Carnet de voyage

Népal

8 étapes
26 commentaires
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Septembre 2018
6 semaines
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Nous sommes arrivés à l'aéroport de Katmandou le 13/09/2018 à 6h30 du matin heure locale. Fatigués après une courte nuit dans l'avion mais très heureux et excités de commencer notre périple. Nous trouvons un taxi sans grande difficulté. Comme nous le comprendrons plus tard, dès qu'un taximan voit un étranger, il se précipite sur lui pour proposer ses services. Première frayeur pour Aurélie: -"There is no Seatbelt ?" - "No no, Madame! You don’t need this !" Finalement nous arrivons sans encombre. Le taxi nous dépose non loin de notre hôtel "silver home" dans le quartier de Thamel. L’accueil est très sympathique et notre chambre…. Bon ba ! il y a un lit et une douche… c’est déjà ça… avec un petit balcon donnant sur les toits aux alentours… question hygiène on repassera…

Après une micro-sieste, nous voilà partis à l’assaut de la ville. Thamel est le quartier touristique de Katmandou. Il y règne un joyeux bordel. Un flot constant de voitures, de motos et de piétons rythme notre avancée au milieu de la poussière et des déchets (surtout plastiques). Katmandou a beaucoup souffert des séismes de 2015 et la ville est en reconstruction un peu partout (d’où les bruits et la poussière). Au niveau de la circulation, ici, on conduit à gauche et il ne semble y avoir aucun code de la route. Les klaxons, omniprésents et assourdissants, sont un moyen de communication entre les différents véhicules et les piétons.

Passés de la quiétude de Joyeux au tumulte de Katmandou ! il nous a fallu nous perdre dans les ruelles de la ville pour découvrir et apprécier les beautés cachées de cette cité historique.

Les nombreux temples dédiés aux différentes divinités hindoues témoignent de la ferveur religieuse des habitants de cette ville. On y trouve des offrandes telles que des fleurs, du riz, des bougies, de l'encens et des poudres colorées, rouge, orange et jaune (cet ensemble est appelé un puja). Ces temples sont encore très vénérés et de nombreux rites y ont lieu tout au long de la journée.

Katmandou offre un contraste assez saisissant. Passée d'un bon gros village à l'état de grande ville en quelques décennies, elle a connue un développement anarchique dû à un fort exode rural des jeunes, croyant trouver l'eldorado dans la capitale. La mondialisation galopante et sa consommation de masse n'ont rien arrangé. De ce fait, la spiritualité et les traditions côtoient la modernité du XXIème siècle. Il n'est d'ailleurs par rare de croiser un moine avec un smartphone dernière génération à la main.

Nous nous sommes beaucoup questionnés sur la fascination qu'a pu exercer Katmandou sur la génération 68. Il faut dire qu'à l'époque le Népal comptait seulement 12 millions d'habitants contre 30 millions aujourd'hui dont 4 millions dans l'agglomération de Katmandou. La weed y était alors encore autorisée et le quotidien devait y être bien différent. En tout cas nous n'avons pas ressenti l'atmosphère baba qu’il devait y régner.

Quartier de Thamel  


Durbar Square, patrimoine mondial de l'Unesco

Sur le chemin nous menant à Durbar Square, nous rencontrons le jeune Aki. Il s'improvise guide et nous le suivons dans le dédale des ruelles menant à Durbar Square. Nous passons devant un temple dédié à Shiva où il nous marque du tikka (marque rouge sur le front symbolisant la présence divine, aussi appelée le troisième œil) pour nous souhaiter la bienvenue, nous porter chance et bonheur. Aki fait partie d'une école d'art. Nous le suivons jusqu'au lieu d'exposition des œuvres où nous pouvons admirer de nombreux Thangkas et Mandalas. Ce sont des peintures traditionnelles qui servent en principe à la méditation. Aki et son camarade de classe nous en expliquent les significations puis nous poursuivons ensuite notre chemin jusqu'à Durbar Square.

Nous arrivons devant ce qui fut autrefois le Palais Royal, il a beaucoup souffert des séismes et seule une partie est accessible. Une bonne partie est d'ailleurs en reconstruction. Beaucoup de temples sont soutenus par des jambes de force en bois. Nous arrivons devant la maison de Kumari qui est considérée comme une déesse vivante. En réalité une fillette de 4/5 ans choisie dans une caste précise et pourvue d'un corps et d'un horoscope parfait. Elle est vénérée seulement jusqu'à sa puberté, ensuite une nouvelle kumari est désignée. Sympa hein !? Bon, l'état lui verse une rente pour service rendue à la nation...

Il reste tout de même à Durbar Square de fabuleux édifices faits de bois et de briques où l'on peut admirer de magnifiques bois sculptés et des divinités. Il y a même le temple de Jagannath qui offre une variété de motifs érotiques. Assez étonnant non ? On imagine assez mal ce genre de représentations dans une église. Cela vient en réalité du tantrisme qui est un courant de pensée datant du VI ème siècle, en Inde. "Ces textes et rituels prônent l'éveil de tous les sens y compris charnels et s'adressent à tous. Ainsi le tantrisme a ouvert son enseignement non seulement à toutes les castes mais aussi aux femmes sans pour autant rejeter les croyances fondamentales hindoues et bouddhiques." (Le routard)

En ht à G Maison de Kumari puis Durbar Square 

La foule et les sollicitations de nombreux guides nous poussent à nous éloigner de Durbar Square pour aller au temple de Swayambunath. Nous traversons les faubourgs de Katmandou jusqu'au pied de la colline où se trouve le temple.


Temple de Swayambunath ou The Monkey Temple

Dès notre arrivée, nous comprenons tout de suite d'où vient ce surnom. Du bas de la colline jusqu'au temple, des dizaines de macaques avec souvent leurs marmots accrochés au dos, sautent d'arbre en arbre, de statue en statue et chopent toute nourriture tombée à terre. Il est d'ailleurs fortement déconseillé d'en avoir sur soi sous peine de les attirer dangereusement. Une fois arrivés en haut de la colline, nous avons une belle vue panoramique sur l'agglomération de Katmandou. Nous sommes très impressionnés par le stûpa, le plus vieux de la vallée de Katmandou (environ 2500 ans), qui a très bien résisté aux tremblements de terre. Un stûpa est un monument commémoratif en forme de dôme contenant parfois une relique de bouddha. Il est de coutume de faire le tour du stûpa dans le sens des aiguilles d'une montre en faisant tourner les moulins à prières qui le composent . Ils contiennent chacun un texte sacré et les dévots pensent qu'en les faisant tourner, la prière est emportée par le vent pour le bien de tous les êtres.

Nous avons pris notre temps pour tourner autour du stûpa et déambuler au milieu des maisons d'habitation et des Sikhara du XVIII ème siècle (stûpa en forme de temple hindou) qui composent également le temple. Il faut dire qu'il y avait une atmosphère très prenante accentuée par le coucher du soleil.

Nous redescendons à pied jusqu'à Thamel pour une douce nuit bercée par les chants (faux) provenant du karaoké non loin de l'hôtel, ce qui nous a beaucoup amusés.

