Maroc : du pays Tamazight aux dunes de Merzouga

Par
De Casablanca au désert, une diagonale montagneuse puis sableuse sillonnée en une quinzaine de jours au volant d'une Logan.
Novembre 2022
15 semaines
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Les valises sont en soute, les passeports en poche, l'aéroport de Saint-Exupéry s'éloigne à travers le hublot.

150 minutes plus tard, la RAM dépose sa cargaison de passagers à Casablanca puis le flegmatique préposé aux formalités d'entrée au pays de la Dacia, des troupeaux de moutons et des grands espaces nous invite à pénétrer en son royaume.

Plus que la douane à franchir et nous découvrons la foule des personnes en attente des voyageurs à l'arrivée.

Le sympathique employé de Medloc est bien au rendez-vous et nous prenons rapidement possession de la Logan grise qui nous accompagnera fidèlement durant les 3000 kilomètres de ce voyage à travers un Maroc plutôt (très) rural et montagnard.

Seules quelques étapes nous rappellerons les nuisances que la surexploitation touristique engendre, particulièrement à Merzouga.

Nous vagabonderons, en effet, bien plus souvent entre ânes et routes poussiéreuses qu'en compagnie de bruyants quads et groupes à la queue leu leu.

Il est maintenant 23 heures, la température reste douce, nous fermons les yeux en pensant à demain !

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Nous prenons notre temps en cette première matinée marocaine.

Il faut dire que le programme du jour est plus chargé en kilomètres et en achat qu'en visites !

Premier arrêt : le tout récent Carrefour de Berrechid où nous nous approvisionnons en eau, pain, fromage, tomate, charcuterie et fruits, bref tous les indispensables pour déjeuner sur le pouce avec vue sur les montagnes, la campagne ou le désert.

Comme la ville n'est ni touristique ni habitée par de nombreux expatriés, nous ferons chou blanc sur le saucisson ...

Le rayon alcool est, en revanche, particulièrement bien achalandé ! Le plaisir de l'interdit ou le plaisir du palais pousse, en effet, de nombreux marocains à la consommation de bière, vin ou alcools forts.

Pour le plus grand malheur des bords des routes constellés de canettes de Flag vides et de verre brisé...

Il faut bien dissimuler son forfait quelque part, tant pis pour l'écologie !

Heureusement, le gouvernement planche sur une levée prochaine de la prohibition de la consommation d'alcool pour les musulmans tout comme sur la fin de la pénalisation des relations sexuelles hors mariage. (voir ici)

Petits joueurs par rapport aux locaux, nous n'achèterons que 2 bouteilles de vin - marocain, bien sûr ! - pour agrémenter les dîners de ce voyage. Nous en ramènerons d'ailleurs une, les riads s'avérant plus souvent pourvus d'une petite cave que prévu...

Le coffre rempli, nous entamons maintenant la longue et ennuyeuse route qui traverse la plaine s'éteignant au pied du Haut Atlas.

Le paysage s'élève alors que Demnate se rapproche, les paysages deviennent nettement plus intéressants et nous croisons nos premières biquettes.

Nous dépassons notre logis du soir puis poursuivons notre chemin jusqu'au pont naturel d'Imi n'Ifri.

Nous échangeons alors la Logan pour nos chaussures de randonnée et effectuons la boucle qui passe sous la fameuse formation géologique.

La luminosité n'est pas optimale en cette fin d'après-midi mais la promenade s'avère cependant très sympa !

Nous rebroussons ensuite chemin jusqu'à la Kasbah réservée, un excellent choix tant au niveau des parties communes qu'au niveau de la chambre ou du dîner.

Le soleil va bientôt se coucher.

Notre logeur nous indique le sentier qui mène à un point de vue dominant, nous suivons son conseil.

Un tajine de boeuf, une salade marocaine et un verre de vin concluent magnifiquement cette étape de transition.

Bon appétit !

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Nous prenons des forces à la table de notre petit déjeuner avant que d'affronter l'inconnu : la route 307.

Il est assez difficile de se faire une idée de l'état du goudron au Maroc tant les cartes papiers comme virtuelles ne sont pas à jour.

Un baroudeur pense trouver une piste, le goudron l'a remplacée.

