Un mois en Inde du Nord

New Delhi, Chandigarh, Amritsar, Jaisalmer, Jodhpur, Jaipur, Udaipur, Agra, Varanasi et Kolkata
Du 18 septembre au 19 octobre 2018
32 jours
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Après l’arrivée et les premiers jours à Delhi, premières impressions: l’Inde c’est vraiment fou!

Entre la chaleur, les odeurs (celles des épices... et les autres), le monde dans les rues (les photos ne le rendent pas mais à peu près partout dans le centre de Delhi ça rivalise avec La Défense aux heures de pointe), la circulation qui va avec et qui fait relativiser sur la conduite parisienne, le bruit (notamment les moteurs et klaxons en continu) !

Mais le plus impressionnant pour nous, le premier jour au moins, ça a été de se faire continuellement harceler dans la rue par les Indiens: ils te suivent parfois sur 100 mètres à 2 ou 3 à la fois, soit pour te vendre quelque chose, soit pour t’emmener en tuk tuk, soit pour « t’aider » à trouver ton chemin en t’indiquant volontairement le mauvais endroit où tu pourras te faire arnaquer!

On nous avait prévenus, mais malgré tout l’ampleur est impressionnante, ça va du faux employé de métro qui veut t’aider à acheter tes billets et ne te lâche pas la grappe, au passant qui t’aborde pour te dire que tu te trompes et que le métro est dans la rue à droite (alors que tu sais très bien qu’il est en face) jusqu’au mec qui te suit et se fait passer pour un employé de ton hôtel, te donne des conseils sur comment ne pas se faire arnaquer en Inde... juste pour mieux t’arnaquer lui-même ensuite!

A la fin du premier jour on était un peu fatigués de tout ça, et les impressions étaient plutôt négatives! Mais finalement on s’habitue, on prend le réflexe d’écourter tous les échanges qui ont lieu dans la rue, et de ne faire confiance à personne!

On finit par trouver quelques endroits plus calmes comme Lodi Garden pour se reposer un peu :

On a quand même réussi à se faire attaquer par les singes !!  :-)

Et des endroits magnifiques comme Akshardham temple (où les appareils photos étaient interdits, donc les photos du lieu ne sont pas de moi, mais du site officiel du temple)

Dans ce temple on a découvert l’existence de Bhajan Swaminarayan, le Jésus local.

Tout aussi balèze que le notre : il a quitté sa maison à 7 ans pour découvrir le monde, à 11ans déjà il battait tout le monde au yoga, à 20 ans il est allé tout nu se ressourcer dans l'Himalaya et en est revenu encore plus fort. A 25 ans il est devenu leader spirituel des Hindous. Mauvaise nouvelle par contre pour certains, il a décidé qu’il fallait être végétarien, et puis c’est tout, pas le choix.

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Après 2 jours à Delhi, nous avons pris le train vers le nord, vers les villes de Chandigarh et Amritsar.

Arrivés à Chandigarh, après avoir trouvé un hôtel et nous être reposés un peu (entre midi et 2 la chaleur et le soleil sont durs à supporter) nous sommes partis en quête d'un rickshaw vers la ville.

Chandigarh est une ville entièrement conceptualisée par l'architecte Le Corbusier. La ville a été conçue a partir de 1950 à la demande de Nerhu le premier ministre indien qui voulait en faire un symbole de l'état moderne après la partition Inde-Pakistan. Elle est basée sur le principe des cités jardin, un des courants architecturaux en développement de l'époque.

Partant d'un plan géométrique divisé en 56 secteurs rectangulaires d'un km², Le Corbusier a eu l'opportunité de tester ses concepts de ville utopique avec de larges avenues vertes et des secteurs autonomes. Les rues principales bordées de végétation créent un contraste avec l'atmosphere bondée des autres grandes villes.

La pièce la plus importante de la ville est le complexe du capitole : High court (palais de justice), l'Assemblée, le Secrétariat et le symbole de la ville, la Main Ouverte. Petit détail, Le Corbusier a peint lui-même la porte principale de l'Assemblée dans son atelier à Paris et l'état français l'a offerte en cadeau à l'état Indien.

A la suite nous avons visité le parc ludique de Nek Chand, the Rock Garden. Créé avec des matériaux récupérés des villes détruites à la partition, le parc nous a mené dans un labyrinthe de lieux sympas, où nous avons eu droit à plusieurs séances photos avec des locaux !

