Népal et tour du Manaslu

Voyage au Népal centré autour du trek du tour du Manaslu
Du 19 octobre au 14 novembre 2018
27 jours
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Il paraît que Kathmandu est très pollué, c'est en tout cas ce qu'on lit sur tous les guides. Mais arrivant d’Inde qui était le summum de ce qu'on ait connu jusqu'à présent niveau pollution, ça n’est pas du tout l’impression que ça nous a donné ! Pour nous, ça a même semblé être un grand bol d’air pur, avec une circulation bien moins importante, au moins dans le centre touristique. Alors oui, il y a énormément de touristes, surtout dans le quartier de Thamel (et surtout en comparaison avec l’Inde), mais par contre on a instantanément apprécié l'ambiance relativement calme des rues et le fait qu'on ne se faisait pas harceler de toutes parts !

Ne pouvant pas partir immédiatement en trek, les premiers jours ont été dédiés au repos (surtout après les 24h de transport très sport depuis l'Inde), et à la préparation du trek. Notamment l'obtention des permis, la recherche d'un guide* (obligatoire pour le tour du Manaslu) et l'acquisition du matériel que nous n'avions pas déjà avec nous : sacs de couchages très chauds et bâtons de marche.

Alors pourquoi ce trek justement : et bien c'est un des classiques du Népal tout en n'étant pas le plus touristique. Il n'est pas réputé excessivement difficile, et la combinaison du permis de trek un peu plus cher et l'obligation d'être accompagné par un guide le rendent un peu moins encombré que le tour des Annapurnas ou le camp de base de l'Everest, les plus grand classiques, qui, selon ce que nous avions entendu, sont de vraies usines à la pleine saison.


Pendant ces quelques jours, nous avons aussi visité les quartiers principaux de la ville, et notamment le quartier historique de Durbar Square. Celui-ci a énormément souffert du tremblement de terre de 2015. Tous les bâtiments y sont soit totalement détruits, soit en reconstruction, soit toujours debout mais soutenus de toutes parts par d'énormes poutres qui changent totalement la physionomie du lieu.

Mais également Swayambhunath (le monkey temple local) et son important stupa en haut d'une colline en bordure de Kathmandu.

Swayambhunath et ses quelques singes
Au passage sur le chemin vers le temple, fait à pied, on sort des quartiers touristiques et on change d'ambiance 


*Concernant la recherche du guide, je ne vais pas m'épancher sur l'arnaque que nous avons subie mais en résumé nous sommes passés à quelques heures du départ d'un supposé guide Francophone, ami d'un de nos amis, à un guide qui ne l'était pas vraiment et qui ne parlait que 4 mots d'anglais. Comme c'était à 23h la veille du départ, que c'était l'agence d'un ami d'ami, et que c'était soit ça, soit il fallait reporter le départ et tout recommencer dans une autre agence et perdre plusieurs jours, on a continué, mais quitte à payer pour un guide, ce n'était vraiment pas idéal. Un peu plus loin dans les articles, on vous donne 2-3 conseils de base sur le choix du guide, si un jour vous souhaitez en prendre un au Népal.

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Départ pour le trek en bus local, avec un chauffeur-pilote qui a beaucoup trop de style, et qui conduit à fond sur des chemins de terre, avec la musique à fond (mélange de chansons électro occidentales et de remix techno de musiques népalaises !)

On mettra 8h pour une centaine de km, ce qui est beaucoup moins que d'autres groupes rencontrés, et on arrivera couverts de poussière (même à l'intérieur du bus!). Mais au moins on avait une place assise ce qui était loin d'être le cas de tout le monde !


Le trek commence normalement dans la ville d'Arugath mais le bus nous dépose à mi-chemin entre Arugath et Soti Khola. Le chemin entre les deux étant superbe, avec de nombreuses rizières étagées et les locaux en train de récolter. Ca aurait mérité quelques photos !

Après une petite marche de chauffe, on arrive en fin d'après-midi à Soti Khola, 800m d'altitude soit plus bas que Kathmandu qui est à 1400m, et on prend la première douche froide et le premier dal bhat d'une longue série !