Un conducteur précautionneux est persuadé que l'itinéraire choisi est tout en bitume, le macadam n'est plus qu'un souvenir...

(Vous trouverez ici un résumé de ce qui vous attend fin 2022 sur quelques routes et pistes marocaines.)

D'après mes recherches, la route qui file de Demnate à Ouarzazate à travers le Haut Atlas est fréquentable en voiture classique et notre logeur confirme que nous pouvons nous y engager sans soucis !

Mais doucement, doucement...

Effectivement, si le début du parcours est très correct, les nids de poule puis les travaux affectent bientôt notre moyenne...

Pas grave, nous ne sommes pas pressés et les paysages sont magnifiques !

Cerise sur le gâteau : plus d'ânes que de touristes sur ce trajet...

Nous retrouverons un beau ruban de bitume à mi-chemin, ruban qui s'élargira au sortir des montagnes.

Nous arrivons dans l'après-midi à Ouarzazate où nous ne ferons qu'une brève halte pour acheter quelques précieux saucissons au Carrefour du coin.

Nous poursuivons ensuite notre route direction le très touristique Ksar d'Aït Ben Haddou, ⴰⵢⵜ ⵃⴰⴷⴷⵓ en version originale, le chleuh.

Le village en pisé encerclé de murailles doit son impeccable état à sa notoriété.

Les kasbahs et autres ksours qui formaient autrefois l'habitat traditionnel des berbères nord-africains sont aujourd'hui plutôt à l'abandon, les villageois préférant l'usage de la brique et du béton à la terre crue et au bois. Moins d'entretien et une affiche de modernité !

Vous verrez donc rarement ce type de structures réellement habitées quand elles sont en bon état.

Une kasbah soignée signifie ainsi un hôtel ou un musée.

Ou un ensemble de boutiques et de restaurants à destination des milliers de voyageurs (re)découvrant le sud marocain...

Bref, n'espérez pas découvrir le Maroc profond en vous promenant dans les ruelles d'Aït Ben Haddou mais un village de carte postale.

Un très joli village certes, mais qui a perdu une partie de son âme...

Quelques kilomètres plus loin, la Kasbah du Glaoui de Tamdakhte offre un visage plus délabré mais nettement moins défiguré par l'industrie du tourisme.

Nous sommes seuls à déambuler parmi les vestiges de ce palais où flotte un agréable parfum de chasse aux trésors.

Quelques rencontres animalières plus tard,

Nous nous installons à notre hôtel pour siroter notre thé à la menthe quotidien.

Bonne nuit...

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Avant de nous enfoncer dans les gorges du Dadès, nous nous arrêtons en lisière de la palmeraie de Skoura pour visiter la Kasbah d'Amridil.

2 familles se tirent la bourre et se partagent le site.

Nos roues nous entraînent sur l'entrée gauche et c'est donc uniquement dans cette partie que nous déambulerons après avoir poliment décliné toutes les propositions de visite guidée...

Un parcours fléché nous perd dans les moindre coins et recoins du bel édifice où sont exposés, ça et là, les objets d'une vie quotidienne pas forcément révolue dans les campagnes du fin fond du Maroc.

Il n'y a pas grand monde et nous pouvons profiter sereinement de cette petite merveille en pisé.

De retour sur le bitume, nous admirons d'impressionnants chargements de foin et le grand respect dont font montre les conducteurs marocains du code de la route...

Sans même jeter un coup d'oeil à nos papiers, la Gendarmerie Royale nous laisse maintenant pénétrer dans Boumalne-Dadès.

Je crois qu'au pays de M6, les barrages policiers sont plus nombreux que les mosquées...

Heureusement, les fonctionnaires ne s'avèreront pas chameaux envers les étrangers et nous ne serons jamais arrêtés.

Nous quittons alors la nationale pour la fameuse route des gorges, route qui longe les méandres de l'Oued Dadès avant que de grimper vigoureusement jusqu'à Agoudal.

La première partie suit de nombreux villages pas franchement gracieux vu l'usage de plus en plus intensif du béton. Les hôtels se succèdent, le charme n'est pas tout à fait au rendez-vous...

