Je prends un vol pour Alice Springs où je vais démarrer mon circuit de 10 jours, le « 10 days Crocodile Rock », avec la visite des grands parcs du centre rouge, puis remonter la Stuart Highway pour arriver jusqu’à Darwin et terminer le circuit avec la visite des parcs Kakadu et Litchfield, soit environ 3'500 kilomètres au total.
Arrivée à Alice Springs, une des principales villes de l’état du Territoire du Nord, je réalise que j’ai changé de fuseau horaire (-1h30 par rapport à Sydney en mars), l’Australie comptant trois fuseaux horaires. Je commence par me balader dans le centre de la ville et faire quelques courses. La rue principale est bordée de boutiques touristiques vendant des objets d’art aborigènes, souvenirs, merchandising en tout genre de la ville et tous les équipements nécessaires pour visiter dans les meilleures conditions la région, dont l’indispensable « flies net », le filet à mouches.
Je croise de nombreux aborigènes dans les rues et au supermarché. Je ressens un malaise. Ces gens semblent errer dans la ville, les deux communautés blanches et aborigènes semblant vraiment vivre dans des mondes parallèles.
Les aléas du bush
Départ matinal à 4H45 à l’auberge de jeunesse avec notre jeune chauffeur Monty (diminutif de Montgomery), également guide et cuisinier. Après avoir été cherché les autres personnes du groupe à leurs hôtels (groupe de 18 personnes), on se lance sur la route afin de rejoindre Yulara, pas moins de 460 kilomètres de distance à parcourir. Au bout de 200km, on fait un premier arrêt à Erldunda Roadhouse, bourgade représentant le centre géographique de l’Australie, pour prendre un café, se dégourdir les jambes et faire connaissance avec les émeus (oiseau national de l’Australie, ressemblant à des autruches) dans l’enclos jouxtant le café. Puis on reprend la route. Le paysage désertique du bush et de sa terre aux teintes rougeâtres défile sans discontinuer, sous un ciel bleu et soleil de plomb. C’est alors que Monty ralentit, puis s’arrête pour réaliser quelques contrôles. L’huile a trop chauffé sous l’effet de la température extérieure (environ 38 degrés à 11h du matin). La surchauffe nous oblige à rouler entre 20 et 30 km/heure et surtout sans climatisation ! Bien évidemment, le système électronique du van ne nous permet pas de conduire la porte ouverte, ni d’ouvrir les fenêtres du van. Vive la modernité et les systèmes de contrôle automatique !
Monty s’empresse de passer plusieurs coups de téléphone satellitaire (n’ayant pas de réseau mobile au beau milieu du bush) auprès de sa chef pour trouver une solution. La solution est d’atteindre Curtin Springs Wayside Inn, à 80 kilomètres, où l’on pourra attendre « au frais » que notre guide fasse l’aller-retour jusqu’à Yulara, avec un de ses collègues étant sur place, pour récupérer un van de dépannage.
A l’intérieur du van, c’est une vrai fournaise, plus de 40 degrés, à supporter pendant au moins une heure trente, le temps de rejoindre Curtin Springs Wayside Inn! A plusieurs reprises, on s’arrête, patiente, s’hydrate puis repart en roulant à quelques vingt kilomètres heures, sans climatisation …un vrai sauna ! Régulièrement, lorsque nous sommes arrêtés sur le bas-côté de la route, les gens s’arrête pour s’assurer que tout va bien.
Ouf, on arrive enfin au point de relais ! Deux heures plus tard, on s’installe dans notre nouveau van, bien que moins moderne, doté d’un système de climatisation qui fonctionne ! On va pouvoir reprendre notre itinéraire avec quelques heures de retard. On arrive en fin de journée sur le site Kata-Tjuta, qui a été réouvert entre-temps dans la journée. Avec les températures particulièrement élevées en cet fin d’été (environ 40 degrés), plusieurs départs de feu avaient été signalés dans le bush. Le parc est en effet toujours surveillé afin de fermer les accès et évacuer les zones à risque, si nécessaire.