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Cela faisait un moment que je voulais aller me faire couper les cheveux et j'avais un peu comparé les prix à Delhi (entre 300 et 700 roupies, 4 à 9€), sans finalement pouvoir y aller là-bas, alors quand nous sommes passés devant un salon à Chandigarh et que le patron m'a annoncé 100 roupies la coupe (soit 1.20€), impossible de refuser, après tout je risque juste d'être ridicule pendant un mois, et personne ne le verra... à part tous ceux qui liront ce blog, ce qui peut déjà faire quelques dossiers.

Mais on aime le risque, alors peu importe. Ici, ça ne plaisante pas, pour choisir sa coupe le coiffeur demande de choisir parmi quatre ou cinq photos imprimées sur le mur : Justin Bieber, Olivier Giroud (ou en tout cas on dirait lui!), et 2-3 autres que je ne connaissais pas.

On aime le risque d'accord, mais maîtrisé quand même donc on est finalement partis sur un "same as now but shorter". Et après un bon moment aux ciseaux, et un pot de gel plus tard, le jeune coiffeur m'a sorti un "Punjabee look" dont il était très très fier !! Je vous laisse juger et rigoler un peu !

Punjabee look !!

PS : Après avoir enlevé le gel, c'est déjà moins ridicule :-)

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Amritsar est la Mecque (ou plutôt "le Lourdes") de la religion Sikh, avec son Golden Temple où beaucoup de Sikh viennent en pélerinage, ou simplement très régulièrement pour ceux qui habitent dans le coin.

Encore une fois très peu de touristes occidentaux, nous n'avons croisé que quelques blancs dans les rues, mais a priori beaucoup de touristes indiens, ou des pays du coin (Ousbékistan, Tadjikistan...)

Le Golden Temple est impressionnant, complètement recouvert d'or, au milieu d'un bassin d'une hectare entourée par un quai en marbre blanc où l'on peut circuler pieds nus.

La religion Sikh est une sorte de mélange entre l'Hindouisme et l'Islam, et on entend très bien les 2 influences dans les chants religieux qui sont diffusés par des hauts parleurs dans l'enceinte du temple.

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Après Amritsar, l'objectif était de partir vers le Rajasthan, en faisant une boucle Jaisalmer, Jodhpur, Udaipur, Jaipur, Agra. Pour raccourcir le trajet de train Amritsar-Delhi-Jaisalmer nous avons fait escale (3 jours tout de même) dans la ville de Bikaner, très peu touristique (mais du coup plus authentique ?). En tout cas l'expérience était assez différente, les gens étaient moins filous et venaient tous nous parler. Souvent ils voulaient aussi qu'on les prenne en photo, nous avons donc fait le plein de portraits !

Peu d'attractions touristiques à Bikaner, mais le fort de la ville à visiter (au passage, on sent qu'on se rapproche du désert, on commence à voir des chameaux, ou plutôt des dromadaires, mais ici ils appellent ça "camels") :

Un temple Jain dans la vieille ville :

NB : la religion Jain est l'une des plus anciennes d'Inde. Pas de Dieu, mais ils vénèrent 24 prophètes tout nus , et un régissent leur vie autour d'un principe central, la non-violence envers toutes les formes de vie. Mais alors vraiment toutes, il leur est même interdit de tuer les moustiques. Ils sont fous ces Indiens...

Un petit tour par le "National Research Center on Camel", oui oui rien que ça. Ils y font de la recherche sur les maladies des chameaux, les croisements entre espèces, mais aussi de la "recherche" culinaire sur les préparations à base de lait de chameau (glaces, lassi, chai).

Bikaneri Camels, the best camels ! 

Et pour finir un petit détour par un ancien palais de Maharadjah, aujourd'hui converti en hôtel cinq étoiles. A comparer avec notre propre hôtel plus bas 😀

En bonus, deux photos de notre magnifique chambre d'hôtel, auquel nous étions heureux de rentrer après la visite du palais ci-dessus. Les photos ne rendent pas hommage aux odeurs, à l'armée de moustiques et fourmis, et au lézard qui nous ont tenu compagnie pendant 2 jours. Mais pour 3€ la nuit, on s'y attendait un peu !

Dernier bonus, nous n'y avons pas été, mais à quelques dizaines de km de Bikaner, le (apparemment) célèbre "rat temple", dans lequel des milliers de rats déambulent et sont nourris et vénérés par les fidèles.

