Valais, Dolomites, Pouilles, tiercé gagnant ?

4 semaines sur les routes entre glaciers suisses , Dolomites, trulli et méditerranée, entre rigueur germanique et exubérance italienne.
Juin 2021
4 semaines
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Le mois de juin est bien entamé, l'été va débuter dans une Europe qui se rouvre progressivement aux voyageurs.

La Suisse ne demande rien aux frontaliers, si nous commencions notre périple estival par ce pays ? De là, nous pourrions passer en Italie qui devrait, à compter du 1er juillet, nous accepter avec juste un test antigénique voire même rien si déjà vaccinés.

Nous esquissons donc un trajet qui, du Valais, nous entraînera aux Pouilles en passant par les Dolomites.

Le tout en voiture depuis l'Auvergne !

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La Scirocco file sur l'autoroute, les kilomètres défilent, les montagnes prennent de l'altitude, nous arrivons dans la vallée de Chamonix.

J'aurais bien pris le train du Montenvers mais le temps nous manque. Nous choisissons de découvrir le val Montjoie à la place.

Nous dépassons les Contamines et suivons le bitume jusqu'à sa fin. Nous allons maintenant pouvoir nous dégourdir les jambes entre chapelle et torrent.

Une minuscule route me fait alors de l'oeil, nous la grimpons aussi sec ! Quelques épingles à cheveux plus tard, la quasi une voie du Bionnassay s'achève sur un grand parking.

Un chemin abrupt part à l'assaut de la montagne. Nous l'empruntons jusqu'au refuge du Fioux où nous attend une sympathique terrasse avec vue.

Nous sirotons un café, c'est le début des vacances, nous sommes heureux !

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Au matin, nous nous réveillons aux portes de Chamonix où nous découvrons, de loin, nos premiers glaciers.

Nous ne nous attardons pas au pied du Mont-Blanc et filons vers la frontière suisse.

Personne du côté français comme du côté helvétique, nous pénétrons aisément au pays des 26 cantons et des 4 langues. La route serpente alors de plus en plus vertigineusement vers Martigny et la vallée du Rhône.

Un arrêt à la station service pour acheter la vignette autoroutière, un arrêt au distributeur pour récupérer des francs et nous prenons la direction de Sion, charmante cité médiévale plantée au milieu des vignes.

Une promenade dans les ruelles, une grimpette vers l'esplanade des châteaux nous mettent bientôt en appétit et nous nous installons en terrasse pour déguster une assiette valaisanne.

La charcuterie comme le fromage sont délicieux, la note plutôt lourde...

La Suisse a la réputation de ne pas être une destination économique et cette réputation est loin d'être usurpée !

Nous digérons la douloureuse en roulant vers les pyramides d'Euseigne, curiosité géologique qui me rappelle furieusement la Cappadoce. La chaleur implacable qui règne aujourd'hui sur le Valais accentue l'illusion !

Un plein de courses au Coop de Viège et nous nous enfonçons dans la vallée de Zermatt jusqu'au très typique village de Randa , notre point de chute pour les 5 prochaines nuits.

Nous avons choisi ce hameau car il possède une gare et parce que c'est le point de départ d'une fameuse randonnée.

La voiture restera donc sagement garée durant quasi tout notre séjour et nous nous déplacerons maintenant en funiculaire, en téléphérique, en train en crémaillère et à pied !

Comme en hiver au ski, il est très intéressant d'acheter un forfait qui, si il dépasse les 200 euros pour 3 jours, n'en reste pas moins plus économique que de prendre les tickets individuellement.

Le fendant est au frais, nous l'engloutissons pour oublier les facturettes carte bleue qui s'accumulent...

Bonne nuit !

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La minuscule gare de Randa n'est guère prise d'assaut quand retentit l'annonce du train de 09 36.

Un, deux arrêts, Zermatt, terminus tout le monde descend !

Le luxueux village de montagne est plutôt désert en cette avant saison et un ballet de voiturettes électriques sillonne ses rues pourtant annoncées piétonnes. C'est assez exaspérant de devoir se ranger, se pousser et de se faire klaxonner par tous ces bus, taxis, véhicules professionnels. Les suisses ne doivent pas avoir la même notion de quartier piéton ou bien les riches zermattois ont un gros poil sous le pied...

Nous arrivons cependant indemnes au funiculaire de Sunegga qui, en quelques minutes, nous propulse à 2288 mètres d'altitude.

On pourrait presque se croire aux sports d'hiver, le monde en moins ! Une pointe de nostalgie mais aussi d'amusement nous gagne.

Nous changeons alors de moyen de transport et c'est parti pour 277 mètres de dénivelé en télécabine ! Nous sommes maintenant à Blauherd au pied du Unterrothorn, sommet que nous ne pourrons rejoindre, le téléphérique y menant étant fermé.

Le panorama devrait être splendide mais le temps n'est pas vraiment de notre côté. Nous nous promenons un peu puis rebroussons chemin sous la menace d'un plafond de plus en plus bas et gris.

Nous tentons d'accéder à un autre secteur du domaine . Qui sait la météo y sera peut-être meilleure ?

Une traversée du village, un nouveau tour en télécabine et nous voilà en vue de Schwarzsee.

Nous devrions admirer le Cervin par delà les eaux noires du lac, nous ne verrons ni l'un, ni l'autre...

Têtus, nous choisissons cependant d'accomplir la randonnée prévue, un peu plus de 7 kilomètres d'une marche tranquille parmi les fleurs, les alpages, les chalets et les sapins.

Nous finirons cette journée mi-figue, mi-raisin dans les ruelles du vieux Zermatt à la recherche des surprenants Gädini, antiques bâtiments traditionnels esquivant les attaques de la gent souris grâce à un ingénieux système de dalles plates reposant sur pilotis. Quel contraste entre ces bâtiments biscornus et la très cossue rue principale !

Le soleil se décide enfin à illuminer notre journée. Nous en profitons pour prendre un goûter en terrasse avant que de rentrer à notre port d'attache .

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Les nuages font grève aujourd'hui. Seuls quelques cumulus accomplissent leur tâche...

