A l'origine était le Gondwana

Du 14 mars au 25 avril 2019
6 semaines
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Partie depuis les Philippines, je survole l’Indonésie, franchis l’équateur pour arriver dans l’hémisphère sud, puis le Tropique du Capricorne pour enfin me poser dans ma première destination d’Océanie : l’Australie. J’arrive à Sydney quelques huit plus tard, ayant parcouru 6270 km depuis Manille.

Sydney avec ses 5 millions d’habitants est la ville la plus peuplée de l’état de Nouvelle-Galles du Sud et même d’Australie, bien que n’étant pas la capitale (celle-ci étant Canberra). Malgré cela, arrivant de Manille, la ville me semble calme, comme en sourdine, principalement du fait de la fluidité du trafic grâce à un réseau ferré et de métros développé.

Ici, je me retrouve dans un environnement plus familier, aux allures britanniques : je peux boire l’eau du robinet et utiliser facilement les nombreux transports en commun. Mon « backpacker » (auberge de jeunesse) se situe dans le quartier de Wooloomooloo, à deux pas du verdoyant « Hyde Park », de la cathédrale néogothique Sainte Marie et d’une statue de la Reine Victoria. C’est à n’en pas douter, je suis bien dans un ancien dominion de la couronne britannique et membre du Commonwealth.

Hyde Park, Cathédrale Sainte Marie  et  baignade des Ibis dans le Quartier de Wooloomooloo

Avec ses 7,7 millions de mètres carrés de superficie, l’Australie est un pays à la taille d’un continent pour une population de seulement 24,5 millions d’habitants. Difficile de choisir un itinéraire de voyage sur ce continent !

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Je prends un vol pour Alice Springs où je vais démarrer mon circuit de 10 jours, le « 10 days Crocodile Rock », avec la visite des grands parcs du centre rouge, puis remonter la Stuart Highway pour arriver jusqu’à Darwin et terminer le circuit avec la visite des parcs Kakadu et Litchfield, soit environ 3'500 kilomètres au total.

Arrivée à Alice Springs, une des principales villes de l’état du Territoire du Nord, je réalise que j’ai changé de fuseau horaire (-1h30 par rapport à Sydney en mars), l’Australie comptant trois fuseaux horaires. Je commence par me balader dans le centre de la ville et faire quelques courses. La rue principale est bordée de boutiques touristiques vendant des objets d’art aborigènes, souvenirs, merchandising en tout genre de la ville et tous les équipements nécessaires pour visiter dans les meilleures conditions la région, dont l’indispensable « flies net », le filet à mouches.

Je croise de nombreux aborigènes dans les rues et au supermarché. Je ressens un malaise. Ces gens semblent errer dans la ville, les deux communautés blanches et aborigènes semblant vraiment vivre dans des mondes parallèles.

Les aléas du bush

Départ matinal à 4H45 à l’auberge de jeunesse avec notre jeune chauffeur Monty (diminutif de Montgomery), également guide et cuisinier. Après avoir été cherché les autres personnes du groupe à leurs hôtels (groupe de 18 personnes), on se lance sur la route afin de rejoindre Yulara, pas moins de 460 kilomètres de distance à parcourir. Au bout de 200km, on fait un premier arrêt à Erldunda Roadhouse, bourgade représentant le centre géographique de l’Australie, pour prendre un café, se dégourdir les jambes et faire connaissance avec les émeus (oiseau national de l’Australie, ressemblant à des autruches) dans l’enclos jouxtant le café. Puis on reprend la route. Le paysage désertique du bush et de sa terre aux teintes rougeâtres défile sans discontinuer, sous un ciel bleu et soleil de plomb. C’est alors que Monty ralentit, puis s’arrête pour réaliser quelques contrôles. L’huile a trop chauffé sous l’effet de la température extérieure (environ 38 degrés à 11h du matin). La surchauffe nous oblige à rouler entre 20 et 30 km/heure et surtout sans climatisation ! Bien évidemment, le système électronique du van ne nous permet pas de conduire la porte ouverte, ni d’ouvrir les fenêtres du van. Vive la modernité et les systèmes de contrôle automatique !

Monty s’empresse de passer plusieurs coups de téléphone satellitaire (n’ayant pas de réseau mobile au beau milieu du bush) auprès de sa chef pour trouver une solution. La solution est d’atteindre Curtin Springs Wayside Inn, à 80 kilomètres, où l’on pourra attendre « au frais » que notre guide fasse l’aller-retour jusqu’à Yulara, avec un de ses collègues étant sur place, pour récupérer un van de dépannage.

A l’intérieur du van, c’est une vrai fournaise, plus de 40 degrés, à supporter pendant au moins une heure trente, le temps de rejoindre Curtin Springs Wayside Inn! A plusieurs reprises, on s’arrête, patiente, s’hydrate puis repart en roulant à quelques vingt kilomètres heures, sans climatisation …un vrai sauna ! Régulièrement, lorsque nous sommes arrêtés sur le bas-côté de la route, les gens s’arrête pour s’assurer que tout va bien.

Ouf, on arrive enfin au point de relais ! Deux heures plus tard, on s’installe dans notre nouveau van, bien que moins moderne, doté d’un système de climatisation qui fonctionne ! On va pouvoir reprendre notre itinéraire avec quelques heures de retard. On arrive en fin de journée sur le site Kata-Tjuta, qui a été réouvert entre-temps dans la journée. Avec les températures particulièrement élevées en cet fin d’été (environ 40 degrés), plusieurs départs de feu avaient été signalés dans le bush. Le parc est en effet toujours surveillé afin de fermer les accès et évacuer les zones à risque, si nécessaire.

Emeus à Erldunda Roadhouse,  Sur la route jusqu'à Yulara, Départs de feu dans le parc Uluru- Kata Tjuta

Les Kata Tjuta (ou Mont Olgas)

On arrive donc en fin de journée pour faire un petit tour autour des Kata Tjuta, avant d'aller s'installer au point de vue pour admirer le coucher de soleil sur Uluru.

Kata Tjuta, qui signifie « têtes nombreuses » en langue Pitjantjatjara,est un immense groupe de formations rocheuses de grès, datant de 500 millions d’années. Les 36 rochers de Kata Tjuta forment des vallées profondes et des gorges abruptes. Le plus haut des Kata Tjuta (ou Mont Olgas nommé ainsi par l’explorateur Ernest Giles en l’honneur de la grande duchesse de Russie, Olga de Wurtemberg) culmine à 546 mètres.

L'Uluru-Kata Tjuta National Park est géré conjointement par le peuple Anangu, propriétaire par tradition et la société Parks Australia.

Kata Tjuta (ou Mont Olgas)

Vénérés par le peuple Anangu qui vit sur ces terres depuis plus de 22'000 ans, la légende raconte que ces rochers abriteraient le roi serpent Wanambi, qui ne descend de sa tanière, en haut du Mont Olga, qu’à la saison sèche. Femmes et étrangers sont exclus de la plupart des mythes concernant les Kata Tjuta ainsi que des cérémonies toujours orchestrées par leurs propriétaires traditionnels.

