Inde

Nous voilà en Inde! Non sans craintes, il faut bien l’avouer! À nous de découvrir le sens de l’expression « India is magic, India is tragic » d’Haridwar à Rishikesh, d’Agra à Varanasi.
Du 31 octobre au 7 décembre 2018
38 jours
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Bienvenue en Inde!

Nous sommes le 31 octobre 2018 quand nous traversons la frontière népalo-indienne entre Mahendranagar et Banbasa. (Si vous avez loupé notre carnet sur le Népal : https://www.myatlas.com/AurelieEtAntoine/nepal-1) Après 6 h de trajet en bus depuis Bardia jusqu'à la frontière, un tuk-tuk nous emmène du côté indien jusqu'à Banbasa. Nous arrivons dans un bar miteux à l'image de cette ville frontalière. Nous n'avons vraiment pas envie d'y passer la nuit. On nous informe qu'un bus part dans une heure pour Haridwar, notre destination finale. Banco ! C'est parti pour 10 h supplémentaires de bus. Nous sommes dans la grande plaine qui prolonge le teraï népalais. Les routes sont en assez bon état par rapport au Népal et on y trouve le même type de détritus au bord des routes. Ici et là des odeurs de feu mêlant bois et plastique, des effluves d'égouts et d'urine... Nous arrivons finalement à Haridwar aux alentours de 23h30 pour rejoindre l'hôtel que nous avions tenté de réserver depuis le bus. Nous sommes très heureux de ne pas avoir à dormir dans la rue après ces 17 h de trajet...

Aarti  

Haridwar est une cité sacrée pour les hindous car selon la légende une goutte du nectar de vie qui procure l'immortalité (l'amrita) y serait tombée. Le fidèle qui se baigne dans le Gange voit ses péchés effacés. Il y a donc de très nombreux pélerins hindous et peu d'occidentaux. Les ruelles sont bondées et on circule difficilement entre les piétons, les marchands et les nombreuses motos. C'est coloré et il y a plein d'odeurs (des bonnes et des mauvaises). Tous nos sens sont en éveil. Ici aussi on klaxonne à tout va ! Nous sommes-nous habitués aux villes asiatiques ? En tout cas, nous sommes beaucoup moins heurtés par l'agitation ambiante. Il y a quelques regards qui s'attardent sur nous, plus qu'au Népal, mais c'est tout à fait supportable.

Retour de la poste indienne dans la rue principale  

Le soir venu, les ghâts (quais du Gange) sont pris d'assaut par les très nombreux pélerins. On parle ici de milliers de dévots ! Tous les soirs, à la tombée de la nuit, a lieu la cérémonie de l'Aarti (ou cérémonie du feu). De gros hauts parleurs retransmettent les chants religieux psalmodiés par des milliers d'âmes et pendant que les cloches tintent, de nombreux fidèles procèdent à leurs ablutions dans le fleuve sacré. Les prêtres tiennent à bout de bras de grosses vasques enflammées qu'ils font tourner devant eux suivant une chorégraphie hypnotisante. Ils passent ensuite parmi la foule qui reçoit la bénédiction purificatrice du feu en mettant les mains en coupe par dessus la flamme puis en les portant au front.

Aarti 

La cérémonie terminée, le Gange reçoit en offrande des centaines de coupoles de bananiers contenant fleurs et flammèches. C'est un spectacle qui ne nous a pas laissés insensibles et nous nous sommes laissés envoûter par l'atmosphère mystique de ce rituel ancestral.

Aarti 

À Haridwar, nous nous sommes initiés à la gastronomie indienne. Nous sentons que les plats sont plus épicés qu'au Népal sans pour autant être trop pimentés. Le choix y est beaucoup plus important. On peut par exemple trouver une multitude de pains différents. Notons que dans les deux villes saintes de Haridwar et Rishikesh, la viande et l'alcool sont proscrits (sauf au marché noir...)

Noël approchant, nous décidons d'envoyer les cadeaux à notre famille par la poste indienne. C'est toute une histoire pour emballer notre colis et nous ne sommes pas sûrs qu'il arrive en France... Mais nous sommes heureux de nous délester de 4kg pour la suite de notre aventure.

Notre formation de yoga est sur le point de commencer. L'heure est venue pour nous de rejoindre Rishikesh qui se trouve à une trentaine de km au nord de Haridwar.