Un temps idéal pour prendre le train à crémaillère du Gornergrat !

9.4 kilomètres de voie, de ponts, de tunnels et de galeries, 1469 mètres de dénivelé, 33 minutes de trajet, une arrivée à 3 089 mètres d'altitude, un panorama sur le deuxième plus grand glacier des Alpes, une ligne d'horizon composée de 29 sommets culminant à plus de 4 000 mètres, quel alléchant programme !

Nous avions renoncé en 2019 à emprunter la ligne pour le Jungfraujoch à cause du prix, de la météo et de la pression touristique mais, grâce au covid, aucune inquiétude à avoir aujourd'hui quant à une éventuelle surpopulation ferroviaire.

Nous nous rendons donc sereins à la station de chemin de fer et prenons la première rame en partance.

Zermatt s'éloigne, Sa Majesté Cervin daigne apparaître. Pour la première et dernière fois du séjour...

Les sapins laissent place aux alpages, les alpages à quelques plaques de neige. Un dernier coup de crémaillère et le train arrive en gare de Gornergrat.

Quelques pas nous séparent désormais d'une vue extraordinaire sur le glacier du Gorner, glacier qui ne manque pas de me fasciner.

Je parviens tout de même à me détacher de ce grandiose serpent blanc et profite longuement du reste du paysage.

Nous poursuivons cette superbe journée par une randonnée jusqu'à la gare intermédiaire de Riffelberg.

Il n'y a personne, le paysage est minéral, les montagnes s'emmitouflent de neige comme de nuages, je suis aux anges.

Une cabane nous protège du vent, nous pique-niquons. Le train annonce bruyamment sa proximité, nous l'empruntons pour redescendre sur Zermatt.

Revenus au village, une pancarte vante les mérites des gorges de la Gorner. Pourquoi pas ?

Une enfilade de passerelles surplombe alors la faille, gare au vertige !

Nous nous remettons bientôt de nos émotions autour d'un délicieux apfelstrudel.

Après l'effort, le réconfort...

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Aujourd'hui, nous grimpons un autre 3 000++ !

En téléphérique...

Au bout du fil se dresse le Petit Cervin, 3 882 mètres tout de même. De là, les skieurs pourront rejoindre l'Italie en hiver tandis que les estivants se contenteront d'admirer le panorama.

La benne est dans les starting-blocks, le conducteur vérifie que son confrère est prêt puis enclenche le départ.

Les voyageurs se pressent aux fenêtres, nous jouons les funambules au dessus des pierriers, des neiges éternelles et des glaciers.

A l'arrivée, un long couloir glacial s'enfonce dans la montagne.

Une polaire, un coupe vent, un ascenseur, une volée de marche, nous dominons les Alpes.

Mais nous ne les voyons pas...

Le ciel est désormais complètement bouché, le vent givre lunettes, girouettes et visiteurs.

Un peu déçus, nous regagnons les entrailles du Petit Cervin et visitons la grotte de glace où quelques habiles artistes ont sculpté d'éphémères statues.

Une timide éclaircie accompagne notre sortie des lieux, nous retournons sur la plate forme panoramique.

Nous n'avons pas eu le droit au grand show mais nous reprenons tout de même le téléphérique ravis.

Gare au vertige à la descente...

Un télécabine, une marche à pied, un funiculaire et un autre télécabine plus tard, nous sommes de nouveau à Blauherd pour entamer notre instant sportif du jour, la randonnée des 5 lacs, 10 kilomètres d'un sentier qui entraîne le promeneur de lacs en lacs sur fond de montagnes.

Malgré un temps maussade, la balade reste très sympa et c'est un peu fourbus que nous emprunterons une dernière fois le train pour Randa.

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Après nos différentes mises en jambe de ces derniers jours autour de Zermatt, nous allons attaquer une randonnée un peu plus costaude, une boucle d'environ 7 kilomètres dont l'attraction principale consiste en la traversée du plus long pont suspendu d'Europe, la passerelle Charles Kuonen.

Quasi 500 mètres de marche à 85 mètres du sol !

La balade part du village puis le sentier grimpe sec à travers la forêt.

Le dénivelé positif de cette randonnée est de 650 mètres et mon souffle devient rapidement un peu court. Comme souvent, j'aurais préféré plus de kilomètres mais une montée moins raide !

Ne vous trompez pas de sens d'ailleurs, car la pente est encore plus ardue de l'autre côté...

Un replat, une trouée à travers les sapins, le fameux pont apparaît.

Je pose un pied sur la passerelle puis un autre.

J'empoigne la main courante, j'avance un peu...

Le vide se fait de plus en plus présent, la structure tremble sous les pas des rares randonneurs.

Ce n'est pas terrifiant mais on se sent tout de même tout petit et fragile...

La vue sur l'ouvrage s'avère maintenant plus impressionnante. Quelle idée d'avoir construit une telle balançoire !

Aux abords du sentier, une grande pierre plate nous fait alors de l'oeil. Un banc parfait pour un pique nique !

L'instable glacier du Weisshorn nous fait face, le spectacle est captivant.

Le ventre plein, le cerveau gavé de souvenirs, nous retrouvons le chemin puis le village où nous attend sagement notre voiture pour une ultime excursion dans la vallée de Zermatt.

Nous prenons la direction de Täsch puis bifurquons sur la minuscule route qui grimpe vers les alpages.

A mi-chemin, une pancarte nous promet le Cervin mais la diabolique montagne est encore encapuchonnée de nuages.

Le bitume s'achève bientôt dans une jolie vallée consacrée à l'élevage et au fromage.

Dommage de ne pas avoir découvert ce lieu plus tôt, il semble être le point de départ idéal pour de superbes randonnées !

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Avant de gagner notre prochaine étape, le village de Fiesch, nous effectuons un petit détour par la vallée de Saas.

Notre but, le lac de barrage de Mattmark et l'agréable randonnée qui en fait le tour, huit kilomètres d'une marche facile à 2200 mètres d'altitude.

