Le soleil s'est levé sur les neiges de l'Atlas

Une virée au Maroc entre pistes, petites routes, regs, oasis et troupeaux de chèvre
Mai 2016
2 semaines
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Je vous laisse chausser les babouches, déboucher la bouteille de Terres Rouges et vous installer confortablement sur les coussins et tapis, la projection diapo va commencer !

Aujourd'hui, nous faisons escale au Maroc pour un circuit pistes, petites routes, regs, oasis et troupeaux de chèvre dans le sud du pays.

Je fournis la carte mais pas la nautamine pour qui ne supporterait pas les nombreux tournicotis...

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Minuit, l'avion atterrit à Marrakech.

Le serpentin de l'attente nous entraîne rapidement vers la guérite d'un peu aimable membre des autorités qui scrute toutes les lignes du premier formulaire fichant le visiteur.

Un coup de tampon et nous pouvons maintenant fouler le sol marocain.

Les bagages finissent sagement leur périple sur le tourniquet puis roulent enfin, eux aussi, sur la terre du commandeur des croyants...

La porte de l'aéroport s'ouvre alors devant les voyageurs ensommeillés qui cherchent impatiemment le taxi commandé.

Le chauffeur brandit mollement une pancarte au nom de l'établissement réservé puis s'anime en voyant ses passagers.


Bienvenue au Maroc !


Et c'est parti pour une courte course à travers la ville rouge endormie.

Un boulevard, une rue, une ruelle, une impasse, terminus !

Un employé du riad s'empare alors de nos valises et nous guide dans le lacis des venelles de la Médina.

Plus qu'un mètre à parcourir, plus qu'un escalier à grimper, plus qu'une porte à franchir et nous nous écroulons dans notre lit.


Bonne nuit...


Dis, t'as réglé la fonction réveil sur ton smartphone ? Oui ! J'ai même changé l'heure !

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Une musiquette retentit dans la chambre, 4 yeux s'entrouvent. Les corps se réveillent, le rythme vacances s'enclenche, les cerveaux se reconnectent. Lentement, lentement, lentement...

Un petit tour sur la terrasse, un petit tour du patio, un petit tour de table...

Les voyageurs sirotent leur premier jus d'orange, dégustent leur première crêpe.Lentement, lentement, lentement...

Un coup d'oeil sur le smartphone.

Oups, déjà 10 30 !

Faudrait peut-être accélérer le rythme...

Et aller chercher un distributeur pour pouvoir payer le trajet pour l'agence de location de voiture !

Lentement, lentement, lentement...

11 10, nous quittons notre logis.

Le petit taxi s'engage sur l'avenue Mohammed V, mes yeux tombent sur l'horloge fixée au tableau de bord...

Dites, Monsieur, pourquoi votre pendule indique 12 20 alors qu'il est 11 20 ????

Ben, non ! Il est bien 12 20 !

Un ange passe dans le véhicule, l'agence Hertz ferme à midi...

La novice en téléphone portable a oublié que ce petit miracle technologique règle automatiquement son heure selon le fuseau horaire sur lequel il se trouve et a encore retranché une heure à celle déjà ôtée par ce nardin de téléphone !!!!

Le véhicule s'arrête, nous nous précipitons dehors.

Rapidement, rapidement, rapidement...


Trop tard !

Vous avez loué une voiture ici ?, s'enquiert un voisin.Vous n'avez pas de chance, la responsable vient de partir !Maintenant, c'est vendredi, alors elle ne reviendra pas avant 3 heures...

Glups...

On fait quoi là ?

On en profite pour se refaire le sourire...

Ou on va déjeuner ?

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15 00, la porte est toujours close.15 05, 15 10...

Une femme s'approche alors et ouvre l'officine.

Ouf ! Nous allons pourvoir récupérer le Duster commandé et filer vers le sud.

Quelques papiers à remplir, un paiement à effectuer, une lourde caution à verser, une inspection minutieuse du véhicule et c'est parti pour une traversée du haut Atlas !

Objectif : arriver avant le coucher du soleil...

La route quitte bientôt la plaine et s'élance à l'assaut de la passe.

Certains prennent l'air,

D'autres attendent patiemment le client qui s'offrira une pierre teintée au mercurochrome pour sublimer sa vitrine de souvenirs poussiéreux...

