Nous laissons dernière nous stupas et bouddhas et gagnons la gare routière de Borobudur.
Un bus est à l'arrêt en attente de passagers.
L'aide chauffeur fait la retape et crie avec enthousiasme la destination finale : JOMBOR ! JOMBOR !
Parfait, c'est notre but.
Nous grimpons dans l'autocar et prenons place sur l'étroite banquette en tissu éponge dont la couleur fut bleue.
La climatisation naturelle d'un courant d'air nous rafraîchit en même temps qu'elle nous évite l'intoxication tabagique...
Les kilomètres défilent, le véhicule passe en surcharge.
Voyageurs, bagages, sac de riz, oiseaux encagés.
L'espace libre se fait rare...
Les quelques occidentaux égarés dans cette caverne d'Ali Baba sont bientôt mitraillés de questions. Age, religion, travail, nationalité. C'est un véritable interrogatoire qui se conclut par une vigoureuse poignée de main et une photo souvenir...
Le barrage de la langue ne décourage pas les tentatives et la rencontre vire parfois au dialogue de sourds.
Reste alors l'universel langage du sourire.
Les maisons font place aux immeubles, nous sommes dans les faubourgs de Yogyakarta.
Nous changeons de bus, une, deux, trois fois et arrivons enfin à l'aéroport.
Le bureau Garuda, s'il vous plaît ?
Juste en face !
L'endroit est encombré de valises mais pas les nôtres...
L'employé lève les yeux de son ordinateur et s'enquiert du but de notre visite.
- 2 valises en provenance de Kuala Lumpur ? Je ne suis pas au courant !
Il part aux nouvelles et nous le voyons vainement errer de bureau en bureau.
Il finit par rejoindre son poste et interroger son écran.
Votre nom, s'il vous plaît ?
Je décline mon identité, son visage s'illumine.
Vos bagages doivent arriver par l'avion de 14 20 ! Celui qui vient d'atterrir !
Nous nous précipitons alors vers le carrousel où la livraison s'achève.
Un trolley marron puis un trolley noir poussent les lanières en plastique...
Allah Akbar ! Alléluia ! Om Namah Shivaya ! Nous sommes sauvés !
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Il faut maintenant refaire tout le chemin parcouru (et plus encore...) pour gagner l'étape suivante : le plateau de Dieng.
L'heure est trop avancée pour prendre le bus, nous choisissons donc d'essayer de gagner quelques heures en prenant un taxi.
Les 60 premiers kilomètres se font à la vitesse habituelle en Indonésie et deux heures s'écoulent...
La circulation s'intensifie à l'approche d'une ville puis se bloque. Une longue file de bus, de voitures, de mobylettes et de camions occupe l'horizon...
Chaque kilomètre se gagne maintenant mètre après mètre, les heures défilent.
Le soleil fait place aux étoiles, les estomacs grondent, les paupières se ferment, le chauffeur s'impatiente.
Il est 21 00 quand nous parvenons enfin à Wonosobo. Presque 6 heures pour moins de cent kilomètres...
L'hôtelier est couché quand nous sonnons à sa porte et ne peut nous proposer qu'une ration de pop mie (le bolino local...) pour dîner.
Bon appétit...