Uluru (ou Ayers Rock)

Affublé d’un « flies net » (filet à mouches), on part en randonnée aux aurores pour faire le tour d’Uluru sur le sentier « Base Walk » (soit quelques 10,6 km en 3 heures), en passant par des grottes décorées de peintures et pouvant observer des plissements de grés et des abrasions géologiques. On peut ainsi admirer la variation de couleurs du rocher à l’aube et ne pas trop souffrir de la chaleur. Pour plus de confort, le filet à mouches s’avère nécessaire car du lever du soleil jusqu’à la tombée de la nuit, de nombreuses petites mouches (les « bush flies ») viennent tourbillonner autour de vous et notamment de votre visage, la bouche, les yeux.

Uluru (nom aborigène) est un immense rocher mesurant 3,6 kilomètres de long, qui domine le bush de ses 348 mètres de haut et l’on estime que la partie visible ne représente qu’un tiers de sa masse rocheuse. Ce rocher daterait de la même période des Kata Tjuta, soit d’environ 500 millions d’années.

Le nom d'Uluru n'a pas de signification particulière en langue aborigène, si ce n'est qu'il est porté comme un nom de famille local chez les anciens. Cependant on le retrouve pour traduire les mots « protection » et « long sommeil » ou « périple » utilisé aussi pour définir la « liberté », dans la plupart des langues Anangu.

Uluru, ses peintures rupestres , rocher en forme de tête de serpent  (4ème photo en partant de la gauche)

Certaines grottes d’Uluru, notamment le long des Mala et Kuniya Walks, sont recouvertes de peintures, qui illustrent les histoires des anciens ou Tjukurpa, les lois traditionnelles, pour enseigner et transmettre leurs histoires. On peut y voir une abondance de symboles et de figures, utilisés également dans d’autres sites du Centre rouge. Ils représentent les animaux et les traces d’animaux, les plantes, les hommes et leurs armes. Le cercle concentrique est beaucoup utilisé. Il peut représenter un trou d'eau ou bien un lieu de campement.

La transmission des connaissances dans la culture aborigène était primordiale, en dépendaient leur survie dans un environnement hostile, avec des ressources très limitées : en effet il y a très peu d’eau disponible dans le bush et les températures d’été peuvent atteindre plus de 40 degrés. A titre d’exemple concernant l’alimentation, il existe pas moins de 100 variétés de tomates sauvages en Australie, dont seulement 6 sont comestibles. Mieux vaut ne pas se tromper !

De nombreuses légendes existent sur Uluru, les formes du monolithe et ses aspérités. L’une d’elle raconte que Kuniya, la femme python, venue de l’est pour déposer ses œufs sur Uluru campe et chasse dans les alentours. Elle porte ses œufs autour de son cou, comme un collier. Chaque fois qu’elle revient à son campement, elle crée de profondes rainures dans la roche. Un jour, son neveu, qui avait provoqué un groupe de Liru, des serpents venimeux, parvient à la base d’Uluru pour se reposer. Submergé par le nombre de Liru parvenus à le rattraper, il est tué par les guerriers d’un coup de lance. Kuniya, qui se reposait de l’autre côté d’Uluru, finit par apprendre la mort de son neveu et se rend alors sur le côté ouest du rocher. Les guerriers Liru étaient culturellement tenus de veiller sur son neveu blessé. Ayant manqué à leur devoir, Kuniya fait face à l’un des Wati Liru (homme serpent) près du trou d’eau Mutitjulu. Alors qu’il se moque d’elle, elle décide de le punir et se change en femme pour pratiquer une cérémonie et créer un poison (irati). Elle tombe ainsi à genoux, plante sont kuturu dans le sol et projette du sable pour se protéger du poison. Un peu plus loin, Kuniya entame akuta, la danse que les femmes utilisent lorsqu’elles veulent se battre. Elle frappe Wati Liru à la tête. Affaibli par le poison, il tombe mais réussit à se relever. Kuniya finit par achever Wati Liru en le frappant une seconde fois. Sortie vainqueur du combat, elle reprend sa forme de python et se love au-dessus de la grotte près du trou d’eau, surveillant toujours les visiteurs d’aujourd’hui.

Le site d’Uluru étant sacré pour le peuple Anangu,ces derniers demandent aux touristes de ne pas photographier certains points de vue du rocher (endroits signalés par des panneaux) ainsi que de ne pas escalader le rocher. L’interdiction d’ascension du rocher ayant enfin été entérinée, l’interdiction sera effective à compter d’octobre 2019. En attendant, certains touristes continuent de réaliser l’ascension de ce site sacré, voir même s’empressent d’y aller avant la date effective d’interdiction.

Près d’Uluru se trouve le Uluru-Kata Tjuta Cultural Center, où sont présentés notamment le Tjukurpa (droit, religion et coutumes aborigènes) ainsi que l’histoire et la gestion du parc national.


Watarrka National Park (Kings Canyon)

Troisième jour du circuit, on finit la visite du centre rouge par une randonnée à Kings Canyon, dans le parc national de Warrtaka, se trouvant à l'extrémité Ouest de la chaîne de montagne George Gill Range. Kings Canyon est le deuxième plus grand canyon au monde, après celui du Pérou, le Grand Canyon des Etats-Unis n’étant pas un canyon mais une gorge.

Aux aurores pour profiter de la fraîcheur, on commence donc notre randonnée sur le circuit Rim Walk, qui fait une boucle de 6 km (3 heures de marche environ) et passe au sommet des falaises, offrant de très belles vues sur le canyon et le désert environnant. Au milieu de la visite, un détour permet de descendre au « Jardin d'Eden », un trou d'eau permanent entouré d'une végétation luxuriante et notamment de fougères préhistoriques. La dernière moitié du circuit se fait au milieu de dômes de grès, restes de millions d'années d'érosion où l’on peut observer les traces des vagues d’une mer morte sur la surface de la roche, preuve qu’il a existé un lac peu profond à Watarrka, il y a quelques 400 millions d’années.

Parmi la faune observable, on peut voir les oiseaux Ipuru ou Spinifex Pigeons.

Watarrka National Park - Kings Canyon, Reflet du Jardin d'Eden, Traces des vagues de la mer morte, Spinifex pigeons 

Mont Connor et Salt Lake

Avant de repartir vers Alice Springs, on s'arrête au point de vue pour observer le Mont Connor, autre Monolithe notable de la région, puis juste en face du point de vue, on traverse la route et grimpe la butte pour apercevoir le lac salé, sous un soleil de plomb.

Mont Connor et Salt Lake 

Le mont Conner (occasionnellement Mount Connor), est une montagne culminant à 859 m d'altitude et 300 mètres au-dessus du niveau du sol, au sud-est du lac Amédée, à 88 km au sud-est d'Uluru. Le mont Conner est un plateau en fer à cheval qui fait partie du même ensemble rocheux qu'Uluru et Kata Tjuta.