Une traînée de neige saupoudre les sommets,

Un nuage de poussière se dégage des travaux. Les camions vont et viennent, chargeant, déchargeant pierres et déblais.

Le tout dans les derniers zigzags qui rapprochent le Duster du ciel bleuté.

Un rapide coup d'oeil sur la montagne pelée,

Et c'est la descente vers Ouarzazate.

Le Duster s'impatiente, l'heure tourne, il faut se presser !

La lumière rasante d'un soleil qui s'aplatit à l'horizon illumine alors la plaine retrouvée,

Puis se meurt sur les murailles de la Kasbah d'Aït Ben Haddou

Un dernier kilomètre et nous parvenons aux portes de notre chambre...

Un premier dîner, une première gorgée d'un rouge capiteux et nous fermons les paupières...

Bonne nuit !

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Très classe le muezzin de la mosquée qui se situe en face de l'hôtel !

Un petit Allah Akbar bissé aux petites heures et puis c'est tout.Pas plus dérangeant que le chant des oiseaux et moins tonitruant qu'une sonnerie de réveil...

Dans l'oued qui coule, enfin pas aujourd'hui, aux pieds de l'ancienne Kasbah, l'animation sonore est tout autre.

Un terrible boum boum sort d'une tente installée dans le lit de la rivière qu'une foule en tenue sportive semble apprécier.

Qu'est ce donc ? Le départ d'une course à laquelle je me garderai bien de participer...

Nous laissons les sprinteurs à leurs foulées et commençons la visite d'Aït Ben Haddou par son point culminant.

Personne côté soleil.Et côté ombre ?

La classe écoute vaguement la leçon puis s'égaille pour le selfie souvenir.Nous lisons attentivement notre guide puis nous nous égaillons pour admirer la vue.

Un trou dans la muraille semble avoir été percé là pour le bonheur des photographes.

Double bonheur, d'ailleurs !

En revanche, je ne vois pas bien le lien entre cet âne et Russel Crowe...

Serait-il, lui aussi, une future star du grand écran ?

Les mémoires d'un âne ?

L'âne Trotro est amoureux ?

Voyages avec un âne dans les Cévennes ?

Hi Han la gauche ?

Je suis perplexe...

Et décide de poursuivre mon chemin parmi les demeures en pisé qui s'étagent sur la butte, parmi les boutiques de souvenirs qui se multiplient dans les ruelles...

Dites, Monsieur, c'est par où est la sortie ???

Là bas...

Nous retrouvons notre route et admirons une dernière fois la Kasbbah préservée

Comme à chaque arrêt propice à la vue, surgissent bientôt quelques petits vendeurs...

Auxquels nous échappons pour filer vers notre prochaine étape !

Un col, une belle ligne droite, une piste, une oasis...

Point de Carlos vantant les bienfaits d'une boisson aux lointaines origines fruitées, plus un touriste, plus un vendeur...

Mais que de chèvres et de dromadaires !

Quelques moutons, quelques nomades plus tard, nous atteignons Foum Zguid et notre hôtel.

Une petite sieste pour les uns, un bon livre et quelques brasses pour les autres...

Puis les couleurs d'un soleil mourant sur la roche.

J'abandonne alors mon transat et la jolie piscine pour mettre les pieds sous la table,

Et dîner !

4

Un Moufid, un jus d'orange chimique et ça repart...Direction le lac Iriki !

Nous laissons donc la P1522 pour emprunter une trace plus au sud, trace qui nous mène directement sur une guérite militaire où notre trajet sera dûment enregistré.

La barrière s'ouvre alors devant le Duster qui s'élance vers l'inconnu !

Une descente, un gué à sec, une montée, un splendide paysage de désert

Rocailleux.

Un horizon tourmenté par le temps qui passe,

Des millions de grains de sable,

Quelques ânons.

La Dacia poursuit vaillamment son chemin

Tandis qu'un soleil au zénith floute la silhouette tremblotante d'une lignée de dromadaires.

Le vent forme et déforme les premières dunettes,

Puis c'est le grand plat,

La surface desséchée du lac Iriki !

Nous avons mangé notre pain blanc...

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Pour la suite de la traversée, nous n'avons pas eu confiance en notre 4x4 et surtout nous n'avons pas été très rassurés par l'absence d'autres véhicules.

Nous décidons donc d'abandonner les traces lorsqu'elles se perdent dans le sable et regagnons la piste officielle, ses puits et ses campements nomades.