Puis nous arrivons en vue des célèbres doigts de singe, les falaises de Tamlalt. Un endroit idéal pour pique-niquer !

Les randonneurs pourront ici s'adonner à leur passion.

Pour notre part, nous poursuivons notre chemin sur le bitume et sur 4 roues...

Le sillon creusé par les eaux se fait de plus en plus étroit et le goudron doit partir à l'assaut des falaises faute de place en bas des parois.

C'est au point de vue de Timzzillite que font demi-tour la plupart des voyageurs mais nous décidons de rouler jusqu'au village de M'semrir, là où le bitume devenait autrefois piste.

Bien nous en prend car les paysages deviennent de plus en plus spectaculaires au fur et à mesure que la route s'insinue dans le Haut-Atlas !

Un dernier effort pour la Logan et nous apercevons M'semrir.

La bourgade de montagne, nous sommes quasi à 2000 mètres, n'est guère touchée par l'industrie touristique mais en subit tout de même les ravages.

Alors que de nombreux hôteliers soucieux de l'avenir des enfants marocains avertissent les voyageurs de ne rien donner aux gamins pour ne pas les transformer en mendiants, en harceleurs, en fans de l'école buissonnière et pour ne pas les condamner aux caries non soignées faute de moyens, certains étrangers persistent à se croire Père Noël et sèment bonbons et stylos ...

Il devient difficile de se promener ou même de traverser certains villages perdus, les insistantes réclamations ne donnant qu'une seule envie, fuir !

Bonjour n'existe plus remplacé par dirhams et c'est bien triste pour l'avenir de ces populations.

Nous retrouverons le sourire en rebroussant chemin direction notre logement dans la vallée.

Un soleil en fin de course illumine l'horizon, nous sommes émerveillés à chaque tournant.

Nous achevons cette excellente journée par une promenade dans les parcelles potagères cultivées au bord de l'oued puis sombrons dans les bras de Morphée.

A demain !

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Nous ne devrions pas croiser beaucoup de véhicules aujourd'hui vu que, sur la plupart des cartes, la route que nous allons emprunter est encore indiquée comme piste 4x4...

Mais avant d'attaquer la traversée du djebel Saghro, je voudrais assouvir ma curiosité !

Pourquoi tant de gens se dirigent-ils vers cet enclos en sortie de Boulmane-Dadès ?

Nous nous glissons parmi le flot et découvrons rapidement le pot aux roses : c'est le grand souk - dans tous les sens du terme...- !

Pas de boutiques de souvenirs mais des monceaux de fruits, de légumes, de viandes, de portes, de fenêtres, de vêtements...

Tout ce dont vous avez besoin ou presque !

Âmes sensibles s'abstenir au rayon boucherie...

Nous quittons, amusés, le marché puis bifurquons sur l'étroite route d'Ikniouen.

Avant d'arriver au village, nous prenons la nouvelle route qui file à travers le djebel pour rejoindre la paisible bourgade de N'Kob.

Il n'y a pas à dire la direction des routes marocaines a vu les choses en grand.

Avant, une trace caillouteuse ...

Après, le billard d'une double voie !

L'affluence n'a pas suivi et nous ne croiserons qu'une poignée de voitures, principalement des locaux.

Bitume ou piste, les paysages sont toujours aussi beaux et les adeptes du 4x4 pourront toujours assouvir leur passion sur les chemins de traverse.

Une auberge autrefois plutôt inaccessible doit être ravie de l'opportunité d'accroître sa clientèle. Je ne sais pas ce que valent les lieux mais ils sont magnifiquement situés !

Nous enchaînons alors les lacets comme les arrêts photos...

Dommage que l'heure ne soit pas la plus propice, il aurait fallu effectuer cette traversée en deuxième partie d'après-midi.

On pourrait se croire dans l'Ouest Américain mais l'absence totale d'autres voyageurs nous rappelle vite que nous sommes toujours au Maroc !

Nous abandonnons la Logan pour marcher un peu et tenter d'admirer le Monument Valley local de plus près.

En bout de route, 100 mètres de goudron manquent avant de rejoindre la liaison Agdz-Tazarine.

Pour ne pas déparer avec les ruelles poussiéreuses de l'oubliée N'Kob ?

