Ca y est, nous revoilà connectés.Pour ceux qui auront le courage de lire, voici le récit que complète les photos de notre séjour dans la jungle.Bonne lecture aux courageux!!
Le 19/01 – Amazonie jour 1
Aujourd’hui nous partons pour la réserve Juma, le lodge au bord du lac sera notre « base ». Pour le rejoindre, nous prenons un premier bus qui nous dépose dans un port à la sortie de Manaus. Puis un premier bateau qui nous fait traverser l’une des branches les plus larges de l’Amazone : le Rio Negro. Nous traversons ce fameux lieu qu’est « la rencontre des 2 eaux » : où le Rio Negro aux eaux claires (pas si claires que ça si vous voulez mon avis)) rencontre le Rio Solimoes aux eaux plus marrons. Mais la différence est frappante. Il parait que les eaux ne se mélangent pas sur plusieurs kilomètres. On observera ça quelques jours plus tard, en quittant Manaus par bateau.
Arrivé au petit port de Careiro da Varzea, nous prenons un second bus. Il emprunte la route nationale qui descend jusqu’à Porto Velho. On croise plusieurs petits bourgs aux maisons sur pilotis en prévision de la montée des eaux. On finit par quitter la route pour rejoindre un chemin de terre rouge. Le chemin est complètement chaotique, je me demande ce que cela donne quand il pleut. [ça on en a eu un aperçu au retour, il pleuvait cordes, on a traversé des parties complètement immergées, le conducteur a passé son trajet à essuyer la buée sur son pare-brise... un voyage détente J ].
NB : La montée des eaux est à son apogée en Juillet. L’écart entre le niveau le plus et le plus bas, peut atteindre 12m !! Quand nous y sommes, c’est le début de la saison des pluies, l’eau va encore beaucoup monter et la forêt n’est encore que peu immergée. Sur les rivages, les herbes hautes poussent (dans lesquelles se cachent notamment les caïmans et serpents). Mais dès qu’il pleut, le niveau d’eau monte et ces herbes se détachent, on voit alors de grosses parcelles d’herbes naviguer tranquillement sur le fleuve. C’est notamment comme cela que les serpents se déplacent.
Enfin nous arrivons au bord de l’eau et montons dans un petit bateau. Ici le fleuve est beaucoup moins large et l’on navigue entre les premiers arbres immergés. C’est magique.
Nous arrivons à notre lodge. Au bord de l’eau une baraque de bois flottante abrite la cuisine et la salle commune, elle est bordée d’une petite terrasse avec quelques transats qui promettent des soirées agréables. Les chambres sont en hauteur, rustiques mais suffisantes. Des moustiquaires partout nous protègent un peu des insectes. Au moins de ceux qui ne passent pas par le toit. En effet le toit en branches de palmiers abrite des dizaines d’araignées. Un grand nombre est tué chaque soir quand le lodge pulvérise ses produits, on retrouve les cadavres un peu partout. Mais il en reste toujours et elles ne sont pas petites… je sers les dents, Raph en grand sauveur en écrase quelques-unes et on se cache sous la moustiquaire !
Pour l’instant nous ne sommes que trois sur place, les autres sont en sortie. Nous avons rencontré Thomas, qui va nous accompagner un petit bout de chemin. Il est parisien aussi et en voyage pour 6 mois. En attendant tranquillement le déjeuner, on découvre très vite les joies du coin : regarder les dauphins qui jouent à distance et nous ravissent à chaque apparition. Difficile cependant de les prendre en photo.
NB : L’Amazone abrite 2 races de dauphins, les dauphins gris que nous connaissons, qui viennent de la mer mais se sont habitués à l’eau douce et installé ici. Et les dauphins roses, typiques d’eaux douces, ils sont plus gros et aussi plus craintifs. Ils n’ont aucun prédateur et se nourrissent principalement de piranhas.
Les autres résidents reviennent d’une nuit dans la jungle. Ils sont ravis et cela fait vraiment envie ! Nous se sera pour demain ! On rencontre Fanny & Guillaume un couple d’alsaciens en voyages pour 3 mois aussi. Et « Nord’ » (n’ayant pas réussi à retenir son prénom, nous l’avons appelé ainsi tout le séjour) qui est Norvégien et vit pour quelques mois au Brésil avec sa copine.
