Un excellent déjeuner tardif dégusté et nous nous dirigeons vers notre dernier point de chute, un confortable appartement idéalement situé pour profiter du soleil de la côte sud sans en subir l'agitation et l'environnement dégradé des immenses barres de bétons défigurant le bord de mer. La location est, par ailleurs, toute proche d'une des routes menant au volcan.
Le soleil se couche dans une heure, si nous allions admirer ses couleurs depuis là-haut ?
La TF 563 ne s'embarrasse pas vraiment de lacets pour partir à l'assaut de la pente abrupte.
Nous atteignons donc rapidement la forêt de pins cernant la caldeira puis nous nous élevons au dessus des nuages.
800, 1 000, 1 500, 2 000 mètres.
20, 15, 10, 5 degrés...
Le paysage a radicalement changé et seuls quelques véhicules hantent encore le parc.
Le Teide flamboie, rougeoie.
Pourquoi les amateurs de ce spectacle époustouflant ne sont-ils qu'une poignée alors que d'innombrables charters déversent à une heure de là des milliers de passagers chaque jour ?
Pourquoi la plupart de ces spectateurs ne prennent qu'une rapide photo et puis s'en vont ?
Une minute pour s'habiller chaudement, un quart d'heure pour sortir le trépied, l'appareil photo à quelques milliers d'euros, un clic et ça repart...
La Corsa règne désormais sur le parking. Le soleil achève son show, l'horizon rosit, pâlit, noircit...
Nous prenons difficilement congé du Teide à notre tour.
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Après la route du Teide à la tombée du jour, la même à 10 heures du matin...
Les nuages sont toujours accrochés aux pentes du volcan, les visiteurs semblent toujours peu nombreux.
Illusion...
Le parking du centre des visiteurs del Portillo est plein comme un oeuf et rares sont les endroits où se garer en bord de route. Nous échouons donc près d'un restaurant et devons entamer la randonnée prévue par un kilomètre de bitume...
Ah ! Ça y est, nous y sommes !
Un peu moins de 8 kilomètres, 250 mètres de dénivelée
Pour cette superbe promenade de trois heures
En direction d'Arenas Negras.
Cette randonnée circulaire offre de magnifiques vues, je ne sais laquelle choisir...
Nous arrivons maintenant en bordure de caldeira. Croiser une vigogne en ces lieux ne me surprendrait pas, mais non, nous ne sommes pas en Amérique du Sud !
Le temps d'un pique nique et nous dégottons un raccourci qui nous ramène sans goudron à la Corsa.
Nous continuons notre exploration du parc par une courte balade sur Mars qui s'atteint ici en voiture et sans équipement de spationaute...
Il suffit de trouver une place sur le parking de Las Minas de San Jose et nous voilà dans la peau de Matt Damon !
Certains robots en partance pour la planète rouge sont d'ailleurs testés ici.
Après avoir bien vérifié l'absence de petits hommes verts, nous quittons l'inhospitalier caillou pour de plus familiers paysages.
Tous les touristes semblent s'être donnés rendez vous à Roques de Garcia mais heureusement ne restent que le temps d'un selfie.
Nous empruntons donc quasi seuls le sentier qui contourne en quelques kilomètres les formations rocheuses qui ne dépareraient pas dans l'ouest américain.
Le Teide veille sur nous. J'espère qu'il ne se réveillera pas...
Ça paraît très facile comme ça mais nous sommes tout de même plus de 2 000 mètres d'altitude et ça descend !
Et quand ça descend, il faut remonter... 90 % de la promenade pour arriver au niveau de la caldeira, 10 % pour revenir au parking....Ce n'est plus un chemin mais un escalier ! Je crache mes poumons...
Je vous retrouve au niveau de la mer quand j'aurai repris mon souffle !
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2 100 mètres plus bas, changement total d'ambiance sur la plage de Los Cristianos.
Il est plus l'heure de l'apéro que celle du tournedos au soleil, le sable est donc quasi aussi désert que ne l'était Mars.
Vu comme ça, les lieux ne semblent pas si mal mais il vaut mieux ne pas se retourner...
La station balnéaire n'a rien de transcendant entre son béton, ses restaurants sans saveurs, ses nombreux bars et sa musique banale.
Les transats attendent sagement leurs vacanciers, les ferrys, impatiemment leurs passagers.
Au fait, j'ai pas parlé d'apéro tout à l'heure ? Nous prenons place à une terrasse où, pour la première fois de ce voyage, nous retrouvons des prix touristiques. Le temps d'un verre, nous découvrons ce à quoi nous avons échappé...
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Mon compagnon fête ses 42 ans aujourd'hui. Quelle meilleure façon de célébrer cet évènement que de grimper au sommet du volcan ?