Nous nous perdons un peu pour rejoindre notre hôtel, la confortable kasbah Baha Baha.

Nous grimpons sur la terrasse pour profiter de la vue panoramique,

Puis partons à la découverte de ce village aux quarante kasbahs.

Pas de voyageurs jouant au Père Noël par ici, nous ne serons importunés par personne !

Pas de groupes en goguette, les boutiques de souvenirs sont absentes.

La promenade entre palmiers et vestiges en pisé s'avère donc très sympathique.

Tout comme le seront le coucher de soleil et le dîner sous la tente berbère !

Bon appétit...

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Il est préférable de ne pas entamer un régime au Maroc à moins de faire l'impasse complète sur le petit déjeuner, le thé à la menthe et toutes les sucreries...

Tant pis pour les kilos, ces crêpes sont trop tentantes !

Gavés, nous reprenons la route pour notre prochaine étape, Zagora !

Nous choisissons de rejoindre notre but en empruntant le chemin des écoliers, c'est à dire en baguenaudant autour de la nationale 9 d'Agdz aux dunes de Tinfou.

Comme les marocains préfèrent le neuf en bord de route et transforment les paysages en une succession de maisons sans attraits, nous abandonnons vite cette nationale pour le réseau secondaire bien moins endommagé par la frénésie de béton.

Je ne sais pas s'il restera bien longtemps des traces de ce qui fit la renommée du pays, ces magnifiques kasbahs bordées de palmiers, et il faudra aux futurs voyageurs déployer des trésors d'imagination pour se représenter le Maroc d'autrefois.

Les dunes de Tinfou se dévoilent maintenant à l'horizon.

Nous quittons le goudron pour une piste carrossable puis nous nous garons avant que de nous ensabler comme ce 4x4 au conducteur trop ambitieux...

Cet avant goût de désert a le grand avantage d'être nettement moins fréquenté que Merzouga et nous grimpons en solitaire ce gros tas de sable à la couleur mordorée.

Un vent frais souffle à la descente, il est plus l'heure de sortir le pull que de plonger dans la tentante piscine de notre maison d'hôtes située dans la palmeraie de Zagora.

Les parties communes sont très plaisantes, la chambre plus quelconque.

Le dîner, lui, s'avèrera excellent !

Bonne nuit....

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Notre itinéraire ressemble plus à un circuit de grand huit ou à un électrocardiogramme qu'à une boucle...

Pourtant, nous ne repasserons presque jamais par la même route !

Comme nouveauté du jour, j'ai repéré le site de gravures rupestres d'Aït Ouazik.

Pour y accéder, nous devons quitter le goudron sur une bonne dizaine de kilomètres mais la piste est, d'après mes recherches, plutôt carrossable .

Effectivement, la Logan n'aura aucun mal à avaler poussière et cahots et nous arriverons, entiers, à bon port .

Les paysages sont très beaux, l'isolement quasi total !

Nous dépassons le village et suivons les pancartes jusqu'à la cabane du gardien des lieux.

Les gravures sont protégées par un vague fil de fer, pas sûre de l'efficacité de la chose...

On reconnaît facilement girafes, rhinocéros et éléphants, le cadre est splendide, je ne regrette pas d'être venue ici !

Ce n'est pas le tout que de prendre des sentiers de traverse mais l'heure tourne !

Nous retrouvons le goudron et une meilleure moyenne pour filer jusqu'à Tinghir et sa jolie palmeraie.

Chaque point de vue est squatté par des vendeurs de souvenirs qui ont assez de clients pour ne pas insister !

Après la bourgade, nous prenons la direction des gorges du Todhra.

La route se faufile bientôt entre les falaises et, s'il est interdit aux touristes de se garer, il n'est pas interdit aux commerçants de faire étalage de leurs babioles...

Les parois ont craché quelques rochers et les hôtels dans la ligne de mire sont désormais fermés.

Il ne reste que les photographes, les amateurs de tapis et les alpinistes !

Le soleil se cache désormais derrière les montagnes. Nous nous pressons pour arriver à l'hôtel avant la nuit.

De loin, l'établissement est surprenant, incongru avec ses tourelles moyenâgeuses.