Le planning initial du trek prévoit 12 jours pour le tour du Manaslu, avec possibilité de poursuivre par le tour des Annapurnas si la forme et l'envie le permettent, pour un total de 19 jours ! Le tour du Manaslu se termine en effet à Besi Sahar, point de départ des Annapurnas, c'est donc l'occasion d'enchaîner. C'est un peu limite niveau timing par rapport à notre retour à Kathmandu, mais on va essayer !

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Deuxième étape, toujours à basse altitude, 6h de montées et descentes dans une ambiance tropicale et montagnarde à la fois. Le gain d'altitude est quasi nul, mais ça échauffe bien les jambes et les épaules qui ne sont pas habituées à porter le sac toute la journée !

Khorlabesi, ~900m 

On se sent bien et on pousse finalement une heure plus loin que l'arrivée prévue à Maccha Khola pour essayer de gagner du temps. On ne sait jamais, si on pouvait gagner un jour avant d'être en altitude, où on risque de devoir prendre un voire plusieurs jours d'acclimatation.

...mais l'objectif est aussi d'essayer de se détacher du groupe de ~20 allemands partis le même jour de Soti Khola !

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7h de marche le 3ème jour, pour arriver jusqu'à Sirdibas, 1370m, 2h plus loin que l'objectif initial. Le chemin qui était initialement assez large se rétrécit, et on ne croise plus de véhicules, seulement des villageois, quelques trekkeurs et des mules. Beaucoup de mules, qui vont généralement tout droit peu importe ce qui se trouve sur leur passage, et qu''il vaut souvent mieux laisser passer !

Et toujours 50m de descente pour chaque 100m de montée, qui font qu'on gagne relativement peu d'altitude.

On termine quand même avec une vue lointaine sur les premiers sommets enneigés 

"Oui, ça fait mal aux épaules, mais tu verras, dans 3 jours tu ne sentiras plus rien. Et les courbatures, c'est pareil, ça va passer " 😀

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Quatrième jour de trek, enfin on s'élève un peu, toujours au prix de nombreuses montées et descentes, et de 8 nouvelles heures de marche.

A chaque village traversé son lot d'enfants qui réclament du "Chocolate ! Chocolate !". Mais on n'a pas été prévoyants, et on n'en a pas sur nous, donc on sacrifie une barre de céréales (au chocolat quand même !) que 5 gamins se partagent en un clin d'oeil !

L'occasion d'apprendre à Betty le mot "morveux" et son origine  😀
On arrive enfin à Bihi Phedi, 2000m, après une grosse journée 

Jusque là les nuits étaient fraîches, mais à partir de là elles deviennent carrément froides, et la douche glacée à 18h en plein courant d'air devient difficile à tenir ! Heureusement pour la nuit nous avons nos sacs de couchage "The North Fake" -35°* !

*Au Népal, environ 80% des vêtements ou accessoires vendus portent le logo The North Face, plus ou moins bien cousu. Tous les locaux en sont équipés, même les enfants. Ce sont évidemment des contrefaçons made in Nepal, de qualité plutôt correcte. Pour un prix 5 à 10 fois inférieur, ça fait le boulot, on ne fait pas les difficiles !

Nous rencontrons à Bihi Phedi un groupe de 3 Français, en tour du monde à durée indéterminée (avec déjà 1 an écoulé quand même !) et avec qui nous nous suivrons pendant la quasi totalité du trek.

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Enfin les choses sérieuses commencent, avec une journée complète au-dessus de 2000m. L'objectif de ce jour est d'arriver au minimum à Namrung (2670m) pour y passer la nuit, voire à Sho (2960m) si la forme le permet, pour essayer de commencer à s'acclimater autour de 3000m.

Départ de Bihi Phedi 

Mais la journée de marche sera plus longue que prévue, notamment à cause de la pause du midi, faite ce jour-là dans le même lodge que 90% des trekkeurs, dans un tout petit village. Pause qui durera 2h30 et nous permettra de découvrir une règle tacite appliquée dans beaucoup de lodges de cette région : les Népalais ne mangent pas tant que le dernier touriste présent n'a pas fini son repas !

