Myanmar / Birmanie

Un mois dans ce pays de contrastes, qui s'ouvre au monde après des années de dictature militaire, mais dont les premiers pas en démocratie sont marqués notamment par le génocide des Rohingyas.
Du 15 novembre au 12 décembre 2018
4 semaines
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Arrivée dans l'ancienne capitale Birmane*, où la température est très supérieure à celle de l'automne Népalais, avec un fort taux d'humidité !

*La capitale du pays a été déplacée en 2005 par la junte Birmane dans la ville de Naypyidaw, ville fantôme créée de toutes pièces en quelques années et habitée depuis quasiment exclusivement par les fonctionnaires du gouvernement et par l'armée Birmane. Ce déplacement aurait eu pour objectif de prévenir d’une invasion armée étrangère (type Irak) en éloignant les institutions de la côte.

Ce qui marque en premier en dehors de la chaleur est le bon état des routes comparé au Népal (Après coup, cette impression sera de courte durée, et ne concernera que la ville de Yangon ! 😀). Et petit détail, au Myanmar on roule à droite, contrairement aux deux pays précédents et malgré la colonisation britannique, mais on a le volant à droite également, ce qui est assez étonnant (il nous a fallu un moment pour réaliser ce qui nous semblait étrange).

A part cela la ville paraît beaucoup plus structurée que Kathmandu, et fait grande ville "habituelle", avec bien sûr de forts accents asiatiques.

Le Karaweik palace, un des emblèmes de la ville, converti en restaurant

La plupart des choses à voir à Yangon, hormis la ville en elle-même, sont des pagodes et autres temples ou lieux de culte, la plus célèbre étant la Shwedagon paya (de shwe, or, et dagon, ancien nom de Rangoon). Cette pagode est le premier centre religieux de Birmanie et contiendrait des reliques de quatre anciens bouddhas, dont huit cheveux du bouddha Gautama.

Visite de Shwedagon paya, pagode principale de la ville
Le grand bouddha couché de Yangon 

Le bouddhisme du Myanmar est étroitement lié à l'astrologie, ou en tout cas une astrologie dérivée, créée par des "anciens moines qui avaient une grande connaissance du monde cosmique" (!!!)

Cette astrologie serait paraît-il basée sur le nombre 8, qui aurait un "parfait équilibre cosmique", et qui "résonne à une fréquence d'équilibre divin". Voilà. Mais ce n’est pas tout ! C’est aussi 8 comme les 8 planètes du système solaire, ou aussi les 8 jours de la semaine. Si si, promis. Bon, j’avoue qu’on a trouvé ces explications sur internet et on n’est pas convaincus à 100%.

Autour des stupas dans les pagodes du Myanmar sont donc généralement aménagés 8 autels, soit un pour chaque jour de la semaine, le mecredi (jour de naissance de bouddha) correspondant à deux jours distincts : mercredi matin et mecredi après-midi. Eh oui.

Chaque jour est associé à un animal signe du zodiaque, et autant vous dire que quand on est né le vendredi comme moi, on est gâtés, car l'animal du vendredi n'est rien de moins qu'un cochon d'Inde qui impose directement le respect. Betty quant à elle n'a pas eu de chance, elle est tombée sur un pauvre petit tigre, c’est clairement moins impressionnant.

Les 2 mercredis sont des éléphants mâle et femelle. Le dimanche est un garuda, homme-oiseau de la mythologie bouddhiste.

Je vous passe ici la description de à quel point les cochons d'inde sont vraiment des êtres exceptionnels, mais voilà quand même un lien très instructif. Vous êtes vraiments chanceux...


Marché de nuit dans les rues de Yangon 
Le circular train de Yangon et la vue depuis le train
A Yangon, on trouve des cafés "Parisian", où l'on peut notamment déguster des authentiques fish chicken sausages, comme en France!
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En attendant de récupérer le passeport de Betty à l'embassade de Thaïlande, nous avons fait un petit tour par le sud du pays, dans les villes de Hpa-An, et Mawlamyine.