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Une heure seulement sépare Rishikesh d'Haridwar. Nous ne sommes plus habitués aux trajets si courts.

C'est un environnement totalement différent qui nous attend.

Rishikesh est connue pour être la capitale mondiale du yoga. La ville est devenue célèbre car les Beatles y sont venus pour méditer dans un ashram, aujourd'hui en ruine, en 1968. Dans les quartiers touristiques de Laxman Jhula et Ram Jhula on croise plus de yogi européens que d'indiens. Les boutiques ne s'y sont pas trompées et s'adressent particulièrement à ce public. L'autre facette de Rishikesh est plus populaire, avec son grand marché, ses habitations et ses bouchons.

Tout comme Haridwar, la ville se situe au bord du Gange. La cérémonie du feu (Aarti) a également lieu sur deux ghâts de la ville mais la ferveur y est moindre qu'à Haridwar.

Vue depuis un restaurant, quelques citations du café des Beatles, vue depuis et sur le pont de Laxman Jhula

Le 6 novembre nous avons commencé notre formation dans un ashram au bord du Gange et à l'écart de la ville. C'était la première fois que la formation avait lieu dans cet ashram et les photos que nous avions vu en réservant ne correspondaient donc pas. Finalement ça a bien fait l'affaire même si Aurélie a d'abord eu du mal à avaler la pilule.

Levée de soleil sur le Gange depuis notre balcon, Essai de Sari pour Aurélie 

Nous y avons rencontré Tamas, un allemand toujours attentionné vivant à Copenhague ; Suriya, une singapourienne, mère de 7 enfants au regard rieur ; Betka, une pétillante slovaque ; Federica, une argentine ayant toujours le sourire ; Claudia, une belle et chaleureuse italienne ; Romy, une tchèque déjantée au rire tonitruant ; Sélina, une douce et discrète allemande et Leyla, une autre allemande au caractère bien trempé.

 Groupe au complet

Ces 25 jours ont été intenses. Nos journées débutaient vers 6h30 avec la réalisation du jala neti. C'est une technique de nettoyage nasal à l'eau salée qui vise à dégager les sinus pour favoriser une meilleure respiration.

Nous devions ensuite chanter des mantras ( sons ou phrases répétées plusieurs fois avec un certain rythme dans un but de méditation). Cette partie est souvent passée à la trappe...

De 7h15 à 9h, tous les jours, nous avions Ashtenga avec Ravi. Cette discipline place en son centre la respiration lors d'enchaînements de postures. Le mouvement est donc synchronisé avec une inspiration ou une expiration. C'était un cours très soutenu avec beaucoup de rigueur. Surtout à la fin de la formation car le nombre de postures étaient de plus en plus important. Voici un petit extrait de notre cours si vous voulez vous exercer à la salutation au soleil "B":

Salutation Au Soleil B - Surya Namaskar B 

Le cours de 9h se divisait en plusieurs parties : Pranayama (exercices de respiration), Iyenger (asanas, postures et alignement). C'est aussi pendant ce cours que nous avons appris des techniques de nettoyage chères au Yoga (nettoyage nasal, stomacal et intestinal). Durant la dernière semaine de formation, nous avons pratiqué l'aerial Yoga & acro Yoga pendant ce créneau.

Acro & Aerial Yoga 

À 10 h, venait enfin l'heure du petit déjeuner tant attendu par tous ! Nous avions un peu de temps libre avant le cours de midi pour lire, nous reposer et faire notre lessive.

À midi, nous avions cours de philosophie avec Sanjaan. Nous avons beaucoup appris sur le Yoga, son origine et ses valeurs. Sanjaan nous a également enseigné quelques techniques de relaxation et de méditation.

De 13h à 16h, nous disposions de temps libre afin de manger et d'étudier.

De 16h à 17h, Neeraj nous a enseigné quelques bases d'anatomie et de médecine ayurvédique ainsi que des notions fondamentales autour des chacras. Nous avons d'ailleurs fait l'expérience d'une consultation ayurvédique chez un médecin.

Enfin de 17h15 à 18h45, nous avons sué pendant le cours d'Hatha Yoga en compagnie de Vikas. Le Hatha Yoga, qui est le plus ancien, concerne principalement les postures (asanas), le souffle (pranayama) et la méditation. Il n'y a pas d'enchaînements codifiés car il existe des centaines et des centaines d'asanas.

