Un voyage en itinérance solo de 3 mois sous le signe del "famoso" covid-19.
Février 2020
11 semaines
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> Tout d'abord la Colombie qu'est-ce que c'est ?

C'est un pays vaste comme deux fois la France qui abrite une faune et une flore d'une incroyable richesse et d'une grande diversité. Elle est d'ailleurs classée au 2e rang parmi les 17 pays possédant le plus d'espèces d'oiseaux au monde après le Brésil. La Colombie c'est aussi un concentré de tous les paysages de l'Amérique latine : chaînes montagneuses (cimes enneigées), hauts plateaux, forêts tropicales et Amazonienne, les collines de la région du café, ses deux déserts, les plages Caribéennes, ses lacs et ses fleuves. C'est par ailleurs le seul pays à être bordé par les deux océans Atlantique et Pacifique.

En quelques semaines ce n'est pas un, mais plusieurs pays que l'on a l'impression de parcourir. Les colombiens sont des personnes très chaleureuses, accueillantes et fières de leur pays. Ils apprécient aider et conseiller les étrangers. Enfin, après des années noires et dangereuses (pays classé entre 1970-1990 parmi les plus dangereux du monde) la Colombie renoue avec la paix et tourne peu à peu une page de son Histoire.

Mon parcours 

> J'entame mon périple par quelques jours dans la ville tentaculaire qu'est Bogotá, capitale et mégalopole de 8 millions d'habitants située à environ 2600 mètres au pieds de la Cordillère orientale (ça pique un peu ! attention au mal des montagnes 😉). Je loge dans une auberge au doux nom de Anandamayi dans la Candelaria, le quartier colonial historique. J'aime le style coloré et végétal de la maison. Deux patios intérieurs sont garnis de petits jardins entretenus avec amour et bordés de hamacs ; un petit havre de paix.

> La Candelaria, située à flanc de montagne, est remplie d'habitations colorées, de boutiques artisanales, de restaurants et de bars. Je flâne, je découvre les rues et me laisse charmer par l'atmosphère, notamment avec la plaza del Chorro del Quevedo : une petite place circulaire très mignonne avec une fontaine et une ambiance jeune, dynamique et artistique. Un comédien était en plein exercice de stand-up face à une vingtaine de jeunes colombiens assis sur les marches de la petite chapelle. Un peu plus loin un artiste jouait de la guitare.

> Le centre historique se fait aisément à pieds mais pour certains endroits éloignés du centre historiques les taxis sont toujours faciles à contacter (téléphone ou applis mobiles) et abordables.

- La plaza Bolivar ; cœur historique. Sur cette place je me suis faite "recruter" pour filmer un journaliste Brésilien en déplacement professionnel ; petite mise au point, on cadre et hop dans la boite !

- El Museo del Oro qui, personnellement, vaut le détour avec une préférence pour le niveau 3 orienté sur le "symbolisme, rites chamaniques". Ce musée est consacrée à l'or de la période précolombienne, c'est la plus grande collection jamais réunie au monde.

- El museo Botero musée regroupant une centaine d’œuvres de Fernando Botero qui fit un don à la Banque de la République. La demeure, dans un style colonial en plein cœur de la Candelaria, est juste magnifique. Elle s'agence sous la forme d'un carré autour d'un patio intérieur. Un grand escalier permet de regagner l'étage décoré de balcons et d'arcades en pierre. On y trouve la fameuse peinture de la Mona Lisa revisitée ainsi qu'une sculpture représentant la pression et la charge écrasante qui repose sur les Femmes.

- La Iglesia de Nuestra Senora Carmen ; une merveille architecturale dans un style assez andalou que l'on appelle mudéjar (une fusion de style artistique arabe et espagnol). La nef est soutenue par des piliers ornés de boiseries et les vitraux y sont clairs et colorés d'arbres en fleurs ce qui permet à la lumière de diffuser. Un coup de cœur !

- El mercado Paloquemao ; un marché couvert juste immense ! On y trouve de tout : des fruits, des légumes, des fleurs fraîches, des herbes aromatiques, du fromage, du poisson, de la viande, des petits stands restaurants, des habits, maroquinerie, outils de bricolage et j'en passe ! Au secteur des fruits, un adorable vendeur me propose de me faire le tour de tous les fruits qu'il vend sur ses étals ! J'en goûte une grande partie avec lui, écoute ses conseils et ris de ses histoires. Pour la majorité des fruits je ne les connaissais pas, j'ai pu donc me renseigner et me faire une idée avant de lui acheter ce qui me plaisait. Ma grande découverte du jour : Pitaya, Mangostino et le jus de Guanabana !

- El Cerro de Montserrate domine la capitale et abrite une basilique à hauteur de 3152 mètres ! Le panorama y est incroyable : une vue sur l'étendue de Bogotá à perte de vue avec par endroit des "tâches" de couleurs vives nous dévoilant la triste réalité bien présente des Oubliés de Bogotá.

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> Niveau gastronomie locale j'ai eu un vrai coup de cœur pour le tamal ! Il s'agit d'un mélange de poulet, cochon, riz et maïs enveloppés dans une feuille de bananier. Un délice !



J'ai également succombé à l'Ajiaco, une autre spécialité typique sous forme de soupe avec poulet, pommes de terre, brochette de maïs,...



Une petite astuce que j'ai utilisé pour pallier les légers maux de têtes dû à l'altitude, c'est la consommation régulière des tisanes de feuilles de coca (une odeur et une saveur très fumés au passage !).

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> Me voilà déjà repartie en bus pour rejoindre Villa de Leyva et y faire un petit stop avant de rejoindre San Gil. Sur le trajet menant à la périphérie de Bogotá les triples voies sur les routes sont réduites drastiquement sur des kilomètres pour les véhicules à moteur en ce jour dominical. Les voies libérées sont prises d'assaut par les piétons et de nombreux cyclistes en famille ou entre amis.



> Villa de Leyva, ville coloniale classée monument national, s’étend aux pieds d'une montagne (nous sommes toujours à 2149m). A peine arrivée, je suis surprise de la température et du climat : le vent est chaud et le soleil bien haut. J'en profite pour découvrir les ruelles et le centre après m'être installée dans l'auberge pour cette nuit. Les murs blancs des maisons et le sol pavé de pierres ocres rappellent la montagne et créent du contraste. Certaines ruelles ont des allures de fêtes avec des guirlandes de couleurs, des fleurs sur le pas des portes des habitations et des commerces.