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Après une pause détente d'un jour à Alice Springs, on poursuit le circuit en remontant la Stuart Highway depuis Alice Springs jusqu’à Darwin, soit quelques 1’500 kilomètres au total, à parcourir en 3 jours et avec une moyenne de 500 kilomètres par jour. La Stuart Highway correspond au grand axe routier nord-sud de l’Australie, permettant de rejoindre Adelaïde à Darwin, soit 2’834 kilomètres.

Karlu Karlu (ou Devils Marbles)

Après 410 km, on arrive au site Karlu Karlu, également appelé Devils Marbles.

Les Devils Marbles se trouvent sur les terres ancestrales des peuples Warumungu, Kaytetye, Alyawarra et Warlpiri. Ces populations les ont baptisés Karlu Karlu, ce qui signifie littéralement « blocs rocheux arrondis ». De même que le parc national d’Uluru-Kata Tjuta, le site Karlu Karlu est sacrés pour les populations aborigènes locales.

Façonnés par l'érosion depuis des millions d'années, les Devils Marbles composés de granite semblent sortir de nulle part. Leur taille varie de 50 centimètres à 6 mètres de diamètre. Un grand nombre de ces énormes blocs arrondis tiennent en équilibre précaire les uns sur les autres, semblant ainsi défier les lois de la gravité. Aujourd'hui encore, ils continuent de s'éroder et de se fissurer, transformant en permanence le paysage.

Karlu Karlu (ou Devils Marbles)

Tenant Creek Telegraph Station

On continue la remontée de la Stuart Highway et on s'arrête à la station du télégraphe de Tenant Creek. La Stuart Highway est étroitement liée à la construction de la ligne télégraphique transaustralienne (Australian Overland Telegraph Line) reliant Darwin à Port Augusta, projet qui fut mené par l’astronome Charles Todd et achevé en 1872. Elle permit une communication rapide entre l’Australie et le reste du monde. Douze stations relais avaient été construites tout au long de la ligne, dont Alice Springs et Tenant Creeks.

Tenant Creek Telegraph Station et sa vue sur les termitières environnantes 

Mataranka Thermal Pool

Après 570 km de route depuis Tenant Creek, on s'arrêt à la piscine thermale de Mataranka: un vrai bonheur cette pause détente-thalasso! Il s’agit d'une piscine naturelle, à une température constante d’environ 34°C. La forêt environnante de palmiers et d’eucalyptus à écorce de papier (« Paper Bark tree») filtre les rayons du soleil qui se reflètent sur la surface de l’eau.

Mataranka Thermal Pool 

Parc National de Nitmiluk (Katherine's Gorge)

Le parc Nitmiluk abrite les gorges de la rivière Katherine et les cascades de la rivière Edith. Les gorges et les régions qui les entourent ont une grande valeur pour les aborigènes jawoyns qui en ont la garde. En langue aborigène jawoyn, le nom Nutmiluk signifie le rêve de cigales.

On a réalisé la randonnée « Baruwei Loop walk » de 4,8 km, sentier qui offre un point de vue magnifique sur les gorges et permet de se rafraîchir près d’une cascade, avant de rentrer en bateau.

Nitmiluk National Park, Katherine's Gorge 

Sur la route

Sur cette longue route de 1’500 kilomètres séparant Alice Springs de Darwin, en plus des principaux arrêts mentionnés précédemment, on a franchi le tropique du Capricorne et s’est arrêté dans de multiples petites bourgades isolées telles qu’Aileron, Larrimah, Wycliffe Well avec ses allures de musée d’OVNI, Daly Waters et son pub, Pine Creek Lazy Lezard et ses glaces-maison.

Sur la route jusqu'à Darwin 

Le Camping et sa faune

Concernant le couchage pendant le circuit, on dormait en camping dans des tentes ou alors à la belle étoile, dans des swags, sac de couchage typique dans les campings du centre australien, très confortable. Il s’agit de matelas et d’un oreiller roulé dans une solide housse imperméable, que l’on déroule pour dormir à la belle étoile. L’utilisation du swag date du temps des chercheurs d’or et des ouvriers agricoles nomades à la recherche de travail dans les grandes exploitations. Les campings sont généralement très bien aménagés : grande cuisine et sanitaires relativement propres.

En Australie et à fortiori dans les campings, on a l’opportunité de faire connaissance très rapidement avec la faune : des wallabies dans les près jouxtant le camping, un chien Dingo égaré dans le bush, de nombreuses araignées de taille « décente » et de toutes les couleurs qui s’invitent parfois dans votre tente (comme la Hunstman ci-dessous), des grenouilles se cachant dans les toilettes, des oiseaux à l’affut de miettes dans les cuisines, des insectes en tout genre et ces fameux crapauds-buffles.

Les Campings, leurs faunes (Grenouilles, Araignée  Huntsman et Crapaud-buffle) et les feux de camps

Énorme et venimeux, le crapaud-buffle (Bufo marinus) est un fléau en Australie. Il a été importé d'Hawaii en 1935 pour combattre une invasion de scarabées qui attaquaient les champs de cannes à sucre dans le Queensland. Mais le crapaud-buffle ne sautait pas assez haut pour pouvoir manger les scarabées. Le crapaud-buffle est nuisible dès sa naissance. Têtard, il tue les poissons qui le mangent. Adulte, il possède des glandes remplies d'un venin capable de paralyser un chien en 15 min. Les victimes de ce prédateur sont nombreuses : lézards, serpents, souris, grenouilles, petits marsupiaux, etc. Il serait même responsable de la disparition du chat marsupial dans le parc de Kakadu. Au final, ce gros batracien a progressivement envahi l'Australie, mangeant et empoisonnant sur son passage de nombreux animaux. Aujourd'hui, il sévit surtout dans la région de Darwin.

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On poursuit le circuit par 3 jours de visite des grands parcs naturels du nord, dans la région de Darwin : le Kakadu National Park et le Litchfield Park.

Bien plus qu’un simple parc national, le Kakadu est une illustration vivante du lien viscéral unissant les Aborigènes à la terre dont ils sont les gardiens naturels depuis des millénaires. Le parc s’étend sur presque 20'000 kilomètres carrés, ce qui en fait le plus grand parc naturel d’Australie. Il abrite un écosystème spectaculaire, peuplés d’animaux et semés de cascades et de remarquables peintures rupestres anciennes. Depuis 1981, il est classé sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO à la fois comme « paysage naturel » et « paysage culturel ».

Parmi les nombreux paysages du Kakadu, on dénombre six types de reliefs : la région boisée d’Eucalyptus et de hautes herbes qui représente 80% du parc « Savanna Woodlands », la région humide « Monsoon vine forests », la région rocheuse « Stone Country », les plaines inondables et rivières et billabongs, les collines du sud du parc « Southern Hills and Ridges » et la région côtière. Chaque région est caractérisée par sa faune et sa flore. Le Billabong, mot de la langue Wiradjuri, désigne une étendue d’eau constituée d’un méandre mort qui se forme généralement quand le cours d’une rivière change.