Les montagnes encerclent des eaux d'une magnifique couleur bleu-vert, la fonte des neiges cascade de place en place, un vent plutôt violent s'engouffre dans nos blousons.

Nous rencontrons peu de touristes, peu de promeneurs. Les animaux sont quasi plus présents que les humains...

Après de brèves retrouvailles avec la vallée du Rhône, nous la délaissons à Brigue pour partir à l'assaut du Simplon.

Un incongru aigle de pierre veille sur le col et surplombe de bien vertes vallées.

Nous rebroussons alors chemin et filons vers Fiesch. Notre hôtel a gardé son parfum des années 70 mais offre des tarifs imbattables pour la Suisse. Nous y dormirons paisiblement après dégustation d'une spécialité helvétique peu recommandée pour perdre du poids, de délicieux röstis !

Bonne nuit...

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De Fiesch part un télécabine qui grimpe vers les alpages. De là, un téléphérique dépose skieurs ou touristes, selon la saison, au sommet de l'Eggishorn.

Prêts pour ce voyage ? Allons-y !

Pour une fois, la chance est avec nous et le ciel est dégagé à l'arrivée.

Nous sortons de la benne, faisons quelques pas et découvrons, bouche bée, un extraordinaire panorama sur le glacier d'Aletsch, plus grand glacier des Alpes avec ses 24 kilomètres environ.

Cet immense fleuve blanc serpentant majestueusement à nos pieds est alimenté par 3 bassins d'accumulation qui se rejoignent à Koncordiaplatz où la couche de glace atteint les 900 mètres.

Le géant s'étend et rétrécit au fil des évènements climatiques. Il a perdu trois kilomètres depuis 1855 et devrait retrouver son niveau d'étiage de l'âge de Bronze vers 2040.

J'avais caressé l'idée de dormir dans cette charmante cabane et son bain norvégien mais, heureusement pour mon porte-monnaie, je n'ai jamais réussi à la réserver.

J'avais aussi eu l'espoir d'emprunter le circuit pédestre de l'Eggishorn à Fiescheralp via le lac Märjelen mais tous les sentiers d'altitude sont fermés.

On comprend bien pourquoi ...

Nous adoptons donc rapidement un plan B : redescendre sur Fiescheralp et, de là, effectuer un aller retour vers le lac.

Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà dans la benne puis sur le chemin de randonnée.

Le début de la balade est classique : des alpages, des marmottes, des deltaplanes, des granges plus ou moins délaissées.

Un sombre tunnel s'enfonce maintenant dans la montagne la transperçant. Nous nous engageons dans l'inhospitalier boyau en espérant revoir bientôt la lumière du jour...

1 kilomètre d'obscurité, de froid et d'humidité nous sépare d'un autre monde, un monde fait de neige, de lacs, de glace et de roches, un monde loin du monde avec pour ultime frontière, le glacier.

S'il ne fallait voir qu'un glacier en Europe, je voterais pour celui-ci !

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Nous quittons ce matin le Valais pour les Grisons via la sinueuse route alpestre numéro 19.

Nous marquons un premier arrêt au belvédère du glacier du Rhône.

En 1900, la langue glaciaire descendait jusqu'au village de Gletsch. Depuis, elle recule inexorablement et le glacier devrait perdre 90 % de sa surface d'ici 2100.

Des bâches géotextiles recouvrent le grand malade mais j'ai l'impression que cela revient à écoper l'océan avec une petite cuillère.

Quelle pitié !

Un petit avant/après pas si lointain.

La route méandre encore un peu puis nous arrivons au col de la Furka et son saisissant panorama.

Nous devons ensuite presser un peu le pas pour rejoindre la pharmacie de Flims qui propose des tests antigéniques sans rendez vous.

Un rapide curage de nez plus tard, nous obtenons le sésame qui nous ouvrira, demain, les portes de l'Italie.

Soulagés, nous avalons les derniers kilomètres qui nous séparent de Coire, notre étape du soir.

Tapie au coeur des montagnes, la vieille ville n'est pas sans charme. En cette fin d'après-midi, elle se prépare activement à son choc des titans, le huitième de finale France-Suisse.

Les terrasses sont réservées, les supporters prennent place calmement, nous nous retirons sur la pointe des pieds...

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126 kilomètres, quelques vaches, quelques moutons et un col nous séparent de l'Italie.

Nous sommes dans une Suisse beaucoup moins "bling-bling" qu'à Zermatt, une Suisse moins spectaculaire mais très bucolique.

La passe franchie, nous traversons la haute vallée de l'Engadine aux villages traditionnels bien préservés.

Ici, on parle romanche et les maisons s'ornent joliment de motifs gravés ou peints, les sgrafittes.

C'est à Val Müstair que s'achève la partie helvétique de ce voyage.

Nous entrons alors en Italie comme nous sommes passés en Suisse, sans aucun contrôle ...

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Italie, Italie, c'est vite dit !

Le Sud-Tyrol est certes une province italienne mais de langue aussi germanique que sa nourriture.

L'Apfelstrudel se glisse dans tous les menus, les pancartes comme les enseignes sont bilingues et l'autochtone vous aborde en allemand !

C'est assez étrange et plutôt inattendu pour des voyageurs n'ayant que peu potassé leur sujet...

Nous admirons la vue depuis l'abbaye de Marienberg puis arrivons à Schlinig, Slingia en version plus latine, terminus du bitume mais aussi charmant théâtre de notre première nuit dans la botte.

Le logis réservé s'avère aussi agréable que prévu et, après quelques instants de repos, nous marchons jusqu'au village pour le dîner.

Nous profitons des dernières du jour pour effectuer une promenade digestive sur le sentier qui file vers le pays quitté il y a quelques heures, la Suisse.

Le soleil disparaît dans les montagnes, nous disparaissons sous la couette...

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Les prochaines journées seront consacrées aux Dolomites entre lacs et montagnes, entre cols et randonnées, entre tourisme de masse et tourisme confidentiel, entre soleil radieux et ciel plombé.

Nous commençons notre exploration par un solide petit déjeuner avant que de faire un petit détour par le lago di Rèsia et sa fameuse église engloutie.