> Toutes les rues mènent, non pas à Rome cette fois mais à la Plaza Mayor qui s'avère être la plus grande place de Colombie par sa taille. Elle est bordée d'arcades en pierre et de balcons, une ancienne fontaine est encore présente au milieu de la place. Cette ville me rappelle quelque peu la région Andalouse, en Espagne par ses couleurs et son architecture.

> De retour dans l'auberge, je fais la rencontre d'une femme d'une trentaine d'année, Sophie, française et expatriée au Panama. Nous échangeons beaucoup autour du voyage (bien entendu) mais aussi sur le monde professionnel et les possibilités de reconversions, Sophie a un parcours atypique et très intéressant. Le soir, nous sommes invitées par notre hôte qui nous propose de l'accompagner lui et des amis dans des sources thermales ! Je ne savais même pas qu'il y avait des thermes dans la région. Nous passons une superbe soirée à échanger avec des locaux de la région dans des bassins thermaux qui ont été privatisé pour l'occasion.

Fun fact : Il y a 250 millions d'années, la région du Boyaca était couverte par les eaux marines. Une quantité de reste de fossiles marins se trouvent encore dans les sous-sols. Un musée avec les plus beaux restes et reconstitutions se trouve à proximité de la ville.

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> Je reprends la route le lendemain en milieu de matinée car pour rejoindre San Gil, ma prochaine destination, je sais qu'il y a environ 4h de bus (oui tout même!).Petite mésaventure du jour (la première ! il fallait bien que ça arrive !). Je décide de prendre le bus "à la Colombienne" c'est-à-dire que les co-pilotes "racolent" (si on peut dire ça) les piétons sur le bord des routes en criant tous les arrêts. Un petit collectivo m'interpelle et je l'informe de ma direction vers San Gil, il me fait signe de monter mais me précise qu'il passe par une autre ville que celle habituellement. Au final après 1h de route nous arrivons à cette fameuse ville et le collectivo s'arrête, j'entends : "Terminus, tout le monde descend !" Quoi?! Me voilà à attendre le prochain bus à la gare routière qui est prévu dans 30 mn (bon ça va encore, mais j'ai de la chance !). J'arrive à San Gil après 6h de trajet au total ! Visiter la Colombie via la route m'aura appris la patience... Mais les heures de bus ne sont pas tout à fait derrières moi encore ! 😉


> C'est ici, dans la région du Santander, à San Gil donc, que je décide de me poser pour quelques jours. Cette région très montagneuse offre des paysages spectaculaires dont le canyon du Chicamocha et sa rivière (qui signifie : Hilo de plata en noche de luna llena, autrement dit Fil d'argent durant une nuit de pleine lune). Elle est le point de chute des amateurs de sports extrêmes, on peut y pratiquer toute l'année du parapente, du rafting, du canyoning, du kayak, du trek...

> Le premier soir, je fais la rencontre de Céline, une fille de mon âge qui voyage seule en Colombie depuis déjà 2 mois. Elle est tombée en amour pour ce pays et prévoit même de demander une demande d'extension pour son visa !Je me renseigne en ville auprès d'une agence pour effectuer un vol en parapente (mon premier !) au canyon du Chicamocha et je réserve pour le lendemain (j'inscris Céline en même temps). Arrivées sur le site, la vue est incroyable. Nous sommes en hauteur et nous dominons tout le canyon. On aperçoit nettement la rivière qui sillonne entre la roche qui semble avoir été "tailladée" par une énorme machette ! Les conditions météorologiques sont idéales et de nombreux oiseaux volent autour de nous (encore un bon signe).

Nous étions 4 personnes à effectuer un vol ce jour-là. Les moniteurs nous ont d'abord fait un débrief avec des explications élémentaires et basiques puis nous sommes allés en binôme directement sur la piste de décollage...!

> Et c'est parti, on s'envol !

> J'ai énormément aimé ce premier vol ! La sensation de voler est exceptionnelle, c'était émouvant. Cela a duré entre 20 et 25mn, j'ai eu le temps d'en prendre plein les yeux. J'ai également eu la chance d'avoir des photos (via l'agence) et une vidéo du décollage en souvenir. 😀

Notons, tout de même, un petit mal de l'air qui s'est invité à la fin du vol et lors de l’atterrissage, sans gravité.

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> J'ai aussi découvert mes premiers pozos colombiens à San Gil ; los Pescadiritos ! Il s'agit d'un long cours d'eau où l'on peut se baigner dans des minis piscines naturelles. On peut remonter environ une dizaine de pozos sur ce cours d'eau aux allures les plus différentes les unes que les autres et s'arrêter lorsque celui-ci nous convient. J'y suis allée avec Céline, nous avons pris un bus depuis le centre ville puis nous avons fait un peu d'auto-stop pour terminer le trajet. Los Pescadiritos est un endroit où les colombiens ont pour habitude d'aller passer la journée entre amis ou en famille pour pic-niquer et se baigner. L'ambiance y est très conviviale notamment dans les pozos les plus grands (musiques latines dans les enceintes 😉 ) et à l'inverse très calme voire même vide dans ceux un peu plus éloignés.

> Côté nature j'ai visité le parc naturel El Gallineral située en bas de la ville. C'est une réserve naturelle de 4 ha agréablement agencée avec de petits sentiers, des ponts couverts et même une petite piscine en son centre. C'est un parc que j'ai trouvé charmant, reposant et qui invite à la flânerie et à la rêverie. La flore y est abondante et on y croise des papillons ainsi qu'un perroquet à l'entrée et des écureuils ( qui paraissent un peu trop confiant avec les humains). J'ai également fait un petit arrêt à la piscine pour m'y rafraîchir !

Faites un vœu ! 
Sur la photo de droite je suis durant un instant  témoin d'un mariage heureux entre ces deux arbres ! 

> Après quelques hésitations j'ai pris la décision de me rendre à Barichara sur une journée complète sans y passer de nuit. Le trajet en bus est rapide (environ 45 mn) et j'ai donc préféré ne pas refaire mon sac, déplacer mes affaires à nouveau pour une nuit et profiter de ma journée là-bas. Barichara, petite ville coloniale , est classée comme la plus belle ville du département. Les murs des maisons sont blanchis à la chaux, les volets, les portes et les fenêtres sont peints en bleu, rose, vert,... et sont garnis de végétaux et de fleurs. La terre et les pierres ont une teinte ocre qui apportent de la chaleur au paysage.

