Tour de France, étape Oléron

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A la découverte de l'île d'Oléron en septembre entre promenades à vélo, dégustation de produits locaux et océan !
Septembre 2020
7 jours
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Pourquoi pas...

Les diverses autorités diffusent des propos pas vraiment alarmants quant à la pandémie. J'ai toujours de l'espoir pour la Réunion en novembre. Je décide donc de ne prendre qu'une semaine de congés en ce milieu de mois de septembre et de réaliser comme, initialement prévu en janvier, un voyage plutôt placé sous le signe du repos dans un petit recoin de l'hexagone.

Notre choix se précise rapidement. Ce sera l'île d'Oléron ou l'île de Ré puis Oléron remporte la mise !

Chat échaudé craignant l'eau froide, nous n'effectuons aucune réservation trop anticipée. Bien nous en prend, un cas covid se déclare au travail 8 jours avant le départ !

Nous effectuons donc le plus rapidement possible l'épreuve du coton tige dans la narine en croisant les doigts...

24 heures plus tard, un message du labo : négatif . Ouf , on peut partir !

Nous attendrons tout de même la veille du départ pour réserver une maison sur l'île, à Sauzelle plus précisément.

La location comprend des VTT, nous serons donc un peu sportifs durant le séjour...

A bientôt sur les sentiers de l'île mais aussi sur les petites routes de Charente Maritime !

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La route que nous avons choisie pour rejoindre Oléron ne passe pas loin d'Oradour sur Glane. Nous décidons de nous y arrêter.

Le 10 juin 1944, la sinistre division SS Das Reich, qui a déjà perpétré de nombreuses exactions sur le front de l'Est, pénètre dans ce petit village des environs de Limoges.

Son but : démotiver la résistance et ses soutiens en organisant un spectaculaire massacre.

Le bourg est encerclé puis ordre est donné aux habitants de se rassembler sur le champ de foire. Les fuyards, les handicapés sont immédiatement abattus tandis que les hommes sont séparés des femmes et des enfants.

Les uns sont conduits dans 6 lieux d'exécution, les autres sont enfermés dans l'église.

Les mitrailleuses, les charges explosives et le feu se déchaînent sur les captifs. 642 personnes ne survivront pas à la folie meurtrière d'une idéologie aux abois.

Les maisons sont ensuite pillées puis brûlées, le village n'est bientôt plus qu'un tas de ruines.

Les quelques survivants ne reconstruiront pas leur logis sur les cendres de leur passé, un nouvel îlot de bâtiments sera édifié à quelques centaines de mètres de là.

Les restes béants du village martyr sont préservés pour que survive à jamais la mémoire de ce qui n'aurait jamais du être.

La "visite" débute par une glaçante exposition des portraits des disparus. Des hommes, des femmes, des enfants, des grands pères, des écolières, des instituteurs, des commerçants, des mariés, des gens ordinaires, vous et moi.

Puis une grille s'ouvre sur les ruelles parmi lesquelles nous déambulons.

Pompéi fut détruite par la nature, Oradour sur Glane par la haine, les deux nous ramènent à la fragilité de notre monde.

Je vous promets une suite de voyage plus joyeuse...

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Un pont reste à franchir avant que d'arriver sur l'île.

Nous décidons tout d'abord d'effectuer un petit crochet pour admirer le Fort Louvois, l'une des innombrables fortifications édifiées au 17ème siècle sous l'égide de Vauban pour défendre l'arsenal de Rochefort.

L'édifice reste inaccessible à marée haute. Si vous voulez le visiter, il faudra donc vous renseigner sur l'horaire des basses eaux. Vous aurez alors environ 3 heures devant vous pour rejoindre et explorer la forteresse via une chaussé pavée.

Je crains que cela ne soit râpé pour aujourd'hui...

Faute de grives, nous retrouvons le chemin du pont que nous ne tardons pas à chevaucher.

Plus les kilomètres défilent, plus la circulation s'intensifie dans l'autre sens. Il faut dire que nous sommes dimanche, qu'il fait très beau et que nous sommes en fin d'après midi. Résultat, gros bouchon pour rentrer sur Nantes, Bordeaux ou au delà ...

Heureusement, c'est beaucoup plus calme pour accéder au nirvana. Nous parvenons ainsi relativement facilement à notre location.

Le propriétaire des lieux nous attend. Comme cet été sur la côte basque ou dans les Pyrénées, il ne porte pas de masque et semble plus soucieux de ne pas se prendre une amende que de suivre les conseils sanitaires. Par ailleurs, comme quasi toutes les annonces consultées, le ménage reste à la charge des voyageurs ce que je trouve aussi surprenant en cette période troublée...