Swayambunath  


Un peu de calme entre Pashupatinath et Bodhnath

Nous voilà partis pour Pashupatinath (5km de Thamel) bien décidés à négocier serré le prix du taxi (400 roupies au lieu de 600 annoncé, pas mal pour un début). Dès nos premiers pas, l'atmosphère nous paraît très différente de Katmandou. Nous arrivons par une rue piétonne bordée d'échoppes aux couleurs vives. Les commerçants y vendent des colliers, des fleurs, des poudres colorées... nous comprendrons plus tard qu'il s'agit d'offrandes pour le golden temple dont l'accès n'est autorisé qu'aux hindous. Nous décidons de prendre un guide pour ce site particulièrement sacré qui est un lieu de pèlerinage et de crémation pour les hindous. En effet la Bagmati coule au pied du temple et rejoint ensuite le Gange. Nous suivons notre guide qui nous explique l'ensemble du processus funéraire de la mort du défunt jusqu'à la crémation puis la dispersion des cendres dans la Bagmati. Les défunts qu'ils soient riches ou pauvres sont recouverts d'un tissu orange, symbole de paix. Ici environ 45 crémations sont pratiquées par jour, et nous avons assisté à différents moments de plusieurs cérémonies. Selon notre guide, il n'y avait aucun problème à nous trouver là et il nous a même invités à prendre des photos à plusieurs reprises. Néanmoins, nous n'avons pas souhaité nous éterniser car cela nous semblait étrange d'assister à un moment si intime en tant que touriste. Cette visite nous questionne quant à la différence du rapport à la mort entre occidentaux et orientaux.

Dans les rites hindous, le fils aîné du défunt tient un rôle important dans le rituel crématoire. Il se rase complètement le corps et ne porte que du blanc pendant un an. Seuls les bébés et les Sadhus (celui qui a renoncé aux plaisirs matériels pour la prière et qui vit d'offrandes) sont enterrés car ils sont proches des dieux. Nous en avons d'ailleurs croisé quelques-uns. L'hindouisme est une religion très complexe et selon notre guide, même les hindous s'y perdent.

Pashupatinath : bûcher de crémation - silver temple et golden temple  


Après avoir remercié notre guide pour ses explications, nous poursuivons notre chemin à pied jusqu'à Bodnath. Après quelques kilomètres, nous voilà face au plus grand stûpa du pays. La ville semble s'être organisée autour de ce géant. Il s'en dégage un sentiment d'ordre, accentué par le mouvement unique de la foule tournant autour de lui, dans un flot constant. Nous avons nous aussi tourné et erré entre les nombreux temples qui composent cette ville. La population y est en majorité bouddhique car de nombreux tibétains s'y sont installés après l'invasion chinoise. Au coucher du soleil, nous sommes rentrés en taxi (pour 350 roupies) à Thamel pour notre dernière soirée à Katmandou.

Stûpa de Bodnath  
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Pour accéder à Bhaktapur, nous avons effectué notre premier trajet à bord d'un bus local. Ça peut paraître facile comme ça, mais croyez nous, c'est toute une histoire. Déjà, il faut trouver le bon bus... Comme il n'y a aucun horaire précis, ni aucun panneau dans notre alphabet, c'est un peu galère. Il faut donc demander aux différents chauffeurs, parmi les dizaines de bus présents à Bagh Bazar (ça porte bien son nom). Nous finissons par trouver "le rabatteur" du bus pour Bhaktapur. C'est celui qui crie le nom des différents arrêts desservis et ce à chaque arrêt. Nos gros sacs sur les genoux, c'est parti pour 15 km ! 1h10 plus tard... nous arrivons à l'entrée de Bhaktapur pour la modique somme de 100 roupies soit 0,74€ et une paire de lunettes... car oui, Antoine a fait tomber ses lunettes dans le bus au moment de descendre. Aurélie a commencé à vouloir rattraper le bus à pied mais c'était peine perdue le bus était déjà trop loin... Bref, nous voilà donc à Bhaktapur.

Dès les premiers mètres, nous comprenons vite le statut d'ancienne capitale. Cette ville a su conserver son patrimoine architectural d'origine newar avec ses maisons en brique et en bois, ses rues en brique et ses nombreux temples et palais. Le tout forme un ensemble très harmonieux. Beaucoup plus calme et moins pollué que Katmandou, nous trouvons cette ville beaucoup plus accueillante. Nous avons l'impression d'évoluer dans un musée à ciel ouvert. Nous passons deux journées à visiter la ville, son Durbar Square, ses différents temples dont le plus grand du Népal. C'est le temple de Nyatapola dédié à Siddhi Lakshmi, déesse de la fortune qui mesure 30 m avec ses 5 toits superposés. Nous visitons aussi le Palais Royal dont un des bâtiments, comporte 55 fenêtres en bois, toutes magnifiquement sculptées et bardées de treillis de bois. Avant le XXième siècle, il n'existait d'ailleurs pas de fenêtre en verre. Tout comme Katmandou, les séismes de 2015 ont fait des dégâts au niveau des habitations et des temples mais la ville n'a pas attendu cette catastrophe pour entreprendre des restaurations.

Nous profitons du calme pour nous balader dans la ville jusqu'à Hanuman Ghat où se trouve le plus gros Lingam du Népal. C'est un emblème phallique symbole de Shiva, encastré dans un yoni qui est le symbole de l'organe sexuel féminin représenté par une pierre ronde, c'est assez suggestif ! ) .

Nous apercevons au loin des enfants qui se baignent dans la rivière mais malgré la chaleur nous nous abstenons d'en faire de même...

Alors que nous rentrons, nous croisons pour la deuxième fois, le chemin de Mohan, un népalais qui parle très bien français. Après un bref échange, nous décidons de nous retrouver pour boire un verre ensemble. Il nous donne plein de conseils pour la suite du voyage. C'est aussi l'occasion de discuter de la culture du pays, des enjeux géopolitiques avec les pays voisins notamment l'Inde et la Chine. Nous abordons la question de l'évolution de la société, des mentalités, des mariages arrangés etc... il nous a même trouvé un bus touristique pour aller directement à Pokhara sans passer par Katmandou mais ça c'est une autre histoire.