Avant d’arriver à l’un des sites principaux (Nourlangie), nous faisons un bref arrêt dans la ville de Jabiru. Il est très étonnant de trouver une petite ville au cœur du parc national. La localité doit en fait son existence à la proximité de la mine d’uranium de Ranger. Principal centre de services de Kakadu, elle compte une banque, un centre médical, un marchand de journaux, un supermarché et une boulangerie. La mine devrait bientôt être fermée. A noter que l'Australie est le pays détenant les plus importantes réserves d'uranium au monde (environ 30% des réserves mondiales).

Nourlangie Rock- Nawurlandja outlook

Le point de vue Nawurlandja, accessible après une courte randonnée, offre une vue panoramique sur la savane boisée délimitée par les terres escarpées d’Arnhem. Ce paysage qui s’étend à perte de vue donne un aperçu magnifique de l’immensité du parc Kakadu.

Nourlangie Rock- Nawurlandja outlook

Les peintures de Nourlangie- Burrungkuy

Le parc Kakadu recèle l’une des plus riches collections d’art rupestre d’Australie, répartie sur plus de 5'000 sites. Pour les aborigènes locaux, ces peintures constituent une source de connaissances majeure sur les savoirs traditionnels. Beaucoup croient que certaines des créations les plus anciennes ont été réalisé par des esprits mimi, et relient de ce fait le peuple aux légendes de la Création et à l’évolution des traditions aborigènes.

Les peintures étant toutes exécutées avec des ocres naturels et solubles, elles sont facilement altérées par l’eau. Des bandes de silicone ont été fixées au-dessus des œuvres afin de détourner la pluie.

A Burrungkuy, nom Gundjeihmi de la partie haute de Nourlangie, se trouve la collection d’art rupestre la plus connue du Kakadu. On y trouve l’Anbangbang Shelter, utilisé depuis plus de 20'000 ans comme refuge et support de peintures et l’Anbangbang Gallery, avec des personnages du Dreaming repeints dans les années 1960. Notamment, le viril Nabulwinjbulwinj, un esprit dangereux qui dévore les femmes après les avoir assommées avec une igname.

Burrungkuy- Galerie Anbangbang de Nourlangie 

Dans les deux premières photos, on peut observer le personnage Namarrgon ou Lightning Man (l’homme éclair), responsable des éclairs et orages qui se produisent le long de l’escarpement de la terre d’Arnhem (frontière entre le Kakadu et la terre d’Arnhem à l’est). Il est ici représenté dans le coin supérieur droit de la peinture. Sa femme Barrjing est représentée dans la partie gauche, sous Namondjok (Ancêtre de la Création). Nmarrgon et Barrjing sont tous deux parents de Aljurr, les sauterelles, qui surviennent dès que les premiers orages apparaissent. Le groupe d’hommes et de femmes dessiné dans la partie basse de la peinture, en dessous des trois personnages considérés comme « Ancêtres de la Création », semble participer à une cérémonie à juger par leurs tenues.

De nos jours, les aborigènes peignent très rarement de nouvelles peintures dans les grottes, mais continuent de peindre sur des écorces, du papier ou d’autres supports.

Croisière sur le Yellow Water Billabong

On continue la découverte du parc Kakadu, en explorant la région Ngurrungurrudjba, nom aborigène de la région Yellow Water. On démarre la journée avec une croisière de deux heures à l’aube sur le Yellow Water billabong, où l’on peut admirer la diversité de la faune et la flore, baignées dans la lumière du soleil levant. Un spectacle de toute beauté !

Créspucule sur le Yellow Water Billabong

Le parc abrite plus de 60 espèces de mammifères, plus de 280 espèces d’oiseaux, 120 espèces répertoriées de reptiles, 25 espèces de grenouille, 55 espèces de poissons d’eau douce et 10'000 variétés d’insectes. On notera parmi les oiseaux : la canaroie semi-palmée, l’anserelle élégante, le tadorne radjah, le jabiru, le pélican, la grue brolga, la cigogne d’Australie, les hérons, les aigrettes, les cormorans, les aigles d’Australie.

On a pu apercevoir entre autre : un crocodile marin (unSalties), un buffle d’eau, un aigle pêcheur à poitrine blanche (Pygargue blargue), des Dendrocygnes d'Eyton vivant uniquement en Australie, l’Anhninga d’Australie aussi nommé l’oiseau-serpent à cause de son long coup fin.

Les crocodiles marins (Salties ou Estuarine) sont présents dans tous le parc. On les distingue des crocodiles d’eau douce (Fresh Water Crocodiles) par leur taille et la forme de leur gueule, les crocodiles d'eau douce ne dépassant rarement plus de 3 mètres et ayant une gueule étroite.

Faune observée lors de la croisière sur le Yellow Water Billabong

Au fur et à mesure que le jour se lève, la surface de l'eau devient un miroir des rivages et du ciel.

Jeux de miroirs sur le Yellow Water billabong 

La région de Yurmikmik

Yurmikmik est le nom Jawoyn de la région qui s’étend du plateau Marrawal à la South Alligator River. Nous avons emprunté le sentier de randonnée Yurmikmik Lookout Walk de 5 kilomètres, qui traverse les bois jusqu’à une crête rocheuse et offre un point de vue panoramique sur la région, avant de terminer par une baignade dans un bassin bordé d’une cascade.

Région de Yurmikmik - Point de vue panoramique et cascade

Les aborigènes et la reconnaissance de leur terres

Comme on peut le voir dans les différents parcs (Uluru-Kata Tjuta, Karlu Karlu, Nitmiluk, Kakadu..etc), la gestion des parcs est désormais partagée entre la communauté aborigène locale et l'Etat australien. Toutefois, il a fallu attendre 1976 et l'Aboriginal Land Rights, pour que le gouvernement rende aux aborigènes une partie de leur terres, et ce progressivement.

Les Aborigènes sont les premiers humains à avoir peuplé la partie continentale d'Australie, avec les Indigènes du Détroit de Torres, il y a près de 60'000 ans. Comme on peut le voir sur la carte des groupes linguistiques ci-dessous, la population aborigène est répartie sur tout le continent et la Tasmanie. A l'arrivée des européens au XVIIIème siècle, ils étaient répartis en plus de 250 groupes linguistiques et 600 dialectes.

Groupe linguistique aborigène et du détroit de Torres 

Cette carte est juste une représentation de plusieurs sources cartographiques, rendues disponibles à Aboriginal Australia. En utilisant plusieurs sources publiées entre 1988-1994, cette carte tente de représenter l’ensemble des langues et groupes sociaux des peuples indigènes d’Australie. Celle-ci indique seulement l’emplacement de larges groupes de personnes qui peuvent inclure de plus petits groupes tels que des clans, des dialectes ou langues particulières dans un groupe. Les limites ne se veulent pas exactes.

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Le parc de Litchfield était à l’origine habité par les aborigènes Mak Mak Marranunggu, Werat et Waray depuis près de 60 000 ans. Il fut découvert en 1864 par Frederick Henry Litchfield, qui avait pour mission d’explorer les alentours de l'Adelaide River. A l’époque, les Britanniques voulaient bâtir des forts car ils redoutaient la venue des colons Français et Hollandais, mais ils trouvèrent vite une nouvelle utilité au territoire : un domaine d’agriculture et d’élevage.

