Carnet de voyage

Tout commence en Afrique

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Pas aventurière mais en quête de découverte, en quête de sens, d'authenticité, de vérité, de sincérité, allons pécher ce que l'on ne trouve pas dans le fleuve d'à côté.
Octobre 2018
1000 jours
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Publié le 2 octobre 2018

A l'image d'une échelle comptant tous les comportements possibles, on voit d'un côté ceux qui partent à l'arrache, avec pour seul but une destination réfléchie quelques heures avant de partir. A l'opposé, il y a ceux qui passent des mois, voir des années pour tout organiser.

Chacun prépare son grand moment de la manière dont il le souhaite, et de la meilleure manière surtout. Car le voyage n'est pas le simple fait de monter dans l'avion ! Non, on kiffe bien avant ! On commence à voyager quand notre esprit ose s'aventurer dans des contrés dont on ne peut même pas soupçonner l'immensité et la beauté. On commence à voyager quand notre corps respire déjà ce voyage, notre cœur s'accélérant seulement avec l'idée de partir. Notre corps vibrant à l'idée de ce qu'il nous attend. On commence à voyager dès le moment où l'on se dit que l'on ne veut pas partir en vacances mais à la rencontre d'autre chose. Tellement inconnue que l'on ne peut l'a nommer, tellement authentique que l'on ne peut s'en faire une idée. Alors on essai de visualiser, on ressent déjà le bonheur que c'est de se projeter sans pour autant se créer des attentes en avance.

Alors, chaque jour passant, chaque heure qui défile, on laisse venir doucement et furtivement l'inconnu que l'on attend avec tant d'impatience. On laisse venir à soi une chose que l'on a choisi de connaître, dont on connaît le début mais le reste n'est que pure folie. Notre imagination déborde, et nous laisse les premiers souvenirs avant même le départ. Alors on se souvient de ce pour quoi on a choisi de partir, on se souvient quand on a pris la décision de partir. Les motivations sont là, bien présentes, elles sont prêtes à nous emmener très loin et à nous aider à nous souvenir. Pour chaque voyage, pour chaque destinations, elles se ré-arrangent, se modifient à mesure que les voyages nous change aussi.

Mais la préparation est aussi la peur qui vient, qui s'incruste dans nos rêves et notre imagination lorsque l'on se projette. Elle s'incruste dans les discours des proches autour de nous qui s'inquiètent et nous questionnent beaucoup. Si pure et effrayante, si touchante et subtile, elle nous accompagne jusqu'à l'instant où l'on ne peut plus reculer. Elle s'infiltre là où l'on ne voudrait pas forcément la voir, mais elle nous fait vivre, nous fait ressentir. Elle est là et on essai de l'a gérer au mieux pour ses proches, ses amis, pour toutes les personnes qui restent et que l'on quitte. Alors on prend du recul sur ce que l'on ressent. Alors on se dit aussi que ce voyage, que cette transition ne vaudrait peut-être pas le coup si on ne ressentait aucune peur.

Ne voir que le positif ne nous aide pas à nous préparer à ce qui arrive. Il faut être conscient de ce qu'il nous attend, que l'on attire les bonnes choses, que l'on choisi de les vivre, mais dans le lot il peut y avoir aussi du négatif ! Il peut aussi y avoir des choses qui font penser que ce que l'on vit est dur, alors que ce peut juste être différent de ce à quoi on s'attendait. Transformer le négatif en positif, apprendre de ces peurs, voilà quand commence notre voyage ! Voilà que l'on comprend déjà que les voyages ne nous apprennent pas que sur les Autres.

Alors nous, on est là, simplement là, essayant de gérer ces déferlements d'émotions en nous ! Exquise est l'attente, elle flirt avec nous constamment, nous fait languir et stresser aussi. Le stress avant la première rencontre, l'anxiété de ne pas savoir ce qui approche mais tout en étant intimement persuadée que ce sera juste ... sans mot. Alors à mesure des voyages on apprend à se délecter dans ce stress, à s'épanouir à l'intérieur. Car on se connait toujours mieux, car on a déjà beaucoup appris à re-connaitre ces émotions. L'expérience du voyage inclue la préparation de ce qui suit et nous permet très rapidement de comprendre que la destination n'est pas seulement ce qu'il y a d'étonnant ! Cette sensation se complète avec l'absolue conviction que l'on s'apprête à vivre des événements dont on n'a même pas idée.

Il n'y a rien de mieux comme drogue !

Prête pour cette rencontre, prête pour le premier date, j'attend le jour J, j'attend les émotions prochaines im- et -patiemment.