Bhaktapur  

Le lendemain sur les conseils de Mohan, nous allons nous balader à Nagarkot. Même combat qu'à Katmandou pour trouver le bus local. Après 13 km et 1h30 de trajet, nous voilà au village qui se trouve à 2000 m d'altitude. Décidément, les trajets ici, nous permettent d'accéder à un autre rapport au temps. Nous avons le temps de contempler les paysages, d'observer les scènes de vie dans les villages traversés, d'avoir quelques échanges avec les locaux et aussi quelques frayeurs dues à la conduite ou à l’état des routes. Celles de Corse paraissent être très bien entretenues par rapport à celles du Népal. Nous faisons notre première petite randonnée népalaise en allant au sommet de Nagarkot à 2150 m. Nous croisons un groupe de japonais, accompagné d'un guide local qui parle le français. Quand il apprend que nous allons nous marier, il en avise son groupe et nous continuons notre chemin sous les applaudissements et les félicitations du petit groupe. La spontanéité des japonais nous a bien fait rire. Arrivés au sommet, nous n'apercevons pas le massif de l'Himalaya à cause d'une légère brume et des nuages lointains mais nous avons quand même une belle vue sur les collines aux alentours et sur Bhaktapur. On croise aussi des touristes indiens qui étonnamment adorent se photographier avec des touristes européens. Ce n'est pas la première fois que cela nous arrive. Nous sommes également surpris de voir des pieds de beuh de plusieurs mètres de haut, poussant un peu partout au bord des routes et même dans l'enceinte de certaines guest-houses. Weed en anglais veut dire mauvaise herbe ne l'oublions pas. Finalement, il y a encore quelques traces des années hippies.

Nagarkot 

Le lendemain, nous nous levons à l'aube (5h) afin de prendre le fameux bus touristique pour Pokhara. Cela nous donne l'occasion de constater que les népalais se lèvent tôt, très tôt. Nous croisons quelques écoliers en uniformes, des femmes qui se retrouvent aux puits ou sources publiques afin de puiser de l'eau, les personnes âgées qui font leurs prières matinales, les marchands déjà installés avec leurs fruits et légumes. Bref, il y a déjà de la vie. Nous arrivons au tourist bus park à 5h45 en avance (pour une fois) pour attendre le bus de 6h.

6h... 6h15... 6h30... Rien... nous commençons à nous inquiéter. Un policier nous dit d'attendre et qu'il va arriver. 6h45... 7h.. rien. L'agent de police nous prête son téléphone pour appeler Mohan qui vient d'avoir le chauffeur du bus au téléphone. Il nous dit que le chauffeur ne passera pas par cet arrêt aujourd'hui. Premier échec du voyage! Cela nous donne l'occasion de profiter encore un peu de Bhaktapur et de commencer à écrire le blog. Et là encore, tout ne se passe pas comme prévu. Alors que nous allions publier un article, internet bug et nous perdons nos écrits. Deuxième échec de la journée. Après un nouveau moment en compagnie de Mohan,nous sommes fin prêts à prendre le bus du lendemain matin. Cette fois c'est la bonne ! See you at Pokhara!

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Bienvenue à Pokhara!

Après 7 h de trajet (pour 215 km) depuis Bhaktapur, nous arrivons à Pokhara vers 14 h et nous rejoignons notre hôtel à pied sous une chaleur de plomb. L'hôtel "immortal inn" est le plus propre et le plus accueillant que nous ayons eu jusqu'à présent et pour le même prix que ceux de Katmandou. Pokhara est situé à 900 m d'altitude et borde le lac Phewa. La ville est entourée de belles montagnes que l'on aperçoit par temps dégagé. Pokhara nous plait tout de suite, c'est plus calme et moins pollué que Katmandou. Les rues sont plus larges et la nature est beaucoup plus présente. C'est un lieu de transit pour les trekkeurs et de nombreux touristes viennent y faire du parapente / rafting / vélo etc... nous nous sentons si bien ici que nous prenons notre temps. C'est aussi l'occasion pour nous de préparer le trek des Annapurnas. Mais, rien ne presse... En attendant nous profitons du bord du lac et des nombreux restaurants. Il y a même une très bonne crêperie française, un peu de chauvinisme ne fait pas de mal.😉 Après quelques jours de farniente, nous décidons de faire une petite excursion d'une demie journée, en kayak sur le lac. Nous naviguons tranquillement en observant la beauté des paysages, c'est un moment très apaisant jusqu'à l'arrivée de sombres nuages.... nous avons rebroussé chemin sous une pluie torrentielle ! Heureusement ici, même la pluie est chaude.

Pokhara  

Le lendemain nous nous levons avant le soleil ( chose assez rare pour être notée). Nous avions commandé la veille, un taxi pour 5h du matin afin de nous rendre à Sarangkot, pour assister au lever du soleil sur la chaîne des Annapurnas et du Machapuchare, signifiant queue de poisson et culminant à 6993 m, montagne sacrée et par conséquent interdit aux alpinistes. Quel spectacle magnifique ! Nous avons contemplé le soleil levant, qui projetait progressivement ses rayons sur les sommets. C'était un moment très calme, comme si nous assistions à un spectacle au ralenti. Puis, au bout d'une heure, la représentation s'est achevée et le rideau de brume a recouvert la scène.

Nous avons ensuite rejoint Pokhara à pied à travers la jungle, les rizières et les bananiers.

De G à D: Annapurna South, Annapurna I, Machapuchare (le gros pic), Annapurna IV et II 

Il est l'heure pour nous de préparer nos affaires pour le trek ! Départ demain matin, mercredi 26 septembre.

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6h45 c'est parti pour 5 h de route (80 km) direction Besisahar. Une fois arrivés, nous décidons de prendre une jeep en compagnie d'un américain pour avancer un peu jusqu'à Arkhale car ce tronçon est très fréquenté par les véhicules. En partant, le chauffeur passe prendre trois locaux. Du coup, nous sommes 7 dans la jeep, un peu serrés et ça secoue! Au bout de 2h de trajet, le chauffeur se met à discuter du prix et nous annonce 1000 rps par personne au lieu des 500 préalablement fixés avec son collègue. Malgré nos protestations, il décide d'arrêter le véhicule. Il n'ira pas plus loin et nous plante là en pleine cambrousse (proche de Bhulbhule - 930 m). Nous continuons donc le trajet à pied, à travers les rizières et les bananiers. Après deux heures de marche, nous arrivons à Bahundanda trempés de sueur et la faim au ventre car nous n'avons presque rien mangé de la journée. Nous trouvons finalement un lodge sympa avec vue sur la vallée, c'est très sommaire mais ça fera l'affaire.

Rizières  

Jeudi 27 septembre : Bahundanda (1310 m) - Tal (1700 m) 8h de marche

Au début du chemin, nous croisons de nombreux villageois mais aucun trekkeur. Les paysages sont absolument magnifiques. Nous progressons au milieu des rizières et des montagnes à la végétation luxuriante. Il y a de nombreuses chutes d'eau et des torrents. Il fait très chaud et l'humidité doit atteindre 80 %.

La marche n'est pas trop difficile mais nous suons à grosses gouttes. Un vrai climat tropical !

Nous nous arrêtons juste un peu avant Chyamche pour déjeuner devant une très belle chute d'eau. Là, nous croisons deux allemands qui étaient dans le bus avec nous et un groupe de français. Ils continuent leur chemin à l'exception de Benoit et Sophie, un sympathique couple franco-suisse.

Finalement, nous décidons de continuer le chemin en leur compagnie jusqu'à Tal.

Apres 8 heures de marche, lessivés mais heureux d'avoir terminé cette première étape, nous retrouvons le reste du groupe (en fait un autre couple français Giselle & Damien, Max l'anglais et Simon l'allemand). Ce soir, c'est séance de stretching pour tous, animé par Antoine !