2 heures plus tard, nous arrivons en vue d'un autre lac, Carezza, délicat joyau niché au milieu des sapins dans lequel se reflète le massif du Catinaccio.

Nous trouvons facilement une place au parking - payant comme un peu partout en Italie dans les lieux touristiques - et entamons l'agréable promenade aménagée autour du lac.

Nous partageons le sentier avec quelques familles italiennes, quelques autrichiens en voyage, quelques allemands en goguette, bref des régionaux de l'étape. C'est loin d'être la foule des grands jours et c'est très bien comme ça !

Les prix des menus proposés aux alentours nous démontrent, plus que leur contenu, que nous ne sommes définitivement plus en Suisse.

Pour un billet bleu, nous déjeunons puis allons nous égayer dans les alpages.

25 kilomètres de tournicotis sur le bitume, un ciel de plus en plus gris et menaçant.

Nous posons nos valises à Canazei en espérant que l'orage éclatera ailleurs que sur nos têtes !

Quelques minutes passent, un éclair illumine le village bientôt douché par une pluie torrentielle.

Nous observons le mouillant spectacle depuis la fenêtre de notre chambre en croisant les doigts.

Une accalmie...

Si nous en profitions pour grimper au passo Fedaia ?

Le col, perché à plus de 2000 mètres, se situe au pied de la Marmolada, le plus haut sommet des Dolomites et s'orne d'un lac de barrage .

Paradis pour skieurs en hiver, pour randonneurs et alpinistes en été, nous nous contenterons pour notre part d'en admirer la vue, vent glacial oblige...

Légèrement échevelés et transis, nous finirons cette journée contrastée autour d'une excellente pizza dans un cadre chaleureux.

Bon appétit !

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Prêts pour une centaine de kilomètres de montées et de descentes sur de petites routes tortueuses ?

Un très oubliable petit déjeuner à notre hôtel et nous partons à l'assaut du Passo Sella.

La voiture croise de nombreux cyclistes et se fraye un chemin parmi les sommets et les conifères. Les montagnes se font murs, les tournants semblent si dangereux qu'on les souligne doublement.

Nous voilà maintenant en vue du col à l'entrée du Val Gardena.

Nous marchons un peu pour atteindre le sommet d'une petite butte et admirons la vue.

Sella, Sassolungo et vallées s'offrent en panorama, nous ne savons plus où tourner le regard !

Un poil plus loin, un chouia de soleil en plus, nous marquons un nouvel arrêt au carrefour de plusieurs remontées mécaniques.

L'une d'entre elles m'interpelle par son design qui ne semble vraiment pas dater d'hier, nous décidons de l'emprunter.

Un aller retour dans l'antique télécabine de Forcella del Sassolungo est une expérience unique. Certains ont renommé les bennes du doux nom de cercueils et je leur donne difficilement tort...

Imaginez d'étroites cabines toutes en hauteur à peine assez grandes pour permettre à 2 personnes d'y monter !

Et il faut voir comment on y monte...

Le système n'a pas de débrayage. Il n'y a donc aucun ralentissement des nacelles aux gares d'arrivée comme de départ. Par ailleurs, l'entrée se fait par l'arrière, un voyageur derrière l'autre.

Les employés du manège installent les futurs mis en boîte en les projetant l'un après l'autre dans l'habitacle puis referment vivement la conserve qui commence déjà son ascension...

Une fois dans la cabine, il est préférable de ne plus bouger . Pourrait-on d'ailleurs vu la place limitée ...?

Nous passons au dessus de courageux randonneurs arpentant le raide et caillouteux sentier qui mène au refuge puis nous apercevons les préposés de la remontée nous faire de grands signes à l'approche de la gare d'arrivée.

Nous comprenons qu'il faut se retourner pour se retrouver face à la sortie et que quitter la benne sera aussi surprenant que d'y monter !

Les deux hommes agrippent les mains du premier passager puis le déposent. Ils s'emparent ensuite du suivant et l'extraient de la cabine toujours en mouvement...

Nous reprenons nos esprits un peu chahutés par cet inattendu moyen de transport en allant marcher dans l'espace en fer à cheval qui fut autrefois un glacier.

Nous sommes là à 2683 mètres d'altitude et la neige, souvent abondante en ce lieu, est loin d'avoir entièrement fondue.

La promenade tourne donc vite court, faute d'équipement approprié.

Comme nous avons pris un aller retour et que le sentier sous la remontée semble particulièrement casse gueule, nous regagnons la télécabine. Le voyage était déjà assez impressionnant à la montée, il sera vertigineux à la descente...

Avec une vitre quasi nickel cette fois-ci, merci pour les photographes.

Je crois que ce couple d'heures passé à Forcella del Sassolungo restera pour longtemps le souvenir le plus marquant de ce voyage !

Selva di Val Gardena paraît bien fade à côté et nous n'y ferons qu'une courte halte déjeunatoire.

Repus, nous prenons ensuite la route vers Santa Magdalena, photogénique bourgade du val di Funes nichée au pied du groupe des Odle.

Plusieurs chemins mènent alors à notre étape du soir. Nous choisissons le plus court en kilomètres à défaut d'être le plus court en durée...

Peu d'humains sur le bitume mais que de troupeaux ! Cette strada provinciale est aussi bucolique que panoramique pour notre plus grand plaisir.

Notre hôtel, situé en impasse, est un peu difficile à trouver mais charmant. Nous nous dégourdissons les jambes aux alentours en attendant l'heure d'un excellent dîner.

Bon appétit !

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Cette nouvelle journée débute sous le signe d'un magnifique ciel bleu. Parfait pour admirer le panorama à 360 degrés qui s'offre aux voyageurs depuis Plan de Corones !

Nous gagnons ce sommet via la moderne télécabine de Ruis puis allons découvrir l'architecture étonnante des différents musées établis sur les pentes de la montagne.

Une jolie randonnée, un peu perturbée par le travail de quelques bûcherons, nous ramène ensuite à notre point de départ.

Il fait bon, il n'y a quasi personne, les champs sont en fleurs, nous sommes heureux !