Maria, a préparé le déjeuner et c’est délicieux. Typiquement brésilien, avec à chaque fois les fameux haricots rouges en sauce, le farofa, le riz. On prend vite le rythme : ici rien ne se passe l’après-midi avant 15h ! Ok, ça nous va J On se prélasse sur les transats en regardant les dauphins puis motivés par nos nouveaux compagnons de voyage on décide de se mettre à l’eau. Le guide a promis qu’ici on pouvait se baigner sans crainte. L’eau est très trouble et on se demande bien ce qu’on a sous les pieds donc on n’y reste pas bien longtemps mais qu’est-ce qu’elle est chaude ! NB : il parait qu’au milieu, le fleuve pour atteindre 30 à 60m de profondeur !!!! (Source à vérifier).
Quelques minutes après que l’on soit sortis de l’eau, d’autres voyageurs décident de s’adonner à la pêche… aux piranhas… juste là où nous nous baignons. Et ça mord ! Hm hm. Après quelques explications, on comprend que le piranha ne nous attaquera pas (nous sommes trop gros) sauf si nous saignons. Pas sûr qu’on remette les pieds dans l’eau pour autant !
A 15h nous partons en barque, observer les oiseaux et pêcher. On croisera un bel iguane vert fluo, un gros « black scorpion » (contents d’être sur la barque, à l’abris), des vaches et de nombreux oiseaux (gaies moqueurs, hérons, aigles, faisans, moineaux ventre jaune, cormorans…) Tout est tellement paisible, nous coupons l’eau calme du lac, la forêt tranquille se reflète partout sur l’eau. Ai-je oublié de mentionner qu’il faisait beau ? Nous avons eu une chance folle pendant ces 4 jours et n’avons eu que très peu de pluies, jamais pendant nos excursions.
NB : il parait qu’ici les vaches savent nager. Pendant la saison des pluies il leur arrive de devoir traverser le fleuve !!
On s’arrête plusieurs fois pour pêcher les piranhas. C’est simple : une canne en bambous, un fil de pêche, un hameçon, de la peau de poulet au bout et hop ça mord ! Je ne suis pas très douée mais Raph en attrape quelques-uns et « Nord » est particulièrement efficace. Au total, on ramène une dizaine de poissons qu’on cuisinera le lendemain. Il n’y a pas grand-chose à manger dedans mais c’est plutôt bon avec la peau bien grillée.
On continue notre balade pour observer les oiseaux. Quelle végétation, quelle vie !!! On termine sur le lac pour profiter d’un magnifique coucher de soleil, c’est complètement irréel, d’être ici, tous seuls, dans ce calme.
Quand on revient, il fait nuit, c’est l’heure d’une petite bière au bord de l’eau, au son des cigales. Après le diner, nous partons à la chasse au caïman. Alors quand je dis-nous… c’est plutôt notre intrépide guide Shane qui s’y colle ! Nous on reste dans la barque. Le soir c’est le meilleur moment pour les repérer, car leurs yeux brillent dans la nuit. On éclaire à la lampe torche et on voit leurs pupilles briller. En fonction de l’écartement des yeux, il sait distinguer à peu près la taille et l’âge des caïmans. On se rapproche avec la barque, il pose un pied à terre et attrape le caïman en commençant pas lui bloquer la mâchoire. Ce soir c’est un tout petit, il doit avoir 3 mois et mesure une trentaine de centimètres. On se le passe de mains en mains, c’est presque mignon… avant de le relâcher.
En revenant on reste un moment, allongés sur la terrasse à regarder les Etoiles et écouter le propriétaire des lieux jouer de la guitare.
Le 20/01 – Amazonie jour2
Aujourd’hui on se lève très tôt pour aller voir le lever du soleil depuis le milieu du lac. Nous ne sommes que 3 courageux à nous être levés. Mais cela vaut le coup, le ciel passe par toutes les couleurs! On découvre aussi la forêt qui s’éveille. Et tout un coup une longue plainte sourde, un peu comme le vent qui s’insinue dans les portes ou le ouhhhh des fantômes dans les films d’horreur. Ce sont les « howling monkey », singes hurleurs. Le mâle alpha et sa meute marquent leur territoire.
Ce matin, nous partons à la rencontre d’une famille indigène. Ils vivent sur les bords du fleuve, cultivent de quoi se nourrir et un peu plus pour en vendre aux alentours, ils chassent, ils pêchent. Quand nous arrivons, les jeunes sont en train de dépecer un tatou. Beurk, après on pourra toucher les restes de sa « carapace », c’est épais comme un ballon de foot ! Le propriétaire nous montre les abords de sa maison : quelques arbres fruitiers. On goute le cupuaçu fraichement cueilli. C’est très agréable, cela a un premier gout de bananes puis c’est plus acide autour du noyau. Il possède aussi quelques « rubber tree », les arbres pour faire du caoutchouc, mais qu’il n’exploite pas. Il cultive et prépare le manioc qu’il vend très bien sur le marché. Dans sa plantation il nous montre les ananas, les mangues, la canne à sucre… Il cueille 4 bâtons de canne à sucre que nous allons presser pour récolter le jus. Avec 4 bâtons, on a assez pour servir 10 verres de jus. C’est un peu marron et c’est doux. Plus tard dans la saison la canne se gorge en sucre et le jus est donc plus fort et plus foncé.
