, c'est très drôle à voir) Je loue une voiture et passe prendre Thryn à la gare de zagred. (Souvenez-vous, l'américaine, cheffe cuistot sur les yachts de luxe aux Bahamas que j'avais rencontré à Bled) Elle m'a proposé de l'accompagner voir les lacs de Plitvice (prononcez quelque chose comme plitvitché). Ça tombe hyper bien, je m'entend très bien avec elle et le parc national de Plitvice est sur ma route, je compte rejoindre la côte après cela. Sans sa proposition, je n'aurais sans doute pas eu l'occasion d'aller admirer cette beauté exceptionnelle classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Bien qu'étant situé au cœur du premier parc national du pays, le site n'est pas bien desservi par les transports en commun et il m'aurait été financièrement difficile de louer une voiture seul.

Honnêtement, cet enchaînement de cascades et de lacs d'un bleu "canard WC" est ce que j'ai vu de plus beau en Croatie. Je vous laisse apprécier les photos. J'ai été subjugué par ce que la nature est capable de créer.

 Zagreb: la place Ban-Jelačić, le tunnel Gric, le théâtre national, l'église St Marc, la cathédrale et le spot pour chats sdf.
Lacs de Plitvice 
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Un amas de petits points sur la gauche de l'écran de mon téléphone. C'est aussi ce que vous verrez en regardant la carte de la Croatie. En y regardant de plus près, grâce à mes deux pouces, j'y ai vu des centaines d'îles. La Croatie en compte 698. En y ajoutant les 389 îlots et les 78 récifs, ça fait un paquets de cailloux à visiter. Je ne pourrais pas parcourir les 4000kms de côte mais, attiré par les mers et océans, je compte bien descendre vers le sud de la Croatie en longeant la mer adriatique. Je vais commencer par Krk (prononcez quelque chose entre Keurk et kèrk). Dana, la pote que j'ai rencontré dans les montagnes du Triglav en Slovénie m'a fortement conseillé d'y passer quelques jours. Selon elle, ce serait la plus belle île Croate. Je ne suis pas d'accord mais je ne le sais pas encore.... Je vous raconterai ! (Krk reste une île magnifique. Imaginez donc ce que j'ai vu par la suite)!

Thryn décide de me suivre. Ensemble, nous allons découvrir l'une des plus vielles villes antique de la mer adriatique. Ses criques paradisiaques, son château médiéval, ses vielles églises et son port de pêche.

Sans sompter sur ce soleil méditerranéen nous permettant de profiter des terrasses construites sur les rochers en guise de plage.....

La chouette est le symbole de la ville de Krk. C'est également celui de la ville d'Athènes en Grèce. Cet animal symbolise la sagesse. Intéressant! Ça entre en résonance avec le livre que je suis sur le point de finir.... "Le voyage de Pénélope, une odyssée de la pensée" de Marie Robert. Je me suis beaucoup retrouvé dans ce livre. Il raconte l'histoire d'une jeune fille qui a tout quitté pour vivre un voyage initiatique en Grèce. Je vous laisse découvrir la suite de l'histoire en lisant ce roman. Une jolie piqûre de rappel, "le destin n'est pas une question de chance mais une question de choix"

Sans transition, j'arrive à Rijeka. Cette ville est situé sur la côte, je voulais sauter d'île en Île mais, ce coup-ci, le trajet pour Zadar, ma prochaine étape, me paraissait bien trop long. Sans le savoir, J'ai donc décidé de m'arrêter dans la principale ville portuaire du pays et évidement, j'ai choisi le seul hostel de la ville donnant sur le quai de chargement de conteneurs. Une jolie mélodie de portes conteneurs, de portiques de manutention, de trains, de camions et des envolées de conteneurs, une sensation apaisante rappelant celle que l'on ressent en regardant un poisson rouge dans son bocal. Un moment hors du temps, comme s'il était suspendu en attendant que je puisse vivre mes prochaines aventures. Sauf que c'est bien quand nous n'avons aucune attente que des choses merveilleuses se passent et que nous pouvons accueillir le moment présent. Je n'y est opposé aucune résistance. Un vrai moment de partage grâce aux astuces de cuisine d'Anita, la responsable de l'hostel et de détente grâce au temps que j'ai pris pour moi. Rien à prévoir, tout à permettre.