Pas pour longtemps...

La logique du circuit nous entraîne maintenant au célèbre Lago di Braies, joyau bleuté des Dolomites.

Mais qui dit chaleur, qui dit connu, qui dit week end, qui dit accessibilité, dit foule !

Nous découvrons alors avec stupeur tout ce à quoi nous avons jusque là échappé...

L'endroit mérite certainement ses étoiles un autre jour. En revanche, en faire le tour quasi à la queue leu leu amène le voyageur plus à s'énerver qu'à s'extasier...

Comment oublier cette promenade au goût amer ?

Je repère une petite route en cul de sac qui s'enfonce dans le massif, nous nous y engouffrons.

Les voitures se font rares, les paysages sont superbes. Un parking occupe l'impasse, nous nous garons.

Un large sentier serpente dans la verte vallée, nous décidons de le suivre.

Nous retrouvons rapidement le sourire au fil de nos enjambées. Prato Piazza s'avèrera d'ailleurs l'une des plus belles balades de notre semaine aux Dolomites.

L'heure tourne, nous quittons à regret ce joli plateau et nous nous dépêchons pour récupérer les clés de notre chambre d'hôte située dans le très hors du circuit touristique village de Comelico Superiore.

Le BB s'est établi dans une vieille maison bien restaurée et les lieux offrent une vue imprenable.

Il sera un peu difficile de trouver un restaurant pour dîner mais la tranquillité vaut bien une pizza sur le pouce !

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Le beau temps continue, nous sommes toujours le week-end.

Que vont nous réserver les Tre Cime di Lavaredo ?

J'avais lu que le parking supérieur était vite rempli et qu'il fallait alors prendre un bus.

Je me dis que nous sommes hors saison, que le covid est passé par là et qu'il est relativement de bonne heure...

De bonne heure, certes, mais tout de même trop tard !

La police barre la route, le parking inférieur est bondé, une longue file attend déjà le prochain bus.

Nous n'avons pas envie de gâcher la visite comme hier au lac, nous abandonnons l'affaire et bouleversons notre programme en inversant les visites prévues ce jour et demain.

Et c'est parti pour les Cinque Torri !

En chemin, le lac de Misurina nous fait de l'oeil.

Comme tous semblent s'être donné rendez vous au Tre Cime di Lavaredo, les lieux s'avèrent paisibles et c'est avec plaisir que nous marchons un peu .

30 kilomètres plus loin, une heure plus tard, quelques gros nuages en plus, nous empruntons un nouveau moyen de transport, le télésiège.

Bizarrement, alors que cet endroit est aussi l'un des "must" des Dolomites, il n'y a pas grand monde.

Tant mieux !

L'arrivée approche, nous sautons du télésiège et partons en balade sous l'oeil glacial d'une éphémère sentinelle de ce qui fut un ensemble défensif italien lors de la première guerre mondiale.

Il est sûr qu'on pouvait voir arriver l'ennemi de loin...

La trace passe de tranchées en tranchées, d'ouvrages militaires en ouvrages militaires puis se perd au pied des 5 tours de pierre sur lesquelles s'exercent quelques alpinistes défiant la gravité.

La promenade est très sympathique et nous ne regrettons en rien notre changement de planning !

Nous laissons les varappeurs à leurs parois et regagnons notre véhicule pour nous faufiler parmi les motos vrombissantes et les cyclistes haletants qui prospèrent dans les virages de Passo Pordoi.

Arrivés au col, nous constatons, une fois de plus, que les Dolomites ne sont pas avares de jolis points de vue.

Au bout d'un large sentier, un monument nous intrigue. Si nous marchions jusqu'à lui ?

Nous longeons le massif du Sella, les pétarades des motards transpercent nos tympans, la télécabine effectue inlassablement son tour de manège des plaines aux sommets.

Un panneau lève bientôt le mystère. La tour est en fait un cimetière militaire allemand où reposent 9000 victimes des 2 guerres.

Notre curiosité assouvie, nous rebroussons chemin et bitume pour gagner notre hôtel , une immense bâtisse récemment rénovée nichée aux environs de Cortina d'Ampezzo. ( Si le gîte s'avèrera agréable bien que perfectible, le couvert tiendra plus d'une bruyante cantine scolaire que du restaurant...)

Un véritable déluge salue notre arrivée et nous finirons la journée prisonniers de notre chambre .

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Pour retenter notre chance aux Tre Cime di Lavaredo, nous avançons largement l'heure du réveil.

Nous sommes donc quasi les premiers à piocher dans le maigre buffet proposé par l'hôtel comme petit déjeuner et à quitter les lieux !

Le ciel est maussade, il est tôt, le week end est terminé. La route qui mène au site est grande ouverte, le parking inférieur vide !

Plus que 30 euros à payer et à nous les lacets qui partent à l'assaut de ces mythiques sommets.

Les montagnes s'écharpent de nuages au fur et à mesure de notre progression. Je râle un peu puis me rappelle de la veille. Est-il préférable de randonner sereinement entre quelques bancs de brouillard ou de cheminer en troupeau sous le soleil ? Personnellement, je préfère la première proposition...

Nous trouvons très facilement une place à proximité du refuge qui marque la fin du goudron et apercevons un groupe de placiers désoeuvrés. Apparemment, l'entreprise gérant cette route touristique n'a pas encore renoncé à faire le plein aujourd'hui...

Nous embarquons pique nique et blouson et empruntons l'impeccable sentier qui mène au refuge Lavaredo.

Le chemin grimpe ensuite vers un col offrant d'imprenables vues sur les trois stars de la balade, stars qui jouent ce matin à cache cache avec les nuées, se refusant puis s'offrant au paparazzi.

Je ne déteste pas cette ambiance "attrape-moi si tu peux" !

Nous prenons maintenant la direction du refuge Locatelli tandis que le soleil offre un peu plus généreusement ses rayons.

Arrivés au gîte, nous sommes alors à mi parcours de notre randonnée en boucle autour des trois falaises.

Un banc avec vue, du saucisson, du fromage, c'est l'heure de déjeuner !