Ce qui fait que si plusieurs groupes arrivent en décalé sur plusieurs heures, les premiers arrivés doivent attendre que tous les autres groupes aient fini, puis que les guides et porteurs mangent tous ensemble, pour que tout le monde reprenne la route en même temps ! Etrange...

Le soir c'est généralement transparent pour nous vu que l'on dort sur place, mais comme la règle n'est pas clairement affichée, pour les Népalais cela veut parfois dire qu'il faut attendre très tard, que le dernier touriste qui n'avait pas très faim ce soir-là se décide à prendre son repas, pour que eux qui sont affamés aient le droit de manger. Très étrange !

De manière générale, les guides sont littéralement au service des touristes, et non sur un pied d'égalité comme on peut le voir en France. C'est plutôt étonnant, on n'est pas habitués à se faire servir comme ça en refuge, et la conséquence est que les échanges avec les locaux sont quasi nuls. Tout passe par le guide, du choix du lodge à la commande de nourriture, en passant par le service à table ou la mise à disposition de couvertures.

Mais c'est volontaire nous a-t-on dit, et cela évite les dérives constatées sur les treks beaucoup plus parcourus : par exemple les Annapurnas faisables sans guide, où paraît-il certains touristes se comportent très mal avec les locaux, ou laissent les chambres dans un état déplorable. Une nation du moyen-orient notamment, a très mauvaise réputation au Népal.

Nous arrivons à Namrung où le soleil s'est déjà caché derrière les sommets, et quand on nous annonce qu'il n'y a encore et toujours pas d'eau chaude... on se dit qu'on va peut-être rester sales cette nuit, la douche glacée de la veille nous ayant bien calmés !

A la place nous allons faire un petit tour du village, qui durera 5 minutes après visite de la seule rue (comme quoi il n'y a pas qu'à Tarbes finalement 😛) bordée de lodges. Cela nous permettra d'apercevoir une centaine d'animaux qui de loin ressemblent à des singes, qui gambadent sur la falaise d'en face. Mais je n'ai pas de téléobjectif, et les photos ne rendent rien de visible. On nous expliquera plus tard que ce sont bien des singes Langur et qu'il y en a beaucoup à cette altitude. Il paraît que dans des vallées proches il y a également des léopards des neiges, mais qui sont bien plus difficiles à apercevoir.

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Le jour suivant, on est dans le vif du sujet, avec une arrivée prévue à 3520m d'altitude (il vaut mieux éviter de faire plus pour l'acclimatation) et un peu plus de 1000m de dénivelé. Suite à la journée de la veille on a quasiment abandonné l'idée de gagner un jour sur le planning, ça deviendrait difficile avec l'altitude.

En plus il paraît que j'ai menti à Betty, et que 3 jours plus tard, le sac ne fait pas moins mal aux épaules. Et encore pire, la fatigue aux jambes ne s'est pas envolée non plus. Mince...

Pour ajouter un peu de piment au trek, petite surprise après 10 minutes de marche, la semelle de ma chaussure gauche se décolle complètement ! Avec seulement 13 jours de marche restants, et plusieurs jours vers 4000m, ça promet !

Je finis donc la journée de marche en tongs, tel un porteur Népalais (avec quand même 20kg de moins qu'eux sur le dos), avec les grosses sur le sac, avant de pouvoir les nettoyer de toute la poussière et les recoller à la super glue "made in Nepal" trouvée en cours de route ! Un bout de cordelette fait également mine de solidifier l'ensemble. Ca a l'air béton, aucun risque (ahem) mais juste au cas où, on vide quand même le stock de super glue des lodges rencontrés en chemin, en prévision des prochains jours.

Le cadre change progressivement avec de plus en plus de vues sur des sommets enneigés de plus de 6000m, notamment avec l'arrivée au village de Lho (3180m). Au passage c'est le baptême des 3000m pour Betty (qui ne compte pas s'arrêter là). Oui, on ne peut pas dire qu'on avait forcé sur la préparation en France.

Arrivée à Lho (ou Dho selon les orthographes) dans une superbe ambiance automnale

Les vaches étaient déjà de plus en plus poilues, mais à partir d'ici elles commencent à se transformer en yaks !

C'est aussi ce jour que nous profiterons des premières vues sur le Manaslu (8163m), notamment en arrivant sur Shyala et depuis notre lodge avec vue imprenable !