Mais une fois installés, l'auberge Le Festival se révèle être une excellente adresse.

Tant pour la vue, la chambre troglodytique, l'accueil que le dîner !

La soirée s'achève en musique traditionnelle puis nous partons rêver sous les étoiles.

Bonne nuit...

8

Une route assez ennuyeuse nous attend aujourd'hui pour rejoindre Merzouga.

Mais n'anticipons pas et admirons une dernière fois les gorges et la palmeraie !

Pour rejoindre les fameuses dunes, nous suivons la N10 puis la R702 jusqu'à Erfoud.

De là, la piste déglinguée que j'avais autrefois empruntée en Fiat Uno a été remplacée par une route aussi déserte que bitumée.

Ce n'est pas le seul ruban de goudron qui mène à l'erg : une autre route partant de Rissani permet aussi de gagner ce gros centre touristique en voiture de ville.

Autant dire que mes souvenirs d'avant-hier risquent fort d'être complètement obsolètes ...

Effectivement les 5-6 hébergements qui jalonnaient la piste le long des dunes se sont multipliés et c'est maintenant un vrai village de vacances qui s'étale sur des kilomètres !

Fini le désert, le silence, la tranquillité ...

Place aux vrombissements des 4x4, des quads et des buggys, place aux caravanes de bus en provenance de Marrakech, place à la concentration de milliers de voyageurs en un même lieu.

Si vous cherchez le ressourcement au milieu du désert, choisissez plutôt la Namibie.

Si vous voulez juste voir une dune et qu'importe le reste, Merzouga possède encore quelques atouts.

Nous dépassons maintenant le village et allons tâter le sable, un sable strié de mille roues, un sable ponctué de mille pas ...

Après cette première balade, nous nous posons à notre hôtel, un joli bâtiment bien situé mais dont le propriétaire a oublié d'engager un cuisinier à la hauteur de l'endroit...

Nous réservons pour le lendemain le traditionnel lever de soleil à dos de dromadaire puis partons nous perdre, à pied, parmi les dunes.

Nous choisissons un petit sommet - c'est crevant de grimper dans le sable !- et attendons, le cul dans le sable, que le soleil daigne se coucher.

Les dromadaires défilent, les véhicules tout terrain aussi. Les lieux sont beaucoup plus sereins en photo !

L'aurore sera-t-elle plus propice à un désert désert ?

Nous le saurons dans quelques heures...

9

06 00, le réveil sonne.

Merzouga appartient à ceux qui se lèvent tôt !

Pas un bruit dans les couloirs de l'hôtel, pas un chat au pied des dunes.

Ou presque puisque nos guides et les 2 autres participantes à la mini-méharée nous attendent déjà au coin du feu.

Au coin du feu ?

Ben oui ! Si vous avez oublié la polaire, c'est le moment d'aller la chercher car il fait plus près de zéro que de dix sous les étoiles...

06 20, les dromadaires se lèvent. N'oubliez pas de vous tenir fermement à votre monture !

Nous tanguons bientôt au rythme des camélidés qui se dandinent au milieu des dunes.

Merzouga dort encore, nous sommes seuls à déambuler sous la lune et la voie lactée.

Enfin le silence, profitons-en !

Les lumières de la ville finissent par s'estomper et un court instant, nous sommes réellement dans le désert.

La charme opère, je retrouve les sensations d'autrefois.

Nous abandonnons alors les dromadaires et partons à l'assaut d'une muraille de sable.

Le chamelier étend une couverture et nous invite à nous installer confortablement en attendant que le rose n'éclaire l'horizon.

Malheureusement, la vie reprend son cours dans le village et les moteurs des retardataires interrompent la douce saveur de l'instant.

Nous sommes pourtant ravis d'avoir pu profiter de la magie de Merzouga le temps d'une petite heure et rentrons à l'hôtel la tête pleine de jolis souvenirs.

Un petit déjeuner plus tard, nous reprenons le cours de notre périple en Logan direction la vallée du Ziz.

Comme ailleurs, il faut se perdre sur le réseau secondaire pour découvrir les joyaux du sud marocain.

Passé Errachidia, la vallée se transforme en gorge tandis que la route prend de l'altitude.