L'estomac plein, nous poursuivons notre marche qui se corse rapidement.

Autant la première partie de la randonnée m'a semblé plutôt facile, autant la seconde n'est pas vraiment de tout repos !

Une descente, une sèche remontée, une traversée de pierrier, ce n'est certes pas de la haute montagne mais ce n'est plus vraiment pour tous publics.

Nous admirons une dernière fois les trois merveilles de face avant de nous lancer sur ce sentier plus escarpé.

Quasi tous les randonneurs repartent par le chemin d'où ils sont venus. Nous sommes donc seulement quelques individus sur le reste de la boucle.

Une nouvelle vue latérale sur les 3 sommets, un lac, une traversée d'éboulis et c'est le retour à la case départ !

Le parking s'est un peu rempli, les placiers s'activent. Même par une météo changeante, il semble préférable de programmer cette enivrante randonnée de bonne heure.

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Une course cycliste bloque les routes sur une bonne partie du massif. Nous pouvons cependant rejoindre Cortina d'Ampezzo !

Nous flânons un peu dans le centre de cette station de sports d'hiver cossue puis décidons de patienter devant un coûteux goûter...

Tu crois que c'est bon ? Oui ! Le site indique un passage des derniers coureurs vers 16 00 !

Je ne sais pas qui a gagné mais les organisateurs sont déjà à la manoeuvre pour ranger banderoles et tréteaux...

Nous passons quelques cols puis arrivons au pied de la Marmolada . De notre chambre, nous apercevons le téléphérique que nous n'aurons malheureusement pas le temps d'emprunter.

Une autre fois, peut-être ?

Demain, nous quittons les Dolomites direction le sud !

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J'ai cherché une petite ville tranquille à mi-chemin entre les Dolomites et les Pouilles et suis tombée sur Loreto.

500 kilomètres à parcourir dans l'enfer du réseau autoroutier de l'Italie du Nord !

J'avais déjà remarqué lors de mon retour de Croatie que les italiens avaient une manière bien à eux de conduire et que la plaine du Po n'était pas un long fleuve tranquille.

Cette impression se confirme...

L'italien semble pressé, le code de la route accessoire et les véhicules toujours plus nombreux.

Nous sommes donc ravis quand nous apercevons enfin la sortie pour Loreto !

La cité nichée en surplomb de la mer Adriatique fut un important centre de pèlerinage et, après avoir déposé nos valises au fonctionnel hôtel réservé, nous en visitons les charmes.

L'ambiance montagnarde n'est plus qu'un souvenir, le côté germanique aussi.

Un délicieux dîner en terrasse achève alors de nous faire basculer dans la partie méditerranéenne de ce voyage,

Bon appétit !

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L'étape du jour en direction du sud est plus courte, nous musardons un peu !

Nous quittons donc l'autoroute pour l'arrière-pays et décidons d'aller admirer les formes torturées des calanches d'Atri.

Les paysages sont bien différents de ceux découverts en début de voyage . Le soleil tape et le thermomètre grimpe en flèche nous faisant dégouliner.

Nous cherchons l'ombre, nous regardons nos bouteilles d'eau se vider inexorablement au fur et à mesure de la marche, nous regrettons la fraîcheur des glaciers.

Après un printemps maussade et une quinzaine de jours en altitude, nous avions oublié qu'il pouvait faire (très!) chaud en été...

A peine le temps de profiter d'un peu d'air frais dans la voiture et nous regagnons le sauna.

Nous sommes d'ailleurs bien les seuls fous à nous balader dans les ruelles d'Atri au zénith ...

Nous retrouvons ensuite la E 55 qui longe les côtes de la mer Adriatique. Les températures ne se font pas plus douces avec l'air marin et nous frisons rapidement les 35 avec un ressenti encore plus élevé...

Abruzzes, Molise défilent devant notre pare brise puis nous pénétrons enfin dans les Pouilles.

Plus que quelques dizaines de kilomètres nous séparent maintenant de notre première étape dans le talon de la botte, Vico del Gargano .

Notre volubile logeur nous ouvre alors les portes de la chambre qui abritera nos deux prochaines nuits et nous nous précipitons sur la climatisation...

Rafraîchis, nous partons à la découverte du village pavoisé aux couleurs italiennes pour l'Euro. Les ruelles forment un véritable labyrinthe et nous nous y perdons bien volontairement.

La nuit tombe, les tifosis sont tous devant leurs écrans, une chape de plomb s'abat sur l'Italie.

Notre promenade digestive s'effectue dans un silence ponctué de soudaines clameurs.

Pas besoin de regarder le match pour en connaître les actions !

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Afin de poursuivre sereinement le récit de ce voyage, je préfère évacuer dès maintenant les mauvais ressentis éprouvés envers les Pouilles.

Certains points ne sont pas du fait de la destination mais de nos choix.

-Le logement prépayé dans le Salento n'était pas équipé de la climatisation et ce fut une erreur de le réserver. 40 en ressenti tous les jours, des nuits chaudes et moustiquées... Bref un sommeil à éclipse peu réparateur ! Dommage, il avait du charme, du calme et une petite piscine hors sol. Parfait pour les saisons intermédiaires.

-Pour continuer sur un registre météo, une chaleur accablante omniprésente. Je ne m'étais pas bien renseignée sur le climat . Une fois de plus, je pense la destination plus adaptée aux saisons intermédiaires.

-Enfin, je n'avais pas non plus compris que la région était plutôt peuplée et que de vastes zones inhabitées ne seraient pas au programme. D'autant plus que l'habitat est plutôt horizontal donc étendu !


Abordons maintenant les travers des Pouilles qui ne sont pas le fait de mauvais choix du voyageur.

-La saleté des campagnes...

Les routes sont des décharges à ciel ouvert. Je bois de l'eau, je jette ma bouteille par la fenêtre. Je mange un sandwich, je laisse le papier gras sur place. J'ai une poubelle à jeter, je la mets n'importe où sauf dans le container idoine.

L'image que je retiendrai des Pouilles, c'est celle de cet homme arrêté au bord de la route arrosant les immondices qui l'entouraient de son jet jaune...