Cela s'est avéré être une belle surprise, malgré la chaleur et l'humidité étouffantes (36°, mais 45° annoncés en ressenti, du fait des 60% d'humidité par grand soleil) , avec de petites villes sympathiques et peu touristiques, stupas et statues de Bouddha à profusion, des rizières toutes vertes et de beaux paysages.

Ici, pour avoir le style, on se déplace en scooter
Le Kyaik Ka Lat, un étonnant rocher karstique sur lequel a été construit un temple, et entouré d'un lac artificiel
Les Lumbini gardens, au pied du mont Zwegabin , avec leurs centaines de statues de Bouddha 
Visite d'une cave célèbre de la région, dont la superficie totale est supérieure à un terrain de football. 

Les paysages croisés en chemin sont très typiques, avec de nombreuses rizières encore irriguées (bien que ce soit la saison sèche), et quelques rivières avec parfois des barques de pêcheurs.

Les rizières des alentours de Hpa-An 

Puis retour à Hpa-An et dîner au night market où se croisent locaux et les quelques touristes présents dans la région.

Le Night Market

Le lendemain nous voulions aller voir le lever de soleil depuis le mont Zwegabin qui domine Hpa-An et ses alentours. Pour cela il a tout de même fallu partir de l'hôtel vers 4h du matin, et se payer les 800m de montée en pleine nuit, pour arriver au temple qui trône au sommet avant 6h du matin !

La montée à la frontale était digne d'un film d'horreur, dans la nuit noire avec des bruits dans la forêt autour de nous, et le son d'un haut parleur au pied de la montagne, qui diffusait en continu des lectures de versets bouddhistes. Sachant que nous avions lu la veille un commentaire de blog disant "Attention, les singes du mont Zwegabin sont les plus agressifs que nous ayons jamais vu. Ils vous attaquent sans raison". Très rassurant !

Mais après 1h15 de montée très verticale (2200 marches pour un peu plus de 800m de dénivelé), épargnés par les singes, mais pas par l'humidité malgré l'heure matinale, nous avons pu enlever nos chaussures dans le temple juste avant le lever du soleil, trempés et bien contents d'être arrivés.

Finalement les singes n'étaient pas si aggressifs, et se prenaient surtout des roustes au lance pierres par les moines du temple !

Le temple en lui-même n'étant pas magnifique, nous ne l'avons même pas pris en photo !

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Si vous n'avez pas idée de comment prononcer "Mawlamyine", c'est normal, on n'a toujours pas compris non plus, alors on a fini par se rabattre sur "Moulmein", nom donné par les Anglais à la ville à l'époque où elle était capitale coloniale du pays. La ville a d'ailleurs gardé son style colonial, et n'a apparemment que très peu changé depuis cette époque, avec plusieurs bâtiments typiques et plusieurs églises.

Comme on est quand même toujours au Myanmar, Moulmein est évidemment surplombée par de magnifiques temples avec de l'or et des dorures à foison, temples que nous avons visités au coucher du soleil (pour changer !).

La Kyeik Than Lan Pagoda

Petite anecdote, Rudyard Kipling serait venu à Moulmein vers 1890, et suite à sa visite, il aurait écrit à propos de cette pagode : ‘I should better remember what the pagoda was like had I not fallen deeply and irrevocably in love with a Burmese girl at the foot of the first flight of steps. Only the fact of the steamer starting next noon prevented me from staying at Moulmein forever…’. Enfin il a kiffé Moulmein quoi, Kiki.

La Mahamyatmuni Pagoda 

Une autre des grandes attractions du coin est le Win Sein Taw Ya : le plus grand Bouddha couché du monde, 180m de long ! Ou du moins l'un des plus grands du monde, ça n'est pas très clair mais en tout cas dans la région ils en sont très fiers.

Mais, comme avoir le plus grand bouddha couché au monde ça n'est pas forcément suffisant, ils ont quand même commencé à en construire un deuxième pile en face, encore plus grand, tête-bêche par rapport au premier. Sauf que ce dernier n'a jamais été terminé, probablement faute de budget, et vu l'état du béton, les travaux ont l'air d'être au point mort depuis des années.

