Namibie, un bouquet de fleurs après l'orage

Quelques classiques namibiens en 4x4 bushcamper.
Mars 2017
18 jours
3
1

L'avion s'enfonce dans les nuages, des gouttelettes glissent sur les hublots.Un craquement se fait entendre, le train d'atterrissage entre en scène.Une vibration, deux vibrations, un coup de frein.

Bienvenue à Clermont-Ferrand, il fait 12 degrés.

Euhhh, dis-moi Agnès, depuis quand un carnet de voyage débute-t-il par sa fin ?

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Tiens, il fait noir et le vent se lève, effeuillant la marguerite ! Tous aux abris !!!! Enfin...A l'abri de notre maison pour les quinze prochains jours :

Un splendide Ford Ranger Bushcamper un peu poussif avec ses 2.2 mais vraiment bien conçu pour ce qui est du rangement. ( Vous trouverez ici quelques conseils quant à la location d'un 4x4 en Afrique Australe et un petit guide sur les hébergements en Namibie)

Il nous ramènera à bon port au bout de 2700 kilomètres de pistes et de cailloux sans une seule crevaison, sans le moindre hoquet.

Enfin presque.

Mais ceci est une autre histoire..

2

Je rembobine le fil de l'histoire jusqu'à son point de départ, un jeudi au bureau...

16 00

Je ferme l'ordinateur, salue les collègues, prends la valise qui me regarde travailler depuis le matin et me précipite à l'arrêt de bus.

16 45

L'intercité pour Paris partira de la voie G.

17 30

Attention au départ !

Trop tard pour certains...

21 00

Paris Bercy, terminus, tout le monde descend...

C'est pour quand le TGV en Auvergne???

21 15

Métro Ligne 14, je contemple les escaliers pénétrant au coeur du réseau.

Ça paraît tout à fait logique de ne pas avoir prévu d'escalators aux arrêts desservant les gares...

21 30

Châtelet RER B

L'antique rame cahote directement jusqu'à Roissy.

22 00

Bon, c'est où la navette pour l'hôtel ???

22 45

La pink ligne me dépose au pied de la première fleur de ce voyage, le Golden Tulip.

23 00

Rideau !

Vendredi, 09 00

La douce musique du portable me réveille.

Un petit déjeuner, une ultime optimisation du rangement dans les valises et autres sacs à dos et adieu la tulipe...

11 10

La navette se fait désirer puis s'attarde dans les différents secteurs de l'aéroport.

12 00

Roissy 1, nous ne sommes pas en retard...

15 00

Un splendide oryx offre son meilleur profil aux voyageurs sur la queue de l'A380.

Notre premier animal...

(J'avoue tout, j'ai cédé aux charmes d'une imbattable offre de Qatar Airways. )

23 35

Doha, Doha, 3 heures d'arrêt.

J'erre dans l'aéroport parmi les boutiques de luxe, les Ferraris à gagner et les maillots de foot.

02 59

Le Boeing rugit, se cabre et s'envole.

J'admire le côté perfectionniste des horaires de cette compagnie.

En sont-ils pour autant respectés ?

04 00

Vous ne m'en voudrez pas si je pique un somme ?

Samedi, 10 50

Windhoek, nous voilà !

Déjà ?

3

La passerelle approche, la porte s'ouvre, nous foulons le sol africain.Enfin, le tarmac...

Le ciel est bleu, l'air doux, l'aéroport lilliputien.

Un quart d'heure pour les formalités, un autre pour les bagages et nous partons sur la piste de notre Ford Ranger.

Comme la plupart des autres 4x4, le véhicule nous sera remis en ville où un représentant du loueur nous conduira.

Comme toujours à la location d'un 4x4 équipé, les clés de l'engin ne nous serons remises qu'après une litanie d'explications techniques et de conseils.

Litanie pas toujours facile à suivre puisqu'elle se déroule en anglais...

Je découvre alors la troisième façon de changer un pneu crevé : le cric pneumatique gonflé aux vapeurs d'échappement.

Il vaut mieux ne pas être dans le sens du vent au démontage de l'engin...