Vendredi 28 septembre : Tal (1700 m) - Timang (2630 m) 6h de marche

Départ 6h pour profiter de la fraîcheur. La végétation a changé. Nous croisons des maïs, des pommiers, des feuillus, des résineux et des pieds de beuh un peu partout !

Nous passons Dharapani, Bagarchâp, Danagyu. En route, nous croisons le chemin de Corinna, une allemande qui voyage seule et qui chemine désormais avec nous. Nous arrivons enfin à Timang après une montée interminable ! Nous avons les jambes en compote et nous décidons de rester là, après le repas de midi. Le reste du groupe continue jusqu'à Chame . Nous profitons de l'après-midi pour faire une petite lessive et se reposer. Ce soir c'est Dhal bat et garlic soup ( il paraît que l'ail aide à lutter contre le mal des montagnes).

Samedi 29 septembre : Timang (2630 m) - Upper Pisang (3660 m) 9h de marche

Départ 7h20. Aujourd'hui, nous espérons rejoindre le petit groupe. Nous sommes en pleine forme, l'étape est splendide et nous avançons assez vite. Nous sommes surpris par la grande diversité des paysages au fur et à mesure de notre avancée. Les paysages tropicaux ont laissé la place aux paysages plus alpins. Le ciel est dégagé et nous apercevons souvent les sommets qui nous entourent. Ce matin, nous avons eu la chance de voir le Mamaslu (8163 mètres). Pour la première fois, nous apercevons également au loin les Annapurnas, c'est grandiose !

Le temps est de notre côté, il fait beau et assez frais, finit les chaleurs tropicales. Nous prenons le temps de discuter et de prendre des photos, c'est très agréable. Nous arrivons tranquillement à Upper Pisang où nous retrouvons le groupe. Libérés de nos gros sacs, nous grimpons encore un peu jusqu'au temple boudhiste où a lieu la prière du soir. Ce soir, après le nouveau rituel du stretching, nous nous endormons face à l'Annapurna II et IV (7937 m et 7525 m). Magique !

Dimanche 30 septembre : Upper Pisang (3660 m) - Braka (3360 m) 8h de marche

Départ 6h20. Nous laissons partir le groupe pour pouvoir aller à notre rythme. La journée commence fort avec un gros dénivelé positif pour accéder au village de Ghyaru. L'altitude commence à se faire sentir, nous sommes plus vite essoufflés. Nous croisons un peu plus de trekkeurs, souvent accompagnés de guides et porteurs. Certains d'entre eux nous semblent vraiment trop chargés et peu équipés. Porter une cinquantaine de kilos en tong ne doit pas être évident, pourtant ils nous dépassent souvent. Le village culmine à 3660 m et fait face aux Annapurnas II et IV... impressionnant!

Après une petite pause, nous continuons jusqu'au petit village de Ngawal (3720m) pour le repas de midi. Par moment le paysage nous fait penser à la Corse avec des odeurs de pins et de maquis. Nous passons à côté de nombreuses cultures de patates, de blé et de sarrasin. C'est l'heure des récoltes et de nombreux paysans sont affairés aux champs. Ici tout se fait à la main. Nous redescendons dans la plaine en direction de Braka en passant par des paysages qui cette fois pourraient évoquer la Californie. Nous retrouvons le reste du groupe à l'hôtel. Ce soir, on se fait plaisir en goûtant le burger végé au fromage de Yak.

Lundi 1er octobre : de Braqua (3360 m) à Khangsar (3750 m) 3h de marche.

Aujourd'hui, journée off ! Nous avons seulement 3h de marche pour rejoindre Khangsar afin de nous acclimater tranquillement à l'altitude. Corinna, Max et Simon ont décidé de grimper jusqu'à l'Ice Lake alors que Giselle et Damien ont continué leur chemin jusqu'au base camp du Tilicho Lake. Nous avançons désormais à 4 avec Benoît & Sophie. Cette petite étape permet de nous reposer et de jouer aux cartes. Le soir venu, la salle commune accueille de nombreux locaux et moines bouddhistes. L'ambiance est chaleureuse et ça sent bon le feu de bois (un peu les chaussettes chaudes aussi nous dit la gérante, nous les avons mises à sécher au bord du poêle...). Nous ne souffrons pas de l'altitude et cette journée nous a fait du bien. Nous buvons beaucoup pour aider notre corps à s'acclimater.

Mardi 2 octobre : Khangsar (3760 m) - Tilicho base camp (4150 m) 7h de marche

Durant cette étape, nous croisons des paysages très variés, le soleil et le vent sont de la partie. Les montagnes s'étendent à perte de vue. C'est une étape magnifique. Avant de rejoindre le base camp, un passage assez escarpé et rocailleux à travers des pierriers, nous attend. La concentration est de mise pour ne pas glisser. Nous sommes heureux d'arriver enfin au base camp. Dans l'après-midi, nous avons la surprise de voir arriver Corinna qui arrive de Braqua après avoir fait l'ice lake hier...

Mercredi 3 octobre : Tilicho base camp (4150 m) - Tilicho Lake (4990 m) - ShriKharka (4040 m) 8h de marche

6h20, nous voilà partis pour l'ascension du lac le plus haut du monde. Dès le départ, la montée est raide. Le froid et l'altitude n'arrangent rien. La végétation et l'oxygène deviennent rares mais nous avançons à notre rythme. 4807 m, nous avons dépassé l'altitude du Mont-blanc. Puis nous arrivons sur un plateau à 4990 m avec un passage à 5000 m, encore un peu d'efforts et nous voilà arrivés devant un panorama magnifique.

Devant nous s'étend le lac du Tilicho d'un bleu intense. Sur notre gauche, un glacier au pied de falaises enneigées se jette dans le lac. Nous avons l'impression de nous tenir devant un gigantesque tableau aux couleurs pastel. Le spectacle est tellement beau que cela en est presque irréel. Nous profitons d'un petit thé pour nous réchauffer et apprécier la vue. Le vent se fait de plus en plus fort, il nous glace le visage et les mains. Il est temps de redescendre au camp de base. Après un repas bien mérité, il est déjà l'heure de repartir pour Shrikharka en repassant par la zone de glissement de terrain et les pierriers.

Jeudi 4 octobre : de Shrikharka (4040 m) à Yak Kharka (4050 m) 6h de marche

Au réveil à 5h30, le ciel est très nuageux. Il a plu cette nuit et une fine couche de neige a recouvert les montagnes. Il fait très froid et de tout petits flocons continuent de tomber. Finalement le soleil apparaît assez vite. Nous traversons des plaines qui nous font penser à l'Irlande. En descendant vers Yak Karka, le paysage devient soudainement automnale. La végétation a pris une jolie couleur orangée et ça sent bon la feuille morte. Nous faisons une petite pause avec le groupe pour boire un thé et goûter pour la première fois, le fameux fromage de Yak sec accompagné de chapati ( pain / galette népalais). Nous reprenons la route, Sophie et Aurélie ouvrent la voie et tombent nez à nez avec trois énormes Yaks. Ils sont menés par un berger et semblent bien plus effrayés que nous. Nous apercevons sur les crêtes au loin, plusieurs blues sheep (sorte de chamois) et quelques aigles avant d'arriver à destination.