Une étape, un son:

 Krk


 Rijeka 
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Circulez ! Y'a rien à voir ! (enfin, y'a trop de monde pour y voir quoi que ce soit.)

Zadar est une péninsule très jolie. Elle avait tout pour me séduire. De vielles ruines romaines, des remparts contenants plusieurs portes vénitiennes, un forum romain, un orgue marin d'où sortent des sons formant une "musique" en fonction de la puissance des vagues et du vent et le "greetings to the sun" (salutation au soleil), une création moderne composée de panneaux solaires créant un spectacle lumineux coloré la nuit au bord de la mer adriatique. Mais voilà, à Zadar, en plus de la pluie j'y ai surtout vu des touristes, j'ai dormi parqué dans une pièce de 9 m2 avec 3 collocataires et j'ai été accueilli par des Croates pas hyper enthousiastes à l'idée de rencontrer un touriste français de plus. Je vous assure qu'avec notre accent à la "pépé le putois" , nous sommes vite repérés. (j'ai de très bonnes annectotes à ce sujet, j'y reviendrais peut être plus tard mais il semblerai que les Croates aient une dent contre nous. Nous ! humble, souriant et poli peuple français !? )

Comme pour les feuilles d'automne, le temps et la gravité jouent leurs rôles. Je descends tranquillement vers le sud du pays en longeant la côte, enveloppé dans cette goulotte que forme les montagnes rocheuses d'un côté et la mer adriatique de l'autre. J'arrive à Sibenik (prononcez tchibénik). C'est une très vielle ville, c'est la premiere ville fondée par le peuple croate. On a retrouvé la trace d'une présence humaine au néolithique, 4000 ans av. J.C ! Les premières constructions remontent au X ème siècle. Comme quoi, le spot doit être sympa. Passé l'entrée de la ville et ses immeubles délabrés, laissés à l'abandon après la chute du communisme, nous entrons dans le cœur de cette péninsule. Sibenik est parcourue par de nombreux escaliers, un dédale tantaculaire de petites marches en pierre blanche, comme un sac de noeuds ne répondant à aucune norme, de quoi flâner.... et se perdre, j'adore. Atteindre les hauteurs de la ville et se voir offrir une vue sur le parc national de Krka qui entoure la ville de sibenik se mérite.

De la haut, la cathédrale Saint Jacques, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO serait le premier édifice dont les voûtes ont étés construitent sans mortier ni charpentes. Elle trône majestueusement au milieu d'un enchevêtrement de maisonnettes aux pierres blanches et aux tuiles rouges et ocres. Plusieurs forteresses et un chateau surplombent la ville. La plus ancienne de ces fortifications est la forteresse Saint Michael, construite en l'an 1066. Toutes ces fortifications ont étés erigées pour se protéger des invasions. surtout des invasions turcs et.....Françaises entre autres. La France qui a détenue cette ville pendant 8 ans, merci Napoléon ! Voilà peut être pourquoi les Croates nous en veulent ? A nous ! Discret, serviable et réjouit peuple français !?

D'où tu viens ? Tu voyages depuis combien de temps ? Tu étais où la semaine dernière ? Combien de temps tu vas passer ici ?... Ce sont les quelques banalités d'usage, de quoi faire connaissance entre voyageurs dans les hostels. Mais ce jour là, à Sibenik, je tombe sur Maté, un jeune Croate (de Zadar...!) et sa question "pourquoi t'es là, Qu'est ce que tu cherches ?" m'a quelque peu remué. J'allais passer du temps avec ce gars, c'était sur. En moins de 2 mois, j'avais visité 16 villes dans 4 pays. J'etais un peu fatigué de remettre le sac sur le dos tous les 2 où 3 jours et je commençais certainement à me fermer à la rencontre, comme une envie de claquer la porte... Une fois de plus, je construisais peut être un mur avec les pierres que la vie dépose sur mon chemin. Cette rencontre avec Maté m'a reboostée et m'a permis de me recentrer. Je vais peut être songer à construire un pont!?