Hatha Yoga avec Vikas 

Tous les dimanches, nous avions quartier libre. La première semaine, nous avons profité d'une excursion dans un temple hindou. La deuxième semaine, nous avons descendu le Gange en rafting avec le groupe. Ce fut une expérience fort sympathique, pleine de sensations fortes et de rires ! Lors du dernier dimanche, nous avons passé la majeure partie de la journée à la recherche d'un distributeur qui voudrait bien nous donner un peu d'argent ! Il semble qu'il y ait de gros problèmes d'approvisionnement de cash dans les banques à Rishikesh... nous en avons également profité pour réviser en vue des examens finaux. Tout s'est bien passé, nous sommes désormais tous deux professeurs de yoga reconnus par Yoga Alliance.

Rafting, Soirée Feu, Cérémonie de clôture  

Durant ces 25 jours, nous avons appris à vivre selon la philosophie du Yoga. Cela nous a beaucoup appris sur nous-mêmes. Yoga veut dire "union" en sanskrit, union du corps et de l'esprit. Ce n'est pas seulement une pratique physique comme on l'appréhende souvent en Europe. Le Yoga est un art de vivre qui comprend huit grands domaines.

YAMA: Vise à apaiser nos relations sociales (Non violence, Vérité, Honnêteté, Maîtrise des désirs, Non possessivité)

NIYAMA: devoir envers soi-même (Hygiène du corps et de l'esprit, détermination, acceptation/résilience, développement personnel, conscience que nous sommes totalement intégrés et solidaires de notre environnement)

ASANA: Postures qui visent à la maîtrise du corps

PRANAYAMA: Maîtrise des énergies principalement par des respirations contrôlées.

PRATHYAHARA: Retrait des sens, ne pas se laisser distraire par les flux sensoriels.

DHARANA: Concentration

DHYANA: Méditation / Attention

SAMADHI: Intelligence intuitive, empathie qui va au delà de l'intelligence cognitive.

Nous ressortons enrichis de cette expérience, tant sur le plan personnnel que professionnel. Nous y avons également fait de très belles rencontres humaines. Les adieux ont été quelque peu difficiles mais nous espérons recroiser nos nouveaux amis sur notre chemin.

Cérémonie de clôture  

Il est l'heure pour nous de quitter Rishikesh en compagnie de Federica pour Agra et Varanasi.

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Le vendredi 30 novembre, nous sommes partis de Rishikesh pour rejoindre Haridwar et prendre le bus de nuit qui doit nous conduire jusqu'à Agra. Federica ne prend pas le même bus que nous et part une heure plus tôt. Notre bus est aménagé pour pouvoir y dormir. Deux étages de couchettes se superposent, d'un côté, les lits doubles et de l'autre, les lits simples. Nous sommes séparés de l'allée centrale par une porte coulissante. Nous arrivons à Agra au petit matin (6h) après avoir étonnement bien dormis dans notre compartiment.

À 8h, nous arrivons devant l'entrée et effectivement il n'y a pas trop de monde. Nous sommes très enthousiastes à l'idée de pénétrer dans ce lieu mythique qui est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983. Il est l'une des 7 nouvelles merveilles du monde.

Après avoir franchi les contrôles de sécurité (comme à l'aéroport), nous entrons dans l'enceinte du complexe historique. Le site du Taj Mahal est séparé de l'extérieur par un haut rempart rectangulaire. L'intérieur est composé de trois parties. On entre dans le complexe par la première partie au sud. Il y a trois façons d'y accéder, par la porte Est ou Sud ou Ouest, permettant ainsi l'entrée et la sortie dans le site.

Au Nord, se trouve la grande porte d'accès aux jardins qui composent la seconde partie du site. C'est là que se trouve les quatre fameux points d'eau dans lesquels le Taj se reflètent. La troisième partie est tout au nord du complexe. C'est une grande terrasse qui contient au centre, le mausolée, ainsi que les deux mosquées de part et d'autre.

Porte principale Sud - Taj Mahal  

Le complexe a été pensé de telle sorte que lorsque nous arrivons dans l'enceinte, nous n'apercevons pas complètement le Taj Mahal. Ce n'est qu'une fois la porte principale franchie que le Taj Mahal apparaît dans toute sa splendeur au fond de son jardin. Le spectacle en est d'autant plus saisissant. Aucun mot ne saurait décrire cette perfection architecturale, l'ensemble est parfaitement symétrique et harmonieux. Le bassin qui relie la porte principale au Taj, reflète toute sa splendeur. Nous sommes restés un moment à l'entrée à l'observer, à le photographier comme si nous n'osions pas aller plus loin.