Vendredi 5 octobre : Anniversaire d'Aurélie - de Yak Karka (4040 m) à Thorung Phedi (4564 m) 4h de marche

Aujourd'hui, c'est une petite étape mais nous sommes de plus en plus haut. Sur notre route, nous croisons des troupeaux de yaks et de moutons. Le paysage est de plus en plus désertique. Nous nous enfonçons dans la vallée, la route et le paysage nous font penser au Mordor dans "le Seigneur des anneaux". Nous décidons de nous arrêter à Thorung Phedi car le Thorung high camp est à 4700 m ce qui ferait trop haut pour y dormir après Yak Karka (risque de MaM). Dans le lodge, nous rencontrons Nici, un allemand, et son guide Man avec qui nous jouons aux cartes. Dans l'après-midi, nous allons acheter un morceau de gâteau aux pommes pour fêter l'anniversaire d'Aurélie. Dès la tombée de la nuit, le froid se fait de plus en plus sentir et nous attendons tous avec impatience l'allumage du poêle à bois.

Samedi 6 octobre : de Thorung Phedi (4564 m) au col de Thorung La (5416 m) et redescente jusqu'à Ranipawa (3680 m) 9h de marche

Aujourd'hui c'est le grand jour ! Départ 5h tapante direction le col de Thorung La ( 5416 mètres). Il fait encore nuit quand nous quittons le lodge. Le ciel étoilé est magnifique. Pour la première fois, nous apercevons un croissant de lune à l'horizontal. Malgré ce spectacle, la montée vers le high camp à la frontale est rude. Aurélie se sent nauséeuse. Un guide lui conseille de manger une soupe à l'ail et de voir si ça passe. Nous décidons de continuer l'ascension. La montée vers le col est moins raide mais reste difficile. Nous avançons tous les deux très lentement mais Antoine motive les troupes. Il décharge même Aurélie de son sac pendant une montée malgré ses protestations ! Aurélie reçoit de Corinna un sucre énergétique et une gousse d'ail à mâchonner de la part d'une autre trekkeuse. Corinna relaie un moment Antoine pour porter le sac d'Aurélie jusqu'au prochain arrêt. Le paysage est désertique, lunaire, c'est beau mais nous n'en profitons pas pleinement. Aurélie finit par se sentir mieux et récupère son sac. La route n'en finit pas mais après quelques efforts supplémentaires, nous atteignons enfin le col. Explosion de joie !!! Quel soulagement et quel plaisir ! Nous sommes heureux et fiers d'y être arrivés. Nous avons de la chance avec le temps, le ciel est dégagé et le vent peu présent. Le col sépare le Thorung Peak du Yakawa Kang, deux sommets recouverts par des glaciers qui s'étendent quasiment jusqu'à nous.

Après quelques photos et un thé, nous repartons pour une descente de plusieurs heures. Grâce aux strapping qu'Antoine a fait la veille, les genoux des filles se portent bien. Nous arrivons dans une vallée désertique. Au loin, une oasis de verdure borde les villes de Ranipauwa et Muktinath. Nous allons dormir à l'hôtel Bob Marley de Ranipauwa qui, malgré les apparences, était très confortable et accueillant. Le soir, nous rencontrons des porteurs népalais avec qui nous jouons au billard avant d'aller nous coucher, suite à cette grande journée.

Dimanche 7 octobre : de Ranipauwa (3680 m) à Marpha (2700 m) 7 h de marche

Nous partons de Ranipauwa pour aller en direction de Lupra. Le chemin commence par une montée jusqu'à un col dominant la vallée de Ranipauwa et celle de Lupra. Les versants sud sont très arides tandis que ceux du nord sont légèrement verdoyants (maquis et sapins), cela crée un très beau contraste. Nous apercevons pour la dernière fois les montagnes du col de Thorung La. En descendant vers Lupra, nous avons la chance d'assister à un ballet aérien de plusieurs aigles / buses au-dessus des falaises. Après un très bon repas dans ce charmant village, nous continuons notre chemin en suivant le lit de la rivière en direction de Marpha. Nous imaginons la quantité d'eau pendant la mousson, qui doit être énorme. Nous poursuivons notre chemin dans la vallée de Jomson, face à un vent à décorner les bœufs qui nous fait vaciller tant les bourrasques sont fortes. Arrivés à Jomson, nous prenons une jeep pour éviter la route jusqu'à Marpha. Nous retrouvons par hasard Nici et son guide Man à la paradise guest house. C'est la fin de notre trek.

Lundi 8 octobre : Marpha (2700 m) - Pokhara (900 m) by bus (12h de transport pour 148 km)

Ce matin, c'est l'habituel micmac des bus : le bus arrive avec deux heures de retard mais sans place assise pour nous... il nous faut attendre encore une heure pour pouvoir embarquer pour le trajet le plus long et le plus dangereux de notre vie. Le bus emprunte une route des plus dangereuses, surplombant une rivière. Ici, pas de barrière de sécurité, pas de goudron. Nous avançons difficilement à travers les énormes nids de poules et les rochers avec 200 mètres de vide. Profitant d'une pause, certains touristes décident même de continuer à pied. De notre côté, nous n'avons pas vraiment le choix pour rejoindre Pokhara. Malgré un pneu crevé en route et un glissement de terrain qui nous aura fait perdre une heure, nous arrivons au bout de 8h (80km) à Beni pour changer de bus. Ce dernier est plus luxueux, la route est meilleure et il fait nuit (au moins nous ne voyons plus les ravins ! ). Encore 4 h et nous voilà arrivés sains et saufs à l'hôtel" immortal inn" de Pokhara!

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Mosaïque des nos traversées de ponts 
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Mardi 9 octobre, première grasse mat après le trek ! C'est plaisant ! Le soir même, nous retrouvons la quasi totalité du groupe de trekkeurs rencontrés autour des Annapurnas à la "French Crêperie" : plateau de fromages, galettes et crêpes ! Il ne manquait plus que le cidre pour se croire en Bretagne. Nous avons passé une excellente soirée en compagnie de Max, Simon, Giselle & Damien et Benoît & Sophie.

Le retour à Pokhara est pour nous l'occasion de prendre du bon temps. Ici, il y a de très nombreux salons de massage et ce n'est vraiment pas cher ! Il serait dommage de ne pas en profiter. Sur les conseils de Benoit & Sophie, nous nous rendons au Jiva coffee. C'est un super centre de soins au bord du lac. 2h30 plus tard (hé oui on s'est fait plaisir ! ) nous nous sentons tout à fait relaxés, c'est très appréciable après le trek !

Il est bientôt l'heure pour Benoit & Sophie de faire leurs bagages. Ils nous proposent très gentiment de nous délester de quelques kilos d'affaires inutiles après le trek.