Une étape, un son:



 Zadar
 Sibenik 
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Split est la deuxième ville la plus peuplée de Croatie. C'est une vielle ville romaine, située au bord de la mer, construite autour d'un palais et entourée de remparts. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et a servie de décor pour quelques épisodes de la série "Game of Thrones" (même si la majeure partie de la série a été tournée à Dubrovnik, autre ville située plus au sud de la Croatie). J'ai beaucoup à dire sur ma dernière étape croate à Omis (prononcez Omiche) alors, afin de ne pas pas trop vous ennuyer, vous lecteurs assidus et pour ne pas prendre le risque de vous décourager quand vous aurez vu le nombre de caractères que j'ai consacré à cette étape, je ne vais pas m'attarder sur cette ville de Split. Cependant, j'ai besoin de me remémorer les belles rencontres et les soirées que j'y ai passé. Bon, certains souvenirs me manquent.... L'alcool a tendance à en emporter quelques-uns avec lui lorsqu'il s'évapore. Mais je me souviens très bien de ce bar poussiéreux, inondé de fumer de cigarette et de ce match de foot de l'équipe nationale croate (ne me demandez pas contre qui elle jouait, mais c'était un match qualificatif pour la coupe du monde et ils ont gagné, enfin je crois ?! ). En revanche, je peux me rappeler les fou rire avec Steven (Irlande), Fredrick (Suède) et Dany (Suisse allemande) et les quelques câlins échangés lorsque la balle finissait au fond des filets adverse. Mon dernier souvenir est constitué d'air frais, d'un groupe de jeunes assis au milieu de ruines romaines au centre de Split, d'une guitare acoustique et d'une jolie brune à la voix rocailleuse chantant "Mad About You" du groupe Hooverphonic. Le reste de cette soirée s'est évaporé. La part des anges !? Le lendemain matin je regrettait d'avoir autant bu mais c'était le sourire aux lèvres que j'allais partir pour Omis, la dernière étape de mon passage en Croatie.

Les choses ne se passent jamais comme prévu. Avec le recul, c'est souvent pour le mieux ! En y réfléchissant, mes plus grands moments de joies, mes meilleurs moments entre amis, mes plus belles découvertes ont souvent été le fruit de l'improvisation, de l'ordre de l'imprévu. Pas vous ?

Bon, je m'étais arrangé pour aller à Omis car je m'étais inscrit à une course de trail quelques semaines auparavant. Cependant, je n'étais pas certain de vouloir y aller. Cela faisait une vingtaine de jours que je roulais ma bosse en Croatie (Imaginez un sac à dos sur une bosse, ça prend de la place) j'avais clairement envie de quitter ce pays. Mais le challenge sportif, ce bonheur que je prend à courir dans les montagnes et l'envie de partager ce moment avec les autres participants de cette course à eu raison de moi. Et puis courir est devenu un exutoire. Je ne sais pas après quoi je cours mais en général ça m'aide à expulser le négatif et visiblement, ça me permet de vivre de très bons moments. Me voilà donc à Omis et....... " Oh My God!" Dana (ma copine belge rencontrée au Triglav en Slovénie) avait tort. Krk n'est pas la plus belle ville de Croatie, c'est Oooommmissss ! Vous connaissez l'expression "prendre une claque"? Je vais garder la joue rouge pendant un bon moment !