La maison est petite mais confortable, les VTT sont prêts à être utilisés, le soleil rougit l'horizon.

Si nous allions dîner ?

Nous jetons notre dévolu sur les restaurants du port de Boyardville mais notre quête d'une table en terrasse s'avère rapidement désespérée.

Bizarrement, la plupart des établissements sont fermés. Les commerçants auraient-ils fait suffisamment leur beurre en juillet-août ? Les saisonniers seraient-ils difficiles à recruter ? Le mois de septembre serait-il les autres années un mois creux ?

Je n'en sais rien.

Je remarque juste que la demande excède largement l'offre et que ce sera pareil partout durant toute la semaine. Bref, il est indispensable de réserver !

Nous repartons finalement dans l'autre sens et finissons à la Guitoune devant quelques produits de la mer et un Poke Bowl.

Bon appétit !

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Le ciel est bleu, l'air doux, un temps parfait pour poser sa serviette sur un coin de sable !

Nous enfourchons donc nos VTT pour avaler les 5 kilomètres de plat qui nous séparent de la plage des Saumonards située au nord de l'île.

La politique touristique d'Oléron favorise les déplacements à vélo et il est bien agréable de rouler sur l'une des nombreuses pistes cyclables qui longent océan, forêts, vignobles et marais.

L'ombre des pins et des chênes verts s'efface bientôt au pied d'une dune. Il faut garer nos vaillantes montures et continuer à pied.

Contrairement aux criques méditerranéennes, la place ici ne manque pas pour le baigneur. On pourrait même dire qu'il a trop de choix...

Après moult tergiversations, nous nous installons au bord d'une eau si tentante que nous ne tardons pas à y tremper les pieds.

La première impression est fraîche, très fraîche ! Nous finirons tout de même par effectuer quelques brasses qui achèveront de nous réchauffer.

Après la baignade, la promenade !

Un long ruban de sable, quelques pêcheurs, un célèbre fort à l'horizon, Boyard...

Nous retrouvons alors nos destriers métalliques, je pose mon fessier sur la selle, aie...

Dis, t'as pas un peu mal au cul, toi ???

Nous continuons donc qui en danseuse, qui sur une demi-fesse, de grandes expéditions cyclistes ne seront pas au programme des prochaines années !

Le restaurant repéré pour le déjeuner, le Café de la plage, n'est plus très loin. Les pieds dans le sable, vue sur mer, une terrasse, un menu aux saveurs océanes, j'en salive d'avance !

Arghhh ! Complet !

Nous nous rabattons sur une gargote désorganisée de Boyardville où nous n'arriverons jamais à faire correspondre addition et mets commandés...

Nous décidons ensuite d'aller jeter un oeil au tout proche site ostréicole de Fort Royer.

Les cabanes aux vives couleurs sont alignées au bord des canaux, les chalands attendent la marée, le tout s'avère plutôt photogénique !

Nos postérieurs ne sont pas mécontents de se lover dans le moelleux des sièges de la Sandero pour la suite de cette journée ni de dégotter des couvre-selles en silicone au supermarché...

La Dacia tournicote maintenant un peu dans le très touristique port de la Cotinière avant de se ranger docilement parmi les nombreux véhicules ayant déjà déversé leur cargaison de passagers.

Les terrasses sont pleines, une queue serpente en direction du célèbre fish and chips, le Merluchon.

Nous observons amusés le manège des mouettes mendiant des morceaux de poisson pané aux quelques dîneurs assis sur les bancs du port...

Le très vivant port de La Cotinière 

Tu laisses tomber ton cornet de frites ou de merlu, t'es mort !

Nous nous confronterons un autre jour à la meute emplumée, nous contentant aujourd'hui d'une balade sur les quais puis la grève.

Cette belle journée s'achèvera dans notre jardin, un verre de pineau à la main, des grillades sur le barbecue.

Bonne nuit...

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Aujourd'hui, c'est repos pour nos séants ! L'excursion prévue dépasse les 50 kilomètres ce qui est certes peu pour un coureur du Tour de France mais beaucoup pour des voyageurs qui ne montent sur un vélo qu'une fois l'an...

C'est donc en Sandero et sous un ciel plombé que nous prenons la route des Huîtres.

Premier arrêt, les cabanes ostréicoles de la Baudissière !

Vous y trouverez en saison des boutiques artisanales mais aussi quelques bourriches de Marennes-Oléron. Les gourmands pourront même déguster sur place leur péché mignon ou bien encore quelques moules de bouchots.

Il est un peu tôt pour les fines de claire ou l'églade. Nous succomberons un autre jour et continuons notre chemin direction Le Château d'Oléron.