Nous nous rendons à plusieurs reprises au Movie Garden sur les hauteurs de Pokhara. Chaque soir, un film est projeté en plein air, suivi d'un concert. C'est un endroit très sympa, une sorte de mini amphithéâtre en béton & pierres, très bien aménagé.

Nous nous rendons également au musée international de la montagne. Nous apprenons un peu plus de choses sur les différentes ethnies qui composent le peuple népalais, leurs coutumes et leurs objets du quotidien. Une partie de l'exposition concerne les sommets de l'Himalaya et ses premières ascensions. En 1950, le français Maurice Herzog est le premier homme à gravir un 8000 m (l'Annapurna à 8091 m). Son équipement était très rudimentaire d'où les gelures aux pieds et aux doigts. Une autre partie du musée est consacrée à la faune et à la flore du Népal, notamment le léopard des neiges qui est une espèce protégée. Enfin, on en apprend un peu plus sur l'histoire géologique de l'Himalaya et sur les enjeux climatiques du futur (accroissement de la population, fonte des glaciers, agriculture, pollution etc...)

Équipements d'alpinisme d'époque, Maurice Herzog et son équipement (sac à dos Millet & doudoune)

En nous baladant au bord du lac, on s'attarde un moment à un endroit assez atypique : le Disneyland Pokhara... en fait, on a plus l'impression que ce sont des anciens manèges européens réhabilités. Le site ne nous inspire pas confiance. La grande roue est devenue une attraction à sensation tellement elle tourne vite...

En continuant notre balade, on s'arrête sur la petite terrasse d'un resto. Le jeune proprio (Basanta) est très sympathique et on parle un peu d'agriculture (à l'entrée du resto, un écriteau affiche : "support organic farmers!") De fil en aiguille, nous organisons une petite journée avec son père qui cultive légumes et fruits à proximité de Pokhara.

Le lendemain matin, nous partons à pied avec Krishna par un chemin à travers la montagne (40 min). De là, nous avons une très belle vue sur Pokhara. Krishna s'occupe de la ferme avec sa femme et ses deux sœurs qui partagent une partie de la maison. Nous comprenons qu'il détient certaines parcelles de terre et qu'il en loue d'autres. Ici, tout est bio, ça n'empêche pas de trouver quelques bouteilles ou résidus plastiques autour de la maison. Nous commençons par charrier du compost jusqu'à un lopin de terre devant chez lui pendant environ une heure . Il reproduit cela tous les 3 mois environ.

Vue de Pokhara, Compost, Séchage des piments, Krishna & son fils Basanta 

Nous faisons ensuite une petite pause "Népali Class". Krishna s'improvise professeur de Népalais mais c'est difficile car il parle vite. Nous essayons tant bien que mal d'écrire en phonétique ce que l'on a appris. Nous sommes assis en tailleur sous l'avancée de la maison. Les femmes rient de nous entendre. C'est un moment assez insolite et plaisant. Puis vient l'heure du Dal Bhat. Il est très bon et un peu plus épicé que dans les restaurants. Il est accompagné d'un yaourt au lait de buffle (et de petites fourmis...) Krishna à trois buffles attachés sous une petite cabane... Le bien-être animal n'a pas l'air d'être une priorité au Népal. Il est l'heure de retourner au travail pour aller faucher de l'herbe pour les buffles. On descend un petit chemin à travers la jungle et les rizières. Krishna nous montre des pieds de café, de mangue et de papaye. Nous fauchons l'herbe avec une espèce de petite serpe comme Panoramix dans Astérix. Tout se passe bien jusqu'à ce qu'au bout d'une demi-heure de fauchage, Antoine s'entaille le petit doigt. Mine de rien, ces serpes coupent pas si mal... Krishna cherche tout de suite au sol des feuilles qu'il roule ensemble afin d'en faire couler le jus sur la plaie ! "Don't worry Baba ! Jungle medicine ! Stop blooding !" Et effectivement, malgré l'entaille le saignement se calme. Nous souhaitons regagner l'hôtel pour apporter les soins nécessaires à Antoine, mais d'abord... Aurélie doit rapporter l'herbe que l'on a coupée ! Krishna en fait un tas qu'il ficelle, puis il accroche le tout avec une corde. La corde sert de point d'appui sur le front pour soulager le dos sur lequel repose le ballot. Népali's style ! C'est plus lourd que le sac à dos pendant le trek ! Antoine a le droit à une jolie poupée et à une attelle improvisée avec les moyens du bord. Que tout le monde se rassure, la plaie a depuis bien cicatrisé.

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Nous prenons le temps de nous renseigner et de prévoir un peu plus la suite du voyage en Inde et en Asie du Sud-Est. Notre plan de voyage est un peu plus clair. En Inde, nous commencerons par notre mois de yoga à Rishikesh puis nous descendrons la vallée du Gange en passant par Agra (Taj Mahal) puis la cité sacré de Varanasi. Direction ensuite le Laos que nous remonterons vers le nord afin d'arriver dans le nord de la Thaïlande. De là, nous descendrons vers le sud du pays avant d'aller au Cambodge puis au Vietnam.

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Cela fait un peu plus d'un mois que nous voyageons au Népal, l'heure pour nous de faire un point sur les spécialités culinaires du Népal 🇳🇵

Petit déjeuner:

Dans la culture népalaise, il ne semble pas exister de petit déjeuner à proprement parler. Le premier repas de la journée consiste souvent pour les locaux en un dal bhat pris en milieu de matinée. Mais les restaurants locaux proposent tous, différentes formules plus ou moins occidentalisées.

Nous avons eu un coup de coeur pour le "Rosemary special breakfast" du Rosemary's Kitchen. Patates, oignons, poivrons à la poêle légèrement épicés, deux œufs (type de cuisson au choix), pancake et son sirop d'érable, une banane, le tout servi avec un jus de pastèque frais et un thé/café pour moins de 3€...

En photo, un autre petit dej riche en couleurs.

Dans la région des Annapurnas, pendant le trek, nous prenions souvent du tsampa porridge ou des pancakes au sarrasin (cultivé aussi dans la région). Le tsampa est de l'orge Tibétain cultivé en altitude car très résistant au gel. Le tsampa porridge est parfois accompagné de morceaux de pommes fraîches. Nous en trouvons essentiellement en altitude et nous en avons mangé seulement pendant le trek. Malgré son aspect de "baby food" comme l'a nommé Corinna, c'est très bon.

Déjeuner / dîner:

Ici le plat national est le dal bhat, une base de riz (bhat) accompagnée d'un bouillon de lentilles (dal), de curry de légumes (patates, haricots...), d'épinards et d'une galette (papadum). Parfois il est accompagné d'ingrédients épicés appelé achards et d'un yaourt (Juju Dhau à Bhaktapur signifiant Yaourt des Rois). On peut en trouver accompagné de viande mais dans sa forme la plus courante, il est végétarien. Le tout est servi à volonté (pour le plus grand bonheur d'Antoine) et se mange avec la main droite, la main gauche étant réservée à la toilette après le passage aux WC. Pratiquement tous les restaurants le proposent sur leur carte mais nous n'avons jamais mangé deux fois le même dal bhat, chacun le cuisine un peu à sa façon. C'est un plat qui n'est pas trop épicé et donc accessible aux papilles occidentales . Il est également très équilibré.