Et pourtant, ça commençait mal. Je suis déposé à la gare routière de Omis, que dis-je, je suis jeté sur une ligne jaune dessinée sur le bitume, à moitié effacée, le long d'un trottoir, par un chauffeur de bus pas hyper aimable (après tout, je suis français... Appréciez le comique de répétition) seul au milieu de rien, perdu. Aucune information sur d'éventuels transports en commun, aucune solution de rejoindre l'hébergement que j'ai réservé à 8kms de là. Juste les montagnes, la mer et un supermarché (au moins je ne vais pas mourir de faim et c'est plutôt joli) voilà mon feeling du moment. Si j'avais retiré mes œillères, j'aurais vu la ville de l'autre côté du pont ! Mais voilà, la fatigue, le stresse, l'anxiété... La peur d'avoir peur m'a fait perdre une bonne partie de mes moyens. Au moment où j'allais me résigner à user ce qu'il reste de mes semelles et décider de rejoindre mon hôtel à pied, je suis comme attrapé par le sac par un couple d'irlandais et suis contraint à monté dans un taxi. Une centaine de mètres plus loin nous prennons deux jeunes allemands avec nous (Lara et Johnathan, visiblement perdus eux aussi, je vais les revoir le jour de mon départ pour la Bosnie, nous partagerons de nouveau un taxi ensemble). Nous partageons donc tous les 5 une course pour rejoindre nos hôtels respectifs. A chaque problème sa solution. Merci à ce couple irlandais, le taxi en était une bonne.

Une fois installer dans ma chambre, vue mer, je vais enfin pouvoir profiter de cette ville moyenàgeuse. Je commence par la Forteresse Mirabela. Construite au 13e siècle, elle servait de protection contre les pirates. Omis était un bastion de pirates ! Je suis comme un gosse quand j'apprends cela. C'est avec un autre œil que je poursuit ma visite en marchant dans ces ruelles pavées débouchant sur de petites places ou trône régulièrement une église. Je longe les vielles maisons en pierres de ce village qui est coincé entre mer et montagne. Comme imbriqué, la pièce d'un Lego qui trouverait parfaitement sa place. Le lendemain, après quelques efforts j'arrive en haut de la ville. Au sein de la forteresse Starigrad, je peux profiter d'une vue à 360° sur la baie d'Omis, le tout, sous le soleil. Et dire que j'ai failli rater ça ! On ne regrette jamais ce que l'on ne connait pas.... Mais quand même !?

J'ai passé 5 jours incroyables à Omis, le parcours du trail était magnifique, j'y ai fait de belles rencontres et je suis très content de ma performance. Il est temps pour moi de quitter la Croatie. Réveil très tôt le lendemain matin pour espérer rejoindre la Bosnie Herzégovine et la ville de Mostar.

Et heeeuuuu bah non ! Coup de fil matinal n'apportant pas de bonnes nouvelles. Je suis contraint de rester à Omis une journée de plus pour régler quelques problèmes techniques (qui auraient pu être dramatiques). Mon van, que j'ai mis en location à la Réunion est tombé en panne (les freins ont lâchés et l'île de la Réunion n'est pas réputée pour être une plaine tranquille, je vous passe les détails...). Encore une fois, rien ne se passe comme prévu. J'étais à plus de 11000kms du problème et cette journée passée à jongler entre les locataires du véhicule, les assurances, le dépanneur, ma pote qui gère les locations sur place et mon garagiste a clairement étée anxiogène. Et puis, ça allait élargir le trou de mes poches, ce véhicule me coûte tellement d'argent que je vais finir les cuisses à l'air.

Et pourtant, le soir venu, une fois la crise gérée, me voilà les fesses dans le sable, face à ce soleil devenu rougeâtre, il disparaît à l'horizon, dans cette mer adriatique que je connais trop bien maintenant. Je crois que ces quelques jours à Omis on été les plus instructifs de ma vie. Il semblerait que la vie ait un plan pour chacun d'entre nous. J'ai posé quelques lignes de plus sur cette page blanche, page blanche sur laquelle nous écrivons nos expériences, expériences qui nous permettent d'être mieux armé pour la suite du voyage. Il faut juste accepter que rien ne se passe pas forcément comme prévu, ôter ces œillères qui nous font de l'ombre et faire face aux problèmes en étant conscient qu'il y'a toujours une solution. "il faut être prêt à se débarrasser de la vie qu'on a prévue pour avoir la vie qui nous attend" (Joseph Campbell). Ne plus lutter, juste réussir à lâcher prise et accepter de vivre la vie qui m'attends. Voilà peut être après quoi je cours.