Une dernière signature, un dernier signal de détresse émis par ma carte bancaire et c'est la plongée dans le grand bain.


A nous la Namibie !

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Windhoek traversée, le goudron fait place à la poussière sur la C 28.Les véhicules, qui n'étaient déjà pas bien nombreux dans les rues de la capitale, se font de plus en plus rares.Soudain, un animal nous barre la route !

Puis un second...

Les diaboliques quadrupèdes tentent désespérément de nous empêcher l'accès au logis réservé et surtout à son bar.

En vain.

Je vous laisse siroter bières et savanna, je vais me coucher !

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J'oubliais...

Voici la seconde fleur du bouquet.

Bonne nuit...

4

Requinqués par cette première nuit en terre australe, nous entamons notre première "vraie" étape, 312 kilomètres de pistes au bout desquels nous découvrirons l'océan.

J'avais promis lions...

Et merveilles.

J'avais promis panneaux routiers inédits et ambiance désertique.

J'avais promis températures clémentes et doux zéphyr.

Aurais-je menti ?

Un phacochère puis un oryx me sauvent la mise.

Provisoirement...

Le vert laisse place à l'ocre, me voilà sauvée !

Momentanément...

Au pied du mur, je m'incline et avoue que, bien que me prénommant Agnès, je n'ai rien d'une miss météo...

Grimper la dune 7 est un jeu d'enfants, la redescendre un plaisir.Enfin...Dans mes rêves.

Je m'empresse plutôt de regagner le paradis climatisé offert par la Ford et nous fuyons vers l'océan,

Ses salines,

Et son très romantique coucher de soleil...

Les Chabada-bada ne sont guère nourrissants, si nous allions manger ?

Arghh !

Nous sommes dimanche et en plus hors saison !

Ne reste que le triste restaurant du Protea d'ouvert.

Bon appétit !

5

09 15

J'aperçois un homme qui tournicote autour de la réception de notre guesthouse.Certainement notre chauffeur pour la journée !

Nous abandonnons donc le Ranger sur le parking et rejoignons les autres clients de l'expédition.

A nous les sables de Sandwich Harbour !

Les flamants

Et les pélicans

Nous escortent jusqu'à l'usine de sel, dernier obstacle entre Walvis Bay et la côte sauvage qui borde l'infini désert du Namib.

Mine de rien, ce sont tout de même les plus grandes salines du continent !

Les champs d'eau saumâtre s'échouent finalement aux pieds des premières dunes que le Landrover grimpe allègrement.

Nous traversons ensuite une forêt de roseaux, le delta du Kuiseb, qui s'évanouit pour faire place à l'océan.

Vous ne trouvez pas que ça penche tout d'un coup ?

Oups...

Je crois que nous sommes ensablés...

Le Defender sera-t-il emporté par les flots ?

Les passagers retrouveront-ils leur chemin ?

Vous le saurez au prochain épisode !

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  • Désensabler un véhicule, méthode 1

- évaluer les dégâts

- pelleter

- pousser

  • Désensabler un véhicule, méthode 2 :

- Appeler au secours tout véhicule à portée de voix ou d'oeil

- Tirer le câble de traction pour le fixer à l'embarcation échouée

- Croiser les doigts

Mais qu'est ce qu'il fait ???

Et c'est reparti pour un tour...

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10 minutes plus tard, nous reprenons finalement notre route,

Un étroit ruban de sable mangé par les vagues et les dunes.

Le 4x4 file maintenant jusqu'à destination,

Sandwich Harbour ou du moins ce qu'il en reste...

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Sandwich Harbour, Sandwich Harbour, tout le monde descend !

Mais pourquoi ai-je oublié le bikini ?

Vous auriez pu me prévenir que j'avais une chance sur mille de trouver l'océan réchauffé par le vent du désert !

A la place, je me retourne...

Et entame péniblement l'ascension d'un sommet.

Première pause, deuxième pause...

Le Defender semble aussi lointain que le sommet ébouriffé des dunes.

Terrassée par un soleil au zénith, je renonce à mon Everest et cours rejoindre la table dressée pour le déjeuner !

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Une tranche de melon en désert ?

Une dernière gorgée d'eau ?

Non ???