> Je suis partie dans la matinée accompagnée de Sam, un américain rencontré la veille dans le dortoir de l'auberge.

Nous avons commencé la matinée par sillonner les ruelles puis nous nous sommes rendus au Salto del Mico, un splendide mirador (avec quelques airs du Roi Lion) offrant une vue sur la vallée.


> Pour la pause repas du midi nous nous sommes arrêtés au restaurant Shianti "recetas para el alma" un petit coin de paradis à la cuisine végétarienne et locale ! La déco est très colorée, fleurie et cosy. C'est un endroit où l'on se sent bien immédiatement et où l'on prend son temps. Les assiettes sont belles comme des tableaux et les associations de saveurs sont délicieuses et surprenantes ! Tout est préparé en délicatesse à vue au niveau de leur cuisine ouverte. La cheffe est très aimable et avenante ; Elle effectue une bénédiction avant de servir chaque plat. Un slow food veggie que je ne peux que recommander mille fois. ♥


> Durant le repas, nous avons été rejoins par Yuval, un israélien de la même auberge que nous, puis l'après-midi nous avons continuer ensemble la visite de Barichara. Nous avons déambulé, visités le Parque Para Las Artes Jorge Delgado Sierra où se trouvent un petit amphithéâtre ouvert, ainsi que de nombreuses petites fontaines et sculptures. A côté se trouve la petite Capilla de Santa Barbara, une toute petite chapelle très modeste et sombre, devant laquelle se tient une toute petite place ombragée par un vieil arbre de plus de 200 ans.C'est ici que nous avons été à nouveau rejoins par Céline, avant d'aller se prendre une glace tous ensemble et de se poser sur la place centrale de la ville.


Durant mon séjour à San Gil j'ai aussi eu l'occasion de participer à des parties de Tejo ! C'est un sport, une discipline ancestrale Colombienne qui consiste à lancer un disque pour atteindre un cercle en métal entouré d'explosifs ! Cela peut s'apparenter à une sorte de pétanque ou de palet breton. Une chouette expérience !

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> Me voilà en route pour le célèbre Carnaval de Barranquilla ! Le 2ème plus grand carnaval après celui de Rio ! J'ai réservé mon trajet en bus de nuit de San Gil à Barranquilla, qui est censé durer environ 11h. Vous vous doutez bien que cela n'a clairement pas été le cas ! (ça m'apprendra).

Je précise ici que je n'ai effectué que de courtes séquences vidéos (donc pas de photos, ou très peu) de mon passage à Barranquilla en raison des multiples pickpockets qui sévissent lors du carnaval ! Un ami m'a confié que lors d'une soirée la veille 7 personnes sur 10 se sont fait voler leur téléphones portables dont lui-même.... ça refroidit !

> Ce n'est donc pas après 11h de bus mais bien 18h (ça pique) que j'arrive enfin dans cette ville, épuisée mais impatiente. Pour mon petit stop à Barranquilla de 2 nuits je n'avais rien réservé. J'avais trouvé un contact sur Couchsurfing afin d'avoir une expérience des plus locales. C'est donc à la gare que Jorge est venu me récupérer. Il m'a ouvert les portes de la maison de sa famille que j'ai pu également rencontrer.

Ni une, ni deux, je pose mes affaires et il me propose de me déposer au niveau de la parade du défilé qui se termine bientôt (merci le retard du bus). Je profite donc des derniers chars, de la musique et de l'ambiance survoltée de ce fameux carnaval. Un peu avant la fin des festivités diurnes, je décide de m'éloigner de la zone et de chercher quelque chose à manger avant de commander un taxi et de rentrer.

> Seulement voilà, au moment de rentrer, commander un taxi s'avère mission impossible. Le nombre de demande est supérieur aux taxis disponibles et je crois que mon adresse située en dehors du centre ville ne les arrange pas non plus... Je décide de marcher afin de m'éloigner des rues les plus fréquentées et de maximiser mes chances de prendre un taxi. Je marche et toujours sans succès, aucun taxi à l'horizon et pas de réservation sur les applis mobiles. La nuit commence à tomber et je suis seule dans les rues de Barranquilla.

Au bout d'un moment, fatiguée et lasse de la situation je me rapproche d'un restaurant pour leur expliquer ma situation et leur demander de m'appeler un taxi car ils doivent bien connaitre différentes compagnies. On me dit de patienter mais je sens bien que je tombe à un mauvais moment. Je suis épuisée, stressée et je ne sais toujours pas comment rentrer à la maison quand à l'autre bout de la salle je croise le regard d'une femme d'une cinquantaine d'années assise avec trois autres personnes. Elle me fait signe de m'approcher, je vais vers elle. Elle me demande ce qu'il m'arrive et ce que j'attends. Je lui explique ma situation et mon impossibilité de trouver un taxi pour rentrer ce soir. Ses premières paroles après mon récit ont été "ne t'inquiète de rien, on va s'occuper de te ramener chez toi en sécurité ! Tu ne vas pas rester seule ici à attendre et encore moins rentrer on ne sait comment". Un véritable soulagement, je respire.

J'accepte immédiatement sa proposition et l'en remercie grandement. Nous discutons le temps qu'ils terminent leur repas et j'apprends qu'elle et son mari sont médecins sur Bogotá et qu'ils sont ici pour quelques jours de vacances avec ses parents. Nous prenons la voiture ensemble et ils me déposent devant la maison de Jorge (non sans mal car les adresses sont parfois alambiquées). Je les remercie mille fois. ♥

> Le soir, en rentrant, je discute avec une voyageuse, Emilie, par message que je savais sur Barranquilla en ce moment même et elle me propose de la rejoindre dans sa Guest House le lendemain, ce que j'accepte. Je la retrouve donc le lendemain et elle me présente Chris, un allemand présent dans cette maison (en Erasmus à Medellín) ainsi que Julien un autre français en vacances dans le quartier.

Nous passons la journée tous les quatre et le soir nous nous préparons pour aller tester la vie nocturne et danser dans la célèbre rue 50 ; "Baila la calle" ! Durant la période du carnaval cette longue rue se transforme pendant 3 nuits en une énorme piste de danse à ciel ouvert, la plus grande du pays. Différents spots avec différents types de musiques se tiennent un peu partout le long de la rue.