Le Taj Mahal  depuis la porte sud

Ce chef d'œuvre de l'empire moghol, monument musulman donc, est devenu l'emblème de l'Inde, terre des Hindous. Il fut construit entre 1631 et 1653 à l'initiative de l'empereur Shah Jahan. La légende raconte que l'empereur, dans le chagrin du deuil, voulut édifier un monument à l’image de sa défunte épouse Mumtaj Mahal qui mourut en couche à la naissance de leur 14 ième enfant...

Mosquée Ouest - Minaret Sud-Ouest - Jardins

Le Taj Mahal est élevé sur la rive droite de la rivière Yamuna. Le monument est construit en marbre blanc et comporte divers matériaux provenant d'Inde et de toute l'Asie (Turquoise, corail, onyx, agate etc...) Quatre minarets sont placés aux angles de la plateforme de marbre sur laquelle se tient le Taj. Ils s'inclinent vers l'extérieur de telle sorte qu'en cas de séismes, ils devraient s'écrouler en direction opposée aux tombeaux.

Travail de la taille du marbre et d'incrustations de pierres à G 

De part et d'autre du Taj se dresse deux somptueuses mosquées en grès rouge. Seule celle de l'ouest est utilisée à des fins religieuses car c'est la seule, tournée vers la Mecque, l'autre est une réplique exacte, destinée à maintenir la symétrie architecturale.

Nous sommes restés trois heures à nous promener dans le complexe, sans voir passer le temps. Les billets ne permettent pas d'y rester plus longtemps et c'est un peu à contre-coeur que nous sommes ressortis.

Aurélie pose en salamba sirsasana - Photo depuis les jardins - Taj

Nous nous sommes consolés en allant déjeuner au "Joney's Place" où nous avons dégusté des très bons lassis banane - noix de coco - poudre cacao.

Nous sommes repartis en direction du Fort Rouge toujours en compagnie de Deepak dont nous avons loué les services à la journée (600 roupies). Le Fort Rouge est un ancien palais cerné par de beaux remparts de grès rouge. Ces puissants remparts défendaient la cité imperiale. Quatre générations d'empereurs moghols y ont vécu. Cette énorme forteresse abrite une enfilade de palais de marbre, de mosquées et de jardins. Le Fort Rouge offre une très belle vue sur le Taj Mahal. Pour la petite histoire, Shah Jahan y fut emprisonné par son propre fils jusqu'à sa mort. De là, il avait une vue imprenable sur le mausolée de sa défunte épouse... Nous avons fait la visite en compagnie de Jabbar, un guide parlant très bien français (300 roupies).

Entrée du Fort - Vue sur le Taj - Aurélie devant une mosquée - Intérieur du Fort - Incrustations pierres dans le marbre 

Le lendemain, après une journée de lecture et d'écriture, nous avons pris un autre bus de nuit en direction de Varanasi, dernière étape de notre voyage en Inde.

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Lundi 3 décembre, nous voilà arrivés à Varanasi (Bénarès) après une nuit un peu agitée dans le sleeping bus. Pour une fois, il n’y a pas foule pour nous accueillir mais nous trouvons vite un cyclo tuk-tuk qui nous emmène au Hog Hostel. Nous y avions réservé une chambre sur les conseils de Romy, notre amie yogi tchèque, et nous n’avons pas été déçus. Le Hog hostel est assez récent et situé un peu à l’écart d’une grande artère pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Nous retrouvons enfin Federica qui vient d’arriver en train depuis Agra et qui loge au même hostel que nous.


Avec Federica sur les ghats 

Nous avons passé deux journées en sa compagnie à déambuler dans les ruelles et sur les ghats de Varanasi. Ici, il n’y a pas de site spécial à visiter. On se promène en s’imprégnant de l'atmosphère particulière des lieux. Il faut prendre son temps et oser se perdre un peu pour que le charme opère.