Un ouvrier bien seul se baladait quand même sur le chantier, qui sait il aura peut-être bientôt tout fini ! 😀

Pour compenser ce travail non fini, ils ont aussi construit quelques autres statues gigantesques. Et la route qui mène au temple est également bordée de 400 statues de moines en procession. Parce qu'après tout, pourquoi pas, c'est un chiffre rond 400 !

En fait de manière générale, les Birmans ne plaisantent pas avec tout ce qui touche à la religion. Ils sont vraiment zélés dans l'expression de leur foi au travers de la construction de temples, stupas ou autres statues, à foison, et dans la surenchère. On a parfois l'impression que ça vire au concours de celui qui aura la plus grosse... ou les plus belles... ou même les plus nombreuses... enfin on ne va pas vous faire un dessin, on parle évidemment de statues.

Une fête foraine un soir à Moulmein. Il y a comme un thème dans les jouets. à gagner.. et même les jeunes moines en veulent. 

Plusieurs fois, on a croisé dans les rues des processions de dizaines voitures avec sono à fond, et personnes en liesse sur les toits des pickups ! Certaines voitures portaient même des sculptures en billets de banque ! Il s'agirait en fait d'une fête religieuse, et les billets en question seraient des donations faites par la communauté à cette occasion, qui iront aux plus démunis. Pour la techno à fond par contre, pas d'explication, c'est simplement histoire de faire la fête !

A gauche : une dame bien aimable abrite Betty du soleil ! A droite, le restaurant "typique" d'un fan de Marylin ! 
Nous les photos Instagram, on les fait une fois qu'on a fini nos assiettes 
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Au départ de Mawlamyine, le voyage sera folklorique, notamment parce que le train de nuit vers Yangon n'est pas un train couchette, et que nous nous retrouvons au milieu d'une famille de 4 personnes qui n'ont réservé que 3 sièges. Ils mangent et dorment donc tranquillement par terre, entre les sièges et à nos pieds !

Le paternel enchaîne cigarette sur cigarette en face de nous (un moine fait de même un peu plus loin !) , devant les contrôleurs, et devant le panneau "Interdit de fumer". Encore plus subversifs que les gilets jaunes, ces Birmans !

Pour couronner le tout, on se rendra compte le lendemain que le train était farci de punaises de lit ! Nous sommes tous les deux recouverts de boutons (une centaine de morsures pour ma part), heureusement après une fouille méticuleuse et un lavage des vêtements, il semble qu'on n'en ait pas ramené dans les affaires !


Après avoir récupéré le passeport de Betty à Yangon, nous prenons la direction de Kalaw, au centre du pays, d'où nous rejoindrons le lac Inle en 3 jours de trek. Nous arrivons en bus de nuit à 4h du matin, pour un départ de trek à 7h !

 Uncle Sam (qui a donné son nom à l'agence de trek) a une "fully request to you" ! Il faut profiter à fond de son trek 😀
Départ de Kalaw dans une ambiance Landaise, brume, pins et sable, qui change progressivement vers une végétation plus tropicale.
Pause chez l'habitant, où Nan-Nan nous prépare le repas, salade d'avocat et nouilles sautées aux légumes.

On croise au cours de la journée beaucoup de champs de blé, riz de montagne, ou de champs de fleurs jaunes qui donnent les graines du sésame noir. (Nous n'avons pas trouvé le nom de ces fleurs)

Le soir nous dormons dans le village de Nan-Nan, chez sa famille. Elle nous prépare de nouveau le repas. A 20 ans elle est excellente cuisinière, tout ce qu'elle prépare est très bon. La cuisine Birmane est majoritairement à base de viandes et légumes frits, de pâtes et riz sautés dans l'huile de sésame, avec beaucoup d'épices et d'aromates (notamment gingembre, curcuma, ail et coriandre, avec des variétés différentes des notres) !