Mes lecteurs qui voudraient faire de même seront bien avisés de réserver bien à l'avance leur accès au sentier voire leur ticket de téléphérique. En effet, seulement 200 personnes par jour peuvent découvrir le Saint des saints et la demande excède largement l'offre ! C'est gratuit (le sentier pas le téléphérique !)et très facile à organiser. Il suffit de se rendre ici !
Il existe cependant une façon de contourner cette limitation mais cette façon est elle-même très contraignante. Il vous faudra en effet grimper au refuge d'Altavista, y dormir (donc y trouver une place...) et redescendre avant 9 heures du sommet. Attention, cette solution est réservée aux randonneurs aguerris !
Notre benne part à 9 40, notre autorisation est valable de 11 00 à 13 00, il fait grand bleu, il n'y a pas de vent. Nous prenons chaussures, écharpe, doudoune et autres vêtements chauds et partons à l'assaut du Teide !
Environ 2300 mètres de dénivelé en Corsa. Peu ou prou 1200 en téléphérique. Un peu moins de 200 à pied !
Fastoche ?
Pas vraiment pour un sédentaire...
Nous voilà maintenant à un peu plus de 3 500 mètres au dessus de l'océan, quasi seuls. Il fait un temps superbe, peu de vent, du ciel bleu, du soleil. Je remballe la doudoune et contemple les quelques dizaines de mètres qu'il nous reste à gravir pour parvenir au toit de l'Espagne.
Comme nous avons prévu large, nous sommes pas mal à l'avance par rapport à notre créneau horaire d'ascension. Nous décidons donc d'effectuer les deux courtes randonnées possibles sans réservation qui partent de la gare d'arrivée du téléphérique, ies sentiers du Mirador de la Fortaleza et du Mirador du Pico Viejo.
Les deux chemins sont plutôt plats et très faciles.
Par delà les amas de lave,
Ils offrent une vue panoramique sur l'île, comme sur la caldeira.
Bon, c'est pas l'heure, là ??? Encore un quart d'heure ! Si on essayait tout de même ?
L'employé chargé de vérifier les autorisations nous autorise bientôt l'accès au nirvana malgré notre avance. Il n'y a plus qu'à grimper.
614 mètres en distance, 178 mètres de dénivelé, 40 minutes de marche selon le site du téléphérique, 2 heures selon la CGT, 10 minutes selon la police...
Vous êtes tous en forme ? On y va !
Dire que cette grimpette n'est pas à la portée de toute personne en bonne santé serait mentir mais dire que je l'ai faite les doigts dans le nez, aussi... La plupart des randonneurs seront heureusement de mon niveau.
Rien de plus exaspérant que de cracher ses poumons en se faisant doubler par un adepte de l'ultra-trail en promenade dominicale au petit trot !
Les marcheurs rythment donc tous leur chemin de croix de quelques stations. 14 pour les puristes, plus ou moins pour les autres...
Le raide escalier s'achève alors en un chemin escarpé qui nous permet enfin de dominer l'Atlantique.
J'ai appris dernièrement que certains occidentaux pensaient la terre plate. Pas un, ni deux mais un pourcentage significatif.
Pas si grave, me direz-vous sauf que l'un de ces énergumènes se serait tué en voulant prouver sa théorie.
Au lieu de s'envoyer en l'air par le biais d'une fusée de sa construction personnelle et exploser en direct, il aurait mieux fait de grimper au sommet du Teide...
L'horizon s'avère courbe de là-haut,
Non ?
Sur ces considérations hautement scientifiques, je regagne la caldeira et la foule.
Le parking, quasi vide à 09 00, est plein comme un oeuf à midi. C'est la foire d'empoigne pour se garer et les plus courageux devront parcourir quelques kilomètres à pied s'ils veulent accéder au téléphérique. Les plus chanceux prendront la place que nous libérons sous leur nez...
J'espère que l'aire jouxtant le départ de notre prochaine randonnée ne sera pas aussi bondée !
La voiture se glisse dans un petit coin du parking. Enveloppés d'une légère brume, nous entamons maintenant l'ultime randonnée du voyage, la boucle de Samara.
Les nuées se dissipent alors que nous traversons la pinède renaissante
Qui écharpe les flancs du volcan.
Nous grimpons désormais au milieu des cendres et des scories.
Avec le toujours aussi majestueux Teide en ligne de mire.
Où ont disparu les voyageurs ?
Ce n'est pas que la foule me manque mais je trouve tout de même assez surprenant de ne croiser que quelques personnes sur ce sentier à la portée du plus grand nombre.
5 kilomètres plus tard, nous retrouvons le vert,
Puis la route et notre logis !