La vidéo nous a suffi...! 
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En achetant des billets de train à la gare de Bikaner, nous sommes tombés sur Gouri, un guide local qui a aussi sa guesthouse dans la ville. Nous étions suspicieux au début, mais finalement, il nous a simplement parlé de son travail, nous a montré qu'il était mentionné dans le Lonely Planet, et nous a invités à prendre un thé chez lui.

Gouri et sa famille 

Il se trouve que Gouri fait également intermédiaire pour des personnes venant faire du volontariat en Inde, en les plaçant dans divers endroits (écoles, hopitaux) pour plusieurs jours à plusieurs semaines. Il nous a proposé d'y participer et comme nous avions quelques heures avant notre train, nous avons accepté.

Nous sommes donc partis à 3 sur sa mobylette, direction l'hôpital de Bikaner, pour aider pendant quelques heures au service d'une soupe populaire. On nous a appris au passage à dire bonsoir en Hindi (habituellement tous les échanges se font en Anglais) et à compter jusqu'à 3 pour pouvoir négocier avec les personnes le nombre de chapatis que nous allions leur servir !

Finalement assez drôle comme expérience (autant pour les locaux que pour nous) et suite au service nous nous sommes retrouvés à boire un verre avec des membres de l'hôpital, qui nous ont même ramenés en mobylette jusqu'à la gare pour prendre notre train de nuit !

Ici aussi, les trains ont parfois du retard... 
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Après Bikaner, direction Jaisalmer aux portes du désert du Thar. Notre hostel, comme la plupart des logements y avait un toit aménagé avec vue sur le fort de Jaisalmer. Par près de 40°, on est heureux d'aller y chercher les courants d'air !

Que répondre quand le gérant te sort de nulle part "Happy life bro ! Life is Chapati !" 

Fort de Jaisalmer avec un temple Jain :

A Jaisalmer, l'attraction principale c'est les camel safaris avec nuit dans le désert :

Safari qui a failli être annulé après une bonne nuit de fièvre et une première gastro, au bout de 10 jours tout de même, ça n'a pas traîné malgré les précautions ! Un type dVidse l'auberge nous a quand même lâché un "C'est normal ne vous inquiétez pas, à cette période il y a toujours des cas de malaria, mais vous pouvez aller à l'hôpital si vous voulez". Ah bah on avait pensé à un simple microbe nous, mais on va peut-être faire un tour à l'hôpital alors !!

Au final l'hôpital c'était très folklo, mais après avoir jonglé de médecin en médecin, après avoir joué des coudes au service gérontologie (si si...), et après 30 secondes où il m'a pris le pouls au coude et à l'épaule, et sans vouloir nous expliquer quoi que ce soit, le gérontologue nous a donné une dizaine de médicaments qui, après recherche, semblaient être pour traiter une simple gastro.

 Déjà temps de quitter le désert, direction Jodhpur
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Jodhpur, la ville bleue : La couleur bleue servait autrefois à indiquer les maisons appartenant aux membres de la caste des brahmanes (la plus élevée des castes indiennes, correspondant à la noblesse).

Aujourd’hui, tout le monde peut peindre sa maison en bleu, et cela sert surtout à protéger de la chaleur et (soi-disant) de repousser les moustiques. En tout cas, c’est photogénique !

Jodhpur c'est aussi un peu une ville où on trouve des déchets partout dans la rue, comme dans pas mal d'autres villes indiennes. Mais avec un grand niveau de pauvreté, normal que la propreté des rues ne soit pas une priorité.

Au centre-ville on trouve un "stepwell" ces puits entourés d'escaliers qui permettent de retenir l'eau de la saison des pluies et alimenter la ville en eau.

Comme nous sommes à la fin de la saison des pluies, nous n'avons pas pu voir le puits presque vide, ce qui est encore plus impressionnant (mais tant mieux pour les habitants!). Par contre les jeunes locaux en profitent pour s'amuser à sauter dans l'eau. On trouve des vidéos sur internet de sauts quand l'eau est beaucoup plus basse, ce qui rend la chute encore plus impressionnante.

Pendant qu'une "petite" chauve-souris y fait ses étirements

Le Mehrangarh fort se visite évidemment et est superbe, même s'il est difficile de retenir toute la partie historique, vu la quantité de maharajas qui se sont succédés au Rajasthan, avec des noms relativement semblables, chacun ayant construit son fort dans une ville différente !