Alors, repartons...

Le 4x4 longe le cordon dunaire avant de s'enfoncer au coeur du Namib

Nous sommes bientôt cernés par les sables,

Qui moutonnent sur plus de 80 kilomètres...

Un pick up s'avance vers la ligne de départ,

Et puis plonge...

C'est l'heure du ballet des nippones débridées et des vieilles anglaises qui glissent sur les dunes obèses pour les faire chanter.

Vous êtes prêts ? A notre tour maintenant...

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Quelques tours de grand huit plus tard, nous rentrons.Juste à temps pour nous dire qu'il doit faire bon vivre là,

Avec chaque soir, cette vue ci.

La promenade apéritive s'achève au bout de la lagune, pile poil devant l'entrée d'un restaurant.

Je vous laisse dévorer la carte, moi, j'ai déjà choisi !

Bonne nuit...

6

Aujourd'hui, fini de se la couler douce en B&B, ferme auberge et restaurants.Ce soir, nous dormirons sur le Ranger et mangerons ce que nous trouverons sur les étals du Spar de Swakopmund.

Fruits et légumes, ok.

Viande, ok.

Bois, ok.

Vin, ok.

Quoi ?

Qu'est ce qu'elle me dit la petite dame ?

Je dois reposer la bouteille ???

C'est pas dimanche pourtant !!!!

J'ai bien fait attention de ne pas me faire piéger par ce dry day imposé !


Ben non, mais c'est le jour de la fête nationale...


Dépitée, je remets la bouteille en place et m'en vais en ronchonnant vers la caisse.

Je ronchonne toujours en quittant Swakopmund,

Mais beaucoup moins en apercevant ceci...

Stooooop !!!Je veux prendre une photo !!!

La silhouette du Spitzkoppe ne fait pas que se deviner à l'horizon.Elle se détache, s'impose, impressionne.

Nous parvenons alors à la réception du camping où, délestés de 300 $ namibiens, nous nous poserons pour la nuit.

Le choix de l'emplacement est libre.

Premier arrivé, premier servi .

Pourquoi pas celui-ci ?

Je vous laisse vous installer et vous donne rendez-vous un peu plus tard pour une petite balade !

Nous nous dirigeons maintenant vers le point de vue emblématique du parc,

La fameuse arche,

Percée dans le granit.

Contrairement aux merveilles situées sur le continent nord américain, nul besoin d'attendre son tour pour admirer sereinement la vue, du moins par une belle journée d'avant saison...

Je vous laisse essayer de trouver Charlie, existe-t-il ?,

Pendant que je vais me rafraîchir le gosier !

Apparemment, le dry day est, ici, à géométrie variable et je m'empresse de remplir mon frigo...

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De retour au camp, je me demande pourquoi certains internautes recommandaient de choisir les emplacements 8, 9, 10 ou 11 aux fans de coucher de soleil.Je comprends rapidement pourquoi.

Devant une myriade de spectateurs impatients,

La pierre s'enflamme,

Illuminée par les derniers rayons,

D'un astre qui s'éclipse majestueusement à l'horizon.

J'en reste encore éblouie.

7

Il est 06 30, une grosse journée nous attend.

Debout là dedans !

Une douche plus tard, nous reprenons la route, direction Henties Bay.

Nous longeons désormais l'Atlantique en suivant la longue route de sel

Dont la monotonie s'égrène mile après mile.

Notre but : Cape Cross et son odorante colonie d'otaries à fourrure.

Je laisse le soin aux insomniaques de tout poil de compter mammifères marins ou terrestres,

Et aux fins observateurs, celui de dénicher l'intrus se dissimulant sur cette photo...

Pendant ce temps là, je m'occupe de dresser le couvert pour le pique nique !

Euhhh...Ailleurs, peut-être ?

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Un dernier regard sur l'Atlantique et nous empruntons notre première "vraie" piste,

Véhicules de ville interdits...

Otaries et autobus sont maintenant bien loin.Si nous pique-niquions au pied de cette butte ?

Un sandwich, un coup de vent.Une tomate, un éclair.Une banane, des trombes d'eau...

Tous aux abris !