Commence alors la descente aux enfers...

Jusqu'ici, le revêtement de la piste était fait de petits cailloux, de gravier ou de sable et permettait d'atteindre au moins la foulée d'un dromadaire, au mieux celle d'un cycliste dopé du Tour de France.

Là, ce sont les galets de la plage de Dieppe avant polissage par les marées...

Bref, il nous faudra quasi deux heures pour parcourir les quelques kilomètres aboutissant à l'Oasis Sacrée où le terrain redevient carrossable.

Les "Nardin" ne fusent plus dans l'habitacle, les voyageurs reprennent goût à la balade,

Et noient tous les animaux dans la poussière.

Ah non, ça c'est la Raid Attitude, nous, nous ne sommes pas aux pièces !

Quoique...L'heure tourne, tourne, tourne, le soleil commence son lent déclin.

Mais où retrouverons-nous le goudron ?

Dans moins de 30 kilomètres, affiche la carte téléchargée dans le smartphone.

Dans moins d'une petite heure, calcule le copilote.

Sauf imprévus...

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Dis, t'entends pas un bruit bizarre ? Comme si on roulait avec un pneu dégonflé ?

Le Duster stoppe, je sors de l'habitacle et découvre l'étendu du désastre.

Le pneu arrière gauche est au bord de l'asphyxie et sa plate silhouette ne nous laisse d'autres choix que d'aller au charbon....

Le cric ?

Oui !

Le desserre boulon ?

Oui !

Un pneu en état de marche ?

Oui !

Allons-y...


Je vérifie que le sol sous le cric n'est pas meuble, je me suis déjà faite avoir une fois, puis monte le véhicule.

Mon conjoint s'attaque aux boulons puis ôte le Pirelli, ne jamais faire confiance aux Italiens..., pour le remplacer par l'unique, l'inimitable, le robuste, le superbe Michelin, non je ne suis pas née à Clermont-Ferrand...

J'y arrive pas !!!!Arghhhh ! Nous n'avons pas vérifié que le sol était plat !

L'erreur du débutant.

Ne reste plus qu'à activer les cellules grises en admirant le triste spectacle...

Offert par la grande carcasse d'un Duster estropié.

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Solution 1 : Attendre le passage d'un véhicule en espérant qu'il soit doté d'un cric à plus grande capacité de levage.

Solution 2 : Enlever le cric, caler la voiture avec des pierres sans endommager le bas de caisse, trouver une pierre plate et s'en servir comme base pour redonner au cric les centimètres manquants.

Au bout de 20 minutes, la solution 2 est adoptée à l'unanimité et nous partons à la quête de pierres, de petit bois, de papier et de tissus, les trois derniers éléments servant à amortir le choc du véhicule sur la cale...

Inch Bolognaise - je me demande si le Pastafarisme ne rend pas certaines expressions ridicules...-, ça va marcher !!!

Ou pas...

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Nous roulons une énorme pierre sous le bas de caisse, la garnissons de petit bois et sacrifions un vieux blouson et quelques journaux pour le moelleux.

Je descends le cric, une pierre plate à portée de main.

Un dernier tour de manivelle et l'objet se désolidarise du véhicule.

Le Duster repose désormais sur la cale improvisée.

Je glisse la pierre, installe le cric par dessus et c'est reparti pour quelques tours de manivelle !

Tu crois que c'est assez là ?

Yes !!!!! Le Michelin s'emboîte maintenant parfaitement !

Un vigoureux serrage de boulons plus tard, cric et manivelle réintègrent leur logement tandis que pierres et branchages sont religieusement déposés en bord de piste.

Un coup d'oeil à l'endroit de la cale révèle juste un léger enfoncement imperceptible pour qui n'aurait pas eu connaissance de la manoeuvre...

Ouf, nous pouvons maintenant repartir et tâcher de gagner le bitume...

Avant la nuit !

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Le jour s'éteint lorsque nous apercevons les lumières de Tagounite. Plus que 70 kilomètres de goudron et sonnera l'heure d'un apéro bien mérité !

La voie est tout d'abord très étroite, à peine la largeur de deux véhicules standards.

Des cyclistes titubent, des ânes baguenaudent, des voitures de collection (Genre R12, hein ! Pas Hispano -Suiza...) avancent péniblement en crabe, des camions et autobus foncent sur la chaussée...

