Alors que je m’installe devant mon ordinateur pour vous raconter cette incroyable aventure, je réalise à quel point il va être difficile pour moi de vous retranscrire toutes ces émotions. Mes yeux sont encore imbibés de toutes ces images, de tous ces paysages. Je ne sais ni par où ni par quoi commencer… Mon tour des Annapurna est à comprendre dans son ensemble. Il n’aurait jamais eu la même couleur et la même saveur dans d’autres circonstances que celles dans lesquelles je me trouvais, et sans toutes ces rencontres aussi incroyables et inattendues les unes que les autres.
Mathématiquement parlant, mon Tour des Annapurna ne serait rien de plus que 14 jours de marche d’affilés, sur une distance d’environ 250km pour 12000m de dénivelé positif, avec un passage à plus de 5400m d’altitude.
S'en tenir à cela serait rabaisser bien bas cette aventure et toutes les émotions qu’elle m’a apporté…
Non, mon Tour des Annapurna c’est bien plus que cela...
C’est une rencontre inattendue aux portes du Népal, avec Freya, montagnardes et sportives aguerries. C’est son sourire, sa curiosité et sa bonne humeur permanente. C’est un feeling et une complicité naturelle qui rendront évidente la décision de partager cette aventure ensemble au fil des jours.
Ce sont des dizaines de rencontres et de moments partagés avec différents Trekkeurs de toutes les nationalités. C’est une entraide permanente, un repas partagé, un sourire, quelques mots, simplement parce que nous sommes là, ensemble au même endroit…
Ce sont toutes ces Lodges colorées, remplies de la simplicité réconfortante de ces hôtes, de ces familles qui nous ravirons le temps d’une nuit et d’un bon repas.
Arrêtons nous un instant sur ces repas… Ce sont ces « Momos », engloutis dans un ventre vide, à peine arrivés, arrosés d’une bière fraiche « Everest ». Ce sont des sandwichs, des pizzas, des pâtes, des Enchiladas, cuisinés avec attention, en toute simplicité. C’est une cuisine locale, faite sur l’instant, tel le « DAL’BAT » sans lequel un trek au Népal ne pourrait exister (ou peut-être l’inverse…), plat local servi à volonté, composé de riz, de soupe de lentilles et d’un curry de pomme de terre. De l’énergie pour les jours difficiles.
Ce sont ces pommes au gout incroyable, cultivés à plus de 3000m, que nous dégusterons sur un bout de rocher, silencieusement, comme s’il n’exister à cet instant rien de meilleur au monde.
Ce sont ces habitudes instaurés lentement au fil des jours, ce café ou ce thé, dégustés à mi chemin alors que le soleil pointe son nez, et que nos pas ont déjà bien avancé.
C’est l’odeur de ce gâteau et le gout de ce chocolat qui dégoulinera sur mes doigts, la saveur de cette bière, ce petit tout que l’on m’apportera ce soir là, le jour de mon anniversaire…
C’est les rires de ces enfants dans ce petit village, alors qu’ils nous invitent dans leur danse autour de ce vieil arbre.
Ce sont des centaines de "Namaste" sur nos lèvres et de sourires sur les visages, des milliers de foulards de prières aux vents des cimes.
La sagesse des paroles de Dave, remplies d’émotions, au coin du feu, alors qu’il nous conte ces premiers pas sur l’Annapurnas, il y a quarante ans déjà…
Ce sont mes yeux, luisants, et mon corps sans voix devant la beauté et l’immensité de ces montagnes. C’est mon cou qui se tord, toujours plus hauts, tel un enfant, pour en percevoir le bout.
Ce sont ces dizaines de ponts de fer, ou de bois, ces artères irremplaçables.
C’est le chuchotement de ce glacier, son craquement à quelques dizaines de mètres de nous, cette voix, cet effroi qui nous rappellera qui est le maitre en cet endroit.
C’est mon coeur qui frappe de plus en plus fort dans la nuit, alors que l’oxygène s’appauvri.
C’est mon souffle, mes pas, mes pensées et mes peurs qui vont s’égarer en miette sur ces sentiers.
...La peur, ce sentiment qui n’est autre qu’un immense rideau noir, dissimulant ce qu’il y a de plus beau à vivre et à voir. (Dans une logique parano-complotiste j’irai jusqu’à penser que nos dirigeants ont créer ce sentiment… )
C’est la fin de cette aventure, et le début de nouvelles alors que nos chemins se séparent avec Freya. C’est l’incroyable vie des voyageurs autour du monde, celle ou tout peut arriver lorsque l’on se rend compte que le monde est en fait tout petit…
Je terminerai en vous invitant à suivre ce lien ( ICI ) et à lire ce texte que j’ai écrit il y a quelques mois maintenant.
De retour de cette aventure, je n’en changerai pas une lettre. Au contraire, à présent, j’en crierai chacun de ses mots.
« Des Mots dans la Sueur » est une page que j’ai créé en tout anonymat il y a quelques années (peut-être par peur du jugement), juste pour y coucher ces mots et ces phrases qui parfois m’encombraient un peu trop… Aujourd’hui je n’ai plus rien à cacher.