L'orage se déchaîne, la pluie martèle la tôle.Nous profitons d'une timide éclaircie pour redémarrer,

En espérant ne pas risquer la noyade un peu plus loin...

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Eole nous accompagne alors jusqu'au cratère

Que nous arpentons de bas,

En haut.

Tu dis qu'il fait quelle taille ?

25 kilomètres de diamètre ?

Par ici le massif du Brandberg ?

Ou bien par là ?

Pour ne pas finir avec un gosier dans l'état de cette carcasse,

Je vous conseille vivement un Gps pour retrouver...

La sortie ! Zéro véhicule croisé en six heures.

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J'oubliais...

Voici la troisième "fleur" du bouquet ! Elle a un peu souffert de la grêle, désolée.

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J'avais initialement prévu de dormir au Brandberg White Lady lodge mais la nuit approche, les heures de conduite s'accumulent et le temps menace toujours.

Nous stoppons donc sagement à Uis pour la nuit.


Déplier le 4x4, sortir tables et chaises, prendre une bonne douche chaude...

Tiens, il pleut !

Tiens, il y a un orage.


Prendre un verre de vin rouge, manger une saucisse épicée, grimper à l'échelle, se glisser sous le duvet...

Tiens, le matelas est mouillé !

Tiens, le 4x4 prend l'eau...


Bonne nuit.

8

Après la pluie, le beau temps...

C'est l'heure de l'opération sèche-matelas !

Un café, quelques tartines et les dégâts sont quasi réparés.A nous maintenant le massif du Brandberg !

L'éléphant fait l'autruche.

Où lézarde-t-il par ces chaudes journées ?

Ici, peut-être ?

Passe moi les jumelles !

Rien !

Le guide nous apprend alors, entre deux démonstrations de langue à clic, que l'impétueux pachyderme a regagné son désert gavé de bonnes pluies.

Quelques fleurs...

En lot de consolation ?

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Nous laissons la Dame Blanche, pauvre chaman rebaptisé, et poursuivons notre impossible quête

A travers les vertes plaines du Damaraland.

Plus qu'une éphémère rivière à traverser,

Plus que quelques kilomètres à parcourir,

Plus que quelques pierres à éviter,

Et c'est l'heure de sortir le niveau à bulle puis de s'occuper du dîner !

Bon appétit...

9

Le petit déjeuner s'achève sous quelques yeux impatients.

Les verres à vin regagnent leur compartiment, la table retrouve sa place sous l'avancée du toit, les chaises sont pliées, repliées et rangées.

Les moustiquaires sont fermées, la toile de tente resserrée d'un coup d'élastique, la poignée de toit rabaissée.

Un coup de papier journal sur la grille du barbecue, quelques litres d'eau au frais, une dernière inspection des lieux et c'est le départ !

Je me perds dans mon plan quand je sens le véhicule partir brusquement vers la gauche.

Tu as vu quelque chose ?

Y a un éléphant ?

Regarde là-bas !

Y a un terrain de foot !

Les spectateurs fébriles d'un improbable match se pressent à la guérite, se ruent sur les tribunes...

Il paraîtrait que l'Olympic du Damaraland aurait recruté Paul Pogba et qu'il ne resterait plus qu'un coiffeur à convaincre pour que le transfert ait lieu.

Lassés d'attendre la star, nous poursuivons bientôt notre route, direction...

Puis Burnt Mountain.

Je n'ai pas pour habitude de dénigrer les lieux de visite mais bon, je suis assez déçue...

Si nous filions plutôt à Twyfelfontein ?


Nous optons pour la visite complète du site.

J'espère que vous avez de bonnes chaussures et de l'eau ...

C'est parti !

Quel est le sagouin qui a graffité ces superbes rochers ?

Même un enfant de trois ans dessinerait mieux !

C'est n'importe quoi !

En plus, il nous nargue avec ses éléphants,

Et ses lions !

Viens, on s'en va !

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Je vous laisse deviner quelle sera la prochaine étape.

C'est pas compliqué, c'est tout droit !

Même un âne trouverait son chemin.

Quoique...Qui nous a égaré dans les hauts plateaux de l'Aubrac ????