Le lendemain, avant de partir nous avons droit à un atelier maquillage au tanaka. Le tanaka que nous n'avons pas évoqué jusque là, est pourtant une des premières choses qu'on remarque en arrivant en Birmanie. Il s'agit d'une poudre obtenue à partir du bois d'un arbre du même nom, et qui, mélangée à de l'eau donne une crème que Birmans et Birmanes s'appliquent sur le visage. Quasiment 100% des femmes et enfants en portent quotidiennement, de même qu'une partie des hommes, soit des gros ronds dessinés sur les joues et le front, ou alors avec des dessins artistiques. Cela donne quelque chose d'original, pas forcément très esthétique au premier abord, mais on finit par s'y habituer et ne plus y faire attention !

Le tanaka a un effet rafraîchissant sur la peau, protège des coups de soleil et aide à lutter contre l’acné. En plus de ça, il aurait des vertus anti-rides ! Il paraît d'ailleurs que les Birmans auraient statistiquement beaucoup moins de problèmes de peau grâce à lui. Certains grands laboratoires cosmétiques l’incorporeraient également dans leurs produits de beauté.

Quand ce sont des touristes qui le portent... ça fait surtout touriste, comme les longyis ! 

Ce 2e jour, les cultures dans les champs ne sont plus les mêmes, on croise majoritairement des champs de piments rouges et verts (piments forts) !

Mais aussi quelques rizières, pour la plupart asséchées et en cours de récolte.

A droite, les gerbes de riz sont frappées sur le sol pour en extraire les grains. 
Arrivée le soir dans un 2e village où nous dormirons de nouveau chez l'habitant 

Le confort dans les villages est précaire, avec notamment des maisons en bambou, des toilettes sèches et pas de douche ! Il faut se laver à la bassine d'eau froide et s'essuyer avec un seau d'eau. Pour 3 jours ça va 😀 mais on ne s'imagine pas vraiment vivre comme ça !

Paysages du dernier jour avant l'arrivée sur le lac Inle 
Arrivée sur le lac Inle 
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Le Lac Inle est une destination touristique majeure du pays et on comprend vite pourquoi : avec une surface estimée à 12 000 hectares, des villages lacustres, des potagers flottants, des pêcheurs et bateliers typiques aux quatre coins du lac, des temples, de l'artisanat (travail de l'argent, de la soie, fabrication de cigares) on se sent transportés dans un autre monde.

Nous prenons un batelier via notre auberge pour visiter le lac, et partons avant le lever du soleil pour voir les pêcheurs à l'oeuvre.

Historiquement, les pêcheurs du lac sont renommés pour leur technique esthétique et spectaculaire utilisant une nasse conique (photos ci-dessous) : le pêcheur repère des poissons dans l'eau, plonge sa nasse, puis avec un long bâton il agite l'eau et fait entrer les poissons. Ensuite il relâche le filet que contient la nasse pour les emprisonner.

Cependant, cette technique n'est quasiment plus utilisée, car moins efficace que les filets classiques, et on nous explique que tous les pêcheurs du lac ayant encore une nasse ne sont plus là que pour faire le show pour les touristes, en prenant des poses contre pourboire. Personne n'est donc vraiment déçu que notre batelier ne nous emmène pas les voir.

Nous allons par contre voir les autres pêcheurs, qui travaillent avec des filets classiques. Ces pêcheurs utilisent toutefois une technique typique du Myanmar : perché debout à la pointe de sa pirogue, le pêcheur avance doucement en moulinant avec l'un de ses pieds enroulé autour de la pagaie. Cette technique étonnante et typique de la région lui laisse les mains libres pour manipuler son filet.

Ok, toutes les photos n'ont pas été prises au lever du soleil ! 

Une fois le filet posé, le pêcheur se positionne un peu plus loin et tape violemment sur l'eau avec un long baton pour faire fuir les poissons qui se prennent dans les mailles.

Lever de soleil sur le lac 

Nous passons ensuite à proximité de potagers flottants.

Abords des jardins, malheureusement on ne rentrera pas à l'intérieur pour les voir de plus près !

Ceux-ci reposent sur un assemblage de boues, de jacinthes d’eau et d’autres plantes, à l’aide de tiges de bambou plantées verticalement au fond du lac, à 2 ou 3 mètres de profondeur. La masse végétale sert de substrat très fertile où sont cultivés une grande variété de fruits et légumes. Les tomates y sont notamment réputées (elles y sont récoltées et consommées la plupart du temps encore vertes), mais sont également cultivés des aubergines, courgettes, haricots, concombres, courges...

