Carnet de voyage

Safari au Kenya

12 étapes
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4 jours au coeur du Mara Naboisho à proximité de la réserve nationale Masaï Mara...
Octobre 2015
4 jours
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La réserve nationale du Masai Mara, à la frontière entre le Kenya et la Tanzanie

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Karibu !

A peine arrivés à Nairobi, la capitale du Kenya, nous nous envolons pour le Masai Mara. Cette réserve nationale est réputée pour les nombreux animaux qui y vivent en liberté et, en cette saison, pour la migration qu'ils entreprennent afin d'échapper à la sècheresse.

Nous embarquons dans un petit avion pour nous rendre dans cet endroit reculé, au milieu du désert.

Avion 12 places

A notre arrivée nous sommes accueillis par Wilson, un jeune Masai qui travaille comme guide au camp où nous nous rendons. Nous peinons à comprendre son anglais, mais nous sommes emballés par l'énergie avec laquelle il partage avec nous sa connaissance des lieux.

Ici il y a 2 langues qui cohabitent, l'anglais et le swahili. La langue officielle est l'anglais par l'histoire coloniale de ce pays, et le swahili est la langue locale que tous les enfants apprennent à l'école. Karibu signifie "Bienvenue" en swahili.

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Alors que nous faisons le chemin en 4x4 vers le camp, nous tombons nez à nez avec un troupeau d'éléphants. La scène est assez exceptionnelle : ils sont en train de se baigner et de jouer dans l'eau.

Cela est très rare car les éléphants passent une grande partie de leur journée à manger, et on les rencontre bien plus souvent pendant leur repas.

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Je ne vais pas chercher à passer pour Indiana Jones : le camp est vraiment luxueux.

Bien que s'agissant d'un camp nomade au milieu du désert, les tentes ressemblent à de vraies chambres d'hôtel avec salle de bain privée. Nous sommes approvisionnés en eau potable régulièrement, trouvons une bouillotte tous les soirs dans notre lit et pouvons profiter de l'électricité produite par les panneaux solaires. Tous les jours, nous pouvons préciser l'heure à laquelle nous souhaitons nous doucher et avoir de l'eau chaude.

Tout ce confort repose sur une organisation bien orchestrée, une maîtrise de l'emploi du temps de chaque hôte, et le travail de 30 employés, quasiment tous Masai. Au maximum le camp peut accueillir 24 invités, nous sommes 7 à y séjourner.

Encounter Mara, camp de luxe pour découvrir la savane.


Cela dit il ne faut pas oublier que nous logeons dans la savane, au milieu des animaux sauvages.

Le camp est encerclé par un fil électrifié afin d'empêcher les gros animaux d'y pénétrer (éléphants, hippopotames, girafes). Nous sommes donc à priori protégés des grands gabarits, mais tous les autres animaux peuvent rentrer (gnous, antilopes, singes, lions, léopards... etc). Aussi, la nuit nous ne pouvons nous déplacer dans le camp seuls, nous devons nous faire escorter par un Masai. Le jour, nous devons rester dans un périmètre dessiné au sol.

Peu importe, car nous avons finalement peu de temps prévu à l'intérieur du camp ! Il s'agit d'un Safari photo, notre activité principale sera donc de partir dans la savane à la recherche des animaux dans l'espoir de capter leurs petits moments de vie.

Notre moyen de transport : le 4x4.

Nos accessoires de prédilection : nos jumelles, notre objectif 200mm et nos gourdes

Le programme type :

  • départ le matin à 6h
  • petit déjeuner dans la savane à 8h30
  • retour à 10-11h
  • déjeuner et repos
  • départ l'après-midi à 16h
  • apéritif dans la savane à 18h
  • retour au camp à 19-20h


Hakuna Matata.

Avant de partir, on ne sait pas si on aura la chance de voir des animaux, ni quels animaux on pourra voir. On part à la découverte, advienne que pourra, c'est Hakuna Matata !

Parés pour la route !
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Quelques minutes après êtres sortis, nous rencontrons des éléphants, en train de manger cette fois-ci.

A cette saison, il y a beaucoup d'éléphants dans la région. On peut le voir notamment au nombre d'arbres arrachés dans la savane. Les éléphants mangent tellement que les arbres encore debout se font rares.

Bon à savoir :

On peut déterminer d'un éléphant si il est droitier ou gaucher à l'usure de ses défenses.

L'éléphant ci-dessus est-il gaucher ou droitier ? 😀


Nous croisons ensuite le chemin de nouveaux animaux, notamment des hippopotames. On les retrouve souvent dans l'eau.

A noter que ces animaux sont terriblement territoriaux, et très certainement les animaux les plus dangereux de la savane par leur force et leur agressivité. Il ne faut jamais s'approcher d'eux, et encore moins s'intercaler entre eux et un point d'eau !