La route se lace, s'enlace, se délace, nous franchissons un col.

Certains véhicules préfèrent circuler feus éteints, d'autres en pleins phares, particulièrement quand ils vous croisent...

C'est moi que v'là, ! Tu me vois bien ? T'as compris que j'étais le plus gros, le plus rapide, le plus pressé ?

Tu me cèdes la place ?

Euhhhh...

Oui !


Un dernier tournant et l'étroit ruban se transforme en une réelle deux voies au soulagement du conducteur !Un dernier kilomètre et nous franchissons le seuil de notre logis.

Direction le bord de la piscine pour un dîner

Bien arrosé...

Tchin !

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Je vous ai abandonnés au dîner, je vous retrouve 10 heures plus tard pour une légère collation avant le départ pour la palmeraie de Skoura.

Notre parcours longera tout d'abord l'oued Drâa principalement connu pour être à l'origine de cette expression imagée : être dans de beaux Drâa !

(Cherchez dans votre moteur de recherche préféré une photo du Drâa en crue détruisant routes et ponts sur son passage et vous comprendrez tout le sel de cette antiphrase...)

Aujourd'hui, l'oued sommeille et nous pourrons librement divaguer sur chacune de ses rives parmi les champs cultivés,

Les lycéens courageux,

Les kasbahs préservées,

Ou mutilées...

Dis, tu crois que c'est bien prudent d'emprunter cette piste déserte alors que nous n'avons plus de roue de secours ?

Arghhh ! Non ! Regagnons la route,

Et faisons réparer le pneu...

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Tiens, y a un vendeur de pneus sur la gauche.Il doit aussi s'occuper des rustines, non ?

20 minutes plus tard, 20 dirhams en moins dans le porte monnaie et nous voilà atteint d'une crise de générosité aigüe en tendant à l'aide garagiste un autre billet du même montant en pourboire...

Si je prends le prix de cette réparation comme référence, le Maroc est un pays encore meilleur marché que l'Afrique du Sud ou la Géorgie.

En revanche, si je prends pour référence les tarifs des indispensables touristiques dans une gamme confort (location de voiture, gîte et couvert), ce n'est plus le cas...

Il y a même parfois une certaine exagération de la part des riads quant aux tarifs des dîners et boissons.

Sur ces considérations financières, allons déjeuner !

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Nous reprenons maintenant la route puis traversons une dernière bourgade.

Skoura est alors à main gauche, la palmeraie s'étalant de l'autre côté de l'oued.

Nous semons rapidement les guides improvisés et suivons les pancartes qui, de ruelles en ânes, nous indiquent le chemin de notre hôtel, idéalement situé au coeur de l'oasis.

Nous nous posons bientôt au milieu des roses et des coussins moelleux pour déguster thé à la menthe ou jus d'orange.

Je vous donne rendez vous un peu plus tard pour une petite promenade apéritive !

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Je vous laisse le soin de choisir votre moyen de locomotion préféré pour cette balade.

Le Toyotâne, le Carelrover ou bien encore le véloce Dust'air.

Personnellement, j'irais à pied...

Les habitants du village ont l'obligation de recouvrir le parpaing de leurs maisons en pisé

Et ornent leurs murs d' ancestrales figures stylisées.

Mais rien ne semble être fait pour conserver le patrimoine du passé...

Qui peine à rester debout.

La déambulation entre ruines, champs, petits commerces et belles demeures n'en reste pas moins agréable et c'est à regret que nous quitterons ces lieux.

6

Le temps est bien couvert quand nous repartons au matin de Skoura.

Espérons que la pluie ne s'invitera pas dans notre traversée du Djebel Saghro.

Peu après Boumalne Dadès, nous laissons la nationale pour un étroite route goudronnée

Qui s'insinue dans le massif,

Avant de perdre sa confortable surface au pied du col de Tizi n' Tazazert.

Pas d'affolement si le Gps rend l'âme, le parcours est fléché.

Pas d'affolement si un pneu crève, les secours sont déjà sur place !

Jusqu'à la passe, la piste reste bonne,

Si bonne que ce nomade ne craint nullement d'y casser sa cargaison d'oeufs.

La descente s'avèrera un poil plus technique mais ceci est une autre histoire...

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Quelques motards s'élancent dans la pente puis un prudent 4x4.

A nous de jouer, maintenant !