La production y est désormais intensive, et pose malheureusement des problèmes, notamment car des produit chimiques sont de plus en plus utilisés. Ils seraient partiellement responsables du développement excessif des jacinthes d'eau qui envahissent la surface du lac, le rendant par endroits difficile à naviguer.


Nous nous rendons ensuite dans un marché local en bord de lac. A Inle, le marché principal est le "5-day market", nommé ainsi car il est tenu dans un village différent tous les jours, avec des rotations de 5 jours.

Puis vers le village d'InDein, à l'extrême sud-ouest du lac, réputé pour ses centaines de stupas.

Nous allons ensuite visiter plusieurs ateliers typiques de l'artisanat local : travail de l'argent, confection textile, et fabrication des cheroots (cigares typiques birmans).

On a quand même testé les cigares, qui sont aromatisés à la banane ou à la réglisse !  

Je n'ai malheureusement pris quasiment aucune photo de ces ateliers car pour une fois nous étions occupés à écouter les explications ! Mais je vous conseille les photos (et le texte explicatif) de ce blog extrêmement bien fait : http://www.deloinenlarge.com/2017/07/birmanie-jour-9-lac-inle-stupas-et.html

Notamment y sont bien expliquées les méthodes de confection des cigares ou encore les techniques de tissage de la soie et de la fibre de lotus (le plus typique !).

Nous sommes enfin allés visiter un village lacustre dans lequel nous avons déjeuné (ou plutôt festoyé).

Quelques photos supplémentaires prises sur le trajet de retour :

Retour d'expérience a posteriori, il pourrait être plus intéressant de partir avec son propre batelier, pour être un peu plus libre. Notamment je regrette un peu de ne pas avoir pu demander au notre de parcourir les potagers flottants, ou encore de chercher des pêcheurs officiant toujours avec la technique typique du lac. S'il est vrai que la plupart ne pêchent plus de cette façon, on a appris un peu plus tard qu'il est toujours possible d'en trouver qui utilient toujours cette technique, en cherchant hors des sentiers battus. Comme toujours dans ce genre de tour, l'expérience dépend souvent du guide sur qui l'on tombe !


Pour finir notre visite du lac et de ses alentours, nous sommes allés faire une dégustation de vin (et fromage... pour certains) dans les vignobles autour du lac, au coucher du soleil.

Dégustation de 4 vins, 2 rouges et 2 blancs 

Verdict... les vins Français ont encore de beaux jours devant eux ! 😉

Coucher de soleil en partant du vignoble, entre 2 piqûres de moustiques 
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Détour de quelques jours dans la région de Mandalay, où nous avons visité des temples, des temples, et encore quelques temples.

La citadelle royale de Mandalay 
Temple Atumashi Kyaung, entièrement construit en bois de teck 
Kuthodaw  Pagoda, et Sanda Muni Pagoda 
Kyauk Taw Gyi Pagoda... On a fini par ne plus prendre les pagodes en photo ! 😀
Coucher de soleil depuis les hauteurs de l'opportunément nommée "Mandalay Hill"

Mais pour changer des temples, dans la région de Mandalay, un pont de 300m de long entièrement en teck est très réputé, notamment pour les photographes, au lever ou coucher du soleil. C'est le le U-bein bridge, auquel nous avons décidé d'aller faire un tour à 5h du matin, avec les guerriers !

Pour couronner le spectacle, on peut y voir un pêcheur jetant son filet de façon très esthétique, aux premiers rayons du soleil. Moment extrêmement authentique, surtout quand le pêcheur décompte "three, two, one... go !" avant de jeter son filet pour la dixième fois d'affilée devant la petite trentaine de photographes présents ! 😀 Aucun poisson pour lui aujourd'hui, comme tous les autres jours, mais probablement quand même une bonne prise !

L'envers du décor
A la saison sèche certains n'ont pas besoin d'emprunter le pont ! 

Visite ensuite du village d'Inwa, et de... ses temples !