Ce jour-là, fait notable, nous prendrons également la quasi-seule douche chaude du trek (avant une série de 5 jours de "hot shower not working"). Douche bien méritée après une fin de marche pentue et difficile au-dessus des 3000m.

On retrouvera également dans le lodge les 3 Français de Bihi Phedi, et 4 québécois très correc' qu'on avait d'jà croisés la veille. Eu'zot sont pas là pour niaiser, et pis y trouvent pas si pire de trekker icitte, même si il fait bin frette le matin.

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Avant et pendant le lever de soleil sur le Manaslu

Petit mal de tête pour moi au lever ce matin-là, après une nuit de sommeil dans les courants d'air du lodge. Peut-être parce qu'on n'a pas respecté la règle en altitude, monter 200m plus haut que l'endroit où l'on va dormir, puis redescendre pour passer une meilleure nuit. Heureusement la douleur passera vite après avoir profité du lever de soleil sur le Manaslu, et après un bon petit-déjeuner.

Suite à deux jours où nous sommes bien montés en altitude, cette journée doit nous permettre de nous acclimater. Le but sera d'avancer au prochain village, Samagaun (3480m), pour réserver un lodge et poser les sacs (Ramsingh est toujours stressé qu'il n'y ait plus de place à cause des "big groups" potentiels), puis de revenir sur nos pas pour monter vers le Pong Gyen Gompa, monastère juché à 4070m d'altitude où nous ne sommes pas certains de trouver âme qui vive.

Le groupe de trois Français voulait initialement faire la même chose, mais l'un d'eux se sent très mal ce matin-là, probablement à cause d'une intoxication alimentaire, et ils choisissent de rester un jour de plus à Shyala. Il faut dire que les conditions d'hygiène au Népal pour la préparation de nourriture et le lavage de la vaisselle laissent à désirer, il ne faut pas être difficile 😀. Pour l'une des Françaises, le dhal bhat de la veille contenait des bouts de savon !

Les mélèzes ont leurs couleurs d'automne, et ça rappelle le Canada au groupe de Québécois croisés à Shyala !

La première partie de la marche se passe bien, mais en commençant la montée vers le gompa, Betty a un mal de tête lancinant, et à mesure des 200 premiers mètres de dénivelé, ça devient carrément insupportable. Nous devons finalement nous arrêter à seulement 3700m d'altitude, ça n'est pas vraiment rassurant sachant que les 4 ou 5 prochains jours seront à des altitudes supérieures.

D'ailleurs Ramsingh nous fait directement comprendre qu'il est très inquiet et voudrait faire demi-tour pour rentrer à Kathmandu, car il ne veut pas avoir de problèmes ! Sa réaction nous fait beaucoup plus peur que le mal de tête de Betty, mais depuis quelques jours, on a réalisé qu'il n'est pas vraiment guide assermenté (voir plus bas), et on se dit que c'est probablement pour cela qu'il a peur que le moindre souci arrive. Bref ne paniquons pas non plus, on n'est pas venu jusque là pour faire demi-tour au premier souci rencontré, et on arrive à le convaincre qu'il faut juste prendre du temps pour s'acclimater. On est peut-être juste monté trop rapidement jusque-là, on va déjà essayer de ralentir et se reposer.

On redescend donc tout doucement à Samagaun où Betty prend le premier Doliprane d'une longue série à venir, ce qui calme le mal de tête pour la fin de journée. Par contre pas question d'aller plus haut demain comme le prévoyait le programme, on retentera la journée d'acclimatation prévue ce jour-ci. Cela nous oblige donc à ajouter une journée au programme, et met un premier frein au plan d'enchaîner avec les Annapurnas.

Dans le lodge du jour, nous rencontrons plusieurs groupes avec qui nous discuterons et apprendrons de nouveaux jeux de cartes. Notamment Cecio, Italien vivant en Espagne et voyagant avec deux Allemands et un Bulgare (ça ne s'invente pas), nous apprendra le jeu "Cambio", aussi connu sous le nom de "Tenerife" dans d'autres pays. Nous aurons aussi l'occasion de discuter avec les guides anglophones des autres groupes, qui seront beaucoup plus rassurants que le notre sur les maux de tête de Betty.