Les momos (cf photo): Ce sont des raviolis originaires du Tibet. Ils sont confectionnés à partir d'un carré de pâte à base de farine de blé, farci de légumes. On en trouve aussi avec de la viande, du fromage... et même plus rarement sucré. La farce peut varier à l'infini. Ils sont servis accompagnés d'une sauce piquante composée de divers piments. Antoine en raffole !

Le Thukpa ou Thenthuk (cf photo): Encore un plat originaire du Tibet. C'est une soupe de nouilles accompagnée de légumes épicés. Très bon quand il fait froid à 4000 m d'altitude. Quelquefois, il est possible de les accompagner de viande de Yak ou de poulet.

Chowmein : Plat d'origine chinoise. Ce sont des nouilles sautées aux légumes, souvent, carottes, choux et oignons.

Le lassi : C'est une boisson à base de yaourt mixé, nature ou avec des fruits (délicieux à la banane)

Touts les restaurants, du petit bouiboui au plus touristique, proposent tous une grande variété de plats. On y trouve des spécialités chinoises, indiennes et même européennes. Le trio pâtes, pizzas, burgers est présent un peu partout même dans certaines lodges en altitude.

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Nous voilà arrivés à Lumbini après 9 h de bus depuis Pokhara. Les routes sont relativement en bon état mais le trajet était désagréable car le bus n'avait pas vraiment de suspension et le chauffeur avait une conduite bien sportive...

Nous sommes dans le Teraï ou région basse. C'est une vaste plaine qui s'étend de l'ouest à l'est du Népal, proche de la frontière indienne. Le teraï fait partie de la plaque indienne qui entre régulièrement en collision avec la plaque eurasienne depuis plus de cent millions d'années (ce qui explique les nombreux séismes dont le celui de 2015). Il est constitué de jungles, marais, forêts et des 2/3 des surfaces népalaises cultivées (maïs, riz, colza, jute) et accueille 40 % de la population népalaise.


Lumbini est une petite ville à 10 km de l'Inde, elle est d'une grande importance pour le bouddhisme. C'est ici que naquit Siddharta Gautama : le Bouddha ! Aussi appelé le Sage ou l'Eveillé, il est né en 623 AVANT J-C. Il n'est ni fils de dieu, ni prophète mais seulement un homme normal qui mena une vie d'ascète. Héritier d'une famille royale, il découvrit la misère du monde à 29 ans au cours de 4 promenades à cheval dans la ville. Il décida alors de tout abandonner et de chercher la voie de la délivrance de toutes les souffrances humaines. Il tint tête à Mara, le démon, assis sous un figuier dans la position du tailleur qui le représente aujourd'hui. Il atteignit ainsi l'éveil et réussit à se libérer de toute souffrance. Dès lors, il parcourut tout le continent asiatique proclamant la loi du karma, loi universelle selon laquelle toute action, bonne ou mauvaise, est punie ou récompensée dans la réincarnation de l'âme. Le bouddhisme ne tient pas compte du système des castes, ni des rites et s'appuie sur une démarche strictement individuelle, ou voie de libération.


Cambodge (G&D) - Birmanie au centre 


Lumbini est un lieu de pèlerinage sacré pour les 600 millions de bouddhistes du monde entier. Le site daterait du VI siècle av JC (traces d'habitation). Il est composé des jardins sacrés et de la zone des monastères.

Les jardins sacrés sont le lieu où la reine Mayadevi mis au monde le futur Bouddha. L'empereur d'Inde Ashoka, qui s'était converti au bouddhisme après une bataille sanglante, lui dédia un temple au III siècle av JC. Il construit aussi une petite colonne qui comporte des gravures attestant que bouddha était né ici. Aujourd'hui, dans le temple de Mayadevi se trouvent les vestiges des anciens temples ainsi qu'une pierre en grès avec l'empreinte du Bouddha qui fut excavée sous trois couches de vestiges, à l'endroit le plus sacré. Selon la tradition, elle désigne l'endroit où le Bouddha posa son pied pour la première fois. Au dessus se trouve la sculpture de la nativité qui date du IV après JC. Elle représente la reine mettant au monde Bouddha ( on ne voit plus les visages, la couche supérieure de la pierre ayant disparu). À côté du temple, se trouve le bassin, la reine Mayadevi s'y serait baignée alors qu'elle était prête à accoucher. Bouddha lui, y aurait pris son premier bain.

Le site fut redécouvert en 1896 après plusieurs siècles d'abandon pour des raisons encore inconnues. En 1967, le secrétaire général de l'ONU, le birman U'Thant, de confession bouddhiste, vient en pèlerinage à Lumbini. Il est choqué par l'état d'abandon du site et lance alors le plan Lumbini qu'il place sous l'égide de l'Unesco. L'idée est de créer ici une capitale universelle du bouddhisme.

Chaque pays abritant une communauté bouddhiste eut la possibilité de financer et de créer une pagode ou un monastère dans une zone dédiée.

Voilà pour le côté historique...


 L'arbre où la reine Mayadevi a accouché - Le bassin sacré - La colonne d'Ashoka et le temple de Mayadevi derrière 


En arrivant sur le site, notre première impression est plutôt positive. Nous sommes heureux de pouvoir nous balader à vélo, en sécurité et dans un parc joliment arboré. Nous nous rendons de temple en temple. Ils sont tous très beaux avec chacun leurs particularités mais, très vite nous sommes interpellés par la démesure. Chaque pays semble vouloir impressionner son voisin. Certains ne prennent même pas la peine de respecter les normes de construction mis en place par l'UNESCO pour ne pas faire d'ombre au temple de Mayadevi... Ne parlons même pas du coup exorbitant du complexe. C'est tout de même questionnant dans un pays où la majorité des habitants ne dispose pas de revenus décents. Le contraste est d'autant plus saisissant car les alentours de Lumbini nous ont paru très pauvres lorsque nous sommes arrivés en bus.

Hormis l'aspect extérieur, chaque temple comporte une énorme statue de Bouddha et quelques textes sacrés. Certains relatent aussi la vie de Bouddha par des fresques ou des statues.

De très nombreux touristes, surtout asiatiques, sont présents parmi lesquels de nombreux pèlerins. Cela nous donne l'occasion d'observer la ferveur religieuse : les pèlerins jettent des billets dans les endroits les plus sacrés, laissent de nombreuses offrandes, fleurs et encens mais aussi plus surprenant des Pringles ou même du Coca-Cola... (on se demande si Bouddha aurait apprécié les offrandes de ces géants de l'agroalimentaire... )

Encore une fois, le plastique est partout. Et chose assez surprenante dans un site sacré, les gens jettent de ci de là des bouteilles en plastique dans les bassins et devant les temples.