> Il y a foule et une grande majorité de personnes portent des chemises à motifs ( à fleurs bien souvent) : les mêmes tissus entre groupe de famille, d'amis ou couple ! C'est très joli à regarder, il y a une certaine unité esthétique.Dans la queue pour rentrer nous faisons la connaissance d'un couple de colombien Léo et Sandra avec qui nous sympathisons immédiatement et qui restera avec nous toute la soirée.

Julien, Emilie, Sandra et Léo 

> Nous passons une soirée mémorable dans cet endroit. Il y a des jets de confettis, de Maïzena et de mousse un peu partout, nous finissons tous avec de la farine sur le visage et le corps ! L'ambiance est incroyable, nous dansons toute la nuit au rythme de la musique. Je suis reconnaissante d'avoir pu vivre cette soirée en aussi bonne compagnie, c'était une expérience remarquable.

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> Après une nuit endiablée je prends un bus en direction de Santa Marta, une ville côtière proche du littoral. C'est en général un ville "étape" avant le parc du Tayrona, le trek de la Ciudad Perdida ou la Guajira. Personnellement je me décide à passer 2 nuits dans un hostel avec vue imprenable et piscine sur le rooftop pour me reposer.

Les petites rues du centre historique sont très jolies et bien animées notamment en soirée. Le périmètre est restreint mais les restaurants, cafés, bars et boutiques valent le détour.

Durant ma première soirée j'ai fait la rencontre de multiples voyageurs ! Nous sommes d'ailleurs partis le lendemain avec certains d'entre eux pour une excursion bateau et plage "privée".

Stefan (Allemand), Steiness (Islandaise), Luke (Hollandais) étaient une joyeuse bande de 3 voyageurs solo formée récemment qui ont eu envie de continuer leur route ensemble pour quelques temps. Il y a eu aussi Omar (Canadien/Egyptien) qui a fait parti de la journée plage. Denise et Lorene (chiliennes) avec qui j'ai passé de bons moments à l'auberge et en soirée !

Et enfin Djay (Tchadien) avec qui j'ai pu échanger longuement, un homme avec un sourire contagieux et une bonne humeur permanente ! Un petit "noob" dans le monde du backpacking et du voyage "au feeling". 😉 J'espère que mes conseils te serviront. Un vrai plaisir de t'avoir rencontré, j'espère que nos chemins se recroiseront un jour.

N'hésitez pas à vous rendre directement sur la plage ou vers le port pour rencontrer directement des locaux et convenir d'une traversée avec eux.

> Le soir, j'ai réussi à motiver toute la bande pour participer à un cours de salsa sur le toit terrasse de l'hostel ! Mais quelle ambiance ! Nous étions une dizaine de couples (parité parfaite en plus !), j'ai fait équipe avec Djay et nous avons appris pas mal de base et de variation. Pour un premier cours Djay se débrouillait parfaitement bien, nous nous sommes beaucoup amusés ensemble ! Des challenges et "compétitions" entre chaque couple ont été organisé avec à la clef des tickets gagnants à base de "petit déjeuner gratuit" ou de "shot offert" ! Bref, l'ambiance était survoltée ! A la fin du cours, nous avons tous continué de danser entre nous et de nous amuser. J'ai même, de ce fait, rencontré un professeur de bachata avec qui j'ai pu danser ! Nous avons aussi pratiqué un peu de zouk et de tango argentin ensemble. C'est très intéressant la façon dont les codes de la danse en couple nous donne un langage commun à travers le monde, les barrières tombent instantanément. Par la suite nous avons tous migré dans le centre ville et la soirée s'est achevée dans un bar dansant !

Après le temps des amitiés vient, trop vite, le temps des adieux ou des au revoir (comme j'aime espérer bien souvent).

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> Après ces 3 jours à Santa Marta je me rends à Minca, un tout petit village en pleine montagne. Celui-ci est connu pour ses paysages d'altitude, sa végétation et ses randonnées dans la Sierra Nevada. Il est également réputé auprès des voyageurs pour ses hostels perdus dans la montagne (uniquement accessibles par des motos taxi en 20mn environ ou à pieds) avec des cadres époustouflants et des vues imprenables sur la côte.

Vue sur Santa Marta depuis Minca 

> J'ai littéralement eu mon coup de cœur ici, à Minca. J'ai logé dans un Eco Lodge au doux nom de Mundo Nuevo. Cet endroit a pour vocation de développer son projet de développement durable en total accord avec la nature ainsi que l'impact positif et la conscience environnemental.

" Nous démontrons qu'il est possible de réduire considérablement notre impact négatif pour la terre: moins de déchets et recyclage , consommation responsable de l'eau, diminution drastique des produits ménagers non biodégradables et changements d'habitudes alimentaires... "

Ils plantent et récoltent de multiples fruits et légumes afin de se diriger vers 60% d'auto-suffisance. Les repas sont uniquement végétarien ou vegan, cuisinés au jour le jour avec des produits frais de la culture. Les assiettes sont très bien présentées et très savoureuses ! J'ai été conquise par leur cuisine très variée du petit déjeuner au dîner chaque jour ! Sur le plan des ressources, ils sont autonome en eau et vise à le devenir en matière d'électricité en développant l'énergie solaire dans les mois/années à venir. Ils participent également à la pollinisation naturelle en implantant des ruches (apiculture) et en intensifiant la reforestation dans les alentours.

En résumé cet endroit, on ne peut plus inspirant, est l'avenir en matière de conscience écologique et de développement durable.

La punta au couché de soleil.

Ici clairement, le temps s'arrête et vous revenez à l'essentiel (Internet n'est pas présent partout, uniquement dans l'espace commun central, alors on lâche son téléphone !). La faune et la flore sont abondantes de toute part ! A peine arrivée je m'extasie devant un colibri qui danse entre les fleurs. L'Eco Lodge possède de nombreux points de vue stupéfiant tout autour du domaine ; Il est possible de petit déjeuner ou de simplement lire un livre face à l'immensité du paysage. Impossible de me lasser de cette vue ! Ici chaque soir tout le monde se retrouve à la punta pour admirer le coucher de soleil dans la sérénité.

Ah j'allais oublier ..... 😉




Quand je vous disais que la vue est imprenable de partout ; cela compte aussi pour les sanitaires bien entendu ! Je ne crois pas avoir eu de meilleures douches que celle-ci dans ma vie !