Quelques mois plus tard, je rajoute une petite parenthèse sur l'affaire de notre guide, au demeurant très sympathique mais moyennement compétent. Je ne voulais pas en parler à chaud après le trek en écrivant ce blog, mais a posteriori je réalise que quelques personnes lisent ces lignes et je me dis que ça peut servir à d'autres, car on avait quand même ruminé cela pendant plusieurs jours.

Après quelques jours de marche et quelques indices qui nous avaient aiguillés vers cette conclusion, on avait compris qu'il n'était pas réellement guide assermenté. Une fois le sujet sur la table il nous avait avoué qu'il avait été porteur toute sa vie, et que c'était la première fois qu'il était "guide" sachant qu'il n'avait jamais eu de formation et n'avait donc pas de certificat. Ca aurait pu paraître anodin, mais d'une part on a un peu eu le sentiment de s'être fait avoir, et d'autre part pour les checkposts du Manaslu ça a son importance, ou bien comme nous vous devrez vous rattacher à d'autres groupes, et perdre du temps à chaque checkpost. Et vu la réaction de Ramsingh au mal d'altitude de Betty, alors qu'il a passé toute sa vie en montagne, le lien avec le manque de formation (ou d'expérience en tant que guide) est vite fait. Pour des personnes totalement néophytes par rapport à ces problèmes de MAM, ça aurait même pu être très inquiétant. C'est aussi dommage, car au lieu d'un guide qui partage son savoir sur les coutumes, les sommets, la faune et la flore, on cumule juste des regrets en comparant avec les guides des autres groupes. Quelques conseils donc, pour tous ceux qui liront ce blog, si vous devez un jour choisir un guide au Népal :

1. Comparez plusieurs agences pour avoir une idée réaliste des prix. Le moins cher n'est pas forcément le mieux, mais le plus cher non plus, ou bien il faut avoir des assurances sur le guide en question. Pour la saison 2018, a priori les prix étaient de 25 à 35€ par jour pour un guide. On a vu des gens qui ont négocié guide + porteur pour 35€ et sont mieux tombés que nous.

2. Lors de votre choix, assurez-vous que votre guide parle bien anglais ou Français, au risque de tomber sur un qui ne connait que 4 mots... Idéalement il faut le rencontrer et lui parler avant de partir, a priori c'est ce qui se fait le plus souvent.

3. C'est bête, mais demandez à voir le certificat du guide qui vous accompagnera.

Dans notre cas, vu que le changement a eu lieu à 23h la veille du départ qui était prévu à 6h du matin, je ne sais pas ce que l'on aurait pu faire sans perdre des jours supplémentaires à Kathmandu et compromettre notre plan initial. Bref, parenthèse terminée, on a quand même bien profité du trek et aujourd'hui on retient surtout le positif !

Après une bonne nuit de sommeil sans courant d'air, on se lève doucement et on tente de repartir vers l'objectif de la veille, alors que les autres groupes avancent vers le village suivant de Samdo (3860m).

Après quelques centaines de mètres de montée, le mal de tête de Betty revient comme la veille, mais elle s'accroche et tient jusqu'au Gompa pour son baptême des 4000m, avant de devoir prendre un nouveau Doliprane.

Le gompa est finalement inoccupé, et nous ne pourrons pas le visiter, mais au moins l'admirer de l'extérieur, et faire quelques belles photos, avec des bâtiments construits à flanc de falaise, au pied du Manaslu (qui culmine mine de rien encore 4000m au-dessus de nos têtes, c'est assez dur à imaginer). Au passage on retrouve les Français laissés la veille, remis de leur intoxication alimentaire.

A la fin de la journée, mes chaussures sont de nouveau ouvertes, le tube de glue aura tenu 2 jours ! Il faudra donc refaire un atelier nettoyage et collage, où vont passer 3 tubes cette fois-ci, ainsi qu'un mètre de scotch en toile.

Un hipster fier de son oeuvre d'art conceptuelle
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Les nuits ne sont pas tranquilles non plus pour Betty qui découvre les joies de l'altitude : tachychardie, essoufflement, réveil brusque avec la sensation de ne pas pouvoir respirer...