Une barrière vétérinaire nous rappelle alors que nous sommes toujours en Namibie.

Un geste de l'agent et nous passons en zone aphteuse.

Une poignée de kilomètres et nous nous installons à Palmwag.

Dis, tu crois qu'on verra des éléphants par ici ?

Pas plus de proboscidiens dans la piscine que sous les palmiers...

Demain, peut-être ?

10

Vous êtes prêts pour un petit tour dans la concession de Palmwag ? Allons-y...

Fini les verts pâturages,

Place au rouge des cailloux

Sur le fond brun des montagnes.

Quelques pierres indiquent ça et là

Le chemin à suivre mais il vaut mieux avoir d'autres moyens de se repérer.

Repérés, je crois que nous le sommes !

Par petits, grands et peureux...

La piste n'est pas très bonne voire franchement mauvaise.L'heure tourne donc rapidement et les estomacs viennent à gronder.

Si nous faisions une halte au campsite 2, Aub Combretum Camp pour les poètes ?

Un arbre, l'ombre, le silence... C'est parfait !

Repus, nous nous dirigeons maintenant vers la sortie.

Mais il faudra encore patienter quelques dizaines de kilomètres pour la trouver...

Toujours pas de loxodonta africana à l'horizon mais quels superbes paysages !

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Un changement de chauffeur suivi d'une publicité mensongère,

Et le paysage change radicalement !

Le Ranger grimpe alors allègrement jusqu'au col de Grootberg puis file jusqu'à notre étape du soir,

Hoada Campsite.

Camping, camping, faut voir... Je vous fais visiter les lieux ?

Derrière le rocher, vous trouverez la cabane habituellement sise au fond du jardin ainsi qu'une bonne douche.

Le tout privatif, bien sûr...

En revanche, nous devrons partager avec les quelques autres clients des lieux la piscine et le coin fumeur.

L'enfer, quoi !

Sur ces considérations partisanes, je vous laisse pour préparer le dîner.

A demain à Etosha !

11

Le soleil réveille les dormeurs dans la tente ouverte aux 4 vents.

Un plein de butane (propane?) ou d'essence dans la "ville" la plus proche et nous retrouvons le goudron.

Attention aux ânes, aux vaches ou aux enfants mais à 100 kilomètres/heure, il ne devrait pas y avoir de soucis...

(Je n'ai pas pris la photo mais la traversée d'écoliers est au même "tarif" que celle des vaches.)

Le 120 est de nouveau autorisé, j'accélère...

- J'ai vu un éléphant sur la droite !, s'écrie alors le copilote.

- Tu veux qu'on fasse demi-tour ? Des éléphants, nous en verrons par centaines à Etosha et ce n'est pas très pratique pour se garer sur cette étroite double voie.

D'ailleurs, nous arrivons !

Nous renonçons donc au pachyderme (je suis à court d'idées...) et entrons dans le plus célèbre des parcs namibiens,

Oubliant le héron de La Fontaine...

On hasarde de perdre en voulant trop gagner. Gardez-vous de rien dédaigner.

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Pour notre première nuit dans Etosha, nous dormirons à Olifantsrus à quelques 70 kilomètres de là.

La piste est aussi roulante que déserte mais ne correspond pas du tout à ce que j'imaginais en venant ici !

C'est très vert, non ?

Le premier point d'eau offre un peu d'animation : zèbres, oryx, gnous, bubales.

Apparemment, nous dérangeons les animaux au bain...

Une girafe me regarde alors

Ajouter quelques fleurs sauvages

A mon bouquet...

Les animaux sont à la fête parmi toute cette herbe,

Les voyageurs beaucoup moins.

Tiens, y a une tête là-bas !

Les yeux se fatiguent à scruter cette masse verte qui défile aux fenêtres. Heureusement, c'est bientôt l'arrivée !

Pourquoi cet alignement de crânes ? Pourquoi cette potence ?

En 1983, les autorités du parc s'alarmèrent des effets sur la biodiversité d'un nombre en constante croissance d'éléphants et décidèrent d'en éliminer plusieurs centaines.

Les corps furent alors emmenés à Olifantsrus et chargés au moyen de poulies dans des camions.