Emeus à Erldunda Roadhouse, Sur la route jusqu'à Yulara, Départs de feu dans le parc Uluru- Kata TjutaLes Kata Tjuta (ou Mont Olgas)
On arrive donc en fin de journée pour faire un petit tour autour des Kata Tjuta, avant d'aller s'installer au point de vue pour admirer le coucher de soleil sur Uluru.
Kata Tjuta, qui signifie « têtes nombreuses » en langue Pitjantjatjara,est un immense groupe de formations rocheuses de grès, datant de 500 millions d’années. Les 36 rochers de Kata Tjuta forment des vallées profondes et des gorges abruptes. Le plus haut des Kata Tjuta (ou Mont Olgas nommé ainsi par l’explorateur Ernest Giles en l’honneur de la grande duchesse de Russie, Olga de Wurtemberg) culmine à 546 mètres.
L'Uluru-Kata Tjuta National Park est géré conjointement par le peuple Anangu, propriétaire par tradition et la société Parks Australia.
Kata Tjuta (ou Mont Olgas)Vénérés par le peuple Anangu qui vit sur ces terres depuis plus de 22'000 ans, la légende raconte que ces rochers abriteraient le roi serpent Wanambi, qui ne descend de sa tanière, en haut du Mont Olga, qu’à la saison sèche. Femmes et étrangers sont exclus de la plupart des mythes concernant les Kata Tjuta ainsi que des cérémonies toujours orchestrées par leurs propriétaires traditionnels.
Uluru (ou Ayers Rock)
Affublé d’un « flies net » (filet à mouches), on part en randonnée aux aurores pour faire le tour d’Uluru sur le sentier « Base Walk » (soit quelques 10,6 km en 3 heures), en passant par des grottes décorées de peintures et pouvant observer des plissements de grés et des abrasions géologiques. On peut ainsi admirer la variation de couleurs du rocher à l’aube et ne pas trop souffrir de la chaleur. Pour plus de confort, le filet à mouches s’avère nécessaire car du lever du soleil jusqu’à la tombée de la nuit, de nombreuses petites mouches (les « bush flies ») viennent tourbillonner autour de vous et notamment de votre visage, la bouche, les yeux.
Uluru (nom aborigène) est un immense rocher mesurant 3,6 kilomètres de long, qui domine le bush de ses 348 mètres de haut et l’on estime que la partie visible ne représente qu’un tiers de sa masse rocheuse. Ce rocher daterait de la même période des Kata Tjuta, soit d’environ 500 millions d’années.
Le nom d'Uluru n'a pas de signification particulière en langue aborigène, si ce n'est qu'il est porté comme un nom de famille local chez les anciens. Cependant on le retrouve pour traduire les mots « protection » et « long sommeil » ou « périple » utilisé aussi pour définir la « liberté », dans la plupart des langues Anangu.
Uluru, ses peintures rupestres , rocher en forme de tête de serpent (4ème photo en partant de la gauche)Certaines grottes d’Uluru, notamment le long des Mala et Kuniya Walks, sont recouvertes de peintures, qui illustrent les histoires des anciens ou Tjukurpa, les lois traditionnelles, pour enseigner et transmettre leurs histoires. On peut y voir une abondance de symboles et de figures, utilisés également dans d’autres sites du Centre rouge. Ils représentent les animaux et les traces d’animaux, les plantes, les hommes et leurs armes. Le cercle concentrique est beaucoup utilisé. Il peut représenter un trou d'eau ou bien un lieu de campement.
La transmission des connaissances dans la culture aborigène était primordiale, en dépendaient leur survie dans un environnement hostile, avec des ressources très limitées : en effet il y a très peu d’eau disponible dans le bush et les températures d’été peuvent atteindre plus de 40 degrés. A titre d’exemple concernant l’alimentation, il existe pas moins de 100 variétés de tomates sauvages en Australie, dont seulement 6 sont comestibles. Mieux vaut ne pas se tromper !