Mais il faut bien avancer après 3 jours à 3500m, donc nous prenons quand même le chemin de Samdo, village suivant à 2h de marche et ~350m d'altitude supplémentaires.

Mais ce jour-là, en plus du mal de tête de Betty de retour dès 15mn de marche, mon ventre ne va pas très bien non plus, on dirait que moi aussi je fais une intoxication alimentaire ! Les 2h de marche seront donc ponctuées de plusieurs sprints vers les buissons... avec dans la tête, une petite voix qui me répète : "tout se passe dans le ventre" (cf le grand sage Thomas C.) 😀

On finit quand même par arriver à Samdo sans trop de soucis, et après un délicieux repas au riz blanc et sachet de réhydratation, et un nouveau shot de Doliprane pour Betty, on se permet même de monter tout droit au-dessus du village jusqu'à 4100m d'altitude. Une petite heure de marche supplémentaire qui permettra à Betty de se remettre la tête dans un étau, et à moi de vomir tout mon riz au détour d'un lacet !

Décidément, une journée supplémentaire serait préférable à Samdo avant de passer à l'étape suivante et sa nuit à 4500m. Ce jour de plus anéantira nos chances de poursuivre sur les Annapurnas, mais au point où on en est, on se dit qu'on sera déjà contents si Betty arrive à se défaire de son mal de tête pour passer le col à 5100m.

A la montée, vue sur le Manaslu et son glacier 

Le lendemain, je vais beaucoup mieux, ce qui confirme qu'il s'agissait d'une intoxication alimentaire, heureusement que ce n'était que ça ! Quant à Betty, elle va bien au réveil, mais ça ne présage de rien, en général la douleur lui vient en marchant. Nous prenons donc le chemin du Samdo Peak qui domine le village du haut de ses 5177m, avec pour objectif, sinon de faire le pic,au moins de monter à 4500m, pour se préparer à l'étape suivante. Nous arriverons à cette altitude, mais pas jusqu'au sommet du pic car le mal de tête de Betty ne la lâche décidément pas.

Encore une fois, un doliprane et du repos permettront de faire passer la douleur, mais après 4 jours de douleurs, et avec encore 2 jours à prendre de l'altitude, nous avons toujours des doutes sur le passage du col.

On décide quand même de poursuivre le lendemain et de lui faire commencer le Diamox... Même si on n'a aucune expérience de ce médicament et qu'on a surtout entendu parler de ses défauts et effets secondaires, on a au moins l'espoir qu'il agisse un peu sur elle pour les 2 derniers jours.

Ce jour-là lors de la balade, on rencontre un groupe de Toulousains, avec qui nous sympathisons et nous ferons un certain nombre de parties de cartes pendant la suite du trek et que nous reverrons même à Kathmandou ! Pas de belote, même si c'est la nouvelle passion de Betty, mais on continuera de se perfectionner au Tenerife !

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Départ pour Dharmasala, 3h30 de marche plus haut si tout va bien. Mais de nouveau, très rapidement et malgré le Diamox Betty est prise d'un mal de tête atroce. C'est probablement le pire depuis le début, et elle ne peut avancer qu'au ralenti.

Le paysage est superbe, mais difficile pour Betty d'en profiter, ou même de prendre la pose pour les photos.

En plus de ça notre guide est de nouveau stressé des quantités de places disponibles à Dharmasala qui était paraît-il plein la veille, et comme de plus en plus de personnes nous passent devant, je commence à avoir peur de passer la nuit prochaine en tente (c'est le cas si tous les lodges sont pleins). Je propose alors de partir devant pour essayer de rattraper les autres groupes et réserver une place, puis redescendre à vide pour aider Betty à porter son sac.

Au final, il n'y avait pas de raison de s'inquiéter, c'est un jour creux et il reste beaucoup de place dans les préfabriqués qui font office de lodges. On aura même finalement le luxe d'avoir 4 places pour 2 dans notre algeco. Mais l'aller-retour aura au moins permis de soulager un peu Betty qui est à l'agonie à cause de son mal au crâne, et qui tient à peine debout en arrivant à Dharmasala. Ce n'est pas rassurant, d'autant qu'au même moment, un hélicoptère vient récupérer une autre personne qui souffre également de mal des montagnes et ne peut pas aller plus haut.