Mais le mieux c'est encore de grimper sur la petite colline à côté du fort pour le coucher du soleil. Etonnamment on y trouve assez peu de monde alors que c'est probablement la plus belle vue de la ville.

Petit tour aux Mandore gardens, aussi surnommés Monkey gardens (on trouve des monkey gardens quasiment dans chaque ville, il y a beaucoup de singes dans la région)

Pour finir, le memorial "Jaswant Thada", construit par le Maharaja Sardar Singh en 1899 en memoire de son père, le Maharaja Jaswant Singh II, et qui aurait inspiré le Taj Mahal. Nous avons passé la journée avec Lisa, qui est elle aussi au tout début de son tour du monde, et que nous risquons de recroiser assez régulièrement car nous avons été aussi originaux dans nos destinations !

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Après Jodhpur, étape de quelques jours à Udaipur, connue pour ses lacs, ses palais flottants (un peu à la manière des lacs italiens), et à l'ambiance un peu plus calme.

Comme un peu partout, la viste du fort est l'attraction principale :

Nous avons également été voir un spectacle de danses traditionnelles du Rajasthan :

Et nous avons aussi profité de ces quelques jours pour trier les photos et rattraper le retard sur le blog !

Le tri et la retouche des photos prend plus de temps que prévu !

Lors du trajet de train entre Udaipur et Jaipur, nous avons rencontré Julien et Elodie, deux Français en tour du monde également (oui on est loin d'être les seuls !) mais avec des destinations plus orientées autour de la plongée. Julien ayant vécu en Nouvelle Zélande, il nous a donné un programme super complet et plein d'infos sur le pays ! Merci à tous les 2 et bon voyage !!

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Dernière étape du Rajasthan avant Agra et le Taj Mahal : Jaipur. Capitale du Rajasthan et petit village de seulement 3 millions d'habitants, soit seulement la 10ème ville d'Inde.

Jaipur fait vraiment grande ville, ce n'est pas forcément la plus belle de celles que nous avons visitées et les monuments y sont un peu moins travaillés que ceux vus par ailleurs, mais nous avons beaucoup apprécié les quelques jours passés, notamment pour les rencontres faites dans l'hostel, même si nous n'avons pas pris tout le monde en photo.

Le "palais des vents" :

Jantar Mantar, observatoire astronomique où ont été construits plusieurs instruments astronomiques de plus ou moins grande taille, sur ordre de Jai Singh II. Tous les maharajas s'appellent plus ou moins Singh quelque chose. Contre toute attente "Jai Singh" ne veut pas dire "Jai le chanteur", mais "Jai le guerrier".

Beaucoup de villes ont leur monkey garden ou monkey temple, et Jaipur ne déroge pas à la règle. Ici il est vraiment grand et il y a énormément de singes qui ont l'habitude d'être nourris par les touristes, et ne sont pas du tout agressifs.

Et qui qui c'est qui s'est fait faire pipi dessus par un singe ? 

Au retour nous sommes tombés sur Rajesh, du staff de notre auberge, qui amenait un groupe de personnes au monkey temple. Voyant le reflex, il nous a demandé si on pouvait faire une photo de lui au coucher de soleil, pour faire un poster de promo pour ses cours de yoga ! Ca n'est pas trop mal sorti ! Finalement moi aussi j'aurais dû monter ma boîte de photographie ! 😉

Sabrina, c'est balèze comme pose ou quoi ?  😛

Dernier jour de visites en compagnie de Martin, qui vit à Mumbai depuis 2 ans, avec qui nous avons sympathisé à l'auberge.

Nous avons aussi été voir un Bollywood avec Martin dans l'équivalent du grand Rex de Jaipur ! Le film ce jour-là était une comédie romantique un peu moyenne (un Bollywood sans danses, où va le monde...) mais les indiens sont comme des fous au cinéma, ils sifflent et crient à chaque scène, alors quand l'actrice principale détache ses cheveux à la fin du film, c'est l'apothéose !

Par contre une bande annonce pour "Thugs of Hindostan" nous a vraiment donné envie d'aller le voir avant de partir d'Inde ! C'est le Bollywood typique d'action : copie de Pirate des Caraïbes, avec une surenchère d'effets spéciaux, des scènes d'action improbables, de l'humour bien Indien, des danses au milieu de nulle part ! Et avec une des grandes stars de Bollywood, Amitabh Bachchan.