De nombreuses légendes existent sur Uluru, les formes du monolithe et ses aspérités. L’une d’elle raconte que Kuniya, la femme python, venue de l’est pour déposer ses œufs sur Uluru campe et chasse dans les alentours. Elle porte ses œufs autour de son cou, comme un collier. Chaque fois qu’elle revient à son campement, elle crée de profondes rainures dans la roche. Un jour, son neveu, qui avait provoqué un groupe de Liru, des serpents venimeux, parvient à la base d’Uluru pour se reposer. Submergé par le nombre de Liru parvenus à le rattraper, il est tué par les guerriers d’un coup de lance. Kuniya, qui se reposait de l’autre côté d’Uluru, finit par apprendre la mort de son neveu et se rend alors sur le côté ouest du rocher. Les guerriers Liru étaient culturellement tenus de veiller sur son neveu blessé. Ayant manqué à leur devoir, Kuniya fait face à l’un des Wati Liru (homme serpent) près du trou d’eau Mutitjulu. Alors qu’il se moque d’elle, elle décide de le punir et se change en femme pour pratiquer une cérémonie et créer un poison (irati). Elle tombe ainsi à genoux, plante sont kuturu dans le sol et projette du sable pour se protéger du poison. Un peu plus loin, Kuniya entame akuta, la danse que les femmes utilisent lorsqu’elles veulent se battre. Elle frappe Wati Liru à la tête. Affaibli par le poison, il tombe mais réussit à se relever. Kuniya finit par achever Wati Liru en le frappant une seconde fois. Sortie vainqueur du combat, elle reprend sa forme de python et se love au-dessus de la grotte près du trou d’eau, surveillant toujours les visiteurs d’aujourd’hui.
Le site d’Uluru étant sacré pour le peuple Anangu,ces derniers demandent aux touristes de ne pas photographier certains points de vue du rocher (endroits signalés par des panneaux) ainsi que de ne pas escalader le rocher. L’interdiction d’ascension du rocher ayant enfin été entérinée, l’interdiction sera effective à compter d’octobre 2019. En attendant, certains touristes continuent de réaliser l’ascension de ce site sacré, voir même s’empressent d’y aller avant la date effective d’interdiction.
Près d’Uluru se trouve le Uluru-Kata Tjuta Cultural Center, où sont présentés notamment le Tjukurpa (droit, religion et coutumes aborigènes) ainsi que l’histoire et la gestion du parc national.
Watarrka National Park (Kings Canyon)
Troisième jour du circuit, on finit la visite du centre rouge par une randonnée à Kings Canyon, dans le parc national de Warrtaka, se trouvant à l'extrémité Ouest de la chaîne de montagne George Gill Range. Kings Canyon est le deuxième plus grand canyon au monde, après celui du Pérou, le Grand Canyon des Etats-Unis n’étant pas un canyon mais une gorge.
Aux aurores pour profiter de la fraîcheur, on commence donc notre randonnée sur le circuit Rim Walk, qui fait une boucle de 6 km (3 heures de marche environ) et passe au sommet des falaises, offrant de très belles vues sur le canyon et le désert environnant. Au milieu de la visite, un détour permet de descendre au « Jardin d'Eden », un trou d'eau permanent entouré d'une végétation luxuriante et notamment de fougères préhistoriques. La dernière moitié du circuit se fait au milieu de dômes de grès, restes de millions d'années d'érosion où l’on peut observer les traces des vagues d’une mer morte sur la surface de la roche, preuve qu’il a existé un lac peu profond à Watarrka, il y a quelques 400 millions d’années.
Parmi la faune observable, on peut voir les oiseaux Ipuru ou Spinifex Pigeons.
Watarrka National Park - Kings Canyon, Reflet du Jardin d'Eden, Traces des vagues de la mer morte, Spinifex pigeons Mont Connor et Salt Lake
Avant de repartir vers Alice Springs, on s'arrête au point de vue pour observer le Mont Connor, autre Monolithe notable de la région, puis juste en face du point de vue, on traverse la route et grimpe la butte pour apercevoir le lac salé, sous un soleil de plomb.
Mont Connor et Salt Lake Le mont Conner (occasionnellement Mount Connor), est une montagne culminant à 859 m d'altitude et 300 mètres au-dessus du niveau du sol, au sud-est du lac Amédée, à 88 km au sud-est d'Uluru. Le mont Conner est un plateau en fer à cheval qui fait partie du même ensemble rocheux qu'Uluru et Kata Tjuta.