On dit une mémoire d'éléphant.

Je comprends mieux pourquoi cet animal ne tient pas tellement à montrer sa bobine aux humains par ici...

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Nous sommes dans les premiers, les meilleures places ne sont pas encore prises. Nous nous installons donc aux premières loges d'un éventuel passage animalier !

La très discrète cachette pour observer les animaux est à deux pas. Nous nous y dirigeons, plein d'espoir !

Mais il faut bientôt se rendre à l'évidence : pas plus d'animaux à l'intérieur,

Qu'à l'extérieur !

Têtus, nous tenterons une approche vespérale qui,

Faute de grives, sera tout de même l'occasion d'un joli coucher...

De soleil !

Bonne nuit...

12

La nuit fut calme. Pas de rugissements, pas de ricanements, pas de barrissements. Juste le bzzzzzzzzzzz de quelques moustiques...

Nous jetons un dernier coup d'oeil au néant du point d'eau et décidons de tenter notre chance ailleurs !

Une troupe de chacals joueurs se prête bientôt à la photo.

Puis c'est au tour de quelques oiseaux de prendre la pose.

Une pause ? Quelle bonne idée !

Euhhh... Je vais plutôt aller derrière le buisson...

Si vous voyez quelqu'un approcher, prévenez moi !

Le 4x4 trace désormais plein est

Entre zèbres,

Et zèbres...

Une nouvelle aire de pique nique s'annonce alors. Si nous en profitions ?

Le coin est censé être protégé des animaux mais j'ai comme un doute...

Un écureuil monte heureusement la garde

En échange de quelques miettes...

De retour sur la piste, nous retrouvons zèbres en fleur

Et quelques nouvelles têtes !

On ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'animaux,

Mais ce sont toujours un peu les mêmes...

Nous apercevons alors au lointain le fameux pan d'Etosha,

Et ses points d'eau giboyeux...

En hiver, peut-être ?

Un peu interloqués par ce manque de faune, nous nous replions vers Okaukuejo où nous camperons ce soir.


Je vais mettre un pantalon, ça commence à piquer ! A plus tard...

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Le dernier plein de courses date de Henties Bay.Autant dire que le frigo sonne creux...

Allons donc faire quelques achats à la petite boutique du camp !

J'avais un peu peur que les rayons ne soient vides mais les grands congélateurs pleins de viandes me rassurent.

On ne finira pas le séjour devant une omelette ou des pâtes...

Le panier rempli de saucisses, de steaks, de pommes de terre et de tomates, nous nous dirigeons vers la caisse.


L'employé sort sa douchette, scanne le premier article, le repose, le rescanne...

Il scrute son écran de près, de très près.

Il cherche, cherche, cherche notre article.

Et le trouve.

Son index s'approche d'une touche, l'enfonce.

Ses yeux reviennent à l'écran.

Ça ne devait pas être la bonne touche, le manège recommence...

Une fois, deux fois, trois fois.

Sans accélération du tempo...

Fascinés par cette lente valse, nous voyons à peine la file des clients s'allonger.

Lui non plus.

Il cherche alors mollement l'article suivant et c'est reparti pour un tour alors que le couple sud africain juste derrière nous s'apprête à le lyncher.


Même pas peur, nous dégainerons notre carte bleue pour payer...

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Qui dit Okaukuejo, dit point d'eau. Si nous allions y faire un tour pendant que le feu se transforme en braises ?

Nous traversons donc les quartiers chics du camp

Et nous nous installons sur les gradins qui surplombent la fameuse mare.

Pas plus d'éléphants que de rhinocéros. Pas plus de lions que de hyènes.

Allons dîner...

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Il fait maintenant nuit noire.

Peut-être les animaux préfèrent-ils le digestif à l'apéro ?

Apparemment non... Je vais me coucher !

13

Quelques heures passent puis l'aube réveille les dormeurs.

Mais ni mes herbivores, ni les carnivores, ni les...

Nardin Etosha !!!!

Eh regarde là bas ! Un couple de chacal !

Faute de grives, nous nous contenterons donc de quelques rares merles...