Et pour finir, un "snake temple", où l'on peut notamment admirer trois pythons vivants, autour d'une statue de bouddha. Pour la petite histoire, deux serpents avaient été découverts enroulés autour d'une statue en 1974, dans une vieille pagode locale. Comme les moines n'avaient pas réussi à les en déloger, ils avaient conclu d'avoir affaire à des animaux sacrés, et leur ont construit ce nouveau temple ! De nouveaux serpents ont été depuis offerts par les fidèles.

Enfin, quand ils décident de se montrer ! 
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Cap ensuite sur le site de Bagan, lieu incontournable devenu un des symboles de la Birmanie.

A la fois site archéologique et religieux, la plaine de Bagan s'étend sur une superficie de 50km², riche de ses plus de 2000 pagodes construites pour la plupart entre le Xe et le XIIIe siècle. La plupart des pagodes auraient été construites ou financées par des familles Birmanes, dévotes et/ou soucieuses de leur karma.


Ici l'activité principale consiste à arpenter la plaine en e-bike (sorte de scooter électrique) à la recherche des différents temples, l'objectif étant d'en trouver un qui sera optimal pour profiter du lever ou du coucher du soleil, quand les conditions sont parfaites pour en prendre plein les yeux et faire de belles photos.

La veille, Betty a pris le risque d'aller chez le coiffeur pour hommes (ici les salons féminins ne font pas les cheveux courts !) 

Gros contretemps toutefois : suite au dernier tremblement de terre en 2016 ayant fragilisé de nombreux temples, et surtout suite au décès l'an dernier d'une touriste américaine (une brique s'est déchaussée pendant qu'elle escaladait le toit d'une pagode), les autorités ont drastiquement serré la vis. Et si la plupart des temples étaient accessibles au public ces dernières années, la majorité d'entre eux a été condamnée ces derniers mois (les entrées ont été murées ou grillagées), avec encore de grosses vagues de fermetures en septembre et novembre 2018, soit juste avant notre arrivée !

C'est bien simple, il paraît que parmi les 2000 temples, il n'en reste plus que 7 dont le toit ou le sommet sont encore accessibles (info venant d'un local, et qui paraît plausible suite à nos explorations personnelles). C'est assez rageant, mais pas question de se résigner, on va partir à la recherche de ces quelques temples, nous aussi on veut en prendre plein la vue ! Bien sûr, ceux-ci ne sont pas communiqués publiquement, et il faut faire des recherches pour les dénicher, entre les infos trouvables sur Internet, le bouche à oreille avec les autres touristes (on cherche tous la même chose 😀), les cartes maps.me, ou simplement la balade sur les chemins.

Dès notre première nuit, on décide donc de se lever à 5h pour trouver un point de vue dans les alentours. Finalement le temple que nous avions ciblé sur Internet a été fermé récemment, mais en en repartant, nous croisons le phare d’un autre e-bike, et deux autres touristes qui nous proposent de les suivre jusqu'à un autre temple encore ouvert un peu plus loin. On monte sur le toit via des escaliers exigus, et on se pose là en attendant le jour, rapidement rejoints par une dizaine de personnes.

Verdict aux premières lueurs du jour : on est plus loin des autres temples que ce à quoi on s'attendait (surtout si on a déjà vu des photos de Bagan sur le net, souvent avec des dizaines de temples dans le champ), et je regrette de ne pas avoir de téléobjectif ! Mais quand le soleil se lève et que les premiers ballons prennent leur envol, la magie opère.

Avec la lueur du soleil levant, et la brume matinale typique du site, on a beau être loin, ça en jette ! 

Les 3 jours sur place seront passés en exploration et autres visites des temples majeurs du site.

Finalement hormis ces derniers temples assez encadrés, nous trouverons 6 "petits" temples encore ouverts, avec des niveaux d'intérêt divers. Les plus accessibles sont souvent pleins (certains locaux y amènent d'ailleurs les touristes contre rémunération), mais certains valent vraiment le coup, comme celui ci-dessous que nous ferons plusieurs fois.

Arrivée au coucher du soleil, on le repère de loin, avec la vingtaine de personnes au sommet. 
Et au lever du soleil 
Nous y retournerons avec Audrey et Gauthier, précédemment croisés au Taj Mahal et retrouvés ici ! 

