Tour de France, étape 65

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Une semaine dans les Pyrénées entre Lourdes et le Pic du Midi
Juin 2019
7 jours
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Un début de mois de juin, une semaine de vacances, une envie de Pyrénées , quelques cols mythiques mais pas que...

Je laisse le vélo, électrique ou non, aux amateurs.

Mes pieds, un téléphérique et une voiture sont nettement plus à ma portée ! Des raquettes auraient peut-être été utiles, une doudoune aussi...

Je vous invite maintenant à me suivre sur les traces d'Octave Lapize, de Jean Robic, de Roland, de Bernadette, de Charles Marie-Étienne Champion Dubois de Nansouty, de millions d'anonymes jacquets mais aussi -qui sait ?- sur celles du loup, de l'ours, de l'isard ou plus modestement de vaches et de brebis.

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Le ciel est chargé, l'air bien frais. Plutôt une journée pour se promener en voiture qu'à pied. Nous emportons pourtant un pique nique et une idée de courte randonnée, sait-on jamais ?

La Scirocco enchaîne maintenant les virages, double quelques forcenés de la petite reine puis quelques motards nettement plus décontractés au guidon de leur monture que ces premiers...

1709 mètres. Les vainqueurs de la pente affichent leurs exploits au sommet.

Je ne comprends pas bien cette recherche de souffrance mais, tant qu'on ne m'oblige pas à les suivre, pourquoi pas !

Je connais le maillot jaune, le maillot à poids mais le vert m'échappe ? Une idée ?

D'autres montures piaffent ici d'impatience d'être chevauchées.

Mais le touriste se fait rare, le cycliste est épuisé, le biker, plus intéressé par une tentative de rodéo...

Nous quittons bientôt l'Aubisque et ses bourrasques. Cap vers le Soulor, son voisin.

Le soleil pointe enfin son nez, nous allons pouvoir nous dégourdir un peu les jambes, direction le Lac de Soum.

Les paresseux pourront louer les services de quelques ânes. Pas sûre qu'ils arriveront les premiers...

Le chemin est plutôt facile, un sandwich fromage et jambon de pays patiente au fond de notre sac. Une petite idée de paradis...

Nous déjeunerons en seule compagnie d'un troupeau de vaches à l'estive,

Avant que de s'allonger au milieu des montagnes.

Dis, t'aurais pas pris des coups de soleil, toi ?

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La météo prévoit aujourd'hui la seule journée vraiment printanière du séjour. Profitons de ce ciel dégagé pour monter au Pic du Midi !

Le téléphérique a ré-ouvert depuis peu et la saison débute à peine. Il n'y a donc pas foule dans la benne comme à l'arrivée.

Nous sommes maintenant à 2877 mètres d'altitude et la chaîne des Pyrénées s'offre en panorama.

Pour justifier le prix du billet et attirer un peu plus de visiteurs, un cauchemar pour acrophobes permet de tutoyer le vide. Je n'ose imaginer combien de temps il faut patienter pour prendre ce genre de photo en plein mois d'août...

Un petit musée développe quelques notions d'astronomie et surtout rappelle l'histoire des lieux.Car, avant d'être un point de vue, ce sommet est principalement un observatoire dont la construction s'apparenta plus à une expédition qu'à une promenade de santé.

Après un déjeuner plutôt oubliable dans le restaurant de la plateforme, nous décidons d'aller admirer le pic vue du dessous. La Scirocco file donc vers le col du Tourmalet d'où part la randonnée vers le col de Sencours.

7,5 % ???? Pfff...

Si un cycliste veut connaître ses limites je lui conseille plutôt le Lesotho. Là, au moins, il pourra affronter des pentes digne de ce nom !

Après, si 7.5, ça donne ceci au sommet, je me demande quelle tête fera le sportif au bout des pentes africaines à 25 %...

Nous garons facilement la voiture, il n'y a personne pour tenter la balade. L'ancienne route aujourd'hui fermée qui menait au pied du pic est pour nous !

Je vous laisse profiter du paysage et de la faune locale...

J'ai un tunnel à déblayer ! Pas mal, non ?

Bon, juin, c'est bien car nous sommes seuls. Mais pour les lacs aux reflets bleutés faudra revenir...

Le col est maintenant en vue mais nous renonçons à poursuivre notre promenade, faute de crampons...

Une jolie randonnée pour débutants,

A conseiller un peu plus en saison...

C'est quoi ces sifflements ? Quelques marmottes défendant fermement leur droit à l'image...

Une autre fois, peut-être, pourrons-nous leur tirer le portrait ?