Enfin notre première rencontre avec un félin sauvage, une lionne. La nuit s'apprête à tomber. Elle attend que l'obscurité tombe pour aller chasser.

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Le lendemain matin, nous partons à 4h du matin car un vol en montgolfière nous attend dans la réserve du Masai Mara.

Lever du soleil dans la savane


Nous survolons la réserve à moins de 20m de hauteur afin de bien pouvoir voir les animaux. Malheureusement beaucoup d'entre eux ont déjà migré mais nous pouvons quand même profiter de le la vue !

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Comme je l'ai évoqué plus tôt, nous sommes à la fin de la saison de migration des animaux. A cette période, le Kenya traverse une sècheresse, et les animaux migrent vers la Tanzanie afin d'y trouver de l'eau et de quoi brouter.

Lors de ce périple, ils doivent affronter une étape cruciale qui est la traversée de la rivière Mara. C'est un rendez-vous qui a lieu tous les ans, tous les habitants de la rivière y sont conviés.

Les crocodiles attendent sagement leurs proies alors que les hippopotames ont hâte de retrouver leur tranquillité

Les enjeux sont tels qu'il peut se passer des heures, voire des journées avant que la traversée ait lieu. C'est les gnous qui prennent la décision de se lancer, tous les autres les suivent. Seulement le gnou est indécis, il connait les risques. Ils ne survivront pas si ils restent de ce côté de la rivière, et ils risquent leur vie à la traverser. Aussi ils peuvent commencer à s'engager en marchant tranquillement vers la rive, puis changer d'avis et faire brusquement demi-tour au galop, effrayant tout le troupeau.

C'est ainsi que nous passons 3h à attendre enfermés dans nos jeep, sous le soleil assommant, suspendus au va-et-vient des gnous sur le bord de la rivière.

Les troupeaux attendant le moment de traverser. J'y vais ou j'y vais pas ?

Alors que nous allions abandonner et rentrer, le troupeau se décide.

Et c'est parti ! Une vague de gnous déferle soudain sur la rivière. Ils sont des milliers. Ils nagent, luttent contre le courant, et escaladent la rive d'en face. Ils sont tellement nombreux qu'ils marchent les uns sur les autres.

On peut voir que sur les 3 sorties de rivière que les bêtes empruntent, l'une d'entre elle est rapidement engorgée car la montée est trop escarpée et les gnous n'ont pas la force de se hisser jusqu'en haut. Ils paniquent, s'épuisent.

Les crocodiles en profitent, passent à travers le flux de bêtes et happent les plus faibles.

Les zèbres, plus malins, commencent alors à s'engager. Ils ont vu que la voie était ouverte, ils se faufilent dans la nuée de gnous pour échapper aux prédateurs.

Enfin, une fois en sécurité de l'autre côté, les premiers animaux reprennent leur route au pas, tranquillement.

La vague de gnous


Au bout d'une vingtaine de minutes, c'est terminé.

Une petite partie du troupeau n'a pas pu traverser, il est trop tard. Certaines sorties sont condamnées par les corps des bêtes mortes d'épuisement, la traversée est devenue trop exposée aux attaques des prédateurs. Peut-être tenteront-ils à nouveau leur chance une autre fois, ou alors ils feront partie de ceux qui resteront sur le territoire.

Beaucoup n'ont pas survécu à cette étape de la migration, mais cela fait partie de l'équilibre naturel du monde. La mort des uns permet aux autres de vivre. Assister à un événement pareil est un vrai privilège. Je me suis sentie si petite et en même temps si reconnaissante d'avoir pu être le témoin de ce phénomène orchestré par la nature, par les éléments ; un phénomène dans lequel chaque acteur a sa place et l'Homme alien à cet écosystème y reste complètement étranger.

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Après toutes ces émotions, nous profitons de notre retour au camp pour explorer la réserve jusqu'à la tombée de la nuit, l'occasion de faire des rencontres magiques...

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Au fur et à mesure de nos sorties, nous nous rendons compte que les animaux se laissent étonnamment prendre en photo. Ils nous voient, s'arrêtent, et restent immobiles pendant une trentaine de secondes.

Une chose à savoir est que les animaux sauvages ont l'habitude de voir circuler les 4x4 et ont modérément peur d'elles. Cela se comprend, ils en croisent depuis leur naissance, et elles ne les ont jamais agressés. A l'inverse, si nous n'étions pas dans des voitures, ils nous identifieraient comme des êtres humains et feraient le plus gros sprint de leur vie.