-Le manque d emplacements pour s'arrêter en voiture pour admirer les paysages.

Aucun parking aux divers points de vue, aucun décrochement, aucune bande d'herbe ! Vaut mieux être copilote que pilote pour profiter du paysage...

-Les plages en majorité payantes . Ce n'est pas tant le fait qu'elles soient payantes qui m'a exaspérée mais le fait qu'on ne les voit même pas. D'immenses parkings, diverses constructions...

Et qui dit plages payantes dit souvent surpopulation de transats et musique bruyante.

Payer pour quelque chose que je ne vois même pas et risquer de me retrouver comme une sardine en mauvaise boîte, non merci !

Si cet inventaire ne vous a pas effrayé, je reprends ma prose...

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Le Gargano forme comme un ergot montagneux qui s'enfonce dans le bleu. Les routes, étroites, y sont tortueuses tout comme le relief !

Une forêt touffue s'étale en son intérieur, ses côtes sont bordées de falaises calcaires façonnées par les éléments.

Nous commençons notre découverte par une traversée de la sylve. Les sous bois sont assez impénétrables et offrent une fraîcheur bienvenue.

Malheureusement, la Strada Provinciale 528 n'est pas qu'un itinéraire touristique. C'est aussi un raccourci pour les travailleurs locaux...

C'est donc au cul d'un camion que nous effectuerons ce parcours ce qui gâche un peu l'effet...

Parvenus de l'autre côté de la péninsule, nous longeons maintenant falaises et Adriatique avant que d'arriver en vue de Vieste, jolie bourgade toute en venelles escarpées.

Nous abandonnons notre voiture dans la ville nouvelle, payons notre écot et partons sillonner le centre ancien. Quelques fenêtres en impasse dévoilent de jolies vues sur les plages, la cité et les falaises tandis que nous nous perdons dans le labyrinthe des ruelles.

Un verre de vin blanc, un déjeuner, une grande heure de dolce vita et nous allons tâter le sable blond.

La principale curiosité de cette plage se dresse maintenant devant nous. Il manque quelques siècles à Etretat et un très net réchauffement climatique pour pouvoir rivaliser avec ce monolithe de calcaire blanc...

J'avoue avoir préféré à cette canine, ces amusants canots de sauvetage. Je crains qu'il ne faille pas être spécialement pressé pour être repêché...

Nous trempons juste nos pieds dans l'eau déclinant à tort la tentante invitation des flots.

A postériori, je pense que cette plage offrait la meilleure opportunité de farniente des Pouilles ! Pas trop de monde, propre, grande, espaces payants raisonnablement présents, parking facile et peu onéreux.

Pensant trouver mieux plus loin, nous retrouvons le bitume et suivons le tracé méandreux de la route jusqu'à notre point de départ en suivant plus ou moins la côte.

Nous échouons finalement sur une plage publique oubliable qui nous offre tout de même une très agréable occasion de goûter au plaisir d'une très rafraîchissante baignade !

Cette journée méditerranéenne s'achèvera devant une belle assiette de poisson que nous dégusterons à la terrasse du plus couru restaurant de Vico del Gargano, l'Orto Del Conte.

Bon appétit !

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Nous quittons aujourd'hui le Gargano pour rejoindre le point le plus méridional de ce voyage, une maison de campagne situé au sud de Gallipoli et à quelques encablures la mer ionienne.

En chemin, nous décidons de nous arrêter à Alberobello, gros bourg des Pouilles célèbre pour ses trulli, habitations de pierres sèches au toit conique couvert de lauzes. Deux quartiers regroupent ces maisons au style unique qui servent aujourd'hui plus de chambres d'hôtes ou de boutiques de souvenirs que de logements pour les gens du cru.

Nous nous garons dans ce que nous pensons être le centre touristique et posons le pied hors du paradis climatisé offert par notre véhicule.

Aussitôt, une chaleur implacable nous cloue au sol et nous pousse à chercher l'ombre plutôt que les trulli...

Un restaurant nous permet alors une pause semi-fraîche qui nous requinque assez pour tenter de trouver les fameux édifices !

D'ailleurs, les voici !

C'est bizarre. Non seulement, il n'y a personne mais en plus il n'y a aucun attrape-touristes !

Sommes-nous vraiment au bon endroit ?

Nous regagnons des rues plus animées où un tentant glacier recharge nos batteries frigorifiques.

Une place, un banc, quelques bouchées citronnées, des passants qui semblent tous se diriger vers le même but.

Je les suis, mon compagnon accablé par les 40 degrés renonce.

Le flux m'entraîne en haut d'une ruelle en escaliers. Je domine maintenant le coeur d'Alberobello qui bat habituellement au rythme du tourisme de masse même si ce n'est pas vraiment le cas en cette chaude journée de juillet grâce à la pandémie...

170 kilomètres de climatisation plus tard, nous sommes aux portes du trullo loué. Les propriétaires nous font la visite, nous invitent à nous servir dans le jardin puis nous confient leurs clés.

Nous voulions du typique, du calme, nous sommes plutôt servis !

La nuit tombe, la température chute infinitésimalement, les moustiques se lèvent.

Bonne nuit...

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Le matin apporte un peu d'air mais l'effet reste fugace.

La canicule commence à nous épuiser, nous ne bougerons donc pas avant la fin d'après-midi préférant visiter régulièrement notre piscine que le four que sont les Pouilles cet été.

Un goûter, une ultime baignade et nous prenons enfin la direction de Gallipoli.

Cette cité côtière s'étale sur une petite île, centre historique de la ville, et le continent aux habitations généralement bien plus récentes.

La balade est plutôt agréable entre remparts, port de pêche, plages et vieilles pierres.

Le charme certain de Gallipoli nous fait oublier quelques heures la nouvelle nuit étouffante qui nous attend...

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Les prévisions météorologiques nous font espérer quelques degrés en moins sur la côte orientale du Salento.

Nous partons donc en vadrouille en direction d'Otrante, station balnéaire très touristique de l'Adriatique mais aussi jolie cité médiévale.