Celui qui semblait le plus intéressant pour le soleil levant n'aura été trouvé que le dernier jour juste avant de partir, et nous n'aurons pas pu en profiter à l'aube avec les montgolfières au-dessus de nos têtes. Mais les quelques autres matins depuis autres temples nous ont déjà permis de faire le plein de photos !

Ah et on n'a pas mentionné le tour en montgolfière, qui est l'autre activité touristique majeure du site, mais à 300€ par personne pour un peu moins d'1h de vol (avec petits fours et champagne à l'arrivée), vu notre budget limité on passera notre tour ! Dans le cadre d'un séjour plus court par contre, a priori ça vaut vraiment la peine d'y mettre les sous pour l'expérience de vol les vues au-dessus des temples. Aishvina, Américaine rencontrée à notre hôtel et avec qui nous nous sommes baladés les derniers jours, a fait l'expérience et en était ravie.

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Ici les bouddhistes ont une ferveur religieuse comme nous n’avions jamais vu ailleurs ! La quantité de pagodes et autres statues de bouddha partout dans le pays dépasse l’imagination. Chaque colline de chaque région est surmontée d’une ou parfois de dizaines de stupas, et chaque village peu importe sa taille a sa ou ses pagodes. Et tous rivalisent pour faire mieux que leurs voisins, que ce soit sur la taille des statues, leur nombre, la quantité d’or ou de pierres précieuses utilisées ou encore le nombre de reliques de bouddha qu’elles contiennent.

On retrouve ainsi des poils ou des cheveux de Bouddha dans les pagodes aux quatre coins du pays, mais aussi des bouts d’os de Bouddha, des dents de Bouddha, des mégots de bouddha ou encore des slips sales de bouddha (ces derniers points n’étant pas certains à 100%).

Beaucoup de statues sont dorées à la feuille d’or, et ce sont les fidèles qui s’occupent de l’entretien en achetant de petites feuilles d’or qu’ils viennent placer sur les parties de la statue qui nécessitent (ou non) un peu de réfection. (On verra le même système en thaïlande quelques semaines plus tard, mais souvent sur de petits bouddhas à part, là où au Myanmar il s'agit des statues principales parfois gigantesques)

Visite à Mandalay d"un atelier de confection de feuilles d'or. Des pépites d'or y sont battues pendant des heures pour les aplatir...

Eh oui ici la religion est centrale, et même les familles modestes y mettent du leur, car participer à la réparation d’une statue, ou encore mieux à l’édifice d’une nouvelle pagode, ça fait gagner plein de points de karma à toute la famille. C'est notamment comme cela que s'est développé le site de Bagan au cours des siècles.


Et à l’inverse mieux vaut ne pas plaisanter avec l’image de bouddha, comme ce touriste qui il y a quelques années s’est fait raccompagner à la frontière parce qu’il avait un tatouage de bouddha sur la jambe (sur un membre inférieur, c’est une sorte d’insulte), ou encore ce DJ qui a passé quelques jours en prison après avoir représenté bouddha sur une affiche avec un casque hi-fi sur les oreilles pour la promotion d’une soirée !

Bref, ça n’est pas ici que quelqu’un va se risquer à lancer la marque « le slip bouddhiste », pour rester dans la thématique du slip (en cette période de Noël on était assaillis sur Internet de pubs pour la marque "Le slip Français", même depuis ici !).


Plus sérieusement, les troubles religieux au sein du pays seraient en partie liés (ou au moins alimentés) par le fanatisme bouddhiste, avec des moines extrémistes, figures publiques, qui diffusent des messages de haine à l'encontre des populations musulmanes.

Cette haine se transmet à la population, qui est (au moins en partie) convaincue que le génocide des Rohyingas est une invention des médias occidentaux, et que ce sont au contraire ces populations qui mettent le bazar dans le pays. Nous n'avons pas évoqué personnellement le sujet avec les locaux (c'est généralement déconseillé), mais un autre touriste s'est aventuré à poser la question à notre guide d'une journée à Bagan qui n'a pas hésité à nous répondre cela ouvertement. Il nous a aussi dit "S'il y avait vraiment des viols, on verrait des bébés", et a fait un parallèle entre les Rohyingas et un enfant qui chouinerait pour attirer l'attention. Charmant. Ca fait relativiser sur la gentillesse de la population !