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Le ciel menace puis craque. Nous allons prendre les eaux à Lourdes.

Durant ce premier demi-siècle d'existence, j'ai eu l'occasion d'assister à de nombreuses représentations du kitsch religieux mais plutôt lors d'échappées lointaines : tous les temples indiens, le temple Cao Dai de Tay Ninh, l'appropriation du christianisme par les descendants des civilisations précolombiennes, la tonitruance d'un office au Brésil, la surexposition à la dorure des églises sud américaines...

Je ne pensais pas retrouver un spectacle d'une telle intensité en France. J'avais tort.

J'attachais, jusque là, à cette ville plus le nom de Douste-Blazy que celui de Bernadette. Mais une gamine semble avoir volé la vedette au cardiologue. Plus rentable, sans doute...

Les visions de l'ingénue ont en effet transformé la bourgade assoupie aux pieds des Pyrénées en une juteuse foire aux miracles drainant des millions de pèlerins.

La commune possède maintenant la deuxième capacité hôtelière de France après Paris et biberonne au sein de Soubirous.

Elle n'est pas la seule d'ailleurs.

L'église et les marchands du temple ne sont pas prêts à lâcher les bénéfices engendrés par l'enfant star et vendent son nom et ses bienfaits à toutes les sauces.

La visite débute à peu près sobrement le long d'une vaste allée menant à une double basilique.

Des étals proposent alors de modestes cierges pour quelques euros puis une ultime boutique sort le grand jeu.

Je me demande bien quels péchés il a fallu commettre pour penser s'en tirer avec un cierge de 70 kilos... Je me demande également quelle tête ferait l'employé si mon offrande n'était que de 50 euros... Un conseil, ce n'est pas un ordre après tout.

Prochaine étape : la grotte. Une longue queue s'échappe de la cavité, je fais l'impasse.

Station suivante : les bains. Pas de chance, c'est complet côté dame. Une autre fois, peut-être ?

En face de ces lieux, de grands stands couverts abritent les flammes de l'enfer. A bien y regarder, je crois qu'il s'agit plutôt des achats des pèlerins qui partent en fumée... Tiens en voilà deux d'ailleurs lourdement chargés !

La femme installe joyeusement l'objet de sa dévotion puis l'allume. Croyante mais pas tout à fait insensée, elle n'a pas acheté la version officielle mais a préféré les prix cassés des marchands de souvenirs situés à l'extérieur du sanctuaire...

Nous les laissons à leurs prières et regagnons l'esplanade du rosaire.

Un petit tour à l'intérieur des différentes églises, rien de particulier hormis une forêt d'ex-voto.

Une voix nous signale alors qu'une cérémonie aura lieu à 1700 dans la basilique souterraine. Si nous voulons la visiter, c'est donc maintenant ou jamais. Jamais, ça serait dommage. C'est le clou du spectacle...

Pas par son architecture tenant plus d'un gymnase que d'une cathédrale de Rouen magnifiée par un Monet mais par son immensité. Souterrain, ce lieu de culte peut accueillir 25 000 personnes sur 12 000 m2. Moins qu'un stade de foot mais impressionnant tout de même !

La nef se remplit peu à peu de cheveux blancs et gris.

Les futurs miraculés sont emmenés chacun sur son identique charrette puis alignés tels des voitures à l'embarcadère d'un ferry.

Les officiants papotent en attendant que retentissent les trois coups. L'un d'entre eux se prend en selfie...

Une musique, un chant, les prêtres se mettent en branle.Nous nous éclipsons.

Je vous aurais bien ramené une vierge sous la neige, des bonbons à l'eau Lourdes, une vierge façon gourde, un chapelet, une magnifique horloge avec Bernie en toile de fond mais j'ai oublié ma carte bleue.

Je me rattraperai un autre jour...

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Nous laissons Luz-Saint-Sauveur derrière nous et suivons triplement le bitume jusqu'à sa fin.

La première branche, la plus fréquentée, nous amène à Gavarnie.

Contre quelques euros, nous abandonnons la Scirocco sur un immense parking un peu dégarni en cette maussade journée et poursuivons notre chemin à pied.

Nous empruntons alors une des multiples déclinaisons du chemin de Saint Jacques pour quelques kilomètres jusqu'au bien nommé plateau de Bellevue.

Un endroit idéal pour le pique nique, non ?

Le saucisson de porc noir et la tomme engloutis, nous regagnons la vallée et le flot des visiteurs jusqu'à l'également bien nommé Hôtel du Cirque et de la Cascade. Je note que le pyrénéen sait faire preuve d'une grande originalité...