> De nombreuses activités sont possibles dans cet environnement idyllique : des randonnées aux cascades, des visites de fincas à la découverte de la faune locale en passant par l'art de ne rien faire et de savourer l'instant présent.

Commençons par le tour d'ornithologie organisé via l'hostel. Il est animé par Elkin, un colombien de Minca, qui durant un emploi de vigile proche d'une zone forestière s'est découvert une passion pour les oiseaux durant ses longues heures d'observations dans les environs. Après une reprise d'études et une reconversion il propose son expertise en tant que guide afin d'observer les oiseaux dans leurs habitats naturels.

Nous partons à l'aube et nous randonnons 2 à 3h sur un rythme très lent et nous ouvrons grand nos oreilles et nos yeux. Elkin a la faculté de reconnaître 95% des bruits d'oiseaux à Minca et parvient également à les imiter afin de les attirer. Il nous signale des oiseaux plus vite que son ombre "à droite, à gauche, ici, là" il est vraiment impressionnant, il tend l'oreille et nous dit immédiatement de quel oiseau il s'agit et complète avec des explications sur ceux-ci. Nous observons de nombreuses espèces dont par exemple un toucan (oui ! nous avons un peu de chance!), Pivert, Colibri, Merla, ...et bien d'autres. La Colombie est l’une des meilleures destinations d’observation d’oiseaux au monde, contenant plus d’espèces d’oiseaux que tout autre région de la planète, soit environ 1900. Cette activité de Birdwatching ravira, donc, les amoureux de la nature et les passionnés d'ornithologie !


> Minca possède des cascades dont notamment La Casacada Perdida et Escondida. Je trouve deux acolytes avec qui faire le chemin de randonnée et nous partons tous les 3 trouver la Cascada Perdida !

Non sans quelques difficultés physiques sous un soleil bien haut et un moment d'égarement, nous trouvons enfin un petit panneau indiquant pour la première fois que nous sommes sur le bon chemin. Le chemin de randonnée est magnifique et nous passons devant de superbe paysage. Sur la route nous passons des jardins privés d'habitants et nous nous acquittons d'un "droit de passage".

Nous arrivons dans un petit sous-bois et moment de grâce ; nous traversons cet endroit lorsqu'une nuée de papillons s'envole autour de nous à notre arrivée ... ! Peu après nous arrivons à cette fameuse cascade bien "perdue" comme son nom l'indique. Nous sommes seuls, le lieu est d'un calme apaisant. La cascade possède un bassin avant de reformer une autre cascade un peu plus petite en aval, elle est protégée de la chaleur et du soleil par la végétation qui l'entoure. Nous nous baignons immédiatement, la fraîcheur de l'eau est parfaite ! Une petite session de PediFish est même offerte par les petits poissons en prime. 😉

Cascada Perdida 

> Le sol de la région étant très fertile, on trouve des finca qui cultivent des plants de cacao et de café organiques. J'ai visité la fabrique de cacao de la Candelaria, une finca proche de mon éco-hostel. Nous avons rencontré un passionné qui nous a emmené découvrir les différents processus de la transformation de la graine de cacao... en boisson chaude !

> El Mirador. J'ai retrouvé un ami, Stefan, rencontré plus tôt à Santa Marta, à qui j'ai proposé d'effectuer cette randonnée. Le chemin de randonnée est abrupte par moment et avec le soleil, l'humidité et la chaleur, seule notre bonne humeur et notre motivation nous permet de mettre un pied devant l'autre ! A notre arrivée, la vue nous laisse sans voix (Oui, bon, très essoufflé d'accord!). Un point de vue à 360° dominant la Sierra Nevada et la mer à ses côtés. Nous observons Santa Marta qui se dresse entre elles.

Stefan en haut du Mirador.

> Impossible pour moi de clôturer ce chapitre sans parler de deux personnes, Mathéa et Sacha. Deux amies corses d'une vingtaine d'année qui voyagent depuis 6 mois en Amérique du sud. J'ai rarement autant ris, de manière quasi immédiate avec des inconnus ! Elles avaient milles et une histoires à raconter aussi drôles les unes que les autres ; l'épilation à la brésilienne, la coloration capillaire en voyage, les (mauvais) sosies de stars,... et j'en passe.😉

Vue sur Mundo Nuevo 
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> Avant de me rendre au nord du pays, j'en profite pour faire un petit stop dans la Guachaca, rivière éponyme d'une toute petite ville, non loin du parc du Tayrona.

J'ai réservé dans une auberge récemment ouverte du nom de Ohana hostel. Les propriétaires sont jeunes, dynamiques et méga sympathiques. Bichi (de son petit surnom) et son copain sont argentins. Ils avaient pour projet d'ouvrir leur commerce dans la région et quand l'opportunité s'est présentée ils ont décidé de s'installer ici et de construire une auberge avec des matériaux naturels. Le terrain possède un accès direct à la rivière pour s'y baigner ! Ils ont tout construit eux-même avec l'aide de quelques volontaires. L'endroit n'est pas touristique et les environs ne sont en général foulés que par les locaux.

Rio Guachaca 

> Sur les conseils du propriétaire, je décide de randonner avec Solène, une française rencontrée ici, pour trouver une cascade des plus authentique que seul les habitants connaissent (rien que ça ! Il ne nous en faut pas plus pour nous décider). Il nous explique à l'aide d'un petit dessin comment se repérer (car pas de réseau), trouver son chemin et arriver à la cascade : "En sortant vous prenez la route qui part à droite, puis vous suivez le chemin le plus à droite et vous traversez la rivière à son endroit le plus bas, vous remontez sur le lit de la rivière asséchée et vous la traversez par 2 fois puis à un moment vous prenez un petit chemin sur votre droite qui vous menera à 2 maisons sur votre gauche. Enfin quand vous voyez le rondin de bois au niveau de la clôture juste à côté du manguier vous êtes arrivées et la cascade n'est pas loin" ... tout ça en je cite "1 petite heure".... Dans la jungle, sans chemins balisés ni passages fréquents ! *Tout-va-bien.

En compagnie de Solène ! 