Dimanche 7 octobre, je m'envole pour le Bénin.

La première étape ? Cotonou la capitale où je rejoindrai les autres bénévoles de l'asso pour laquelle je vais travailler les deux prochaines semaines.

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Publié le 10 octobre 2018

Aujourd'hui reveil a 6h00 et depart pour la gare d'annecy. Ca va etre une journee de transports où le temps passe bien plus vite qu'on ne le pense.

Du temps pour se dire au revoir le plus tard possible sur le quai de la gare. Une dernière photo un dernier sourire, parfois des larmes aussi. Des dernières excuses, excuses de ne pas arriver à rester plus longtemps.

Les départs imposent des "au revoir". Des adieux aussi, dans un certain sens, car on ne reviens jamais de la même maniere, toujours différents, et les relations vont avec. Alors adieux à ce que nous sommes et que le voyage changera necessairement, et adieu à qui vous êtes maintenant mais que je retrouverai encore different.

Les départs, on a bien conscience qu'on les imposent aux personnes que l'on aime et qu'on laisse chez eux. Que ce soit là d'ou l'on vient, que ce soit là où l'on va, on quitte toujours. Le voyage, aussi acte egoiste pour essayer de mener sa vie comme on l'entend, de la former, la modeler au delà de ce que l'on nous à appris plus jeunes. Ca y est on est adultes, on à compris ce que l'école nous a appris, ce que les adultes d'avants nous ont transmis, maintenant il est tant de se faire son propre avis ! Il y a toujours des départs, mais ceux la, les voyages, ou un simple demenagment, on les choisi, on les imposent donc aussi !


Le depart vers le voyage c'est vouloir changer de vue et d'horizon , vouloir entendre une autre langue, et l'apprendre, vouloir entendre d'autres histoires, ou celles que nous connaissons, mais de nouvelles façons de les raconter, d'autres facons de percevoir, d'autres partages, changer de culture, de continent... s'imerger... Alors la lune semble differente, la soleil ne brule jamais de la même manière, les couleurs ne sont pas les mêmes, les odeurs non plus, les sensations, émotions, ressentis sont toujours differents.

On joue plus a domicile, on change d'équipe aussi pour un temps. Alors on recherche des repères mais on s'habituera toujours, on s'adaptera toujours aussi. Puis on verra comment le collectif se créer et se transforme.


Mais la on dit au revoir, on rentre dans le train et on lache. A mesure que le train avance on laisse tout ce qui est, ici. Nous on a choisi d'avancer, de changer, on choisi l'arrivée d'une nouvelle transition dans sa vie, un nouveau virage. Mais la route ne fini pas, et elle offre tant de possibilités !

Le stress s'en va a mesure que l'on est seul(e) sur le trajet, on s'adapte dejà !

Entre stress et excitation on essaie encore de trouver l'équilibre dans cette décision illogique pour beaucoup ! Illogique aussi pour soi parfois. A chaque depart, à chaque voyage en solo je me demande pourquoi et pour quoi je m'impose toujours autant d'émotions qui peuvent paraitre trop négatives pendant un temps. A quoi ca sert? Pourquoi partir quand au départ on pouvait avoir une vie, des relations, un travail qui nous satifaisait d'une manière plus simple ? Pourquoi partir quand on a "tout"? En voila une bien bonne question que beaucoup posent au final !


C'est comme ca ! Bien plus qu'une idée, une appel de l'instinct, du coeur qui nous dis où l'on doit aller. Ou bien simplement qu'il y a peut être quelque chose de plus à choper quelque part. Du hasard ? Je n'y crois pas !

Mais notre mental est là pour nous rappeler que notre vie peut etre toujours très satisfaisante même si l'on reste. Il est là pour nous faire éviter ces peurs si convaincantes que l'on peut parfois penser que l'on ne veut plus partir ! Estce que je les auraient a chaque fois ? Mais il est beau de voir la maniere dont on peut assez facilement transcender ses peurs quand on à confiance, quand on sait que oui, ca arrive, que oui, c'est normal ! Il est beau de voir la confiance que l'on developpe en notre instinct et en chaque instant car il n'a pas d'autre choix que d'etre ce qu'il est ! Maintenant à nous de voir la maniere dont on le considère.


C'est le départ de chez soi, après l'urgence et la bousculade des sensations, voila que l'on a simplement à se laisser porter, à se laisser guider par ce que l'on a mit en place.