Le village est connu pour sa citadelle conçue par un certain Vauban, Sébastien pour les intimes, mais aussi pour les cabanes de son port ostréicole transformées comme tant d'autres en pôle d'attraction touristique.

J'aurais bien acheté l'une de ces rigolotes sculptures mais pas au prix demandé...

L'envers du décor est resté plus dans son jus et le tout s'avère très plaisant !

Les amoureux renoncent ici à cadenasser leur histoire préférant la dédier au délicieux mollusque bivalve pimentant leur escapade pourtant somme toute charentaise...

Nous changeons bientôt d'atmosphère, à nous les vagues de La Giraudière !

Malheureusement, le ciel est toujours aussi peu clément. Nous oublions donc le maillot de bain dans le fin fond de notre sac à dos et va pour une courte promenade les pieds dans le sable !

Les surfeurs, en revanche, ne se laissent pas abattre et s'essaient à taquiner les rouleaux avec plus ou moins de succès.

En longeant la côte, nous trouvons finalement un coin de ciel bleu qui s'agrandit à l'approche de la tombée du jour.

Une ultime balade en bord de mer nous fait alors découvrir un autre aspect de la gastronomie du département, les cagouillles...

Personnellement, je préfère déguster les produits mis en vente ici mais à chacun ses goûts !

Avant de rentrer dîner à notre logis, nous effectuons un dernier détour vers les canaux qui labyrinthent l'île. Le soleil s'efface. C'est l'heure rose, bleue, nuit des photographes et des ombres chinoises !

A demain...

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Soit quasi 40 kilomètres à vélo... Je sens que mon postérieur va me détester !

Nous débutons cette journée placée sous le signe de la petite reine par une escale à la plage de La Gautrelle.

La brume enveloppe l'horizon, espérons qu'elle se lèvera !

Au retour d'un franc soleil , la piste cyclable suit les canaux du marais du Douhet.

C'est vraiment très agréable de rouler ici sous l'oeil indifférent de volatiles emplumés fort occupés à dénicher leur futur repas.

Nous perdons ensuite la trace de la voie réservée à nos montures et errons dans les rues de La Bree les Bains à la recherche d'une boulangerie.

Je ne sais pas pourquoi mais tous les artisans de la farine et du levain de l'île ont décidé de fermer boutique le même jour. Nous échouons donc à la supérette d'un camping pour dégotter l'élément indispensable à tout pique nique qui se respecte !

Nos fessiers maigrelets sont bientôt ravis d'échanger l'inconfort de nos selles pour le quasi moelleux d'un petit banc de bois judicieusement placé en bord de mer.

Bel endroit pour déjeuner, non ?

Repus, nous poursuivons notre chemin le long de la côte sans manquer toutefois d'effectuer un arrêt à la plage de la Boirie, renommée pour ses cabines de plage hautes en couleur !

Plus que quelques efforts en bordure de falaise à fournir et se dessine la haute silhouette du phare .

Nous abandonnons nos VTT au parking et allons voir la bête d'un peu plus près.

Covid oblige, la visite du phare est limitée à quelques personnes par session.

Une pancarte annonce deux heures d'attente, nous passons notre tour !

Nous n'admirerons donc pas le panorama à 360 degrés qui s'offre à 46 mètres du sol.

A la place, nous nous dirigeons au bout du bout de l'île où le vent ne semble pas tendre avec la végétation...

Une glace, un café et nous essayons de trouver la façon la moins inconfortable possible de nous jucher sur nos vélos.

Certains expliquent que voyager, c'est sortir de sa zone de confort. Ben, pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour cela ! Un cul, une selle et c'est gagné !

La prochaine fois, je louerai plutôt ce genre de monture...

Un petit safari sur le chemin du retour, ça vous tente ?

Les ornithologues auront plus de chance d'assouvir leur passion que les admirateurs de beautés poilues mais l'atmosphère est tout aussi agréable qu'au matin.

Ça creuse le vélo, non ? Si nous allions dîner dans une cabane à huîtres ?

Prévoyants, nous avons réservé la veille notre table et nous avons bien fait ...

Au menu, une demi-douzaine d'huître, des moules en églade ( une planche, des moules, des aiguilles de pin qu'on enflamme) et une glace caramel beurre-salé . Le tout arrosé d'un petit vin blanc du coin...

Bon appétit !

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Premier service : de l'autre côté du pertuis de Maumusson, la pointe d'Arvert .

Aujourd'hui, nous abandonnons nos vélos comme Oléron. Notre but, les plages dunaires de la côte sauvage sur le continent !

Le temps est au beau fixe, le parking qui mène à la plage peu rempli. C'est un plaisir que d'emprunter le chemin de sable qui survole les dunes et la forêt pour se perdre sur une grève agitée.