> Ni une, ni deux on prend nos affaires et on décide d'y aller. J'ai plutôt un bon sens d'orientation et d'observation et en plus je vois à quoi ressemble un manguier (une chance!). Après de nombreux doutes sur notre route, de questionnements, de "mais c'est encore loin tu crois?!" et de chemins abruptes nous arrivons aux 2 maisons bien hautes et bien inaccessibles aussi. Lorsque nous les dépassons, nous nous arrêtons pour admirer la vue incroyable qui s'offre à nous. Je pose ma paire de basket que j'avais à la main après avoir mis mes chaussons waterproof, et je prends quelques photos, puis on repart. Nous marchons encore et encore et au bout d'1h30/2h depuis que nous avons quitté l'auberge, j'ai la nette sensation de errer inutilement quand soudain je panique et je me rends compte que j'ai oublié mes baskets lors de la photo ! Je rebrousse le chemin seule rapidement afin de les récupérer. J'arrive à l'endroit où mes baskets m'attendent indignées. Je me penche pour les prendre et lorsque que je me redresse je suis frappée par une évidence : le manguier ! Là ! Juste à côté d'une petite clôture... Nous avons tellement été absorbé par le paysage en entier que nous n'avions pas remarqué le point de signal. Je retourne rejoindre Solène et l'informer de ma double trouvaille. Nous revenons sur nos pas et nous passons la fameuse clôture qui mène à un petit chemin qui descend entre les arbres et puis d'abord nous l'entendons, le bruit joyeux de l'eau qui chute, avant de la voir ! Une cascade magnifique et un bassin moyen à l'eau cristalline qui mène à un "toboggan" et un second bassin bien plus profond cette fois d'où il est possible de sauter ! Un régal.

> Une particularité du coin, c'est que le fleuve Guachaca se jette dans la mer non loin d'ici, un endroit que je voulais absolument voir de mes propres yeux. Je suis rejointe dans cette auberge par Nico, un allemand rencontré lors de mon séjour à Mundo Nuevo et nous partons en fin de journée à la découverte de l'embouchure du fleuve.

Sur les conseils des locaux, nous sommes passés via un Hôtel "à l'abandon" du nom de Isla Bella Resort qui ravira les amateurs de Urbex. 😉 Un gardien est encore présent sur place vous pouvez le croiser et échanger avec lui. Le détail insolite de ce site pour rejoindre l'embouchure c'est de trouver le radeau afin de rejoindre la plage ! On adore ! Avec petit détail non négligeable : le couché de soleil en prime.

Exploration des lieux de l'hôtel. 
 Sur notre radeau de fortune avec Nico.
Le fleuve allant à la rencontre de l'océan... 
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> C'est ici, dans le département de la Guajira, plus précisément à Riohacha que je dépose mon sac à dos pour effectuer du volontariat dans une auberge pendant 3 semaines, Casa Profunda. J'ai trouvé cet endroit via Workaway quelques mois avant de m'y rendre. Il s'agit là de ma première expérience en tant que volontaire à l'étranger. Je précise que le volontariat type Workaway ou Helpx par exemple consiste en donner un coup de main sur certaines tâches définies en amont contre le gîte et le couvert (ou le petit-dej du moins).

L'auberge se situe au point d'entrée de la Guajira et constitue un endroit stratégique de passage pour les voyageurs se rendant dans le désert plus au nord. Elle est lumineuse, joliment décorée et contient en son centre un patio avec une petite piscine. Des enceintes diffusent de la deep house en musique d'ambiance et un bar propose des rafraîchissements. L'hostel est à taille humaine, 2 dortoirs et 1 chambre privée le compose. L'endroit n'est que rarement surbondé, en général c'est assez calme et les voyageurs ne restent qu'une à deux nuits en moyenne mais reviennent ici après leurs séjours dans le désert ! 😉 Mes activités sur place ont été d'aider à redonner un petit coup de peinture, de tenir le bar parfois, d'effectuer quelques tours de gardes la nuit et de socialiser avec les clients.

> J'ai beaucoup aimé et profité de mon temps passé à l'auberge et à Riohacha. J'ai pu prendre le temps de découvrir cette ville et ses environs. Durant les premiers jours j'ai recherché toutes les activités que j'avais envie de faire lors de mes temps libres. Je voulais m'immiscer dans la vie locale et être au plus près des habitants, avoir une véritable expérience de "vivre ici" en immersion.

 Playa Mayapo

> Je suis entrée en contact via les réseaux sociaux avec Ita, une prof de yoga et d'acroyoga originaire de la région avec qui j'ai sympathisé. J'ai participé (pour la première fois) à ses cours d'acroyoga et j'ai adoré la pratique ! Ses cours sont de grandes qualités tant sur le plan relationnel, conscience de son corps et de l'autre et sur la pratique également. J'ai pu effectuer des figures en tant que voltigeuse que je n'aurai jamais imaginé faire en si peu de temps de pratique. Durant ses cours j'ai rencontré des locaux mais aussi 3 américaines à Riohacha pour des contrats de quelques mois avec leurs écoles.



> Amatrice de danse et après 1 mois sans cours le manque s'est installé et tout naturellement j'ai cherché une école de danse ici afin de prendre quelques cours. Après de nombreuses recherches sur internet et en discutant avec Ita j'ai pu avoir le numéro d'un des profs de la ville, Keiner Deluque et codirecteur de l'école ShowTime Dance 11 (à retrouver sur Instagram). J'ai pu participer à un de leur cours de danse urbaine qui s'est déroulé dans un parc public à ciel ouvert, il n'y avait que des jeunes colombiens et colombiennes originaires de Riohacha ! C'était génial comme rencontre et échange.

> Grâce à Ita, j'ai également pu participer à une projection cinématographique "semi privée" de Jojo Rabbit dans une salle récemment rénovée. Durant mon séjour, la ville à organisé son tout premier "Expo Feria" sur 3 jours avec chaque jour des conférences sur des sujets divers et variés tels que l'environnement, l'éco-conscience, le bien-être, la diététique,... avec des invités locaux dont notamment Ita qui a animé et présenté quelques discussions. Je me suis même retrouvée avec un ami à devoir former pour un exercice des groupes avec les autres personnes et élaborer un "plan d'amélioration" sur une problématique précise de la ville (et du pays) qu'est la gestion des déchets. Totalement improbable comme situation ! 😉

Acroyoga sur la plage au sunset. 

> Durant ces 3 semaines j'ai été surtout marqué par les rencontres. Ciaran, un français en voyage longue durée, qui est arrivé à l'auberge une semaine après moi et avec qui j'ai noué une belle relation. Carolina, la manager avec qui on a passé de très bons moments ! J'ai noué des liens avec quelques clients de l'auberge qui sont revenus passer quelques nuits à leur retour et j'ai même emmené deux filles en cours d'acroyoga avec moi. 😀

Une partie de l'équipe !  