Nous choisissons de rouler jusqu'au tunnel du légionnaire avant que de faire demi-tour pour rejoindre notre prochaine étape, Tinejdad.

L'hébergement réservé se situe au coeur du ksar d'El Khorbat.

Cet ancien village fortifié forme un véritable dédale de ruelles couvertes et le gîte est tout aussi labyrinthique...

Personnellement, j'ai adoré le tout et je vous conseille vivement la balade (tout comme la nuitée) en n'oubliant pas de semer des petits cailloux !

J'espère que vous retrouverez facilement le chemin de la chambre...

Bonne nuit !

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Nous quittons aujourd'hui le sud marocain pour le coeur du Haut Atlas. N'oubliez pas de vous emmitoufler, il va geler un peu...

Pour rejoindre le village d'Agoudal perché à plus de 2300 mètres d'altitude, nous empruntons tout d'abord l'étroite route provinciale 7101, route aujourd'hui entièrement goudronnée.

On ne peut pas dire que les touristes se bousculent par ici, ni les locaux d'ailleurs...

S'il n'y a pas un chat, il y a tout de même de la vie et le chant des oiseaux !

Nous nous enfonçons bientôt dans une étroite gorge bordée d'impressionnantes falaises rouges, Amsad.

Le goudron file ensuite jusqu'à Amellagou où nous retrouvons un peu d'animation !

Cette région du Maroc est toujours aussi belle, je ne regrette pas d'être repassée par ici !

Nous changeons alors de route, le 1 final devient 3, mais pas de paysages : toujours des gorges - celle du Ghéris-, toujours des montagnes, toujours des bergers, toujours de l'émerveillement à chaque tournant !

Un embranchement !

A gauche, les gorges du Todhra, à droite, Imilchil.

Nous clignotons à droite...

Et c'est parti pour la haute montagne, ses barrières de neige, ses cols et ses lacets !

La température chute, nous enfilons pulls et polaires, nous avons retrouvé l'hiver...

Agoudal se blottit au pied du col, nous nous blottissons au coin du feu, une tasse de thé à la main !

L'auberge réservée possède une jolie vue sur le village, la chambre est propre, la douche bien chaude, les couvertures permettent d'oublier la froidure ambiante et invitent à une bonne nuit de repos !

Un très bon rapport qualité prix comme un excellent accueil !

Avant de dîner, nous choisissons de nous promener dans le village.

C'est le Maroc d'avant hier que nous découvrons...

La place principale est remplie d'hommes en burnous à rayures qui profitent des dernières lueurs du jour pour tailler une bavette tandis que les enfants se jettent sur les étrangers pour leur extorquer, vainement, dirhams et bonbons.

La mendicité gâche plutôt la balade, dommage pour l'atmosphère d'autrefois !

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Un froid vif nous saisit au petit matin.

Le pare brise s'orne d'une couche de givre qui ne résiste cependant pas aux ardeurs d'un soleil qui illumine bientôt le village.

Nous nous informons auprès de notre logeur de l'état de la route en direction d'Anergui par le Tizi n' Tfenza.

Aucun problème, nous affirme-t-il !

Pas une autoroute mais un goudron assez carrossable pour notre Logan...

Nous voilà donc en route pour Imilchil, belle route dans tous les sens du terme que nous quittons peu après le lac Tislit pour grimper en direction du col.

Le revêtement se fait maintenant moins bon, la voie est unique mais le tout s'avère tout à fait correct à vitesse raisonnable.

Nous roulons des kilomètres au milieu des montagnes sans rencontrer âme qui vive -ou presque- , nous sommes heureux !

Le col passé, nous traversons quelques villages figés dans leur ruralité.

Les chèvres gambadent, les bergers font la sieste, nous profitons de ce coin de paradis.

Nous nous engageons alors sur une route moins secondaire que j'espérais bonne.

Malheureusement, les entreprises en charge du réseau rural ont préféré garder pour elles l'argent nécessaire à payer une bonne couche de bitume et n'ont garni la chaussée que d'un glacis de goudron qui résiste peu à l'usure du temps...

C'est donc en zigzaguant entre les trous que nous parvenons à la jolie vallée d'Anergui.