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Publié le 19 octobre 2018

On arrive, les premiers instants dans un nouveau pays, les premiers avis, les premières idées qui arrivent à l'aéroport. Les premières fausses idées qui seront bientôt effacées. On attend à la douane, on attend son sac, on passe les vérif puis on sort. On hume alors cet air si différent à chaque fois, plus ou moins humide, froid ou chaud, cet air si naturellement et simplement typique de l'endroit où l'on se trouve. Cet air toujours plus innatendu et authentique. Les sens en éveil pour voir tout ce qu'il se passe devant nous, les yeux grand ouverts pour ne rien louper de chaque seconde. Les pagnes et leurs couleurs aussi variées que différentes dressent les codes vestimentaires du Bénin, mais en rien ne saturent jamais nos yeux. Les soleils se réfléchissants sur les sols rouges de terre, la douce et chaleureuse couleur du soleil couchant, descendant dès 16h. Les verts luxuriants des pleines saisons des pluies. Le noir, plus ou moins foncé de toutes ces personnes rencontrées, de tant de personnes dont nous allons partager la vie de temps de quelques instants. Toutes ces couleurs harmonisent ce pays si accueillant, magnifique. A la lumière des sourires sur le visage de ses habitant, à la lumière des rides s'imissant sur leurs visages de chaque bonjour, à chaque bonsoir ce pays ne demande qu'à être découvert et reconnu un peu davantage. Les odeurs de la nourriture, les odeurs de la nature, les odeurs des rencontres, de l'environnement nous immergeant dans un instant toujours plus authentique.

Déjà pleine de sensations et les ressentis à l'affut comme lorsque l'on salive juste à l'idée d'un bon plat, on sort de l'aéroport et on est prêt à continuer ce que l'on attendait jusqu'ici. A la recherche de notre cher Renaud venu recupérer tous les bénevoles pour cette mission santé, le voyage continu maintenant en terre inconnue. C'est l'arrivée et alors que l'on vient de quitter nos reperts c'est l'adaptatation qui sera maintenant requise pour la suite. S'adapter à toutes ces nouvelles sensations et émotions liées à chacune d'elles. Mais cela vient vraiment tout naturellement, pas d'inquiétude, laissons venir les choses. On fera avec ce que l'on a et on a deja beaucoup, on est LÀ.


Les trois premiers jours ce sera pour Azohoule aliho, village de la commune de Tori. Accueillis pendant trois jours dans le commisariat du chef d'arrondissement, nous enchainons les consultations, administration de médicaments pour les prochains jours, réalisation de pansements, préventions et éducation a la santé.

L'adaptation est une chose si commune que nous ne semblons méme plus y faire attention dans notre quotidien. Mais voilà que très rapidement, cette équipe qui est la notre trouve son jeu et s'adapte très facilement aux lieux et à la population béninoise que nous attendons. Loin de notre quotidien,loin de nos habitudes, laissons nous alors faire appel à une nouvelle organisation pour répondre à des besoins bien plus primaires et primordiaux. Et cela paye déja quand on voit chaque jour les patients qui nous attendent sur les marches du comissariat. Toujours avec le sourire, on soigne, on prend soin, on se comprend avec l'humour et le rire est toujours là. Présent et fort il nous pousse au meilleur et dans les meilleurs conditions. N'oublions tout de même pas nos chers traducteurs et traductrices essentiels à notre travail.

Alors, après ces trois premiers jours si rapides, les femmes du village nous informent vouloir nous remercier de notre implication. Alors la vision de cette découverte est nouvelle. Alors leur sourires se reflètent dans quelques larmes coulant par ci et par là tant l'émotion est forte Le rire, le chant des enfants et des femmes, les premières danses nous ancre encore davantage sur la terre béninoise. Les premiers partages naturels et sincèrent de ces femmes, leurs remerciement auprès de l'association est un pure instant de vérité. Un pur instant de véritable présence. Ces instants qui révèlent pourquoi on a fait tous les choix nous ayants amenés ici, à cet instant, à cette heure, ici, maintenant. Une pure récompense de la vie qu'on a simplement à apprécier. Il ne peut y avoir de doutes dans ces instants ou seul l'amour transcende ces rencontres qui datent d'il y a quelques instants seulement. Des premieres photos d'une valeur inestimmables. Des premiers grands souvenirs. Des premiers rires qui résonnent dans nos tete. Cet instants aussi touchant soient-ils témoignent tant de ce que les gens ont à offrir naturellement dans chaque sens. L'amour, la simpe mais vraiment réelle présence dans la vie.