Le Territoire du Nord fut annexé, les aborigènes chassés de leur terre, placés en réserves ou missions chrétiennes, et souvent utilisés comme gardiens de bétail ou domestiques dans les fermes. Un groupe de colons s’installa dans le Litchfield, mais les débuts furent très difficiles, car ils souffrirent des pluies incessantes, de l’humidité, de la chaleur, et des moustiques.

En 1870, la découverte d’étain et de cuivre permis aux nouveaux venus de débuter une exploitation des sols, « aidés » des aborigènes Mak Mak Marranunggu, qui dura jusque dans les années 1940. En 1949, l’uranium fut découvert, offrant aux locaux une nouvelle source de revenus avec son exploitation minière, qui dura de 1953 à 1971. Le site ferma ses portes suite à une faillite, et le Litchfield fut laissé à l’abandon jusqu’en 1986, lorsqu’il fut déclaré Parc National.

Le paysage du parc a été façonné par l’eau et de ce fait, il contient un nombre de cascades spectaculaires (Wangi Falls, Florence Falls…etc) et de piscines naturelles (Buley Rockhole).

Les Nombreuses cascades du Parc Litchfield (Florence et Wangi Falls) et ses autres points d'eau

L’autre particularité du parc est la présence de centaines de termites « magnétiques » ou termites boussole (Amitermes meridionalis), espèce endémique du Nord de l’Australie. Les noms vernaculaires de ces termites proviennent de la forme de leur termitière, systématiquement construite selon un axe nord-sud, afin de conserver une température interne stable. Les termites magnétiques ne sont pas les seules présentes dans les parcs; ils existent également des termitières appelées Cathédrale, très complexe et qui peuvent atteindre jusqu'à six mètres de haut. Une termitière peut vivre entre 50 et 100 ans selon la durée de vie de la reine. La termitière fournit une parfaite maison pour les termites, celle-ci étant à la fois chaude et humide.

De Gauche à droite : Termitière Cathédrale, Alvéoles d'une termitière morte et Termitière Magnétique 
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Une fois terminé le circuit de 10 jours, je prends l’avion de Darwin pour me rendre à Cairns, ville au nord-est de la côte est de l’Australie, faisant partie des principales villes du Queensland. Je commence alors depuis Cairns la descente de la côte est jusqu’à Sydney soit quelques 2’500 kilomètres, avec plusieurs arrêts dans la région du Queensland :Townsville pour aller sur Magnetic Island, Airlie Beach point de départ d’une croisière de deux jours dans les Whitsundays, un arrêt à Gladstone le temps de voir la vibrante comédie musicale « The Sapphires » adaptation du film du même nom, Rainbow Beach, Noosa, puis retourner dans région de la Nouvelle-Galles du Sud : Byron Bay et Sydney.

Vues aériennes du vol Darwin - Cairns 

Parc national de Daintree et le cap Tribulation 

Le temps d’une journée, je pars explorer en tour la Daintree Forest, Cape Tribulation et le temps d'un bref arrêt Port Douglas.

La Daintree Forest est la région forestière humide et tropicale la plus ancienne au monde, d’une superficie d’environ 1'200 km2 qui désigne à la fois une forêt humide, un fleuve, un récif, des villages et le berceau des gardiens de ses traditions, le peuple Kuku Yalanji. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et particularité, elle jouxte un autre site classé, la grande barrière de corail.

On commence le tour par une croisière d’une heure sur la rivière Daintree pour observer la flore et la faune et notamment les crocodiles. Pas un en vue malheureusement, le niveau de la rivière étant très élevé dû aux fortes pluies des semaines passées. Puis on se rend au Alexandra Range Outlook, réalise une balade dans la forêt tropicale avant de s’arrêter pour déjeuner à la Copper Creek et visiter le Daintree Entomological Museum, exposant une très riche collection privée de rares papillons et coléoptères de la Daintree Forest mais aussi d’autres pays. Le tour se termine avec un arrêt au cap Tribulation pour se balader sur la plage sous une pluie fine et observer la mangrove et à Daintree Ice Cream Compagny pour déguster des glaces faites maison à partir de fruits originaux locaux.

Daintree Forest - Alexandra Range Outlook- Copper Creek
Cape Tribulation - sa plage et sa mangrove

Tout le long du littoral, lorsqu'on se souhaite se baigner, il faut toujours bien se renseigner s'il y a des crocodiles marins, des méduses venimeuses ou des requins, le plus simple étant de se baigner sur des plages surveillées et délimitées par des filets et drapeaux.

Sur la route en sortant de Cape Tribulation, on a eu la chance d’apercevoir un Casoar à casque adolescent, oiseau en voie de disparition, qui traversait la route. Il s’agit d’un oiseau qui ne peut pas voler, ayant des allures de dinosaures avec ses pattes se terminant par trois griffes acérées. Adulte, il peut atteindre 2 mètres de haut et 100 kg. A noter, que c’est le mâle qui couve les œufs après la ponte. La survie de la forêt tropicale dépend du casoar qui est responsable de la dispersion des graines de plus de 150 espèces de plantes et en particulier les variétés produisant de gros fruits. En effet, en mangeant il gobe en entier des fruits mais excrète les graines intactes sous forme de déjections qui agissent comme engrais.

Casoar Adulte  - Détails de ses griffes et  de son squelette

Sur le chemin du retour, on s'arrête à Port Douglas, une charmante ville balnéaire.

Port Douglas et sa Petite Eglise - Wallabies paissant dans un pré 
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Pendant ma première semaine à Sydney, j’avais réservé la plupart des tours pour visiter l’Australie et notamment une excursion d’une journée sur la grande barrière de corail à partir de Cairns. Ce fut un moment mémorable, mais pas pour les raisons auxquelles je m’attendais…

J’avais donc réservé mon tour pour le 3 avril, encore en pleine saison des pluies, qui s'étale de décembre à avril. J’espérais malgré tout avoir de la chance, c’est-à-dire avoir quelques averses entrecoupées de beaux ciels bleus me permettant de voir les couleurs des nombreux coraux. Malheureusement la météo annoncée n’était pas des plus favorables : temps pluvieux et une mer agitée sur une partie de la traversée d’une heure trente pour atteindre les spots de Briggs Reef et Sudbury Reefs de la grande barrière de Corail. L’équipage avait bien signalé dès le départ que la mer serait agitée environ 20 minutes, ce qui fut le cas en réalité tout le long de la traversée, le temps de traverser les eaux profondes jusqu’à atteindre la barrière de corail. Avec la vitesse du bateau à moteur naviguant sur cette mer agitée, le bateau ne cessait de rebondir sur l’eau et de façon encore plus marquée à l’avant du bateau. Cramponnée à mon fauteuil, je résistais tant bien que mal. Cette heure et demi me parut interminable ! Soudain le bateau stoppa net, une personne de l’équipage ayant alerté le capitaine du bateau que l’un des deux bateaux de sauvetage était en train de se détacher. Petit à petit les passagers se trainaient à l’arrière du bateau où on ressentait le moins les rebonds sur l’eau. Une bonne dizaine de personnes se trouvaient à l’arrière du bateau, munis de petit sachet blanc pour se défaire progressivement de leur petit-déjeuner.