Une étape, un son:


 Split. 
 Omis. 
 Dalmatia ultra trail / 18kms / 820m D+ /2h01 / 11eme sur 220 
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Voilà maintenant quelques semaines que je suis de retour en France. Je reviendrai évidemment sur les raisons de ce retour et je compte bien clôturer ce blog en vous parlant de l'Albanie, l'objectif que j'ai atteint. Je n'ai rien publié depuis mon retour, retrouver les miens et ma zone de confort, "ce doudou", a occupé tout mon temps. Je ressens enfin le besoin de clore cette parenthèse en finissant d'écrire les 3 dernières étapes de mon voyage. Voici la première, direction la Bosnie-Herzégovine.

Jamais je n'aurais imaginé mettre les pieds en Bosnie-Herzégovine. Dans mon imaginaire, c'était une contrée lointaine, toujours plus ou moins en guerre et donc dangereuse. La guerre j'en entend parler depuis que j'ai mis les pieds en Slovénie. Mais plus je descends vers le sud des balkans et plus les cicatrices de ce conflit, qui fut le plus meurtrier en europe après la fin de la seconde guerre mondiale étaient visibles, sur les murs mais aussi sur les gens. En Croatie, un chauffeur de taxi évoquait sa jeunesse, combattant pour l'indépendance de son pays et témoignait de la perte de plusieurs de ses amis, morts au combat à l'âge de 19 ans.

C'est bien cette guerre, ce génocide, ce crime contre l'humanité qui m'a amené en Bosnie. Je voulais voir de mes yeux ce que l'homme est capable de faire de pire, j'étais curieux de voir à quoi ressemble un pays qui panse ses plaies, se relève et je voulais savoir comment vivent les jeunes de mon âge ayant assisté à cette atrocité.

Commençons par un peu d'histoire ! (Rassurez-vous, rien à apprendre par cœur, pas d'évaluation cette fois-ci... ) le conflit a débuté en 1991 au sein de ce que l'on appelle maintenant l'ex-Yougoslavie. Il oppose les Serbes de Bosnie, les Bosniaques (musulmans vivants en Bosnie) et les Croates. Les musulmans versus les orthodoxes versus les catholiques. Les religions.... C'est l'une des choses les plus frappantes en Bosnie. Les églises orthodoxes sont regardées de haut par les mosquées qui sont elles mêmes narguées par les imposants clochers catholiques. Il n'est pas rare de trouver chacun de ces lieux de culte dans la même rue ou le même quartier. Des cloches et des cris !

Chaque pays s'est battu pour son indépendance, la slovenie, le kossovo, la Croatie, le Monténégro, la Macédoine et la Bosnie. Même si cette guerre fut très violente dans chacun de ces pays, en Bosnie et Herzégovine elle a été le théâtre de massacres sanglants, notamment un génocide contre les bosniaques. Cette guerre a pris fin en 1995 (hier !) mais le pays est encore sous tension car il est divisé entre 3 principaux groupes ethniques et est administré par deux entités autonomes, la fédération de Bosnie et Herzégovine serbe et la République de Bosnie et Herzégovine. Un truc hyper simple quoi !

Me voilà donc dans un bus, un de plus, je commence à savoir quelles places sont les plus confortables, comment m'installer pour dormir sans être dérangé ! Je franchis la frontière de nuit, de quoi accentuer l'appréhension que j'ai d'entrer dans ce pays dont j'ignore tout. Ma première halte se fera à Mostar, très jolie ville moyenâgeuse, restée dans son jus. Elle est surtout connu pour le Stari Most ("vieux pont" en ottoman) il a été détruit pendant la guerre et à séparé la ville en deux. Cette ville est l'un des lieux de mémoire de la guerre. Toute en pierre, très rustique, presque vieillotte, elle est à l'image du vieux bibelot poussiéreux qui trône sur nos étagères depuis plusieurs années et dont on ne veux pas se séparer.