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Passage obligé par Agra pour le Taj Mahal ! Il est magnifique, tout en marbre blanc taillé très finement et parfaitement entretenu ce qui est notable pour l'Inde. Beaucoup de monde dès l'ouverture au lever du soleil, mais comme nous a dit un Américain rencontré à Jaipur : "I mean, it"s the Taj-fucking-Mahal, man !"

Ici encore nous rencontrons un couple de Français, Aurélie et Gauthier, en voyage pour six mois ! Pas qu'on ne reste qu'avec des Français, mais on s'est encore retrouvés à côté dans le train, à croire qu'ils font exprès de nous placer ensemble !

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Gros break dans le blog car nous n'avons pas vraiment eu de Wifi sur les 2 dernières semaines en Inde, et nous sommes ensuite partis en trek au Népal avant de pouvoir rattraper le retard ! Mais on va essayer de faire ça maintenant !

Il y a environ un mois désormais (!) nous étions à Varanasi, capitale spirituelle de l’Inde et apparemment l'une des plus anciennes villes du monde, créée au 7e siècle avant JC.

La ville est organisée autour du Gange, et l'accès à la rivière se fait via l'un des 88 ghats qui la bordent. Pour faire simple, un ghat, ce sont des escaliers de pierre qui descendent de la ville jusqu'au bord de l'eau, et qui sont utilisés majoritairement pour se baigner (l'eau du Gange étant sacrée), effectuer les cérémonies quotidiennes (puja), laver son linge ou encore faire faire trempette à son troupeau de boeufs.

On ne dirait pas, mais les photos sont prises en pleine journée, et par temps ensoleillé 

Le manque de visibilité lorsqu'on est au bord de l'eau nous a vraiment étonnés, surtout après avoir vu différentes photos touristiques de la ville, où l'on ne retrouvait pas la même ambiance. On voit à peine les bâtiments qui sont 200m plus loin, à cause d'un brouillard atmosphérique jaunâtre, que nous avons initialement pris pour de la pollution, mais qui pourrait en fait être un mélange de poussière en suspension, d'humidité et de pollution ? A confirmer mais cela se voit clairement sur les photos ci-dessus. Ce brouillard a finalement quasiment disparu pour notre dernier jour, suite à une légère pluie survenue pendant la nuit.

L'une des attractions principales de la ville est la puja, cérémonie effectuée plusieurs fois par jours (la principale ayant lieu le soir après le coucher du soleil), où des prêtres bénissent l'eau du Gange, à grand renforts de chants, tambours, encens, et autres chandeliers enflammés.

Il paraît qu'il n'y a pas de plus beau cadeau pour un hindouiste que celui de mourir à Varanasi, car cela le libère des cycles de réincarnations, et évite qu'il soit réincarné dans une caste inférieure, ou pire, en tant qu'animal, ce qui serait quand même la grosse lose surtout quand on voit comment les Indiens traitent leurs animaux ! On croise donc dans la ville un grand nombre de personnes agées, ascètes, qui dorment dans la rue et sont venues tout simplement pour finir leur vie dans cette ville sacrée.

Les rues de Varanasi 

Cela fait qu'à toute heure de la journée et de la nuit, on peut croiser dans la vieille ville, outre les gens dormant dans la rue et des vaches (beaucoup de vaches), d'autres gens transportant les corps des défunts du jour sur des brancards en bambou, vers l'un des deux ghats dédiés à la crémation des corps au bord du Gange (la rivière étant sacrée, les corps y sont immergés préalablement à leur incinération). Pas de photos de tout cela bien sûr, juste cette photo de loin d'un des bûchers de crémation. Il y a un crématorium fermé avec les cheminées, et pour les plus pauvres, des bûchers à côté à ciel ouvert, on y croise parfois des familles en train de se recueillir pendant que le corps du défunt est en train d'être calciné. On vous passe les détails.

Burning Ghat 

Si Varanasi est aujourd'hui une ville Hindouiste, Bénarès (son ancien nom) était une ville sainte pour les Bouddhistes. C’est ici que Bouddha fit son premier sermon après avoir trouvé l’illumination à Sarnath, à quelques kilomètres de Varanasi. Nous y avons été pour éclaircir l'affaire, mais malheureusement il n'était pas présent ce jour-là.

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Pour finir, nous avons pris la direction de Kolkata où nous retrouvions deux amis, Ioana et Anway, à l'occasion du Durga Puja, fête religieuse honorant Durga, la déesse de la guerre. Cette fête est célébrée partout en Inde, mais tout particulièrement à Calcutta, où des millions de personnes font le déplacement. Il paraît que la population de la ville passe à cette occasion de 20 millions à 60 millions de personnes, et comme jusque là l'Inde était presque trop calme, ça a été l'occasion de nous offrir un dernier challenge.