Mais heureusement, un groupe de canadiennes dont l'une est infirmière nous rassure et nous explique que seul le doliprane ou l'ibuprofène font effet pour le mal de tête, pas le Diamox, et que Betty peut alterner les deux sans risque si la douleur est trop grande. Elles nous donnent même des cachets supplémentaires d'ibuprofène.

Apparemment le Diamox ne fonctionne que sur les autres symptômes (tachychardie, difficulté à respirer, etc.) mais n'a pas d'effet sur le mal de tête. Apparemment aussi, il ne faut pas s'inquiéter s'il s'agit uniquement d'un mal de tête qui passe sous paracétamol. Ce qui serait inquiétant serait soit un mal de tête qui ne passe pas, soit le cumul de ce symptôme avec des nausées, des vomissements, la confusion ou la perte d'équilibre, qui pourraient être le signe d'un oedème pulmonaire ou cérébral. Tout un programme.

Toujours est-il qu'à grands coups de cachetons, Betty revient à la vie, et après un peu de repos, nous pouvons déjeuner et même monter tout doucement un peu plus haut (4700 m) pour espérer passer une nuit correcte à 4500m. Le froid tombe ensuite très vite, surtout avec le soleil qui se cache derrière les sommets, et le vent qui se lève. Le temps finit même par se couvrir et de petits flocons commencent à tomber. La pièce commune est trop froide, et dès 15h on préfère se réfugier dans le préfabriqué, dans nos sacs de couchage, pour discuter au chaud en attendant la nuit.

Là, il faut s'imaginer que tout dans le moment est extrêmement romantique. Le cadre déjà, avec le préfabriqué de 4m², dans la poussière, sur des matelas à même le sol. Et puis Betty est shootée aux médicaments, on ne s'est pas douchés depuis 5 jours, il fait froid, on a le nez qui coule... La couverture qu'on nous a mis à disposition sent les pieds. Et moi, ça fait quelques temps que j'avais acheté une bague de fiançailles en prévision du voyage. A l'avance, je pensais la sortir un soir au soleil couchant devant les sommets enneigés, puis ces derniers jours avec les soucis d'altitude j'avais un peu abandonné l'idée de faire ça au Népal. Mais là, LA, mince c'est le moment parfait, ou j'y connais rien !

Bref je ne sais pas si je l'ai eue dans un moment de faiblesse, mais toujours est-il que depuis le 4 novembre, on est fiancés 😉

Reconstitution de la scène, digne de l'actor's studio 

PS : Il paraît que mon petit doigt ne convient pas pour mesurer une bague pour Betty, même si franchement, à 4 ou 5 tailles près, on est bons !

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Après une nuit courte et un réveil à 3h du matin, les nuages ont disparu pour faire place au ciel étoilé, et de nouveau il est tombé une fine pellicule de neige. J'aurais bien aimé passer du temps à expérimenter sur des prises de photos de la voie lactée, mais il fait vraiment trop froid, ça sera pour une autre fois !

D'habitude Betty ne met jamais de bijoux, mais il semblerait qu'avec la bague j'aie tapé dans le mille. Ca a l'air d'avoir fait disparaître tous les problèmes d'altitude, ça, ou alors c'est le fait qu'elle est plus chargée en médicaments qu'un coureur du tour de France. Toujours est-il que, à peine le temps de déjeuner, et elle part comme une fusée en direction du col, je dois même lui dire de ralentir de peur qu'elle explose en vol.

Appréciez la petite pause clope à 4800m d'altitude ! C'est quand les poumons sont bien ouverts que c'est le meilleur !

Mais en fait aucun risque, le cocktail Doliprane/Ibuprofène/Diamox est plus fort que tout, le mal de tête est maîtrisé et c'est même la meilleure forme des derniers jours. On se paie même le luxe de doubler des groupes, et d'arriver au col plus rapidement que prévu.

J'avais déjà prévu de nous photoshopper sur une image tirée de Google, mais finalement pas besoin !

LA descente est aussi déroulée en deux temps trois mouvements, avec de nouveaux sommets de l'autre côté, vue sur les Annapurnas.