Chaque espèce semble "faire la pose" pour une raison différente. Il y a les girafes qui ne bougent plus comme si elles espéraient qu'on les confondent avec des arbres (j'en ai vu certaines rester 15 minutes immobiles !). Les lions, eux, ne nous considèrent même pas dignes de monopoliser leur attention. Et les autres semblent nous observer un instant pour déterminer si nous sommes menaçants avant de vaquer à leur occupation.

Au final, je me sens autant épiée que j'épie moi-même...

Qui regarde qui ?


Toutefois il existe une espèce qui reste très difficile à photographier : le phacochère.

Cet animal est très peureux et cela se comprend. Il est une proie facile pour les félins et prend ses jambes à son cou dès qu'il voit un animal qui n'est pas herbivore (y compris les voitures). Aussi il est très rare d'obtenir des clichés d'eux de face, car dès que l'on s'approche, tout ce qu'on peut voir c'est cette grosse saucisse grise sur ses petites pattes qui détale dans la brousse la queue en l'air.

Pumbaa !

Une chose amusante avec le phacochère est qu'il arrive souvent qu'il nous remarque, nous présente immédiatement son derrière et court loin de toutes ses forces, puis s'arrête au bout de quelques secondes pour brouter. Puis, il lève la tête, nous voit à nouveau, et repart en course effrénée. Le phacochère a une très mauvaise mémoire ! Aussi il peut bien fuir un endroit pour y avoir vu un lion, et y retourner 5 minutes plus tard car il l'aura oublié ! Pas étonnant que le phacochère du Roi Lion soit appelé Pumbaa, ou "stupide" en swahili.

Owimbowé, Owimbowé, Owimbowé, Owimbowé...


D'autres animaux peuvent s'avérer timides parfois : les félins femelles. La lionne ci-dessous s'est cachée dès qu'elle a remarqué notre présence. Pourtant nous n'avons pas eu de mal à photographier d'autres lionnes à moins de 5 mètres jusqu'à présent.

La différence ici est que celle-ci a des petits. Lorsqu'une lionne va mettre bas, elle s'isole de son groupe pour donner naissance à ses petits car les mâles les tueront si ils y voient un concurrent pour la dominance de la troupe. La lionne devient alors très protectrice et très discrète jusqu'à ce que ses petits soient assez grands pour se défendre. Même un lion solitaire étranger à la troupe peut les tuer par instinct.

La lionne se cache
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Le soir-même, nous partons pour un safari de nuit.

Le seul éclairage autorisé lors de ces sorties est la lumière infrarouge. En effet, une lumière blanche ou jaune éblouit les animaux et les déstabilise pour au moins une dizaine de secondes. Cela peut s'avérer déterminant si un prédateur est justement en train de chasser : soit on permet aux proies de repérer un prédateur, soit on paralyse les proies et on favorise les prédateurs. Or nous venons en observateurs, et ne pouvons influencer le cours de choses.

Nous parcourons donc la savane dans le noir complet, balayant la torche infrarouge de droite à gauche sans vraiment savoir quoi regarder.

Soudain, une vingtaine de points brillants apparaissent devant nous. Des lions, nous dit le guide.

Nous nous précipitons dans leur direction quand ils disparaissent derrière les buissons d'une colline. Ne pouvant y monter, nous tournons avec le 4x4 autour de la colline en espérant les croiser au moment où ils redescendront sur le plateau. Nous ne les trouvons pas. Nous tournons. Nous apercevons au loin d'autres points brillants. Les lumières d'un camp cette fois-ci. Nous tournons à nouveau. Au bout de quelques minutes, nous avons tellement tourné que nous ne savons plus nous orienter. Nous tournons encore.

Le guide finit par arrêter la jeep. Nous sommes au milieu du plateau et faisons face à la colline. Mon mari balaye la torche autour de nous, nous sommes entourés d'impalas. Ils broutent. Nous attendons, sans savoir si nous pouvons parler, n'osant pas faire de bruit.

Quand tout d'un coup, ils sont là.

De notre jeep nous voyons 2 lions descendre de la colline. Ils marchent lentement dans notre direction. Mon sang se glace. Le premier passe 3 mètres à notre droite, le second à notre gauche. Nous ne les voyons plus. Puis d'autres lions apparaissent. Ils se dirigent également vers le 4x4. Pourquoi viennent-ils jusqu'à nous ?

- "What are they doing?", chuchote ma voisine de devant ?

- "Going for a hunt", répond le guide.

Le guide déplace la jeep. Je vois alors qu'une dizaine de lions sont installés derrière nous. Trois lions se sont levés, ils s'éparpillent au milieu des impalas. Ces derniers ne les ont pas remarqués, ils ne voient pas de nuit. Les impalas sont capables de s'enfuir très rapidement. Si ils ne se doutent de rien, les félins augmentent leurs chances de réussite. Les lions approchent discrètement, ils se tiennent prêts à attaquer.