Je me devais de m'arrêter à Mostar tant elle a des choses à raconter sur l'histoire de ce pays mais mon intérêt se portait sur la capitale, Sarajevo. Faites le test et tentez de décrire ce qu'il se passe dans votre tête, votre corps lorsque vous entendez le nom de cette ville. Rien de très agréable j'imagine ?! Bien qu'anxiogène, c'est une ville très contrastée que j'ai découverte. Entre buildings flambants neufs à la sortie de la gare et les impacts de balles sur les vieux bâtiments, entre concert dans un parc pour fêter la victoire du groupe de football local et appels à la prière. J'y ai vu une petite fille sauter dans les flaques d'eau chaussée de ses bottes roses, j'ai fais la fête avec des jeunes de mon âge, sac de grande marque au poignet et I-phone à l'oreille et cela au milieu des mendiants amputés d'un ou plusieurs membres. L'homme a créé la mine antipersonnel...... Et Dieu l'homme à son image ?!

Entre collines et forêts magnifiques, bâtiments détruits et piste de bobsleigh des J.O de 1984 à l'abandon, entre quartiers bourgeois et touristique ou l'on déguste le saleb (une boisson traditionnelle à base d'orchidée sauvage) en compagnie de chats et cimetières musulmans centenaires, je suis bien incapable de décrire l'ambiance qui reigne au sein de cette ville et je reste inerte, tétanisé par tout ce que je vois, vis et apprends sur l'histoire de ce pays ..... .

Soucieux de bien comprendre les enjeux et les conséquences de cette guerre, je suis allé visiter le musée du génocide et des crimes contre l'humanité. Un musée où sont exposés de nombreux objets personnels de combattants et de civiles. Chaque objet étant accompagné d'un texte écrit par son propriétaire et décrivant une situation vécue pendant le conflit. Plus qu'un musée, une immersion dans la vie des gens ayant subit cette horreur. La violence y est tellement présente que je n'ai pas eu la force de visiter l'ensemble du musée. Et pourtant, en sortant de cette expérience, voyant toutes les communautés qui composent ce pays vivre ensemble, au milieu de la cour de la mosquée Gazi Hursev-Bey, la plus grande de la ville, à l'heure de la prière, le soleil caressant mon visage, attentif à la douce musique du bruit de l'eau coulant de la fontaine servant à l'ablution (purification), un sentiment de PAIX m'envahit, la PAIX, je souri !


Une étape, un son:


 Mostar 
 Sarajevo
Sarajevo 
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Je n'ai jamais été aussi près du but, l'Albanie, "terre en vue". Je commence à trépigner d'impatience mais je décide de faire une halte au Monténégro, petit pays des Balkans aux montagnes accidentées, aux villages médiévaux, aux plages étroites et à la côte adriatique à couper le souffle. Je fais le choix de séjourner à Kotor. Il paraît que les bouches de ce village médiéval s'apparentent à un fjord. (je vous laisse en découvrir la beauté)

Avant de pouvoir entrer dans ce tout petit pays (seulement 600 000 habitants) il m'a fallu convaincre les doiniers Bosniens que non, je n'étais pas entré sur leur territoire illégalement. En effet, mon manque de vigilance et surtout de connaissance en matière de tamponnage de passeport m'a valu quelques frayeurs. A mon entrée sur le territoire, c'est le chauffeur de bus qui a présenté nos passeports à la douane et je n'ai pas vérifié si celui-ci avait été tamponné. Grosse frayeur pour un peu d'encre sur un bout de papier. Cela m'aura servi de leçon, c'est décidé, à partir de maintenant, je vais collectionner les tampons !

Après le franc en Suisse, le kuna en Croatie, le mark en Bosnie, retour à l'euro. Le Monténégro a adopté la monnaie européenne en 2006 après son indépendance et depuis 2008, elle est officiellement candidate pour intégrer notre puissante communauté. De quoi attirer quelques promoteurs et beaucoup de touristes.... Du coup, ce passage à kotor m'a presque sorti de ma bulle, je ne vais pas m'y éterniser.