Et effectivement, le monde et le bruit dans la ville sont assez ahurissants. Dès l'arrivée à la gare principale de Calcutta, on a l'impression d'être dans une fourmillière, avec des milliers de personnes (voire des dizaines de milliers ?) qui courent dans tous les sens, se bousculent et jouent des coudes, à l'indienne. Il nous faudra une bonne heure pour trouver le bon terminal de bus, puis le bon bus, sans parler d'y rentrer (les files d'attente ayant bien peu d'intérêt en Inde, c'est la cohue quand le bus arrive).

Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à supporter tout ce monde et ce bruit constants. Couplés à la chaleur, l'humidité et la pollution, le cocktail n'est pas des plus dynamisants. Mais ça a fait du bien de retrouver nos amis, et Anway et sa famille ont été adorables, nous ont logés, nourris et nous ont fait faire le tour de la ville.

A l'occasion du Durga Puja, les habitants de chaque quartier construisent des "pandal", sortes d'autels temporaires où des statues de divinités sont érigées. En général c'est toujours la même scène qui est représentée : Durga et son lion terrassant Freddie Mercury et son buffle pendant que d'autres divinités assistent à la scène.

NB : Il paraîtrait qu'en fait ça ne serait pas Freddie Mercury mais Mahishasura, démon-buffle à qui Brahma avait donné, outre un très bon goût capillaire, le don de ne pouvoir être tué par aucun homme ni aucun dieu. Tel un homme politique profitant de son invulnérabilité, Mahishasura se mit en tête de profiter de son pouvoir pour piller ciel et terre aux frais du contribuable. Pour corriger le tir, les dieux se réunirent en urgence, et dans un élan de pragmatisme en vinrent à la conclusion que si aucun homme ne pouvait vaincre Mahishasura, ils n'avaient pas d'autre choix que de créer une femme. Sale histoire... Toujours est-il qu’après 10 jours de combat acharné, la nouvellement créée Durga finit par vaincre Mahishasura, ce qui lui vaut d’être vénérée encore aujourd'hui.

En tout cas c'est assez fou de voir les efforts déployés pour créer ces autels et statues temporaires, en si grand nombre, alors qu'ils sont amenés au fleuve en cortège à la fin du festival pour y être noyés.

Quelques exemples de pandal 


Ateliers de créations des statues 

L'organisation de la ville est assez intéressante et diffère des autres villes indiennes. Tout est construit autour de quartiers d'habitations "autonomes", avec leurs commerces et leurs marchés. Les tuk tuk ont des trajets bien définis entre deux quartiers, et les rickshaw à pédales prennent le relai au sein d'un quartier. Aller d'un point à un autre de la ville nécessite donc souvent une combinaison de modes de transports, bus, métro, tuk tuk et rickshaw.

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Pour nous rendre vers le Népal, nous avions choisi de prendre le train jusqu'à la frontière pour économiser quelques Euros et profiter une dernière fois des trains Indiens !

Comme nous avions pris notre billet un peu tard, nous étions sur liste d'attente et un seul de nos deux billets a été confirmé ! Nous avons donc passé les 17h de trajet à deux sur la même couchette, avant d'enchaîner par 8h de Jeep entre la frontière et Kathmandu, soit... 120km sur des routes tout juste carrossables ! Suite à ça nous avons donc attaqué Kathmandu par quelques jours de repos bien mérité !

Finalement, après un mois passé dans le pays, le bilan de l'Inde est mitigé. Si nous avons vu des choses magnifiques, une culture et des modes de vie très différents qui font relativiser sur nos situations, si nous avons beaucoup apprécié la nourriture et les endroits visités, il a été dur de faire abstraction du monde et du bruit constants, de la saleté, de la chaleur, de la pollution... Pour ma part je n'ai jamais eu autant de migraines que lors de ce mois ! Et c'est donc relativement soulagés que nous quittons le pays, en espérant trouver un environnement plus calme au Népal.


Pour finir quelques ambiances pour essayer d'illustrer :

Rues de Varanasi à pied  (1)
Rues de Varanasi à pied  (2) 
Circulation en tuk tuk 
Musique dans les pandal, moins silencieux que les lieux de culte auxquels on est habitué !