Je levai la tête un instant et là, je vis accourir un puis deux moniteurs pour soutenir et fixer deux dalles du plafond du bateau qui étaient en train de tomber. Pendant les 45 premières minutes, enfoncée dans mon fauteuil, mon estomac résistait jusqu’au point de non-retour. Je me trainai alors jusqu’à l’arrière du bateau, pour recevoir mon trophée : un petit sachet blanc. Une fois rempli, les moniteurs les jetaient et nous en redonnaient un propre. Une farandole de sachets blancs virevoltait dans la traînée du bateau. Nous arrivâmes enfin ! Quel soulagement ! Je réussis à me lever, me glisser dans la combinaison néoprène et m’harnacher d’un gilet de sauvetage par mesure de sécurité. La théorie veut que lorsque l’on a le mal de mer, il vaut mieux se mettre à l’eau pour que ça passe plus vite. Je parvins à m’extraire du bateau avec tout mon attirail complété des palmes-masque-tuba et nager jusqu’à la barrière de corail dans une mer quelque peu agitée. J’arrivai au niveau de la barrière de corail, mais malheureusement il y avait très peu de lumière pour admirer le plus grand récif corallien du monde. Finalement, toujours en état fébrile, je pris deux photos pour immortaliser ma visite de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et retournai au bateau me reposer, alors qu’une pluie forte arrivait. Le chemin du retour aura heureusement été moins agité.

En questionnant l’équipage, il s’avère que les excursions sur la grande barrière de corail ne sont annulées uniquement que si un risque majeur est avéré, tel un cyclone : pas de demi-mesure!

Photos de la Grande Barrière de corail par temps pluvieux et ce que j'aurai pu voir! 

Les récifs de la Grande Barrière (Great Barrier Reef), appelés aussi Grande Barrière de Corail, constituent le plus grand récif corallien du monde. L'ensemble, qui s'étire sur plus de 2 600 kilomètres depuis Bundaberg jusqu'à la pointe de la péninsule du cap York, couvre une superficie de 344 400 km2.

La Grande Barrière, située en mer de Corail au large du Queensland, est composée de 2 900 récifs et 900 îles. Visible de l'espace, elle est la plus grande structure vivante biogénique (créée par des organismes vivants) au monde, construite par des milliards d'organismes minuscules, connus en tant que coraux polypes. Elle soutient une large diversité de vie marine et est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981.

Le corail qui constitue la Grande Barrière a été créé il y a 18 millions d'années et ne peut pas vivre à plus de 30 m de profondeur. Cependant, on trouve des récifs sur des socles bien plus profonds. Les premières colonies de polypes vivants se forment en effet à proximité des côtes, mais tandis que le niveau de la mer monte ou que le fond de l'océan s'enfonce, de nouvelles colonies se développent sur les squelettes des individus morts. Les coraux de la Grande Barrière sont relativement jeunes. Les scientifiques pensent qu'il y a 18 000 ans, pendant la dernière ère glaciaire, le niveau de l'eau a diminué, laissant émerger des collines. Le corail s'est alors formé sur le plateau continental, devant ces collines.

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En commençant ma descente de la côte est jusqu’à Sydney, je m’arrête quelques jours à Magnetic Island, surnommée « Maggie », une charmante île très touristique, à quelques 8 kilomètres en ferry de Townsville. Plus de la moitié de ses 52 km2 de surface abrite un parc national, sillonné par de nombreux chemins de randonnées offrant de magnifiques points de vue panoramiques sur les baies environnantes et les formations rocheuses de l’île. La randonnée menant aux forts permet d’observer quelques koalas dans leurs milieux naturels.

Les ruines de ces forts correspondent aux forts construits lors de la seconde guerre mondiale. En effet, en 1942, suite à l’attaque de Pearl Harbour, Townsville devient une importante base en Australie pour les troupes provenant d'Australie et des États-Unis. Pour assurer la sécurité du lieu en cas d'attaque ennemie, un grand complexe militaire « The Forts », comme on nomme aujourd'hui ses ruines, est construit sur l'Ile Magnétique. Au bout du chemin de randonnée, le poste de commande, qui fait encore office de tour radio, offre une vue panoramique exceptionnelle à 360 degrés sur les baies et l'océan.

Sur la route des ruines des forts et  ses nombreux points de vue panoramique sur l'île
Koalas sur le chemin menant aux forts, en plein effort! 

Le nom de l'île provient de l'apparent effet "magnétique" qu'elle eut sur le compas des navires du Capitaine Cook lorsque celui-ci passa près de l'île au cours de sa navigation le long de la côte est de l'Australie en 1770. Depuis lors, des gens ont exploré l'île à l'aide de divers instruments afin de découvrir ce qui pouvait être la cause de l'effet rapporté par Cook, mais rien n'a été découvert.

Horseshoe Bay Fish and Chips, https://hsbfishandchips.com.au/

Très bon Fish and Chips en bord de plage, dans la baie Horseshoe


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J’appréhendais énormément la croisière de deux jours sur un voilier vu l’expérience désastreuse de ma sortie en mer pour admirer la grande barrière de corail. Heureusement les conditions météorologiques étaient nettement meilleures et le type de navigation aussi : à voile plutôt qu’à moteur.

J’embarque donc au départ d’Airlie Beach (North End Abell Point Marina), à bord du Summertime, un très beau voilier restauré âgé de 70 ans, long de 19,2 mètres (63 pieds), prête à découvrir le célèbre archipel des Whitsundays et ses magnifiques paysages, ses plages, ses fonds marins en snorkeling et ses baies en faisant du kayak.

Départ de la Marina d'Airlie Beach pour une croisière de 2 jours à bord du Summertime 

Les Whitsundays sont un archipel de 74 îles, dont les rivages sablonneux sont baignés dans des eaux offrant une palette très large de bleu, des plus clairs et transparents lorsque le soleil apparait au ton plus foncé au large et sous les nuages. Protégés des déferlantes et des contre-courant par la grande barrière de corail, ces îles se prêtent parfaitement à la navigation à la voile.

Crépuscule sur les flots 

La plage la plus célèbre des Whitsundays n’est autre que la Whitehaven Beach qui s’étend sur 7 km. Le sable de cette plage est d’un blanc éclatant, un des sables les plus blanc au monde, car la concentration de silice pure atteint 98%. La particularité de ce sable est qu’il n’absorbe pas la chaleur : un vrai bonheur pour se promener sur cette longue plage sous un soleil de plomb. On peut y observer des bébés requins dans les méandres de la mer se perdant dans le sable.

Whitehaven plage, bébé requin et point de vue panoramique sur Whitehaven Beach

Pour se baigner, il est obligatoire de porter une combinaison car on se trouve toujours dans la période des méduses venimeuses (d’octobre à mai). Sur certaines plages de la côte est, des filets sont installés pour filtrer les méduses, notamment les « box jellyfish » qui sont très venimeuses.

