Pour accéder aux lagunes altiplaniques, il faut réserver et régler ses entrées sur le site de la communauté indigène qui gère les lieux.
Attention, il y a un quota journalier de places disponibles, après c'est foutu !
Nous choisissons l'option qui permet un accès à la totalité du site à savoir Miscanti, Miñiques et Piedras Rojas.
Le système est loin d'être au point car si la réservation et le paiement se font en ligne (et uniquement là !), le ticket n'est délivré que physiquement.
Et pas n'importe où !
Il faut se pointer une heure avant le début de la visite (et pas après...) dans un bureau situé à Socaire pour se voir remettre le précieux sésame.
Cette bourgade est située à environ 90 kilomètres de San Pedro et ne dispose pas de réseau.
Vous ne pourrez donc pas effectuer sur place vos formalités d'achat même s'il restait des disponibilités...
Le jour vient à peine de se lever quand nous quittons notre maison pour espérer être vers 0930 au guichet de Socaire.
Nous sommes à 3200 mètres d'altitude, le vent est glacial, nous attendons notre tour devant la guérite emmitouflés dans nos plus chauds vêtements.
Pas de billets pré-imprimés, l'employé doit effectuer une page d'écriture en guise de laissez-passer.
Autant dire que c'est assez long et que certains imprudents en short semblent sur le point de se transformer en statues de glace...
Ah, c'est à nous !
Le ticket en poche, nous prenons quand même le temps de nous attarder dans le village.
Les charmes de Socaire sont restreints : deux églises fermées !
Nous nous élançons maintenant sur le ruban de bitume qui permet l'accès aux lagunes et, bien au-delà, à l'Argentine.
30 kilomètres pour accéder à ces premières, 120 pour parvenir à la frontière !
Un panneau sur la gauche, nous devons être arrivés.
Nos billets sont scrupuleusement vérifiés puis le goudron se transforme en gravier.
Quel fabuleux panorama !
Nous nous arrêtons aux différents points de vue sur les lagunes et restons bouche bée devant de telles merveilles.
La fréquentation est réduite, nous sommes dans les premiers du créneau horaire !
La seule ombre au tableau est le vent et le froid !
Nous sommes désormais à 4100 mètres d'altitude et, contrairement aux vigognes, nous n'avons pas la chance de posséder un chaud lainage intégré...
Les balades sont donc courtes même si, mises bout à bout, cela représente un certain effort.
Nous reprenons la route internationale pour le Salar d'Aguascalientes alors qu'arrivent de nombreux minibus sur Miscanti. Nous l'avons échappé belle !
50 minutes de route à travers la puna et un pique-nique au chaud dans la voiture plus tard, nous nous garons sur le parking de Piedras Rojas.
Le site semble attirer tous les touristes à 250 kilomètres à la ronde vu le nombre de véhicules en stationnement...
Nous sommes toujours à plus de 4000 mètres, l'impression thermique est toujours aussi polaire.
Nos tickets sont une nouvelle fois passés au microscope, des pancartes avertissent le marcheur que seuls les sentiers doivent être empruntés.
Nous suivons le flux des promeneurs sur un chemin impeccablement tracé.
La glace montre le bout de ses cristaux encerclant le Salar de sa mordante étreinte.
La roche rougeâtre contraste avec le bleu lagon des eaux saumâtres de la lagune.
L'instant serait sublime si nous pouvions privatiser les lieux...
La bagarre pour le meilleur selfie, pour le meilleur portrait est quasi déclenchée et la magie du site s'en trouve grandement écornée...
C'est donc avec un brin d'amertume que nous poursuivons notre route direction le poste frontière (traversée réservée aux véhicules de marchandises).
60 kilomètres de plus au compteur, des paysages désertiques à souhait !
Dans tous les sens du terme...
Le Paso de Sico forme la limite de notre terrain de jeu, nous devons faire demi-tour.
Par la même route ?
J'ai remarqué une piste qui rejoint la route B357, route parallèle à celle jusqu'ici empruntée.
Si nous tentions cette alternative ?
La piste offre de jolis points de vue mais n'est pas vraiment du billard.
La moyenne kilométrique s'en ressent...
De plus, nous prenons encore de l'altitude et finissons par tutoyer les 4800 mètres.
On continue ou pas ?
Arrivés sur la B357, le revêtement s'améliore. Nous n'avons pas envie de refaire la mauvaise partie et il commence à se faire tard.
On continue !
Le mauvais et le bon alternent, nous sommes complètement isolés, l'angoisse commence à s'infiltrer dans nos têtes.
Combien de kilomètres encore jusqu'au goudron ?
L'estimation va de 40 à 70, nous avons eu les yeux plus grands que le ventre...
La laguna Lejia entre dans notre champ de vision puis nous apercevons la silhouette d'un puis deux 4x4.
Retour à la civilisation ?
Les véhicules sont siglés aux couleurs d'un parc et les passagers, en tenues officielles, nous font de grands signes.
D'où venez-vous ? Vous ne pouvez pas passer ! Vous n'avez pas pris de billets, c'est illégal !
Nous comprenons alors que nous sommes dans une zone communautaire soumise à droit de visite.
Ben, y avait aucun panneau alors on ne savait pas !
Nous leur posons un cas d'école.
Jamais la communauté n'avait prévu une arrivée de touristes par le sud est !
Bon, il y a des travaux sur la piste, vous nous suivez jusqu'à Talabre !
Parfait, c'est là où nous devrions retrouver la grande route.
Nous voilà désormais sous escorte.
Pas le temps de traîner pour contempler le volcan Láscar s'illuminer au soleil couchant !
Il fait nuit noir lorsque nous arrivons enfin à Talabre. Mais nous n'en avons pas fini avec nos gardiens...
Il faut payer maintenant ! Et puis vous n'avez pas de 4x4 et c'est interdit.
Grâce aux logiciels de traduction, nous plaidons efficacement notre cause et nous ne lâcherons que 10000 pesos dans l'histoire.
Soit le prix de deux billets seniors !
L'employée nous assure qu'elle nous enverra nos reçus officiels par courriel. Nous pensons que nous pouvons toujours courir et que l'argent finira dans sa poche.
Nous fûmes très mauvaise langue !
Exténués, nous n'avons maintenant qu'une hâte : dîner et se reposer.
Ce sera chose faite dans 65 kilomètres...
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A refaire, nous aurions dû retourner par le même chemin.
Les paysages bien trop rapidement traversés semblaient plus qu'intéressants et auraient mérité que nous leur consacrions une journée !
Dans le bon sens, cette fois-ci...