Le vent s'est maintenant levé et transperce la polaire. Nous ne continuerons pas plus loin préférant admirer le paysage autour d'un café et de Nutella à la crêpe que de risquer l'épuisement au pied de la muraille. Ne dit-on pas qui veut aller loin ménage sa monture ?

Les vilains nuages jouent désormais à cache cache avec le bleu et c'est sous un grand soleil que s'achève cette sympathique promenade.

La seconde branche de goudron nous fait découvrir la petite station de ski de Gavarnie Gèdre abandonnée en cette saison à la voracité des brebis et des moutons. La route grimpe ensuite en quelques lacets au col de Tentes où elle s'achève brusquement. L'Espagne n'est qu'à 1500 mètres au bout de ce chemin neigeux.

Un petit effort supplémentaire et c'est la fameuse brèche de Roland qui se dévoilerait aux randonneurs. Je retiens cette idée de balade à ma portée pour un autre séjour dans le coin.

Le vent refait bientôt des siennes et souffle en de puissantes bourrasques. Nous décampons avant que de nous envoler...

L'ultime cul de sac est quasi désert. Ou presque...

Le guide m'annonce une route payante mais aucun guichet, aucune barrière n'arrête notre progression. Un chantier transforme le bitume en un court bourbier que nous franchissons. Des cabanes, un parking...

Tu crois qu'il faut s'arrêter là ?

Je vois pourtant une voie goudronnée qui s'élance vertigineusement vers les cieux.

Si nous l'empruntions ?

L'étroit ruban n'est pas en parfait état et j'espère que personne n'en a entamé la descente... Ça ne serait pas de chance vu le nombre de véhicules croisés depuis des kilomètres !

En fin de course, nous rattrapons un minibus lourdement chargé qui déverse au sommet sa cargaison de cyclistes paresseux.

Je ne connaissais pas cette version de ce sport. Ne faire que de la descente...

Nous évitons les engins déjà lancés à vive allure et découvrons le cirque de...

Nous sommes seuls au pied des montagnes et des cascades.

Le bonheur !

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C'est sous un magnifique ciel bleu que nous accomplirons l'ultime randonnée de cette courte semaine pyrénéenne.

Le sentier nous mène rapidement au lac de Suyen, petit paradis isolé.

Nous longeons bientôt ses berges et suivons le gave d'Arrens. Quelques rares promeneurs rebroussent maintenant chemin, nous resterons seuls tout le reste de cette journée.

A droite ou à gauche ? Va pour la gauche et le refuge du Balaïtous !

La pente, jusqu'ici très douce, s'accentue. Le lac se transforme en une minuscule tache bleutée.

Nous parvenons alors à un plateau verdoyant où se perd la trace à suivre.

Des marmottes gambadent joyeusement dans l'herbe grasse et se dorent la pilule sur quelques rochers. Leur Saint Tropez ?

Un sentier s'accroche à la montagne. Le notre ?Un lacet, deux lacets, trois lacets... Deux cents mètres de dénivelé.

Euhhh, Agnès, je crois que j'ai fait une erreur, le refuge est en face...

Tant pis, poursuivons par là !

Une belle pierre au soleil nous fait de l'oeil à trois quart pente. Un parfait banc pour le pique nique !

La pause déjeuner effectuée, nous décidons de continuer la randonnée improvisée jusqu'aux lacs de Remoulis qui devraient s'apercevoir après la crête.

Mon sac m'échappe alors des mains et arrête sa course dans la poussière du chemin. Une petite chute, 1 mètre à peine. Un étui rembourré et bien fermé. Un appareil photo pourtant foutu.

Les images sont toutes blanches, le Lumix décide invariablement de prendre un temps de pose de quelques secondes...Je crois que je n'ai pas de chance avec Panasonic. Deux appareils hors service en 4 ans, ça commence à faire beaucoup ! En attendant, va pour le smartphone...

La neige s'invite tout à coup sur les pentes. Pas suffisamment pour nous empêcher d'atteindre notre but.Mais assez pour compromettre la balade d'un randonneur qui aurait voulu poursuivre jusqu'en Espagne à 2 kilomètres de là.

Le temps se couvre, les nuages menacent, il est temps de retrouver 700 mètres plus bas, 6.5 kilomètres plus loin l'abri d'une Scirocco !

Nous croiserons quelques isards musant dans la prairie d'altitude à notre retour mais le smartphone a trouvé ses limites...

Nous aussi !

A bientôt pour d'autres promenades sur des chemins alpestres et méditerranéens...