Nous avons passé la nuit dans une des baies de la côte ouest de l’île Hook, deuxième île de l’archipel par la taille (53Km2) et classé pour une grande partie de l’île comme parc national. Cette île offre de très beaux endroits de snorkeling et de promenades en kayak. On a pu apercevoir de nombreux poissons colorés sur un fond marin tapissé de coraux, plusieurs raies ainsi qu’un « Clam » géant (tridacne géant ou bénitier géant), … et pas un seul requin, ouf!

Snorkeling dans une baie autour de l'île Hook (Bénitiers petit et géant, coraux)
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Je poursuis donc la descente de la côte Est et ses quelques 1150 kilomètres restant pour atteindre Sydney. Après les arrêts d’Airlie Beach, Gladstone et Rainbow Beach, je m’arrête à Noosa ombre » ou «endroit ombragé» en langue aborigène), une très jolie station balnéaire authentique. En effet, contrairement aux stations balnéaires précédentes, celle-ci est fréquentée par des Australiens. Cela me change des arrêts précédents où la majeure partie des touristes sont de très jeunes backpackers munis de PVT (Permis Vacances Travail).

En plus de sa très jolie plage, la ville de Noosa est bordée de nombreuses plages et se situe au cœur d’un parc national parsemé de sentiers de randonnée. Un des chemins de randonnée permet de longer la côte, s’arrêter au Dolphin Point Outlook, au Fairy Pools, au Hell’s Gate, longer la Baie d’Alexandrie pour terminer par la traversée du parc boisé.

Balade le long de la côte à Noosa dans le parc national

Dans le parc national de Noosa, comme dans beaucoup d’autres endroits en Australie, on retrouve de très nombreux Paperbark trees, qui sont de la famille des arbres à thé.

L'arbre à thé ou tea tree (Melaleuca alternifolia) est un arbre de la famille des Myrtaceae originaire d'Australie. On extrait des feuilles de l'arbre à thé une huile essentielle : l'huile d'arbre à thé, utilisée en phytothérapie. Cette huile est voisine de l'huile « goménolée » extraite du niaouli. Les feuilles de divers Melaleuca étaient traditionnellement utilisées par les aborigènes d'Australie contre le rhume, la fièvre et les congestions. Ils écrasaient les feuilles pour en inhaler l'essence ou les faisaient infuser pour en boire la tisane.

Paperbark trees 

Le nom de « tea tree » aurait été donné par le capitaine James Cook lors de son voyage autour du monde, lorsqu'en 1770, il aborda la côte est d'Australie et que les marins firent du thé avec les feuilles d'un arbre de la famille des Myrtacées.

Le terme latin scientifique melaleuca est composé de deux termes empruntés au grec : melan μέλαν «noir» et leucos λευκος «blanc», en raison des contrastes de couleur entre la base du tronc et les branches de l'espèce type.

Halse Lodge YHA de Noosa est un complexe qui fait auberge de jeunesse ainsi que restaurant, très apprécié des australiens. Le bâtiment principal en bois de deux étages datant de 1880, a été reconstruit dans les années 1920 et était à l'origine un pensionnat, puis une Guest House. https://halselodge.com.au/

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Byron Bay, comme son nom l’indique, offre aux visiteurs une très jolie baie pour se baigner et surfer. Il existe également divers chemins de randonnée donnant accès à plusieurs plages, au point le plus à l’est de l’Australie continentale et à un très beau phare imposant. L’accès au haut du phare permet d’avoir une vue imprenable sur toute la baie et la côte est : un panorama magnifique !

Je qualifierai cette ville d’hippie-chic, pour ne pas dire BOBO à la française. On y trouve des cours de yoga, séances de massage, boutiques de vêtements Fashion, magasins bio et au détail rarement vus auparavant.

Avec ses rues bordées de petits cafés, restaurants et pubs à proximité de la plage, la ville est très vivante. De plus, sa relative proximité avec Sydney et son cadre idyllique en fait un site idéal de villégiature pour les australiens.

Byron Bay - Entre crépuscule et pleine lune 
Balade jusqu'au phare 
Byron Bay et ses plages  environnantes de surfeurs

En se promenant le soir dans le centre de la ville, on croise de nombreux artistes, jeunes chanteurs de talent comme Alice Hill http://alice-hills.com/my-events et Alex de Coast and Ocean https://www.coastandocean.com.au, en parallèle du festival d'envergure internationale "Blues Fest" qui se déroule à cette période (Avril).

Concerts dans les rues de Byron Bay 

Sinon pour ce qui est de l'ambiance hippie au premier sens du terme, on la retrouve à quelques 80 kilomètres de Byron Baye au village de Nimbin. Officiellement, la culture, la commercialisation et la détention de cannabis y sont illégales comme dans le reste de l'Australie. Cependant, il existe une grande tolérance vis-à-vis de la culture du cannabis ; l'achat, la vente et la consommation du cannabis local se font ouvertement, dans la rue.

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Sydney Harbour est une magnifique baie naturelle, la plus profonde au monde, au cœur de la ville. Elle s’étend sur 20 kilomètres, de l’Océan Pacifique à l’embouchure du fleuve Parramatta. Pour bien prendre conscience de la topographie de la plus grande ville australienne et admirer deux de ses plus grands monuments (l’Opera House et le Sydney Harbour Bridge), rien de tel qu’une traversée en ferry dans la baie, au départ de Circular Quay pour se rendre à l’un des nombreux endroits magnifiques autour de la baie, comme la petite ville de Manly donnant sur la baie extérieure.

Les Plages de Sydney

Une des plus belles balades de Sydney n’est autre que le sentier côtier reliant Coogee à l’emblématique plage de Bondi beach, en passant par Tamarama Beach, Bronte Beach, Waverley Cemetery, Burrows Park, Clovelly Beach et Gordons Bays.

Balade sur le sentier côtier de Congee Beach à Bondi Beach

Bondy Beach fait partie des plages historiques de Sydney si ce n'est la plus emblématique. Au fur et à mesure que le surf se développa au début du vingtième siècle, des cabines pour se changer furent installées en 1911. La première pierre du nouveau Pavillon, incluant des bains turcs, une salle de balle et un vestiaire pour 12'000 personnes, fut posée en 1928. Les compétitions de surf attirèrent alors des milliers de spectateurs à Bondi. De grandes toiles étaient installées pour faire barrage aux visiteurs et ainsi faire payer des droits d'entrée.

L'Opéra et son quartier

Le quartier du Harbour Bridge, de l’Opéra et des quais (The Rocks) est LE quartier emblématique de Sydney, voir même du pays d’Oz (diminutif donné à l’Australie, de même que Ossies désignent les Australiens) notamment à l’occasion des retransmissions du feux d’artifice de la Saint Sylvestre.