A moins de posséder un bon 4x4, Anergui est un cul de sac. Nous rebroussons donc chemin.

Parcourir la même route dans les deux sens n'est pas vraiment effectuer deux fois le même parcours.

Nous avons découvert les paysages côté sud à l'aller, nous découvrons les paysages côté nord au retour !

Une centaine de kilomètres de route en travaux plus tard, nous apercevons le lac de barrage de Bin el Ouidane.

Le secteur est plutôt fréquenté par le Maroc argenté qui profite là de la pêche, du jet ski et de toutes autres activités balnéaires loin de la pression d'une société très policée par la religion en façade mais nettement plus débridée en privé.

Les hébergements sont onéreux pour le pays et d'un rapport qualité prix médiocre. Si je devais modifier quelque chose au circuit effectué, ce serait cette étape... Pour rejoindre directement la vallée heureuse et y rester 2 nuits !

Nous profiterons malgré tout d'une magnifique vue sur le lac depuis la terrasse de l'auberge réservée.

Douce nuit.

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J'avais tout d'abord imaginé pousser jusqu'à la Cathédrale Imsfrane, une magnifique falaise rocheuse, mais un coup de mou nous fait opter pour la voie la plus courte pour rejoindre notre prochaine étape, le superbe Touda Ecolodge, en sortie Est de la Vallée Heureuse.

Nous arrivons rapidement à bon port et profitons quelques heures du confort des lieux, histoire de laisser nos corps se requinquer.

En milieu d'après-midi, nous voilà apte à nous promener un peu.

Notre logeur nous conseille un sentier, nous suivons ses recommandations.

Nous prenons rapidement de la hauteur et dominons bientôt la vallée.

La météo jusqu'alors médiocre s'améliore et le soleil finit par montrer le bout de son nez, illuminant de ses rayons les magnifiques paysages s'étalant au pied de l’ighil M’Goun, deuxième sommet du pays (4071 mètres).

Un sentier partant vers la gauche nous intrigue, nous consultons notre GPS pour savoir où il mène.

Lac Izoughar nous informe la carte. Tiens, c'est là où je voulais initialement aller...

Quelques kilomètres de détour, on y va ou pas ?

Nous décidons de nous engager vers le lac dans l'objectif de faire demi-tour bien avant de l'atteindre.

Mais de " on va jusqu'au rocher là-bas", "on arrête après ce tournant", "il n'y a plus qu'un kilomètre", nous finissons par marcher jusqu'au lac...

La randonnée est franchement spectaculaire, nous ne regrettons pas un instant d'avoir persévéré !

Particulièrement quand nous touchons au but dont la beauté nous laisse sans voix.

Le lac est certes asséché mais cette plaine baignée de lumière et cernée par les montagnes possède un charme envoûtant auquel il est difficile de résister.

Le paradis ?

L'heure tourne, il nous faut malheureusement reprendre le chemin de notre logis si nous ne voulons pas finir notre balade à la lueur des étoiles !

A peine rentrés, un dernier spectacle nous attend.

Le soleil s'éclipse en peinturlurant de rose les nuages, la nuit tombe et avec elle, se lève un vent mordant.

Nous nous remettrons de toutes ces émotions devant un excellent dîner accompagné d'une des bouteilles achetées en début de voyage...

Tchin...

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Nous quittons à regret notre logis au matin sous l'oeil du maître poilu des lieux.

Nous nous engageons alors à la découverte de la vallée des Aït Bouguemez entre montagnes pelées, peupliers aux couleurs automnales, champs de pommiers ou de noyers et villages de terre.

Nous sommes ici au coeur du pays berbère, au coeur d'un Maroc encore bien peu touristique et pourtant si beau.

Nous arrivons bientôt au pied du grenier collectif de Sidi Moussa qui nous nargue du haut de sa colline.

Le sentier pour y grimper est raide mais offre rapidement de magnifiques vues sur les villages comme les champs.

Nous avons de la chance, les lieux sont ouverts !

Nous franchissons le seuil de la fortification et sommes sympathiquement accueillis d'un thé à la menthe par le gardien des lieux.

L'homme nous fait la visite et nous ouvre la terrasse.