A gauche, les adeptes de la tenue d'Adam et Eve pourront tester les vagues plutôt sereinement ; à droite, il faudra s'agripper à son bikini ou à son boxer sous peine d'avoir un petit problème pour regagner sa serviette de bain...

J'adore ce type de plage. Toujours beaucoup de place même au coeur de l'été, pas de bruit de circulation, pas d'immeubles défigurant l'arrière plan, une eau certes peu propice à la natation mais parfaite pour se croire immergée dans le tambour d'une machine à laver lancée en plein essorage.

Il manque juste quelques degrés à l'Atlantique pour que le tableau soit parfait...

Second service : Retour sur la plage des Saumonards

Une journée à 4 roues, une journée sur 2 roues, nous reprenons donc nos vélos pour une ultime après midi sable-baignade-balade.

Cette fois-ci, la marée est au plus bas dégageant les fameux bouchots dédiés à la mytiliculture.

La météo ne plaide pas en la faveur des plaisirs aquatiques. Nous optons plutôt pour une promenade les pieds dans le sable.

A la plus grande satisfaction de nos culs endoloris, nous abandonnons maintenant définitivement nos VTT et allons faire un peu de shopping à St Pierre d'Oléron.

La belle îloise n'est pas vraiment locale mais s'avère tout de même très exotique aux yeux de puydômois plus habitués aux plaisirs du cochon sous toutes ses formes qu'à ceux des clupéidés...

Un vrai paradis pour puxisardinophile, cette boutique, non ?

Quelques boîtes plus tard, retour à la case départ pour le dîner.

Bon appétit !

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Pour notre dernière journée de vacances, nous partons à la découverte de quelques trésors charentais.

Premier arrêt, Brouage et sa citadelle édifiée au milieu des marais.

Nous abandonnons la Dacia sur un parking peu rempli et filons à l'assaut des remparts.

Nous quittons la muraille à trois quart tour et errons dans le petit village habituellement touristique bien abandonné en cette période de pandémie.

Un peu plus tard, c'est déjà l'heure de la pause pique-nique à Port-des-Barques en face de l'intrigante Ile Madame.

L'îlot n'est accessible qu'à marée basse grâce au cordon dunaire qui le relie alors au continent.

La traversée nous tente. Je vérifie l'horaire des marées, c'est bon ! Nous avons un trio d'heures devant nous.

Il vaut mieux éviter la Lamborghini pour franchir la Passe aux boeufs mais en Sandero, c'est parfait...

Nous traversons rapidement l'île de bout en bout et parvenons au nirvana des pêcheurs à pied. Nous n'avons ni épuisette, ni bottes ni panier mais nous ne résistons pas à l'attrait d'une balade sur l'estran.

L'océan s'est aujourd'hui retiré très loin et semble inaccessible. C'est assez fascinant de se promener sur cette étendue rocheuse habituellement noyée.

On en oublierait presque les minutes qui s'écoulent nous rapprochant inexorablement des hautes eaux et d'une possible noyade...

Nous rebroussons prudemment chemin avant de quasi toucher Fort Boyard et allons observer de plus près l'autre curiosité des lieux, les photogéniques carrelets charentais.

De retour sur le continent, je repère sur la carte une autre pièce maîtresse de la défense de Rochefort et de sa rade, Fort Lupin.

Si nous allions y jeter un oeil ?

L'édifice, privé, n'est habituellement accessible qu'à des horaires plutôt restreints et nous sommes bien étonnés de trouver la porte ouverte au bout de l'allée. Nous apprendrons ultérieurement que le sésame ouvre toi s'appelait Journées du Patrimoine, encore fallait-il le savoir...

Nous n'avons pas pris nos masques, nous ne visiterons donc que l'extérieur de ce bâtiment joliment perché en bordure de Charente.

Une autre annotation sur la carte m'intrigue : Pont Transbordeur. Késaco ?

Un bac permettait autrefois de passer d'une rive à l'autre de la Charente au niveau de Rochefort. Il fut remplacé en 1900 par ce fameux Pont Transbordeur qui assurera la traversée du fleuve durant presque 70 ans.

Pas de travée fixe qui empêcherait la circulation des bateaux mais une nacelle mobile pouvant transborder piétons, calèches, cyclistes puis véhicules à moteur.

Restauré, le pont est aujourd'hui une curiosité touristique permettant le voyage dans un autre temps..

L'après midi s'achève, nous découvrons rapidement Rochefort. Plus l'occasion de déguster une glace que de visiter cette petite ville dont les attraits m'ont un peu échappé.

Retour sur Oléron, dernière soirée, dernier restaurant avant longtemps...

Je vous abandonne devant une délicieuse choucroute de la mer et vous dis à bientôt pour la découverte d'autres horizons !