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Publié le 19 octobre 2018

Trois premiers jours, premières habitudes prises, direction donc une école dans le village de Tandahota cette fois ci. Village aussi peu desservi par les centres de santé et dont certains patients n'ont encore jamais vu de médecins. Nous occupons alors 2 classes pendant les deux jours de notre présence. Mêmes objectifs, mais avec un population tout de même bien plus jeune que les derniers jours.

Mais bon, ne cachons tout de même pas une petite frayeur le matin même quand nous trouvons 2 personnes seulement qui nous attendent. Et nous ne pouvons naturellement pas voir les enfants de l'école sans une personne de la famille ou bien sans l'accord du directeur de l'établissement. Victimes de notre succès et peut être aussi d'une incompréhension première de la part des villageois, nous ne pouvons pas voir tout le monde le lendemain. Faute de moyens resonnés et précédemment pensés avec l'expérience des anciennes missions nous tutoyons alors les permières limites que nous nous devons d'imposer. Et donc d'imposer à la population présente. Frustration de ne pas pouvoir tout faire mais pensons davantage à tout ce que nous avons déjà fait. Rations pour deux semaines, rations pour faire le meilleur avec ce qu'on a, rations qui rime de nouveau avec adaptation, avec un nouveau mode de penser et de soigner. Pas de comparaison possible, donnons simplement le plus que nous pouvons, faisons des liens différents et partageons les le temps de ces deux semaines.

Alors on fait beaucoup de pansements des enfants de l'école, pleurs et douleur parfois mélés aux rires des copains a coté. Premiers regards intensément profonds dans lequels on se perd. Premieres éducations a l'hygiène primaire et nécessaire, spécialement pour les enfants.

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Publié le 29 octobre 2018

Voilà que vient le premier weekend, voilà que l'on compte déjà les jours avant le retour, voilà que l'on constate aussi ce que l'on a déjà fait. Les premiers bilans et surtout l'envie de tous de continuer encore davantage. Une équipe qui s'entend bien, voir très bien, une équipe qui a les mêmes envies et valeurs portant chaque jour notre investissement toujours plus positifs. Alors on fait toujours la même chose, l'accueil, les consultations, les pansements, l'administration des médicaments mais surtout les câlins. Parce que l'amour peut guérir de nombreuses choses, nous sommes accueillis avec des bras grand ouverts et des sourires indescriptible. Attendus car l'association travail régulièrement avec cet orphelinat, ils reconnaissent le klaxon du camion dans l'angle de la cour. Avant même d'être visite, ils don't là, ils nous attendent, on est là, les rides de nos sourires sont déjà bien ancrés sur chaque visage.

De l'énergie, du rire, de l'amour, n'ayant pas peur de vous imposer des pensée cul cul la praline, je n'arrive pas a ne pas mettre ce mot en avant pour décrire les deux jours passés avec eux. Avec ces 158 enfants vivants au quotidien tous ensemble. Les plus âgés de 2 ans minimum soutiennent leurs Benjamin(e). Les mains toujours prises, les petits bras nous attrapant les épaules et montant sur notre dos en 2 secondes. Pas besoin de tenir qui que ce soit, non, appuyer sur un muret, le petit Dimitri ferme les yeux sur mon dos. Les mains occupées a jouets avec les jumelles.


Le partage de regards, de câlins, toujours plus, de discussions aussi. Comme ca, nous partageons un moment important et intense avec les jeunes femmes de l'orphelinat. Alors nous parlons de choses tabou, alors nous édulcorons les sujets dont nous ne parlons pas dans la rue. Dont nous ne parlons pas avant le mariage. Nous éclairons les pensées, nous partageons expériences et ressentis et cette relation de confiance amène une ouverture a une conversation passionnante.

Le choix de participer a une mission humanitaire n'est pas anodine. Avant de partir nous ne savons jamais à quoi nous attendre, à qui nous attendre également. Les valeurs, la mise en place des actions, la façon dont chacun partage est également inconnue. Le choix de participer a une mission est toujours motivée par un désir plus ou moins conscient d'aider l'autre sans savoir forcément que l'on s'aide également. On a beau s'attendre à être bouleversé, on ne peut jamais envisager a quel point chaque rencontre nous touche. Laisser la porte ouverte à la rencontre, le cœur ouvert aux émotions, nous sommes simplement là, ensemble, une personne inconnue en face de nous, pas besoin de parler, on a pas beaucoup a se raconter, le minimum suffit. Tu es là, en face de moi, j'ai également choisi de me trouver là, a cet instant, maintenant, le sourire aux lèvres, j'ai rien a dire.

