Nous ne ferons pas spécialement d'étape pour chaque changement de ville mais je vous assure que celui-ci en vaut la peine. La ville de Sucre étant bloquée pour une durée indéterminée nous avons pris la décision de partir de la ville, sacs sur le dos comme écrit plus haut.
Sur la place centrale de la ville, nous rejoignons un couple de français avec qui l'in accoste un taxi à qui on demande s'il peut nous amener le plus proche possible de la ville de Yotala. Ville où, selon nos informations, nous devrions trouver un bus qui pourrait nous conduire directement à Potosì dans la journée.
On monte dans le taxi et celui-ci nous dépose à 3,5km de Yotala, on aura déjà gagné près de 15km en voiture. On décide donc de marcher puisque de toute façon c'est le seul moyen de s'y rendre, des bloquéos étant encore présents sur les routes. 45 minutes à un rythme plutôt cool et on arrive à Yotala. Première déception : pas de bus, toujours des bloquéos et selon les locaux avec qui l'on échange : le seul moyen de se rendre à Potosì est de marcher jusqu'à Puente Mendez (un pont sur la route qui relie Sucre à Potosì). Mais c'était sans compter qu'il nous annonce qu'il faut environ 5 à 6 heures démarche pour y arriver. On se retrouve à démarrer une marche avec un petit groupe de 8 back packers. Il est 13h et l'on se dit qu'heureusement nous avons bien petit déjeuner car la journée s'annonce longue....
2h de marche plus tard, nous croisons tout le long de la route une multitudes de personnes, qui elles font la marche en sens inverse. Certains d'entre eux nous disent qu'ils marchent depuis 8h le matin, il est 15h, on commence à s'inquiéter et à se demander si nos duvets ne vont pas nous servir pour la première fois.
On se permet une petite pause de 10 minutes environ toutes les heures pour se relaxer le dos et les jambes, en essayant tant bien que mal de trouver un petit coin d'ombre.
Il est 16h30 environ, la carte nous indique que nous sommes qu'à 3km du prochain village du nom de "Pulki". On se réjouis, se dit que l'on va pouvoir se ravitailler en eau, casser une croûte et peut-être même pouvoir prendre une voiture qui pourrait nous conduire jusqu'à Puente Mendez (comme il se fait souvent ici, entre deux blocages).
À 2 km du village, gros blocage, on décide de s'arrêter et on se rend compte qu'on est pas les seuls : Allemands, Québécois, Anglais, Français... nous nous retrouvons environ à 15 sur le bas côté. Certains marchent depuis 8h le matin et sont franchement au bout du rouleau et croyez-moi, il y a de quoi !
On reprend notre marche tranquillement, heureusement ce n'est plus que de la descente, mais on guète la route quand même en redoutant chaque montée.
C'est là que la deuxième déception arrive : on découvre Pulki. Qui n'est pas une ville, ni même un village. Il n'y a personne, pas de vendeurs à la sauvette sur le bas côté, pas une trace de vie, rien.... Tant pis, Puente Mendez est à 12 km on à plus le choix, en espérant y arriver avant que la nuit tombe (sachant qu'il fait nuit noire à partir de 18h30, on a de l'espoir, on sait...).
17h et l'espoir revient, on entend au loin bruit de motos et camions. On tente le tout pour le tout et on commence à faire du stop. On essuie échec sur échec au début en se demandant si c'était pas trop beau pour être vrai. Puis l'espoir revient quand on voit un chauffeur d'un semi remorque de garer sur le bas côté et nous disant de monter au plus vite dans sa remorque. On balance les sacs et nous voilà à l'arrière d'un camion.
C'est totalement fou et incroyable, mais cela faisait plus de 4 heures que l'on marchait sur la route sans même se rendre compte que le paysage qui nous entourait était totalement dingue....
C'était le pied !!! Du moins du moment qu'il faisait encore environ 20 degré et que nous pensions que nous allions jusqu'à Pente Mendez pour prendre un bus. Mais non, on passe le pont et le camion continue sa route. On commence à se dire qu'il nous mène directement à Potosì. Sauf que la nuit tombe, la fraicheur aussi, nous sommes à barrière d'un demi-remorque et franchement : IL CAILLE SACREMENT !
On ouvre les sacs à dos, on sort bonnet, sweat, polaire, jean, écharpe et coupe vent mais il fait toujours froid.
On reste positifs, on pourrait encore être sur le bord de la route.
50 km avant Potosì le camion s'arrête, explique qu'il ne va pas jusqu'à Potosì lui, mais qu'en nous déposant ici, on trouvera facilement un bus ou un taxi pour nous y conduire. Cependant, service rendu non gratuit il nous demanda tout de même 15 bolivianos par personne (soit moins de 2 euros, donc rassurez-vous, on ne rechigne pas!!!). On prend un taxi, puis un bus ensuite direction Potosì et autant vous dire qu'on a rien vu de la route, dodo pour tout le monde.
On arrive à Potosì vers 23h, le temps que les garçons cherchent une auberge pour la nuit, on pose nos bagages vers 23h30, on retrouve enfin un lit et on sait que l'on va pouvoir se reposer (un minimum du moins).
Nos pieds n'en peuvent plus, nos dos n'en parlons pas, l'extinction des feux ne se fait pas attendre.
Au final nous auront fait non loin de 25 km à pied, 50 km en camion et 50 km en bus.
PS : pour la petite histoire, pendant ce trajet on se rappelle Gérard, le Hollandais d'un cinquantaine d'année, habitué de voyage, qui nous avait dit sur la route de Sucre " Quand il vous arrive une mésaventure comme ceci pendant la première semaine du voyage, le reste c'est que du bonheur".