Levons le camp pour voir si l'herbe est plus verte ailleurs !

Un cul d'oryx, ça commence bien...

Un merle, deux merles, une autruche...

Mais où se sont donc enfuis les autres animaux ?

Par delà le pan ?

Cachés dans les hautes herbes ?

Dissimulés dans les maigres buissons ?

Tapis dans l'ombre de quelque sous bois ?

Pourquoi tu recules ?

J'ai vu quelque chose !

La minuscule tache rousse finit par émerger de son trou de boue puis s'enfuit...

Une vision un peu fugace mais qui redonne de l'espoir ! Le 4x4 sonne alors l'hallali...

Une petite douche, un Savanna glacé et ça repart, direction le point d'eau !

Point d'eau qui s'avère aussi Waterloo morne plaine que les précédents...

Allons donc nous consoler autour d' une table et d'une bouteille...

Parés pour les moustiques ? On retourne au point d'eau !

Nous traversons le camping, gagnons le petit parking pour paresseux, entamons la montée vers le point de vue.

Une silhouette, deux silhouettes redescendent.

En passant à notre hauteur, un murmure s'échappe de l'une d'elle.

There are some rhinos !

Des ailes nous poussent...

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Je vous laisse découvrir

Le bain

Des stars

Du point d'eau !

Bon, ben là, j'dis plus rien !

14

Au matin, les périssodactyles cornus ont disparu au grand dam de certains voyageurs qui conjurent leur peine en quelques mystérieuses incantations...

Ne croyant pas plus en ce mysticisme arboricole qu'en l'immaculée conception, je décide d'en revenir à une valeur sûre, le plan des pistes d'Etosha !

Nous choisissons tout d'abord d'approcher

Le désert salé d'un peu plus près. Du blanc, du vent, un milieu aussi impressionnant qu'hostile...

C'est sûr que ce n'est pas ici que nous croiserons la faune poilue ou emplumée du parc ! Nous regagnons donc l'herbe et le vert en croisant très fort les doigts.

On dirait qu'il y a un peu de monde aujourd'hui !

Un monde gracile

Et élégant

Mais peu surprenant...

Une voiture s'arrête alors à notre niveau et son chauffeur se lance dans une longue tirade que j'écoute distraitement.

Le mot lion me réveille mais trop tard.

Je n'ai capté que la moitié des explications.

Bush, lion, few kilometers, you can't miss it !

Personnellement, j'en suis moins sûre....

5 kilomètres dans un sens, 8 dans l'autre, 4 vers le sud, 6 vers le nord.

Nous renonçons !

Quand...

Dis, Agnès, tu vois le petit truc au pied de l'arbre là bas ?

Bingo ! Notre premier félin !

Une deuxième puis une troisième tête se devinent.

Puis c'est une belle crinière

Et de pénétrants yeux jaunes

Qui se laissent furtivement admirer.

Je crois qu'il n'y a plus rien à espérer de cette journée !

Si nous rentrions ?

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Un feu,

Deux feux,

Une bataille contre des papillons, un repas écourté...

C'est maintenant l'heure du spectacle.

Tous les gradins sont occupés !

Mon compagnon m'annonce bientôt qu'il vient de voir la silhouette de la star se découper en arrière plan. Elle entre côté cour, repart côté jardin.

Puis se décide enfin à jouer sa partition,

Un rond'eau en solitaire,

Sans aucune fausse note...

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Le mammifère sent maintenant les odeurs laissées par ses prédécesseurs et tente d'en suivre la trace.Nous le perdons de vue.

Reviendra, reviendra pas ?

L'artiste semble aussi discret que modeste et reste sourd aux implorantes demandes de rappel.

Nous nous décidons donc à rejoindre notre nid douillet quand le bruit rauque d'une respiration haletante parvient à mes oreilles.

Attends !

Je scrute les buissons.

J'entends quelque chose !

Mes cinq sens sont aux aguets.

Un animal approche !

Je ne vois que l'eau calme de la mare.

Euhhh...Agnès...ça serait pas cette vieille dame asthmatique, ton big five ?

Nous rebroussons chemin dans un éclat de rire...