Comme à Gallipoli, la vieille ville est entourée de murailles dominant les flots et quelques plages. Les 40 se sont transformés en 36, nous respirons un peu ...

Nous flânons en bord de mer tandis que de nombreux italiens préfèrent rôtir au soleil ou barboter dans les calmes eaux turquoises qui font la renommée des Pouilles.

Une petite faim, une petite soif ? Du poisson, une boisson fraîche et ça repart...

Nous sillonnons maintenant placettes et ruelles débusquant châteaux, églises et remparts.

Après cette agréable parenthèse urbaine, nous reprenons le volant pour longer la côte jusqu'à notre point de départ.

Tant de bleu sous nos yeux ! Pourquoi ne pas y goûter ?

Nous dégotons alors une petite place pour notre voiture puis pour notre serviette et, malgré la foule, prenons plaisir à nous rafraîchir dans la mer Ionienne.

Vous nous rejoignez ?

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Nous ne pouvions décemment pas quitter le Salento sans en visiter le principal joyau : Lecce.

Nous consacrons donc notre dernière journée dans l'étouffante région des Pouilles à cette magnifique cité baroque aux dizaines d'églises et palais, aux quelques vestiges de l'antiquité.

Le centre historique est piéton. Les touristes, généralement français, sont un peu plus qu'ailleurs au rendez vous. Les vendeurs à la sauvette, aussi...

Nous déambulons dans la ville historique sans véritable but, juste pour s'imprégner de sa belle atmosphère.

Les tifosi s'arrachent les derniers drapeaux, nous retrouvons notre gîte.

Ce soir est le grand soir pour la Squadra Azzurra mais aussi pour tout un peuple !

Quelques heures de silence puis un concert de klaxons et de cris. Je crois que l'Angleterre a perdu...

Excités par cette victoire, les moustiques font la fête et se repaissent goulument de notre sang.

Vivement demain et d'autres horizons...

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Nous remballons nos affaires sans regrets et entamons le long chemin qui nous ramènera en Auvergne.

Pas question d'effectuer les plus de 1700 kilomètres d'un coup et pas envie non plus de remonter la botte par la côte est comme nous le propose le GPS.

Nous choisissons donc de regagner notre foyer en 3 étapes via l'ouest du pays puis le col du Mont Cenis.

Les Pouilles s'effacent dans notre rétroviseur, nous pénétrons en Lucanie actuellement Basilicate.

Le soleil est toujours aussi violent, la chaleur abrutissante.

Nous n'effectuerons donc guère d'arrêts avant d'atteindre Matera, notre première étape sur la route du retour.

L'hôtel,un peu en dehors de la ville, est parfaitement climatisé et pas un moustique ne semble tournoyer au dessus de notre lit.

Nous plongeons donc avec bonheur dans une sieste réparatrice !

Requinqués, nous pouvons ensuite partir à l'assaut des blanches ruelles en forme de grand huit de Matera.

Autant Lecce, Otrante et Gallipoli sont charmantes, autant Matera s'avérera bluffante !

Imaginez une cité en gruyère accrochée à la rive abrupte d'un canyon. Les maisons troglodytes, sassi en version originale, sont certes transformées en hôtels, restaurants et boutiques mais rien n'entame la stupéfaction du voyageur quand, perdu dans le lacis tourmenté des venelles et escaliers, il découvre enfin au détour d'une placette ou d'un belvédère la ville ou le ravin à ses pieds.

Je ne regrette pas du tout d'être passée par là et, pour la première fois depuis quelques jours, nous sommes parfaitement en mode détente/émerveillement !

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Au fur et à mesure que la Toscane se rapproche, la canicule s'éloigne. Les bords des routes retrouvent une propreté certaine, des poubelles font leur apparition à chaque coin de campagne.

Nous nous garons facilement près de l'entrée de la très touristique cité Renaissance de Montepulciano où nous nous dégourdissons les jambes après de longues heures de voiture.

Ce n'est pas l'animation de la haute saison mais les ruelles pentues bruissent tout de même du murmure des conversations. Les français sont majoritaires et semblent avoir enfin franchi les frontières hexagonales.

Quelques caves proposent la dégustation de quelques verres, nous attendrons le dîner !

La promenade est sympathique, le cachet des bâtiments certain.

En quittant le village, nous commençons à nous demander si nous n'avons pas commis une erreur en choisissant d'aller dans les Pouilles plutôt qu'en Toscane...

La vue depuis l'hôtel du soir confirme ce sentiment.

Il fait frais, il n'y a pas un bruit, les cyprès et les oliviers ponctuent de vert le paysage, un excellent vin rouge emplit nos verres.

Que demander de plus ?

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Nous passerons notre dernière nuit italienne aux pieds des Alpes à Turin.

La route traverse tout d'abord la superbe campagne toscane. Dommage de ne pas avoir le temps de s'arrêter plus .

Définitivement, nous aurions dû bifurquer des Dolomites vers la Toscane !

Passé Sienne, nous retrouvons l'enfer des autoroutes italiennes.

Des ouvrages d'art se succèdent alors que nous nous approchons de Gênes et l'état des multiples tunnels ne nous rassure guère. Peu de lumière, des pans de murs bricolés, des sorties de secours peu nombreuses...

Nous sommes donc ravis quand nous sortons enfin du cycle infernal des boyaux !

Turin est bientôt en vue. Nous trouvons facilement à nous garer dans une rue près de notre hôtel et partons pour une rapide promenade apéritive puis digestive à travers la ville.

C'est assez étrange de se retrouver dans une grosse agglomération après quasi un mois de montagne, de campagne et de petites villes !

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L'heure du bilan a sonné...

Nous avons passé d'excellents moments en Suisse et aux Dolomites. D'autant plus que nous y étions souvent assez seuls !

En revanche, vous aurez tous compris que nous ne revenons pas enchanté de notre séjour dans les Pouilles. La faute à la canicule principalement mais aussi l'effarement devant la saleté...

Le tiercé gagnant : Valais, Dolomites, Toscane ? Nous le saurons un autre jour !