Nous roulons alors sur une autre planète où la roche quasi nue se dresse, se pique, se cisaille, se sculpte,

Une planète inhospitalière mais cependant habitée,

Car là où passe et repasse le touriste, il y a toujours un café...

L'expédition lunaire ne se laisse pas tenter et poursuit son chemin, son long mais fascinant chemin, jusqu'à un nouvel oued donc une nouvelle oasis.

La piste suit maintenant le cours de l'oued traversant de nombreux villages restés dans leur jus.Quelques enfants font la course avec le Duster espérant vainement bonbons et stylos.Les femmes servent d'ânes, les ânes préparent le dîner.

Une épingle à cheveux, et nous remontons sur le plateau.

Au lointain, se devine Nkob et son thé

De bienvenue.

Fuyez...

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Je vais vite passer sur les sujets qui fâchent.

Juste indiquer que nous n'avons pas bien dormi et que je suppose fortement que les souvenirs clandestins ramenés du Maroc proviennent de cet hôtel.

Bref, il vaut peut-être mieux dormir ailleurs...


Bonne nuit !

7

Au matin, la route nous accueille en chanson :

♪ ♫ ♪ Il pleut, il pleut, Berbère ♫ ♪ ♫

Prévoyant, l'amazigh a déjà rentré tous ses blancs moutons...

Le voyageur est un peu dépité mais reste tout de même émerveillé par le spectacle d'une nature toute

En roches...

Et acacias.

Et puis, tout à coup, une immense tache verte se détache de ce monde ocre et brun, la palmeraie de Tinghir.

Un timide éclaircie illumine alors notre déjeuner nous redonnant espoir pour la suite du programme.

Las, quelques villageois aux champs assoiffés ont su attendrir le coeur d'Anzar qui se remet à pleurer...

La visite des gorges du Todra sera donc pour un autre jour.

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Vaincus par la pluie, nous décidons de nous rapprocher de l'étape du lendemain et poursuivons notre route jusqu'à Boumalne Dadès.

Nous trouvons alors refuge dans un très agréable hôtel au bord de l'oued côté piste où nous nous consolerons des caprices du temps en sirotant une bouteille et en dévorant un tajine poulet-citron.

Bonne nuit !

Et à demain...

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06 00, je me réveille, un poids sur l'estomac.

Censuré...Censuré...

Tu veux que je te ramène quelque chose comme petit déjeuner ?

Censuré...

De toutes façons, il pleut.

Censuré...

Tu crois que tu peux te lever ?

Oui !

Censuré...

Non !

Bon, ben je vais décommander l'hôtel prévu ce soir et voir s'il y a encore de la place ici...

Censuré...

Tiens ! J'ai dévalisé la pharmacie de Boumalne !

Censuré...

Merci.

8

Une nuit pluvieuse plus tard...

Bon, ben c'est pas tout ça mais il va falloir modifier le programme !

L'oued coule à flots et les inondations ont bloqué certaines routes.

Nous n'allons donc pas pouvoir prendre la piste prévue à travers les gorges du Dadès.

Renseignements pris auprès de l'hôtelier, il serait toujours possible de traverser le Haut Atlas via les gorges du Todra aux pieds desquelles nous étions avant hier...

Retournons-y !

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Au détour de la route, la vue s'échappe vers les cimes et les voyageurs éblouis découvrent alors que, ce jour, le soleil s'est levé...

Sur les neiges de l'Atlas !

Le soleil illumine aujourd'hui la palmeraie de Tinghir que nous laissons derrière nous pour remonter le cours asséché de l'oued Todra.

Les restaurants et hôtels se succèdent tandis que se rapprochent les parois de la roche creusée grain après grain par l'intermittent mais patient flux des eaux.

Un parking, une ou deux boutiques à souvenirs désertées, une étroite fente entre deux falaises...

Le Duster se faufile alors dans la sombre faille juste assez large pour le lit de la rivière et un ruban de goudron.

Quelques alpinistes encordés tentent de retrouver la lumière par la verticale, nous préférons opter pour une solution plus horizontale et suivre le bitume jusqu'à la sortie de la gorge !

La route méandre maintenant au rythme de l'oued et de ses caprices.Un troupeau de chèvres tente bien de bloquer les voyageurs mais ne fera pas le poids face à leur détermination à plonger loin,

Encore plus loin, toujours plus loin,

Dans les entrailles du Haut Atlas.