Varanasi est une ville de contrastes. Dès que l’on s’enfonce dans les rues perpendiculaires aux grandes artères du centre ville, on se retrouve dans de petites ruelles entre piétons (et motos…) C'est un véritable labyrinthe et il est facile de s’y perdre sans carte. Les rues sont bordées d’une multitude d’échoppes où l’on vend de tout et de rien. Nous passons devant le quartier des magasins spécialisés en Sari, bracelets, légumes, desserts, fruits, enceintes, coques de portables etc… chaque petite boutique a sa spécialité. On se demande comment toutes ces boutiques peuvent vivre de leur commerce tant leur nombre est élevé. Ces ruelles sont le lieu de scènes de vie du quotidien des indiens, qui viennent faire leur marché.

De temps à autre, nous retombons sur une grosse artère où plus qu’ailleurs les vélos côtoient les tuk-tuk, les piétons, les chiens errants, les vaches sacrées, les voitures. Pour les traverser, il faut du courage et de la détermination.


Bienvenue à Varanasi  

Varanasi est une superbe ville pour découvrir la richesse de la gastronomie indienne. Il y a un nombre impressionnant de petites échoppes de rue où l’on mange pour moins d’1€. Outre la diversité des pains qui accompagnent tous les repas, la cuisine indienne est très vaste. On mange souvent des plats en sauce (aussi nombreux que le nombre d’épices) avec des légumes et/ou du fromage (paneer), des boulettes de légumes, tofu, dahl (qui veut dire lentilles), galettes de lentilles ou pois chiches etc… Nous avons goûté aussi aux nombreuses sucreries / desserts indiens le plus souvent à base de ghee (beurre clarifié des vaches sacrées), de sucre et de lait de coco). Sans oublier les lassi, ces boissons faites à base de yaourt, lait et de fruits. Bref un régal pour nos papilles ! Au final, nous n’avons pas eu trop la bouche en feu mais peut-être que nous nous sommes habitués. Les plats sont pour la plupart épicés (Masala veut dire mélange d’épices) et seulement une partie est très pimentée.


Blue Lassi Shop - Tali - Marché - Street Food

Lorsque l’on arrive sur les ghats nous sommes surpris par la quiétude qu’il y règne. Ici ni tuk-tuk ni moto, juste quelques badauds ( touristes et locaux). Bien entendu, on essaie quand même de nous vendre une petite virée sur le Gange (« Namaste ! Boat Sir? ») ou une flûte mais ça reste sympa. On croise aussi des diseurs de bonnes aventures, des indiens avec un grand sourire vous tendant la main afin de vous la masser et même des charmeurs de serpents. Nous pouvons apercevoir aussi des sadhus assis en train de méditer ou de discuter ensemble. Les ghats sont le lieu où les hindous viennent effectuer leurs ablutions (surtout au lever du soleil). Des centaines de personnes se répartissent sur les différents ghats (+ de 80) afin de se laver, faire leur lessive, se brosser les dents ou effectuer des rituels de purification. Nous avons pu observer tous ces rituels pendant 1h de navigation au petit matin avec un sympathique batelier. Chaque soir sur un des ghats, la céremonie de l’aarti a lieu comme à Haridwar.


Ghats 

Les ghats, sont aussi le lieu des crémations, si importantes pour le monde hindou. Sur le site principal réservé aux hindous, on dit que le feu ne s’est pas éteint depuis des siècles tant le nombre de bûchers par jour est important . Et cela n’est peut-être pas une légende. Les hindous, s’ils le peuvent, viennent mourir à Varanasi afin de casser le cercle infernal des réincarnations et aller directement au paradis. Les cinq éléments du corps, eux, retournent à la terre. Certains hindous viennent carrément attendre leur mort à Varanasi. Le rituel de crémation est similaire à celui que nous avons observé au Népal. Ici, pas de pleurs ou de cris, c’est même un peu festif avec des chants et des tambours lorsque la famille porte le corps au bord du Gange. La famille procède ensuite à sa purification en lavant le défunt avec l’eau sacrée du fleuve. Une fois le corps installé sur le bûcher et avant de mettre le feu au bûcher, l’aîné de la famille va se raser le corps. Les femmes ne sont généralement pas présentes. On nous a dit que c'était pour éviter qu’elles ne se jettent dans le feu ou pour éviter qu’elles pleurent et crient. Selon la caste des défunts et leur richesse, la crémation a lieu à différents niveaux sur les berges du Gange. Les membres de la haute caste sont généralement brûlés sur un promontoire. Le nombre grandissant des crémations en Inde pose de sérieux problèmes logistiques et écologiques. Devant la forte demande, des fours crématoires électriques ont été mis en place sur les deux sites principaux de Varanasi. Mais les traditions ont la vie dure et ils sont peu utilisés (davantage par les pauvres car moins coûteux).