Me voilà donc de nouveau dans un bus mais cette fois ci, ce n'est pas n'importe lequel. Bien qu'il soit bondé et conduit par un chauffeur antipathique, je suis comme un gosse le jour de Noël attendant la permission d'ouvrir les paquets joliment disposés au pied du sapin. Un joli bouquet de sentiments m'envahit, entre joie et fierté d'en être arrivé là.

"c'est impossible dit la fierté, c'est risqué dit l'expérience, c'est sans issu dit la raison, essayons murmure le coeur". Je vais relever le défi que je m'étais fixé. Il est certainement anecdotique pour beaucoup mais pour moi qui n'avait jamais voyagé dans ces conditions, le challenge était énorme et l'expérience incroyablement enrichissante.

Une étape, un son:

Kotor 
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Il y'a un an, jour pour jour, je quittai l’île de la Réunion pour rejoindre la Suisse et entamer mon périple vers l'Albanie.

C'est très paradoxal. Depuis mon retour, je ressens un besoin viscéral de voir apparaître ce voyage dans le rétroviseur, clore le chapitre de cette aventure de presque une année ( dont 7 mois à la Réunion). Tourner la page voir même, fermer ce bouquin et en prendre un autre. Un livre plus simple à lire, plus enthousiasment, plus positif, plus facile à comprendre et rempli de sérénité, un livre à l'image de ce que m'a appris ce voyage.

Malgré tout, il est douloureux d’écrire cette dernière étape, de me replonger dans ce qui n'a pas toujours été fluide, de me remettre face au monticule d'émotions que j'ai ressenti pendant mon périple.

Aujourd’hui, devant cette page blanche je me sent enfin prêt. Les quelques notes prise en Albanie afin d’être précis dans mon récit me sautent au visage. Tous ces souvenirs resurgissent , de vraies montagnes russes émotionnelles.

Et au fait, pourquoi l'Albanie ? C'est suite au visionnage d'un documentaire que je me suis intéressé à cette destination. On y voyait des paysages magnifiques. Ce pays du Sud des Balkans, frontalier à la Grèce, situé entre mer adriatique et montagnes alpines n'est pas encore touché par le tourisme de masse. Comme s'il sortait de terre et se dévoilait pour la première fois, le pays qui a vu naître Mère Thérésa s'offre aux yeux du monde après 40 années de dictature.

A 1500Kms de la Suisse et après avoir traverser 7 pays, me voilà donc en Albanie le « Pays au 170 000 blockaus ». (Ce n'est pas une faute de frappe, 1 blockaus pour 16 habitants ! L'ancien dictateur Enver Hoxha voulais même en construire 750 000 pour se défendre contre une éventuelle attaque nucléaire ! Le temps lui a manqué mais il a quand même réussi à ruiner son pays). L'entrée en Albanie se fait via des plaines désertiques, entourées de montagnes et de lacs, un « no man's land » évitant de simplifier la fuite de la population vivant sous dictature. Mon premier souvenir, c'est cette charrette, tirée par un âne sur ce que nous appellerions un chemin en France mais faisant office de route nationale en Albanie. j'entrais dans un autre monde, sans aucun doute !

Je fais escale à Shkoder. Cette ville du nord ouest de l'Albanie est connue pour son lac et son château fort du XIVe siècle. Je retiens de ces premiers jours en Albanie la difficulté que j'ai à me faire comprendre. Fini l'anglais, je dois me servir de mes mains et de mon maigre forfait internet ! Forfait grâce auquel je peux montrer une photo de Babe (ce cochon devenu berger) au boucher du coin de la rue pour avoir de quoi cuisiner un sauté de porc. Je réussi également à prendre un RDV chez le coiffeur, une jolie coupe pour seulement 280 Leks, soit 2€30. L'Albanie est un pays très pauvre. Le salaire moyen est de 380€.