> Seulement voilà, je ne le savais pas encore mais mon voyage (du moins celui que je m'étais imaginé) va prendre fin et le virus du Covid-19 nous ramène à la réalité, un peu trop brutalement. Courant de la 2e semaine de mars les spéculations vont bons trains, les chiffres de contaminations sont rassurant sur le territoire et le gouvernement ne prends pas de mesure particulière à ce moment.

C'est au moment de la 3e semaine que tout s'accélère : Les autorités parlent de couvre-feu et de quarantaine, l'ambassade de France appelle aux français à regagner Bogotá au plus vite et de prendre les derniers billets des vols commerciaux disponibles. Chaque jour de nouvelles consignes de plus en plus strictes sont annoncées. La panique et l'angoisse des habitants et des étrangers est exponentielle. Les étrangers sont arrêtés dans les rues un peu partout dans le pays par la police pour vérification des passeports et de la date d'arrivée sur le pays... Les américaines de l'acroyoga se sont faites rapatrier en urgence par les états-unis et sur les réseaux sociaux/internet la marée humaine qui déferle à l'aéroport international de la capital est impressionnante ; nombres de personnes ont passé 1 ou plusieurs nuits à même le sol sans garantie d'avoir une place sur le prochain vol.

J'ai l'impression de vivre dans une autre dimension. Suivre les informations officielles en France et en Colombie me donne le tournis. L'anxiété et le doute s'installent ; Combien de temps cela va-t-il durer ? Vais-je pouvoir rentrer en France ? Quand ? Et si ma famille ou mes amis sont touchés par la maladie ? Que faire, où aller ?

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> Avec Ciaran nous décidons de partir quelques jours plus tôt avant la fin de notre volontariat afin de regagner une grande ville rapidement. C'est à Medellín que nous arrivons au petit matin le jour où l'annonce régionale de couvre-feu (très similaire à un confinement pourtant) vient d'être publiée, 21 mars. Accompagnés de 2 autres voyageurs de l'auberge, nous réussissons à prendre un bus qui roulera en partie de nuit le 20 mars et qui durera environ 16h. Étrangement ce trajet ne m'aura pas semblé aussi long que le premier et les changements de paysages étaient incroyables : passer du littoral désertique aux reliefs montagneux et verts de Medellín est impressionnant. La vue du haut des montagnes au petit jour à notre arrivée sur la ville est vraiment impressionnante. Nous passons 3 nuits dans une auberge (presque vide, l'ambiance est étrange) afin d'établir nos options et nous décidons de nous séparer afin de chercher une chambre dans un appart le temps du confinement officialisé le mardi 24 mars 2020.

> Je reprends contact avec Chris (l'étudiant allemand rencontré lors du Carnaval, vous suivez?) car je savais qu'il vivait ici pour ses études pour lui demander s'il aurait de la place pour m'héberger. Coup de chance ! Dans sa coloc une chambre est disponible ! Je me mets en relation avec Christian le propriétaire et il accepte que je prenne la chambre. L'appartement est grand, nous sommes 6 au total dans la même tranche d'âge : Christian et sa copine Laura (colombiens), Julien (français expatrié) et sa copine Maria del mar (vénézuélienne) ainsi que Chris et moi-même. Et Amber (la chienne) ! De son côté Ciaran s'est trouvé une chambre dans une autre coloc également non loin de mon quartier.

> C'est donc dans un appartement avec ces personnes que je débute le confinement à Medellín. L'espace est bien agencé et suffisamment grand pour nous permettre d'y être tous confortable sans avoir l'impression d'étouffer. Il y a même un balcon qui donne sur les quartiers à flanc de montagne typiques de cette ville. Durant la première semaine approximativement nous avons tous le droit de sortir 1h par jour dans le seul but de faire des courses et de promener les animaux domestiques. Chris en profite pour me faire "visiter" le quartier dans lequel nous sommes en commençant par l'axe principale, puis une autre rue le jour d'après et ainsi de suite. Je me souviens de la première fois où j'ai parcouru les premières rues de Medellín à la tombée de la nuit et lors d'un croisement à une intersection m'être littéralement arrêtée bouche bée au milieu de la route (vide) : devant moi s'élevait des milliers de lumières qui scintillaient à flanc de montagne.

> Cependant observer Medellín pour la première fois sous cet angle est déstabilisant ; la ville est complètement désertique, tout est fermé, il y a littéralement une sensation de "fin du monde" lorsque nous nous promenons dans certains endroits avec la chienne à l'instar du film "I am a legend"... L'armée et les voitures de police sillonnent les rues et interpellent certains passant parfois. La pauvreté est d'autant plus criante que les rues sont désormais vidées. Lors des courses alimentaires nous effectuons quelques achats en plus afin de donner des produits de premières nécessités lorsque nous croisons le chemin de personnes en difficultés ou sans domicile. En soirée à l'appart nous faisons parfois des Doggy-Bag pour pouvoir les donner car il arrive que des personnes sonnent à l'interphone ou nous appellent depuis le trottoir.

> Quelques temps après le gouvernement a instauré un système de "Pico y Cédula" dans les grandes villes telles que Bogotá, Cartagena, Medellín, où nous n'étions plus autorisés qu'à sortir 1 à 2 fois par semaine en fonction de notre dernier numéro sur notre carte d'identité et uniquement pour faire les courses. Par chance avec Chris nous avions le même et nous avons pu, parfois, continuer de nous aérer l'esprit en "nous promenant" toujours sous prétexte d'aller au magasin pour effectuer des courses alimentaires (sac de courses en preuve à l'appui). Cette nouvelle restriction s'est avérée très dure pour tout le monde car nous n'avions pas non plus l'autorisation de simplement sortir pour marcher ou de courir. J'ai tenté d'instaurer une routine dans cette nouvelle vie confinée afin de ne pas perdre le fil ; les matins étirements et renforcements musculaire, lecture, cuisine, écoute podcasts, apprendre une nouvelle langue, regarder une série ou un film à plusieurs, prendre des nouvelles de ma famille, de mes amis, faire des visios, jeux de société en groupe et sortir marcher dès que possible (toujours avec mon acolyte).