Les paysages se suivent,

Sans se ressembler.

Les villages se serrent au plus près de quelques fertiles vallées.

Les nuages s'accrochent aux reliefs puis se dispersent à notre arrivée.


Bienvenue à Amellago !

9

Au matin, nous nous dirigeons vers le toit terrasse pour prendre un petit déjeuner avec vue panoramique!

Sous un chaud soleil, ce qui ne gâche rien...

Une dernière crêpe au miel et il nous faut quitter le Haut Atlas pour nous rapprocher de Casablanca d'où nous reprendrons un vol pour la France

La route traverse tout d'abord

Des paysages...

Devenus familiers au fil des jours de ce voyage.

Passé Midelt, nous glissons alors dans une faille de l'espace temps qui nous propulse

De la lande écossaise,

A la chaleur d'un foyer alsacien.

Nous nous remettons de notre saut en Europe devant une truite meunière, spécialité de la petite ville d'Azrou, puis traversons la forêt d'Ifrane, célèbre pour ses cèdres et ses magots.

L'épaisseur de la fourrure donne l'idée du climat !

Il existe d'ailleurs une station de ski dans les environs.

Pas de neige à notre passage mais un petit vent bien frais !Je ressors le blouson...

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La maison d'hôtes où nous passerons la nuit est maintenant toute proche, plus qu'une colline à grimper.

La vue sur la campagne environnante avec Fès au lointain est imprenable...

Mais la fraîcheur du climat nous incitera plutôt à nous blottir devant la cheminée,

Tandis que se préparera notre dîner !

Un dernier verre, un dernier regard sur les lumières de la ville,

Et au dodo...

Bonne nuit !

10

Le vent et la bise soufflent toujours au petit matin berçant coquelicots et épis de blé.

Ce charmant tableau cède bientôt la place au déluge et c'est sous une pluie torrentielle que nous parvenons à Casablanca.

La ville bat au rythme d'un dimanche, les rues sont désertes, la circulation aisée.Nous trouvons donc assez facilement l'hôtel réservé.

Une éclaircie nous convainc d'aller déjeuner dans le quartier puis de se balader sans but dans le coeur de la capitale économique du Maroc.

Depuis notre brasserie, nous observons l'intense activité d'un restaurant. Des générations de marocains entrent et sortent, des Benz et autres rutilantes voitures aux vitres fumées attendent leurs propriétaires sous l'oeil vigilant d'un gardien.

Plus de femmes voilées croulant sous la charge et vieillies prématurément par un difficile quotidien, plus d'hommes en burnous, plus d'ânes en goguette, plus de chèvres mastiquant la moindre herbe folle.

Un autre Maroc, un Maroc mixte...

Quelques pas plus loin, nous découvrons les vestiges du passé Art Déco de la ville,

Puis le Casablanca de demain...

Les portes de la médina sont à portée d'objectif quand la pluie redouble de vigueur.

Il ne nous reste alors plus qu'à rebrousser chemin.

Un dimanche soir à Casablance...

Restaurant X, fermé ; restaurant Y, fermé ; restaurant Z, fermé ; restaurant....

Nardin colonisation !!!!

Ahhh ! Enfin un d'ouvert !

Quoi ? Il serait prudent de réserver ?

Le réceptionniste passe un coup de fil puis raccroche l'air désolé.

C'est complet !

Et si nous allions à celui d'où sortait tout ce monde ce midi ?

Aussitôt dit, aussitôt fait, va pour les tapas...


De la musique s'échappe des lieux, nous entrons.

Et pour la première fois de ce voyage, hormis quelques déjeuners, nous ne sommes plus dans un restaurant pour touristes...

Ben, comment tu le sais ?

C'est fumeur.

Le serveur nous entraîne au fond de la salle, là où les volutes panachent chaque table, là où je retrouve les sensations d'un passé révolu tant en Amérique, en Europe, en Asie qu'en Afrique Australe...

Euhhh, on pourrait pas plutôt s'installer devant ?

Nous commandons du chorizo, du poisson, une bouteille et observons la clientèle.

La jeunesse dorée, des couples, des amis, des collègues, des aficionado de football, des expatriés...


Le complément du Maroc jusqu'ici entrevu.

Un pays, plusieurs mondes...


Je vous souhaite une bonne soirée,

Et vous donne rendez-vous en Namibie pour le prochain carnet !