A ce moment du voyage, je commence à me sentir vraiment fatigué, depuis quelques jours je ne suis plus en mesure de prendre ce qu'on me donne, plus en mesure de donner non plus. Je suis tombé de nouveaux malade à Sarajevo et ça ne passe pas ! Je ne fais plus de rencontres, je n'ai plus envie de me lever le matin.

Je décide d'aller me ressourcer dans les montagnes. Je réserve une chambre à Theth, petit village Alpin situé à 2500m d'altitude. Le Kanun, une loi qui régit les règlements de compte et à laquelle se référent toujours certains clans des territoires du nord ne me fait pas changer d'avis.

Après 3h00 de route et de lacets incessants, le minibus s’arrête ! Le chauffeur fais demi-tour ouvre les portes et m'invite à regarder à l'horizon. Il tente de me montrer du doigt la maison dans laquelle j'ai réservé une chambre. Elle doit se trouver à 3kms au moins et il n'existe aucune route pour s'y rendre. Mais rien de plus simple, il faut traverser la rivière sur un ponton en bois de palettes instable, passer à travers champs en faisant attention aux vaches, ânes et autres cochons qui s'y trouvent, bref un vrai parcours du combattant pour un mec comme moi qui ne veux plus vivre d'aventures. A mon arrivée , je vous passe les détails, mais l'accueil n'est pas à la hauteur de mes attentes, la bâtisse dans laquelle je dois séjourner est encore en rénovation, 2 serbes sont en train de préparer du ciment pour y reboucher les trous béants du mur de la chambre que j'ai réservé. Il fait très froid, il n'y a pas de chauffage, j'ai faim, il y'a effectivement des trous dans le mur de ma chambre ! Tous les Rakis du monde (eau de vie de vin aromatisée a l'anis) que l'on me force à boire n'y ferons rien si ce n'est me décider à rentrer en France.

Retour à la civilisation. Cette fois-ci, j'ai fais appel à un taxi 4X4 pour rejoindre la ville la plus proche afin de pouvoir aller prendre un bus pour Tirana, la capitale Albanaise. Je ferais la première partie de ce trajet aux cotés d'une Allemande cinquantenaire trop bavarde à mon goût et d'un agneau dépecé placé délicatement dans le coffre ! (et oui!!!) la deuxième partie de ce voyage sera toute autant désagréable. Je vais attendre le départ de mon bus pour Tirana pendant des heures (Ah oui, bon à savoir ! En Albanie, les bus ne partent que lorsqu'ils sont pleins... Et vraiment plein! Tant que personne ne se retiens à ton épaule pour éviter de chuter sur le mec qui se tient devant lui dans l'allée centrale, le bus ne part pas! ) Ce sera mon dernier souvenir Albanais.

J'ai quelques regrets, j'aurais aimé passer plus de temps en Albanie mais les ressources physiques et mentales me manquaient.

Ce voyage à été douloureux. Je pense avoir vécu plus de moments de doutes, de questionnements, d'interrogations que de moments heureux mais j'ai appris énormément sur moi et je rentre plus fort.

Je suis fier du chemin parcouru. Je rentre plus serein, plus confiant et en ayant conscience de mes capacités à m'adapter, à rencontrer, à trouver des solutions face aux problèmes rencontrés sur la route, ma route (et ils sont nombreux!) ma capacité à relativiser les tracas du quotidien et à contrôler mes réactions face aux défis de la vie, à accepter cette vie, telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait être. Catherine Testa dit que "les gens ne font pas que changer, ils deviennent". Cette expérience fait que je deviens qui je suis.

Je compte bien repartir. Je suis d'aillleur toujours en voyage, la vie est un voyage !

Si je dois tirer une leçon de ce challenge c'est que tout est possible dans la vie. Il suffit de le décider ! N'attendons pas de tout avoir pour profiter de la vie, nous avons déjà la vie pour profiter de tout.


Une étape / un son:


 Architecture Albanie 


 Theth