Tu as bien dormi, toi ?
Pas trop, le chauffage fait un boucan d'enfer !
Eh, oui. Pas de radiateurs électriques même style grille-pain dans la gamme d'hébergements choisie, pas non plus de chauffage central...
Mais d'antiques clim' réversibles qui doivent dater du temps de Jimmy Carter comme le reste du mobilier d'ailleurs...
La soufflerie est infernale et se déclenche très régulièrement vu les froides températures extérieures.
Vous avez donc le choix entre ne pas dormir mais avoir chaud ou dormir mais se geler...
(Les couettes épaisses semblent également ne pas être à la mode au pays de l'oncle Sam !)
Je vous conseille donc d'emporter un duvet si vous partez en hiver !
Si on prenait un café pour se réveiller ?
L'hôtel met à disposition de ses clients un salon avec café et eau chaude en self service.
Vu la couleur des cafés américains, un vrai jus de chaussettes à faire frémir d'horreur un italien, pas sûre que celui-ci nous maintiendra éveillés pour la journée !
Je préfère donc me préparer ma propre boisson grâce au café moulu et au porte filtre amenés de France.
Nous dégustons bientôt un délicieux breuvage au goût subtilement amer, mangeons quelques tartines ( pas mal la confiture de framboise de chez Whole Foods ! ) puis quittons Boulder City pour enfin partir à la découverte de l'Ouest Américain !
La première étape de cette belle journée de mars n'est pas bien loin. Il s'agit du barrage Hoover édifié dans les années 30 sur le fleuve Colorado.
Cet ouvrage a donné naissance au lac Mead dont le niveau est cruellement bas aujourd'hui.
Une promenade est aménagée sur le pont routier et offre une vue aussi plongeante qu'à contre-jour (en matinée) sur l'impressionnante retenue.
Les visiteurs en excursion organisée depuis Las Vegas sont plus nombreux que les mouflons, pourtant ils ne sont signalés par aucune pancarte...
Si vous croisez ces véhicules, fuyez ! L'un des guides possède une voie particulièrement sonore comme une logorrhée inextinguible. Ses clients doivent rentrer épuisés à leur port d'attache...
Nous rebroussons ensuite chemin, traversons Las Vegas et empruntons l'Interstate 15 à la circulation chargée.
Une pancarte nous invite bientôt à quitter la 4 voies pour un ruban parallèle bien plus tranquille.
Notre but : les Seven Magic Mountains, une collection de 7 empilements de rochers aux couleurs vives qui ne sont pas sans me rappeler les Rochers Peints de Tafraoute au Maroc.
L'ensemble est plutôt sympa mais les selfistes compulsifs sont un peu trop à l'oeuvre pour mon goût...
Il ne me reste plus qu'à trouver le bon angle pour les dissimuler derrière les colonnes !
Un peu plus loin, nous croisons un élément indissociable de ce morceau d'Amérique : les infinis trains de marchandises qui sillonnent tout aussi inlassablement que bruyamment les abords de la route 66.
Si vous êtes coincés au passage à niveau, soyez prêts à patienter de longues minutes !
Heureusement pour nous, le passage est souterrain et le minuscule village de Goodsprings apparaît rapidement à l'horizon.
Cette ancienne ville minière n'est pas tout à fait devenue une cité fantôme et vivote désormais du touriste attiré là par quelques bâtiments d'une époque révolue.
Nous entrons dans le saloon. Un peu tôt pour une bière, pourquoi pas un chocolat chaud ?
Entre cette boisson et le poêle, nous devrions ressortir bien réchauffés !
Le soleil a beau être franc, le ciel limpide, un vent frais balaye le Nevada et le thermomètre peine à afficher 15 degrés...
Peut-être la chaleur sera-t-elle au rendez-vous à notre prochaine étape, le désert de Mojave ?
Ce parc naturel (totalement gratuit) possède pistes et routes goudronnées, nous choisissons la seconde option pour rejoindre les points de vue préalablement sélectionnés.
Une splendide table de pique-nique nous tend les bras au premier arrêt.
Si nous déjeunions, en blouson, avant d'entamer la randonnée de 5 kilomètres qui nous hissera au niveau de Teutonia Peak ?
Le sentier traverse tout d'abord une plaine ponctuée d'arbres de Josué qui semblent avoir subi les assauts d'un feu ardent .
Certaines plantes ont cependant survécu aux flammes et demain, peut-être, redonneront vie à cette forêt calcinée.
A mi-parcours, la promenade de santé s'achève pour laisser place à un peu de dénivelé !
Rien d'insurmontable mais ça grimpe un peu sec pour une première sortie...
Le souffle court, je découvre, émerveillée, le spectacle qui s'offre derrière comme devant moi.
Nous reprenons maintenant le volant et suivons les rails jusqu'à Kelso dépôt, une ancienne gare de la ligne Salt Lake City-Los Angeles.
Pourquoi une gare dans un tel désert ?
Les locomotives à vapeur avaient besoin d'eau et les pentes étaient trop raides dans le secteur pour qu'une seule machine et son lot de wagonnets puisse les gravir.
Il fallait donc trouver un lieu qui offrirait eau et abri pour les moteurs supplémentaires : Kelso était née.
L'avènement du moteur diesel comme la fermeture des mines aux alentours ont sonné le glas de cette gare dans les années 80.
Le bâtiment a cependant été préservé, devenant l'un des centres pour visiteurs du parc.
Quelques kilomètres nous séparent d'un tout autre paysage : un chapelet de dunes de sable !
Une piste carrossable permet de s'en approcher au plus près et de superbes emplacements de camping sont aménagés au pied de l'erg.
On se croirait presque à Merzouga (décidément, j'ai beaucoup de références marocaines...) avant que le tourisme de masse ne s'empare de cette langue de désert !
Je me serais bien baladée dans le sable mais l'heure tourne et le soleil d'hiver se couche tôt !
Gagnons plutôt Granite Peak, une pincée de Dolomites en Californie, les cactus en plus, le monde en moins ...
La route file désormais vers l'Interstate 40 - dont l'ancien tracé possédait le mythique nombre 66- et la ville sans charme de Needles.
Nous nous installons au basique motel réservé puis partons dîner.
Le menu propose principalement sandwichs et hamburgers mais aussi le très classique steak qui malgré une commande "rare" arrivera à point (Le truc en haut à droite est une sorte de pain.) ...
Toujours une clim' réversible du siècle dernier dans la chambre, je n'ose vous souhaiter bonne nuit...