L'arrivée sur Bimtang est superbe après 1500m de descente, avec vue sur l'autre côté de la chaîne LE mdu Manaslu :

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Départ de Bimtang dans le froid et dans une ambiance magique, au pied de la chaîne du Manaslu.

Chez nos voisins, le groupe de toulousains, certains devront même re-clouer une planche de leur cabanon ! 

Même si le passage du col n'a finalement pas posé problème, nous n'avons plus le temps de continuer sur les Annapurnas. Nous décidons donc de prendre la direction de Pokhara pour nous reposer là-bas.

Deux solutions pour cela, soit nous faisons encore 3 jours de descente à pied, dont 2 sont des journées communes avec les premières étapes des Annapurnas sur une piste carrossable, soit nous décidons de prendre une jeep à partir du 2e jour. C'est ce que nous choisirons, un peu moins motivés par ces dernières étapes au milieu de la foule et de la poussière des jeeps !

Cette étape, d'une vingtaine de km et 2000m de descente est donc la dernière du trek, dans une vallée où il est possible de monter jusqu'à 1800m en voiture, ce qui facilite beaucoup l'approvisionnement des villages. On y croise d'ailleurs beaucoup moins de mules, et on comprend pourquoi le trek se fait dans ce sens : dans le sens inverse le gain d'altitude serait vraiment trop rapide.

A Dharapani pour notre dernier jour en lodge on retrouvera une douche chaude ! Mais aussi de nombreux groupes qui débutent les Annapurnas, alors que nous fêtons l'arrivée avec le premier plat non végétarien depuis 12 jours : des Mo:Mo au poulet dont je rêvais depuis plusieurs jours !

Le lendemain, le retour en jeep est stoppé par un glissement de terrain survenu quelques heures plus tôt ! Mais le tractopelle règle ça en moins de 2h et nous pouvons finalement passer.

Les centaines de personnes croisées dans le sens inverse et la quantité de jeeps qui descendent nous feront penser que nous avons bien fait de finir en voiture !

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Article spécial pour papa, avec les fleurs vues pendant le trek. Je ne commente pas, n'ayant aucune idée de quelle fleur est quoi !

Entre 2000 et 3500m 
Au-dessus de 3500m on trouve surtout cette fleur, et des buissons épineux ! 

Au passage petite anecdote, a priori à plusieurs étapes pendant le trek il était possible de voir (et cueillir) du cannabis sauvage, nous avons croisé plusieurs groupes au retour qui en avaient rempli des sacs entiers !

Mais nous sommes tellement à l'ouest que nous n'étions pas au courant et que nous n'avons même pas remarqué, et contrairement aux autres groupes, notre guide ne nous en a pas parlé ! Pour notre défense, quand même, ce n'est pas du cannabis qui ressemble à celui qu'on a l'habitude de voir dessiné sur des t-shirts !

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A la suite du trek, quelques jours de repos bien mérités à Pokhara ! Ou nous retrouverons notamment Cecio, Italien vivant à Madrid rencontré lors du trek !

Lac Phewa de Pokhara 

Avec notamment la montée à vélo sur la colline de Sarangkot, d'où il y a normalement une vue imprenable sur les Annapurnas... mais le brouillard atmosphérique était tel que l'on distinguait à peine les montagnes.

On distingue difficilement le lac juste en-dessous. 
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Retour à Kathmandu pour passer nos derniers jours Népalais avant le vol pour le Myanmar.

Nous y retrouverons nos amis toulousains qui ont très gentiment proposé de nous transporter des affaires de retour vers la France, nous évitant d'avoir à faire un colis hasardeux ! Grâce à eux nous découvrirons aussi l'existence d'un livre pour enfants qui tombe à pic : Jack and Betty and the Yak and Yeti !

Les 3-4 jours suivants seront passés au lit à cause d'une turista carabinée, qui nous fera visiter un nouvel hôpital par précaution, après celui en Inde (on a peut-être trouvé un thème à ce voyage finalement !).

Quelques photos de notre hôtel

Pour notre dernier jour sur place, nous retrouverons de nouveau Cecio, avec qui nous irons visiter le quartier de Boudhanath.