4 tourelles hébergeaient des sentinelles qui ne pouvaient, de leur perchoir, que repérer toutes tentatives d'envahissement de la vallée ...

Ravis de cette instructive balade, nous retrouvons la Logan et poursuivons notre route jusqu'à la vallée suivante, encore plus pittoresque, celle des Aït Bouali où nous pique-niquerons en compagnie des moutons.

Notre moyenne, déjà pas bien fameuse, est brusquement ralentie au détour d'un tournant.

C'est le jour du grand souk hebdomadaire et les ruelles servent d'allées au marché !

Nous nous faufilerons difficilement parmi les minibus surchargés...

Le village enfin dépassé, nous pressons le pas (enfin le champignon...) pour arriver à Ouzoud avant la nuit.

Nous posons rapidement nos valises à l'hôtel réservé et partons admirer les fameuses cascades.

Nous sommes là bien loin de la tranquillité de la Vallée Heureuse.

Des rabatteurs, une succession de boutiques et de restaurants, des vendeurs à la sauvette, des constructions qui dénaturent particulièrement les lieux...

Les cascades ont dû être magnifiques autrefois mais, aujourd'hui, le manque d'eau comme la surexploitation du site ont brisé le charme.

Le médiocre dîner proposé par l'hôtel ne relèvera pas cette impression globale.

Un point positif cependant, une bonne nuit dans un bungalow agréable !

Dormez bien, de nombreux kilomètres nous attendent demain !

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Le temps s'avère de plus en plus maussade au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la côte atlantique.

Nous essuyons même quelques orages.

Autant dire que nous ne ferons que rouler d'Ouzoud à l'océan !

Pour admirer les vagues, nous faisons un petit détour par la jolie plage de Sidi Bouzid, bien triste et abandonnée en cette nuageuse journée de novembre.

Nous nous garons ensuite dans le parking indiquée par notre logeuse et lui passons un coup de fil.

Malheureusement, pas de réponse et personne pour nous amener au Riad . Nous apprendrons plus tard que nous n'avons pas relevé le bon numéro... Oups !

Nous décidons de trouver la maison par nous même mais les passants croisés ne connaissent pas cet hébergement récemment ouvert.

Nous aurons plus de chance avec la police touristique et c'est accompagné d'un employé engalonné que nous parvenons à bon port !

Nous dégustons le traditionnel thé à la menthe, déposons nos bagages et partons à la découverte de la cité portugaise (redécouverte pour ma part ...).

Le dédale des ruelles nous entraînent alors sur les remparts.

Un peu tard...

Le gardien ferme la porte derrière nous et invite les promeneurs à emprunter le chemin de ronde devant lui pour guider les retardataires jusqu'à son ultime tour de clé.

J'aime beaucoup cette promenade encore peu touristique. Nous sommes bien loin de la surexploitation des cascades d'Ouzoud !

Nous nous baladons ensuite au pied des fortifications puis sur l'immense jetée qui encercle le port.

Le soleil finit sa course derrière la ville, nous admirons depuis les quais son coucher.

C'est notre dernière soirée sur le sol marocain, c'est aussi un jour d'anniversaire...

Nous choisissons une bonne table pour cet ultime dîner, une bonne bouteille également...

Bon appétit !

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Un dernier jus d'orange fraîchement pressé, une dernière crêpe au miel et nous quittons El Jadida pour rejoindre l'aéroport.

Nous garons la Logan sur le parking et attendons l'employé Medloc.

Une silhouette se rapproche bientôt en trottinette électrique. C'est notre homme !

Un tour rapide du véhicule et la caution nous est restituée.

Nous nous dirigeons alors vers les guichets de la Ram, le voyage est fini !

J'ai particulièrement apprécié cette cinquième incursion au royaume du Maroc qui m'offre toujours de nouvelles découvertes tant cette destination est variée.

De bonnes tables, de charmants logis, de superbes paysages, une population surprenante et plutôt accueillante, des tarifs doux, une météo clémente, un petit coin de paradis à un peu plus de deux heures de vol.

Que demander de plus ?

Je ne vois pas !

A bientôt pour une nouvelle destination, pour un nouveau continent...