Nous les observons, retenant notre souffle, quand une poignée d'impalas se met à courir en faisant des bonds. Les lions se sont faits repérer. Ils ne tenteront rien dans les prochaines minutes. Peut-être auront-ils une chance cette nuit. Nous décidons de rentrer au camp.

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Le lendemain nous faisons notre habituelle sortie du matin. Nous sommes alors témoins d'une scène assez insolite. Alors que nous observons un groupe d'éléphant, nous voyons un petit éléphant farfouiller dans les selles de sa mère et les manger !!

Mmm... un régal !

Aucun des guides à qui nous en avons parlé n'avait vu cela arriver. Ils nous ont proposé plusieurs hypothèses afin de l'expliquer.

  • Il arrive que les Masai utilisent les selles des éléphants afin de préparer des infusions médicinales. En effet, comme ces derniers mangent énormément de plantes, leurs selles contiennent un certain nombre de remèdes naturellement. L'éléphanteau mangerait donc les selles de sa mère afin de s'immuniser contre les maladies.
  • l'un des guides avait vu ce même phénomène chez les zèbres. Le petit du zèbre mange les excréments de sa mère afin de savoir ce qu'elle mange, et ainsi savoir ce qu'il peut manger lui-même. Cela a particulièrement du sens avec les éléphants car ceux-ci ont un système digestif très peu performant (c'est d'ailleurs pour cela qu'ils mangent à longueur de journée) et la nourriture qu'ils ingèrent ressort très peu transformée.

Miam ! Bon appétit 😀

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Il y a une chose que beaucoup des personnes attendent avec impatience en safari, c'est de voir des félins chasser et se nourrir. Je ne suis personnellement pas attirée par les effusions de sang mais je trouve cela fascinant d'assister à un tel spectacle.

C'est notre dernier jour, notre dernière sortie dans la savane. Nous roulons à peine depuis 10 minutes que nous arrivons devant notre premier repas de lions. Ils sont une grosse dizaine, dispersés sur 20m2. Ils se partagent ce qui semble être un gnou. Ils sont imperturbables, ils ne nous jettent pas un seul regard.

Au coin, on peut voir un chacal. Il tourne autour du groupe, attend patiemment que ce soit à son tour de manger. Il bouge sans cesse, se rapprochant habilement au fur et à mesure. Il tente d'attraper une patte par terre, mais un lion tourne brusquement la tête vers lui, le chacal change d'avis. Les lions sont réellement les rois de la savane. Ce sont eux qui décident. Quelques minutes plus tard le chacal réitère sa tentative, le lion à côté de lui continue de manger son morceau sans montrer de protestation. C'est bon. Le chacal a l'autorisation de se servir.


Alors que nous admirons cette scène, notre guide nous fait signe qu'on doit y aller. Nous rengainons nos appareils photos et le 4x4 part à toute trombe à travers la savane. En à peine 3 minutes on la voit, elle est là. Un guépard femelle qui vient d'attraper un impala.

Elle a déjà pratiquement mangé tout l'arrière de sa proie. Cet animal le plus rapide au monde a peu de difficultés à chasser. En revanche, il dépense toute son énergie dans son sprint et est le plus vulnérable juste après. Ce guépard s'est donc empressé de manger la partie la plus charnue de l'animal afin de prendre un maximum de forces.

A l'inverse des lions, le guépard est solitaire. Aussi les risques qu'un charognard tente de lui voler son butin est bien plus élevé. Par conséquent il prend beaucoup de précautions pour le protéger. Les trainées rouges sur le sol et l'absence de sang sur place indique qu'il a déplacé sa proie après l'avoir tuée car l'odeur du sang attire les autres animaux. Il ne mange pas tout d'une traite, il jette sans cesse des coups d'oeil autour de lui pour vérifier qui approche. On est loin de l'attitude tranquille des lions assis tranquillement en dégustant leur repas.


Quelques heures plus tard, à notre départ définitif du camp, nous faisons un détour pour revenir sur les lieux ou le guépard mangeait. On y trouve des vautours profitant bien des restes laissés par le félin.

Cette aventure en safari au Kenya a vraiment été l'une des expériences les plus renversantes de notre vie. Avoir le privilège de voir des animaux aussi majestueux dans leur habitat naturel, être témoin de leurs interactions, de leur interdépendance, entrevoir la culture Masai, c'est simplement inoubliable.

Sans compter la bienveillance et la sympathie des kenyans que nous avons rencontrés. De bonne humeur, toujours contents de partager leur culture, de faire connaître les richesses de leur pays, ils sont très fiers de leur patrimoine et c'était très agréable d'avoir parlé avec eux.