Moi qui pensais me reposer, c'est foutu...
Mes pieds touchent enfin le tarmac, il est 15h, nous sommes le samedi 31 Mars. Je ne pense qu'à une seule chose : rejoindre mon hôtel, me jeter dans un lit, et mettre KO l'oreiller. Si on dormait bien dans les avions cela ce saurait... et il n'y aurait pas d'écran télévision pour vous tenir compagnie durant toute la nuit.
16h30, arrivé à l'hôtel. Musique Latino, murs colorés, bar, ambiance à la fête...oups.
17h, une bière à la main je sympathise avec Dave un voyageur suédois, et Garry un allemand qui travaille dans l'hôtel, c'est son jour de repos...
18H30, nous voilà tous partis dans le centre de Santiago. L'excuse du jour, fêter mon premier jour sur le continent sud américain... Comment refuser ?! Quartier Bellavista, Bar live, apéritifs, cocktails, Chorillanas (une spécialité du chili, qui n'est autre qu'un amas de frites sur lequel est ajouté un mélange à base d'oignons, d'épices et de viande, recouvert d'oeufs au plat...).
05h30, je fais enfin la connaissance avec mon lit. Il est sympa lui aussi... le feeling passera instantanément, et c'est le sourire aux lèvres que je m'endormirai. Je n'aurais pu imaginer meilleure experience pour mon premier jour en Amérique du Sud.
Découvrir la vie nocturne d'une ville c'est sympa, mais la découvrir diurne baskets aux pieds, c'est pas mal non-plus. Ce sera sur la colline située en plein coeur de la ville, au Cierro San Cristobal, que j'irai perdre mes semelles, et payer mes excès. En prenant de la hauteur, je découvrirai la ville, dans son brouillard de pollution, et la cordillère des Andes, à quelques encablures de là.
Puis, ce sera une nouvelle rencontre, magnifique. Celle avec cet incroyable artiste, Pablo Neruda. La visite de sa demeure m'en apprendra beaucoup plus sur la vie de ce poète. Un lieu incontournable de Santiago. Je vous invite à lire l'un de ses poèmes, mon favori.
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,celui qui ne lit pas,celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux. Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre, celui qui ne se laisse jamais aider. Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère, ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements. Ou qui ne parle jamais à un inconnu. Il meurt lentement celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les coeurs blessés. Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n’a fui les conseils sensés. Vis maintenant ! Risque-toi aujourd’hui ! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement ! Ne te prive pas d’être heureux !
Pablo Neruda
Valparaiso, ou Valpo pour les intimes.
Une ville magnifique pleine de couleurs, et pleine de surprises...
Ici je déambulerai durant de longues heures dans les ruelles, appareil photo à la main, pour y découvrir son street art. Puis, je m'y perdrai en courant... dans ses "favelas". C'est à ces deux occasions que je découvrirai une autre facette de cette ville. En effet, à deux reprises je serai interpellé par des locaux qui me feront comprendre qu'il ne me faut pas rester ici, qu'il me faut partir, vite. Ils me diront une première fois de cacher mon appareil photo, puis ce sera ma montre et le fil de mon iPod, alors que je chercherai ma route au milieu des Favélas. Lorsque cette femme me dira avec insistance de partir vite, je me sentirai alors tel Bruce Willis dans le film une nuit en enfer 3, alors qu'il se trouve forcer de déambuler dans le quartier de Harlem avec un panneau sur lequel est inscrit " je hais les nègres". Ma passion me tirera de là sans encombre. Détrousser quelqu'un dans la rue peut-être aisé, mais pas lorsqu'il s'agit de lui courir après pour cela, c'est une autre histoire.
Il y aura aussi de belles rencontres. Avec ce groupe de jeunes acrobates, sur une plage, au bord de la mer. En train de s'entrainer, ils m'autoriseront à faire quelques clichés qui raviront ma journée.
Puis, avec Nicko. Le destin fait parfois bien les choses. Voilà plusieurs mois que ce tatouage trotte dans ma tête. Plein de significations, de détails, il demande une réalisation sans faute, par respect pour son auteur. A plusieurs reprises, j'avais présenter ce dernier à différents tatoueurs, qui humblement avaient refusé, ne ce sentant pas capable d'une telle tache. Nicko, droit dans ses bottes, sera le premier à accepter, c'est alors qu'il me dira avec assurance ( perçu pour ma part comme de la prétention) que c'est facile pour lui...
Le feeling passera immédiatement et nous conviendrons d'un rendez-vous pour le lendemain. Durant 5 heures sa machine transpercera mon épiderme et répandra de la couleurs. Nicko avec humour jurera parfois "fucking Dali ! " face à la difficulté de la tache, des couleurs et des détails à respecter. Dali ne serait pas Dali si il était aisé de reproduire l'une de ses plus grandes oeuvres d'un seul coup de pinceau....