De retour vers la maison, Shane nous montre les piments, particulièrement forts et une plante ; Urubu. La coque est « poilu » et vert fluo et à l’intérieur de petites graines rouges qu’on écrase avec le doigt pour se maquiller comme le font les indigènes ou qu’on laisse sécher et réduit en poudre pour utiliser comme épice en cuisine.
Ils fabriquent quelques bijoux et souvenirs pour touristes. On joue longtemps avec la sarbacane (comme celle de mimisicu cf. un indien dans la ville J ).
NB : Les enfants ici sont scolarisés et c’est un bateau bus qui passent les prendre le matin mais en ce moment ce sont les vacances au Brésil.
De retour au lodge on se prépare pour le départ en forêt : ce soir on dort dans la jungle : hamacs/moustiquaires pour dormir, lampes torches, répulsif moustique indispensable, chaussures de marche, une marmite et quelques casseroles (pas pour faire troc, je vous vois venir la famille ! Juste pour faire le riz), du riz, du café et un bon gros poulet ! Pas de chance, en partant notre guide Shane a oublié la machette… pas moyen de faire sans c’est l’outil à tout faire : couper un arbre pour le feu, libérer le chemin, couper des branches pour préparer un abri, combattre un jaguar. Qui sait ! Alors on s’arrête chez une famille du coin pour leur emprunter une machette pour la nuit.
Après une petite heure de route en pirogue, on arrive sur le camp, en hauteur sur la berge, l’abris pour dormir est déjà là et bien solide. Tant mieux car l’orage gronde au loin et on risque de prendre une belle averse. Une petite table en rondins a déjà été préparée par nos prédécesseurs pour poser les affaires de cuisine. Il reste quelques branches savamment coupées qui nous serviront à faire cuire le poulet ou accrocher les marmites correctement au-dessus du feu.
Avant la nuit, la priorité c’est de ramasser suffisamment de bois pour le feu, chacun part de son côté, on est très attentifs car il peut y avoir des serpents dans le coin donc on avance doucement. Finalement on se charge surtout du petit bois et Shane découpe les plus gros à la machette. En bon parisiens, on manque un peu d’expérience en bucheronnage mais heureusement Nord’ est parfaitement calé et nous apprend à couper de parfaites bûches J
Une fois le bois récupéré, les garçons ont une lubie, construire un autre abri plus petit pour abriter notre grand feu et faire cuire le poulet. L’orage gronde toujours… Tout le monde s’y met ! L’idée est simple : accrocher un tronc d’arbre fin entre deux arbres pour qu’il passe au-dessus du feu, et poser dessus des branches de palmier qui protègeront de la pluie ! Pour faire office de corde, Shane va chercher l’écorce d’un arbre qui s’enlève facilement en longs bandeaux et qui est très solide. 1h après, l’abri est construit ! Il est simple mais on en est très fier J
Finalement il n’a pas plu et c’est très bien comme ça mais on était encore plus cosy J La nuit commence à tomber, nous préparons le feu pour la cuisine et le poulet au bord de l’eau : on l’ouvre, on le badigeonne d’épices et on l’attache sur un bambou (cf. photos) pour le faire cuire.
Petit aparté : moi qui est toujours eu très envie de vivre cela, je savais bien que je risquais d’avoir (très) peur, la nuit commence à tomber et en effet je ne suis pas très rassurée. D’autant que Shane en rajoute une couche quand il se met à renifler et me dit « Ça sent le serpent. Anaconda ou Boa… un gros serpent, par là-bas ». Génial, il ne manquait plus que ça ! Il aura beau me dire après qu’il ne le sentait plus, rien n’y fait. Et une fois la nuit tombé c’est extrêmement impressionnant. Le feu n’éclaire qu’un petit cercle et tout autour c’est le noir complet, autrement dit l’inconnu. Naturellement la forêt c’est aussi plein de bruits : des bruits constants comme celui des cigales et d’autres plus sporadiques : une feuille qui tombe, un oiseau, un singe, un animal indéterminé qui marche dans la jungle. Bref, vous voyez le topo. Je suis super super rassurée. D’autant que pour l’instant on est assis par terre et que rien n’empêche un petit serpent ou une mygale de se glisser sous mes vêtements. Mon imagination à ce moment est débordante !!