Et c'est vraiment étonnant quand on voit comme le bouddhisme est habituellement pacifique dans les autres pays de la région, avec des moines très souriants, accueillants et ouverts.

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Mrauk U (prononcer miaou-ouuu 😺) était entre le 13e et le 18e siècle une ville majeure, capitale du royaume d'Arakan, et a compté jusu'à 120 000 habitants avant sa conquête par les Birmans au 18e siècle. Elle était une étape majeure du commerce orient-occident, et on y échangeait riz, coton, rubis, esclaves, éléphants, chevaux et épices. Durant cette période, les rois Arakan y ont érigés plusieurs temples, chacun voulant comme toujours surpasser par la grandeur son prédécesseur.

Mrauk U est pourtant une destination beaucoup moins touristique que Bagan ou le lac Inle, car située dans une zone du pays qui ne s'est ouverte que récemment. L'accès y est d'ailleurs très contrôlé, et nos passeports nous ont été demandés plusieurs fois sur la route chaotique qui permet de s'y rendre : 17h de bus sur des routes sinueuses, poussiéreuses, remplies d'ornières, et souvent goudronnées sur une seule largeur de voiture.

Découpe de poulet dans l'arrière-cour d'un boui boui sur la route de Mrauk U. On ne va peut-être pas manger ici !

Et pourtant la région a du charme, et pourrait être assimilée à un Bagan beaucoup moins touristique, plus vallonné, moins aride, et plus habité (avec des maisons dans toute la campagne, contrairement à Bagan). Certains guides touristiques le décrivent d'ailleurs comme un moyen de voir comment était Bagan il y a 15 ou 20 ans. La comparaison n'a probablement de sens que pour la dimension archéologique du site, avec de nombreux temples anciens éparpillés dans la campagne, car visuellement l'ambiance est très différente.

Le sport national ici est le "Sepak takraw" espèce de volley joué avec les pieds , et avec une balle en rotin tressé

Quelques-uns des temples de la ville. Ici les temples sont faits en pierre noire et non en brique, sans fenêtres, et sont labyrinthiques, avec des couloirs parsemés de statues souvent placées dans des alcôves :

Le temple le plus connu est la paya Shittaung, ce qui signifie "temple aux 80 000 bouddhas" (statues, gravures ou autres représentations) :

Comme d'habitude, on cherche des points de vue pour mitrailler aux levers et couchers de soleil :


Nous avons également passé une journée sur le fleuve qui traverse Mrauk U, afin de visiter différents villages de l'ethnie Chin. La particularité de cette ethnie est qu'à l'époque du royaume d'Arakan, les villageois se sont mis à tatouer le visage des femmes vers leur puberté (souvent en y représentant une grande toile d'araignée) pour les rendre moins attirantes. Tout cela dans le but de les mettre à l'abri des rois successifs qui avaient pour habitude de kidnapper les plus jolies filles des villages aux alentours de Mrauk U. Cette tradition a ensuite été perpétuée jusqu'à récemment. De nos jours, les jeunes filles ne sont plus tatouées, et on ne voit ces tatouages impressionnants que chez les femmes les plus âgées.

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Pour clôturer le tour de Birmanie, nous passons une journée à Ngapali, plage la plus connue du pays, sur sa côte ouest. Nous ne sommes pas des experts en plages, et il paraît qu'il y en a de bien plus belles en Thaïlande, mais pour nous c'était déjà magnifique !

En tout cas ici on a apprécié le très faible nombre de touristes, ou même de personnes sur ces plages paradisiaques bordées de cocotiers.

A plusieurs endroits on trouve des statues de sirènes... 

C'est simple, en faisant 5mn de scooter, on trouve facilement une plage où l'on est complètement seuls jusqu'au coucher du soleil, et où on trouve un cocotier penché pour s'amuser un peu !