Je contemple, ce que tu me fais ressentir et que je ne veux même pas comprendre. Je reste admirative ce la force que tu as de transpercer mes forces et mes faiblesses. Pas de mots, pas besoins, tu acceptes ma présence, j'accepte la tienne, tu accueuiles l'immensité que j'ai à te donner et je t'en remercie.

C'est donc un immense merci que chacun ressent a la fin de ces deux jours intenses en travail et émotions. Le départ, le dimanche soir se clôture par un partage en musique, en danse, en échange de numéro. La petite Fanney sur les genoux, bras autour de son bidon se soulevant au rythme de son petit cœur, je ne pourrai publier ces instants, ces regards devenu si important en un rien de temps.


Après une semaine et un nouveau weekend représentant un des plus beaux moments de ma vie, juste une chose ! MERCI SHAMMESH.

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Publié le 29 octobre 2018

S'en suive alors 3 jours dans un des dispensaires du père Adelphe. 2 jours dans les anciennes missions qui se sont transformés en 3 au vu de l'importance du nombre de personnes nécessitant les soins. Le dispensaire est bien plus rudimentaire que les autres lieux où nous avons travaillé auparavant, mais cela n'empêche en rien de pouvoir travailler convenablement. On s'adapte. Pansements faits à la frontale a l'intérieur le matin, changement de décor l'apres midi, grosse pluie nous empêchant de travailler l'après midi du deuxième jour, et revenant le troisième. Pas de soucis, on se réorganise le dernier jour pour tout de même pouvoir assurer les soins !

Ayant déjà parlé des attentes, même si l'on essaie, on en a toujours nécessairement car où trouverions nous la/les motivations de ce dit voyage ?

Alors il y a des jours où l'on ressent la frustration, où l'on ressent les limites de ce que l'on veut et peut accomplir. Alors il y a des jours où l'on se rend compte que nous apprécions la reconnaissance que les gens nous montre naturellement mais pas de manière extravertie. Des jours où l'on voit bien que l'on est les Yovo (blancs) qui apportent les médicaments mais que le fond n'est pas compris ou écouté. Quand nous titillons des régions où la population est davantage analphabète, on ne peut agir de la même manière. Alors il faut toujours s'adapter.

Alors quand on observe dès le deuxième jour que les enfants ont enlevé les pansements fait la veille on s'interroge. Force de l'influence des adultes locaux, on ne peut malheureusement pas combattre une chose qu'ils ne comprennent pas et dont il n'accorde pas beaucoup d'importance. Stock limité, parallèle de la conscience professionnelle bien éveillée, on veut les soigner ces enfants, et on a déjà bien pris le temps, mais cela ne servira pas si tout est gaspillé. Frustration de l'incompréhension de notre implication, une discussion avec la population s'impose, d'autres personnes méritent tout autant notre implication et ce, sans nécessairement profiter de notre temps et de notre bienveillance.

Cela semblé payer, mais on verra le tout lors de la prochaine mission ! Pour le moment on ne peut garantir quoi que ce soit. Comme partout, les limites de notre travail s'accorde avec l'implication et l'autonomie du patient dans sa propre implication vis a vis de son état de santé. On ne peut que l'influencer, pas agir pour lui.

Alors, nous essayons d'influencer sur des bonnes attitudes et éducation à la santé. Nous essayons de nous adapter à chaque village, à ses croyances et compréhensions. Mais nous savons aussi que nous avons traité des personnes non malades. Faisant semblant pour se traiter si besoin jusqu'au prochain passage de l'association. Ce qui eut très facilement se comprendre. Nous nourrissons aussi les revendeurs et les mauvaises utilisations. Mais que faire de plus en si peu de temps. Les antibiotiques créerons des résistances, seront parfois/souvent saupoudré sur les plaies, les antalgiques abimeront davantage leur foie cause de mauvaises utilisations et surdosage chez les enfants... Nous avons conscience des limites mais pas encore de toutes. Nous on essaie de faire notre maximum avec leur collaboration.


Mais la frustration est partout, ou du moins, peut être partout ! Elle peut se ressentir pour chaque chose ! Parce que l'on voudrait faire encore plus, parce que l'on voudrait rester plus longtemps et créer plus de changements, parce qu'il y a tant de choses à faire ! La frustration est dans la limite des stocks, dans la prise en charge et l'éducation contre l'auto-évaluation. Dans les plaies que nous nettoyons au maximum mais et dans 3 jours ? Notre action ne permet pas le développement, elle est immédiate et déjà importante ! Mais on veut tellement faire plus ... Alors ces ressentis nous apprennent encore vraiment beaucoup !