L’opéra de Sydney (Sydney Opera House), est l'un des plus célèbres bâtiments du XXème siècle et un haut-lieu de représentation des arts notamment lyriques. Son architecture originale, qui ressemble à un voilier pour les uns, ou à un coquillage pour les autres, a été imaginée par le Danois Jørn Utzon. Situé dans le port à Bennelong Point, il est entouré du Royal Botanical Garden au sud et est voisin du célèbre pont Harbour Bridge. Le concours international d'architecture du nouvel Opéra de Sydney que lance Joseph Cahill reçoit 233 propositions. En 1955, le jury retient le projet de l'architecte danois Jørn Utzon. Fils d'architecte naval, neveu de sculpteur, Jørn Utzon est inconnu hors de son pays lorsqu'il remporte le concours en 1957. La décision du jury marque la volonté d’adopter une démarche radicalement nouvelle en matière de construction. Jørn Utzon arrive à Sydney en 1957 pour aider à la supervision de son projet. La construction des arches a été rendue possible par le travail de l'ingénieur français, d'origine corse, Joe Bertony, qui a écrit à cette occasion plus de 30’000 équations. La construction de l'opéra, de 1958 à 1973, est achevée par un groupe d'architectes locaux. Finalement, 102 millions de dollars australiens sont nécessaires, loin des 7 millions prévus en 1957. La facture élevée est complètement payée avant 1975 grâce à une loterie publique.

Harbour Bridge, The Rocks, Sydney Opera House, Circular Quay 

Le Harbour Bridge (littéralement le pont du port), est un pont en arc métallique. Il est le principal point de traversée de la baie de Sydney, permettant le passage des trains, automobiles et piétons entre le quartier des affaires et la rive nord de la baie. Il a été construit par le gadzarts Georges Imbault et fut inauguré en 1932. Le pont est demeuré la structure la plus haute de la ville jusqu’en 1967 avec 134 mètres au-dessus du niveau de la mer. Selon le livre Guinness des records, c'est le pont le plus large au monde (48,8 mètres) et ayant la plus haute arche en acier avec le sommet du pont situé à 134 mètres au-dessus des eaux. C'est aussi le sixième plus long pont en arc au monde.

Les Montagnes Bleues

Au départ de Sydney, en à peine deux heures de train, il est possible de visiter les Montagnes Bleues. En effet, en Australie, les parcs naturels ne se trouvent jamais très loin des villes. On arrive donc à la gare de Katoomba, l’un des points d’entrée du parc national, à noter qui est gratuit. Nous commençons la balade par le point du Scenic World puis continuons vers Echo Point, les Three Sisters (bloc rocheux dessinant grossièrement trois silhouettes), le Kia Lookout et les cascades de Leura. On se promène au milieu de forêts longeant la frontière du parc dont le cœur des vallées semble difficilement accessible. On peut admirer différents points de vue sur les vallées qui s’étendent à perte de vue et s’habillent d’un reflet bleuté à l’horizon. C’est dans cette teinte bleuté, générée par les essences volatiles des forêts d'eucalyptus, que le nom des montagnes trouve leur origine. Puis nous repartons de la ville de Leura pour retourner à Sydney.

Blue Mountains 

Les montagnes Bleues, Blue Mountains, sont une chaîne de montagnes de grès à environ 100 kilomètres à l'ouest de Sydney, qui atteignent 1’112 mètres d'altitude à leur point culminant, One Tree Hill, et forment une partie de la Cordillère australienne qui longe approximativement l'est et le sud-est de la côte australienne sur environ 3 000 kilomètres. Les montagnes Bleues sont creusées de profondes gorges, jusque 1 000 mètres. Elles occupent une superficie de 1 436 km2.

25 avril : Anzac Day

Le 25 avril est un jour férié en Australie et en Nouvelle-Zélande, qui correspond à la journée commémorative de l’ANZAC (ANZAC Day), acronyme de Australian and New Zealand Army Corps (corps d’armée australien et néo-zélandais) désignant les troupes originaires d’Océanie ayant combattu durant la Première Guerre Mondiale. Cette journée est également célébrée en Nouvelle-Calédonie et Polynésie française, aux Samoa, aux Tonga, aux Iles Cook et à Niue.

Ils commémorent la sanglante bataille des Dardanelles (également appelée bataille de Gallipoli) entre les Australiens et Néo-Zélandais de l'ANZAC contre l'armée ottomane en 1915, et la bataille de Villers-Bretonneux où les forces du Commonwealth stoppèrent l'avancée allemande en 1918 et l'engagement des troupes australiennes et néo-zélandaises en France et en Belgique.

Pour éliminer l'empire ottoman, allié de l'empire Austro-Hongrois et de l'Allemagne, des forces alliées sont chargées de s'emparer d'Istanbul. Le 25 avril 1915 commence le débarquement de l’ANZAC à Gallipoli, sur un promontoire étroit couronné de fortifications, face à des escarpements quasi infranchissables. Les Turcs déclenchent un feu d’enfer, mais les Australiens parviennent, vers 6 heures, à occuper le sommet de la première colline. Le jeune général turc Mustafa Kemal Pacha en ayant reçu l’ordre, lance une contre-attaque victorieuse. 8 141 Australiens sont tués au cours de cette bataille. En Australie et en Nouvelle-Zélande, on se rappelle la défaite de Gallipoli comme le baptême du feu pour ces nouvelles nations du Pacifique du Sud. L'article suivant https://www.lhistoire.fr/dardanelles-le-traumatisme relate de façon détaillée cette campagne désastreuse.

Défilé pour l'ANZAC Day à Sydney- le 25 avril 2019 

Depuis 1920 pour l’Australie et 1921 pour la Nouvelle Zélande, chaque pays commémore l’ANZAC Day qui est devenu depuis le jour de commémoration des vétérans.

De nos jours, le défilé de l'ANZAC Day commémore de façon générale les vétérans de toutes les guerres auxquelles les forces armées australiennes et néo-zélandaises ont pu participés. Observez le nombre de médailles de certains militaires : une brochette impressionnante de médailles!

Le Gondwana

Au gré des visites des différents parcs nationaux australiens dont les « œuvres » majeures datent de pas moins de quelques centaines de millions d’années, ce fut l'occasion de révoir les grandes étapes de la formation des continents et je découvris qu’à l’origine était le Gondwana.

Le Gondwana était un supercontinent formé tout à la fin du Néoprotérozoïque (- 600 millions d'années) et qui a commencé à se fracturer au Jurassique (– 160 millions d'années). Le Gondwana faisait partie du supercontinent Pangée avant cela.

Evolution du Gondwana 

Il a été nommé par Eduard Suess d'après le nom d'une région de l'Inde du nord, Gondwâna (du sanskrit gondavana, forêt des Gonds), où ont été décrites les séquences sédimentaires du Permien-Trias de cet ancien continent. Eduard Suess orthographie originellement ce terme Gondwána-Land dans son livre Le Visage de la Terre (das Antlitz der Erde), édité entre 1883 et 1901.

Le Gondwana se morcelle durant le Jurassique supérieur, il y a 160 millions d'années, lorsqu'un rift sépare l'Afrique de l'Inde. Il y a 125 millions d'années, l'Inde se détache entièrement, puis la Nouvelle-Zélande (80 millions d'années). Au début du Cénozoïque, le bloc Australien et la Nouvelle-Guinée se séparent graduellement en se dirigeant vers le nord tout en pivotant sur lui-même et ainsi reste connecté au Gondwana pour une longue période.