Ghats 

Il faut environ 3h et 350 kg de bois pour qu’un corps brûle complètement. Au niveau écologique, cela pose de sérieux problèmes de déforestation pour subvenir aux besoins (selon les prévisions, l’Inde dépassera la population chinoise en 2025 soit environ 1 milliard 500 millions…) Certaines familles sont trop pauvres et ne peuvent pas acheter suffisamment de bois pour que le corps brûle entièrement. Les restes finissent dans le fleuve sacré qui est l’un des plus pollués au monde, entre autres pour ces raisons. L’eau du fleuve n’a rien à voir avec celle plutôt limpide de Rishikesh. Entre temps, des centaines de villes y ont déversé leurs eaux usées sans compter les tonnes de plastiques. À cela s’ajoutent les polluants rejetés par les industries chimiques et l’agriculture intensive. Le gouvernement indien a récemment mis en place un programme de dépollution… ce n’est que le cinquième en 50 ans…

Bref vous l’aurez compris, nous ne nous sommes pas purifiés dans les eaux sacrées et encore moins lavés les dents, dedans. En parlant de dents, nous avons observé une habitude des habitants qui est la consommation du paan. Il s’agit d’une feuille de bétel (trempée une nuit dans de l’eau non filtrée) contenant des épices, des morceaux de noix d’arec, du tabac à chiquer et … de la chaux… les hommes mastiquent ça régulièrement dans la journée pour leur donner de l’énergie (pas pratique pour essayer de comprendre un indien parlant anglais qui a la bouche pleine…) et crachent par terre un jus rouge bien dégueulasse ! C’est un peu leur café sauf que c’est une des premières causes de cancer de la bouche et de la destruction des gencives et de la dentition.


Ghats 


Après un mois et demi au pays de Gandhi, il est temps pour nous de quitter le sous-continent indien et de rejoindre le Laos. L’inde est un pays où règne une atmosphère toute particulière un peu hors du temps où se côtoient traditions et modernité. Sous ses airs un peu anarchique, la vie y suit son cours, semblant trouver un ordre dans le désordre. Finalement c’est assez fascinant. C’est un monde à part où la réalité côtoie parfois le rêve.

Nous sommes tombés sous le charme du fabuleux Taj Mahal mais il y a aussi une multitude de charmants petits temples hindous à découvrir. Nous en avons appris un peu plus sur l’Inde, sa culture, son histoire et ses religions. Nous avons découvert une gastronomie très riche dont il nous reste encore beaucoup à explorer tellement elle est vaste. Les indiens peuvent parfois sembler plutôt fermés au premier abord mais une fois brisée la glace du premier contact, ils vous offrent un grand sourire. Ils sont nombreux à parler anglais dans le secteur du tourisme et du commerce, ce qui facilite les échanges. C’est un pays où plusieurs religions se côtoient relativement bien (Hindouisme, Islam, Bouddhisme, Sikhisme) ce qui crée un joyeux melting-pot.

Graffitis sur les ghats 


Mais ici plus qu’ailleurs, les inégalités sont flagrantes. Le système des castes, même s’il est officiellement aboli, laisse toujours les intouchables sur le côté. Ils n’ont pas les mêmes droits et sont condamnés à exercer les métiers dits impurs. La croissance économique débridée amène son lot de problèmes écologiques et de répartition des richesses dans un pays où le salaire moyen est de 3200 roupies (40 €).

Au niveau sanitaire, ce n’est pas la folie non plus ! L'espérance de vie est de 68 ans environ. Les conditions d'hygiène ne sont pas les même qu’en Europe et bon nombre de restos ou échoppes se verraient fermer boutique chez nous. Mais nous n’avons pas été malades et on a sûrement renforcé notre système immunitaire.

Finalement nous avons pu vérifier le dicton « India is magic, India is tragic »

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Nous prenons donc un taxi ce vendredi 7 décembre pour rejoindre l’aéroport de Varanasi. Le soir, nous dormons en zone internationale à l’aéroport de Bangkok avant de reprendre l’avion le lendemain pour Vientiane la capitale du Laos.

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Notre carnet de voyage au Laos est disponible ici 👇:

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https://www.myatlas.com/AurelieEtAntoine/laos


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