15

Dernières heures à Etosha,

Le chacal semble triste de notre départ,

A moins que cela ne soit plutôt de celui des bubales ???

Peu après la sortie, nous retrouvons le goudron et l'ivresse de la vitesse.

Momentanément...

Nous avons, en effet, décidé de rejoindre notre étape du soir par le chemin des écoliers,

Un très beau chemin mais quelque peu humide,

Voire boueux...

Crottés mais ravis, nous parvenons à Kalkfeld gate,

Rendez-vous dans une heure, au camp Eléphant - un dernier mensonge -

Pour siroter quelques boissons à bulles...

Pendant que le bûcher se consume et que le poulet marine,

Nous allons faire un petit tour dans le camp retranché.

Une jolie paillote surplombe un point d'eau.

Les dernières nouvelles de Namibie indiquent que ce lieu enchanteur sera bientôt repris par un dénommé Francis, dégoûté des pratiques de l'état français.Affaire à suivre !

(Voilà pourquoi il convient d'avoir achevé un carnet avant d'entamer le voyage suivant...)

Retournons plutôt à nos moutons,

Qui défilent dans la chaude lumière de cette fin d'après midi.

Je ne sais pas pourquoi mais me vient bientôt à l'idée de jouer aux fléchettes.

Heureusement, des grognements énervés me font retrouver mes esprits avant que l'irréparable ne soit commis !

Les deux mastodontes se défient de la mâchoire à grand renfort d'éclaboussures puis retournent à leur activité vespérale préférée, la destruction des gazons,

Bon, c'est pas tout ça mais j'ai faim !

Pas vous ?

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Au matin, nous décidons de faire un tour dans la partie self drive du parc avant de regagner Windhoek.

L'employée à l'accueil nous demande si nous sommes en 4x4 puis nous délivre un plan des pistes en nous indiquant les possibilités de circuit.

Sans plus de précisions quant à leur difficulté...

Les premiers kilomètres serpentent dans la plaine, la voie est large, le tracé net et la terre bien aplanie.

Du billard !

Nous rencontrons bientôt nos premiers animaux mais, au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans le parc, les voilà qu'ils nous lancent d'étranges avertissements.

Turn back, foolish froggies ! Don't go over there, sunday drivers !

Nous restons sourds à ces tentatives d'intimidation et poursuivons notre chemin en direction de la montagne.

La terre se transforme alors en petits cailloux tandis que le relief s'accentue.

Nous parvenons cependant très facilement au col d'où un magnifique panorama s'ouvre à nos pieds

Tiens, c'est bizarre. Comment rejoint-on cette piste qui balafre la plaine ?

Nous nous apercevons rapidement que l'ingénieur des ponts et chaussées en charge de la conception du réseau routier d'Erindi a adopté la maxime selon laquelle le chemin le plus court est la ligne droite et tant pis pour la pente...

Le vaillant Ranger s'engage dans le raidillon rocheux, le pilote et le copilote inspectent les commandes mises à leur disposition.

Aide à la descente ?

J'appuie...

La Ford franchit les premiers mètres, le revêtement se dégrade : trous, bosses, sol raviné par les orages...

Tu veux que je descende essayer d'aplanir un peu tout ça ?

C'est pas de refus...

Je jette un oeil aux alentours des fois que tous les animaux dangereux que nous n'avons pas vus jusqu'ici se soient donné rendez vous sous nos roues et m'en vais endosser ma tenue de cantonnier.

Que le 4x4 semble grand vu d'en bas !

Et si les freins lâchaient ???

Je glisse une pierre, je me jette dans les buissons.

Je colmate un trou, je recule de 20 mètres...

Un peu plus à droite, un peu plus à gauche !

Ça passe !

Le 4x4 cahote, bringuebale, se cabre.

Mais parvient à bout de l'obstacle.

Trois quart d'heure passent...Ouf... Nous voilà en bas !

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Windhoek, Windhoek, fin du voyage !

Un dernier (très bon) repas, une dernière bouteille,

Un dernier adieu au Ranger,

Un dernier regard sur la Namibie,

Et c'est l'arrivée...

" Bienvenue à Clermont-Ferrand, il fait 12 degrés. "