> Il nous est vite apparu nécessaire de trouver de la joie et du bonheur dans les petites choses banales du quotidien. Nous avons organisés des soirées entre nous à l'appart à base de cocktails maisons et de repas à thèmes sur fond de musiques et danses latines (hé oui ! car Chris avait des notions de salsa et bachata !).

J'ai également revu mon ami, Ciaran plusieurs fois durant le mois d'avril. Il s'avérait qu'il n'était qu'a 5-10mn en voiture de là où je me trouvais et que l'appartement possédait un grand rooftop. Un soir après réflexion je me décide à lui rendre visite malgré l'interdiction (à mes risques et périls!). Je commande un taxi armée de mon masque et de mon gel hydroalcoolique et me rends chez lui, sans encombre. Quelle bouffée d'oxygène que de revoir un ami et de découvrir un nouvel endroit que les 4 murs habituels depuis quelques semaines. Nous profitons du toit terrasse avec vue sur la ville toute la soirée avant de rentrer. J'y retournerai quelques autres fois en journée et en soirée en compagnie cette fois de Chris.

Ciaran  

> En un peu plus d'un mois nous avons célébré 3 anniversaires ! Celui de Laura 29 ans début avril, le mien à la fin avril et celui de Christian (30 ans) début mai ! Nous avons organisé une soirée à chaque fois et notamment une bonne surprise pour les 30 ans de Christian. 😉

 30 ans de Christian ! 

> Passer mes 26 ans en Colombie n'était à la base pas prévu, j'avais planifié un retour en France la semaine d'avant pour pouvoir le célébrer en famille et avec mes amis, mais c'était sans compter la fermeture des frontières !

C'est donc un anniversaire tout particulier qui s'est présenté à moi cette année, loin de tout ce que j'avais pu imaginer un jour, loin de mes proches et de mes amis. J'ai eu un délicieux petit-déjeuner à mon réveil avec une carte de vœux signée de mes colocs temporaires ! Nous avons également dîner tous ensemble le lendemain soir et Julien a fait un crumble en dessert !

 26 ans et 1 seule bougie !

> Pour l'occasion il avait été décidé que Chris et moi-même allions rejoindre Ciaran dans sa coloc car ils avaient décidé d'organiser un BBQ suivi d'une soirée sur leur rooftop ! :D

Cette journée fut incroyable. Me retrouver entourée de personnes fraîchement rencontrées, pour le plus ancien 2 mois avant et pour certains le jour même, était déjà significatif en soi mais c'était sans compter leur gentillesse et leur bienveillance ! Les voir heureux, le sourire aux lèvres et organiser l'événement pour mon anniversaire était juste au-dessus de mes espérances. Voir tous ces visages encore inconnus il y a quelques jours ou semaines , m'offrir ces instants de vie et ces souvenirs avec eux étaient mon plus beau cadeau. Ce sont définitivement des personnes dont je me souviendrai et qui m'auront marqué par leur générosité et leur jovialité.

> Ah oui, petit détail .... tout petit.

Je n'ai pas évoqué le moment durant lequel nous avons été interrompu par les forces de l'ordre colombienne, le mardi après-midi à 15h donc, lors du BBQ sur le toit terrasse, pour "perturbation du voisinage". Trois voitures et une moto au total. Tout va bien, rien d'excessif à cela... 😉 Après avoir été embarqué au poste (tout le monde sauf Chris, Ciaran, Decklan et moi), la majorité des personnes sont revenues peu à peu dans l'après-midi et la fête a repris de plus belle ! Je ne vous raconte pas l'ambiance sur le moment ..!

Johan, Kelly, Chris. 

> C'est à la fin du mois d'avril que j'ai reçu une réponse de l'ambassade de France m'indiquant que j'avais une place sur le premier vol de rapatriement pour Paris début mai. Enfin !

Pour information le gouvernement colombien a suspendu tous les vols commerciaux (national ou international) depuis le 23 mars. Au début ceux-ci devaient reprendre en mai puis les semaines avançant les dates de réouverture des frontières aériennes ont été décalé de plus en plus ne laissant alors plus aucun espoir de rentrer en France via un vol commercial. A ce jour (Août 2020), les vols internationaux sont pour le moment interdit jusqu'en septembre.

> J'ai passé des semaines à contacter l'ambassade pour avoir des infos, m'inscrire sur les listes de recensement et à douter de nombreuses fois sur un retour prochain en France. J'ai également été sur les groupes Facebook des Français en Colombie pour chercher des personnes dans la même situation, demander des infos et chercher du soutien. Nous étions tellement nombreux ! Je vous épargne les détails mais en résumé nous nous sommes rassemblés afin de faire pression auprès de l'ambassade qui ne souhaitait pas, initialement, mettre en place un avion de rapatriement. A force de persévérance nous avons eu une réponse positive quant à la possibilité de mettre un avion ! Il ne nous restait plus qu'à nous organiser afin de regagner Bogotá "par nos propres moyens" selon les consignes de l'ambassade. Il me semble nécessaire de préciser ici qu'à ce moment là, les frontières terrestres et les routes sont "fermées" partout en Colombie. Alors merci ! ^^' Un nouveau défi à relever désormais.

> Avec 2 autres filles, Ophélie et Pauline, rencontrées sur le groupe Facebook et logeant à Medellín aussi, nous avons pris en main le recensement des français à Medellín acceptés sur le vol afin de pouvoir démarcher une compagnie de bus officielle et d'obtenir un tarif de groupe préférentiel. Certaines compagnies pouvaient obtenir de la part du pays un laisser-passer pour certains voyage comme celui-ci afin de transporter des voyageurs regagnant l'aéroport pour rentrer dans leurs pays.

Nous avons donc organisé toutes les démarches nécessaires pour pouvoir regagner Bogotá et transmis ces informations à l'ambassade France et au consul de Medellín pour nous délivrer les laisser-passer. Au total c'est pas moins d'une trentaine de français qui sont partis avec nous pour regagner l'aéroport de Bogotá le jour prévu du vol de rapatriement !

La Colombie aura subi au total une période de quarantaine du 17 mars au 1er août et une fermeture de ses frontières internationales du 24 mars à septembre aux dernières nouvelles.

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> C'est donc après environ 10h de route en bus, 5h d'attente et 11h de vol que je regagne Paris ce dimanche 3 mai.

Il est 20h, je regagne enfin mon appartement sous les applaudissements des habitants de mon quartier à leur fenêtre. Paris qui à mon retour est encore confinée. Mais ça, c'est une autre histoire. 😉