Décidément l'écologie n'est pas arrivée jusqu'en Asie. Depuis le début du voyage, cela nous interpelle et nous questionne, nous agace aussi, pour tout dire. Nous avons bien conscience que cette problématique touche à des questions d'éducation, de développement économique, de politique de gestion des déchets etc... Et même si certaines villes organisent des points de collecte, cela nous semble bien dérisoire par rapport à l'envergure du problème. C'est un sujet qui nous tient vraiment à coeur et nous aurons certainement l'occasion d'en rediscuter.


World Peace Pagoda - Temple de la Chine - Temple de la Thaïlande

Comme la plupart des touristes, nous ne nous attardons pas à Lumbini, où il n'y a pas grand chose d'autre à faire, et nous partons en direction du parc national de Bardia.

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Lundi 22 octobre, départ de Lumbini à 5h45 direction Thakurdwara. Arrivés 12 heures plus tard, nous sommes ravis de découvrir le charmant jardin du lodge où nous allons passer les prochains jours. Mr B's place est un endroit vraiment accueillant et on s'y sent tout de suite bien.

Le parc national de Bardia est une zone protégée depuis 1988. Couvrant une superficie de 968 km2, il s'agit de la plus vaste des zones sauvages du Teraï népalais.


Martin-pêcheur - Aigle - Biches - Langur - Bulbul

Dès le lendemain, nous nous rendons dans le parc national pour une première excursion en jeep. Trois guides de Mr B's place nous accompagnent (Bebus, Krishna et Susela) ainsi que deux touristes australiens (Ben et David). Nous descendons souvent de la jeep pour observer la faune et la flore. Les guides prennent le temps de nous montrer certaines empruntes laissées par les tigres, éléphants et rhinocéros. Ils nous renseignent sur les plantes et les arbres présents dans le parc. Nous avons la chance de voir de nombreux oiseaux. Le Népal en accueille plus de 450 espèces, ce qui est assez exceptionnel. Ben nous dit qu'en Australie, il y a plus de 800 espèces pour un territoire beaucoup plus grand. Nous avons pu observer des perroquets, des pics, des bulbuls, des cigognes, des canards, des aigles, des martins-pêcheurs et bien d'autres. En route nous croisons de nombreuses biches, de nombreux singes (macaques et langurs) et même une loutre. La forêt regorge de petits insectes très colorés mais aussi de sangsues au grand désespoir d'Aurélie. À la fin de la journée, nous avons la chance de pouvoir admirer trois rhinocéros depuis une tour d'observation. C'est vraiment impressionnant. Le soir venu, une petite surprise attend Antoine. Nous fêtons son anniversaire avec Ben et David autour d'un gâteau à la banane confectionné par Susela.

Pic - Bulbul - Lotus - Fleur - Empreinte d’un Tigre - Macaques 

Les jours suivants nous nous rendons encore à plusieurs reprises dans le parc, à pied et en rafting. Finalement, nous avons préféré ces modes de déplacements plus discret et à notre avis plus respectueux de la vie sauvage.

Lors de notre deuxième excursion, nous avons marché toute la journée dans le parc. Susela nous a donné les consignes de sécurité au cas où nous tomberions nez à nez avec un rhinocéros, un tigre ou un éléphant.... rassurant quand on sait que les guides n'ont qu'un bâton pour se défendre. Nous avons passé de longs moments à observer la faune, camouflés dans la végétation ou perchés dans les arbres. Dans l'après-midi, nous avons suivi l'intuition de Susela et sommes restés plusieurs heures au même endroit à attendre l'arrivée d'un tigre. Notre patience a été récompensée. Alors que l'on y croyait plus, un tigre majestueux a fait son entrée sur les bords de la rive opposée. Il est sorti des hautes herbes tranquillement et a avancé petit à petit dans notre direction. Nous avons essayé de contenir notre excitation et de rester le plus discret possible pour ne pas le faire fuir. À plusieurs reprises, il semblait nous fixer, c'était sensationnel. Son avancée lente, nous a permis de bien l'observer aux jumelles avant qu'il ne disparaisse dans les hautes herbes.

Insectes - Tigre - Bikram, le Rhino recueilli par le parc devenu « domestique »

C'est en rafting que nous avons décidé d'effectuer notre troisième excursion. Après avoir rejoint la petite ville de Chisapani par la seule route traversant le parc, nous avons embarqué à bord de notre rafting pour une journée de navigation sur la rivière Karnali. Nous avons adoré nous laisser glisser au fil de l'eau en observant les paysages magnifiques et les nombreux oiseaux. Nous avons trouvé cela très paisible. Antoine et Krishna ont eu la chance d'apercevoir très brièvement un tigre qui s'est aussitôt enfui dans les hautes herbes en nous voyant.

Journée Rafting 

Lors de notre quatrième et dernière excursion, nous sommes retournés à pied dans le parc en compagnie de Susela. Cette fois nous avons pu apercevoir un crocodile en train de prendre son bain de soleil et deux rhinocéros en plus de la faune "habituelle ".

Dernière journée de marche à Bardia 

Nous avons adoré ces excursions en compagnie de Susela. Elle est passionnée par la faune et la flore, ce qui fait d'elle une excellente guide. Elle n'hésite pas à s'arrêter pour nous raconter des anecdotes. Grâce à ses livres sur les oiseaux et les papillons, nous avons pu connaitre le nom de ceux que nous observions..

En dehors des excursions au parc national, nous avons profité de notre séjour pour visiter la belle campagne environnante lors de plusieurs promenades. Cela nous a permis d'observer différents travaux de la vie paysanne.

Autour de Bardia 
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Mercredi 31 octobre : L’heure est venu pour nous de quitter le Népal après 46 jours d’immersion.

Ce pays restera a jamais gravé dans notre mémoire comme le début de notre aventure. Nous y avons appris à bousculer nos habitudes et à nous ouvrir à d’autres cultures. Cela n’a pas été facile tout de suite car c’était la première fois pour nous, que nous vivions immergés dans un pays étranger. Il nous a fallu du temps pour apprécier la beauté du Népal. Bien que nous n’ayons pas eu un réel coup de cœur, nous y avons passé des moments incroyables dans des endroits magnifiques. Nous avons particulièrement aimé le trek des Annapurnas et le parc national de Bardia, en fait là, où la nature est la plus présente. Même si certaines villes, comme Bhaktapur ou Bodnath, ont su nous séduire. Nous y avons également fait de très belles rencontres humaines, avec des népalais et des occidentaux.


Nous partons donc de Bardia le 31 octobre pour rejoindre la frontière Népalo-Indienne de Mahendranagar - Banbasa. La suite dans un nouveau carnet dédié à l’Inde.

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Notre voyage au Népal est terminé!

Si vous voulez suivre nos aventures en Inde 🇮🇳 : Cliquez sur le lien ci dessous!

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AurelieEtAntoineLire ce carnet de voyage

Inde

Nous voilà en Inde! Non sans craintes, il faut bien l’avouer! À nous de découvrir le sens de l’expression « India is magic, India is tragic » d’Haridwar à Rishikesh, d’Agra à Varanasi.