C’est l’heure du diner et c’est tout simplement délicieux ce poulet au feu de bois. On se régale. Shane nous raconte toutes ses histoires plus incroyables les unes que les autres. C’est un super moment de partage. Une soirée vraiment agréable au coin du feu.
Puis vient le moment du coucher. L’abris est un, peu enfumé mais c’est bon contre les moustiques ! On s’endort tous très vite dans nos hamacs bien fatigués par la journée qui vient de passer. Mais je me réveille en pleine nuit, les garçons dorment à poings fermés et je me retrouve « seule » face à la forêt. S’ensuivent quelques minutes / heures de tête à tête avec la nature : repérer une luciole qui n’est pas œil de jaguar qui brille dans la forêt, identifier une feuille qui tombe d’un arbre qui n’est pas un dangereux animal qui va nous tomber dessus etc… Vous l’avez compris, j’ai eu un peu peur J Raph lui a dormi comme un bébé ! Heureusement la fin de la nuit se passe mieux.
21/01 – Amazonie jour 3
Au petit matin, avec le jour, c’est de nouveau le bonheur : Shane prépare le feu, le café, on déjeune tranquillement en observant la nature autour. C’est un vrai plaisir. Après avoir replié le camp, nous partons pour une petite marche aux alentours. Les consignes sont claires : il nous faut ouvrir les yeux, être attentifs et toujours marcher dans ses pas ! Contrairement à ce que j’ai pu vivre dans la jungle malaisienne, ici pas de chemin tracé, c’est Shane qui ouvre le chemin avec sa machette, on avance tout doucement pour lui laisser le temps de vérifier chacun de ses pas.
Shane, nous fait découvrir les plantes et fruits de la forêt. Beaucoup ont des vertus médicinales : contre la diarrhée, le mal de ventre, les vers, les démangeaisons … Il nous montre également comme trouver de l’eau en forêt. Il repère une liane qu’il coupe et en la tenant à la verticale, l’eau coule naturellement de la liane, c’est frais J Autre stratégie qu’on n’essayera pas, extraire l’eau de la mousse sur les arbres, en l’égouttant.
Il repère plein de détails qui nous aurait échappés : notamment la carapace d’une énorme cigale qui a muée. Autre technique de survie dans la jungle : comment échapper à un jaguar ? Il faut choisir un arbre suffisamment fin mais suffisamment solide pour y grimper, comme à la corde J Il va me falloir un peu d’entrainement mais Raph grimpe sans soucis.
Enfin, on découvre un piège fait par nos prédécesseurs pour attraper de petits animaux. Je vous laisse regarder la vidéo ;)
C’est tout pour cette session en forêt, on rentre au lodge prendre une bonne douche bien méritée J Le midi on déguste un délicieux Piracuru, poisson du coin, préparé en sauce !
L’après-midi c’est activité canoé : on part avec notre pirogue à moteur habituelle et quelques pagaies et l’on s’arrête régulièrement au bord des rives pour pagayer en silence. C’est magique, on prend le temps d’écouter les oiseaux, de les voir s’envoler d’un point à un autre, de les voir pêcher. Au moment de rentrer, oups… on casse le démarreur, plus de moteur. Nous ne sommes qu’à 2 km du lodge mais la pirogue est imposante et cela va être long. De plus les gros nuages arrivent et laissent entrevoir un orage puissant. On a voulu pagayer, on va pouvoir pagayer XD On avance dans la bonne humeur, en espérant tous croiser un bateau sur notre route. C’est rapidement le cas, une femme du coin est en train de pêcher, accompagnée par son fils. Elle nous remorque jusqu’au lodge. Son fils joue à Minecraft sur sa tablette et Raph est captivé ;) Un joli moment de partage.
Peu de temps avec notre retour au lodge, il se met à pleuvoir des cordes ! Un bel orage digne de la saison des pluies. Il ne s’arrêtera que pour nous laisser retourner chasser le caïman (un bien plus gros cette fois, environs 3 ans, 1m de long, Shane lui attachera la mâchoire avant de nous le mettre dans les bras !
Il pleut toute la nuit. Alors bien sur les araignées trouvent refuges dans notre chambre J . La pluie fait un boucan d’enfer et il y a des trous dans le plafond, on organise une petite installation avec nos K-way pour que l’eau ne tombe plus sur le lit. Bien installés, on peut dormir. C’est quand même plus tranquille que la jungle ;)
Le lendemain matin on repart en trek dans la forêt, mais je crois vous avoir déjà raconté le principal plus haut. Et l’après-midi, nous rentrons à Manaus ! C’est la fin de cette étape.