Un Moufid, un jus d'orange chimique et ça repart...Direction le lac Iriki !
Nous laissons donc la P1522 pour emprunter une trace plus au sud, trace qui nous mène directement sur une guérite militaire où notre trajet sera dûment enregistré.
La barrière s'ouvre alors devant le Duster qui s'élance vers l'inconnu !
Une descente, un gué à sec, une montée, un splendide paysage de désert
Rocailleux.
Un horizon tourmenté par le temps qui passe,
Des millions de grains de sable,
Quelques ânons.
La Dacia poursuit vaillamment son chemin
Tandis qu'un soleil au zénith floute la silhouette tremblotante d'une lignée de dromadaires.
Le vent forme et déforme les premières dunettes,
Puis c'est le grand plat,
La surface desséchée du lac Iriki !
Nous avons mangé notre pain blanc...
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Pour la suite de la traversée, nous n'avons pas eu confiance en notre 4x4 et surtout nous n'avons pas été très rassurés par l'absence d'autres véhicules.
Nous décidons donc d'abandonner les traces lorsqu'elles se perdent dans le sable et regagnons la piste officielle, ses puits et ses campements nomades.
Commence alors la descente aux enfers...
Jusqu'ici, le revêtement de la piste était fait de petits cailloux, de gravier ou de sable et permettait d'atteindre au moins la foulée d'un dromadaire, au mieux celle d'un cycliste dopé du Tour de France.
Là, ce sont les galets de la plage de Dieppe avant polissage par les marées...
Bref, il nous faudra quasi deux heures pour parcourir les quelques kilomètres aboutissant à l'Oasis Sacrée où le terrain redevient carrossable.
Les "Nardin" ne fusent plus dans l'habitacle, les voyageurs reprennent goût à la balade,
Et noient tous les animaux dans la poussière.
Ah non, ça c'est la Raid Attitude, nous, nous ne sommes pas aux pièces !
Quoique...L'heure tourne, tourne, tourne, le soleil commence son lent déclin.
Mais où retrouverons-nous le goudron ?
Dans moins de 30 kilomètres, affiche la carte téléchargée dans le smartphone.
Dans moins d'une petite heure, calcule le copilote.
Sauf imprévus...
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Dis, t'entends pas un bruit bizarre ? Comme si on roulait avec un pneu dégonflé ?
Le Duster stoppe, je sors de l'habitacle et découvre l'étendu du désastre.
Le pneu arrière gauche est au bord de l'asphyxie et sa plate silhouette ne nous laisse d'autres choix que d'aller au charbon....
Le cric ?
Oui !
Le desserre boulon ?
Oui !
Un pneu en état de marche ?
Oui !
Allons-y...
Je vérifie que le sol sous le cric n'est pas meuble, je me suis déjà faite avoir une fois, puis monte le véhicule.
Mon conjoint s'attaque aux boulons puis ôte le Pirelli, ne jamais faire confiance aux Italiens..., pour le remplacer par l'unique, l'inimitable, le robuste, le superbe Michelin, non je ne suis pas née à Clermont-Ferrand...
J'y arrive pas !!!!Arghhhh ! Nous n'avons pas vérifié que le sol était plat !
L'erreur du débutant.
Ne reste plus qu'à activer les cellules grises en admirant le triste spectacle...
Offert par la grande carcasse d'un Duster estropié.
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Solution 1 : Attendre le passage d'un véhicule en espérant qu'il soit doté d'un cric à plus grande capacité de levage.
Solution 2 : Enlever le cric, caler la voiture avec des pierres sans endommager le bas de caisse, trouver une pierre plate et s'en servir comme base pour redonner au cric les centimètres manquants.
Au bout de 20 minutes, la solution 2 est adoptée à l'unanimité et nous partons à la quête de pierres, de petit bois, de papier et de tissus, les trois derniers éléments servant à amortir le choc du véhicule sur la cale...
Inch Bolognaise - je me demande si le Pastafarisme ne rend pas certaines expressions ridicules...-, ça va marcher !!!
Ou pas...
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Nous roulons une énorme pierre sous le bas de caisse, la garnissons de petit bois et sacrifions un vieux blouson et quelques journaux pour le moelleux.
Je descends le cric, une pierre plate à portée de main.
Un dernier tour de manivelle et l'objet se désolidarise du véhicule.
Le Duster repose désormais sur la cale improvisée.
Je glisse la pierre, installe le cric par dessus et c'est reparti pour quelques tours de manivelle !
Tu crois que c'est assez là ?
Yes !!!!! Le Michelin s'emboîte maintenant parfaitement !
Un vigoureux serrage de boulons plus tard, cric et manivelle réintègrent leur logement tandis que pierres et branchages sont religieusement déposés en bord de piste.
Un coup d'oeil à l'endroit de la cale révèle juste un léger enfoncement imperceptible pour qui n'aurait pas eu connaissance de la manoeuvre...
Ouf, nous pouvons maintenant repartir et tâcher de gagner le bitume...
Avant la nuit !
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Le jour s'éteint lorsque nous apercevons les lumières de Tagounite. Plus que 70 kilomètres de goudron et sonnera l'heure d'un apéro bien mérité !
La voie est tout d'abord très étroite, à peine la largeur de deux véhicules standards.
Des cyclistes titubent, des ânes baguenaudent, des voitures de collection (Genre R12, hein ! Pas Hispano -Suiza...) avancent péniblement en crabe, des camions et autobus foncent sur la chaussée...
La route se lace, s'enlace, se délace, nous franchissons un col.
Certains véhicules préfèrent circuler feus éteints, d'autres en pleins phares, particulièrement quand ils vous croisent...
C'est moi que v'là, ! Tu me vois bien ? T'as compris que j'étais le plus gros, le plus rapide, le plus pressé ?
Tu me cèdes la place ?
Euhhhh...
Oui !
Un dernier tournant et l'étroit ruban se transforme en une réelle deux voies au soulagement du conducteur !Un dernier kilomètre et nous franchissons le seuil de notre logis.
Direction le bord de la piscine pour un dîner
Bien arrosé...
Tchin !